HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

TOME NEUVIÈME

LIVRE DIXIÈME

 

CHAPITRE SIXIÈME. — LA VENDÉE MENACE

 

 

Prise de Châtillon par Westermann. — Incendies. — Reprise de Châtillon. — Massacre des prisonniers par les Vendéens. — Cruauté de Bernard de Marigny ; magnanimité de Lescure. — Emprisonnement arbitraire de Rossignol. — Westermann à la barre. — Victoire de Martigné-Briant. — Déroute de Vihiers. — Intrigues parmi les chefs vendéens ; d’Elbée généralissime. — Biron remplacé par Rossignol. — Caractère honorable de Rossignol ; son entourage. — Sandoz remplacé par Tuncq, à Luçon. — Mutinerie militaire. — Tuncq vainqueur à Luçon. — Les bataillons de Bordeaux refusent de servir plus longtemps. — Essai de révolte à Nantes. — Meuris tué en duel. — Fidélité de Canclaux. — Baco devant la Convention. — Décret terrible. — Mission de Philippeaux ; son voyage de Tours à Nantes. — Arrivée de la garnison de Mayence en Vendée. — On se la dispute. — Rivalité entre Nantes et Saumur. — Plan proposé à Nantes. — Nous ne voulons pas chanter avec le Rossignol ! — Désobéissance de Tuncq ; il est destitué, et, le lendemain, vainqueur. — Ruses des prêtres vendéens. — Tuncq rétabli dans son commandement par Goupilleau (de Fontenay), et Bourdon (de l’Oise). — Ils destituent Rossignol ; pourquoi ; la Convention annule leur arrêté. — Lettre de Bourdon à Rewbell. — Bourdon ivre. — Efforts des Vendéens pour changer leur révolte en gouvernement. — Perspective effrayante. — Lettre curieuse de Savin. — Un vinaigrier d’Angers ; trait d'héroïsme.

 

Le soulèvement de Lyon et les revers essuyés aux frontières n’étaient pas les seuls soucis de la République. Vaincus devant Nantes, mais non écrasés, les Vendéens se préparaient à de nouveaux combats. Pour abattre cette gigantesque révolte, même après la mort de Cathelineau, restait à verser un fleuve de sang.

Quelques succès, obtenus par les républicains, marquèrent les premiers jours de juillet. De Parthenay, Westermann avait poussé jusqu’au village d’Amaillou, y avait mis le feu, et s’était emparé du château de Clisson, abandonné précipitamment à son approche. Le 2 juillet, rendant compte à Biron de ce facile exploit, il écrivait : Le faquin de Lescure se croyait en sûreté chez lui... Je ne l’ai manqué que de quatre heures... Je verrai si je puis me procurer des voitures pour conduire le mobilier à Parthenay. Sinon, meubles et château seront la proie des flammes[1]. Le jour même, il faisait apporter des fagots et de la paille dans les chambres, les greniers, les écuries, la ferme, et, par la destruction de ce qu’il appelait l’asile d’un monstre que l’enfer a vomi[2], inaugurait en Vendée le régime des incendies.

Lescure, dans sa fuite, fut rejoint par la Rochejaquelein, qui, ne pouvant retenir à Saumur ses paysans, pressés d’aller revoir leurs femmes et leurs bœufs, avait dû renoncer à garder cette ville[3]. Westermann avançait toujours, se dirigeant sur Châtillon. Les deux chefs, réunis, rassemblent trois mille hommes, et essayent de défendre es hauteurs du Moulin-aux-Chèvres, mais en vain. Le poste est emporté, et, tandis que la femme de Lescure, avertie dans le château de la Boulaye par le bruit lointain du canon, s’enfuyait à travers champs déguisée en paysanne[4], Westermann courait s’emparer de Châtillon, d’où il écrivait au général en chef : Je visiterai les magasins... La Rochejaquelein et Lescure avaient promis de promener aujourd’hui ma tête dans Châtillon ; je brûlerai leurs châteaux. J’ai enlevé le drapeau de l’armée catholique. Il est de taffetas blanc, avec trois fleurs de lis d’or. Je vous l’enverrai, si mieux n’aimez le venir voir[5].

Mais, pendant ce temps, les chefs vendéens repoussés de Nantes rassemblaient à Chollet les débris de la grande armée, et se disposaient à reprendre l’offensive. Le 5 juillet, vers onze heures du matin, Westermann était en train de percer un vieux fût de Bordeaux, dans la maison du receveur de district, lorsqu’il entendit tout à coup le retentissement du canon. En ce moment, ses troupes, sur les hauteurs de Château-Gaillard, vidaient des bouteilles, leurs armes en faisceaux. On bal la générale. Westermann monte à cheval, court au feu. Il était trop tard. Effrayés de se voir attaqués de toutes parts et à l’improviste par les paysans, qui s’étaient glissés autour d'eux en silence, les républicains roulaient déjà, culbutés les uns sur les autres et pêle-mêle, avec leurs canons, dans la rapide descente qui mène à Châtillon. Westermann et les renforts qu’il amenait sont emportés par les fuyards. Lui, le sabre à la main, se fait jour à la tête de quelques centaines d’hommes, et gagne Bressuire, au milieu des coups de fusil partis de chaque village qu’il traverse. Le long de la route, des nuées 6e femmes vendéennes s’élançaient audacieusement sur les cavaliers : il fallut en tuer plusieurs pour leur faire lâcher les rênes des chevaux. Jamais désastre plus complet. On compta six cents cadavres de républicains sur le chemin de Fortais, trois cents vers le Pin ; on en trouva un grand nombre au milieu des prairies, dans les bois. Aux fuyards égarés en quelque métairie, la mort ! car les incendies du château de Clisson et du village d’Amaillou avaient rendu le paysan furieux. Les républicains perdirent quatorze pièces de canon, nombre de caissons, trois forges de campagne, toutes leurs munitions de guerre, toutes leurs provisions de bouche. Westermann se demandait en pleurant ce qu’était devenue la belle légion avec laquelle il avait battu les Prussiens[6].

Malheureusement pour les Vendéens, la cruauté de leurs vengeances déshonora leur victoire. Tandis qu’à Châtillon les chefs criaient aux républicains de se rendre, qu’on ne leur ferait pas de mal, les soldats massacraient Quiconque mettait bas les armes[7]. Il y eut une boucherie de prisonniers, dirigée, chose hideuse, par ce même Bernard de Marigny, dont les proclamations n’avaient d abord respiré que clémence. La vue et l’odeur du sang lui avaient, tellement porté à la tête, que, Lescure ayant voulu arrêter le carnage, Marigny, furieux, lui cria : Retire-loi : que je tue ces monstres, ils ont brûlé ton château. Il fallut que le magnanime Lescure menaçât ce bourreau-gentilhomme de prendre la défense des prisonniers contre lui-même[8].

Westermann avait donné plusieurs sujets de plainte. Aussi prompt dans ses colères que téméraire dans ses projets, il tranchait volontiers du despote. Un jour il fit lettre à genoux devant l’armée, et fut au moment de luire fusiller, sans forme de procès, un vieux capitaine dont tout le crime était d’avoir voulu sauver ses soldats du résultat d’une fausse manœuvre commandée, sous l’impression d’une fausse alarme[9]. Rossignol, lieutenant-colonel de la 55e division de gendarmerie, lui ayant été dénoncé comme auteur de certains propos incendiaires dirigés contre lui et contre le ci-devant Biron, il ordonna l’arrestation de Rossignol, sans prendre le temps d’examiner si l’accusation était fondée[10]. Ajoutez à cela que la confiance que Westermann inspirait à Biron, déjà très-suspect lui-même, rappelait celle que lui avait témoignée Dumouriez[11]. La défaite de Châtillon, quoique précédée de quelques succès, venant combler la mesure, un décret le traduisit à la barre.

Sur ces entrefaites, les Vendéens vainqueurs apprennent que les troupes républicaines ont reçu l’ordre d’entrer en Vendée par les Ponts-de-Cé. Et en effet, dès le H juillet, Bourbotte, Richard, Tallien et Choudieu avaient écrit d’Angers à leurs collègues de Niort : Notre armée est partie cette nuit pour aller chercher l’ennemi. Il importe que la division de Niort aide ce mouvement[12]. Mais, avant que cette division se fût ébranlée, celle d’Angers, sous les ordres du général Labarolière, passait les Ponts-de-Cé et venait camper à Martigné-Briant. Douze mille républicains[13] y furent attaqués, le 15 juillet, par quarante mille Vendéens. L’avantage fut d’abord du coté de ceux-ci. Bonchamps, la Rochejaquelein et Lescure culbutent les avant-postes, et prennent vivres, munitions de guerre, jusqu’aux sacs. Mais, cette première action terminée, le gros de l’armée des bleus s’avance en bon ordre, et le combat recommence. Les Vendéens, pour gagner Martigné, avaient eu à traverser rochers et coteaux par une chaleur excessive. Bientôt la fatigue les accabla. Tout à coup, sur la route même qu’un de leurs chefs, Bernard de Marigny, avait prise, à la tête d’un détachement de cavalerie, pour aller tourner l’ennemi, ils voient s’élever un épais nuage de poussière et sentent le sol frémir sous le galop des chevaux. La peur les saisit. C’était Marigny, qui, s’étant trompé de route, revenait. En ce moment, Bonchamps est atteint d’une balle qui lui fracasse le coude. Une charge vigoureuse de trois escadrons de hussards républicains fit le reste. Les Vendéens battirent, en retraite. Lescure, qui, tourmenté par la soif, avait bu d’une eau corrompue, se trouva mal : ses soldats l’emportèrent évanoui. La nuit était survenue. Les vainqueurs avaient eu trop à souffrir de la chaleur, eux aussi, pour pousser plus loin leur avantage. Ils bivouaquèrent sur le champ de bataille, laissant dans la possession des vaincus tout ce que ceux-ci avaient pris, et notamment une voiture qui contenait les rafraîchissements de Santerre. On ne put savoir le nombre des morts, cachés pour la plupart dans les blés[14].

Une chose à remarquer, c’est que, dans cette action, les bataillons parisiens venaient de déployer la plus grande bravoure[15] : noble réponse à ceux qui, parce qu’ils comptaient parmi eux quelques traîtres, leur avaient donné le flétrissant surnom de Héros de cinq cent livres.

Et qu’il y eût dans l’armée républicaine des traîtres salaries par le royalisme, c’est ce dont on n’allait avoir que trop tôt la preuve.

Menou était d’avis qu’après la victoire de Martigné on se portât sans retard sur Saint-Lambert, et de là sur Chollet[16] : Labarolière ayant repoussé ce plan[17] et s’étant borné à occuper la position de Vihiers, les Vendéens revinrent à la charge avec une nouvelle fureur. Toutes les paroisses du canton s’étant levées, le nombre des paysans, cette fois, s’élevait à cinquante mille[18]. Seulement, par une fatalité singulière, nul de leurs généraux n’était présent. D’Elbée et Bonchamps faisaient panser leurs blessures ; Lescure et la Rochejaquelein n’avaient pas encore quitté Chollet, où ils s’étaient rendus en toute bâte pour organiser de nouveaux rassemblements : de sorte que les Vendéens se trouvèrent avoir pour tout général... un prêtre. Il est vrai que ce prêtre, l’abbé Bernier, n’avait de sa profession que l’habit. Il dirigea le mouvement avec beaucoup d’habileté et lit croire aux soldats que leurs généraux étaient là[19]. Quanta la bataille, il eut peu de chose à faire pour la gagner. Le combat était engagé à peine que, sur un signal mystérieux, trois caissons à la fois prennent feu au centre de l’armée républicaine, où leur explosion cause un effroyable ravage, et, au même instant, le cri fatal de Sauve qui peut ! s’élevant du sein de bataillons éloignés de l’ennemi de plus d’une demi-lieue, les voilà qui prennent la fuite, sans avoir brûlé une amorce. Ces explosions inattendues, celle fuite inexplicable, les clameurs confuses qui l’ont provoquée et qui l’accompagnent, jettent le trouble dans les rangs. Comme une avalanche roulant du haut des montagnes, la panique renverse et entraîne tout. On coupe traits de chevaux, de charrois, d’artillerie. Les uns se perdent dans les bois, les autres se couchent dans les blés, beaucoup se débarrassent, pour mieux fuir, de leur sac, de leur fusil, de leur giberne. Menou est blessé. Bourbotte, qu’un officier perfide a conduit seul au milieu des colonnes ennemies, et qui souffre encore d’un violent coup de crosse reçu à la tête dans la journée du 15, n’échappa à la mort qu’en sautant de son cheval derrière une haie, et Santerre qu’en faisant franchir au sien un mur de six pieds. Il y eut peu d’hommes tués, la fuite ayant prévenu le combat ; mais le nombre des prisonniers fut considérable, et la moitié de l’artillerie républicaine resta au pouvoir des Vendéens. La majeure partie des fuyards reflua à Saumur. Bourbotte arriva à Tours le soir du 19. Je le reçus dans mes bras, écrit Philippeaux, le corps tout meurtri, le visage ensanglanté, les vêtements imprégnés d’une boue de sueur et de poussière, l’âme brisée de douleur. Quant à Santerre, les Vendéens ne se consolèrent pas d’avoir manqué une telle proie. Santerre avait présidé au supplice de leur roi Louis XVI, et ils s’étaient promis de l’enfermer dans une cage de fer[20].

Ce fut le lendemain de la bataille de Vihiers qu’un successeur fut nommé à Cathelineau. Depuis longtemps, mais plus particulièrement depuis la prise de Saumur, une jalousie sourde et la rivalité mal contenue des prétentions individuelles divisaient les chefs de l’insurrection : chacun se croyait digne du commandement suprême et y aspirait, à l’exception peut-être de la Rochejaquelein, dont les talents étaient ceux d’un colonel de hussards, et qui n’avait que l’ambition de son vrai rôle. Talmont, quoique le dernier venu, avait son titre de prince à mettre dans la balance. De hautes qualités morales recommandaient Lescure. L’élection de Cathelineau le paysan avait ouvert à Stofflet d’attirantes perspectives. Charette, chef d’une armée indépendante de la grande armée, était un candidat qu’il semblait malséant de dédaigner et dangereux d’aigrir. Mais c’était du côté de Bonchamps et de d’Elbée surtout que penchait l’opinion. Aussi étaient-ils, l’un et l’autre, de la part de leurs compagnons d’armes, l'objet d’un sentiment d’envie moins habile à se dissimuler[21]. Dans cet état de choses, il est probable que le choix d’un généralissime eût amené de graves conflits, si d’Elbée n’eût mis beaucoup d’adresse et de décision à brusquer le dénouement. De longue-main il s’était étudié à gagner les chefs secondaires ; B avait fait à Charette, à Joly, à Royrand, des avances que les deux premiers avaient repoussées, mais qui furent acceptées par le troisième. Sûr de cet appui, il assemble un conseil de guerre, et insiste sur la nécessité de centraliser la direction des forces. Lescure, en ce moment ? était malade. Bonchamps se trouvait retenu à Jallais p al sa blessure. Stofflet, que certaines préférences avaient irrité, gardait l’altitude du dédain. Charette, fort loin de là, savait à peine ce qui se passait. D’Elbée fit seul l’élection. Voici comment fut composé le conseil de guerre : D’Elbée, généralissime ; Bonchamps, Lescure, Donnissau et Royrand, généraux de division ; Talmont et Forestier, généraux de la cavalerie ; Marigny et Perrault, commandants de l’artillerie. Stofflet, d’abord désigné comme simple membre, reçut ensuite le grade de major général[22].

Amer fut le dépit des intéressés. Charette, selon le témoignage de madame de la Rochejaquelein, trouva tout cet arrangement de nomination fort plaisant[23]. De son lit, Bonchamps écrivit au nouveau généralissime une lettre de félicitations ironique[24]. Joly, oublié, jura haine à la noblesse[25].

L'élection de d’Elbée marque la date du rappel de Biron.

Il y avait déjà plus d’un mois que l’inaction du général républicain était la source d’un mécontentement général et l’objet des dénonciations les plus vives. Dans une lettre au Comité de salut public, les représentants du peuple Choudieu, Tallien, Richard, Turreau et Bouchotte l’accusent d’avoir apporté dans l’organisation de la division de Niort une lenteur fatale ; de n’avoir pas soutenu l’avant-garde de cette division, aventurée par Westermann, et accablée à Châtillon d’une manière si terrible ; d’avoir entretenu avec Bordeaux, depuis que cette ville s’était déclarée fédéraliste, une correspondance suspecte ; de s’être livré contre les généraux patriotes, et, par exemple, contre le général Salomon, à des insinuations calomnieuses ; d’être resté sourd à toutes les sollicitations ayant pour but une diversion en faveur de la ville de Nantes, menacée[26].

Rien de plus louche en effet que la conduite de Biron. À Niort, il passait son temps en causeries vaines. Le soir, il montait à cheval, et, le chapeau à la main, parcourait les rues, suivi d’un inutile état-major. Lui demandait-on : Mais quand vous déciderez-vous à attaquer les brigands ? il répondait, d’un ton léger : Ce sera bientôt[27]. Il fit cuire du pain pour huit jours, et ordonna de tenir prêtes trois cents voitures, que réclamaient les travaux de la campagne. Chacun le croyait à la veille de se mettre en mouvement, il n’en fit rien. Le pain qu’il avait commandé, et qui était très-beau, se gâta : on fut obligé de le donner à un denier la livre pour servir de nourriture aux pourceaux[28]. Pour comble de malheur, il était parvenu à acquérir sur les deux commissaires de la Convention à Niort, Bourdon (de l’Oise) et Goupilleau (de Fontenay), un ascendant qui endormait leur surveillance[29]. Quelquefois il lui prenait fantaisie de disparaître, sans qu’on pût savoir, pendant plusieurs jours, où il se tenait, ce qui faisait dire à Bourdon (de l’Oise) : Eh bien, écrivons-lui : A Biron dans l'univers[30].

Les circonstances en Vendée étaient trop graves pour que ce jeu fût toléré longtemps : la Convention rappela Biron et le remplaça par Rossignol.

Le nouveau général était un homme d’habitudes simples et vraiment républicaines ; il avait beaucoup de courage, de désintéressement, de loyauté et de modestie[31]. Mais, un patriotisme plus fougueux qu’éclairé l’ayant asservi à l’influence d’hommes qui ne le valaient pas, il avait contre lui le caractère de son entourage et la moralité équivoque de ceux qui, tels que Ronsin, affectaient d’être ses protecteurs. Il ne possédait, d’ailleurs aucun des talents propres à justifier son élévation et à braver l’envie. Le coup de fortune qui le mettait si soudainement sur la même ligne que le comte de Canclaux ne pouvait manquer d’apparaître comme un scandale aux yeux des officiers de bonne maison, — et la République en employait encore beaucoup. — Son autorité risquait donc, sinon d’être méconnue ouvertement, au moins d’être combattue sous main et à chaque instant contrariée : c’est ce qui arriva, comme nous le verrons.

Une semaine s’était à peine écoulée depuis l’élection de d’Elbée, lorsque Lescure reçut de Montaigu une lettre où Royrand lui donnait de fâcheuses nouvelles et demandait assistance. Voici ce qui avait eu lieu. Des Républicains, détachés de la division de Luçon, avaient imaginé d’enlever par ruse le poste de Pont-Charron. Ils se déguisent en paysans, et parviennent à franchir la ligne des sentinelles en se faisant passer pour des Royalistes pris par les bleus et qui désertent. Reçus sans défiance, ils ne se déclarèrent qu’en mettant le sabre à la main. Les Vendéens, n’ayant pas le temps de se reconnaître, prirent la fuite en désordre ; Sapinaud de la Vérie, qui les commandait, fut égorgé, et le poste resta aux républicains[32].

Un corps de Royrand se trouvait de la sorte très-exposé : les chefs de la grande armée, avertis, se hâtèrent de marcher au secours, et résolurent d’attaquer Luçon.

On a vu comment, dans une précédente affaire, Sandoz, général de la division de Luçon, avait déserté le champ de bataille, au moment même où ses officiers emportaient la victoire[33]. Une pareille conduite ne pouvant demeurer impunie, Tuncq fut choisi pour lui succéder. Il se présente, et voilà que les soldats volontaires se mutinent. Sandoz ! criaient-ils furieux. Nous ne voulons que Sandoz ! Le passage suivant de Mercier du Rocher nous apprend de quels motifs honteux provenait cet enthousiasme pour le général destitué : Sandoz faisait des sorties, qui étaient de vrais brigandages. Il souffrait que, dans les communes que les brigands n’habitaient point, des soldats allassent enlever meubles et bestiaux. Ce n’était, certes, pas un beau spectacle que la rentrée de ces volontaires chargés de butin : des oies, des poules, des veaux, des moutons, étaient l’ornement de leur triomphe, et rappelaient assez bien ce qu’on rapporte des compagnons de Romulus, quand ils rentraient dans Rome, après une incursion sur les terres de leurs voisins[34]. Il est juste de dire qu’à côté de ces pillards sans pudeur, la troupe de ligne donnait l’exemple de la subordination ancienne, et revint toujours d e ces tristes expéditions sans porter une seule pièce de maraude[35]. Quoi qu’il en soit, l’émeute militaire excitée par l’installation de Tuncq n’eut pas de suites sérieuses, grâce au départ volontaire de Sandoz, et la marche des Vendéens sur Luçon fut une occasion toute naturelle de fortifier son pouvoir en déployant ses talents pour la guerre.

Le 29 juillet, prévenu qu’un des escadrons ennemi battait la campagne, il fit approcher son bivouac du pont de Minclaye, où il plaça des vedettes, et ses troupes passèrent la nuit sous les armes. Le lendemain, vers milles vedettes se replient sur le bivouac : l’ennemi passait déjà le pont et se formait en colonnes. Jamais lutte ne fut à ce point inégale. Les Vendéens, conduits par leurs plus vaillants capitaines, les d’Elbée, les la Rochejaquelein, les Lescure, s’avançaient au nombre de vingt-cinq mille hommes, et Tuncq n’avait guère à leur en opposer que deux mille quatre cents[36] : il n’en imita pas moins isolément leur ordre de bataille. La gendarmerie flanquait ses colonnes, dont des hussards du 9e régiment Recouvraient les ailes. Il braqua son artillerie de manière riposter à celle de l’ennemi, et se plaça, avec son état-major, en arrière de son centre de bataille. Il courait risque d’être tourné : une marche oblique qu’il fit faire à son aile gauche le sauva de ce péril. Mais, le combat s’étant engagé entre la cavalerie vendéenne et les hussards républicains, ceux-ci sont repoussés. Au même instant, un champ de blé s’embrase devant un bataillon, réquisitionnâmes de Parthenay, qui, se trouvant au feu pour la première fois, reculent épouvantés. Tuncq ordonne au commandant de la gendarmerie de les ramener au combat, et de les charger s’ils refusent. C’est l’ennemi qu’il faut charger, répond le commandant, et il fond, à la tête des siens, sur les tirailleurs ennemis. A leur tour, les hussards se rallient et reviennent à la charge. Une panique, semblable à celle qui avait saisi les républicains à Vihiers, s’empare des Vendéens : ils prennent la fuite, laissant deux mille des leurs sur le carreau. Parmi les prisonniers, il y avait une jolie femme vêtue en amazone et un gentilhomme nommé Bouillé, qu’on prit d’abord pour le fameux Bouillé du voyage à Varennes. Les Vendéens doutaient si peu de la victoire, qu’on trouva dans les poches des morts des billets de logement pour Luçon[37].

Ainsi la guerre continuait, mêlée de succès et de revers. Rien de décisif, et c’était là un mal immense ; car les forces de la République risquaient de s’épuiser à couper la tête de cette hydre de Lerne, d’autant que la chute des Girondins continuait de peser d’un poids énorme sur la Vendée. Les bataillons de Bordeaux, qui, aux Sables, faisaient la principale force de la division que commandait Boulard, déclarèrent nettement qu’ils n’entendaient pas servir plus longtemps. Les supplications de leur chef, le souvenir de la gloire dont ils s’étaient couverts, les exhortations nobles et touchantes que leur adressèrent de Niort les commissaires montagnards, tout fut inutile[38]. Ils s’emportèrent en plaintes si violentes, et lent' licence devint si contagieuse, qu’ils firent considérer leur départ comme une calamité moindre que leur présence. Je suis désolé, écrivit le représentant du peuple Gaudin aux commissaires ses collègues, je suis désolé de voir ces Bordelais, qui se sont si bien conduits ? finir ainsi leur carrière ; mais il faut qu’ils partent, alors même qu’on pourrait les retenir[39].

Et pendant ce temps, sur un autre point de la Vende d’une importance bien plus grande encore, à Nantes, la faction girondine entrait en révolte ouverte contre I® Convention. Fiers, et a juste titre, de leur part glorieuse dans la belle défense de Nantes, les Girondins de cette ville ne s’étalent pas plutôt vus délivrés des royalistes, qu’ils avaient repris leur lamentable guerre à la Montagne. Les portes de Nantes outrageusement fermées aux commissaires de la Convention, les séditieux arrêtés de Rennes adoptés par l’autorité départementale, qu’appuyait Beysser ; le bataillon montagnard de Meuris provoqué par la légion Nantaise, composée de jeunes bourgeois qui appartenaient au parti de la Gironde, et la querelle aboutissant à la mort de l’héroïque Meuris, tué en duel tel est le résumé de l’histoire de Nantes pendant la première moitié du mois de juillet. On ne peut prévoir ce lui sérail advenu, si Canclaux, qui était alors à Ancenis, eut consenti à mettre sa signature au bas des arrêtés qui Portaient celle de Beysser. Heureusement, il refusa. Les Girondins de l’administration départementale essayèrent de se venger de lui en affamant les troupes qu’il avait à Ancenis, tellement qu’il fallut leur envoyer d’Angers de l’argent et des vivres. Mais là fut le terme de ces tristes exploits. L’autorité départementale, qui avait compté sur la garnison, fut déçue dans son espoir. Le conseil général de la commune, le district, les ouvriers, se prononcent contre ce qui n’eût été, après tout, que la guerre civile dans la guerre civile. La Constitution, annoncée avec solennité aux hommes du peuple, fut acceptée par eux avec transport ; et ce fut Baco lui-même qui alla témoigner de la soumission de Nantes à la Convention, où un Soient démenti donné à Fayau le fit mettre à l’Abbaye[40], Beysser prit la fuite, puis se rétracta[41].

Mais la plaie ouverte aux lianes de la France, en Vendée, n’en allait pas moins s’élargissant et s’envenimant. Convention, exaspérée, résolut d’en finir, n’importe a quel prix ; et, le 1er août, elle fulmina un décret terrible :

Il sera envoyé en Vendée, par le ministre de la guerre, des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts. — Les forêts seront battues, les repaires des rebelles seront détruits, les récoltes seront coupées par des compagnies d’ouvriers pour être portées sur les derrières de l’armée, et les bestiaux seront saisis. — Les femmes, les enfants, les vieillards, seront conduits à l’intérieur, où il sera pourvu à leur sûreté et à leur subsistance, avec tous les égards dus à l’humanité[42].

La prise de Mayence laissait disponible pour l’intérieur la garnison de celle ville, les articles de la capitulation n’ayant trait qu’à l’étranger ; le décret du 10 août ordonna que la garnison de Mayence serait transportée en poste dans la Vendée[43].

Le jour où l’on arrêtait à Paris ces formidables mesures, Philippeaux arrivait à Nantes, où la Convention l’avait dépêché. Lui-même a raconté quel fut son voyage, et comment il s’en allait de ville en ville, tendant lu main pour la patrie en détresse, enflammant les cœurs, et recueillant les dons que le patriotisme s’empressait de lui faire ; les uns donnaient de l’or, d’autres leur sang- De Tours à Nantes, sa course eut un caractère qu’il a peint en vives couleurs, et dans un récit où l’on croit voir revivre cette grande époque :

Le 26 juillet, je partis de Tours avec Chaux. Ronsin, qui tranchait du despote, et se faisait appeler général-ministre, vint me dire qu c les brigands venaient de nous vaincre près du Pont-de-Cé, qu’ils s’avançaient du côté d’Angers, et qu’il serait téméraire à nous de nous aventurer le long de la levée, dont ils avaient probablement obstrué les issues... Mais je dis à Chaux : Notre présence à Angers peut soustraire cette ville au péril qui la menace. En suivant la levée, nous gagnons cinq heures, décisives peut-être. Le pis-aller est que nous tombions au pouvoir des brigands. Eh bien, dans ce cas, voici deux pistolets pour nous brûler la cervelle. J’ordonnai au postillon d’aller en avant. Un adjudant du général Duhoux, qui se rendait à Angers, s’offre comme éclaireur, avec deux gendarmes. Nous voilà partis... Nous passâmes à deux cents toises de l’ennemi... Angers était dans la consternation. Nous vîmes toutes les boutiques fermées. On parlait d’évacuer à la ville. Je me transporte à la séance des corps administratifs. Les circonstances rendent orateur : je prononce discours brûlant. Je cours au Champ de Mars, et j’y ais prêter au peuple le serment de s’ensevelir sous les l''ânes de la ville. Les brigands, qui s’étaient approchés à la distance d’un mille, furent effrayés de cette vigoureuse attitude, et se reployèrent sur les Ponts-de-Cé, dont ils coupèrent la première arche. Possesseurs du château qui, de la rive opposée, domine tous les bras de la Loire, ils pouvaient intercepter nos convois, et choisir le moment favorable pour surprendre Angers ; je voulus voir la moustache de ces barbares. J’allai visiter leur position, accompagné de mon camarade Chaux et de l’adjudant. Nous reçûmes, à la pointe du pont, plusieurs bordées, dont une caressa mon panache. De braves canonniers m’exhortaient à moins exposer un représentant peuple. Non, répondis-je, je veux être en première ligne. Et, m’avançant jusque sur la brèche, je leur fis entonner l’hymne des Marseillais. Des charpentiers, que j’avais requis, s’occupèrent de rétablir le pont. L’ardeur de nos guerriers était telle, que, sans attendre, plusieurs se jetèrent à la nage ou gagnèrent la rive opposée à l’aide de longues échelles. Le château fut pris, et l’on poursuivit les brigands jusque sur les hauteurs d’Erigné[44].

 

Il est certain que ce Philippeaux était une noble nature, mais un peu étourdiment passionnée, une nature honnête, mais trop prompte à accuser, et surtout à étendre ses accusations. Le 25 juillet, quelques jours après la déroute de Vihiers, c’est-à-dire lorsque, selon ses propres expressions, tout cœur républicain aurait dû être en deuil, il avait aperçu, dans un char fastueux escorté par cinquante hussards, le général-ministre Ron- sin, assis en compagnie de quatre courtisanes[45] ; et ce spectacle l’avait justement révolté. Mais cette première impression le précipita sur une pente où il ne sut passe retenir ; et sa sincérité, qui trop souvent s’égara, contribua, plus que toute autre chose, aux discordes intestines dont nous aurons à tracer le tableau.

Ce qui donna le signal de ces discordes, ce fut l’arrivée en Vendée de dix-huit mille hommes d’excellentes troupes, sous les ordres des généraux Aubert-Dubayet, Kléber, Beaupuy, Haxo, Vimeux. Elles venaient d’Allemagne, où elles s’étaient illustrées en soutenant, à Mayence, un des sièges les plus opiniâtres dont l’histoire ait conservé le souvenir, et c’est pourquoi on ne les désigna plus on Vendée que sous le nom d'armée de Mayence.

A qui la direction de ce puissant renfort ? Tel fut, des l’abord, l’objet d’un doute que l’esprit de parti et les rivalités locales changèrent bientôt en un débat envenimé.

Enverrait-on les Mayençais à Nantes, pour y faire partie de l’armée des côtes de Brest ? Les placerait-on à Saumur comme partie intégrante de l’armée de la Rochelle ? En d’autres termes, les mettrait-on sous le commandement du comte de Canclaux, ou bien sous celui du plébéien Rossignol ?

La commission centrale de Nantes, dont Philippeaux était l’âme, embrassa ardemment le premier de ces deux partis, et la commission centrale de Saumur, composée de Richard, Choudieu, Bourbotte, Tallien, se prononça très-résolument pour le second[46].

De là une défiance réciproque et des récriminations mutuelles qui ne servirent que trop à répandre l’esprit d’anarchie. Appuyé à Saumur par Richard, Choudieu, Tallien et Bourbotte, mais combattu à Nantes par Philippeaux, et dans la circonscription même de son commandement, c’est-à-dire à Niort, à Luçon, à Fontenay, par les commissaires de la Convention, Bourdon (de l’Oise) et Goupilleau, le malheureux Rossignol ne savait gomment se faire obéir. Méprisé des uns, parce qu’ils le jugeaient incapable ; odieux aux autres, parce que le parentage de Ronsin le noircissait à leurs yeux ; en butte à | aversion des officiers nobles, parce qu’il était du peuple, d n’était sorte de contrariété qu’on ne lui suscitât. Un mot avait fait fortune, celui-ci : Nous ne voulons pas chanter avec le Rossignol[47].

Parmi les généraux ses subordonnés, il y en avait bien qui, tels que Boulard, avaient uniquement en vue l’intérêt de la République ; mais il y en avait aussi qui frémissaient de voir au-dessus d’eux un homme auquel ils se croyaient supérieurs, et de ce nombre était le général Tuncq, que son succès du 30 juillet avait enivré, et que la protection de Bourdon (de l’Oise) encourageait à désobéissance. Un fait monstrueux que Choudieu révéla plus tard à la Convention montre jusqu’où allait le désordre. Un jour, en l’absence de Goupilleau (de Fontenay), son collègue Bourdon (de l’Oise) prit un arrête qui enjoignait au divisionnaire Tuncq de ne communiquer au général en chef Rossignol aucuns moyens d’approvisionnement de sa division, ni aucun état de situation de ses troupes[48] !

Tant d’anarchie, c’était, la ruine, c’était la mort : Rossignol en écrivit, au ministère de la guerre, et, le 13 août, Tuncq fut destitué.

Mais, par une coïncidence heureuse pour lui, le lendemain même, et avant qu’il eût été remplacé, quarante mille Vendéens, conduits par d’Elbée, Charrette, Lescure, la Rochejaquelein, Royrand, Marigny, parurent soudain devant Luçon. Tuncq, qui n’avait que huit mille soldats et cinq pièces d’artillerie volante, reçoit les assaillants de pied ferme, les met en déroute, leur tue quatre mille hommes 3, et les poursuit jusqu’au delà de Chantonnay. Le pont de Mainclaye, écrit Mercier du Rocher, était encombré de cadavres, et les eaux du Lay apparaissaient toutes rouges de sang. Étonnés de la grandeur de ce désastre, les chefs vendéens s’en renvoyèrent l’un à l’autre la responsabilité, non sans aigreur. D’Elbée reprochait à Lescure d’avoir fait adopter un plan de bataille qui ne convenait qu’à des troupes de ligne. Lescure reprochait à d’Elbée de n’avoir donné à ses officiers aucune des instructions nécessaires, tellement que, pendant la bataille, on l’avait entendu crier aux paysans, qui couraient en tumulte sur l’ennemi : Mes enfants, alignez-vous donc par-ci, par-là, sur mon cheval[49]. Quant aux prêtres, habiles à profiter de tout, ils persuadèrent aux paysans que l’auteur de leur défaite était le curé constitutionnel de Lairoux ; que ce curé, lié au diable par un pacte abominable, avait été aperçu dans la plaine, métamorphosé en lièvre, et examinant la position de l’armée catholique, dont il était allé rendre compte aux républicains, au milieu de plus de deux cents coups de fusil tirés sur lui sans l’atteindre[50].

l’était la seconde victoire que Tuncq remportait, et cela à quinze jours de la première : Goupilleau (de Fontenay) et Bourdon (de l’Oise), ses protecteurs, ne pouvaient donc avoir un meilleur prétexte pour user en sa faveur du droit provisoire que les représentants en mission s’attribuaient de faire et de défaire les généraux : ils rétablirent Tuncq dans son commandement, et même le nommèrent général divisionnaire[51], prêts à destituer Rossignol lui-même, si l’occasion se présentait, ce qui ne tarda guère.

Rossignol, alors en tournée, étant arrivé à Fontenay puis la nuit du 21 au 22 août, la municipalité le logea, ü| et sa suite, dans une maison dont le maître était absent. L’entourage du général en chef était fort mêlé. A côté du brave Bourbotte, on y voyait figurer un ancien comédien subitement transformé en officier supérieur par la lie des clubs, un ancien prêtre nommé Hasard, que les jacobins avaient chassé, et Momoro, une des futures célébrités de la secte d’Hébert. Suivaient quelques femmes, dont la plus jolie, au dire des ennemis de Rossignol, partageait ses faveurs entre lui et Bourbotte. À peine installés dans la maison qui leur était assignée, les arrivants apprennent qu’elle appartient à un certain Lépinay-Beaumont, lequel était passé du côté des rebelles. Les scellés avaient été apposés sur les effets : on les brise, et colliers, bijoux, vêtements des hommes, ajustements des femmes, tout est confisqué. Il en fut de même d’une voiture appartenant au même Lépinay-Beaumont[52].

Si Rossignol et Bourbotte se crurent autorisés à confisquer ces objets au profit de la nation, c’est ce qui résulte non-seulement de ce fait que la Convention leur donna raison, quand l’affaire lui fut soumise, mais aussi d’une lettre que Rossignol s’empressa, le lendemain, d’écrire à la municipalité, la prévenant que c’était uniquement pour le service de la République qu’il emmenait la voiture d’un traître, reconnu tel, et parce que les possessions des brigands étaient propriétés nationales. L'appréciation eût-elle été erronée, l’intention du moins était claire. Mais, soit que l’autorité locale se considérât comme offensée par le bris des scellés qu’elle-même avait apposés ; soit que, prévenue contre le général, clic attribuât cet acte à des motifs de cupidité déshonnête, elle fit grand bruit de l’événement. Rossignol, patriote d’un esprit borné et d’une âme ardente, était regardé comme un homme capable d’exécuter à la lettre l’effrayant décret du 1er août, et lui-même avait nourri cette opinion en parlant de promener la flamme dans tout pays ouvert aux insurgés, après en avoir retiré blés et bestiaux[53]. Mais quoi ! ce n’était pas aux rebelles seulement que s’adressait une menace de ce genre ; les républicains qui possédaient des propriétés en Vendée avaient bien quelque raison de prendre alarme, eux aussi ; et voilà ce que n’avait point assez considéré la Convention. Rossignol ne pouvait donc se donner pour l’instrument de la politique sauvage que le décret du 1er août avait inaugurée, sans dévouer sa tête aux furies ; et le premier prétexte dont on put s’armer contre lui dut paraître une bonne fortune au génie des inimitiés ou des terreurs locales. Toujours est-il qu’à Fontenay on crut ou on affecta de croire que ces hommes, étrangers à la ville, n’y étaient venus que pour la rançonner[54]. La municipalité dresse sur-le-champ procès-verbal, l’envoie aux deux représentants en mission, Goupilleau (de Fontenay) et Bourdon (de l’Oise), et ceux-ci, séance tenante, fulminent contre Rossignol et ses complices un arrêté qui, non-seulement les destitue, mais les met en état d’arrestation pour vol !

C’était le comble de l’absurde[55]. Bourbotte, indigné, se hâta, en sa qualité de représentant du peuple, de lancer un contre-arrêté qui mit dans le plus cruel embarras ceux à qui l’exécution du premier avait été prescrite, et se vendit précipitamment à Paris, tandis qu’à Saumur, Richard, Choudieu et Rewbell confiaient provisoirement Santerre le commandement de l’armée des côtes de la Rochelle[56].

Bientôt averti du mauvais effet que sa conduite avait Produit sur l’esprit de Choudieu, de Rewbell et de Ricard, Bourdon (de l’Oise) leur écrivit qu’ils avaient tort s’intéresser à des hommes coupables d’un vol, et d’un vol avec effraction ; que, d'après le bruit public, Bourbotte avait passé sa première nuit, à Fontenay, dans les bras d'une courtisane ; que, si l’on voulait vaincre les brigands royalistes, il fallait se montrer aussi estimable qu’eux. Il terminait en disant : Rewbell, tu es époux et père. Juge cette cause ![57]

Il y avait peu de bonne foi en tout ceci. Bourdon (de l’Oise) dissimulait une circonstance importante, celle qui, précisément, changeait le caractère de l’affaire, savoir qu’il y avait eu simple confiscation d’effets considérés, à tort ou à raison, comme propriétés nationales, saisis à ce titre, et par des hommes agissant au nom du pouvoir central. D’un autre côté, à supposer que le bruit public n’eût rien inventé sur le compte de Bourbotte, Bourdon (de l’Oise) était assez mal venu à prêcher le culte des bonnes mœurs, lui qui se livrait avec fureur aux excès de la table, et que l’ivresse poussait à de véritables accès de démence : témoin le jour où, ayant reçu, au milieu des fumées du vin, la visite de deux administrateurs de Fontenay, il entra soudain dans un prodigieux transport, se prétendit empoisonné, ordonna l’arrestation de ses deux hôtes, et voulut qu’on arrêtât du même coup, comme conspirateur, un cheval qui avait pris le mors aux dents et passait au galop sous ses fenêtres[58].

Quoi qu’il en soit, la Convention, après avoir entendu Bourbotte et Tallinn, n’hésita pas à rendre à Rossignol le commandement. Suivant Bourbotte[59], le vrai motif de la destitution de Rossignol était sa ferme volonté de mettre à exécution le décret du 1er août, crime impardonnable aux yeux des Goupilleau, qui avaient des propretés en Vendée. Le reproche était injuste ; mais, du moins, Bourbotte n’alla pas jusqu’à s’écrier, comme Tallien : Eh ! que m’importe, à moi, quelques pillages particuliers ? Hâtons-nous d’ajouter que l’Assemblée couvrit de murmures ces paroles imprudentes[60], montrant, de la sorte, qu’elle eût condamné Rossignol, si elle l’eût jugé coupable de ce qui paraissait si simple à Tallien. La vérité est quelle regarda l’accusation comme calomnieuse ; et, lorsque, appelé à la barre, Rossignol dit d’une voix émue : Mon corps, mon âme, tout est à la patrie, les applaudissements éclatèrent. Robespierre, qui présidait, le félicita d’avoir marché dans le sentier étroit du patriotisme ; et il fut invité aux honneurs de la séance[61].

Est-il besoin de dire combien les misérables disputes qui agitaient le camp républicain profitaient à la cause royaliste ? Aussi les chefs vendéens, quoique encore sous le poids de deux défaites, ne s’étaient-ils jamais montrés plus confiants dans l’avenir. Proclamation du conseil supérieur de Châtillon, recommandant aux catholiques la tolérance des autres cultes, pourvu que ceux qui les professent prient en secret et prêtent serment à Louis XVI ; — règlement sur le séquestre et l’administration des biens des ennemis du roi, de leurs fauteurs ou complices ; — règlement sur l’organisation de l’ordre judiciaire ; — règlement sur les assignats de la prétendue République française ; — proclamation de d’Elbée, exemptant du payement des impositions jusqu’au rétablissement de la monarchie quiconque se réunirait aux royalistes... voilà par quelle série d’actes les chefs vendéens tendaient à constituer en gouvernement ce qui n’avait été d’abord qu’une révolte[62].

Pour achever de mettre de l’ensemble dans les vues et de l’unité dans les projets, ils songèrent à une nouvelle distribution de la force armée dans le pays conquis- Un règlement général, rédigé dans les derniers jours du mois d’août, et que signèrent, d’une part, d’Elbée, Charette, Royrand, Lescure, Bonchamps, la Rochejaquelein, d’autre part, l'évêque d’Agra, Michel Desessarts, le cure Dernier, les prêtres Brin et Jagault, contient les dispositions suivantes : Désormais l’obéissance sera forcée ; — les conseils provisoires procéderont au recensement de la population sur toute la surface du pays conquis, depuis l’âge de seize ans ; — la population en état de porter les armes sera distribuée ea compagnies, en demi' compagnies et escouades ; — au conseil militaire appartiendra la nomination des commandants ; — les conseil 5 provisoires désigneront aux différents grades, sur 1® présentation des chefs de compagnie ; — à chaque division du pays conquis correspondra un camp ; — nul ne pourra quitter le service sans permission expresse du commandant ; — le service se fera dorénavant à heures fixes ; — nul ne pourra se, faire remplacer, si ce n’est par un homme de sa paroisse, auquel il devra, dans ce cas, payer vingt-cinq sols par jour[63].

C’était ôter à l’insurrection vendéenne son puissant caractère d’originalité, et, à la place des libres allures, de la soumission volontaire et empressée, de l’élection démocratique, de l’enthousiasme, mettre une lourde discipline. Sous ce rapport donc, la valeur de l’organisation nouvelle était pour le moins contestable ; mais elle annonçait dans les chefs une détermination réfléchie, des vues d’avenir et la volonté inébranlable d’aller jusqu’au bout : là était sa portée.

Ainsi, perpétuelle alternative de victoires et de défaites, anarchie dans les autorités républicaines, soit milices, soit civiles ; incertitude sur les moyens à employer pour étouffer la révolte ; et, pendant ce temps, formation graduelle d’un État dans l’État... Tel se présente, durant les mois de juillet et août 1793, l’aspect des choses en Vendée.

Effrayante perspective, lorsque, se détournant de ce théâtre de désolation, le regard se promène sur toutes les frontières envahies, sur Lyon soulevé, sur le Midi en feu ! perspective si effrayante, que, quelquefois, les royalistes eux-mêmes, en y songeant, se sentirent troublés jusqu’au fond du cœur. Je pense, écrivait un jour Savin, lieutenant de Charette, à Duplessis, président du comité provisoire de la Roche-sur-Yon, je pense que les Anglais doivent avoir beau jeu dans l’Inde et dans nos colonies d’Amérique. Il faut que notre malheureuse France soit ruinée sans ressource, si, par le plus grand hasards, elle n’est pas démembrée et ne devient pas a proie de nos voisins ![64]... Oui, plus d’une fois, elle leur apparut, dans le silence des nuits, cette imposante et livide image de la France prisonnière !... Mais, la pâle vision dissipée, aux premiers rayons du malin, au premier appel du tambour, au premier coup de fusil dans les bois, ils se levaient et couraient frapper, les parricides ! Oh ! que serait devenue la France, si elle n’eût eu alors, pour la défendre et la sauver, des âmes telles que l’antiquité n’en produisit jamais de plus grandes ? Un pauvre vinaigrier d’Angers, nommé Gaudin, n’ayant à offrir à la patrie que son enfant, le lui avait offert, et le jeune homme servait dans l’armée du Nord. Saisi d’un irrésistible désir de revoir son vieux père, il quitte son bataillon sans congé, et vient frapper à la porte de la maison paternelle. Qui est là ?Votre fils. — Vous mentez : mon fils est à la frontière, devant l’ennemi... Je n’ouvre pas[65].

 

 

 



[1] Rapport de Westermann à Biron, dans la collection de M. Benjamin Fillon.

[2] Rapport de Westermann à Biron, dans la collection de M. Benjamin Fillon.

[3] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. IX, p. 161.

[4] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. IX, p. 165.

[5] Rapport de Westermann à Biron, dans la collection de M. Benjamin Fillon.

[6] Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher, p. 214. — Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. IX, p. 167. — Proclamation du Conseil supérieur de Châtillon, aux habitants du Pays conquis, dans la collection de M. Benjamin Fillon.

[7] Ceci avoué par madame de la Rochejaquelein elle-même, chap. X, p. 167.

[8] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. X, p. 168.

[9] Lettre des représentants Goupilleau (de Fontenay) et Goupilleau (de Montaigu), au Comité de salut public, en date du 15 juillet 1705. — Collection de M. Benjamin Fillon.

[10] La preuve qu’elle ne l'était pas, c’est qu’avant même que le Comité de salut public eût annulé l’ordre d’arrestation, les deux Goupilleau, ennemis de Rossignol, l’avaient fait mettre en liberté. — Ils l’annoncèrent au Comité de salut public dans leur lettre du 15 juillet.

[11] Lettre des représentants du peuple, près l’armée des côtes de la Rochelle, au Comité de salut public. Collection de M. Benjamin Fillon.

[12] Extrait de la correspondance des généraux catholiques. Collection de M. Benjamin Fillon.

[13] Mémoires du général Turreau, p. 85.

[14] Rapport de Turreau et de Bourbotte, daté du champ de bataille. — Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. X, p. 170 et 171. — Extrait de la correspondance des généraux des armées catholiques et royales, dans la collection de M. Benjamin Fillon.

[15] Rapport de Turreau et Bourbotte.

[16] Compte rendu à la Convention nationale, par Philippeaux, député commissaire dans les départements du Centre et de l’Ouest.

[17] Philippeaux y trouva matière d’accusation contre ce général.

[18] Mémoires du général Turreau, p. 85.

[19] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. X, p. 171.

[20] Lettre de Richard, Bourbotte et Philippeaux à leurs collègues de Niort, dans la collection de Benjamin Fillon. — Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. X, p. 172. — Mémoires manuscrits de Mercier du Hocher, p. 220. — Compte rendu de Philippeaux à la Convention.

[21] Mémoires du général Turreau, liv. III, p. 95.

[22] Pièces contre-révolutionnaires, publiées par Benjamin Fillon, p. 79-81.

[23] Pièces contre-révolutionnaires, chap. X, p. 176.

[24] Voyez ces lignes citées par madame de la Rochejaquelein. Pièces contre-révolutionnaires, chap. X, p. 176.

[25] Benjamin Fillon, Pièces contre-révolutionnaires, p. 81.

[26] Lettre du 13 juillet 1793, dans la collection des Documents originaux et inédits, rassemblés par M. Benjamin Fillon.

[27] Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher, p. 224. — Mercier du Rocher était à Niort à cette époque, et voyait Biron tous les jours.

[28] Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher, p. 125.

[29] Le conventionnel Maignen, dans une lettre à son ami Goupilleau (de Fontenay), lui reproche de se laisser jouer par Biron, et, lui rendant compte de ce qu'on en pense à Paris, l’avertit de se tenir sur ses gardes. — Collection de M. Benjamin Fillon.

[30] Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher, p. 224.

[31] Voyez Observations sur la guerre de la Vendée, par Nicolas Hentz, député de la Moselle, et Mémoires de Turreau, p. 93. Le dernier dit : Je suis l'ami de Rossignol, et je m'en fais gloire.

[32] Lettre de Duplessis à de Chouppes, dans la collection des Documents originaux et inédits, rassemblés par M. Benjamin Fillon.

[33] Voyez le chapitre Guerre de la Vendée.

[34] Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher, p. 205.

[35] Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher, p. 205.

[36] Mémoires sur la guerre de la Vendée, par un ancien administrateur militaire, chap. III, p. 75. — Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher, p. 225.

[37] Mémoires sur la guerre de la Vendée, par un ancien administrateur militaire, chap. III, p. 75. — Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher, p. 225.

[38] Lettres des représentants prés l'année des côtes de la Rochelle, au Comité de saint public, dans la collection de M. Benjamin Fillon.

[39] Lettre de Gaudin, dans la collection de M. Benjamin Fillon.

[40] Séance du 12 août.

[41] Voyez, sur le mouvement de Nantes, les numéros 7 et suivants du Courrier des côtes de la Rochelle, publié par les représentants du peuple Richard, Choudieu, Bourbotte, Turreau et Tallien.

[42] Décret du 1er août 1794.

[43] Trois millions furent mis à la disposition du ministre de la guerre pour l'exécution de cette mesure.

[44] Compte rendu à la Convention nationale par Philippeaux, dans la Bibliothèque historique de la Révolution, 1082. (British Muséum.)

[45] Compte rendu à la Convention nationale par Philippeaux, dans la Bibliothèque historique de la Révolution, 1082. (British Muséum.)

[46] Voyez à cet égard les Observations sur la guerre de la Vendée, par Nicolas Hentz, imprimées par ordre de la Convention ; Bibliothèque historique de la Révolution, 1040, 7-8. (British Muséum.)

[47] Bibliothèque historique de la Révolution, 1040, 7-8. (British Muséum.). — M. Thiers, t. III, p. 142, de son Histoire de la Révolution, présente Rossignol comme un infracteur de la discipline. Ce fut contre lui qu’elle fut violée : tous les documents qui sont sous nos yeux en ont foi. Au reste, la partie du livre de M. Thiers qui concerne la ondée est si pauvre, si écourtée, si pleine d’erreurs, qu'il n’y a pas à s’y arrêter.

[48] Rapport de Choudieu sur la Vendée, présenté le 18 pluviôse (6 février 1794). Voyez le Moniteur, numéros du 21 pluviôse et suivants.

[49] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XI, p. 195.

[50] Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher, p. 250 et 251.

[51] Rapport de Choudieu sur la Vendée, présenté le 18 pluviôse (6 février 1794).

[52] Voyez le Procès-verbal de la municipalité de Fontenay, dans l’ouvrage de Savary, Guerre des Vendéens et des Chouans, t. II, chap. V, p. 50.

[53] Voyez dans Savary, Guerre des Vendéens et des Chouans, t. II, chap. V, p. 59, une lettre écrite à ce sujet par Simonneau, président du tribunal du district de Parthenay.

[54] Cet excès de prévention perce jusque dans le récit de Mercier du Rocher, d’ordinaire plus équitable.

[55] Savary, quoique violemment opposé au parti de Saumur, comme on l’appela, attendu qu’il était de sa personne engagé dans le parti de Nantes ; Savary ne peut s’empêcher de blâmer l’arrêté de Goupilleau (de Fontenay) et de Bourdon (de l'Oise), comme entaché d’excès de passion et d'injustice. Rossignol, dit-il, n’avait certainement pas l’intention de voler la voiture, puisqu’il avait annoncé à la municipalité qu'il l'emmenait pour le service de la République. Voyez Guerre des Vendéens et des Chouans, t. II, chap. V, p. 60.

[56] Cet arrêté manuscrit est sous nos yeux.

[57] L’autographe de cette lettre fait partie de la collection de M. Benjamin Fillon.

[58] Mercier du Rocher donne tous les détails sur cette ridicule et lamentable histoire. Les deux administrateurs en question se nommaient Rouillé et Martineau. De retour auprès de leurs collègues, ils leur racontèrent avec douleur l’étrange scène. Ils avaient failli, sur l’ordre de. Bourdon ivre, être conduits pieds et poings liés à la Rochelle.

[59] Séance du 28 août 1793.

[60] Séance du 26 août 1793. Voyez l'Histoire parlementaire, t. XXVIII, p. 501.

[61] Nous avons sous les yeux une lettre de Maignen à Goupilleau, qui constate combien l'effet de cette séance fut favorable à Rossi. Dans l'excès de leur haine pour les matérialistes, parmi lesquels ils rangent Rossignol, et mus par le désir d’expliquer la sympathie qu'en maintes circonstances lui témoigna Robespierre, lui si hostile à Ronsin et à toute la secte d’Hébert, les auteurs de l'Histoire parlementaire supposent, t. XXVIII, p. 502, qu’en défendant Rossignol Robespierre faisait parler sa politique révolutionnaire, et non pas une estime réelle pour l’homme. Mais l’histoire ne se fait pas avec des suppositions.

[62] Toutes les pièces ci-dessus mentionnées se trouvent dans la collection de M. Benjamin Fillon.

[63] Ce règlement curieux fait partie des Documents originaux et inédits mis à notre disposition par M. Benjamin Fillon.

[64] Autographe de Savin, Documents originaux et inédits mis à notre disposition par M. Benjamin Fillon.

[65] Courrier de l'armée des côtes de la Rochelle, n° 2.