HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

TOME NEUVIÈME

LIVRE DIXIÈME

 

CHAPITRE QUATRIÈME. — LYON SE SOULÈVE

 

 

La contre-révolution à Lyon. — Assassinat de Sautemouche. — Robert Lindet. — Inutiles efforts de la Convention pour sauver Chalier. — Pouvoir dictatorial. — Désarmement des Jacobins à Lyon. — Proclamation factieuse. — Chalier dans sa prison. — Lettre de Chalier à Bernascon, son ami. — Décret du 5 juillet 1793. — Biroteau applaudi et trompé. — Arrivée de Chasset à Lyon. — Armée départementale ; choix de Précy pour la commander. — Décret du 19 juillet contre les Lyonnais rebelles. — Chassagnon essayée de sauver Chalier. — Calomnies répandues par les royalistes. — Lettre supposée. — Le peuple induit en erreur. — Dévouement de Bernascon. — La guillotine dressée à Lyon pour la première fois par les modérés. — Exécution de Chalier. — Progrès du parti royaliste. — Mélange d’hypocrisie et d’audace. — Aspect de la révolte dans l’Est et le Midi. — La contre-révolution dans les autorités à Grenoble. — Dubois-Crancé et Gauthier ; mesures qu’ils prennent. — Carteaux marche sur Avignon au pouvoir des Marseillais. — Infériorité des troupes commandées par Carteaux. — Les royalistes à Lyon jettent le masque ; désespoir et confusion des Girondins ; fuite nocturne de Chasset et de Biroteau.

 

Pendant qu'à Paris Marat mourait assassiné, les contre-révolutionnaires, devenus maîtres de Lyon, y assassinaient l’ex-municipal Sautemouche et y dressaient la guillotine pour Chalier.

On a vu comment le royalisme, à Lyon, s'était glisse sous la bannière de la Gironde : le monstrueux rapprochement durait encore : ce que la peur avait commencé, l’ardeur de la vengeance le maintenait. L’installation d’un tribunal extraordinaire avait été dénoncée par les ennemis du parti jacobin comme le comble de l’horreur[1] ; et maintenant que ce tribunal était au service de leurs colères, ils ne songeaient plus qu’à en recueillir les bénéfices sanglants. Malheur aux juges s’ils avaient la faiblesse d’être justes ! Les victimes, d’ailleurs, eussent eu peu de chance d’échapper : des assassins les attendaient aux portes du prétoire.

Au nombre de ces victimes, condamnées d’avance, était Sautemouche. En exécution de l’arrêté du 14 mai, par lequel les corps administratifs, alors en fonction, paient frappé un emprunt forcé de six millions, destiné a l’entretien de l’armée révolutionnaire, Sautemouche était allé demander à deux sœurs leur quote-part de l’impôt, et cela un sabre nu à la main[2]. Tel était son crime : Ses plus mortels ennemis ne purent lui en trouver un autre ; et Sautemouche, traduit devant la police correctionnelle, fut acquitté[3]. Il sortait donc de prison le 27 juin, lorsque, étant entré dans un café sur la terrasse de l’Évêché, il y est reconnu par des jeunes gens appartenant au parti de la contre-révolution. Menacé d’être mis en pièces, il prend la fuite et court se réfugier dans la salle de la section des Porte-Frocs. La section était assemblée : le malheureux implore la vie, on le repousse, toujours poursuivi, il gagne les bords de la Saône ; mais déjà, sous les coups de sabre qu’il a reçus, son sang Ruisselle. Il se précipite dans le fleuve : un coup de pistolet lui est tiré à la tête. Il enfonce, reparaît : on l’achève à coups de pierres. Et le lendemain, dans le monde des femmes sensibles, dans le monde de ceux qui s’appelaient les honnêtes gens, une plaisanterie courait, qu’on trouvait charmante : Après tout, ce n’est qu’une mouche ![4]

On juge quel pouvait être le pouvoir des commissaires de la Convention, là où les contre-révolutionnaires se livraient impunément à de tels excès : Robert Lindet, envoyé à Lyon, après le 31 mai, vit son autorité méconnue ; il représentait, disait-on, ce qui n’existait plus, l’intégrité de la Convention ayant été détruite par la proscription des Girondins. Il fut même question de l’enfermer comme otage au château de Pierre-Scise[5]. Vainement déploya-t-il une modération que la roideur bien connue de son caractère rendait encore plus remarquable en de pareilles circonstances : les contre-révolutionnaires ne lui surent aucun gré de sa sagesse, dont un de leurs écrivains ne parle que pour la traiter de patelinage[6].

Lui n’en persévéra pas moins dans cette voie ; si bien que, de retour à Paris, il lit un rapport où, gardant le silence sur tout ce qui était de nature à irriter les esprits, il assurait qu’il n’y avait rien à craindre à Lyon pour la liberté, si la nouvelle autorité qui s’élevait dans cette ville tenait avec fermeté les rênes de l’administration[7]. Cela voulait dire : Si la nouvelle autorité, qui se pare encore des couleurs de la République, ne se laisse pas déborder par le royalisme. Tel était effectivement le danger, et Robert Lindet ne s’y était pas trompé. Il avait compris qu’à Lyon les Girondins ne formaient que l'avant-garde d’une armée dont le gros se composait de royalistes, lesquels n’attendaient qu’un moment favorable pour se débarrasser de leurs auxiliaires et arborer le drapeau blanc. Aussi avait-il soin d’ajouter dans son rapport : Il y a beaucoup à observer[8]. Et il concluait en demandant que la Convention mît sous la sauvegarde de la loi et des autorités constituées les citoyens arrêtés à Lyon dans les derniers troubles.

Le projet fut aussitôt converti en décret. Son but était de soustraire Chalier au glaive des vengeances locales, en évoquant la procédure au tribunal révolutionnaire de Paris.

Mais les vainqueurs du 29 mai n’entendaient pas lâcher ainsi leur proie. Une loi, non expressément révoquée, lui établissait que les jugements seraient rendus sur les lieux du délit, servit de motif au refus de céder les coupables[9].

C’était le premier pas des contre-révolutionnaires lyonnais dans la révolte, bientôt, le tocsin de la guerre civile ébranlant tout le Midi, et leur audace croissant avec les malheurs de la France, ils songent à créer un pouvoir rival de la Convention. Oubliant tout à coup avec quelle fureur ils avaient maudit l’institution d’un comité local de salut public, lorsqu’ils étaient les plus faibles, les voilà qui créent à leur usage, sous le nom de Commission républicaine et populaire de salut public, une autorité dictatoriale devant laquelle il faudra que tout tremble, et à la tête de laquelle ils placent, royalistes encore sous le masque, le Girondin Gilibert. Celte commission, à peine installée[10], arrête que dix-huit cents gardes nationaux, choisis à tour de rôle dans les bataillons, seront casernés ; elle envoie nombre de citoyens, armés de pelles et de pioches, travailler aux retranchements de la ville ; et, le 5 juillet, appelant dix mille hommes sous les armes ; les faisant ranger sur deux haies le long des maisons, depuis le pont d’Aisne jusqu’à Saint-Just ; ordonnant qu’on ferme les portes d’allée et les fenêtres, et qu’on braque quatre canons, un à la place Saint-Georges, un au pont volant, deux à Saint-Just, elle donne le signal du désarmement des Jacobins dans les deux sections du Gourguillon et de Saint-Georges[11].

Le lendemain, solennellement, en grand cortège, à la lueur d’illuminations joyeuses, les autorités s’en allaient lisant dans les rues la proclamation suivante :

Le peuple de Rhône-et-Loire déclare qu’il mourra pour le maintien d’une représentation nationale républicaine, libre et entière ;

Déclare que la représentation nationale n’est ni entière ni libre ;

Déclare qu’il demande, dans le plus bref délai, la réunion d’une représentation nationale, libre et entière ;

Déclare que, jusqu’au rétablissement de son intégralité et de sa liberté, les décrets rendus depuis le 31 mai sont regardés comme non avenus, et qu'il va prendre des mesures pour la sûreté générale[12].

Et le Journal de Lyon d’écrire : Mânes de nos amis égorgés dans la journée du 29 mai, soyez satisfaits, vous serez vengés ![13]

Pendant ce temps, Chalier, dans sa prison, se rongeait le cœur. Sans autre couche qu’un méchant grabat que lui disputait la vermine[14], sans autre compagnie que celle d’un pigeon dont la compatissante sympathie d’un autre Prisonnier lui avait fait cadeau, il exhalait ses tourments dans des lettres haletantes, décousues, toutes pleines du désordre de ses pensées. Culte exalté de la patrie, effroi de la solitude, horreur des tyrans, tressaillements d’une âme où la tendresse déborde, tragiques étonnements de l’innocence qui se sent opprimée, amour naïf de la vie, que ne trouve-t-on pas dans ces lettres étranges ? Tout trahit le peuple, et le peuple lui-même se trahit. Je n entends plus parler de la bonne Pie, ma gouvernante. N’y a-t-il donc pas un être qui puisse dire à la Convention, à Paris, à la France, que Lyon est en contre-révolution ? Allez à pied à Paris, mon ami, allez-y à mes dépens ; allez vile, allez vite, et sauvez les patriotes, qui sont sous le couteau. Dites à l’ami Marteau, et à sa sœur, et à la bonne Pie, que je suis dépourvu de tout, que la vermine me dévore déjà. Mes ennemis ont la perfidie d’animer le peuple contre moi quand je vais à l’interrogat devant Amper, grand royaliste. Le peuple se forge à lui-même des fers ! Jugez de la noirceur de leurs complots : ils ont osé inventer des lettres d’Allemagne pour me faire croire d’intelligence avec Dumouriez et Cobourg ! Que je suis en peine de la bonne Pie !... Vous et Marteau, remuez ciel et terre ; allez voir les citoyens Ricottier, Artaud et Dusurgey : ils connaissent la pureté de mon cœur... Ecrivez-moi ce qui peut m’intéresser... la liberté. Le médecin m’a dit que la bonne Pie ne fait que pleurer. Ali ! qu’elle se console ! Elle sait mon innocence : qu’elle vive pour se rappeler les maux inouïs qu’on fait souffrir aux amis de la liberté ! Dites-leur que j’ai grand courage... Je suis au désespoir de voir que toute la terre m’abandonne, connaissant mon innocence. Ô malheureuse et trop aveugle ville de Lyon !... Les jours sont pour moi des siècles, excepté le matin... Où êtes-vous, et qu’ai-je fait ? La liberté veut fuir de cette terre, et personne ne veut rien sacrifier pour elle... Brissot est un scélérat, il est pris. Adieu, mon ami... Venez à la seconde fenêtre du second étage, du côté du tribunal ; regardez sous le toit qui est au fond de la cour, dans le milieu. Je suis dans un cachot où il y a une petite fenêtre sous le toit. Faites-vous voisin d’un morceau de pierre ; regardez depuis midi jusqu’à cinq heures : vous me verrez ![15]...

Bernascon aimait Chalier comme un frère ; il le vénérait comme un saint[16] : il s’empressa de faire parvenir les lettres qu’il recevait à Paris, où, communiquées aux patriotes, elles les remplirent d’indignation et de douleur. Le 5 juillet, Couthon paraît à la tribune, et d’une voix émue : Les patriotes, s’écrie-t-il, sont opprimés à Lyon comme à Marseille. Aussitôt décret portant qu’il y a lieu à accusation contre le procureur général syndic de Rhône-et-Loire, le procureur syndic du district de la ville de Lyon, et que les dépositaires actuels de F autorité dans Lyon répondront individuellement, sur leurs têtes, des atteintes portées à la sûreté des citoyens arrêtés par suite du 29 mai. En même temps, un courrier extraordinaire était envoyé aux représentants du peuple près l’armée des Alpes, pour qu’ils tinssent la main à l’exécution du décret[17].

Mais déjà les nouvelles autorités lyonnaises se prépaient à lancer à la Convention un défi suprême. Car, de Bordeaux, de Marseille, de Caen, arrivaient des nouvelles enflammées ; et, d’un autre côté, le girondin Biroteau était là, soufflant autour de lui l’imprudente fureur dont il était animé. Il croyait servir la République, le malheureux, et ne servait que les royalistes, qui l’applaudissaient en le trompant[18] !

Le 8 juillet, la commission qui se parait astucieusement du titre de républicaine et populaire tenait séance, lorsque soudain l’arrivée d’un personnage important est annoncée. C’était Chasset, le conventionnel. Il entre au milieu des acclamations, et, placé à la droite du président, il prend la parole pour dire que la Convention n’est plus composée que d’un reste impur de factieux et de scélérats[19] ; qu’il faut résister, s’armer[20]. On applaudit ; le président embrasse l’orateur ; et, séance tenante., A est décidé qu’on formera une armée départementale ; qu’on en confiera le commandement au citoyen Perrin, dit Précy ; qu’on lui dépêchera un courrier extraordinaire à Roanne, pour l’appeler sans retard à son poste, et que les adjudants généraux seront les citoyens Valabry, Gabriel et Louis Julien[21].

Le choix du commandant qui venait d’être désigné était significatif, et disait assez combien la commission républicaine et populaire était, au fond, royaliste. Perrin, comte de Précy, avait servi comme lieutenant-colonel dans la garde constitutionnelle de Louis XVI, pour lequel il s’était battu bravement au milieu des Suisses le 10 août[22] !

Inutile d’ajouter que ceux qui faisaient ce pas décisif n’avaient pas à s’arrêter au décret du 5 juillet. À cet égard, la commission passa à l’ordre du jour, motivé sur ce qu’on s’en rapportait au comité de surveillance, et attendu que la commission s’occupait des moyens de bien recevoir Dubois Crancé, s’il avait l’audace de se présenter devant Lyon[23].

Ces nouvelles, communiquées à la Convention dans la séance du 11 juillet[24], y portèrent l’indignation au plus haut point. Legendre propose de faire immédiatement marcher des troupes. C’est peu : si les Lyonnais ne se prononcent pas sous quinze jours, il faut que la Convention donne quittance à tous leurs créanciers. Lui-même ira faire exécuter ce décret, au péril de sa vie. Un membre ajoute que la ville de Lyon doit être déclarée en état de révolte ouverte ; mais Couthon combat cette mesure, qui tendrait à confondre les bons et les mauvais citoyens[25]. Le décret ne fut rendu que le lendemain : rédigé en partie par Couthon, il portait :

Que Biroteau était mis hors la loi, comme traître à la patrie ; Que ceux-là aussi étaient déclarés traîtres, qui, administrateurs, officiers municipaux, fonctionnaires, avaient convoqué ou souffert le congrès départemental ;

Que la Convention enverrait des forces pour faire respecter la souveraineté du peuple, garantir les personnes et les propriétés, délivrer les citoyens arrêtés arbitrairement, et traduire les conspirateurs au tribunal révolutionnaire ;

Que les biens de ces conspirateurs seraient séquestrés, et, quand la confiscation aurait été prononcée, répartis entre les patriotes indigents et opprimés ;

Que tous payements de sommes dues, soit par la trésorerie nationale, soit par les particuliers à la ville ou aux habitants de Lyon, notamment ceux de l’emprunt viager connu sous le nom des trente têtes de Genève, seraient provisoirement suspendus ;

Que tous particuliers non domiciliés à Lyon seraient tenus d’en sortir, dans un délai de trois jours, sous peine être considérés comme complices[26].

En réponse à ces terribles menaces de la Convention, les contre-révolutionnaires lyonnais lui jetèrent la tête de Chalier.

Et pourtant, une voix puissante s’était élevée en faveur du captif : celle de Chassagnon. Dans un pamphlet d’une éloquence bizarre, mystique et amère, le royaliste Chassagnon, — tant son âme était honnête ! — avait épuisé, pour sauver Chalier, tous les artifices de l'anathème et toute la poésie du dithyrambe. Chalier était un monstre : quel monstre que celui qui, un jour, forcé d’arrêter un citoyen, disait à l’épouse désolée : Ma chère amie, mettez la main sur mon cœur, et vous sentirez ce qu’il souffre... Mais un républicain doit étouffer la nature pour obéir au devoir ! Et n’était-ce pas le même homme qui, entrant un autre jour dans une maison de religieuses, leur disait les larmes aux yeux : Mes chères filles, avez-vous quelque peine ? Ne me déguisez rien. Je suis votre père spirituel. Votre recueillement me touche, votre modestie m’enchante... Que je serais heureux d’épouser une des vierges de ce sanctuaire ![27] Et puis, comme ils avaient vite oublié, ceux qui se faisaient les accusateurs de Chalier et ses juges, de quelle pusillanime idolâtrie, naguère encore, ils l’entouraient ! Lamourette, poursuivait Chassagnon, lui dédia sa mitre ; Joliclerc, son bréviaire ; Maisonneuve, son écharpe ; Bret, sa Bible ; Billiemaz, ses facéties ; Vitet, sa tactique ; Carret, son énergie ; Grandchamp, son jabot et ses odeurs ; Nivière, sa conscience ; Gilibert (médecin), sa morale ; Rozier (curé), sa philanthropie, et Frossard (pasteur), ses principes. Si la loi fait marcher Chalier à l’échafaud, que d’hommes vertueux qui ont porté sa livrée et qui encensèrent son écharpe doivent, par gratitude, ou du moins par bienséance, assister à cette cérémonie funéraire, les cheveux épars, un crêpe au bras et un flambeau de cire jaune à la main ![28]

Inutiles adjurations ! la perte de Chalier était résolue. Et, pour lui faire savourer la mort dans toute son amertume, ses ennemis avaient imaginé de le faire périr aux acclamations du peuple, de ce peuple qu’il aimait jusqu’au délire. Ils s’étaient donc étudiés à répandre parmi les classes ouvrières, et autour de Lyon, dans les campagnes, que Chalier était un complice des émigrés ; que c’était au nom de la République, et parce qu’il la trahissait, qu’il fallait le tuer ; que son crime, en un mot, était de vouloir un roi ![29] Ah ! quel profond dégoût soulève le cœur quand on songe que ceux qui poursuivaient Chalier de cette accusation meurtrière, il veut un roi, étaient précisément des royalistes !

La vérité est qu’on ne lui pouvait rien reprocher, sinon une furieuse intempérance de langage et des menaces forcenées, dans un temps et dans une ville où le vocabulaire de la fureur était à l'usage de tous les partis, témoin la lettre citée par l’abbé Guillon de Montléon lui-même[30], dans laquelle un des sbires du parti modéré disait, à propos de Chalier et des siens : Je porterai leurs boyaux bandoulière, et garderai leurs crânes pour y boire à ‘a santé des vrais républicains[31]. Dans l’embarras où l’on était, on inventa une lettre où la main du faussaire se reconnaît, rien qu’au luxe inusité des précautions prises pour la faire croire authentique[32]. On l'avait intitulée : Lettre adressée à Chalier d’Oberstad, le 22 mai 1793, timbrée de Reinhausen, taxée vingt sols, et arrivée le lendemain de l’arrestation de Chalier. Elle était supposée écrite au tribun lyonnais par un émigré qui l'engageait à se couvrir toujours du voile du patriotisme, pour mieux servir la cause des rois, et l’informait que son projet avait été fortement goûté du prince. Pas de nom, cela va sans dire, et, pour toute signature, Mis... de Saint-V...[33].

Il était difficile de recourir à un expédient plus grossier ; mais les royalistes mirent un art infini à propager celle calomnie. Ils la mêlèrent à des exhortations Patriotiques ; ils lui donnèrent du poids en la glissant dans des adresses qu’appuyaient les lettres pastorales de l’évêque constitutionnel de Lyon, Lamourette[34] ; elle figura sous les mots sacramentels République, Liberté, Égalité, inscrits en tête de placards dont on inondait les campagnes[35]. Comment de pauvres laboureurs crédules auraient-ils pu soupçonner la vérité dans ce chaos de publications astucieuses ? Le peuple est un être changeant et grossier, qui ignore ses forces, supporte les coups et les fardeaux les plus lourds. Il se laisse guider par un faible enfant qu’il pourrait renverser d’une secousse. Mais il le craint et le sert dans tous ses caprices ; il ne sait pas combien on le redoute, et que ses maîtres lui composent un philtre qui l’abrutit. Chose inouïe ! il se frappe et s’enchaîne de ses propres mains ; il se bat et meurt pour un seul des carlini[36] qu’il donne au roi. Tout ce qui est entre le ciel et la terre est à lui, mais il l’ignore, et, si quelqu’un l’en avertit, il le terrasse et le tue[37]. Ce cri déchirant de Campanella, Chalier dut le pousser, lui aussi, du fond de son cachot : Tout trahit le peuple, écrivait-il avec sanglots, et le peuple lui-même se trahit ![38]

Toutefois il restait à l’infortuné des amis fidèles, prêts à donner pour lui tout le sang de leurs veines. Bernascon et Lauras formèrent le projet de l’arracher par force de sa prison. Ils rassemblent cinquante hommes déterminés, et peut-être eussent-ils réussi, sans les pièces de canon chargées à mitraille qu’on avait eu soin de disposer dans toutes les avenues conduisant à la prison[39].

Le jour arriva donc où celui que Bernascon appelle le plus humain des hommes[40] allait être sacrifié. C’était le 16 juillet. En présence d’une foule nombreuse, lecture fût faite des dépositions. Tout à coup Bernascon fend la presse, demandant à défendre son ami ; mais on le repousse, on crie que quiconque osera parler en sa faveur est son complice[41]. La sœur de Marteau, la Pie et la femme de Bernascon s’enfuient, épouvantées. Bernascon seul, au péril de sa vie, insiste et parvient à se faire écouler. Il y eut un instant d’hésitation parmi les juges : mais la voix du peuple les menaçait de mort s’ils osaient absoudre[42]. La sentence fatale fut prononcée.

Quand Bernascon entra dans la prison pour dire à son ami l’adieu éternel, le voyant étendu sur un grabat, il resta muet de saisissement. Mais Chalier : Ne t’afflige pas, mon ami. Je meurs content, puisque je meurs pour la liberté. Dis que l’on punisse les grands coupables qui ont égaré le peuple, toujours bon et juste quand il n’est pas séduit ; mais qu’on épargne, dans le grand jour des 'engeances, ces milliers d’hommes, victimes innocentes de l’erreur. Je ne te verrai plus. Adieu. En ce moment, une voix terrible retentit ; c’était celle du bourreau. On emporta Bernascon évanoui[43].

Chalier fit à pied, au son du tambour, et accompagné d’un prêtre, le chemin qui conduisait de la prison au lieu du supplice. Il marchait d’un pas ferme, refoulant dans son cœur l’impression des buées dont le poursuivaient de malheureuses femmes, trompées par ses ennemis. Sous le couperet, il dit au bourreau ; Rends-moi ma cocarde, attache-la-moi ; car je meurs pour la liberté[44]. La guillotine, dressée à Lyon pour la première fois par le parti modéré, n’avait pas encore servi, et le bourreau manquait d’expérience. Le couteau se trompa quatre fois, et il fallut achever de couper avec un couteau ordinaire cette tête ruisselante de sang : spectacle abominable qui n’empêcha pas quelques claquements de mains !... Le peuple, une fois revenu de son erreur, fit de Chalier un martyr ; mais trop tard... Le peuple se bat et meurt pour un seul des carlini qu’il donne au roi. Tout ce qui est entre le ciel et la terre est à lui ; mais il l’ignore, et, si quelqu’un l’en avertit, il le terrasse et le tue ![45]

La veille de l’exécution de Chalier, que suivit de près celle de Riard, la commission lyonnaise avait remplacé au fauteuil de la présidence le Girondin Gilibert par le royaliste Rambaud. Grâce à ce dernier, le royalisme, qui, selon les propres expressions de l’abbé Guillon, s’était introduit clandestinement dans la commission populaire et républicaine, ne tarda pas à étendre son influence. Percy, présenté à la commission le 19 juillet, accepta le commandement auquel on l’avait appelé, et, dès ce moment, la contre-révolution se tint prête à lever le masque. La garde nationale du département fut sommée de fournir, pour compléter la force départementale, un contingent de neuf mille six cents hommes, et la ville fut taxée à une somme de trois millions, requis pour sa défense[46].

Toutefois, comme les royalistes ne se jugeaient pas encore en état de se passer de l’appoint girondin, et qu’à égard de la République l’hypocrisie leur semblait, jusqu’à nouvel ordre, commandée par la prudence, ils continuèrent à employer le mot en minant la chose. La vérité commençant à percer, et les républicains de Lyon manifestant des inquiétudes, Rambaud publia une proclamation destinée à dissiper les soupçons par un mensonge. Il assura que des hommes pervers calomniaient la commission en lui prêtant des vues royalistes, quoiqu’elle eût déclaré n’avoir d’autre vœu que celui maintien de l’égalité, de la liberté et de la République[47]. Suivait un ardent appel aux armes : Levez-vous, citoyens ! ne souffrez pas qu’on vienne ravir vos propriétés, et un bien infiniment plus précieux, la liberté. Préparez-vous à combattre et à vaincre. Quittez à l’instant toute affaire ; plus de sollicitudes domestiques et commerciales !... Aux armes !... L’ennemi est à vos portes[48]...

L’état des choses dans l’Est et le Midi expliquait tant jl audace. Rien de plus triste que le tableau du Mont-Blanc, tel que le tracèrent les commissaires de la Convention envoyés à l’armée des Alpes. A Chambéry, le Patriotisme dominait ; mais les campagnes environnantes appartenaient sans réserve à un fanatisme ignorant et brutal. Les lois françaises y étaient inconnues, les assignats conspués. En Tarentaise et en Maurienne, pas une auberge qui ne fût fermée. Les volontaires n’auraient pas obtenu là un œuf pour cinq livres[49]. En passant à Moutiers, Dubois-Crancé offrit un assignat de cinquante sols à un mendiant, qui le refusa[50].

Lorsque, de Chambéry, le même Dubois-Crancé se rendit à Grenoble, accompagné de Gauthier, son collègue, il trouva cette ville au pouvoir d’administrateurs perfides qui étaient en train d’y préparer les esprits à des événements astucieusement combinés, dont ü s avaient seuls le secret[51]. Les deux commissaires se virent au moment d’être arrêtés et conduits à Lyon, où leurs têtes étaient à prix. Dans une séance nocturne que tinrent les administrateurs, on alla jusqu’à mettre sur le bureau la carte de France, pour prouver géographiquement que le Midi se pouvait passer du Nord[52]. Ce ne fut pas sans peine que Dubois-Crancé et son collègue parvinrent à dessiller les yeux du peuple, et, dès qu’avec son. aide ils se furent rendus maîtres de l’administration, que trouvèrent-ils dans les magasins ? quinze cents fusils ; et l’armée des Alpes manquait d’armes ! quinze cents paires de souliers ; et nos soldats étaient nu-pieds[53] !

Encore si la Révolution n’avait eu affaire partout, comme à Grenoble, qu’à la mauvaise foi et aux manœuvres souterraines des administrations locales ! Mais à Cordeaux, à Toulouse, à Nîmes, à Montpellier, à Marseille, la révolte marchait tête levée. Déjà des bataillons de Marseille et d’Aix avaient envahi Tarascon ; ceux de Nîmes occupaient le fort du Pont-Saint-Esprit avec du canon. Les contre-révolutionnaires, qui ne tardèrent pas à avoir en leur possession Arles, Avignon et les deux rives du Rhône, comptaient se grossir en route de tous les mécontents, frapper de terreur les patriotes ou les égorger, envahir les départements voisins du Rhône, se réunir à Lyon, et marcher avec cent mille hommes contre Paris, sur une ligne parallèle avec la Vendée, tandis que les Piémontais s’empareraient du Mont-Blanc, de l’Isère, et se partageraient avec les Anglais tous les départements situés entre le Rhône et les rochers des Alpes[54].

La clef de ce plan sacrilège fut donnée à Dubois-Crancé à Gauthier par la saisie d’un paquet caché dans un Petit sac de toile, et contenant la correspondance d’un administrateur de Grenoble avec Oreclet et Royer, que l’administration de Grenoble avait députés à Lyon[55]. Les meneurs du mouvement contre-révolutionnaire dans cette dernière ville n’ignoraient donc rien de ce qui était de nature à enflammer leur espoir. L’abbé Guillon de Montléon ne cache pas que de tous les départements soulevés par les Girondins arrivaient des députations Promettant aux Lyonnais des auxiliaires contre la Convention. On compta jusqu’à cinquante-deux de ces députions dans un banquet ; et là, au milieu des plus vifs transports d’enthousiasme, au bruit des salves d’artillerie, les députés de Marseille couronnèrent de lauriers les triomphateurs du 29 mai, voulant que ces couronnes fussent non-seulement la récompense de la victoire remportée, mais aussi le prix anticipé de celle qu’on espérait[56]...

Dans cette crise, la Révolution ne s’abandonna pas elle-même, et proportionna son énergie au péril. Nous avons rapporté le décret terrible du 12 juillet : renchérissant sur les rigueurs de la Convention, Dubois-Crancé et Gauthier lancèrent, de Grenoble, un arrêté qui visait à ruiner de fond en comble le commerce de Lyon ; il déclarait nulles toutes les quittances que pourraient donner les créanciers qui habitaient Lyon[57]. En même temps, Carteaux, nommé général de brigade, recevait l’ordre de marcher sur Avignon, dont les Marseillais s’étaient emparés, et d’empêcher à tout prix la jonction des troupes de Marseille avec celles de Lyon[58].

Malheureusement la Convention avait tant d’ennemis à la fois sur les bras, quelle avait dû interdire à Dubois- Crancé de dégarnir les frontières[59] ; de sorte que la mission imposée à Carteaux avec empire était d’écraser, à la tête d’un faible détachement de cinq mille six cents hommes, des forces beaucoup plus considérables, poussées en avant et soutenues par tout le Midi embrasé[60] !

La fortune semblait donc sourire aux royalistes lyonnais. De là leur ardeur. Elle était telle, que bientôt ils s’ennuyèrent des entraves de la prudence. On se rappelle que le chef des vainqueurs du 29 mai était Madinier : il semblait naturel qu’on le mît à la tête de la force départementale ; on n’en fit rien ; on se contenta de lm conférer le titre de commandant général provisoire, sans doute, écrit l’abbé Guillon, parce qu’il n’avait point de système politique, et que tout le but de son zèle était l'ordre conservateur des propriétés[61]. Ce mot dit assez quel chemin les royalistes avaient fait depuis le 29 mai ! Les Girondins ne pouvaient se tromper plus longtemps sur la profondeur de l’abîme qu’ils avaient creusé de leurs propres mains. Selon la forte expression de Montaigne, ils avaient troublé l’eau pour d’autres pêcheurs. Ils se retirèrent de la scène, le cœur navré. Biroteau et Chasset, qu’on avait enivrés d’applaudissements si artificieux, se réveillèrent comme d’un songe. Lyon leur apparut tout à coup peuplé de noirs fantômes. Le 23 juillet, pendant la nuit... ils s’enfuirent[62] !

 

 

 



[1] Voyez comment s’exprime à cet égard l’historien royaliste Guilde Montléon, dans le tome Ier de ses Mémoires, chap. VI, p. 251.

[2] Voyez le volume précédent de cet ouvrage, livre IX, chap. XI.

[3] Journal de Lyon, n° du 30 juin 1793.

[4] Tout ceci extrait textuellement d’une lettre datée de Lyon, et lue par Sansbat aux Jacobins, séance du 14 juillet 1793. — Le Journal de Lyon, feuille girondine, et l’abbé Guillou de Montléon dans ses Mémoires, n’ont pu s’empêcher d’avouer l’assassinat de Sautemouche, quoiqu’ils s’étudient à en voiler les horribles circonstances. L’est à cette occasion que l'abbé Guillon de Montléon dit, t. Ier, p. 286 : Le municipal Sautemouche, dont quelques crimes ont été racontés, p. 239, etc. Or, à la page indiquée, que trouve-t-on ? Rien, sinon que Sautemouche entra un jour dans la demeure de deux femmes timides, le sabre nu à la main, et leur extorqua la somme dont il avait besoin. Dont il avait besoin ! lorsqu’en sa qualité d’officier municipal il allait lever un impôt voté par les corps administratifs réunis de la ville de Lyon, et commandé par le salut public !

[5] Mémoires de l'abbé Guillon de Montléon, t. Ier, chap. VII, p. 275-276.

[6] Mémoires de l'abbé Guillon de Montléon, t. Ier, chap. VII, p. 275.

[7] Rapport de Robert Lindet, au nom du Comité de salut public, 29 juin 1793.

[8] Rapport de Robert Lindet, au nom du Comité de salut public, 29 juin 1793.

[9] Guillon de Montléon. Voyez ses Mémoires, t. Ier, chap. VII, p. 277.

[10] 1er juillet 1793.

[11] Journal de Lyon, cité dans l’Histoire parlementaire, t. XXVIII, p. 289-291.

[12] Journal de Lyon, cité dans l’Histoire parlementaire, t. XXVIII, p. 292.

[13] Numéro du 5 juillet 1793.

[14] Lettres de Chalier à Bernascon, dans la Bibliothèque historique de la Révolution, 1520-1. (British Muséum.)

[15] Lettres de Châtier à Bernascon.

[16] Voyez comment il en parle dans La vie, la mort et le triomphe de Chalier. (Ibid.)

[17] Moniteur, séance du 5 juillet 1793.

[18] Pour se faire une idée de l’hypocrisie du rôle joué à Lyon par les royalistes, on n’a qu’à consulter leur propre historien, l'abbé Guillon de Montléon, qui ne s’est pas cru tenu à en faire mystère, tout moyen Paraissant bon, sans doute, pour relever la cause du trône et de l’autel. Voyez, sur la manière clandestine dont le royalisme parvint à supplanter le girondinisme à Lyon, les Mémoires de cet ecclésiastique, t. Ier, chap. VII.

[19] Ibid., p. 291.

[20] Journal de Lyon, cité dans l’Histoire parlementaire, t. XXVIII, p. 294.

[21] Rapprocher ce que disent de la séance du 8 juillet l’abbé Guillon de Montléon, t. Ier, chap. VII, p. 291, et le Journal de Lyon, n° des 10 et 11 juillet 1793.

[22] Abbé Guillon de Montléon, t. Ier, chap. VII, p. 291, et le Journal de Lyon, n° des 10 et 11 juillet 1793.

[23] Journal de Lyon, ubi supra.

[24] Discours de Couthon.

[25] Moniteur, séance du 11 juillet 1793.

[26] Décret du 12 juillet 1793. Voyez le Moniteur.

[27] Offrande à Chalier.

[28] Offrande à Chalier.

[29] La vie, la mort et le triomphe de Chalier, dans la Bibliothèque historique de la Révolution, 1520-1-2. (British Muséum.)

[30] T. Ier, p. 210.

[31] Nous avons déjà cité ces horribles menaces, au chapitre X du livre IX du précédent volume.

[32] Comme le font observer avec raison les auteurs de l’Histoire parlementaire, t. XXIV, p. 387.

[33] Cette prétendue lettre figure parmi les prétendus documents placés à la suite du libelle de l’avocat Guerre, dont nous avons déjà parlé, et qui fait partie de la Bibliothèque historique de la Révolution, 1520-1-2 (British Muséum.)

[34] La vie, la mort et le triomphe de Chalier, ubi supra.

[35] La vie, la mort et le triomphe de Chalier, ubi supra.

[36] Petite monnaie napolitaine.

[37] Œuvres choisies de Campanella, traduites par madame Louise Colet, p. 83.

[38] Lettres de Chalier à Bernascon, ubi supra.

[39] La vie, la mort et le triomphe de Chalier, ubi supra.

[40] La vie, la mort et le triomphe de Chalier, ubi supra.

[41] La vie, la mort et le triomphe de Chalier, ubi supra.

[42] La vie, la mort et le triomphe de Chalier, ubi supra.

[43] La vie, la mort et le triomphe de Chalier, ubi supra.

[44] La vie, la mort et le triomphe de Chalier, ubi supra.

[45] L’abbé Guillon de Montléon, dans ses Mémoires, t. Ier, p. 295, et la Biographie universelle, art. Chalier, s’accordent à dire qu'à la vue de l'instrument du supplice ses forces l’abandonnèrent. Le Journal de Lyon, quoique très-opposé à Chalier, ne dit rien de semblable, et on comprend mal qu’un homme en état de défaillance ait pu dire au bourreau : Attache-moi ma cocarde ! Nous avons déjà fait remarquer jusqu’à quel point le livre de l’abbé Guillon de Montléon est infecté de l’esprit de parti. Quant à l’article de la Biographie universelle, qui n’est qu’une diatribe contre Chalier, il est bon de noter que dans la liste des auteurs, cet article a pour toute signature Anonyme.

[46] T. Ier, p. 299-300.

[47] Ceci raconté naïvement, chap. VII, p. 300, par l’abbé Guillon lui-même, qui semble le trouver tout naturel, quoiqu’il dise, dans une autre occasion, chap. VII, p. 269 : L’hypocrisie, cette vile ressource des âmes noires et lâches. Mais il paraît qu’au service de la royauté vice devient vertu !

[48] Voyez cette proclamation dans les Mémoires de l'abbé Guillon, chap. VII, p. 301.

[49] Compte rendu à la Convention nationale de la mission des représentants du peuple à l’armée des Alpes, par Dubois-Crancé, dans les Mémoires du général Doppet, note E des Éclaircissements historiques.

[50] Mémoires du général Doppet, note E des Éclaircissements historiques.

[51] Mémoires du général Doppet, note E des Éclaircissements historiques.

[52] Mémoires du général Doppet, note E des Éclaircissements historiques.

[53] Mémoires du général Doppet, note E des Éclaircissements historiques.

[54] Mémoires du général Doppet, note E des Éclaircissements historiques.

[55] Mémoires du général Doppet, note E des Éclaircissements historiques.

[56] Mémoires de l'abbé Guillon de Montléon, t. Ier, chap. VII, p. 297.

[57] Mémoires de l’abbé Guillon de Montléon.

[58] Compte rendu de Dubois-Crancé, ubi supra.

[59] Compte rendu de Dubois-Crancé, ubi supra.

[60] Voyez les Mémoires du général Doppet, liv. III, chap. Ier, p. 151.

[61] Mémoires de l'abbé Guillon de Montléon, t. Ier, chap. VII, p. 300.

[62] Mémoires de l’abbé Guillon de Montléon, p. 305.