HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

TOME CINQUIÈME

LIVRE CINQUIÈME (SUITE)

 

CHAPITRE VIII. — MORT DE MIRABEAU.

 

 

Dépérissement de Mirabeau. — Prodigieuse activité de ses derniers jours. — Libelles publiés contre lui ; la femme du cantinier Mouret, madame Saint-Huberti, Henriette Nehra, madame Le Jay. — Tentatives d'empoisonnement soupçonnées ; lettre de Mirabeau à cet égard. — Ses accès de mélancolie. — Son étrange attitude dans les débats sur la régence. — Affaire des Mines. — Visite de Mirabeau au comte de La Marck : Votre cause est gagnée, et moi je suis mort. — La maison de campagne du Marais. — Premières attaques de la mort. — Lettre publiée par Aubin-Louis Millin. — Mesdemoiselles Hélisberg et Coulomb. — Émotion universelle, à la nouvelle de la maladie de Mirabeau. Étranges appréhensions de la cour. — Mirabeau sur son lit de mort. — Caractère héroïque de son agonie. — Il meurt. — Tout Paris en deuil. — Soupçons d'empoisonnement partout répandu ; effroyables accusations contre les Lameth ; événement singulier arrivé dans la nuit du 1er au 2 avril. — Honneurs extraordinaires rendus à Mirabeau. — Ses funérailles. — Ses cendres au Panthéon. — Tous les partis se réunissent pour le pleurer. — Douleur fastueuse de madame de Montesson. — Regrets exprimés par les Sabbats jacobites, par le Père Duchêne. — Dures paroles de Camille Desmoulins. — Mirabeau jugé par Marat. — Fosse sans nom, près de l'ancien Cimetière des suppliciés ; ce qu'elle contient. — Quel devra être sur Mirabeau l'arrêt de la postérité ? — Son rôle était fini quand il est mort.

 

Un grand vide va se faire dans la Révolution et dans l'histoire : Mirabeau se meurt. Il se meurt, et tout l'annonce ; son visage livide et flétri, les ondulations effacées de sa chevelure, les ombres qui passent sur son front, ses défaillances soudaines[1]. D'où vient cependant que nous le retrouvons partout, et au club des Jacobins et à la tribune de l'Assemblée, et à la tête de son bataillon, et au théâtre, et dans les banquets ? Homme étrange ! La cour continue à recevoir ses conseils ; de ses puissantes lèvres s'échappent, plus pressées et plus impétueuses que jamais, les paroles d'où sortent les événements ; son énorme correspondance ne s'est point ralentie ; comme à l'ordinaire, il distribue les matériaux de son génie à ses collaborateurs étonnés ; comme à l'ordinaire, il fait de ses journées la proie du travail et de ses nuits la proie du plaisir. Si son secrétaire lui dit : Monsieur le comte, ceci est impossible ; il répond d'un ton dominateur : Ne me dites pas ce bête de mot[2]. Car tel est son orgueil.

Or, pendant que la mort est sur lui, et que, dans la robe de Déjanire attachée à ses flancs, il s'agite, se débat et se consume, des ennemis, plus implacables que la mort elle-même, s'étudient à lui ronger le cœur. Encore quelques jours, on l'adorera : en attendant, on le déchire. Confession générale du comte de Mirabeau ! — PRIX : RIEN ! Voilà ce que des inconnus s'en vont criant, au détour des rues populeuses ; ou bien, sous le titre, plus sérieux, de Vie publique et privée de Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau ; c'est le tableau de tous les désordres de sa vie qu'on expose. Mêlant le faux au vrai[3], et à de tristes réalités le poison de leurs commentaires, les libellistes disent :

Vous voyez cet homme qui passe d'un air si superbe et que chacun montre du doigt en murmurant : Voilà Mirabeau ! Eh bien, il faut que vous connaissiez sa vie. Jeune, et déjà marqué du sceau de la malédiction de son père, déjà traînant après lui les soupçons d'une jalousie incestueuse, il conquit à force d'artifices mademoiselle de Marignane, et bientôt l'abandonna. — Par lui, au château d'If, la femme du cantinier Mouret fut séduite et polluée. — Par lui, Sophie Monnier... mais qui ne sait cette histoire ? — Prisonnier au fort de Vincennes, il y plongeait son intelligence dans les sources les plus infectes de la débauche et y donnait un émule à l'Arétin. — Redevenu libre, il devint vagabond, se fit l'amant d'une comédienne riche et laide, madame Saint-Huberti, et vécut des largesses de la volupté. — Puis, ce fut Henriette Nehra qu'il promena d'Amsterdam à Londres, et de Londres à Paris, où il devait la remplacer par la femme de son libraire. — Ce bandeau vert dont il couvre quelquefois ses yeux malades, c'est un soufflet qui l'a rendu nécessaire, un soufflet reçu par lui de madame Le Jay dans les querelles de l'amour. — Du moins, s'il s'était abstenu de répandre au loin sa corruption ! Mais de quelle plume sont sorties tant de productions obscènes, le Rubicon, le Libertin de qualité, ou l'éducation de Laure ? — Il mène grand train aujourd'hui, se compose une bibliothèque fastueuse, fait décorer magnifiquement sa maison de campagne, donne des festin d'Apicius ; et il y a quelques années à peine, perdu dans Londres, il y consignait le drame de son indigence dans des lettres telles que celles-ci : Madame Nehra vient de perdre une tante qui répare un peu les torts que lui a faits l'autre. Il lui faut une robe noire pour aller chez l'ambassadeur, y faire les formalités nécessaires. Te serait-il possible de me procurer à crédit, de suite, une robe de Raz-de-Saint-Maur ? car nous n'avons pas le sou. Je n'ai, quant à moi, que des boucles ridicules et non portables, et point de boucles de jarretières, etc., etc. De cet excès de misère, quels sentiers impurs ont donc conduit cet aventurier prodigieux au degré d'opulence où il est aujourd'hui ? Ah ! la cour le sait bien et pourrait le dire !… Voilà, voilà Mirabeau[4].

Ainsi parlait la haine : comment agissait-elle ? Lui aurait-il suffi d'assassiner moralement un tel homme ? Dans les mémoires publiés par son fils adoptif, il est dit que plus d'une fois madame du Saillant avait dû faire jeter des présents de comestibles, de vins fins, de liqueurs envoyés par des personnes inconnues ; qu'il était arrivé à Frochot, en novembre 1790, et à Pellenc, en décembre suivant, d'être fort incommodés pour avoir pris une tasse de café destinée à Mirabeau ; que des avertissements venus du loyal Cazalès faisant croire à de noirs projets, la famille avait pris l'alarme, et cela, au point que madame du Saillant avait commis son fils pour que, bien armé et secrètement suivi de domestiques sûrs, il accompagnât son oncle, lorsque celui-ci, ignorant de quelle affectueuse vigilance il était entouré, partait tard pour Argenteuil[5].

Les mêmes mémoires donnent le fac-simile de la lettre suivante écrite par Mirabeau à une femme qui lui avait révélé, à ce qu'il paraît, un projet d'assassinat :

Je n'ai jamais trompé personne, bien que j'aie été trompé toute ma vie ; et certes, je ne commencerai pas par celle qui veut me rendre un si grand service. Ni votre mari, ni le malheureux qui n'a pas voulu, ne seront jamais compromis. Je ne mets de suite, contre le scélérat avéré lui-même, qu'au désir de connaître son instigateur, dont il est clair que les machinations peuvent envelopper plus que moi, qui, seul même, vaudrais mieux encore que d'être immolé par un tel crime. Combs ne saura rien, Frochot rien, Pellenc lui-même ne saura quelque chose que parce que vous lui en avez parlé la première[6].

Ce qui est certain, c'est que Mirabeau, se sentant dépérir, avait fini par ouvrir son âme aux mélancoliques pensées ; suivant l'expression d'un auteur anglais, il voyait venir les messagers du pâle repos[7]. Ses amis intimes ont raconté qu'à cette époque il demandait à tout le monde des épitaphes[8]. Lorsque partant pour Genève, Étienne Dumont lui alla faire ses adieux, il l'embrassa avec une émotion extraordinaire, et comme à la veille de partir lui-même pour le sombre voyage d'où l'on ne revient plus. Un jour, quittant madame du Saillant et ses filles, il dit à la troisième, dont la fraicheur avait un éclat singulier : C'est la mort qui embrasse le printemps[9].

Mais l'indomptable orgueil, l'ambition, le dévorant besoin d'agir, l'ardeur des amitiés fidèles, les désirs impétueux, tout cela surnageait dans ce cœur plein de contradictions et d'abîmes.

Les derniers débats qui appelèrent Mirabeau à la tribune, furent ceux que soulevèrent d'une part la question de la régence, et de l'autre la question des mines.

Dans le cas où le roi viendrait à mourir laissant un fils mineur, la régence serait-elle élective, ou bien héréditaire, c'est-à-dire déférée au membre de la famille royale le plus rapproché du roi mineur ? Tel fut le point qu'on discuta dans les séances des 22, 23, 24 et 25 mars 1791. Et ici encore, Mirabeau déploya un talent qui n'eut d'égal que l'éclat de son inconséquence. Le 24 mars, il écrivait de l'Assemblée au comte de La Marck :

Nous sommes dans un très-grand danger. Soyez sûr que l'on veut nous ramener aux élections, c'est-à-dire à la destruction de l'hérédité, c'est-à-dire à la destruction de la monarchie. L'abbé Sieyès n'a jamais courtisé l'Assemblée, ni agioté une opinion comme il le fait, et ses partisans sont très-nombreux. Je n'ai jamais été vraiment effrayé qu'aujourd'hui. Je me garderai bien de proposer demain ma théorie. Je porterai toutes mes forces à ajourner, en critiquant le projet du décret, en prouvant qu'il est insuffisant, incomplet, qu'il préjuge de grandes questions, etc., etc. Certainement ma théorie ne passerait pas, et très-probablement l'ajournement réussira ; alors on peut travailler. Envoyez chercher Pellenc immédiatement ; qu'il scrute dans le plus grand détail le décret, qu'il en recherche tous les dangers POUR LA LIBERTÉ PUBLIQUE…. Il sait à fond ma doctrine à présent ; mais je ne veux que la laisser entrevoir ; je ne veux point la hasarder. Gagnons du temps, tout est sauvé.… Soyez sûr, mon cher comte, que je ne m'exagère pas le danger et qu'il est immense. Ô légère et trois fois légère nation ! Notre armée est, dans cette question, pour les trois quarts à l'abbé Sieyès. Vale et me ama[10].

Rien de plus obscur que cette lettre, de plus inconcevable. Mirabeau était-il pour la régence élective ? Non, puisqu'il y voyait la destruction de l'hérédité, c'est-à-dire la destruction de la monarchie, et qu'il signalait le triomphe de ce système comme un immense danger. Oui, puisqu'il parlait de combattre le projet de décret présenté, lequel proposait la régence héréditaire.

La contradiction était flagrante, et, avec une audace dont il était seul capable, Mirabeau la porta sans hésitation à la tribune. En l'entendant argumenter en faveur de la régence élective, nul ne mettait en doute qu'il ne votât dans ce sens. Il fut si vif, si pressant, si clair ! Et que de traits heureux, décisifs ! — Supposez le roi mineur étant très-jeune, que le plus proche parent soit très-vieux, n'est-il pas ridicule entre deux enfants de ne vouloir pas choisir un homme ? — Quand un roi est mineur, la royauté ne cesse pas, elle devient inactive ; elle s'arrête comme une montre qui a perdu son mouvement ; c'est à l'auteur de la montre à lui redonner son mouvement : qu'on aille chercher le peuple ! Mais les élections sont toujours accompagnées d'orages : exagération ! Et puis, me dépouillerez-vous de mon champ, sous prétexte que quelquefois la grêle y tombe ?Il continua ainsi, mêlant à des raisons pleines de sens les éclairs de son esprit. Quel fut l'étonnement de l'Assemblée, quel fut le mécontentement des tribunes, lorsque arrivé à la conclusion, il déclara brusquement que, malgré ce qu'il venait de dire, et vu qu'après tout dans un régime constitutionnel la question de la régence était peu importante, il voterait avec le comité pour la régence héréditaire[11].

On ignore les motifs de cette bizarre conduite. En parlant pour et en concluant contre, voulait-il se ménager entre le peuple et le plus proche parent, le comte de Provence ? Ou bien, avait-il pour but secret de semer autour de lui l'incertitude, de dérouter l'Assemblée, et d'enterrer la question[12] ? Ce fut dans ce débat, qu'entendant murmurer les tribunes, il rappela le mot de Cromwell à Lambert, un de ses compagnons, lequel se montrait enivré des applaudissements de la multitude : Ce peuple, s'il nous voyait monter au gibet, nous applaudirait bien davantage[13].

Autant l'attitude de Mirabeau fut équivoque dans l'affaire de la régence, autant, dans celle des mines, elle fut nette et décidée.

Il s'agissait de savoir si les mines devaient appartenir à l'État ou aux propriétaires du sol supérieur ; s'il convenait d'en livrer l'exploitation aux propriétaires de la surface, ou à des compagnies élues du gouvernement ; si les anciennes concessions des mines seraient maintenues ou abolies. Or, un rapport fait au nom des comités d'agriculture et de commerce avait conclu à ranger les mines au nombre des propriétés publiques dont il était loisible à l'État de disposer par voie de concession, sauf à accorder la préférence pour l'exploitation aux propriétaires de la surface.

Cette conclusion, très-conforme d'ailleurs aux vrais principes, Mirabeau avait à l'adopter un intérêt de cœur. Si le système des concessions eût été écarté, M. de La Marck y eût perdu une des plus importantes parties de sa fortune. Ami fidèle, Mirabeau s'occupa de prévenir ce résultat, avec un zèle dont ses douleurs physiques ne purent ni glacer ni distraire l'ardeur. Il fit composer par Pellenc, un de ses collaborateurs, des discours qu'il étudia soigneusement, auxquels il ajouta, auxquels il retrancha, qu'il fit siens ; et une fois armé de pied en cap, il se présenta dans la lice. Le parti des opposants était très-fort, très-nombreux, et Mirabeau sentait la vie lui échapper. Mais l'amitié est une puissance. Dans un premier discours qu'il prononça sur la matière le 21 mars 1791, il ébranla l'Assemblée. La victoire néanmoins n'était pas assurée ; il fallait un second coup. Le jour où Mirabeau devait le frapper, le 27 mars, il se rendit chez le comte de La Marck avant neuf heures du matin. L'empreinte de la mort était sur son visage ; en arrivant, il s'évanouit. Quand il revint à lui, il parla d'aller à l'Assemblée. Son ami essayant de le retenir : Non, non, dit-il, si je n'y vais pas, ces gens-là vont vous ruiner. Trop faible pour marcher, il sonna, se fit apporter du vieux vin de Tokay, en but deux verres, monta en voiture et partit. Vers trois heures, il reparut chez le comte de La Marck. Cinq fois, dans l'Assemblée, il avait pris la parole, épuisant dans ce généreux et suprême effort tout ce qui lui restait de flamme divine. En entrant dans la chambre du comte, il se jeta sur un canapé, et dit : Votre cause est gagnée, et moi je suis mort[14].

Six semaines auparavant il avait acquis près d'Argenteuil une jolie maison appelée le Marais. Il s'y rendait tous les samedis pour respirer un air pur, jouir de l'aspect d'un beau ciel, et surveiller des travaux qu'il aimait, parce que c'était du pain assuré à de pauvres ouvriers ; car l'histoire lui doit cette justice que le malheur ne le trouva jamais indifférent. Il avait autorisé le curé d'Argenteuil, raconte Cabanis, à tirer sur lui des lettres de change en pain, viande, gros linge, pour les malades ou pour les nécessiteux invalides[15]. Ce fut dans cette campagne qu'il se fit porter, en sortant de chez le comte de La Marck. Il y passa la nuit, en proie à des angoisses dont l'éloignement de tout secours aggravait l'impression sinistre ; et le lendemain, ses souffrances augmentant, il rentra dans Paris. Ayant pris un bain, il se sentit tellement calme, qu'il alla à la comédie. Mensongère lueur d'espoir ! Ses jours étaient comptés.

Il avait pourtant reçu de la nature une constitution de fer, et c'est à peine si, selon le mot du Dante, il était alors au milieu du chemin de la vie ; mais même en écartant toute hypothèse d'empoisonnement, quel homme eût résisté longtemps à la fatigue d'un esprit qui ne connut pas de halte, aux tourments d'une activité sans exemple et sans frein, à l'homicide empire de toutes les passions, à l'insatiabilité du désir ? A propos des bruits qui avaient couru sur une orgie nocturne à laquelle on assurait que  Mirabeau avait assisté dans les commencements du mois de mars, Millin, rédacteur de la Chronique de Paris, raconte, dans une lettre publique, que c'était lui qui avait amené Mirabeau dans la maison dont on parlait ; qu'à la vérité Mirabeau s'était retiré fort tard, mais qu'il avait peu mangé et ne s'était abandonné à aucun excès fatal[16]. Que prouve cette lettre, s'écrie Brissot dans ses Mémoires, sinon que ce ne fut pas dans cette soirée-là ni au milieu de ses amis qu'il épuisa les restes de sa vie ? Et, d'un ton péremptoire, Brissot ajoute : Quelques jours avant la maladie qui l'emporta, il avait passé une nuit dans les bras de deux danseuses de l'Opéra, mesdemoiselles Hélisberg et Coulomb. Voilà celles qui l'ont tué ; il ne faut pas en accuser d'autres[17].

Quoi qu'il en soit, Mirabeau était atteint mortellement. Forcé dans la soirée du 28 mars, de quitter le théâtre, il eut beaucoup de peine à descendre de sa loge, et sa voilure ne s'étant pas trouvée au rendez-vous marqué, il se traina chez lui, non sans d'horribles souffrances, appuyé sur le bras de Lachèze, ami de Cabanis, son médecin.

Celui-ci, accouru en toute hâte, trouva le malade dans un état affreux. Mon ami, lui disait l'Hercule agonisant, il m'est impossible de vivre plusieurs heures dans des anxiétés si douloureuses. Hâtez-vous, cela ne peut pas durer[18]. Il eut néanmoins vers le soir quelques instants de calme, se crut sauvé, et s'écria avec une joie touchante : Qu'il est doux de devoir la vie à son ami[19].

Cependant, la nouvelle de la maladie de Mirabeau s'étant répandue, ce fut dans tout Paris une émotion profonde, silencieuse, indéfinissable. Tacite raconte que lorsque Agricola mourut, on ne cessait de venir chez lui, de parler de lui dans les places publiques, et que Domitien lui-même, selon l'usage de la souveraineté qui se fait toujours suppléer, envoya au malade ses médecins de confiance, ses affranchis. Ainsi arriva-t-il pour Mirabeau mourant. Autour de la maison d'où il ne devait plus sortir que dans un cercueil, on vit accourir et se presser des hommes de tout état, de tout parti, de toute opinion. Le roi, la reine, le comte de Provence, envoyèrent leurs pages[20]. Sachons gré à Louis XVI, écrivaient les successeurs républicains de Loustalot, de n'y être pas allé lui-même ; on l'aurait idolâtré[21]. La société, des Jacobins députa quelques-uns des siens, et Barnave à leur tête. Alexandre Lameth n'était pas à Paris ; son frère Charles refusa de se joindre à la députation, en disant : Je ne sais point mentir, et Camille Desmoulins loue la franchise de ce refus. Mais lui-même, lui qui depuis quelques jours attaquait si violemment le grand orateur, lui qui, le lendemain des funérailles, exprima le regret de n'avoir pu suivre les derniers moments de Mirabeau pour observer s'il se faisait toujours appeler par ses domestiques monsieur le comte, et s'il ambitionnait encore le rôle de Richelieu ou de Pitt plus que celui de Caton ou de Milton, et si au lit de mort il aimait mieux reposer sa tête sur une ombre de gloire, un oreiller enflé de vent, que sur un cœur pur[22], lui, l'amer Camille, il ne put se défendre d'un mouvement de tendre inquiétude, et il courut se faire écrire[23] chez le malade, se souvenant qu'il l'avait aimé,

Pendant ce temps, on s'effrayait à la cour des découvertes que pouvait amener un malheur trop prévu.

Duquesnoy, un des agents de ce système de corruption dans lequel Mirabeau s'était laissé envelopper, écrivait avec angoisse au comte de La Marck :

Vous avez sûrement déjà senti la très-pressante et très-indispensable nécessité de faire porter chez vous les papiers de notre malheureux amiDe grâce, occupez-vous sans délai de cet objet, et pensez que si nous le perdons, très-certainement un créancier[24], vrai ou faux, viendra apposer les scellés, et L'ON VERRA TOUT !

Le même genre de terreur se trahissait dans le billet suivant de Montmorin :

Je suis extrêmement effrayé.... le billet de Cabanis de ce matin était détestable. Je renvoie pour savoir des nouvelles. Si elles sont aussi mauvaises que ce matin, ne pensez-vous pas qu'il y aurait quelques précautions à prendre POUR LES PAPIERS ?... Je suis bien inquiet, bien affligé et bien découragé[25].

Mais le peuple à qui ces tristes mystères n'avaient pas encore été dévoilés et que n'avaient encore ébranlé dans sa foi à l'indépendance du génie ni les révélations emportées de Fréron ni les injures de Marat, le peuple tremblait de perdre son défenseur où la cour tremblait de perdre un appui. Il continuait donc à assiéger la porte de Mirabeau, dans une anxiété morne et un silence qu'interrompait seulement la voix du nouvelliste, criant d'heure en heure les bulletins de la maladie.

Mirabeau les entendait de son lit, ces avertissements lugubres, et touché de l'affection que lui marquait le peuple, il disait : Je sens qu'il est doux de mourir au milieu de lui[26].

Il eut des mouvements de révolte contre la force inconnue, qui, sans abattre son orgueil de Titan, écrasait sa vie. Entendant un coup de canon, il s'écria : Seraient-ce déjà les funérailles d'Achille[27] ; et à son valet de chambre il dit ce mot monstrueux, dont Danton se souviendra plus tard sous la main du bourreau : Soulève cette tête, tu n'en porteras pas de pareille[28].

Mais il eut aussi des élans d'ineffable mélancolie, Tu es un grand médecin, disait-il à Cabanis dans un moment de religieuse extase ; mais il est un médecin plus grand que toi, l'auteur du vent qui renverse tout, de l'eau qui pénètre et féconde tout, du feu qui vivifie et décompose tout[29]. Et à la femme de garde : Pourquoi pleures-tu ? que t'importe ma gloire ? que t'importe le postillon criant le soir dans les rues la grande motion de M. de Mirabeau ?[30]

Elle approchait, l'heure terrible ! Bientôt la physionomie de Mirabeau ne fut plus que celle d'un cadavre. Et alors, justement, comme si la destruction de l'enveloppe terrestre eût cessé d'unir en lui ses souillures à la grandeur de l'âme immortelle, il fut sublime par le cœur et par la pensée. Il voulut avoir près, aussi près de lui que possible, ceux qui lui étaient chers, léguant la pauvreté des uns à l'opulence des autres, les consolant tous, et, tant que l'usage de la parole lui resta, s'entretenant avec eux de la gloire, de l'avenir, de la patrie, de la liberté. Entre l'Être des êtres et lui, qu'avait-il besoin d'un intermédiaire officiel ? Le seul prêtre qu'il reçut fut l'évêque d'Autun, auquel il confia le soin de lire à la tribune un discours de lui sur les testaments. L'Angleterre le préoccupait ; là, il le sentait bien, se formait le point noir par où la tempête s'annonce. Ce Pitt, dit-il, est le ministre des préparatifs. Il gouverne avec ce dont il menace, plutôt qu'avec ce qu'il fait. Si j'eusse vécu, je lui aurais donné du chagrin[31]. Si j'eusse vécu ! Il se considérait en effet comme ayant cessé d'être, et l'on remarqua que pendant les deux derniers jours il ne parla de sa vie qu'au passé[32] !

Le 2 avril au matin il fit ouvrir ses fenêtres, et dit à son médecin d'une voix ferme : Mon ami, je mourrai aujourd'hui. Quand on en est là, il ne reste plus qu'une chose à faire, c'est de se parfumer, de se couronner de fleurs et de s'environner de musique, afin d'entrer agréablement dans ce sommeil dont on ne se réveille plus. Le soleil brillait. Il ajouta : Si ce n'est point là Dieu, c'est du moins son cousin germain. Il demanda ensuite le comte de La Marck, et mettant dans une de ses mains la main de Frochot : Je le lègue à votre amitié. Puis il perdit la parole, ne répondant plus que par de légers signes aux larmes de ses amis, et n'ayant que le mouvement de ses lèvres pour les avertir de la douceur qu'il trouvait dans leurs caresses. Vers huit heures, il fit le mouvement d'un homme qui veut écrire. On lui apporta une plume, du papier, et il écrivit très-lisiblement dormir. C'était le mot d'Hamlet ! Il désirait avec ardeur de l'opium, et la parole lui étant un moment revenue, il s'en servit pour se plaindre de ne pas voir son désir accompli. A huit heures et demie, debout et pensif au pied de son lit, un autre médecin qu'on avait appelé, put dire et dit : Il ne souffre plus[33].

La douleur publique fut telle, que jamais rien de semblable ne s'était vu, pas même lorsque les crieurs des corps s'en allaient de rue en rue, agitant leurs sonnettes, et criant : Le bon roi Louis, père du peuple, est mort. Maintenant, c'étaient des orateurs populaires qui, montés sur des bornes, prononçaient J'éloge funèbre du défunt devant des groupes immobiles. A l'Assemblée, comme frappée de stupeur, chacun tenait les yeux fixés sur cette place vide… Les théâtres furent fermés, les amusements interdits. Une marquise ayant osé donner un bal le soir du jour de deuil, le peuple y courut furieux, maltraita cruellement une troupe de nobles qui avaient mis l'épée à la main, et força les danseuses, toutes tremblantes, à remonter dans leurs voitures[34]. On put citer le trait d'un jeune homme qui avait offert son sang pour opérer une transfusion si elle était jugée salutaire[35]. On se plut à répéter, comme exprimant bien le sentiment général, le mot de La Place, doyen des gens de lettres, à qui l'on disait que le temps était beau, et qui répondit : Oui, mais Mirabeau est mort ![36]

Et ce qui ajoutait à l'attendrissement, c'était le soupçon partout répandu qu'il était mort empoisonné. Le peuple ne pouvait croire qu'un homme de cette puissance eût été enlevé en cinq jours, et par des causes naturelles. Les rumeurs sur ce point devinrent si vives, si impérieuses, qu'elles déterminèrent un réquisitoire de l'accusateur public du premier arrondissement de Paris. Il fallut procéder à l'ouverture et à la visite du corps. Les médecins commis à cet effet n'ayant pas constaté la présence du poison, du moins n'en ayant pas parlé dans leur procès-verbal, et Cabanis, de son côté, attribuant la mort de Mirabeau à une affection du diaphragme causée par une humeur rhumatismale et goutteuse, il semble que les doutes eussent dû s'arrêter là. Mais la famille de Mirabeau croyait, elle, à l'empoisonnement[37]. On le savait, et l'on était porté à attribuer la réserve des médecins-examinateurs à la crainte de provoquer, s'ils avaient tout dit, d'épouvantables scènes.

Un événement arrivé dans la nuit du 1er au 2 avril, contribuait à épaissir les ténèbres. Mirabeau avait un secrétaire intime nommé Combs, qui demeurait au-dessus de lui, dans la même maison. Le 2 avril, vers quatre heures du matin, Mirabeau, que préoccupait alors l'idée de son testament, envoie chercher le jeune homme à l'étage supérieur. Les domestiques frappent, mais en vain : à travers la porte qui reste fermée, ils entendent des cris étranges ; ils distinguent les mots crime, poison. Étonnés et effrayés, ils courent réclamer l'assistance de la garde. La porte est enfoncée à coups de crosse de fusil... Et qu'aperçoit-on ? Le secrétaire de Mirabeau couvert de sang, à demi évanoui. Armé d'un couteau-canif, il s'en était frappé cinq fois au cou et à la poitrine. Aux questions réitérées de la police, il fut longtemps sans pouvoir répondre, plongé qu'il était dans des alternatives de désespoir délirant et de stupeur muette. Mais enfin ranimé par les soins qu'on lui prodigua, et rassuré par les paroles d'un ami et d'un compatriote, Regnault de Saint-Jean d'Angély, il déclara que la certitude de perdre Mirabeau, la douleur, le désespoir, l'avaient poussé à une tentative de suicide[38].

L'explication fut admise par ceux qui la reçurent, et c'est la bonne, selon le témoignage du fils adoptif de Mirabeau[39] ; mais il n'en est pas moins vrai qu'à l'époque où le fait eut lieu, il ouvrit carrière à de tout autres récits et à des commentaires sinistres. Ignorant la tendre affection que Mirabeau portait à Combs et la part honorable qu'il lui avait faite dans son testament, des gazetiers en crédit prétendirent que le malheureux jeune homme avait détourné une somme de vingt-deux mille livres et une boîte d'or enrichie de brillants ; que Mirabeau lui ayant demandé des clefs qu'il n'avait pu donner, c'était le mourant lui-même qui avait fait monter la garde ; qu'au moment où la porte fut enfoncée, Combs avait été entendu s'écriant : Lumière, tu éclaires un grand scélérat ; qu'il avait alors voulu se délivrer de la vie, et que les clefs, cherchées soigneusement, avaient été trouvées dans les cendres du foyer.

Telle fut la version répandue par la Chronique de Paris[40], et Camille Desmoulins, dans le n° 72 de son journal, dit expressément : Personne ne conteste que, la garde étant montée chez le secrétaire de Mirabeau, on l'entendit crier : Lumière, tu éclaires un grand scélérat[41].

De là mille conjectures, où l'hypothèse de l'empoisonnement trouvait sa place. Mais les coupables ?... Selon l'usage, les partis contraires se renvoyaient l'accusation.

Mirabeau, — raconte un auteur, qui fut lié avec la famille, — Mirabeau parut vouloir dans ses derniers moments révéler les soupçons que son état lui inspirait ; mais, après quelques mots péniblement articulés, il s'arrêta et dit : Qu'importe ? J'ai près de moi plus d'un c... Or, celui qu'il semblait désigner fut depuis le secrétaire du poète Roucher, homme qui put être abusé, mais ne trompa jamais personne, et voici ce que je tiens de lui, comme les détails ci-dessus de la famille elle-même : Quelques propos contradictoires m'ayant fait concevoir des doutes sur le caractère du misérable, je lui dis un jour, après avoir fermé la porte de mon cabinet, et cela avec une vivacité qui le fit pâlir : — De quoi Mirabeau est-il mort ? — De poison. — Qui le lui présenta ? — Moi. — Qui l'avait fourni ? — Les frères L.… — Va, monstre ! Fuis. Je ne veux pas être la cause de ton supplice, mais ne te présente jamais à mes yeux[42].

Un tel récit, fondé sur le plus invraisemblable des aveux, et que dément d'une manière si complète le caractère de ceux qu'il dénonce, ne saurait faire foi pour l'histoire ; mais on y retrouve l'écho prolongé des effroyables bruits qui coururent à cette époque. Car il est certain que les frères Lameth furent accusés, et tous les royalistes ne se crurent pas forcés d'être aussi équitables que Ferrières, qui, tout ennemi qu'il est des Jacobins, repousse, en ces termes l'absurde calomnie dont on poursuivit alors deux de leurs meneurs : Les Jacobins pouvaient employertant d'autres moyens qu'ils n'avaient aucun besoin de recourir au poison[43].

Pour ce qui est de la cour, faire empoisonner Mirabeau n'eût pas été son crime seulement, c'eût été sa folie. Quel intérêt pouvait-elle avoir à la mort de celui qui, près de rendre le dernier soupir, s'était écrié avec amertume : J'emporte le deuil de la monarchie, dont les débris vont être la proie des factieux ?[44]

Cependant, tout Paris s'agitait pour rendre au mort des honneurs souverains. Le département, la municipalité, plusieurs autres corps administratifs s'imposèrent un deuil de huit jours ; un deuil public, comme dans les grandes calamités nationales, fut demandé par une députation des quarante-huit sections[45] ; le club des Jacobins décida qu'il assisterait en corps aux obsèques, et enfin, le 4 avril, anticipant sur l'avenir, l'Assemblée décréta que la nouvelle église de Sainte-Geneviève serait consacrée désormais à la sépulture des grands hommes ; que Mirabeau était jugé digne de recevoir cet honneur, et qu'au-dessus du fronton de l'édifice seraient gravés ces mots : AUX GRANDS HOMMES LA PATRIE RECONNAISSANTE.

Il n'y avait eu que trois voix opposantes, celles de d'Éprémesnil, de Montlosier et de Rochebrune. Robespierre déclara appuyer de tout son pouvoir le projet d'honorer la mémoire d'un homme qui, dans des moments critiques, avait déployé tant de courage contre le despotisme[46].

Les funérailles furent magnifiques. L'immense population de Paris se pressait sur le passage du héros étrange, pour jamais endormi. Balcons, terrasses, toits des maisons, les arbres même, tout était chargé de peuple[47]. Ce fut à cinq heures et demie du soir que le cortège s'ébranla. Un détachement de cavalerie ouvrait la marche. Des canonniers de chacun des soixante bataillons, de vieux soldats blessés, l'état-major de la garde nationale et Lafayette, une partie des Cent-Suisses, le clergé, venaient ensuite, précédant le corps, qui s'avançait entouré de grenadiers et porté par douze sergents. Le cœur était recouvert d'une couronne de comte, masquée sous des fleurs ; un drapeau flottait sur le cercueil[48]. Par une condescendance singulière et caractéristique du temps, le président de l'Assemblée nationale avait voulu céder le pas au président et aux membres du club des Jacobins ; mais ils refusèrent, et se contentèrent de prendre place, au nombre de dix-huit cents, immédiatement après l'Assemblée, c'est-à-dire avant le département, avant la municipalité, avant les ministres, avant toutes les autorités constituées[49] ! Bailly, malade, ne suivait pas le convoi ; Bouillé le suivit, son chapeau sur la tête[50]. On y remarquait Sieyès donnant le bras à Lameth, auquel il n'avait pas parlé depuis dix-huit mois[51]. Un homme avait refusé de consacrer par sa présence les égarements du génie : c'était Pétion[52].

Après trois heures d'une procession solennelle, le cortège, qui occupait un espace de plus d'une lieue, entra dans l'église Saint-Eustache, entièrement tendue de noir. Là, devant un sarcophage élevé au milieu du chœur, en présence d'une multitude recueillie, Cérutti prononça l'oraison funèbre ; il y rappelait les grands noms de Montesquieu, de Fénelon, de Voltaire, de Rousseau, de Mably, et définissait en ces termes le rôle historique joué, après eux, par Mirabeau : Mirabeau se dit : Ils ont créé la lumière, je vais créer le mouvement[53].

On se remit en marche. La nuit était descendue sur la ville ; et à la lueur agitée des torches, au roulement des tambours voilés, au bruit, tout nouveau, du trombone et du tam-tam[54], instruments inconnus qui mêlaient aux chants lugubres composés par Gossec leur lamentation sauvage et sonore, le convoi se traîna lentement jusqu'au Panthéon, à travers l'ombre des rues profondes. Oh ! de quelle impression ne durent pas être alors saisis tant d'hommes que, si diversement, préoccupaient les choses futures ! Le trône n'allait-il pas s'abîmer, quand se retirait ainsi la main forte et cachée qui le soutenait encore ? Et l'Assemblée, en l'absence de celui qui était sa lumière, saurait-elle, le long des précipices, continuer son chemin ? Et la liberté, — car enfin, elle le comptait toujours parmi les siens et avait chance de le reconquérir un jour. — La liberté ?... On se trouvait lancé sur la mer des naufrages : qui pouvait affirmer qu'avec un tel pilote de moins, le navire n'irait pas se briser contre les récifs, laissant la foule pâle se débattre sous la tempête, dans l'immensité de l'espace et des flots ?

Il était minuit quand on arriva au terme du triste itinéraire. Le service fut célébré, le corps déposé dans un caveau sous le cloître, et tout fut dit.

Je me trompe, pendant plusieurs jours Mirabeau mort occupa les pensées, et il est à remarquer que les partis les plus opposés se réunirent pour le pleurer. A l'exception de madame Élisabeth[55], les divers membres de la famille royale ressentirent la perte qu'ils venaient de faire, bien qu'ils n'en mesurassent pas bien, peut-être, toute l'étendue. Quelques grandes dames ne craignirent pas de se montrer éplorées, entre autres madame de Montesson, qu'on put citer pour le faste de sa douleur[56].

Dans la presse, et jusque dans les journaux qui touchaient aux limites extrêmes de chaque opinion, il y eut explosion de regrets.

Abandonnant cette fois le style cynique qu'affectionnait leur royalisme, les auteurs des Sabbats Jacobites écrivirent : Que n'a-t-il vécu quelques instants encore !il sentait la nécessité de mettre un frein aux fureurs du parti jacobite... La monarchie, inhérente à notre constitution, lui en paraissait le palladiumIl a des droits réels à nos regrets[57].

Le Père Duchesne concluait de même, mais sans rien changer aux formes de son obscène langage : Maury Jean-François, s'écriait-il, tu triomphes. La mort te venge des coups de boutoir que t'a donnés ce rude sanglier, quand, écumant de rage, tu cherchais à le mordre, en aboyant comme un limierSonge que, de même que lui, tu dois f....e le camp et disparaître ainsi qu'une ombre chinoise, et que, sur ta fosse oubliée, où ramperont de gluantes limaces, il croîtra des orties et de la ciguë, tandis qu'auprès de son tombeau, ombragé d'un chêne immortel, sculpté par une main libre, on verra pousser l'oranger, le myrte et le laurierQue les aristojeanf...s tremblent ; nous sommes de mauvaise humeur. Et qu'ils se f.....t bien dans la tête que nous ne croyons pas avoir joué à la chapelle quand, au Champ de Mars, nous avons juré, tous réunis à notre roi, de rester libres ou d'avaler l'enferUn vieux fou, nommé Diogène, éteignit sa lanterne, quand, après avoir longtemps cherché un homme, il vit que c'était du temps mal employé : moi, j'en avais trouvé un sans le chercher : je vais f.... e en morceaux ma bouteille et ma pipe, hélas ! puisque je l'ai perdu[58].

Toutefois, à travers ce vaste concert de louanges et de regrets, quelques voix menaçantes retentirent.

En apprenant le refus de Charles Lameth de se joindre à la députation des Jacobins, Mirabeau mourant avait dit : Je savais bien qu'il était un factieux, mais je ne savais pas qu'il fût un sot[59], et cette phrase cruelle, les amis de Lameth auraient pu difficilement l'oublier. De plus, Mirabeau avait parlé de la monarchie dont il emportait le deuil, des factieux qui allaient s'en partager les débris : il y avait là une injure ; à qui s'adressait-elle ? Les républicains, à cette époque, ne formaient dans la nation qu'une minorité vraiment imperceptible. Au club des Jacobins, ils étaient en si petit nombre que ce n'était pas la peine de les compter[60]. L'opinion républicaine n'avait à revendiquer ni Duport, ni les Lameth, ni Barnave[61], pas même le Père Duchesne[62], le plagiaire de cet Hébert qui, plus tard, devait aller si loin dans la haine de tout pouvoir constitué ! L'anathème que, du haut de son lit de mort, Mirabeau avait lancé aux destructeurs prévus de la monarchie, semblait donc ne tomber que sur quelques hommes déjà connus pour leur républicanisme, Brissot, par exemple, et Camille Desmoulins. Leur indignation n'en fut que plus vive. Brissot se contint ; mais, tout en affectant de mettre en doute un propos qui n'était entré que trop avant dans sa conviction et dans son cœur, Camille Desmoulins éclata : Pour moi, lorsqu'on m'eut levé le drap mortuaire, à la vue d'un homme que j'avais idolâtré, j'avoue que je n'ai pas senti venir une larme, et je l'ai regardé d'un œil aussi sec que Cicéron regardait le corps de César percé de vingt-trois coups[63]. Violentes paroles, si violentes, qu'un seul homme, en ce temps-là, était capable d'aller plus loin. Voici ce que Marat écrivit : Peuple, rends grâces aux dieux ! ton plus redoutable ennemi vient de tomber sous la faux de la Parque ; Riquetti n'est plus ! Il meurt victime de ses nombreuses trahisons, victime de ses trop tardifs scrupules, victime de la barbare prévoyance de ses complices atroces, alarmés d'avoir vu flottant le dépositaire de leurs affreux secrets. Frémis de leurs fureurs, et bénis la justice céleste... La vie de Riquetti fut souillée de mille forfaits : qu'un sombre voile en couvre désormais le hideux tissu, puisqu'il ne peut pas te nuire, et que leur récit ne scandalise plus les vivants. Mais garde tes larmes pour tes défenseurs intègres. Souviens-toi qu'il était un des valets-nés du despote ; qu'il ne fronda la cour que pour capter tes suffrages ; qu'à peine nommé aux états généraux, il lui vendit tes droits les plus sacrés... que c'est à lui que tu dois tous les funestes décrets qui t'ont remis sous le joug et ont rivé tes fers : celui de la loi martiale, celui du veto suspensif, celui de l'initiative de la guerre, celui de l'indépendance des délégués de la nation, celui du pouvoir exécutif suprême, celui du marc d'argent, celui de la félicitation des assassins de Metz, celui de l'accaparement du numéraire par de petits assignats, celui de la permission d'émigrer accordée aux conspirateurs, etc. Jamais il n'éleva la voix en faveur du peuple que dans les cas de nulle importance. Après l'avoir trahi mille fois consécutives, un seul jour depuis la journée des poignards, il refusa de tremper dans une nouvelle conspiration, et ce refus devint son arrêt de mort[64]. Mais ce qui rendait écumante la colère de Marat, c'était Mirabeau mis au Panthéon, c'était l'Assemblée nationale se faisant la postérité, c'était le ridicule danger de voir un jour élevés au rang des grands hommes les Emmery, les Target, les Dandré, les Prugnon, les Desmeunier, les Voidel : Cet honneur, après lequel ils soupirent, ferait le désespoir d'une grande âme, et quel homme intègre pourrait consentir à ce que sa cendre reposât avec celle de pareils confrères ? Rousseau et Montesquieu rougiraient de se voir en si mauvaise compagnie, et l'ami du peuple en serait inconsolable. Si jamais la liberté s'établissait en France, et si jamais quelque législature, se souvenant de ce que j'ai fait pour la patrie, était tentée de me décerner une place dans Sainte-Geneviève, je proteste ici hautement contre ce sanglant affront, Oui, j'aimerais mieux cent fois ne jamais mourir que d'avoir à redouter un aussi cruel outrage[65].

Quel incommensurable orgueil dans ces terreurs Je Marat, si pleines de dédain et si prophétiques ! Que de fiel au fond de cette âme ténébreuse, et en même temps quelle profondeur de mélancolie : j'aimerais mieux ne jamais mourir !

On sait ce qui advint du vœu méprisant de Marat... Moins de trois ans plus tard, le 27 novembre 1793, sur un rapport de Joseph Chénier, et les papiers trouvés dans l'armoire de fer sous les yeux, la troisième Assemblée de la Révolution rendait un décret, ainsi conçu : La Convention nationale, considérant qu'il n'y a point de grand homme sans vertu, décrète que le corps d'Honoré-Gabriel Riquetti Mirabeau sera retiré du Panthéon français. Celui de Marat y sera transféré.

Ce fut le 21 septembre 1794 seulement que cet inexorable arrêt fut exécuté, mais enfin il le fut strictement, froidement, au milieu de la solitude et du silence, pendant la nuit[66]. Et maintenant, il est quelque part, entre les rues Fer-à-Moulin, des Francs-Bourgeois, des Fossés-Saint-Marcel et la placé Scipion, une fosse sans nom que chaque jour, foule le passant distrait. Là, tout près de l'ancien cimetière de Clamart, le cimetière des suppliciés, là sont les cendres de celui qui, dans un moment de tristesse divine, traça ces lignes : Souvenez-vous que la seule dédicace qui nous soit venue de l'antiquité, celle d'Eschyle, ne porte que ces mots : AU TEMPS, Eh bien ! cette dédicace est la devise de quiconque aime sincèrement, et avant tout, la gloire. AU TEMPS ! ils auront beau faire : je serai moissonné jeune, et bientôt, ou le TEMPS répondra pour moi, car j'écris et j'écrirai pour le TEMPS et non pour les partis[67].

Tel il passa sur la scène du monde. Tout ce qui peut fortement imprimer l'image d'un homme dans l'esprit des autres hommes, il le tenait de la nature[68]. Sa taille massive, ses formes athlétiques, son vaste front qui semblait fait pour porter le poids de la pensée, son teint olivâtre, ses joues sillonnées de coutures, ses grands yeux à petites prunelles s'enfonçant sous un haut sourcil et dans un enchâssement plombé, sa bouche irrégulièrement fendue, constituaient la laideur la plus admirable, la plus puissante qui fut jamais. De sa chevelure, qui était énorme et ajoutait au volume, déjà très-considérable, de sa tête, il disait lui-même : Quand je secoue ma terrible hure, il n'y a personne qui osât m'interrompre. Il avait la démarche brusque, il avait le geste du commandement. Quand il parlait, sa voix, moins âpre que ses traits, était entrecoupée d'abord et traînante ; mais, à mesure qu'il prenait possession de la parole, elle s'animait, se précipitait et devenait véritablement la musique de son génie.

De l'homme politique, de l'orateur, il ne nous reste rien à dire : il s'est assez défini dans ce livre par ses actes et par ses discours ; mais il est des choses de lui plus intimes, que, sous peine d'injustice, l'histoire doit recueillir. Il fut toujours lui-même si équitable envers ses adversaires ou ses ennemis ! Ne se plaisait-il pas généreusement à vanter l'esprit de Charles Lameth et sa franchise[69] ? Ne disait-il pas de Barnave : C'est un grand chêne qui deviendra un mât de vaisseau[70] ? Nul, avec plus de grâce et de noblesse, ne faisait valoir ses amis. Souvent, par exemple, il lui arriva de parler comme s'il eût voulu, qu'on le prît simplement pour une horloge qui ne faisait que sonner les idées de Sieyès à la tribune[71]. En lui, quand la passion ne le dominait pas, le tact des convenances était extrême. Un de ses contemporains, peu suspect de partialité en sa faveur, a écrit de lui : Il trouvait du plaisir à dire des choses obligeantes. Je me souviens que pendant qu'il était président de l'Assemblée nationale, M. Tronchet, vieillard vénérable et déjà cassé, lisait un rapport long et d'un médiocre intérêt. On faisait du bruit. Mirabeau, pour le faire cesser, dit en agitant sa sonnette : Messieurs, veuillez vous rappeler que la poitrine de M. Tronchet n'est pas aussi forte que sa tête[72].

Ah ! qu'il reste sur Mirabeau le voile dont la Convention enveloppa sa statue il y a soixante ans, qu'il reste tant que les sociétés seront plongées dans cet état de corruption qui veut qu'on soit inexorable pour le vice ! Mais si jamais les âmes s'affranchissent, si jamais se dissipe la nuit au sein de laquelle errent aujourd'hui les intelligences égarées, ô postérité des siècles heureux, grâce, ou, du moins, pitié pour Mirabeau ! Et n'oubliez pas, vous qui le jugerez plus tard, qu'il y eut des jours dans sa vie où il combattit pour le droit ; qu'il y en eut où il souffrit pour la justice ; que sous ses fautes, après tout, germèrent des qualités charmantes ; que cet homme, si violent, était néanmoins d'un commerce facile et doux ; que la vue d'un malheureux le remplissait d'émotion ; qu'il eut des amis fanatiques et des serviteurs qui l'adorèrent ; que, dans son cœur, hélas ! trop orageux, l'amour de la liberté, flambeau céleste, vacilla d'une manière étrange, mais ne s'éteignit jamais entièrement ; que s'il descendit à des goûts qu'on n'avoue pas, il ne fut point sans avoir les aspirations les plus élevées, et que s'il risqua la pudeur de son nom sur des oreillers impudiques, il sut aussi aimer les femmes avec héroïsme, avec pureté, comme il aimait la gloire enfin, ou, ce qui vaut peut-être mieux encore, comme il aimait les fleurs.

Que serait-il arrivé s'il eût vécu ? Question posée mille fois, et bien vaine ! Dans le drame du temps, chacun a son rôle, tracé d'avance par le grand auteur mystérieux, Or, qu'il soit illustre ou non, vêtu de pourpre ou couvert de guenilles, quand l'acteur s'en va, c'est qu'il n'avait plus rien à faire sur la scène, et la preuve que son rôle est fini, c'est sa mort. La Révolution, d'ailleurs, jusqu'à ce qu'elle eût atteint le dernier terme de son développement, se trouvait avoir quelque chose d'évidemment indomptable ; elle allait à son dénouement, en vertu d'une logique contre laquelle il n'y avait rien de possible ; et c'est ce que Robespierre lui-même sembla ne pas bien comprendre, lorsque, par allusion à un mot de Mirabeau agonisant, il s'écria : Achille est mort, Troie ne sera pas prise[73]. Comme si le sort de Troie, à cette époque, eût pu dépendre de la vie d'Achille ! Non, non : tout Mirabeau qu'il était, Mirabeau n'aurait ni arrêté ni troublé la Révolution dans sa course fatidique. Que ses aptitudes dominantes fussent d'un homme d'État, et qu'en lui l'orateur au repos eût pu se montrer sous l'aspect d'un Richelieu, il est permis de le supposer ; et cependant, quand on lit sa correspondance secrète avec la cour, on est frappé de son impuissance. A chaque pas il hésite ; ses contradictions sont palpables ; ses conseils manquent de portée autant que de grandeur ; l'indigence de ses combinaisons est manifeste, et si, parmi les divers moyens de salut qu'il propose, vous cherchez les vues d'un Richelieu, vous ne trouvez que les ruses vulgaires d'un capucin Joseph. Et lui-même il ne se faisait point illusion à cet égard, lui-même il n'ignorait pas que la cour, en l'achetant, lui avait donné à combattre une force bien supérieure à la sienne : on le devine aux cris de découragement que, de loin en loin, sa situation lui arrache, et, plus encore, à ce perpétuel besoin qu'il a de se rendre la nation favorable, de la flatter, de s'appuyer sur elle… pour la trahir. Mais quoi ! la Révolution n'était-elle pas, elle aussi, environnée de périls ? N'apparaissait-elle pas déjà flottant, dans un frêle esquif, sur une mer agitée ? Sans doute, et qu'importe ? Comme César, plus nécessairement que César, elle avait ses destinées à accomplir, et au nautonier, entre les flots de l'abîme soulevés et le ciel en feu, au nautonier saisi d'épouvante, elle avait certes le droit de dire : Va, ne crains rien : tu portes le peuple et sa fortune.

 

 

 



[1] Journal de la maladie et de la mort d'Honoré-Gabriel-Victor Riquetti Mirabeau, par S.C. Cabanis. Paris, 1791.

[2] Étienne Dumont, p. 311.

[3] Car, malheureusement, tout n'était pas faux dans ces violentes attaques. Voyez ce que dit Brissot dans ses Mémoires, t. III, chap. XVII. — Et Brissot, bien avant la Révolution, avait été lié assez intimement avec Mirabeau.

[4] Voyez dans la Bibliothèque historique de la Révolution du British Museum, 284-5 et 288-9, la Vie publique et privée d'Honoré-Gabriel Riquetti, de Mirabeau, dédiée aux amis de la Constitution. — La vie privée de Riquetti. — La confession générale du comte de Mirabeau, etc., etc.

[5] Mémoires de Mirabeau, t. VIII, liv. IX, p. 424, 425 et 426.

[6] Mémoires de Mirabeau, t. VIII, liv. IX, p. 425.

[7] Heralds of the pale repose. Carlyle, the French Revolution, vol. II, chap. VII, p. 170.

[8] Mémoires de Mirabeau, t. VIII, liv. X, p. 421.

[9] Mémoires de Mirabeau, t. VIII, liv. X, p. 421.

[10] Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, t. III, p. 105 et 106.

[11] Voyez l'Histoire parlementaire, t. IX, p. 190-196.

[12] La constitution du 3 septembre 1791 déféra la régence au plus proche parent du roi mineur, prononça l'exclusion des femmes et décida qu'à défaut d'un parent légalement capable, la régence sortirait d'une élection à deux degrés.

[13] Biographie universelle, au mot MIRABEAU.

[14] Note du comte de La Marck, dans la Correspondance, etc., t. III. p. 92 et 93.

[15] Journal de la maladie et de la mort d'Honoré-Gabriel-Victor Riquetti Mirabeau, p. 21 et 22. p. 21

[16] Lettre d'Aubin-Louis Millin, dans la Chronique de Paris, n° 96.

[17] Mémoires de Brissot, t. III, chap. XVIII, p. 199 et 200.

[18] Cabanis, Journal de la maladie et de la mort de Mirabeau, p 33.

[19] Cabanis, Journal de la maladie et de la mort de Mirabeau, p 35.

[20] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[21] Révolutions de Paris, n° 91.

[22] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[23] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[24] Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, t. III, p. 109 et 110.

[25] Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, t. III, p. 110.

[26] Chronique de Paris, n° 93.

[27] Chronique de Paris, n° 93.

[28] Chronique de Paris, n° 93.

[29] Cabanis, Journal de la maladie et de la mort de Mirabeau, p. 51.

[30] Chronique de Paris, n° 93.

[31] Cabanis, Journal de la maladie et de la mort de Mirabeau, p. 53.

[32] Cabanis, Journal de la maladie et de la mort de Mirabeau, p. 54.

[33] Cabanis, Journal de la maladie et de la mort de Mirabeau, p. 59-61.

[34] Révolutions de Paris, n° 98.

[35] Cabanis, Journal de la maladie et de la mort de Mirabeau, p, 64,

[36] Chronique de Paris, n° 93.

[37] Mémoires de Mirabeau, t. VIII, liv. X, p. 464 et 465.

[38] Mémoires de Mirabeau, t. VIII, p. 470-473.

[39] Mémoires de Mirabeau, t. VIII, p. 470-473.

[40] N° 4.

[41] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[42] Mémoires secrets de 1770 à 1830, par le comte d'Allonville, t. II, chap. X, p. 191. Bruxelles, 1838.

[43] Mémoires de Ferrières, t. II, liv. IX, p. 310.

[44] Cabanis, dans sa relation, crut devoir omettre ces mots, mais il résulte de la déclaration expresse de Frochot, qui était présent, que Mirabeau les prononça. Voyez les Mémoires de Mirabeau, t. VIII, liv. X, p. 460.

[45] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[46] Histoire parlementaire, t. IX, p. 280.

[47] Révolutions de Paris, n° 91.

[48] Procès-verbal de la section la Grange-Batelière.

[49] L'abbé de Montgaillard, Histoire de France, t. II, p. 302.

[50] L'abbé de Montgaillard, Histoire de France, t. II, p. 302.

[51] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[52] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[53] Éloge funèbre de M. de Mirabeau, par M. Cérutti, dans la Bibliothèque historique de la Révolution. MIRABEAU aîné, p. 288-9. British Museum.

[54] Ce fut à l'enterrement de Mirabeau qu'on entendit pour la première fois dans un orchestre ces deux instruments. Cadet-Gassicourt, cité dans les Mémoires de Mirabeau, t. VIII, p. 493.

[55] Mémoires secrets du comte d'Allonville, t. II, chap. X, p. 192. Bruxelles.

[56] Mémoires secrets du comte d'Allonville, t. II, chap. X, p. 192. Bruxelles.

[57] Onzième sabbat.

[58] Les vitres cassées, ou collection des lettres b.... patriotiques du véritable Père Duchesne, 64e lettre.

[59] Mémoires de Mirabeau, t. VIII, liv. X, p. 438.

[60] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[61] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[62] Le lecteur a sûrement remarqué, dans la citation ci-dessus du Père Duchesne, les mots : tous réunis à notre roi. Mais il importe de remarquer que ce Père Duchesne, qui se disait le véritable, n'était pas fait par Hébert, mais par un de ses plus habiles plagiaires, un certain Lemaître.

[63] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[64] L'Ami du peuple, n° 415.

[65] L'Ami du peuple, n° 411.

[66] Mémoires de Mirabeau, t. VIII, chap. X, p. 524.

[67] Mémoires de Mirabeau, t. VIII, chap. X, p. 609 et 610.

[68] Il existe, sur l'extérieur de Mirabeau, une foule d'esquisses éparses dans les écrits de ses contemporains. On peut voir ce qu'en ont dit, notamment, madame de Staël, Dulaure, Bailleul, Lemercier.

[69] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[70] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[71] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.

[72] Souvenirs et portraits, par M. le duc de Lévis, cité dans les Mémoires de Mirabeau, t. VIII, p. 537.

[73] Révolutions de France et de Brabant, n° 72.