LOUIS XVII, SA VIE, SON AGONIE, SA MORT

TOME PREMIER

DOCUMENTS ET PIÈCES JUSTIFICATIVES

En lisant plusieurs de ces pièces, on verra que nous avons cru devoir reproduire jusqu'aux étranges infractions aux règles de la langue, dont quelques-unes fourmillent. Il nous a paru que ces fautes faisaient partie de la physionomie de l'époque.

 

I. — NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LOUIS-CHARLES DE FRANCE

DUC DE NORMANDIE, DEUXIÈME FILS DU ROI - 27 mars 1785.

 

 

L'accouchement de la Reine fut si prompt et si heureux, qu'on n'a reçu à l'hôtel de ville que presque en même temps la nouvelle des douleurs de la Reine et celle de la naissance du Prince ; de sorte que, telle diligence qu'ait fait faire le greffier en chef de la ville, demeurant audit hôtel, et auquel le premier courrier s'étoit adressé, Messieurs ne purent être rassemblés pour recevoir à l'instant de son arrivée M. le comte de Saint-Aulaire, lieutenant des gardes du Roi de service auprès de la Reine, chargé par le Roi d'annoncer cette heureuse nouvelle au corps de ville.

Le greffier qui étoit au petit bureau avec un page et le capitaine des gardes de M. le gouverneur de Paris, qui venoient d'apporter, l'un la nouvelle des douleurs, et l'autre celle de la naissance, y reçut M. le comte de Saint-Aulaire, lui fit des excuses au nom du bureau de ce qu'il n'avoit point été reçu ainsi qu'il est d'usage en pareilles circonstances, à la porte de l'hôtel de ville en dedans, par deux huissiers de la ville, et par lui-même au haut du grand escalier près la chapelle, et conduit de suite à l'audience où Messieurs auroient dû être assemblés, mais que la rapidité avec laquelle les nouvelles s'étoient succédé n'avoit pas permis que le bureau fût encore assemblé ; que Messieurs alloient certainement arriver, et pria M. de Saint-Aulaire de vouloir bien se reposer, ce qu'il agréa, et effectivement Messieurs arrivèrent en robes noires un instant après, et les choses se passèrent ainsi qu'il va être dit.

 

Le dimanche jour de Pâques vingt-sept mars mil sept cent quatre-vingt-cinq, à huit heures moins cinq minutes du soir, arriva à l'hôtel de ville un page de M. le duc de Brissac, gouverneur de Paris, pour annoncer de sa part que la Reine sentoit des douleurs pour accoucher ; il s'adressa au greffier, qui sur-le-champ le fit savoir à M. le prévôt des marchands et à MM. les échevins, procureur du Roi et receveur, et le greffier et le page passèrent au petit bureau.

A huit heures arriva aussi à l'hôtel de ville le sieur chevalier d'Escours, capitaine des gardes de M. le gouverneur, pour annoncer de sa part que la Reine venoit d'accoucher très-heureusement d'un Prince : il monta au petit bureau et y attendit Messieurs.

A huit heures dix minutes est pareillement arrivé à la ville M. le comte de Saint-Aulaire, lieutenant des gardes du Roi, de service auprès de la Reine, pour annoncer cette nouvelle de la part du Roi : étant en bottes et portant son bâton de commandement, il monta au bureau sans huissiers, par la raison ci-devant dite.

Et un instant après, MM. les prévôt des marchands et échevins, procureur du Roi et receveur, arrivèrent.

Après avoir fait leurs excuses à M. de Saint-Aulaire de ne s'être point trouvés à son arrivée, Messieurs écoutèrent le page et l'officier des gardes de M. le gouverneur, qui chacun dirent le sujet de leurs missions ; Messieurs les prièrent de faire leurs remercîments à M. le gouverneur, et M. le prévôt des marchands leur donna, au nom de la ville, à chacun, une tabatière d'or, au page, de la valeur de sept cent soixante-huit livres, et au sieur chevalier d'Escours, une de quinze cents livres.

Et aussitôt Messieurs passèrent à l'audience :

Alors le greffier de la ville, précédé de deux huissiers en robes noires, conduisit M. le comte de Saint-Aulaire à l'audience, dont les deux battants de la porte furent ouverts. Il se plaça sur le banc à dos, à la gauche de M. le prévôt des marchands et au-dessus du second échevin, et après les civilités réciproques, Messieurs se couvrirent de leurs bonnets, et M. de Saint-Aulaire de son chapeau, et il dit à Messieurs que le Roi l'avoit envoyé pour faire part au corps de ville, que la Reine venoit d'accoucher heureusement d'un Prince, que Sa Majesté avoit nommé Duc de Normandie. M. le prévôt des marchands lui répondit que la ville étoit pénétrée des marques de bonté du Roi, et que Sa Majesté devoit être bien persuadée de la joye que cette nouvelle alloit répandre dans la capitale, et offrit à M. de Saint-Aulaire, en le priant de l'accepter, une tabatière d'or émaillée, enrichie de diamants, sur le dessus de laquelle étoit le portrait de la Reine : cette boîte étoit de la valeur de trois mille six cents livres : M. de Saint-Aulaire, en l'acceptant, en fit ses remercîments à Messieurs, prit congé de Messieurs et fut reconduit par les troisième et quatrième échevins précédés d'un huissier, jusqu'à la chapelle, et par ledit huissier jusqu'à la grande porte de l'hôtel de ville en dedans, où il auroit 3û être reçu.

Aussitôt Messieurs firent annoncer celte nouvelle par une décharge des boëtes et des canons de la ville qui avoient été placés sur le port au Bled, et préparés d'avance, et par la cloche de l'hôtel de ville qui sonna en tocsin.

Dans ce même temps, M. le prévôt des marchands reçut la lettre suivante de M. le baron de Breteuil, secrétaire d'Etat, ayant le département de Paris, qui, par la raison ci-devant dite, ne produisit pas l'effet que ce ministre s'en étoit promis.

A Versailles., le 27 mars 1785.

Je vous donne avis, Monsieur, que la Reine est actuellement en travail pour accoucher. J'écris à M. l'archevêque de Paris, pour qu'il ordonne des prières pour l'heureuse délivrance de cette Princesse, et vous ferez bien d'en prévenir sans différer le corps de ville, afin qu'il puisse s'assembler et recevoir la nouvelle d'un événement si intéressant.

J'ai l'honneur d'être très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Signé : LE BARON DE BRETEUIL.

 

A dix heures et demie environ arriva à l'hôtel de ville M. de Salornet, maître d'hôtel du Roi faisant la fonction de MM. les officiers des cérémonies qui ne s'étoient pas trouvés à Versailles à temps : M. de Salornet fut reçu à la porte de l'hôtel de ville en dedans par un huissier qui le conduisit par le grand escalier et vis-à-vis la chapelle, sur le péristile de la grande salle ; il fut reçu par le greffier de la ville, qui, précédé dudit huissier, le conduisit à la chambre d'audience où Messieurs étoient rentres, et dont les deux battants de la porte furent ouverts. Le sieur de Salornet fut placé sur le banc à dos, à la gauche de M. le prévôt des marchands et au-dessus de M. le second échevin, et après les civilités réciproques, Messieurs se couvrirent de leurs bonnets quarrés et le sieur de Salornet de son chapeau, et il dit à Messieurs, que le .Roi l'avoir chargé d'une lettre qu'il présenta à M. le prévôt des marchands, lequel la passa au greffier qui, debout et découvert, en fit la lecture en commençant par la suscription :

A nos très chers et bien amés les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris.

De par le Roi.

 

A ces mots, Messieurs se sont découverts de leurs bonnets quarrés et le sieur de Salornet de son chapeau et se sont recouverts, et le greffier a continué :

Très chers et bien amés, l'amour pour notre personne, que nos sujets de notre bonne ville de Paris font éclater dans tous les événements qui nous intéressent, et leur attachement au bien de l'État, nous font juger que nous ne pouvons trop tôt leur faire part de la naissance d'un Prince dont la Reine notre très-chère épouse et compagne, vient d'être heureusement délivrée. Nous envoyons à cet effet le grand maître des cérémonies, qui vous dira en même temps que nous souhaitons que vous fassiez les réjouissances accoutumées en pareille occasion. Sy n'y faites faute, car tel est notre plaisir. Donné à Versailles, le 27 mars 1785.

Signé : LOUIS.

(Et plus bas :)

LE BARON DE BRETEUIL.

 

Cette lecture faite, Messieurs et le sieur de Salornet s'étant découverts et recouverts, M. le prévôt des marchands dit au sieur de Salornet que la ville ne manqueroit pas d'exécuter les ordres de Sa Majesté. Alors le sieur de Salornet prit congé de Messieurs et fut reconduit par les troisième et quatrième échevins, précédés d'un huissier jusqu'à la chapelle, et par ledit huissier jusqu'à la grande porte de l'hôtel de ville en dedans où il avoit été reçu.

Après avoir donné les ordres convenables, et notamment à l'exempt du bureau, de se rendre dès le lendemain à Versailles, d'y rester pendant dix jours, de se présenter chaque jour chez la Reine, et de s'adresser à madame la princesse de Chimay, de la part de la ville, et d'envoyer chaque jour des nouvelles de la santé de Sa Majesté et du jeune Prince, Messieurs se retirèrent chez eux.

Le lundi vingt-huit, à six heures du matin, il fut fait une décharge de l'artillerie de la ville, et le tocsin, qui avoit sonné toute la nuit, continua ce même jour jusqu'à neuf heures du soir.

A neuf heures, Messieurs, qui s'étoient rendus à l'hôtel de ville, en robes noires et bonnets quarrés, en sont partis pour aller au palais en l'ordre qui suit : Un carrosse dans lequel étoient le premier et deux autres huissiers de la ville, aussi en robes noires, Le carrosse de M. le prévôt des marchands, dans lequel il étoit avec MM. les premier, deuxième et troisième échevins, Et un autre carrosse, dans lequel étoient MM. les quatrième échevin, procureur du Roi et de la ville, greffier et receveur.

Arrivés au palais, Messieurs sont descendus de carrosse et se sont rendus au parquet de MM. les gens du Roi, marchant d'abord les

— Deux huissiers,

— Ensuite, le premier huissier seul,

— Le greffier aussi seul,

— M. le prévôt des marchands, ayant à sa gauche M. le premier échevin,

— MM. les deuxième et troisième échevins ensemble,

— M. le quatrième échevin, ayant à sa gauche M. le procureur du Roi et de la ville,

— Et M. le receveur seul.

 

On est entré au parquet de MM. les gens du Roi, où s'étoient aussi rendus MM. les officiers du Châtelet.

MM. les gens du Roi conduisirent d'abord lesdits officiers du Châtelet à la grand'chambre ; MM. les gens du Roi revinrent au parquet et conduisirent aussi MM. de la ville à l'audience à la grand'chambre en cet ordre : M. l'avocat général et M. le procureur général marchoient ensemble, précédés d'un huissier de la cour, Ensuite, M. le prévôt des marchands, ayant à sa gauche M. le premier échevin, MM. les deuxième et troisième échevins, M. le quatrième échevin et le procureur du Roi et de la ville, Et M. le greffier et M. le receveur.

Arrivés à la porte de la grand'chambre, dans le parquet des huissiers, M. l'avocat général et M. le procureur général sont entrés seuls les premiers dans la grand'chambre et un instant après un huissier ayant dit à Messieurs d'entrer, Messieurs sont entrés dans la grand'chambre et se sont placés debout, derrière le banc de MM. les conseillers, à droite en entrant.

MM. les gens du Roi, M. (en blanc) avocat général, portant la parole, ayant dit que les officiers du bureau de la ville mandés venoient recevoir les ordres de la cour au sujet des réjouissances pour l'heureux accouchement de la Reine et la naissance de Monseigneur le Duc de Normandie.

M. le président (en blanc) dit que la cour avoit arrêté que le tocsin du palais sonneroit et qu'il seroit fait des illuminations ce dit jour, et que le jour que le Te Deum seroit chanté à Notre-Dame, les boutiques seroient fermées et qu'il seroit pareillement fait des illuminations avec injonction tant aux officiers du Châtelet qu'à ceux du bureau de la ville d'y tenir chacun en droit soi la main.

M. le prévôt des marchands a pris la parole et l'adressant à M. le président, a dit : Monsieur, et s'est couvert ainsi que Messieurs de leurs bonnets quarrés, et a continué : Nous nous conformerons aux ordres de la cour et à ceux qui nous ont été adressés par Sa Majesté.

Messieurs après avoir salué se sont retirés, sont retournés au parquet où MM. les gens du Roi étoient rentrés : et après avoir fait leurs remercîments sont revenus à l'hôtel de ville dans le même ordre qu'ils en étoient partis.

Sur le champ Messieurs rendirent l'ordonnance suivante pour des illuminations ce dit jour et pour aussi des illuminations et cessation de tout travail et vente sur les ports et dans les chantiers le jour du Te Deum à Notre-Dame.

De par les Prévôt des marchands et Échevins de la ville de Paris,

Ordonnance de police

Concernant les réjouissances publiques et la cessation de toute vente et de tout travail sur la rivière, sur les ports et dans les chantiers en dépendants, à cause de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance d'un Duc de Normandie.

Du 28 mars 1785.

Il est enjoint, ouï et ce requérant, le procureur du Roi et de la ville, en exécution des ordres de Sa Majesté à nous adressés, et de l'arrêt de la cour, à tous bourgeois et habitants de cette ville et fauxbourgs de Paris, de faire des illuminations aux façades de leurs maisons, aujourd'hui et le jour que sera chanté le Te Deum en l'église métropolitaine de cette ville, en actions de grâces, et en réjouissance de l'heureux accouchement de la Reine, et de la naissance d'un Duc de Normandie.

Et à tous marchands et ouvriers de cesser toutes ventes et travail sur la rivière, sur les ports et dans les chantiers de cette ville, le jour dudit Te Deum.

Il est mandé aux quartiniers et aux huissiers audienciers et commissaires de police de l'hôtel de ville, de tenir la main à l'exécution des présentes, qui seront lues, publiées et affichées partout où besoin sera.

Signé : VEYTARD.

 

L'an mil sept cent quatre-vingt-cinq, le vingt-huitième jour de mars, l'ordonnance ci-dessus a été lue et publiée au son du tambour, sur tous les ports, et autres lieux et endroits ordinaires et accoutumés de cette ville de Paris, par moi Louis-Noël Blanchet, huissier audiencier et commissaire de police de l'hôtel de ladite ville de Paris, soussigné, et affichée ès dits lieux.

Signé : BLANCHET.

 

Et après avoir donné différents ordres, Messieurs se séparèrent.

Comme M. le gouverneur avoit fait prévenir Messieurs qu'il se rendroit sur les six heures à l'hôtel de ville pour assister avec eux à la cérémonie du feu de fagots, d'usage en pareille circonstance, Messieurs se rendirent à ladite heure à l'hôtel de ville.

A six heures et demie M. le gouverneur est arrivé à l'hôtel de ville, précédé de ses Suisses et de gardes commandés par leurs officiers. Il étoit dans un carrosse à (en blanc) — chevaux superbement harnachés, au côté du cocher duquel étoient six pages, et il étoit suivi de deux autres carrosses dans lesquels étoient ses gentilshommes.

M. le gouverneur est descendu à la barrière de l'hôtel de ville et est monté, la grande porte entièrement ouverte, jusqu'à l'escalier vis-à-vis le bureau des huissiers où Messieurs vêtus de leurs robes noires et précédés des huissiers aussi en robes noires, et qui étoient descendus jusqu'à la troisième ou quatrième marche dudit escalier, le reçurent, et là M. le prévôt des marchands témoigna la joye de la ville de le recevoir dans une occasion si agréable. M. le gouverneur prit la droite sur M. le prévôt des marchands, ayant son capitaine des gardes à côté de lui ainsi que M. le prévôt des marchands avoit alors le colonel des gardes de la ville, ces deux officiers ayant leur bâton de commandement. On est monté jusqu'à la grande salle : les gardes de la ville étant en haye depuis la barrière jusqu'à la porte de ladite grande salle et leurs instruments sous le péristile au rez-de-chaussée de la cour, les tambours battant aux champs et les instruments donnant des fanfares. Les Suisses et gardes de M. le gouverneur précédoient la marche, et ensuite les huissiers, le greffier seul, M. le gouverneur et M. le prévôt des marchands, et MM. les échevins, procureur du Roi et receveur deux à deux. Arrivés à ladite grande salle, on est passé au petit bureau, les Suisses et gardes de M. le gouverneur s'étant alors placés tant dans l'antichambre que dans le corridor.

Pendant que M. le gouverneur se reposoit, Messieurs ont quitté leurs robes noires et puis leurs robes mi-parties et se sont ainsi que M. le gouverneur décorés de guirlandes, bracelets et bouquets de fleurs, dont celles de M. le gouverneur et de M. le prévôt des marchands étoient toutes blanches.

Les huissiers, à l'exception du premier, ont pareillement quitté leurs robes et pris leurs robes de livrée et leurs bracelets et bouquets de fleurs, et tout étant prêt, on est descendu pour la procession autour du feu de bois qui s'est faite en cet ordre : Marchoient d'abord les quatre compagnies des gardes de la ville, avec les drapeaux, tambours et fifres, et le colonel à la tête. Ensuite les domestiques de Messieurs et les valets de pied et coureurs de M. le gouverneur, portant des flambeaux. Les Suisses de M. le gouverneur portant leurs pertuisanes et commandés par un officier. La sim phonie des compagnies des gardes de la ville, deux officiers, l'un de M. le gouverneur et l'autre de M. le prévôt des marchands, portant chacun un flambeau de poing. Les gardes de M. le gouverneur sur deux files qui prenoient depuis les huissiers jusqu'à la fin du corps de ville. Entre lesdits gardes marchoient les huissiers deux à deux, le premier huissier seul, le greffier de la ville aussi seul, M. le gouverneur ayant à sa gauche M. le prévôt des marchands ; les pages de M. le gouverneur marchoient devant lui, son capitaine des gardes à côté de lui et ses gentilshommes auprès. M. le prévôt des marchands auroit aussi eu à côté de lui le colonel des gardes de la ville, s'il n'eût été à la tête de ses compagnies, mais il étoit entouré de ses officiers et domestiques. Ensuite MM. les échevins, deux à deux, et M. le procureur du Roi avec M. le receveur de la ville. On a en cet ordre fait trois fois le tour de la partie de la place de l'hôtel de ville, du côté de la rivière, où étoit disposé un feu de cinq cents fagots terminé par un arbre verd. Au troisième tour, Messieurs se sont approchés du feu de bois, et l'officier de M. le gouverneur et celui de M. le prévôt des marchands et les domestiques de Messieurs leur ayant présenté des flambeaux, ils y ont mis le feu et sont remontés à l'hôtel de ville dans le même ordre, et on est passé au petit bureau.

Messieurs quittèrent leurs robes de cérémonie, ainsi que les huissiers leurs robes de livrée, et prirent leurs robes noires.

Sur les sept heures et demie, M. le gouverneur et M. le prévôt des marchands étant convenus de faire tirer l'artifice, on passa dans la grand'salle, et M. le prévôt des marchands ayant donné l'ordre à l'architecte de la ville de donner le signal, il fut fait une décharge des boëtes et de l'artillerie de la ville, pendant laquelle il fut tiré (en blanc) douzaines de fusées volantes, des bombes, etc.

L'hôtel de ville fut aussitôt illuminé par des filets de terrines ainsi que les hôtels et maisons de M. le gouverneur et Messieurs, et il fut ouvert quatre fontaines et buffets et quatre orchestres qui avoient été dressés dans la place de l'hôtel de ville aussi du côté de la rivière. Il y fut distribué du vin, du pain et des cervelas, et les musiciens firent danser le peuple bien avant dans la nuit.

A huit heures, M. le gouverneur s'en alla, et il fut reconduit par Messieurs, de la même manière, dans le même ordre et jusqu'à l'endroit où il avoit été reçu ; Et Messieurs se retirèrent chez eux.

A neuf heures, le tocsin cessa.

Les nouvelles qu'on reçut de la santé de la Reine et du Prince furent des plus satisfaisantes.

M. de Nantouillet, maître des cérémonies, ayant écrit à M. le prévôt des marchands, dès le vingt-huit, qu'il se rendroit le trente à l'hôtel de ville, entre dix et onze heures du matin, pour remettre la lettre du Roi pour le Te Deum, Messieurs du bureau, en robes noires, s'assemblèrent audit hôtel de ville ledit jour mercredi trente, à dix heures.

A dix heures trois quarts, M. de Nantouillet arriva à l'hôtel de ville, Messieurs passèrent à l'audience. M. de Nantouillet fut reçu à la grande porte de l'hôtel de ville et en dedans près le bureau des huissiers, par un huissier de la ville, en robe noire, qui, par le grand escalier, le conduisit jusqu'à la chapelle où il a été reçu par le greffier de la ville, qui, précédé dudit huissier, l'a conduit dans la chambre d'audience, dont les deux battants de la porte étoient ouverts. Après les civilités réciproques, M. de Nantouillet s'est placé sur le banc à dos, à droite en entrant, à gauche de M. le prévôt des marchands et au-dessus de M. le second échevin. Il s'est couvert de son chapeau et Messieurs de leurs bonnets quarrés, et s'étant ainsi que Messieurs découvert et ensuite recouvert, il a dit qu'il apportoit de la part du Roi une lettre qu'il a remise à M. le prévôt des marchands, qui, l'ayant ouverte, l'a passé au greffier, lequel debout et découvert, en a fait la lecture en commençant par la suscription ainsi qu'il suit :

A nos très chers et bien amés les prévôt des marchands et échevins de notre bonne ville de Paris.

De par le Roi,

 

A ces mots, M. de Nantouillet et Messieurs se sont découverts, puis recouverts, et le greffier a continué :

Très chers et bien amés, la naissance d'un second fils dont la Reine notre très chère épouse et compagne est accouchée heureusement, nous cause une joye d'autant plus juste, que cet événement ne peut que contribuer à perpétuer le bonheur de nos peuples, en assurant de plus en plus notre succession, et la tranquillité dans notre royaume. C'est pour rendre à la divine Providence les actions de grâces qui lui sont dues pour ce nouveau bienfait, et lui demander la continuité des bénédictions qu'elle daigne répandre sur notre règne et sur nos Etats, que nous avons donné nos ordres pour faire chanter le Te Deum dans l'église métropolitaine de notre bonne ville de Paris, et nous vous mandons de vous y trouver au jour et à l'heure que le grand maître ou le maître des cérémonies vous dira de notre part, et au surplus de donner les ordres nécessaires pour faire allumer des feux de joye par toute notre dite ville. Si n'y faites faute, car tel est notre plaisir. Donné à Versailles, le 27 mars 1785.

Signé : LOUIS.

(Et plus bas :)

LE BARON DE BRETEUIL.

 

Cette lecture faite, M. le maître des cérémonies a dit que le Te Deum seroit chanté le vendredi premier avril, et que le Roi seroit à Paris sur les cinq heures, et a ajouté que Sa Majesté dispensoit le corps de ville de se trouver à la porte de la Conférence pour le recevoir. M. le prévôt des marchands a répondu que la ville ne manqueroit point d'exécuter les ordres du Roi. Après quoi M. le maître des cérémonies s'est levé, et, après les civilités de part et d'autre, s'en est allé, reconduit par MM. les troisième et quatrième échevins, jusqu'à la chapelle ; et par un huissier, jusques à la grande porte de l'hôtel de ville, en dedans, où il avoit été reçu.

Comme M. le prévôt des marchands avoit reçu la veille une lettre de M. le baron de Breteuil par laquelle il lui marquoit que Sa Majesté souhaitoit être reçue par le corps de ville à son entrée en cette ville, lorsqu'Elle viendroit pour le Te Deum, mais comme il n'étoit pas possible que le corps de ville se trouvât à la porte de la Conférence pour y recevoir Sa Majesté, et pût se rendre à Notre-Dame pour le Te Deum avant que le Roi arrivât, et que d'ailleurs la dis- pense annoncée par le maître des cérémonies n'cloit que verbale, M. le prévôt des marchands en écrivit le même jour à M. le baron de Breteuil, en lui rapportant plusieurs exemples de dispense ; Sa Majesté voulut bien l'accorder, et M. lo baron de Breteuil le manda en conséquence à M. le prévôt des marchands par une lettre dudit jour, trente, desquelles deux lettres la teneur suit :

A Versailles, le 29 mars 1785.

Le Roy, Monsieur, devant aller à Paris le vendredi 1er avril prochain pour y assister au Te Deum qui sera chanté ce jour-là dans l'église de Notre-Dame, Sa Majesté m'a ordonné de vous en informer, et de vous marquer qu'Elle souhaite que vous vous trouviez, ainsi que le corps de ville, au bout du quay des Tuilleries pour y recevoir Sa Majesté lorsqu'Elle arrivera.

J'ai l'honneur d'être très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Signé : LE BARON DE BRETEUIL.

 

A Versailles, le 30 mars 1785.

Je vous donne avis, Monsieur, que sur le compte que j'ai rendu au Roi de l'impossibilité où est le bureau de la ville de se trouver à la porte de la Conférence pour y recevoir le Roi, Sa Majesté a bien voulu le dispenser de se trouver à la porte de la Conférence.

J'ai l'honneur d'être très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Signé : LE BARON DE BRETEUIL.

 

Sur le champ, Messieurs firent expédier les mandements suivants à tous les conseillers et à tous les quartiniers, et au colonel des gardes de la ville, pour le Te Deum :

Monsieur Mercier, conseiller du Roi en l'hôtel de ville, plaise vous trouver vendredi prochain, premier avril, deux heures précises de relevée, en robe de cérémonies, audit hôtel de ville, pour nous accompagner en l'église Notre Dame, où sera chanté, de l'ordre et en présence du Roy, le Te Deum en actions de grâces à de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance d'un Duc de Normandie, vous priant n' y vouloir faillir.

Fait au bureau de la ville de Paris, le 30 mars 1785.

Les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris, tous vôtres.

 

Pareils mandements seront envoyés à tous les conseillers de ville.

De par les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris.

Me Michel Martel, doyen, quartinier, trouvez-vous vendredi prochain, 1er avril, deux heures précises de relevée, en robe de cérémonies, audit hôtel de ville, pour nous accompagner en l'église Notre Dame, ou sera chanté, de l'ordre et en présence du Roi, le Te Deum en actions de grâces de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance d'un Duc de Normandie.

Fait au bureau de la ville, le 30 mars 1785.

 

Pareils mandements seront envoyés à tous les quartiniers.

De par les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris.

Capitaine Hay, écuyer, colonel des quatre compagnies de gardes de l'hôtel de ville, trouvez-vous vendredi prochain, 1er avril, une heure précise de relevée, avec tous lesdits gardes en habits d'ordonnance et armes, en l'hôtel de ville, pour nous assister en l'église Notre Dame, où sera chanté, de l'ordre et en présence du Roi, le Te Deum en actions de grâces à Dieu de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance d'un Duc de Normandie. Sy n'y faites faute.

Fait au bureau de la ville de Paris, le 30 mars 1785.

LE PELETIER, MERCIER, J. COSSERON, MITOUART, PIGEON.

 

Messieurs rendirent aussi les deux ordonnances de police suivantes, l'une pour la sureté des batteaux et des marchandises dans les ports et sur la rivière, et l'autre concernant les échaffauds dans la place de l'Hôtel de ville à l'occasion du feu d'artifice :

 

I

 

De par les Prévôt des marchands et Échevins de la ville de Paris.

Ordonnance de police

Concernant la sureté des bateaux et des marchandises étant dans l'étendue des ports de cette ville, de ceux au-dessus et dans les bras des rivières de Seine et de Marne, et sur la rivière d'Yerre ; et défenses d'y tirer aucunes fusées et autres qualités d'artifice, et d'allumer aucuns feux, soit sur lesdites rivières, ou le long desdits ports.

Du 30 mars 1785.

A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Louis Le Peletier, Il chevalier, marquis de Montmélian, seigneur de Morte-Fontaine, Plailly, Beaupré, Othis et autres lieux, conseiller d'État, prévôt des marchands, et les échevins de la ville de Paris, salut : Sçavoir faisons. Sur ce qui nous a été remontré par le procureur du Roi et de la ville, que si, en conséquence des réjouissances que nous avons ordonnées en exécution des ordres du Roi à nous adressés et de l'arrêt de la cour, à cause de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance d'un Duc de Normandie, il étoit tiré des fusées et autres artifices, ou allumé des feux sur la rivière et le long des ports, dans l'étendue de cette ville et au-dessus, et dans les bras des rivières de Seine et de Marne, au-dessus et au-dessous du pont de Charenton, et dans celle d'Yerre, affluente dans ladite rivière de Seine, il y auroit lieu de craindre tant l'embrasement de celles des marchandises qui sont combustibles par leur nature, que le naufrage des autres ; pour quoi requéroit ledit procureur du Roi et de la ville, qu'il nous plût y pourvoir, et prononcer des peines proportionnées à un genre de contravention dont les suites peuvent être aussi funestes que préjudiciables tant à la provision de cette ville, qu'aux commerçants et aux propriétaires des marchandises et des bateaux.

Nous, ayant égard au réquisitoire du procureur du Roi et de la ville, et après l'avoir ouï en ses conclusions, disons que les ordonnances concernant la sûreté des marchandises étant dans les ports de cette ville et de celles qui sont destinées pour sa provision, et ne peuvent y être descendues que suivant leur rang d'arrivage, seront exécutées selon leur forme et teneur ; en conséquence faisons très-expresses inhibitions et défenses à toutes personnes quelles qu'elles soient, de tirer ou faire tirer aucunes fusées et autres qualités d'artifice, ni d'allumer aucuns feux sur la rivière et le long des ports dans l'étendue de cette ville et au-dessus et dans les bras des rivières de Seine et de Marne, au-dessus et au-dessous du pont de Charenton, et dans celles d'Yerre, affluente dans ladite rivière de Seine ; comme aussi de jetter aucunes fusées par les fenêtres des maisons ayant vue sur la rivière, vendredi prochain, 1er d'avril, à cause de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance d'un Duc de Normandie, à peine de cinq cents livres d'amende, même de punition exemplaire, s'il y échet, et d'être responsables des dommages qui pourroient arriver.

Mandons aux huissiers audienciers et commissaires de police de l'hôtel de cette ville, de tenir exactement la main à l'exécution des présentes ; de dresser des procès verbaux des contraventions qui y seront faites, et de les remettre dans le jour ès mains du procureur du Roi et de la ville ; enjoignons pareillement aux sergents, caporaux et soldats de garde de jour et de nuit sur les ports de cette dite ville, de dénoncer au procureur du Roi et de la ville cesdites contraventions aussitôt qu'elles seront venues à leur connoissance ; requérons le commandant de la maréchaussée établie au dit lieu de Charenton d'assister lesdits huissiers audienciers et commissaires de police, comme aussi de veiller à l'exécution des présentes, et de dresser des procès verbaux desdites contraventions. Et seront cesdites présentes, lues, publiées et affichées partout où besoin sera, et exécutées, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d'icelles.

Fait au bureau de la ville de Paris, le trentième de mars mil sept cent quatre-vingt-cinq.

Signé (dans l'original) : LE PELETIER, MERCIER, COSSERON, JOLLIVET, MITOUART, PIGEON.

(Et dans la copie :)

VEYTARD.

 

Avec l'annotation qui suit :

L'an 1785, le 30 mars, l'ordonnance ci-dessus a été lue et publiée au son du tambour, sur les ports et le long des isles des Carrières de Charenton, sur la rivière d'Yerre, à Villeneuve Saint-Georges, et sur tous les autres ports, lieux et endroits ordinaires et accoutumés de cette ville, par moi Louis Noël Blanchet, huissier audiencier et commissaire de police de l'hôtel de ville de Paris soussigné, et affichée ès dits lieux.

BLANCHET.

 

II

 

De par les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris.

Ordonnance de police

Concernant les échaffauds dans la place de l'Hôtel de ville, et la police qui doit être observée sur la rivière, à l'occasion du feu d'artifice qui sera tiré vendredi prochain, premier d'avril, dans ladite place, en réjouissance de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance d'un Duc de Normandie.

Du 30 mars 1785.

A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Louis Le Peletier, chevalier, marquis de Montmélian, seigneur de Morte-Fontaine, Plailly, Beaupré, Othis et autres lieux, conseiller d'Etat, prévôt des marchands, et les échevins de la ville de Paris, salut. Sçavoir faisons : Sur ce qui nous a été remontré par le procureur du Roi et de la ville, que nous aurions ordonné la disposition d'un feu d'artifice, qui sera tiré vendredi prochain, premier d'avril, dans la place de l'Hôtel de ville, en réjouissance de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance d'un Duc de Normandie ; mais que, ne semblant pas nécessaire que, pour cette fois, il soit formé des échaffauds dans la place de l'Hôtel de ville, il croit devoir nous requérir de n'en point permettre la construction ; qu'il convient cependant toujours de faire défense à tous voituriers par terre de laisser leur charrette dans ladite place ; comme aussi à toute personne d'approcher des canons et des boëtes d'artifice ; de monter sur les couvertures des batteaux à laver lessives ; et à tous compagnons de rivière, bachoteurs et autres personnes, de conduire ni de tenir aucuns batteaux ni bachots dans le bassin de ladite rivière, quand bien même ils ne voudroient y recevoir aucunes personnes, ce tout sur telles peines qu'il nous plaira arbitrer. Pourquoi requéroit le procureur du Roi et de la ville, qu'il nous plût y pourvoir.

Nous, ayant égard au réquisitoire du procureur du Roi et de la ville, et après l'avoir ouï en ses conclusions, disons que les ordonnances concernant la police qui doit être observée sur la rivière, lors des cérémonies et spectacles donnés au sujet des fêtes et réjouissances publiques, seront exécutées selon leur forme et teneur ; en conséquence faisons très expresses inhibitions et deffenses à tous voituriers par terre, de laisser aucunes charrettes ou hacquets vendredi prochain, premier d'avril, dans la place de l'Hôtel de ville, jour auquel nous y ferons tirer un feu d'artifice, en réjouissance de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance d'un Duc de Normandie, à peine de cent livres d'amende et de confiscation, qui seront encourues -en cas de contravention.

Défendons pareillement à toutes personnes d'approcher des canons et des boëtes d'artifice ; comme aussi de monter sur les couvertures des bateaux à laver lessives, à peine de cinquante livres d'amende ; et à tous compagnons de rivière, bachoteurs et autres personnes, de conduire ni tenir aucuns bateaux ou bachots dans le bassin de ladite rivière, quand bien même ils ne voudroient y recevoir aucunes personnes, à peine contre lesdits compagnons de rivière et bachoteurs, de cinquante livres d'amende, et d'être chassés des ports de cette ville et contre les propriétaires desdits bateaux et bachots qui l'auront souffert, de cinq cents livres d'amende, et de confiscation d'iceux.

Mandons aux huissiers audienciers et commissaires de police de l'hôtel de ville de tenir la main exactement, etc. — semblable à l'autre ordonnance du 30 mars également, concernant la sûreté des batteaux, etc. ; retrancher seulement la phrase : Requérons le commandant de la maréchaussée établie au dit lieu de Charenton, — c'est-à-dire terminer au mot connaissance, et reprendre ainsi : Et seront ces présentes lues, etc.

Signé : VEYTARD.

 

L'an 1785, le 30 mars, l'ordonnance ci-dessus a été lue et publiée au son du tambour, en la place de l'Hôtel de ville, et autres endroits ordinaires et accoutumés de cette ville de Paris, par moi Louis Noël Blanchet, huissier audiencier et commissaire de police de l'hôtel de ville de Paris, soussigné, et affiché ès dits lieux.

Signé : BLANCHET.

 

Il ne fut point rendu de nouvelle ordonnance pour la cessation de toute vente et travail sur les ports et pour des illuminations le jour du Te Deum, parce qu'il y avoit été prévu par celle du 28. Cependant M. le lieutenant de police renouvela la sienne, et on a pensé que la ville auroit dû faire de même.

———————————————

JOUR DU TE DEUM À NOTRE-DAME.

 

Le vendredi, premier avril, à six heures du matin, il fut fait une décharge de l'artillerie de la ville.

Le tocsin de la ville a commencé à sonner à six heures du matin et a continué jusqu'à minuit.

A midi, il fut fait une seconde décharge de l'artillerie.

A une heure, le colonel des gardes de la ville a envoyé à la porte de la Conférence une compagnie desdits gardes pour y être sous les armes lors du passage du Roi.

Il a aussi envoyé sur les deux heures les détachements ordinaires de vingt-six gardes à chacune des trois cours souveraines, pour les accompagner à Notre-Dame ; les trois cours sont le Parlement, la Cour des Comptes et la Cour des Aides.

A deux heures, MM. les prévôt des marchands, échevins, procureur du Roi, greffier et receveur, vêtus de leurs robes mi-partie de velours de couleurs cramoisie et tannée, à l'exception de M. le procureur du Roi dont la robe est toute cramoisie, MM. les quatre conseillers de ville et les deux quartiniers mandés, en robes noires de cérémonie, se sont rendus à l'hôtel de ville, et sur les trois heures en sont partis à pied pour se rendre à l'église métropolitaine en l'ordre qui suit :

L'état-major des gardes de la ville, cent desdits gardes avec drapeaux, tambours et leurs instruments ;

Deux huissiers de la ville en robes de livrée ;

Le premier huissier en robbe noire ;

Le greffier de la ville, ayant à sa gauche le colonel des gardes de la ville portant son bâton de commandement ;

M. le prévôt des marchands, ayant à sa gauche M. le premier échevin ;

MM. les deux et troisième échevins ensemble ;

M. le quatrième échevin, ayant à sa gauche M. le procureur du Roi et de la ville ;

M. le receveur seul ;

MM. les quatre conseillers, deux à deux ;

Et MM. les deux quartiniers.

Des gardes de la ville bordoient de chaque côté, depuis les huissiers jusqu'à la fin du corps de ville, et un détachement desdits gardes fermoit la marche, qui s'est faite par le quai Pelletier, le pont Notre-Dame, la rue de la Juiverie et la rue Notre-Dame ; à tous les coins des rues il avoit été placé des escouades du guet à pied pour tenir ces rues libres, et les carrosses de Messieurs suivoient.

Messieurs arrivés à la rue Notre-Dame, le bourdon a sonné suivant l'usage, et comme les gardes françaises et gardes suisses étoient dans la place devant Notre-Dame et des deux côtés, les gardes de la ville se mirent en haye dans ladite rue Notre-Dame, et les carrosses se rangèrent dans les rues adjacentes et dans le cloître, et Messieurs entrèrent dans l'église, dont la nef étoit gardée par les Cent-Suisses, le colonel des gardes de la ville ayant quitté son bâton de commandement à la porte de l'église.

Au milieu de la nef, Messieurs furent reçus par les maître et aide des cérémonies, et conduits par eux dans le chœur, qui étoit gardé par les gardes du Roi. Messieurs furent placés dans l'espace des cinq stalles à partir de la porte du chœur, lesquelles étoient réservées pour les chanoines de Notre-Dame. M. le prévôt des marchands et MM. les quatre échevins occupèrent les cinq stalles hautes ; MM. le procureur du Roi, greffier et receveur, et deux conseillers se placèrent sur un banc entre les hautes et basses stalles, et les deux autres conseillers et les deux quartiniers dans les basses stalles, et le colonel des gardes de la ville se plaça dans la stalle basse vis à vis de M. le prévôt des marchands ; les huissiers et les officiers des gardes de la ville furent placés sur des banquettes au devant des stalles basses.

Le parlement arriva ensuite, fut reçu comme l'avoit été la ville, et placé dans les hautes et basses stalles à droite en entrant dans le chœur, s'étendant depuis la chaire de M. l'archevêque jusqu'aux premières stalles, près la porte du chœur, laissées aussi pour les chanoines de Notre-Dame, M. le premier président occupant la première stalle haute à côté de la chaire-de M. l'archevêque ; M. le gouverneur de Paris, qui étoit venu avec le parlement, étoit placé dans la stalle après celle qu'occupoit M. le premier président, et après lui étoit un président à mortier. MM. les présidents à mortier avoient leurs robes de fourrure et leurs mortiers, et MM. les conseillers étoient en robes rouges.

La chambre des comptes, et ensuite la cour des aides, l'une et l'autre en robes de cérémonie, furent reçues de même, et placées, savoir : la chambre des comptes, dans les hautes et basses stalles à gauche, M. le premier président, vis-à-vis celui du parlement, et la cour des aides, à la suite de la chambre des comptes, s'étendant jusqu'aux places occupées par le corps de ville.

Le Conseil, à la tête duquel étoit M. le garde des sceaux, entra par la porte collatérale du chœur, du côté du cloître, et fut placé sur des formes, au pied de la chaire de M. l'archevêque.

Et le clergé de France, qui entra par la grande porte du chœur, fut placé à la droite, et près le maître autel, dans le sanctuaire.

Le Roi, qui avoit pris son carrosse de cérémonie à la demi-lune du Cours, arriva à l'endroit où était ci-devant la porte de la Conférence, à cinq heures un quart. Sa Majesté étoit accompagnée dans son carrosse, de Monsieur, de Monseigneur comte d'Artois, de M. le duc de Chartres, de M. le Prince de Condé et de M. le duc de Bourbon, et étoit précédée et suivie des grands officiers de sa maison et des seigneurs de sa cour.

Le Roi trouva audit endroit la compagnie des gardes de la ville ; les canons des Invalides, ainsi qu'une partie de ceux de la ville qui avoient été transportés à la place de Louis Quinze, firent une décharge. Les régiments des gardes françaises et gardes suisses formoient une haye depuis cet endroit jusqu'à Notre-Dame : Sa Majesté, accompagnée de gardes du corps et précédée du guet, des gendarmes et des chevau-légers, de sa fauconnerie et du vol du cabinet, et les chevaux allant au pas, s'est rendue à Notre-Dame en suivant le quay des Thuilleries, le pont Royal, le quay des Théatins, celui de Conty, le pont Neuf, le quay des Orfèvres, la rue Saint-Louis, le Marché-Neuf et la rue Notre-Dame.

A l'arrivée du Roi à Notre-Dame, la partie de l'artillerie de la ville qui étoit placée sur le port au Bled, a fait une décharge. Il étoit alors six heures moins un quart ; Sa Majesté fut reçue à la-porte de l'église par M. l'archevêque en chape, à la tête de son clergé, lequel, après lui avoir présenté l'eau bénite et l'avoir complimentée, l'a conduite dans le chœur, au milieu duquel Sa Majesté s'est placée sous un dais, ayant devant Elle un prie-Dieu, et derrière un fauteuil. Les Princes étoient derrière Sa Majesté ayant des ployants pour s'asseoir, et autour d'Elle étoient les officiers de la couronne et les principaux officiers de Sa Majesté.

La partie gauche du sanctuaire étoit remplie de seigneurs, ministres et ambassadeurs, et la nef étoit ornée des plus belles compagnies placées sur des banquettes formant gradins.

Après que Sa Majesté eut fait sa prière, M. l'archevêque monta dans sa chaire et entonna le Te Deum, qui fut chanté par la musique de Notre-Dame, laquelle étoit dans le jubé. Au Sanctus, il fut fait une décharge de l'artillerie de la ville, qui étoit, comme on l'a dit, au port au Bled. Après le Te Deum, Sa Majesté s'en est allée, reconduite par M. l'archevêque et les chanoines.

A cette sortie de l'église, il fut encore fait une décharge de l'artillerie de la ville ; il étoit alors sept heures un quart.

Sa Majesté est remontée en carrosse, a repris la même route qu'Elle avoit tenue, a trouvée toutes les maisons illuminées et fait jeter de l'argent au peuple, ainsi qu'elle avoit fait allant à Notre-Dame. La compagnie des gardes de la ville étoit restée à la porte de la Conférence, et se trouva sous les armes au retour de Sa Majesté, lors du passage de laqu'Elle il fut fait une décharge de l'artillerie de la ville ; et Sa Majesté ayant quittée son carrosse de cérémonie à la demie-lune du cours, est retournée à Versailles.

Immédiatement après que le Roi fut sorti de Notre-Dame, les cours et compagnie s'en allèrent : le parlement et la cour des aides par la grande porte du chœur, la chambre des comptes et le conseil par la porte collatérale du chœur du côté du cloître, et le clergé par celle de l'Archevêché.

M. le gouverneur devant revenir à l'hôtel de ville pour voir tirer le feu d'artifice, proposa à Messieurs de s'y rendre avec le corps de ville, ce que Messieurs acceptèrent avec joie.

M. le gouverneur et le corps de ville sortis de Notre-Dame par la grande porte du chœur, la marche pour revenir à l'hôtel de ville se fit ainsi :

Les gardes de la ville avec leurs drapeaux, tambours et instruments, et à leur tête, leur colonel ;

Les valets de pied et coureurs de M. le gouverneur ;

Ses Suisses ;

Ses gardes, lesquels précédoient et bordoient les carrosses ci-après :

Un carrosse de M. le gouverneur, dans lequel il étoit avec M. le prévôt des marchands et avec MM. les premier et deuxième échevins ; dans le fond, M. le gouverneur à droite de M. le prévôt des marchands ; à gauche et sur le devant, MM. les échevins ; Un autre carrosse de M. le gouverneur, dans lequel étoient MM. les troisième et quatrième échevins, procureur du Roi et greffier.

Et un autre carrosse de M. le gouverneur, dans lequel étoit M. le receveur seul.

Ensuite les carrosses de Messieurs, dans lesquels étoient MM. les conseillers et quartiniers, et les gentilshommes de M. le gouverneur.

Arrivés à la place de l'Hôtel de ville, les gardes de la ville se sont mis en haye de chaque côté, depuis le quay Peletier jusqu'à l'hôtel de ville, et le cortège a passé entre ces deux lignes. On est monté à l'hôtel de ville et on s'est retiré dans le petit bureau. Les Suisses et gardes de M. le gouverneur et les gardes de la ville ont pris leurs postes comme Je jour que M. le gouverneur est venu à l'hôtel de ville pour la procession autour du feu de bois.

Messieurs, rentrés, quittèrent leurs robes de velours, prirent leurs robes noires pour la reconduite de M. le gouverneur après le feu d'artifice ; s'il n'y eût eu cette cérémonie, ils se seroient mis en manteaux.

Les compagnies invitées par M. le gouverneur et Messieurs étoient dans la grande audience et dans la grande salle au-devant des croisées desquelles pièces on avoit formé en dedans des espèces de loges pour renfermer chaque compagnie ; M. le gouverneur occupoit la première croisée de la grande audience et celle du cabinet ensuite ; M. le prévôt des marchands l'autre croisée de la grande audience et deux croisées du grand grenier[1].

MM. les échevins, procureur du Roi, greffier et receveur avoient chacun une croisée dans la grande salle ; MM. les conseillers, la chambre de la Reine, et MM. les quartiniers, leur chambre ordinaire dans le pavillon du côté du Saint-Esprit ; le colonel des gardes de la ville et l'architecte, les croisées de la chambre du domaine, et au devant de l'hôtel de ville étoit un amphithéâtre pour les hommes, sur lequel avoit été faite une séparation pour les pages.

A huit heures un quart, M. le gouverneur et M. le prévôt des marchands étant convenus de faire tirer le feu d'artifice qui étoit placé dans la place près de la rivière, l'architecte de la ville donna le signal ; aussitôt les boëtes et les canons de la ville firent une décharge pendant laquelle l'artifice fut tiré à la grande satisfaction du public.

L'hôtel de ville fut illuminé.

Et on ouvrit les quatre buffets qui étoient dans la place de l'Hôtel de ville où il s'y distribua à chacun — (en blanc) — pain et fromage de Marolle au lieu de cervelas, attendu qu'il étoit jour maigre, et — (en blanc) — de vin.

Il y avoit aussi quatre orchestres sur chacun desquels étoient — (en blanc) — musiciens qui firent danser le peuple avant dans la nuit.

Sur les huit heures et demie, M. le gouverneur s'en alla, et il fut reconduit avec le même cérémonial qui avoit été observé la précédente fois qu'il étoit venu.

Les hôtels de M. le gouverneur, M. le baron de Breteuil, ministre, ayant le département de Paris, et de M. le prévôt des marchands, et les maisons de Messieurs du bureau, furent aussi illuminés par la ville, et à chacun de ces hôtels et maisons, et dans la place vis-à-vis Henry Quatre, et près le pont Royal — le Roi devant passer par là en sortant de Notre-Dame —, étoient un buffet et un orchestre pareils à ceux qui étoient dans la place devant l'hôtel de ville, et il s'y fit les mêmes distributions, et le canon tiré lors du feu d'artifice fut le signal pour l'ouverture de ces buffets et orchestres[2].

Et à minuit, le tocsin a cessé.

Messieurs du bureau, désirant témoigner au Roi la satisfaction que la ville de Paris avoit de voir la couronne assurée dans la ligne de Sa Majesté par la naissance d'un second prince, prièrent M. le prévôt des marchands d'écrire à M. le baron de Breteuil pour obtenir de Sa Majesté la permission au corps de ville d'aller lui exprimer la joye et les sentiments de sa capitale : mais M. le baron de Breteuil fit à M. le prévôt des marchands la réponse suivante :

A Versailles, le 4 avril 1785.

L'intention du Roi, Monsieur, n'est pas de recevoir les compliments des compagnies pour la naissance de son second fils. Quelque agréable que lui soit cet événement, Sa Majesté n'a pas cru devoir rien changer à cet égard à l'usage observé en circonstances pareilles.

J'ai l'honneur d'être très parfaitement, Monsieur, votre très-humble et très obéissant serviteur.

Signé : LE BARON DE BRETEUIL.

 

Il est d'usage que lors des couches de la Reine, le greffier en chef de la ville aille au bout de dix jours à Versailles, pour saluer la Reine de la part de la ville, et sçavoir plus particulièrement des nouvelles de la santé de Sa Majesté. En conséquence M. le greffier se rendit en robe à Versailles, le mardi 5 avril, alla voir madame la princesse de Chimay, dame d'honneur de la Reine, à laquelle il fit part de l'objet de sa mission. Madame la princesse de Chimay, prenant par erreur cette visite pour la visite et les compliments que M. le prévôt des marchands avoit demandé à faire pour le corps de ville, lui dit que le Roi avoit décidé que la Reine ne recevroit point de compliments de la part de la ville.

M. le greffier eut beau insister et lui expliquer la différence qu'il y avoit entre les compliments faits par le corps de la ville et la visite faite par le greffier seul comme député, madame la princesse de Chimay persista dans son refus.

M. le greffier alla voir sur-le-champ madame la princesse de Lamballe, chef du conseil et surintendante de la maison de la Reine, à laquelle il expliqua et sa mission et le refus qu'il avoit éprouvé, lui représentant, ainsi qu'il avoit fait à madame la princesse de Chimay, que la ville jouissoit de temps immémorial de l' honneur qu'il réclamoit. Madame la princesse de Lamballe sentant la force des raisons de M. le greffier, fit appeler le secrétaire de la sur-intendance et fit consulter les registres où les faits avancés par le greffier se trouvèrent constatés ; cette princesse reconnut alors ce qui avoit fait donner madame la princesse de Chimay dans l'erreur, eut la bonté de dire au greffier de se rendre à l'appartement de la Reine où elle allait, et qu'elle verroit à faire donner toute satisfaction a la ville ; mais, ayant rencontré madame la princesse de Chimay, cette dame opposa et soutint encore la décision du Roi comme regardant toute visite et compliment de la part de la ville, de sorte que M. le greffier[3] revint sans avoir eu d'audience de la Reine.

 

DÉLIVRANCE DE PRISONNIERS.

TE DEUM À SAINT-JEAN-EN-GRÈVE.

 

Messieurs désirant ne pas borner les témoignages de leur joye de la naissance de M. le duc de Normandie aux réjouissances publiques, pensèrent devoir encore l'exprimer par des actions charitables et religieuses ; en conséquence, ils arrêtèrent de délivrer tous les débiteurs de mois de nourrice qui étoient détenus à l'hôtel de la Force ou qui étoient dans les liens de contrainte par corps décernées et signifiées, et de faire chanter un Te Deum en l'église de Saint-Jean, paroisse de l'hôtel de ville. M. le prévôt des marchands fut prié de communiquer les intentions du bureau à M. le gouverneur et au ministre ayant le département de Paris, qui les approuvèrent, et M. le gouverneur ajouta qu'il se feroit un devoir d'y assister[4]. En conséquence, M. Rousseau, receveur général de la ville, fut chargé de voir MM. de Boissy, trésoriers de la compagnie de MM. de Charité, occupés de l'assistance des prisonniers, pour sçavoir d'eux et le nombre des débiteurs de mois de nourrice qui étoient dans le cas ci-dessus, et le montant de ce qu'ils dévoient. Et le jour du Te Deum ayant été fixé au samedi, trente avril, Messieurs donnèrent les ordres nécessaires à l'architecte de la ville pour que l'église fût décorée d'une manière convenable, et M. le greffier fut chargé d'en prévenir M. le curé, de se concerter avec lui principalement pour le chœur, qui devoit être occupé par le corps de ville, et sur sa réception à l'église, et il fut expédié à tous MM. les conseillers de ville et quartiniers, et au colonel des gardes de la ville, les mandemens suivans :

Monsieur Fraguier, doyen, conseiller du Roi en l'hôtel de cette ville de Paris, plaise vous trouver samedi prochain, 30 du présent mois, 4 heures de relevée, audit hôtel de ville, en robe de cérémonies, pour nous accompagner en l'église de Saint-Jean en Grève, où sera chanté le Te Deum en actions de grâces à Dieu de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance de Mgr le Duc de Normandie. Vous priant n'y vouloir faillir. Fait au bureau de la ville, le 21 avril 1785.

Le prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris, tous vôtres.

Pareils mandements seront envoyés à tous MM. les conseillers de la ville.

De par les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris,

Me Michel Martel, doyen quartinier, vous êtes averti de vous trouver samedi prochain, 30 du présent mois, 4 heures de relevée, en l'hôtel de cette ville, en robe de cérémonies, pour nous accompagner eu l'église de Saint-Jean en Grève, où sera chanté le Te Deum en actions de grâces à Dieu de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance de Mgr le Duc de Normandie. Fait au bureau de la ville, le 21 avril 1785.

Pareils mandements seront envoyés à tous MM. les quartiniers.

De par les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris.

Capitaine Hay, écuyer, capitaine général colonel des quatre compagnies des gardes de l'hôtel de cette ville, trouvés vous avec cinquante de vos nombres, en habits d'ordonnance et armes, audit hôtel de ville, samedi prochain, 30 du présent mois, 4 heures de relevée, pour nous assister en l'église de Saint-Jean en Grève, où sera chanté le Te Deum en actions de grâces à Dieu de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance de Mgr le Duc de Normandie. Sy n'y faites faute.

Fait au bureau de la ville, le 21 avril 1785.

Signé : LE PELETIER, MERCIER, J. COSSERON, MITOUART et PIGEON.

 

Il fut distribué sept cents billets pour le Te Deum, lesquels étoient conçus en ces termes :

 

Le vendredi vingt-neuf, M. Rousseau, d'après le compte qu'il avoit rendu au bureau des instructions qu'il avoit prises de MM. de Boissy, leur remit une somme de — (en blanc) — montant desdits débiteurs de mois de nourrice, qui étoient au nombre de 90, lesquels, en conséquence, furent tous ou mis en liberté ou déchargés le même jour. Grand nombre d'entr'eux témoignèrent leur reconnoissance en venant volontairement et avec empressement au Te Deum joindre leurs vœux à ceux de la ville pour la conservation des jours de la famille royale. Le bureau instruit de ce zèle, donna des ordres pour qu'ils pussent être placés dans l'église, mais sans affectation ni rien qui pût les faire connoître.

Ledit jour, samedi trente avril, jour fixé pour le Te Deum, les cloches de la paroisse Saint-Jean, qui avoient commencé à sonner la veille au soir, continuèrent à sonner dès le matin.

Sur les quatre heures, sont arrivés à l'hôtel de ville les Suisses et gardes de M. le gouverneur, qui se sont placés depuis la grande porte et le long des escaliers jusqu'au petit bureau, les gardes de la ville conservant toujours leurs postes ordinaires, et un détachement d'iceux a été s'emparer des portes de l'église Saint-Jean.

A la même heure, Messieurs se rendirent à l'hôtel de ville en robes noires, où se trouvèrent aussi MM. les conseillers et quartiniers, ainsi que les huissiers de la ville, aussi en robes noires.

A quatre heures trois quarts est arrivé à l'hôtel de ville M. le gouverneur en petit cortège, seulement avec deux carrosses. Il a été reçu par Messieurs du bureau, précédés des huissiers et du colonel des gardes de la ville — lequel portoit son bâton de commandement — près la grande porte de l'hôtel de ville, mais au dedans, et conduit au petit bureau.

Les quatre compagnies des gardes de la ville, avec les quatre drapeaux, ont formé deux lignes, depuis la grande porte de l'hôtel de ville, en passant par la rue du Martroi, jusqu'à la porte de l'église Saint-Jean, laquelle route n'avoit point été sablée parce qu'il faisoit très-sec.

A cinq heures un quart, Messieurs ayant pris leurs robes de velours, et les huissiers leurs robes de livrée, à l'exception du premier huissier qui est toujours en robes noires, on est parti à pied en l'ordre qui suit, pour se rendre en la paroisse de Saint-Jean, et passant entre les deux lignes desdits gardes de la ville.

La livrée de M. le gouverneur,

Ses Suisses et ses gardes,

Les huissiers de la ville,

Le greffier,

M. le gouverneur et M. le prévôt des marchands à sa gauche, M. le gouverneur ayant près de lui son capitaine des gardes, et M. le prévôt des marchands, le colonel des parties de la ville, portant tous deux leur bâton de commandement.

MM. les échevins deux à deux, M. le procureur du Roi et M. le receveur, MM. les conseillers de ville et MM. les quartiniers aussi deux à deux.

 

Le corps de ville, au bruit des cloches et des orgues, fut reçu à la porte de l'église, qui étoit gardée par des gardes de la ville, par M. le curé en chape, à la tête de son clergé. Il présenta l'eau bénite. On a gagné le chœur, passant entre deux files des Suisses de M. le gouverneur, qui prenoient depuis la porte en dedans jusqu'à l'entrée de la nef. Elle étoit garnie de banquettes de chaque côté pour les compagnies, et au milieu étoit un passage libre pour arriver au chœur. La principale porte, ainsi que les deux portes collatérales du chœur, étoient gardées par les gardes de M. le gouverneur ; quant aux gardes de la ville, ils étoient postés le long de la nef, des deux côtés, près les piliers qui la séparent des bas-côtés, et le long de la grille du chœur extérieurement ; une partie des gardes de la ville gardoient aussi les portes de l'église, tant intérieurement qu'extérieurement. Les drapeaux furent placés dans le chœur à droite près les marches du sanctuaire. On est entré dans le chœur.

M. le gouverneur s'est placé à droite au bas des marches du sanctuaire, dans un fauteuil de velours cramoisi galonné d'or, ayant devant lui un prie-Dieu, couvert aussi de velours cramoisi galonné d'or et un carreau pareil. M. le prévôt des marchands s'est placé à la suite de M. le gouverneur, ayant pareils fauteuil, prie-Dieu et carreau. A la suite et sur la même ligne se sont placés MM. les échevins, procureur du Roi, greffier et receveur, sur des chaises aussi de velours cramoisi galonné d'or, ayant devant eux un seul prie-Dieu, mais assez long pour garnir l'espace, et des carreaux, le tout aussi de damas cramoisi galonné d'or ; les huissiers ont été placés sur trois banquettes au bas du chœur, à la suite de la file de Messieurs, mais en retour et en face de l'autel.

Le capitaine des gardes de M. le gouverneur et le colonel des gardes de la ville se sont placés chacun sur une chaise, l'un derrière M. le gouverneur et l'autre derrière M. le prévôt des marchands.

Les conseillers de ville ont occupé les hautes et basses stalles à droite, et MM. les quartiniers les hautes stalles à gauche, et dans les basses stalles étoient les gentilshommes de M. le gouverneur, ses pages et les personnes attachées particulièrement à M. le prévôt des marchands.

Le clergé étoit placé dans le sanctuaire, les personnes invitées étoient, comme dit est, dans la nef, et le public dans les bas-côtés.

M. le curé a entonné le Te Deum, qui a été continué par la musique de la composition du sieur Gossec ; il fut exécuté par quatre-vingt-dix musiciens, qui étoient placés dans un orchestre formé à la suite des orgues, à neuf pieds d'élévation. Après le Te Deum et la prière pour le Roi, le corps de ville, les orgues jouant, a été reconduit jusqu'à la porte de l'église en dedans par M. le curé et le clergé, comme il avoit été reçu, et est revenu à l'hôtel de ville dans le même ordre qu'il en étoit parti.

A la sortie du corps de ville de l'église, il a été fait une décharge de l'artillerie de la ville.

Messieurs ayant quitté leurs robes de velours ainsi que les huissiers leurs robes de livrée et pris leurs robes noires, M. le gouverneur s'en est allé et a été reconduit de la même manière qu'il avoit été reçu, et la compagnie s'est séparée.

La nef de l'église Saint-Jean, ainsi que le jubé, avoient été décorés en partie en damas cramoisi galonné d'or et de tapisseries, et étoient ornés de lustres.

Il y avoit sur l'autel douze cierges de quatre livres chacun, huit de deux livres chaque pour les deux chapelles, quatre pour l'œuvre aussi de deux livres chaque, deux pour les acolytes de deux livres chaque et un d'une livre pour la lampe, tous aux armes de la ville[5].

L'hôtel de ville, non plus que les hôtels et maisons de M. le gouverneur, de M. le prévôt des marchands et de Messieurs du bureau, ne furent point illuminés ; les illuminations furent réservées pour le jour que la Reine viendroit à Paris.

M. le prévôt des marchands ayant été instruit par M. le gouverneur et par M. le baron de Breteuil[6] que la Reine viendroit à Paris le 24 mai pour rendre grâces à Dieu de l'heureuse naissance de Monseigneur le Duc de Normandie, en fit part au bureau, et, en conséquence, Messieurs se disposèrent pour rendre à Sa Majesté les hommages qui lui sont dus à son entrée en cette ville.

M. le prévôt des marchands s'étant concerté avec M. le lieutenant général de police, il fut convenu que le jour que la Reine viendroit à Paris, il y auroit illumination générale, et que les boutiques seroient fermées et que M. le lieutenant général de police et le bureau de la ville rendroient chacun leur ordonnance à cet effet.

En conséquence, MM. les prévôt des marchands et échevins rendirent l'ordonnance suivante :

De par les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris.

Ordonnance

Concernant les illuminations et la cessation de toute vente et de tout travail sur la rivière, sur les ports et dans les chantiers en dépendant, le mardi 24 mai 1785, jour que la Reine honorera cette ville de sa présence.

 

Du 20 mai 1785.

Il est enjoint, ce requérant le procureur du Roi et de la ville, à tous bourgeois et habitants de cette ville et fauxbourgs de Paris, de faire des illuminations aux façades de leurs maisons, et à tous marchands de cesser toute vente sur la rivière, sur les ports et dans les chantiers de cette ville, et à toutes personnes d'y cesser pareillement tout travail, mardi prochain 24 du présent mois, jour que la Reine viendra en l'église de Notre-Dame de cette ville, et à Sainte-Geneviève, pour y rendre à Dieu des actions de grâces à l'occasion de la naissance de Monseigneur le Duc de Normandie.

Faisons très expresses inhibitions et défenses à tous marchands de laisser aucuns bateaux sur la rivière dans la partie qui avoisine la place de Louis XV où il sera tiré un feu d'artifice.

Mandons aux quartiniers et autres officiers de police de l'hôtel de cette ville de tenir la main à l'exécution des présentes, qui seront lues, publiées et affichées partout où besoin sera.

Fait au bureau de la ville, le 20 mai 1785.

Signé : VEYTARD.

 

L'an mil sept cent quatre-vingt-cinq, le 21e de mai, l'ordonnnance ci-dessus a été lue et publiée, au son du tambour, en tous les lieux et endroits ordinaires et accoutumés de cette ville, par moi Germain Rathery, huissier audiencier et commissaire de police de l'hôtel de ville de Paris, soussigné, et affichée ès dits lieux.

Signé : RATHERY.

 

Messieurs firent expédier les mandements suivants à tous MM. les conseillers et quartiniers, et au colonel des gardes de la ville :

Monsieur Fraguier, doyen conseiller du Roi en l'hôtel de cette ville de Paris, plaise vous trouver mardi prochain 24 du présent mois, 8 heures précises du matin, audit hôtel de ville, en robe de cérémonies, pour nous accompagner lorsque nous irons complimenter !a Reine, à l'entrée de cette ville. Vous priant n'y vouloir faillir. Fait au bureau de la ville, le 20 mai 1785.

Les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris, tous vôtres.

 

Pareils mandements seront envoyés à tous MM. les conseillers de ville.

De par les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris.

Me Michel Martel, doyen quartinier, vous êtes averti de vous trouver mardi prochain, 24 du présent mois, 8 heures précises du matin, en l'hôtel de cette ville, en robe de cérémonies, pour nous accompagner lorsque nous irons complimenter la Reine à l'entrée de cette ville. Fait au bureau de la ville, le 20 mai 1785.

Pareils mandements seront envoyés à tous MM. les quartiniers.

De par les prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris.

Capitaine Hay, écuyer, capitaine général colonel des quatre compagnies des gardes de l'hôtel de ville, trouvés-vous avec tous ceux de vos nombres en habits d'ordonnance et armes mardi prochain, 24 du présent mois, sept heures précises du matin, audit hôtel de ville, pour nous assister lorsque nous irons complimenter la Reine à l'entrée de cette ville. Sy n'y faites faute. Fait au bureau de la ville, le 20 mai 1785.

LE PELETIER, MERCIER, COSSERON, MITOUART, PIGEON.

 

Comme en pareilles circonstances le corps de ville est obligé d'attendre l'arrivée de la Reine pour la complimenter à son entrée dans la ville, M. le prévôt des marchands écrit au surintendant des bâtiments du Roi, pour que le corps de ville puisse se retirer jusqu'au moment de l'arrivée, dans le pavillon au bas de la terrasse des Thuilleries, et sur la demande qu'en fit M. le prévôt des marchands, li. d'Angiviller lui fit la réponse suivante :

A Versailles, le 22 mai 1785.

Je reçois, Monsieur, la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'écrire pour me demander au nom de la ville de Paris l'usage du pavillon sis au bout de la terrasse des Thuilleries, pour le jour où la Reine doit faire son entrée à Paris, et je m'empresse d'y répondre. Je me fais un vrai plaisir de lui procurer cette commodité, en vous observant toutefois que cet usage réclamé par le bureau de la ville ne sçauroit être regardé comme un droit. J'adresse au contrôleur du département les ordres nécessaires pour que ce pavillon soit mardi prochain à la disposition du bureau.

J'ai l'honneur d'être avec un très parfait attachement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

D'ANGIVILLER.

 

Il fut donné des ordres à l'architecte de la ville pour faire disposer des illuminations tant à l'hôtel de ville qu'aux hôtels et maisons de M. le gouverneur, du ministre ayant le département de Paris, et de chacun de Messieurs du bureau, et aussi d'arranger l'illumination de la partie de la colonnade de la place de Louis XV qui est à la charge de la ville, pour qu'elle corresponde aux illuminations de M. le comte d'Aranda, ambassadeur d'Espagne, qui occupe le pavillon de la place Louis XV du côté des Champs-Elysées, et à celle de l'hôtel du Garde-Meuble, qui occupe la partie du côté des Thuilleries ; de faire établir des orchestres et buffets aux endroits qui seront ci-après désignés, et de faire transporter une partie de l'artillerie de la ville à la place de Louis XV, l'autre partie restant sur le port au Bled de la Grève.

Il fut aussi donné ordre au colonel des gardes de la ville de faire trouver une compagnie desdits gardes à la porte de la Conférence, pour être sous les armes au passage de la Reine.

 

Ledit jour, mardi 24 mai 1785.

Le corps de ville s'est assemblé avant neuf heures du matin à l'hôtel de ville, Messieurs étant en robes de velours, Et MM. les conseillers et quartiniers en robbes noires de cérémonies,

Le premier huissier en robe noire et six autres huissiers en robes de livrée.

On est parti de l'hôtel de ville à neuf heures et demie pour aller prendre M. le gouverneur en cet ordre :

Un détachement des gardes de la ville ouvroit la marche,

Ensuite deux carrosses dans lesquels étoient les huissiers, Un autre carrosse dans lequel étoit le colonel des gardes de la ville,

Le carrosse de M. le prévôt des marchands, dans lequel il étoit avec MM. les 1er, 2e et 3e échevins,

Un carrosse dans lequel étoient MM. les quatrième échevin, procureur du Roi, greffier et receveur,

Ensuite les carrosses dans lesquels étoient MM. les conseillers et quartiniers quatre à quatre ;

Des gardes de la ville bordoient de chaque côté ces carrosses, et un autre détachement des gardes fermoit la marche.

On est allé au pas des chevaux par le quay Peletier, la rue de Gesvres, le quay de la Mégisserie, le pont Neuf, le quay de Conti, celui des Théatins, la rue du Bac et la rue de Varennes, où est l'hôtel de M. le gouverneur, à la porte duquel étoient rangés en haye ses Suisses avec leurs pertuisanes ; Messieurs sont entrés dans leurs carrosses, précédés des gardes de la ville, dans la cour où étoient sous les armes une partie de ceux de M. le gouverneur, et ont été reçus à la descente de leurs carrosses par les officiers de la maison, et précédés desdits officiers, des huissiers, du colonel des gardes de la ville, ayant son bâton de commandant, et du greffier, ont monté le péristile au bas duquel ils ont été reçus par l'intendant des maisons et affaires de M. le gouverneur, et à la porte sur le péristile en dehors par ses gentilshommes, sont entrés dans la première pièce, qui sert de salle des gardes de M. le gouverneur, dont l'autre partie étoit sous les armes. Ainsi précédés, Messieurs ont passé plusieurs pièces, et arrivés à celle dans laquelle étoit M. le gouverneur, il s'est avancé de quelques pas pour les recevoir ; après les civilités réciproques, M. le gouverneur a invité Messieurs à s'asseoir, ce qu'ils ont fait. Peu de temps après on est venu avertir M. le gouverneur que tout étoit prêt pour la marche, on est alors sorti de l'appartement dans le même ordre qu'on y étoit entré, M. le gouverneur ayant pris la droite de M. le prévôt des marchands, M. le gouverneur et Messieurs sont montés dans les carrosses de M. le gouverneur qui est monté le premier dans le sien, et on s'est rendu à la porte de la Conférence dans l'ordre qui suit :

Deux cavaliers de la garde de Paris,

Les compagnies de l'arc et de l'arquebuse auxquelles M. le gouverneur avoit permis de marcher avec le cortège,

Un gros détachement des gardes de la ville, avec drapeaux, enseignes et instruments,

Deux carrosses de la ville dans lesquels étoient les huissiers,

Un autre carrosse de la ville dans lequel étoit le colonel des gardes de la ville, portant son bâton de commandement,

Deux trompettes aux livrées de M. le gouverneur,

L'officier de ses Suisses à cheval,

Les Suisses de M. le gouverneur portant leurs pertuisanes,

Des gardes de M. le gouverneur, à pied, commandés par leurs officiers, et d'autres qui bordoient les carrosses dont va être parlé :

Le carrosse de cérémonies de M. le gouverneur, dans lequel il étoit à droite avec M. le prévôt des marchands à sa gauche dans le fond, et MM. les premier et second échevins sur le devant ; ce carrosse étoit accompagé par le capitaine et le lieutenant des gardes de M. le gouverneur à cheval et suivis chacun d'un palefrenier aussi à cheval, avec des housses aux armoiries de M. le gouverneur ; deux de ses pages étoient sur le devant près le siège du cocher, et quatre autres pages étoient derrière le carrosse. Les gens de livrée de M. le gouverneur étoient de droite et de gauche, deux desquels tenoient les boutons des portières, et les gens de livrée de M. le prévôt des marchands et de MM. les premier et second échevins étoient aussi le long du carrosse.

Un second carrosse de M. le gouverneur, dans lequel étoient MM. les troisième et quatrième échevins, procureur du Roi et greffier.

Un troisième carrosse de M. le gouverneur, dans lequel étoit M. le receveur seul.

Et deux autres carrosses aussi de M. le gouverneur dans lesquels étoient huit de MM. les conseillers.

Autour de tous ces carrosses étoient les gens de livrée de M. le gouverneur, dont, à chacun, deux tenoient les boutons des portières, et les gens de livrée de MM. et des sieurs conseillers et quartiniers étoient sur les côtés.

Des gardes de M. le gouverneur étoient, comme on l'a dit, le long desdits carrosses de chaque côté.

Les carrosses de la ville dans lesquels étoient les autres conseillers de ville et les quartiniers, quatre à quatre, et leurs gens de livrée à pied de chaque côté.

Et ensuite les carrosses de la ville qui étoient restés vuides.

Des gardes de la ville sur les ailes, depuis le premier desdits carrosses de la ville, et un détachement desdits gardes ferrnoit la marche.

On a repris la rue du Bacq, le Pont-Royal et le quay des Thuilleries jusqu'au bout à l'endroit où étoit anciennement la porte de la Conférence.

Le corps de ville est descendu de carrosse, et on est entré dans le petit pavillon au bout de la terrasse des Thuilleries, pour y attendre l'arrivée de la Reine.

Les gardes de la ville se sont placés sur deux lignes de droite et de gauche, enseignes déployées, depuis la porte du corps de garde de la garde des ports et quais en s'étendant du côté de la place du Roi et du petit Cours, et les gardes de M. le gouverneur se sont placés aussi sur deux lignes de droite et de gauche depuis ladite porte dudit corps de garde en tirant vers la ville, parce que lorsqu'il y avoit une porte les gardes de M. le gouverneur étoient placés en dedans et ceux de la ville en dehors, et 4'intervalle qui se trouve entre ces deux corps est la place où le corps de ville complimente, comme représentant le dehors de la porte.

Les deux compagnies de l'arc et de l'arquebuse se sont placées par delà les gardes de la ville, côté du petit Cours.

La porte du petit Cours étoit, ardée à droite par une compagnie de la garde de Paris à pied avec drapeau, et, à gauche, par un détachement de ladite garde à cheval.

Toute la route que la Reine devoit tenir étoit gardée depuis l'endroit où étoient postés les gardes de M. le gouverneur par les gardes françoises et les gardes suisses.

Une partie de l'artillerie de la ville étoit placée, comme dit est, dans la place de Louis XV, en face du petit Cours.

Sur les neuf heures et demie, on entendit tirer le canon de l'hôtel royal des Invalides, ce qui fit juger que la Reine alloit arriver. Messieurs sortirent de l'endroit où ils s'étoient retirés et vinrent se placer à l'endroit ci-devant indiqué pour le compliment.

Sa Majesté, qui avoit pris ses voitures de cérémonies au rond du Cours, arriva audit endroit où étoit ci-devant la porte de la Conférence. Sa Majesté avoit cinquante gardes du corps du Roi et le plus brillant cortège, et Elle étoit accompagnée dans sa voiture de Madame Elisabeth, de Madame Adélaïde et d'autres princesses.

Ce carrosse étoit précédé et suivi d'autres carrosses dans lesquels étoient les officiers et dames de la cour de Sa Majesté.

Le carrosse de la Reine s'arrêta, et la portière fut ouverte par un de ses valets de pied ; alors le corps de ville s'est avancé, et, présenté par M. le gouverneur, a mis un genou à terre, et M. le prévôt des marchands a adressé un compliment a la Reine.

La Reine a répondu de la manière la plus gracieuse, et avec les grâces qui lui sont personnelles.

La portière refermée, le cortège, qui étoit terminé par un détachement du guet à cheval, a suivi sa marche ci-après décrite.

Alors les canons de la ville, qui étoient dans la place de Louis XV, firent une décharge.

Le corps de ville est remonté en carrosse et est revenu à l'hôtel de ville, dans le même ordre qu'il en étoit parti, à l'exception qu'il n'étoit escorté que d'un très petit nombre de gardes de la ville, le surplus étant resté à la porte de la Conférence pour attendre le passage de la Reine à son retour.

M. le gouverneur n'a pas été reconduit chez lui comme il est d'usage, attendu qu'il s'est rendu en diligence à Notre-Dame avec M. le prévôt des marchands, pour y attendre la Reine et faire leur cour à Sa Majesté.

La Reine a continué sa-route par le quay des Thuilleries, le Pont-Royal, le quay des Théatins, ceux des Quatre-Nations et de Conti, le Pont-Neuf, le quay des Orfèvres, la rue Saint-Louis, le Marché-Neuf et la rue Notre-Dame.

A l'arrivée de la Reine à Notre-Dame, le surplus de J'artillerie de la ville qui étoit placé sur le port au Bled de la Grève, a fait une décharge.

A la sortie de la Reine de Notre-Dame, pareille décharge de l'artillerie de la ville.

Sa Majesté, pour aller à Sainte-Geneviève, a pris la rue Notre-Dame, le Marché-Neuf, le pont Saint-Michel, la rue de la Bouderie, la rue Saint-Séverin, la rue Saint-Jacques, le marché, la place de la Nouvelle-Eglise jusqu'à Sainte-Geneviève.

Les gardes françoises et suisses bordoient ces rues des deux côtés.

Au sortir de Sainte-Geneviève pour se rendre au palais des Thuilleries, la Reine a pris la place de la Nouvelle-Eglise, la rue Saint-Jacques à gauche, la rue Saint-Thomas, la rue d'Enfer, la rue des FrancsBourgeois, la rue de Vaugirard, la rue de Tournon, la rue des QuatreVents, la rue de la Comédie-Françoise, la rue Dauphine, le Pont-Neuf, la rue de la Monnoie, la rue du Roule, la rue Saint-Honoré, la rue Saint-Nicaise, la place du Carrousel et aux Thuilleries.

Il étoit deux heures lorsque Sa Majesté est rentrée.

Tout service militaire des gardes françoises et suisses a alors cessé, la Reine étant censé être incognito à Paris. En conséquence, la compagnie des gardes de la ville qui étoit à la porte de la Conférence fut aussi retirée.

La Reine a dîné aux Thuilleries, ensuite a été à l'Opéra.

A huit heures, il s'est fait une décharge de l'artillerie de la ville.

Sa Majesté, après l'Opéra, s'est rendue au Temple où Elle a soupé.

Au sortir du souper, Sa Majesté a pris par les remparts, depuis la rue du Temple jusqu'à la rue des Capucines, est entrée dans la place de Vendosme, a pris la rue Saint-Honoré à droite, et s'est rendue à la place de Louis XV, où Sa Majesté a vu tirer le bouquet d'artifice que M. le comte d'Aranda, ambassadeur d'Espagne, avoit fait placer sur les combles de son hôtel, faisant partie des bâtiments de la place. Il étoit alors minuit.

Après que Sa Majesté a eu vu l'illumination de la Colonnade, Elle est revenue par la rue Saint-Honoré, est rentrée dans la place de Vendosme et est rentrée aux Thuilleries par la rue Saint-Honoré.

La ville avoit fait établir un orchestre et un buffet, scavoir : sur le rempart du Temple, sur celui de Bonne-Nouvelle, sur celui de la Comédie-Italienne, à la place de Vendosme et en la place devant l'hôtel de ville. Les distributions se sont faites à ces quatre premiers buffets, successivement à mesure du passage de Sa Majesté, et comme Sa Majesté est revenue à la place de Vendosme, Elle s'est donnée le plaisir de voir cette distribution qui s'y faisoit alors.

Quant à celle de la Grève, elle s'est faite à dix heures. M. le gouverneur, M. le prévôt des marchands et M. le lieutenant de police ensemble ont accompagné la Reine partout.

Le mercredi vingt-cinq mai, la Reine a dîné chez madame la princesse de Lamballe, s'est rendue à la Comédie-Italienne, et est ensuite partie pour Versailles.

Arrêté au bureau de la ville, le — (en blanc) — mai mil sept cent quatre-vingt-cinq.

LE PELLETIER, MERCIER, COSSERON, PIGEON.

 

 

 



[1] Places désignées dans l’hôtel de ville.

places

1.

M. le gouverneur.

Une croisée de la grande audience et celle du cabinet ensuite. 30

2.

M. le prévôt des marchands.

Une croisée de la grande audience et les deux croisées du grand grenier

72

3.

M. le 1er échevin.

La première croisée de la grand'salle

15

4.

M. le 2e échevin.

La 2e croisée de la grand'salle

15

5.

M. le 3e échevin.

La 3e croisée de la grand'salle

15

5.

M. le 4° échevin.

La 4e croisée de la grand'salle

15

7.

M. le procureur du Roi.

La 5e croisée de la grand'salle et son parquet.

25

8.

M. le greffier.

La 6e croisée de la grand'salle.

15

9.

M. le receveur.

La 7e croisée de la grand'salle.

15

10.

MM. les conseillers.

La chambre de la Reine

11.

MM. les quartiniers.

Leur chambre dans le pavillon, côté de la rivière.

12.

Le colonel des gardes de la ville et l'architecte de la ville.

Les croisées de la chambre du domaine.

13.

L'amphithéâtre devant l'hôtel de ville pour les hommes, dans lequel amphithéâtre il y aura une séparation pour MM. les pages,

600

 

[2] État des buffets et orchestres qui seront placés dans Paris le 1er avril 1785, à cause de la naissance de M. le Duc de Normandie.

Place Louis XV, près la terrasse des Thuilleries. — Buffet chez M. le baron de Breteuil

1

Rue de Grenelle. — Buffet chez M. le gouverneur de Paris

1

A côté de sa porte *. — Buffet chez M. le prévôt des marchands

1

A la descente du pont Neuf, près la rue de la Monnoie. — Buffet chez M. le 1er échevin, **

1

Rue Thibautodez, à sa porte. — Buffet chez M. le 2e échevin ***

1

Rue de Beaune, à sa porte. — Buffet chez M. le 3e échevin ****

1

Cloître des Bernardins. — Buffet chez M. le 4e échevin *****

1

Sur le boulevard de la rue de Bondy. — Buffet chez M. le procureur du Roy et de la ville

1

Rue Neuve-Saint-Augustin, près la rue Louis-le-Grand. — Buffet chez M. le receveur

1

Place Dauphine. — Buffet devant la place Henri IV,

1

Entre la porte des Thuilleries et le guichet neuf pour M. le greffier. — Buffet aux environs du pont Royal,

1

Buffets dans la place de Grève,

4

15

* Le prévôt des marchands était alors messire Louis Le Peletier, chevalier, marquis de Montmélian, seigneur de Morfontaine, Plailly, Beaupré, Othis, etc., conseiller d'État. — Il demeurait rue Notre-Dame de Nazareth.

** Mercier, rue Saint- Germain l'Auxerrois.

*** M. Cosseron.

**** M. Mitouard, écuyer, conseillé du Roi, quartinier de la ville, docteur en médecine, etc.

***** M. Pigeon, avocat au parlement, conseiller du Roi, lieutenant général au bailliage du palais.

[3] Note sur la visite à la Reine le dixième jour de ses couches.

La vraie raison qui a occasionné le refus qu'a éprouvé M. le greffier est que M. ie prévôt des marchands. nonobstant l'usage immémorial, a prétendu que c'étoit à lui et non au greffier à faire la visite et le compliment au bout des dix jours ; qu'il en avoit écrit en conséquence à madame la princesse de Chimay ; que cette dame avoit parlé au Roi de cette demande de M. le prévôt des marchands, comme extraordinaire, n'en étant fait mention dans les registres tenus à la cour, et que le Roi avoit décidé qu'il ne devoit être rien innove ;

Que, d'après cela, madame la princesse de Chimay, soit par ménagement pour M. le prévôt des marchands, soit involontairement, avoit confondu la visite du député et celle du chef.

Le désappointement du greffier fut grand. Il ne resta pas isolé :

Une lettre de M. de Nantouillet révèle d'autres froissements d'amour-propre et de vanité.

Paris, ce 14 avril 1785.

J'ai reçu, Monsieur, en rentrant chez moi ce matin, les notes que vous aviés eu la bonté de m'envoyer. Voulés-vous bien que je vous en renouvelle mes remerciments, et en même temps que je vous prie de me permettre de vous faire une observation sur la manière dont le chef de brigade des gardes de M. le comte d'Artois a été reçu à la ville.

Il me semble qu'il ne devroit être traité en aucune manière comme l'officier des cérémonies, qui vient de la part du Roy, non-seulement pour confirmer la nouvelle annoncée par l'officier des gardes du corps du Roy, mais qui en outre apporte une lettre et les ordres de Sa Majesté.

J'ignore, Monsieur, comment le chef de brigade des gardes du corps du Roy est traité à la ville lorsqu'il vient annoncer la naissance des enfants du Roy ; je ne puis le sçavoir, puisque je ne dois jamais me trouver avec lui.

Mais quand même ce dernier auroit le même traitement que le grand maître ou le maître des cérémonies, je crois que relativement à la dignité du Roy même, il doit y avoir une différence entre ses officiers, venant de sa part, et ceux de M. le comte d'Artois.

Ma réflexion. Monsieur, me paroît juste et très-fondée. Si vous la trouvés telle (car les honneurs sont relatifs à la dignité de celui qui envoie, et non à la personne même de l'envoyé), je crois qu'il ne seroit pas inutile d'en faire mention sur les registres, en y portant, si vous le jugez à propos, l'extrait de ce que j'ai 1 honneur de vous mander.

Permettez-moi encore de vous demander, Monsieur, si l'officier des gardes de M. le comte d'Artois a eu un présent de la ville comme celui des garde du corps du Roy.

Je vous demande pardon de mon importunité ; mais j'avois oublié ce matin de vous faire cette observation.

J'ai l'honneur d'être avec un très-parfait attachement, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

NANTOUILLET.

[4] Messieurs ne s'oubliaient pas eux-mêmes, ainsi que le témoignent les états suivants :

État de la dépense d'une demi-collation ensuite de la procession autour du feu de bois allumé et artifice tiré dans la place devant l'hôtel de ville le lundi 28 mars 1785, en réjouissance de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance de Mgr le Duc de Normandie.

A M. le gouverneur, deux cents livres

200

lt.

A M. le prévôt des marchands. id.,

200

A M. Mercier, 1er échevin, cent cinquante livres

150

A M. Cosseron, 2e échevin, cent livres

100

A M. Mitouard, 3e échevin, id.

100

A M. Pigeon, 4e échevin. id.

100

A M. le procureur du Roi, cent titres

100

A M. l'avocat du Roi, cinquante livres

50

A M. le greffier, cent livres. 100 AM. le receveur, id.

100

A MM. les conseillers de ville. cent cinquante livres

150

A MM. les quartiniers, cent livres

100

1.450

lf.

Arresté la dépense comprise au présent état à la somme de quatorze cent cinquante livres, par nous prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris, du consentement du procureur du Roi et de la ville, laquelle somme sera payée aux y nommés par Pierre Rousseau, écuyer, receveur des domaines, aydes, dons, octrois et fortifications de la ville, sans qu'il soit tenu de rapporter d'autre acquit que ces présentes, et sera ladite somme passée et allouée en la dépense de ses comptes sans difficulté.

Fait au bureau de la ville le six août 1785.

LE PELLETIER, MERCIER, J. COSSERON, JOLLIVET, MITOUARD, PIGEON.

———————————————

État des collations fournies à l'hôtel de ville de Paris, à cause du Te Deum à Notre-Dame, en présence du Roi, et du feu d'artifice tiré dans la place de l’Hôtel de ville le 1er avril 1785, au sujet de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance de Mgr le Duc de Normandie.

A M. le duc de Brissac, gouverneur de Paris, quatre cents livres

400

lt.

A M. Le Peletier, prévôt des marchands, quatre cents livres

400

A M. Mercier, 1er échevin, trois cents livres

300

A M. Cosseron, 2e échevin, deux cents livres

200

A M. Mitouart, 3e échevin, id.

200

A M. Pigeon, 4e échevin, id.

200

A M. le procureur du Roi et de la ville, deux cents livres

200

A M. l'avocat du Roi, cent livres

100

A M. le greffier, deux cents livres

200

A M. le receveur, id.

200

A MM. les conseillers de ville, trois cents livres

300

A MM. les quartiniers, deux cents livres

200

Aux autres officiers de la ville

Au colonel des gardes de la ville, vingt-cinq livres

25

Au concierge de la ville, id.

25

Au substitut de M. le procureur du Roi et de la ville, vingt-cinq livres

25

Au premier commis du greffe, vingt-cinq livres

25

A l'architecte de la ville, vingt-cinq livres

25

A lui comme maître des œuvres de charpenterie, cinquante livres

50

Au secrétaire de M. le prévôt des marchands, vingt-cinq livres

25

Au Sr Boudeau, commis au greffe de la ville, id.

25

Aux clercs du greffe, douze livres

12

Aux quatre procureurs de la ville, quarante livres

40

Aux huissiers, quarante livres

40

Aux gardes de M. le gouverneur, dix-huit livres

18

Aux chefs des compagnies des gardes de la ville, quarante-cinq livres

45

Au capitaine conducteur des feux d'artifice, vingt-cinq livres

25

A Jacques Tirot, serviteur de la ville, vingt-cinq livres

25

Total du contenu au présent état, trois mille trois cent quarante livres 

3.340

lt.

Arresté la dépense comprise au présent état à la somme de trois mille trois cent cinquante livres par nous prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris, du consentement du procureur du Roi et de la ville, laquelle somme sera payée aux y nommés par Pierre Rousseau, écuyer, receveur des domaines, aides, dons, octrois et fortifications de la ville, sans qu'il soit tenu de rapporter autre acquit que ces présentes. Et sera ladite somme passée et allouée en la dépense de ses comptes sans difficulté. Fait au bureau de la ville le six avril 1785.

LE PELLETIER, MERCIER, J. COSSERON, JOLLIVET, MITOUARD, PIGEON.

———————————————

État de la dépense d'une demie collation ensuite du Te Deum que la ville a fait chanter le samedi 30 avril 1785, en l'église de Saint-Jean, en actions de grâces de l'heureux accouchement de la Reine et de la naissance de Mgr le Duc de Normandie.

A M. le gouverneur, deux cents livres

200

lt.

A M. le prévôt des marchands, id.

200

A M. Mercier, 1er échevin, cent cinquante livres

150

A M. Cosseron, 2e échevin, cent livres

100

A M. Mitouard, 3e échevin, id.,

100

A M. Pigeon, 4e ëchevin, id.

100

A M. le Procureur du Roi, cent livres

100

A M. l'avocat du Roi, cinquante livres

50

A M. le greffier, cent livres

100

A M. le receveur, id.,

100

A MM. les conseillers de ville, cent cinquante livres

150

A MM. les quartiniers, cent livres

100

1.450

lt.

Arresté la dépense comprise au présent état à la somme de quatorze cent cinquante livres par nous prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris, du consentement du procureur du Roi et de la ville, etc.

[5] Te Deum à Saint-Jean.

12 cierges pour le maître-autel de 4 livres chacun, la douille de 10 lignes de large et de 8 pouces de profondeur.

8 cierges pour les deux chapelles de 2 livres chacun.

4 cierges pour l'œuvre de 2 livres chacun.

2 cierges pour les acolytes de 2 livres chacun.

1 cierge pour la lampe de 1 livre.

1 paquet de bougies à baguette.

[6] A Versailles, le 19 mai 1785.

La Reine devant, Monsieur, aller à Paris le mardi 24 de ce mois, le Roi m'a ordonné de vous en informer et de vous marquer que Sa Majesté, souhaite que vous vous trouviés ainsi que le corps de ville au bout du quai des Thuilleries pour y recevoir la Reine lorsqu'Elle y arrivera. Elle doit se rendre d'abord à Notre-Dame pour y entendre la messe ; Elle ira ensuite faire sa prière à Sainte-Geneviève, d'où Elle reviendra dîner aux Thuilleries,

J'ai l'honneur d'être très-parfaitement, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Le baron de BRETREUIL.