LA VIE INTIME D'UNE REINE DE FRANCE AU XVIIe SIÈCLE

 

CHAPITRE VII. — ARTS ET ARTISTES.

 

 

Marie de Médicis a aimé les œuvres d'art plutôt par esprit de magnificence que par goût d'amateur délicat. — Ses commandes. — Elle n'a exercé aucune influence sur les artistes de son temps. — Sa passion pour les joyaux ; ses joailliers préférés ; elle se ruine en achats de diamants ; parures variées et élégantes qu'elle fait faire. — Les œuvres d'orfèvrerie exécutées pour elle ; son orfèvre Nicolas Roger. — Relations avec les architectes. — Son principal architecte Salomon de Brosse ; elle le fait travailler au château de Montceaux et lui fait construire le Luxembourg. — Le palais du Luxembourg, œuvre purement française. — Relations avec les peintres ; abondance de tableaux et de portraits commandés par Marie de Médicis. — Les peintres de la reine ; François Porbus ; nombreux portraits des enfants. — Les tapisseries ; Marie de Médicis fait une pension à Decomans et la Planche : le tapissier de la reine, Antoine Mesnillet, chargé d'aller lui rechercher au loin des tentures de prix. — Les sculpteurs ; Marie fait travailler Pierre de Franqueville et commande pour le Pont-Neuf la statue d'Henri IV. — Histoire de cette statue d'après la correspondance de la reine. — Protection accordée par Marie de Médicis à divers artistes ; les gens de métiers ; pensions à des jeunes gens allant en Italie.

 

Elevée dans le goût des arts au milieu des richesses dont son père avait rempli le Pitti, Marie de Médicis aima les belles choses. Elle ne fut jamais une artiste proprement dite. Elle n'a jamais rien laissé qui puisse la faire comparer à des amateurs éminents rapprochés comme elle du trône ou placés sur le trône même. Un peu épaisse de nature et sans finesse intellectuelle, elle a manifesté pour les arts ce goût très large de princesse aimant la magnificence et s'entourant sans compter d'objets confusément riches, plutôt que l'attrait délicat d'une femme distinguée qui choisit. Elle s'est montrée héritière des Médicis en conservant d'eux le désir de paraître mécène, de bâtir, de faire travailler les artistes ; mais de goût vraiment personnel elle n'en a eu que pour les pierreries, lesquelles durant son enfance elle avait appris à discerner avec science. Le désir de témoigner dans les cadeaux qu'elle faisait ce qu'elle appelait notre grandeur et libéralité a contribué également à multiplier les commandes qu'elle adressait aux artistes. Avoir autour d'elle des œuvres de toutes sortes, tableaux, statuettes, tapisseries, tentures de soie, pièces d'argent, aiguières ; dans ses coffres quantité de diamants ; puis distribuer aux principales dames de sa maison, à ses amies, à ses connaissances proches ou lointaines, aux étrangers de passage à Paris, aux princes et princesses d'Angleterre, d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne, d'infinis objets analogues à ceux qu'elle avait accumulés au Louvre, telle fut la double raison qui donna naissance à ses relations avec les artistes de son temps.

Elle n'a exercé aucune influence sur eux ; l'art du XVIIe siècle ne lui doit rien. Trop peu douée pour imprimer une direction, elle a été la femme riche qui commande et paie ce qu'on lui donne. Une seule fois elle a songé à dicter l'imitation d'un genre : ce fut lorsqu'elle émit l'intention d'avoir dans le Luxembourg un monument inspiré du palais Pitti de Florence qu'elle aimait tant. L'architecte ne tint pas compte de ses idées et construisit un édifice français[1].

 

Il serait difficile de trouver reine de France qui ait apporté une passion aussi ardente que Marie de Médicis pour tout ce qui était joaillerie et orfèvrerie. Assurément le goût en était répandu dans les cours de l'Europe à ce moment, et Marie avait été à bonne école à Florence où les portraits de sa famille ruisselants de perles et de diamants attestent encore la mode prédominante du jour. A une réception de 1612 au Louvre, le rédacteur du Mercure français notait que la reine Marguerite de Navarre et la comtesse de Soissons étaient si couvertes de pierreries, qu'on ne pouvoit presque pas discerner l'étoffe sur laquelle elles estoient. D'autre part l'achat de pierres précieuses constituait alors une manière de placement de capitaux. En cas d'aventure fortuite, de fuite obligatoire précipitée, — et l'événement est fréquent à ces époques de trouble, — il était plus aisé d'emporter dans quelque coffret une somme considérable sous forme de collier de diamants, que d'entasser et de compter de lourds écus encombrants. Marie de Médicis a passé la mesure et des précautions et des nécessités princières[2].

Il serait aisé de reconstituer la liste des principaux orfèvres-joailliers du Pont-aux-Changeurs de ce moment rien qu'avec les quittances, les comptes et les ordres échangés entre la reine et eux : Louis de la Haye, à l'enseigne du Moulinet, François Dujardin, Pierre Courtois, Jean Subtil, ouvrier particulièrement habile et heureux, Mathieu Lescot, Claude Bourdon, Claude Couturier Jean Chancel, Nicolas Chrestien, Paul Louvigny, Paris Turquet, Claude de Cambrai, Martin Bachelier... La plupart, au temps de la foire de Saint-Germain, s'installaient au faubourg, et c'était la brillante saison pour la vente, la reine achetant beaucoup pour elle, pour ses amies et mettant en loterie des objets d'art dispendieux. Elle ne se bornait pas aux boutiquiers du Pont-aux-Changeurs ; elle s'adressait encore à Corneille Roger, joaillier de la rue Saint-Honoré, à François le Prestre, qui vendait à la galerie du Palais ; et apprenant même qu'il y avait à Châtellerault certain adroit orfèvre du nom de Luc Roiset, elle l'attachait à sa maison par un titre honorifique[3]. Les Français enfin ne lui suffisant pas, elle entre en relations avec des marchands de tous les pays, parce qu'elle veut avoir les plus beaux diamants qui pourront se trouver à vendre sur un point quelconque de l'Europe : le Flamand Hélie Fruit, à qui vont les plus fortes commandes ; puis les Allemands Georges Langraf, Jean Pitten, Gilbert Hessing, Hottman, l'Anglais Nicolas James, les Italiens Andréa Fioravanti et Jean Castruccio, lequel demeure à Prague. Les uns et les autres ont d'ailleurs correspondants ou boutiques à Paris. Enfin, non contente d'aller quotidiennement examiner les nouveautés ou de recevoir dans ses appartements les marchands qui lui apportent leurs créations, elle a près d'elle, à demeure, avec la qualité de valet de chambre, un des plus habiles orfèvres-joailliers du temps, Nicolas Roger, qui travaille pour elle sans discontinuer, entretient les innombrables pièces qu'elle possède et garde les clefs des meubles où les objets d'art sont conservés. Homme de confiance, s'il en fut, donnant des conseils, à demi familier, Nicolas Roger se verra chargé par la reine de missions semi-politiques, et sa place dans la famille royale est telle que Louis XIII se l'attachera en 1616 comme premier valet de garde-robe en lui confiant aussi la clef des coffres, et qu'Henriette, la future reine d'Angleterre, voudra l'avoir en qualité de son orfèvre-joaillier[4].

Bien que sur les portraits du début du XVIIe siècle les perles soient la pierre précieuse qui figure le plus fréquemment et avec une abondance presque excessive, il en est beaucoup moins question dans les papiers de Marie de Médicis que de diamants. Le diamant est son joyau de préférence, celui pour lequel elle se ruine. Un jour Hélie Fruit vient lui offrir deux diamants de 21.000 livres : elle les accepte ; le lendemain il en apporte quatre autres taillés à facettes pour servir de pendeloques, à 30.300 livres ; le trésorier général de la maison de la reine, M. Florent d'Argouges, fait observer que la Chambre des comptes soulèvera des difficultés au sujet de cette dépense anormale ; Marie prend les diamants, signe un acte à M. d'Argouges constatant qu'elle a bien ordonné cet achat, et commandant à Messieurs des comptes de s'incliner. Il est vrai qu'un an après l'achat des premiers diamants n'était pas encore payé.

Jean Subtil vend ses diamants montés. Son ingéniosité lui fait trouver des formes diverses pour les présenter de façon élégante : il offrira à la reine trois douzaines de petits boutons d'or garnis de diamants du prix de 1.953 livres, une chaîne de diamants de 1.350 livres, un bouquet de diamants de 300 livres ; il imaginera des pendants d'oreille simulant des raisins, une guirlande de fleurs émaillées à placer dans les cheveux, un bouquet de fleurs d'or émaillé, le tout piqué de diamants. Il collaborera même avec la reine et celle-ci combinant des pendants d'oreille lui fournira deux grands diamants à mettre au milieu[5].

Marie tient d'ailleurs à une extrême variété dans les objets qu'elle achète. A côté d'une autre paire de pendants d'oreilles de 2.000 livres, montés par le joaillier Charles Godin et composés de deux grands diamants avec plusieurs autres petits diamants à l'entour, puis une troisième paire garnie et enrichie de diamants que le joaillier Paris Turquet livre à madame de la Châtaigneraie, elle commandera une belle boîte de portraits enrichie de diamants et une bague portant un gros diamant pour un de ses aumôniers. Elle a deux bagues que nous connaissons : l'une est un diamant très gros enchâssé, Fioravanti, qui l'a présenté, l'estimait 18.000 livres ; Marie désirant vivement l'acquérir, mais n'osant y mettre le prix, le marchand, d'un geste inattendu, et vraisemblablement calculé, lui en a fait cadeau. L'autre bague, en or, achetée en 1613 à Gilbert Hessing pour 1.050 livres, offre les portraits de Louis XIII et de l'infante d'Espagne, Anne d'Autriche, recouverts d'un large diamant taillé à facettes.

Les parures dont elle dispose sont d'une richesse extrême. Nous ne parlons pas de ce fameux collier de perles dont Henri IV lui a fait cadeau au moment de son mariage et qui a coûté au roi 150.000 écus ; elle a un très beau collier qui lui vient du joaillier flamand Melchior Dagières, composé de huit pendeloques en forme d'amandes, le tout en diamants de diverses grandeurs. Son bracelet d'or, garni de soixante-douze petits diamants, œuvre de François le Prestre, lui a coûté près de mille livres et un autre bracelet d'elle, fantaisie extraordinaire de femme qui ne sait pas compter, se compose d'un ovale de diamants entouré de quatre pierres de même, avec la devise, au milieu : Titani lumina vesper ; il a coûté 360.000 livres[6] !

Marie affectionne les croix ; elle en a une de 18.000 livres en or, garnie de dix grands diamants ; une autre, plus modeste, ornée de deux cents cinquante diamants en roses, qui lui vient de Corneille Roser, l'orfèvre de la rue Saint-Honoré. Les chapelets ne sont pas moins somptueux. Jean Subtil lui en a livré un à gros grains d'or, relevé de diamants, muni d'une petite croix d'or émaillée couverte de petits diamants, objet d'art qui est revenu à 3.630 livres. Le marchand anglais James lui en a fourni un second beaucoup plus riche et coûtant plus du double en raison de la qualité supérieure des diamants.

Ce qu'elle donne est aussi brillant. Elle envoie par exemple à la princesse de Mantoue une grande enseigne, manière de large pendeloque qu'on pose sur la poitrine, couverte de diamants, avec un rubis au centre, travail de Pierre Courtois qui revient à 14.400 livres ; à la princesse d'Espagne, sa fille, une chaîne d'or garnie de cent petits diamants ; à un gentilhomme castillan, retournant en Espagne, une montre d'or garnie de diamants. Les montres, rehaussées de pierres précieuses, sont un bijou qu'elle aime à donner. Elle-même en a plusieurs attachées à des chaînes d'or piquées de diamants : Pierre Courtois lui en a vendu une ovale, 2.100 livres, la boîte s'entend, car le mouvement vient de Blois. Blois est célèbre alors pour la confection des montres sonnantes, et la famille royale ne se sert que là. Le maître horloger blésois qui a les faveurs de Marie de Médicis est Salomon Chesnon, lequel expédie un mouvement d'orloge sonnante à mettre dans une boîte d'or garnie de diamants pour 180 livres. Avec Chesnon, Nicolas Norry, également maître horloger de Blois, à l'honneur, en raison de sa grande expérience en son art, d'être appelé horloger de la reine[7].

Marie de Médicis n'a pas recours qu'aux marchands pour se procurer des diamants. Dès qu'elle apprend que quelque particulier possède une pièce intéressante, elle n'a de cesse qu'elle n'ait obtenu la remise de la pierre rare, à quelque prix que ce soit. Le banquier Jean André Lumagne se trouve, en 1612, avoir entre les mains un magnifique diamant taillé. La reine se le fait livrer moyennant la somme de 18.000 livres. Il est vrai que ledit banquier devra attendre deux ans pour être péniblement payé d'un peu plus de la moitié de cette dette. Sébastien Zamet est obligé, en 1615, d'abandonner un grand diamant de 15.000 livres. Dix ans plus tôt, le même avait vendu à la reine un autre diamant contre la somme énorme de 75 900 livres. Henri IV et les gens de sa Chambre des comptes n'ayant pas voulu accepter cette folie, Marie de Médicis dut attendre d'être reine régente pour contraindre le Trésor à régler. Il y eut des cas où, pour satisfaire sa passion de diamants, elle en fut réduite à des expédients plus pénibles. Certain gentilhomme allemand de l'archiduc Maximilien d'Autriche, M. François de Grimberg, possédait deux beaux diamants montés en bagues que Marie voulait lui acheter et dont, après discussion, on avait fixé le prix à 28.800 livres. La reine n'avait pas le premier écu. Le gentilhomme ne paraissant pas croire à la solvabilité de la princesse, celle-ci fut contrainte d'ordonner à l'intendant général de sa maison, M. Barbin, et à son trésorier général, M. Florent d'Argouges, de répondre personnellement de cette somme et de signer avec elle l'engagement ! Et elle était reine régente[8] !

C'est enfin un chapitre célèbre de l'histoire des joyaux de la couronne que l'affaire des diamants de M. Harlay de Sancy et surtout de celui d'entre eux dénommé encore le Sancy. Henri IV lui-même désirait vivement garder la fameuse pierre. Très riche en diamants remarquables et obligé, pour payer ses dettes, d'en vendre, M. de Harlay avait cherché acquéreur dans les différentes cours de l'Europe. Le roi d'Angleterre avait pris l'un des diamants pour 192.000 livres ; Sully, un second, moyennant 25.000 livres ; Marie de Médicis, un troisième, pour 75.000 livres. Il n'y eut pas moyen de traiter pour le Sancy. M. de Harlay offrait des arrangements : Henri IV, très près regardant, reculait. Le diamant fameux n'entrera dans les collections de la couronne que beaucoup plus tard : ce fut une grande mortification pour Marie de Médicis[9]. A côté et après les diamants, toute la gamme des autres pierres précieuses captive, mais à un moindre degré, le goût de la reine. On rencontre dans ses achats — nous l'avons dit — très peu de perles, tout au plus deux grosses rondes payées à Fioravanti 4.200 livres en 1614, et six autres achetées à Martin Bachelier 1.800 livres. Mais le Florentin Gastruccio, de Prague, fournit trois tableaux carrés de diverses grandeurs, faits de pierres fines rapportées, à façon de diaspre de Bohème, représentant des paysages avec autres diverses figures ; Nicolas Roger monte en bague un très beau rubis de 600 livres ; Jean Pitten ajuste dix émeraudes sur une croix d'or émaillée et Jean Subtil met sur un anneau d'or un remarquable saphir. Une fois, désirant se procurer ample provision de turquoises afin de faire faire des chapelets et des chaînes, Marie de Médicis écrira à l'ambassadeur de France à Constantinople, le baron de Salignac, de lui en chercher de bruttes dans le pays, où on dit qu'elles se trouvent facilement et à bon compte, et de lui en expédier deux ou trois livres. Elle paiera à un joaillier allemand 240 livres une pierre de jacinthe taillée. Quant à l'agate, très employée à cette époque et au XVIe siècle, elle la fait travailler soit pour avoir des vases d'agate garnis d'or, soit pour se faire monter par le joaillier Mathieu Lescot une chaîne de soixante et onze grains encadenassés d'or[10].

L'attrait de Marie de Médicis pour les œuvres d'art d'orfèvrerie, moindre que celui qu'elle manifeste à l'égard de pièces de joaillerie, est encore très vif. La princesse est peut-être peu touchée de certaine vache d'or massif, donnée par le Béarn à la famille royale, portant des devises en vers latins et béarnais, et ayant coûté 12.000 livres. En revanche elle sait commander à l'orfèvre Pierre Lepoivre une statuette finement ciselée de sainte Anne, de petites boîtes d'argent élégantes ; aux orfèvres Jean Chancel et Nicolas Chrétien, ses principaux fournisseurs, et qui ont boutique à la foire de Saint-Germain, une véronique d'or émaillé, un saint Jérôme également d'or émaillé, formant petit reliquaire, une aiguière d'argent ciselé, des fruitiers d'argent à jour[11]. Nicolas Roger, plus orfèvre encore que joaillier, est celui qui lui fournit le plus, c'est-à-dire celui dont les notes sont les plus multipliées et les réclamations, résultats de non-paiements, les plus fréquentes ; elle lui fait exécuter des chaînes, des bagues, des reliquaires ; trois cents soldats d'argent, une fois, pour les étrennes du jeune roi Louis XIII ; un petit ménage d'argent, autres étrennes pour le frère de Louis XIII, le duc d'Orléans ; des chandeliers d'argent en vermeil ; des chenets d'argent. C'est l'artiste universel, au talent varié et délicat. Hélas ! en 1612, il présente un bordereau de près de trente articles non soldés depuis longtemps et un an après, malgré plusieurs ordonnances de paiement, rien n'est encore acquitté. Bien mieux, Marie de Médicis lui emprunte de l'argent, et ce ne sont pas des avances faites pour objets d'art fournis, ce sont des prêts d'écus comptants, afin de payer des dettes quelconques. L'œuvre de Nicolas Roger serait intéressante à étudier de près, s'il était possible de l'identifier, et certaine chaîne d'or très belle portant une médaille sur laquelle étaient ciselés les portraits de Marie et de Louis XIII en 1612, pesant dix marcs une once, et ayant coûté 2 835 livres, nous renseignerait particulièrement sur le genre et le talent de cet orfèvre peu connu. Mais nous n'avons rien de cet artiste[12].

Il faudrait ajouter aux achats de la reine : toute la vaisselle d'argent fournie en quantité par madame Hotmann, — vermeil pour le service personnel de la princesse : une fois, en 1615, celle-ci en reçoit une valeur de 10 700 livres, — les bibelots d'argent ciselés nombreux achetés à la foire de Saint-Germain ; les fantaisies même de choses anciennes telles qu'une médaille d'or en laquelle est d'un côté l'empreinte des roynes d'Aragon et de Castille, et une devise de l'autre ; voire certain chapelet de perles fausses montées sur or et garni de six croix d'or, acheté à Mathurine de Valois ; on aura une idée de la variété et de la richesse des goûts de Marie de Médicis à l'égard des productions des orfèvres-joailliers. Le souci qu'elle avait de faire ajouter à toute pièce ciselée pour elle des diamants, manifeste combien en définitive la joaillerie proprement dite demeure l'objet de ses préférences décidées[13].

 

Le début du XVIIe siècle et le règne de Louis XIII, en particulier, ont été marqués par une activité considérable dans l'art de l'architecture. Le supplément mis en 1639 au Théâtre des antiquités de Paris de 1610 de Du Breul témoigne, par la longue liste des édifices nouveaux construits, de cette activité. Marie de Médicis a contribué au mouvement architectural de son temps : en aidant d'abord nombre de communautés à édifier ; puis en bâtissant elle-même.

Elle n'a pas touché au Louvre dans lequel Henri IV avait dépensé tant d'argent. Les sept années de son règne réel, 1610-1617, ont été trop troublées pour qu'elle ait eu le loisir de s'adonner à une œuvre de longue haleine telle qu'eût été celle de réaliser la pensée du roi défunt en rasant l'espace compris entre le Louvre et les Tuileries et en joignant les deux palais des deux côtés de cet espace. Elle n'a même guère trouvé le temps de faire travailler activement les architectes qu'avant le crime de Ravaillac ou après le meurtre de Concini et sa propre chute du pouvoir. A peine faut-il faire exception pour quelques œuvres comme le tombeau d'Henri IV à Saint-Denis, dont elle chargea l'architecte Métezeau ; encore ce tombeau, auquel on était occupé en 1613, n'était-il pas terminé en 1618[14] !

Son principal titre de gloire est d'avoir attaché à sa personne l'architecte le plus éminent de l'époque, Salomon de Brosse. C'est vers la fin de 1608 que Salomon de Brosse reçut le titre d'architecte et conducteur des bastimens du roi et de la reine. Successeur de son oncle Jacques Androuet du Cerceau, lequel, après avoir élevé son neveu à Verneuil-sur-Oise, au milieu des plans du magnifique château du lieu, qu'il construisait en collaboration avec le père de Salomon, Jean, architecte comme lui, avait introduit le futur auteur du palais du Luxembourg- dans la maison royale, Salomon était préparé par de longues traditions familiales aux grandes œuvres. Marie de Médicis lui fit bâtir en 1613 l'aqueduc d'Arcueil afin de capter les eaux de Rongis et de fournir de l'eau potable à Paris en arrêtant les inondations désastreuses de la Bièvre. Elle le chargea ensuite de travailler au château de Montceaux-en-Brie[15].

Bâti par Catherine de Médicis qui l'aimait beaucoup et en fit une demeure somptueuse, le château de Montceaux-en-Brie, œuvre du Primatice, avait été acheté par Henri IV en 1596 dans la succession de cette reine, — saisie, mise en vente, — et royalement donné par lui à Gabrielle d'Estrées. Celle-ci meubla magnifiquement sa résidence — l'inventaire du château fait après son décès l'atteste. — Gabrielle morte, Henri IV reprit le domaine moyennant indemnité aux héritiers de la marquise, enleva les meubles ; puis Marie de Médicis étant devenue reine de France et ayant mis au monde le 27 septembre 1601 le dauphin qui devait être Louis XIII, Henri IV, tout heureux, et pour la peine, lui avait fait cadeau de Montceaux. Marie trouva le monument du Primatice très beau et extrêmement à son goût. Mais malgré ses dimensions, au dire de Bassompierre, en dehors de quelques appartements royaux, il n'était pas logeable, au moins pour une suite nombreuse. La première préoccupation de la reine fut de le meubler. L'argent faisant défaut, Henri IV eut recours à des expédients ; il créa des offices de conseillers dans les parlements du royaume. Marie, qui aima dès le premier jour Montceaux, s'appliqua à l'orner avec luxe. On la voit y installer des tapisseries auxquelles elle attache un grand prix ; puis elle appela à l'œuvre architectes et maçons afin de réparer le reste de Montceaux, dès 1602[16].

Ce furent les du Cerceau, alors architectes du roi et de la reine, qui dirigèrent les travaux. Il n'est pas aisé de déterminer leur part dans les réfections, le château ayant disparu. Ils l'ont remis en état sans en modifier les lignes générales et ont construit dans le domaine. Marie de Médicis avait agrandi celui-ci, acheté une ferme de 130 arpents. Elle fit refaire la basse-cour, la capitainerie, les terrasses, creusa un grand fossé entre le château et la basse-cour, répara les remises. En 1609 Salomon de Brosse ayant pris la direction des ouvriers, édifia un jeu de paume, complément nécessaire de toute résidence princière et même seigneuriale sous Henri IV, bâtit dans la ferme de la seigneurie une grande écurie susceptible de recevoir 50 ou 60 chevaux, le chiffre des chevaux de la maison de la reine, répara la chapelle de la basse-cour, et construisit une chapelle neuve au château. La reine a beaucoup dépensé à Montceaux. Le budget de 1612 prévoit 30.000 livres pour les travaux. De 1613 à 1617 elle y aurait employé une centaine de mille livres, ce qui fait une proportion annuelle équivalente. A maintes reprises, par surcroît, elle dépassa les crédits et son trésorier général dut, de ses deniers, faire des avances. Salomon de Brosse mena les affaires avec activité. Au bout d'un an, en 1610, Marie de Médicis pouvait écrire à la reine Marguerite : Vous trouverez à Montceaux tant de changements depuis que vous n'y êtes venue que vous ne le recognoistrez plus. Mais, vieille demeure, le château semble surtout n'avoir en somme réclamé que des réparations ; tout l'office de Brosse paraît s'être appliqué à cette occupation moins relevée, et on le voit qualifié de sieur de Brosse, entrepreneur des bâtimens de Sa Majesté, vérifiant surtout des mémoires de charpentiers ou de couvreurs. Il est, dit Marie de Médicis dans ses papiers de comptabilité, spécialement affecté à Montceaux[17].

La reine venait souvent au château ; elle y résidait de longues semaines pendant lesquelles, entourée de sa petite cour, elle faisait bonne chère, jouait gros jeu, donnait comédies et ballets. Les jardins, dans lesquels elle aimait à se promener, et qu'avaient dessinés en 1593 Claude Mollet, étaient entretenus par les jardiniers Louis de Limoges, Jean Marchant, et Santi Vallerani, Italien qu'elle avait amené avec elle d'Italie et auquel elle donne un jour de quoi se marier et bâtir un moulin. Elle invitait ses amis à venir la voir. Elle s'intéressait aux palissades qu'on élevait, aux plantes qu'on cultivait et faisait venir de Florence semences et graines, afin de les y utiliser. Elle avait une ménagerie. Ce fut sa demeure préférée de propriétaire amateur[18].

Elle songea à en avoir d'autres. Le calme de Montceaux ne lui suffisant pas, sans doute, elle eut l'idée, en 1614, pour posséder quelque lieu un peu éloigné du bruit et tracas de Paris afin de m'y retirer lorsque les affaires le pourront permettre, d'acheter le château d'Anet. S'agissait-il d'une résidence passagère ou vraiment pensait-elle à quitter le pouvoir ? Le château d'Anet et la baronnie d'Ivry étaient alors à vendre aux enchères : on les lui disputa ; elle demanda à mademoiselle d'Aumale qui avait sur les domaines le droit de retrait lignager, de le lui abandonner. L'affaire n'eut pas de suite.

Mais après la mort de la reine Marguerite elle acheta à Issy la maison appelée l'Olympe, avec les parcs, jardins et autres héritages et dépendances sis au village d'Issy qui appartenoient à défunte la royne. Ce fut pour elle un souvenir ; elle arrivait en carrosse ou à cheval, goûtait, chassait et rentrait la nuit. But d'excursion voisin facile à faire en quelques heures, le domaine coûtait peu d'entretien, 300 livres par an ; le vieux garde et concierge, déjà là du temps de Marguerite, Etienne de Bray de la Haye, assurait cet entretien, soignait les cygnes des bassins ; il ne paraît pas que la reine ait rien bâti ici et nous ignorons si les peintures qu'on voyait dans les bâtiments encore debout il y a peu d'années, avaient été commandées par elle[19].

Mais l'œuvre architecturale la plus considérable qu'elle ait entreprise, on le sait, c'est la construction du Luxembourg.

Lorsqu'elle arriva à Paris en 1601, Marie de Médicis était d'abord descendue à l'hôtel de Gondi, situé dans la partie élevée du faubourg Saint-Germain-des-Prés, quartier fort agréable, disent les écrivains du temps, par le mélange de vastes jardins et de grands hôtels réunissant les plaisirs de la ville à ceux de la campagne. La maison de M. de Gondi passait pour la plus belle de Paris après le Louvre et c'était là que le roi faisait loger les princes étrangers ou les ambassadeurs extraordinaires. Marie de Médicis s'y plut, elle y revint souvent se promener. Après la mort d'Henri IV le prince de Condé qui trouvait l'hôtel à son goût demanda et obtint de la régente, obligée de se concilier les grands, qu'on le lui achetât et qu'on le lui donnât. Afin de loger à l'avenir les ambassadeurs, la reine jeta alors les yeux sur une maison toute voisine, celle du duc François de Luxembourg, qui se trouvait rue de Vaugirard, en face de la rue Garancière, hôtel assez récent, du XVIe siècle, et assez important. Le duc consentit à le louer. La reine vint visiter fréquemment cette demeure ; l'édifice lui plut : elle l'acheta finalement pour son usage personnel en 1611 au prix de 90.000 livres. Appréciant les conditions de salubrité de l'endroit, dans un lieu aéré, élevé, elle l'utilisa pour ses enfants malades qu'elle envoyait avec leurs suites rue de Vaugirard. Malheureusement la maison était insuffisante ; il fallait louer de petites chambres insalubres dans le voisinage[20]. Est-ce pour avoir plus de place, est-ce, comme on l'a dit, parce que Marie de Médicis prévoyant la majorité de Louis XIII ou plutôt le futur mariage du prince qui allait l'obliger à céder son appartement du Louvre à la reine régnante, tint à posséder dans Paris une demeure à elle et digne d'elle ?

Ce qui est certain c'est qu'elle projeta dès 1611 d'élever à la place de l'hôtel du Luxembourg une vaste construction, et en même temps, ou pour retrouver ses souvenirs d'enfance, ou parce que le plan et les dimensions des pièces au Pitti lui avaient particulièrement plu, elle conçut le dessein de faire reproduire au faubourg- Saint-Germain-des-Prés le palais de Florence. Elle écrivit à la grande-duchesse de Toscane, sa tante, de lui envoyer le plan en son entier avec les élévations et perspectives du monument florentin, et d'impatience fit même partir l'architecte du roi Clément Métezeau, alors âgé de trente ans, pour relever lui-même les desseings du palais de Pitti[21].

En attendant, elle acheta des terrains autour de son hôtel du Luxembourg : — la maison de Champrenart, au bout de la rue de Tournon, celle sur l'emplacement de laquelle a été effectivement édifié le palais de la reine-mère ; la maison portant pour enseigne A la ville de Bresse ; une ferme appartenant à l'hôtel de Dieu de Paris, qui coûta 50.000 livres ; différentes terres ; — elle fit dessiner le plan des jardins par Nicolas Descamps, qu'elle nomma jardinier ordinaire des jardins et parterres de ma maison et hôtel du Luxembourg ; elle envoya partout chercher, pour constituer ses allées et quinconces, des ormes, des ypreaux, à Doullens, à Orléans, à Clermont[22].

Il fallut quatre ans pour achever les plans. La question d'argent surtout retarda. On a répété longtemps que l'auteur du Luxembourg a été Jacques de Brosse ; ce fut Salomon de Brosse, l'architecte de la reine depuis 1608, qui entreprit le monument sur un traité formel conclu entre Marie de Médicis et lui. On a dit encore et on redit que Salomon de Brosse a imaginé le palais du Luxembourg en s'inspirant du palais Pitti. Nous venons de voir ce qui donna naissance à cette opinion, l'intention première, en effet, de Marie de Médicis de voir reproduire à Paris le monument de Florence. En réalité, l'architecte ne tint aucun compte du plan rapporté par Métezeau, ni des idées de la souveraine. On ne trouve rien du Pitti dans le Luxembourg. Mais si l'on compare les vues du château de Verneuil avec celles du Luxembourg, on est frappé de la similitude des deux monuments. Salomon de Brosse s'est inspiré de l'édifice construit par son oncle Androuet du Cerceau, édifice auquel son père avait travaillé et que lui-même tout enfant avait eu constamment sous les yeux, lorsqu'il vivait à Verneuil. Verneuil est une œuvre française. Le Luxembourg est une œuvre française. Tous les détails où l'on croit voir l'imitation de l'Italie, la coupole, le bossage, étaient couramment employés en France au XVIe siècle. Bon architecte et habile praticien, Salomon de Brosse n'a été qu'un continuateur, du reste, non exempt de défauts, des artistes français qui l'ont précédé[23].

Les plans du Luxembourg terminés, Pierre Le Muet ayant exécuté le modèle et relief des bastimens, Marie de Médicis posa la première pierre du palais le 2 avril 1615, puis les travaux commencèrent sous les ordres des maçons Gamard et Biterne, du charpentier Scellier, du couvreur Regnauld. Le sculpteur Guillaume Berthelot s'occupa de faire les statues prévues pour les façades[24].

En raison des troubles politiques, surtout du défaut d'argent, les travaux furent poursuivis avec une certaine lenteur. La Topographie historique du vieux Paris dit que le Luxembourg était presque achevé en 1620. Le procès-verbal des visites et mesures des ouvrages du palais du Luxembourg commencé le 26 juin 1623 en vertu d'une ordonnance rendue entre le procureur général de la reine-mère et l'architecte entrepreneur des bastimens dudit palais, Salomon Brosse, montre qu'au contraire, à cette date, le grand corps de logis qui était couvert n'avait que ses quatre murs, une des ailes n'était pas commencée et le total des dépenses s'élevait déjà à 700.130 livres, 6 sols, 6 deniers. Marie de Médicis s'occupera de continuer et d'achever le monument plus tard[25].

Dans les relations de la reine avec les peintres, ridée d'art pour elle-même, telle que nous la concevons aujourd'hui, fait un peu défaut. Ce que la princesse désire c'est un tableau qu'elle puisse décemment donner : si c'est un portrait il faut qu'il soit ressemblant ; si c'est une scène de genre, sujet religieux pour les couvents et les chapelles, qu'il soit convenable. Parfois, rarement, s'avise-t-elle de vouloir que le tableau soit très beau et bien fait, d'ailleurs, d'une façon vague. Elle s'est cependant piquée de s'adresser aux meilleurs artistes du temps.

Jacob Bunel, le peintre valet de chambre du roi, qui a travaillé à la petite galerie — notre galerie d'Apollon — et qui compte parmi les plus en vogue du moment, lui peint, en 1612, d'après sa commande, un grand tableau sur toile représentant l'Annonciation, aussi grand que le naturel, contenant huit pieds de haut sur six pieds de large, avec un ciel ouvert d'où sort le Saint-Esprit en forme de colombe et de nuages, sur lesquels il y a quantité de petits anges, tableau estimé 600 livres par M. Donon, contrôleur général des bâtiments du roi et qui est donné au couvent des Capucins de Paris[26].

A part Bunel, Marie de Médicis utilise peu les peintres ordinaires du roi, tels que Marin le Bourgeois et Ambroise Dubois, l'auteur des peintures de la chambre ovale de Fontainebleau, qualifié cependant de premier peintre de la reine en 1606. Elle a ses artistes à elle, qu'elle met dans sa maison avec un titre et des appointements : Claude Bourcier, Jacques Berthelot, François Pulinat, Louis Beaubrun, lequel appartient à toute cette dynastie qui commence avec Mathieu et Claude Beaubrun, déjà attachés à la suite d'Henri III, en 1589, en qualité de valets de chambre, et se continuera sous Louis XIII et Louis XIV par Henri et Charles Beaubrun. Elle donne à Pierre Courtois le titre de peintre émailleur ordinaire de la reine, puis de valet de chambre aux gages de dix livres. Elle va chercher des étrangers, tels que David Baudringhien, hollandois de nation, — dont elle a reconnu par les ouvrages de peinture que David a fait par son commandement et pour son service, la grande expérience en cet art, — elle les nomme ses peintres ordinaires ; elle emploie enfin des peintres anglais, comme Pierre Olivier, entre autres pour sept portraits, en 1611, qu'elle paie 45 livres pièce[27].

Ce sont des portraits, en effet, qu'elle commande de préférence. Le portrait est une mode à cette date. On en échange presque annuellement entre cours, surtout avec les cours d'Angleterre et les maisons princières d'Italie. En 1603, le portrait de Marie de Médicis est envoyé à Londres ; en 1604, un autre est confié aux soins de l'ambassadeur, M. de Beaumont ; en 1605, la reine d'Angleterre fait cadeau du sien et Marie répond que pour remercier elle donnera prochainement un nouveau portrait d'elle avec ceux de son mari et de ses enfants quand ils seront terminés. Généralement la famille entière est envoyée ensemble. Tableaux figurant les personnages en pied ou en buste, simples miniatures, toutes les variétés se rencontrent. En 1606, Concini faisant un voyage en Italie emporte une boîte dans laquelle, écrit Marie de Médicis à une cousine, sont nos portraits que je vous envoie afin de vous en rafraîchir la mémoire.

On pourrait dresser une liste assez longue de portraits de Marie de Médicis. Peu de reines ont plus fréquemment posé devant des peintres et il y a peu de peintres de mérite du temps qui ne se soient essayés à cette tâche. Un des plus remarquables, François Porbus, dont les œuvres si précises et si soignées fournissent pour l'iconographie des documents de premier choix, n'a malheureusement travaillé pour la reine, sauf pendant un court passage à Paris en 1606, qu'à une époque où les embarras financiers et politiques commençaient à restreindre chez Marie de Médicis la passion des portraits, multipliés jusqu'en 1610. Avec le très beau portrait fait ainsi en 1606 lorsque Porbus vint de Mantoue, où il était peintre du duc, accompagnant la duchesse au moment du baptême du dauphin, les comptes ne fournissent la date que d'un petit nombre de tableaux de cet artiste la représentant. Le 31 décembre 1616, il reçoit 1635 livres pour six portraits dont quatre de la reine-mère. Le n décembre 1617, Marie de Médicis ordonne de payer 1.500 livres à François Porbus, peintre entretenu par le roy, notre très honoré sieur et fils, pour trois portraits de notre personne, l'un en grand, pour envoyer à notre très chère fille la princesse d'Espagne, et un petit à mettre dans une boeste[28].

Nombreux sont les portraits qu'elle a fait faire de ses enfants. Elle a voulu avoir à peu près chaque année et plusieurs fois par année les images des petits princes et princesses élevés dans le château de Saint Germain, sous toutes les formes connues : peintures à l'huile, pastels, crayons ; statuettes en cire, en bronze, en poterie ; médailles.

Le dauphin a été naturellement sous ce rapport un objet de prédilection ; la famille royale envoyait son image partout. De 1602 jusqu'à 1611, par exemple, on relève les noms d'une dizaine d'artistes qui ont été employés à ce travail. Le 16 janvier 1602, — l'enfant est âgé de trois mois et demi, — Marie de Médicis charge Charles Decourt, peintre du roi, de tirer un crayon de lui, afin de l'envoyer à Florence à la grande-duchesse. Un mois après, un peintre flamand — on ignore son nom — recommence ; puis un mois plus tard, le 27 mars, François Quesnel, le célèbre artiste dont nous avons gardé d'admirables dessins, reçoit la mission de tirer le dauphin tout de son long, pour le duc de Mantoue. Charles Decourt reprend ses crayons le 25 juillet, et enfin le 7 novembre l'expérience est renouvelée par un artiste que l'on ne connaît pas. En une année Marie de Médicis a fait faire ainsi cinq fois le portrait de son fils[29]. Pour être moins fréquentes, les occasions se répètent les années suivantes. Dans les lettres qu'elle écrit en expédiant toiles ou dessins, la reine prête peu d'attention à l'artiste ; son jugement sur l'œuvre est court : Encore qu'il me semble, écrit-elle à la duchesse de Mantoue d'un tableau, que le peintre a fait le visage un peu grossi et bouffi et qu'il (le dauphin) est plus beau que ne l'est ledit portrait, je ne laisserai pas de l'envoyer à Mantoue comme estant assez ressemblant. L'artiste n'est pour elle qu'un manouvrier. Et cependant, en 1604, ce manouvrier s'appellera Dumonstier, Daniel Dumonstier, fils de Côme, l'ancien valet de chambre d'Henri III, comme tout à l'heure il s'appellera Dupré ou Porbus.

En 1604, également, Charles Martin fait le portrait de l'enfant, et aussi Decourt ; un certain Paolo, difficile à identifier, lequel le tire en cire, évidemment en vue d'une sculpture, toujours pour l'Italie ; Claude Mallery et enfin Guillaume Dupré. On connaît les belles médailles que Dupré a gravées de la famille royale. Cet artiste n'a pas exécuté que des médailles. Le 21 septembre 1604 il venait à Fontainebleau afin de prendre les traits du dauphin et de les reproduire en statuette de faïence émaillée. Le 10 mars 1605, le même Dupré revenait et cette fois tirait le prince en cire pour façonner une statuette de bronze. Entre temps un autre statuaire, celui-là flamand, retiré à Florence, en faisait autant. 11 s'agit peut-être de Pierre Franqueville, Flamand habitant l'Italie. En 1606, Marie de Médicis fait dessiner le portrait de son fils de nouveau par Charles Martin, puis par Fréminet, le professeur de dessin de l'enfant ; surtout par François Porbus, en août ; et l'année suivante Decourt reprend le crayon, Dupré, à Fontainebleau ; travaille à une nouvelle médaille[30].

Le vendredi 11 février 1611, écrit Jean Héroard dans son Journal, à trois heures de l'après-midi, Pourbes, flamand, peintre excellent, le tira de sa hauteur (le dauphin). Porbus, alors âgé de quarante et un ans, était dans la force du talent. Le portrait qu'il fit à cette occasion, actuellement au Musée des Offices à Florence, est un des meilleurs du prince.

Pour n'avoir pas été aussi bien traités que leur frère le dauphin, les autres enfants de Marie de Médicis n'en ont pas moins été souvent peints, notamment Elisabeth, la fille aînée. Des ambassadeurs, tels que celui de Londres, M. de Bressieux, se piquaient, retournant à leur poste, de rapporter aux cours auprès desquelles ils étaient accrédités les images des enfants de leurs souverains. C'est ainsi qu'en 1609 M. de Bressieux suggère à Marie l'idée de faire faire le portrait d'Elisabeth pour la famille royale anglaise, et la reine y consent. Elisabeth fut peinte par Porbus en 1611, en même temps que Louis XIIL Une lettre de la reine régente à madame de Monglat, la gouvernante des enfants à Saint-Germain, nous apprend que c'était le grand-duc de Toscane qui avait fait demander par le marquis de Botti, son ambassadeur, le tableau en question. L'œuvre du peintre flamand représentant Elisabeth, aujourd'hui aux Offices de Florence, montre, comme le portrait de Louis XIII, la précise habileté de cet artiste exact qui, à défaut de la puissance d'un l’an Dyck ou de la largeur d'un Rubens, possède les admirables qualités techniques d'un ouvrier de premier ordre. L'archiduc et l'archiduchesse, gouverneurs de Flandre, demandèrent, en 1611, également le portrait d'Elisabeth[31].

Beaucoup d'autres œuvres de peinture ont été assurément commandées par la reine. Celles qui viennent d'être indiquées suffisent pour attester l'activité de Marie de Médicis et son goût.

 

Ce goût fut le même à l'égard d'une autre forme de l'art : la tapisserie, qui a joui d'une vogue extrême à cette époque. Nous voyons, écrivait le tapissier Pierre Dupont, dans sa Stromatourgie, un chacun avoir sa maison ou sa petite chambrette tapissée partout. Les tentures somptueuses, pièces de haute lisse, souvent tissées de soie et d'or, présentant des scènes bibliques ou mythologiques aux personnages figurés grandeur nature, décoraient magnifiquement les pièces de réception des maisons royales. La grande salle du Louvre, au premier, au plafond sculpté et doré, était tendue de tapisseries. Les chambres à coucher royales l'étaient aussi généralement et lorsque le roi, la reine ou leurs enfants partaient en voyage, on transportait avec eux dans les charrois les tentures de la pièce, en même temps que le lit démonté et les sièges nécessaires, pour tendre, le soir, au gîte, la chambre de chacun. Marie de Médicis faisant restaurer son appartement du Louvre avait préféré mettre sur les murs des panneaux de bois sculptés et peints. Elle trouva moyen d'y installer des tapisseries ; elle en avait beaucoup dans ses résidences[32].

Elle seconda les efforts que fit Henri IV pour développer cette industrie jusque-là plutôt flamande. Henri IV avait fait venir des tapissiers du Nord et avait pris une part importante au développement de la maison du faubourg- Saint-Marcel, les premiers Gobelins ; il avait aidé les Dubourg, auteurs de pièces excellentes en rehaussement de fil d'or et d'argent, draps d'or et d'argent, toiles d'or et d'argent, d'or frisé de toutes les façons. Marie de Médicis accorda une pension de 9.000 écus à Marc Decomans et à François de la Planche, entrepreneurs de la manufacture de tapisseries de ce royaume, façon de Flandre, dont M. Guiffrey a conté la fortune au faubourg Saint-Germain, et qui tiennent une si grande place dans l'histoire de la tapisserie en France au début du XVIIe siècle. Il est vrai que par suite des embarras financiers du trésor, cette pension fut irrégulièrement payée. Marc Decomans et François de la Planche doivent beaucoup à la reine qui leur acheta nombre de pièces.

Marie de Médicis avait à sa disposition, dans sa maison, sous le titre de tapissier de la roine, un certain Antoine Mesnillet qui était chargé, nous l'avons déjà vu, de lui rechercher des tentures. Fabriquait-il lui-même ? Toujours est-il que souvent par monts et par vaux il courait à la recherche de tapisseries rares annoncées comme étant en vente, et les apportait au Louvre où le roi et la reine choisissaient. Ce Mesnillet devait également acheter et revendre à son compte. Decomans et la Planche lui achètent des tapisseries pour leur propre collection[33].

Çà et là, dans sa correspondance, on voit Marie de Médicis se préoccuper des tentures qu'elle fait voyager de châteaux en châteaux et auxquelles elle tient : ce sont, pour elle, trésors précieux et lorsqu'elle en enlève une de quelque maison, elle se croit obligée d'en donner décharge signée de sa propre main au concierge ou gouverneur de la demeure dont la pièce est retirée. Elle connaît si bien la valeur de ces objets que lorsqu'elle organise la petite fête de Saint-Germain, à propos de la comédie que doivent jouer ses enfants, elle écrira au surintendant des bâtiments de faire enlever les tentures précieuses qui se trouvent dans la salle, et, en cas d'accident, d'incendie, de n'en mettre que d'ordinaires tirées du garde-meuble : c'est le temps — détail caractéristique — où ce surintendant, qui est le duc de Sully (avant lui M. de Sancy, et après lui M. de Fourcy), porte le titre officiel de surintendant et ordonnateur des bastimens et tapisseries[34].

Les œuvres de sculpture ne semblent pas avoir intéressé Marie de Médicis à un égal degré, bien que, comme pour toutes les autres manifestations de Fart, elle ait tenu à ne pas paraître indifférente. Il n'y a pas lieu de s'arrêter à l'ouvrier tourneur qu'elle faisait venir dans son cabinet pour lui voir exécuter des sculptures sur bois telles que des chapelets de Saint-François, lesquels elle distribuait aux princesses et à ses dames. Mais de même qu'elle se plaisait à envoyer des portraits de membres de sa famille à l'étranger, de même, en moins grand nombre, elle envoie bustes et statuettes. Nous avons fait allusion à des statuettes de faïence émaillée, de bronze ou d'or de son fils le dauphin commandées par elle. Elle commande également des bustes d'Henri IV, surtout le lendemain de la mort de celui-ci, et les adresse à ses parents d'Italie par les auteurs eux-mêmes. Il est fâcheux que le peu de cas qu'on fait à cette époque des artistes empêche la plupart du temps le scribe qui rédige les lettres de la reine de nommer le sculpteur, dont il se contente de dire qu'il est fort excellent en son art. La seconde raison de ses commandes est, encore ici, le désir de donner aux couvents. En 1611 les maistres sculpteurs Nicolas de Cambrai et Georges Allemant reçoivent d'elle 1.470 livres pour leur façon et fourniture de dix figures de bois qu'ils ont faites et dorées par notre commandement, dit Marie de Médicis, à savoir : deux grandes et huit moyennes, desquelles nous avons fait don et présent à l'église des Feuillans du faubourg Saint-Honoré de cette ville pour l'ornement et décoration d'icelle[35].

Le sculpteur qui a joui de toute sa faveur la plus spéciale, la plus attentive, est Pierre de Franqueville, un Flamand, né à Cambrai, passé en Italie où il fut l'élève de Jean de Bologne, membre de l'Académie de sculpture de Florence. Henri IV l'avait remarqué, l'avait appelé, lui avait donné un logement au Louvre et l'avait fait travailler. Marie de Médicis partagea les sentiments de son mari à l'égard de l'artiste, lui commanda nombre d'œuvres, notamment une statue équestre en bronze du dauphin, aujourd'hui à Florence, et lui témoigna une sympathie allant jusqu'à la tyrannie. Franqueville, ainsi, ayant désiré en 1607 entreprendre un voyage en Italie, la reine le lui permit parce qu'il s'agissait de donner ordre à quelques affaires domestiques. Il emmenait avec lui femme et enfants. Mais dans la lettre qu'elle écrit au grand-duc de Toscane pour lui recommander le voyageur, Marie ajoute que surtout le grand-duc donne ordre que Franqueville diligente son retour le plus promptement que faire se pourra afin qu'il puisse travailler aux ouvrages qu'il a commencés. Offrait-on à la reine quelque statue à acheter — et connaissant ses goûts on lui présentait toutes sortes d'œuvres d'art, — c'était Franqueville qui était chargé d'aller sur place examiner la pièce ; telle, cette statue de la Vierge en marbre que le neveu de M. de Souvré, le baron de la Flotte, possédait dans une de ses maisons, appelée Bellefille, près du Mans, et qu'il proposait à Marie de Médicis comme une pièce rare, excellente et eslabourée de personne de grande estime : Franqueville alla voir si vraiment elle méritait le grand cas qu'on en faisait. Nul mieux que lui n'était à même de faire apprécier à la reine les statuettes en bronze de Jean de Bologne, son maître, que le grand-duc de Florence, Côme, lui envoyait en 4614 pour elle et son fils. A cette occasion vinrent à Paris avec Pesciolini, qui apportait ces statuettes, des artistes florentins que Marie reçut gracieusement et auxquels elle distribua de larges dons[36].

Florence, Jean de Bologne et Franqueville, ces trois noms se trouvent associés pour l'épisode le plus important des relations de Marie de Médicis avec les sculpteurs de son temps : l'histoire de la statue d'Henri IV au Pont-Neuf.

Le Pont-Neuf, projeté dès 1577, mené par Henri III jusqu'à l'achèvement des arches franchissant le petit bras de la Seine et l'émergement à fleur d'eau des piles du grand bras, avait été repris par Henri IV qui l'avait conduit, sous la direction de l'architecte Guillaume Marchand, à ce point que le public, en 1604, pouvait passer la rivière. On construisait les quais ; la Samaritaine, machine et horloge, travail du Flamand Lintlaer, se montait. En vérité il y avait encore à faire, puisque la généralité de Paris payait toujours, en 1607, la somme de 15 300 livres d'impôts destinés à l'achèvement du pont.

C'est vers 1604, 1603, que Marie de Médicis eut l'idée, afin de le compléter au point de vue esthétique, de faire cadeau à la ville de Paris d'une statue équestre d'Henri IV qui serait placée à l'extrémité de l'île de la Cité, sur le terre-plein séparant les deux parties du pont. L'idée venait d'Italie, de Florence, surtout, où le grand-duc Ferdinand s'était fait faire une statue en bronze par Jean de Bologne le représentant lui-même à cheval, et allait l'ériger sur la place du Grand-Duc. Marie de Médicis s'ouvrit de son projet à Ferdinand, son oncle, qui lui proposa d'employer à ce travail le même Jean de Bologne.

La reine accepta avec empressement, puis, prise d'un scrupule, écrivit au grand-duc que Jean de Bologne était bien vieux — il avait en effet quatre-vingt-un ans, — qu'il était lent au travail et qu'il y avait chance pour qu'elle ne vît jamais l'œuvre qu'elle attendait de lui ; cependant, désirant beaucoup que le monument qu'elle comptait faire poser sur la place que l'on accommode exprès sur le Pont-Neuf de Paris, lequel s'en va être parfait, fût de cet artiste, le plus fameux sculpteur du moment, elle proposait à Ferdinand la combinaison suivante : c'était que le grand-duc donnât à Marie le cheval de bronze actuellement existant, sur lequel était la propre statue de Ferdinand, qu'on descendît cette statue, et qu'à la place, Jean de Bologne s'occupât de mettre l'effigie d'Henri IV ; Jean de Bologne, ainsi, arriverait peut-être à temps, et, la statue du Pont-Neuf terminée dans ces conditions, il pourrait à loisir refaire un autre cheval pour le grand-duc[37].

Ferdinand ne goûta pas la proposition. Mais il suggéra un moyen terme : utiliser les moules qui avaient servi à fondre le cheval et faire couler une nouvelle statue. Marie de Médicis consentit. Le grand-duc, pris de zèle, décida alors d'exécuter non un, mais deux chevaux de bronze et d'envoyer au roi d'Espagne sa statue comme il envoyait au roi de France la sienne.

Jean de Bologne avait très travaillé le cheval de la statue équestre de Côme Ier, faite par lui précédemment, mais beaucoup moins le cheval de la statue de Ferdinand. Sauval, plus tard, trouvera la reproduction de celui-ci mise au Pont-Neuf peu estimable et jugera la bête une manière de coursier de Naples trop gros et disproportionné. D'après Germain Brice, le cheval d'Henri IV étant bien de Jean de Bologne, la statue du roi serait de Guillaume Dupré : l'assertion est inexacte. Franqueville fit, pour Jean de Bologne, un modèle de la tête du prince, et il dut s'en acquitter avec talent, car on déclara, une fois la statue mise en place, le visage du roi vivant et ressemblant, une des figures les plus ressemblantes que nous ayons de ce grand prince[38].

Marie de Médicis n'avait pas eu tort d'appréhender la lenteur de Jean de Bologne : le travail n'en finit pas. La reine paraissait pressée : le présent qu'elle voulait faire à la ville de Paris, disait-elle, serait d'autant plus goûté qu'il arriverait plus à propos : il traîna près de neuf années ! Elle réclama vingt fois. En 1606, elle envoyait son écuyer Luigi Bracci à Jean de Bologne pour traiter du paiement du cheval comme si celui-ci était déjà achevé. Mais Bracci fut disgracié, révoqué de ses fonctions ; interdiction lui fut signifiée de revenir en France ; il fut même jeté en prison, où il resta jusqu'en 1607, pour des raisons diverses. A sa place Marie expédia Concini. Concini avait mission de convenir du prix avec Jean Boulogne pour le cheval de bronze et que vous avisiez, ajoutait la reine, au moyen de le faire apporter de deçà, et aussi que vous donniez ordre de faire faire le plus promptement qu'il se pourra par ledit Jean Boulogne l'effigie du roi monseigneur en bronze pour poser sur ledit cheval. Au bout de deux ans, rien n'était terminé. M. d'Ocquerre, fils de M. Blancmesnil, chancelier de la reine, partant pour l'Italie où il allait faire un voyage, selon l'habitude des jeunes gens de famille du temps, Marie de Médicis le chargea de voir où en était le travail, dont elle n'avait aucune nouvelle, d'aller trouver le grand-duc et de s'entendre avec lui sur ce sujet[39].

Entre temps on édifiait à Paris la place Dauphine et l'architecte du Pont-Neuf, Marchand, disposait la terre-plein sur lequel devait s'élever la statue attendue.

Puis Jean de Bologne mourut ; comme l'avait prévu Marie de Médicis il n'avait pu mener son œuvre à bonne fin. Avait-il même beaucoup touché au projet, si tant est que le cheval fût terminé ? Il est difficile de le dire. Un échange de lettres eut lieu entre la reine de France et le grand-duc Ferdinand sur les suites que comportait cet événement et il fut décidé de confier au sculpteur Pietro Tacca l'achèvement de la statue. Je ne doute pas, écrira ensuite Marie de Médicis à cet artiste, qu'ayant mis la dernière main à cet ouvrage, comme vous me le mandez, il ne soit digne de ce qu'il représente. Il fallut attendre jusqu'en 1614 pour voir le terme de ce grand œuvre. A son tour Tacca, auquel on avait convenu de payer 700 écus, dut patienter deux ans avant de voir régler son compte[40].

Le transport à Paris du monument fut une entreprise mouvementée. Le grand-duc avait délégué à cette charge son agent diplomatique, le chevalier Pesciolini que secondait l'ingénieur Guidi. On embarqua la statue à Livourne sur un navire qui alla passer par le détroit de Gibraltar pour gagner le Havre. Près d'arriver, le bateau fît naufrage sur un banc de sable. On sacrifia le bâtiment et on repêcha la statue tombée au fond de l'eau.

Le 2 juin 1614, à quatre heures de l'après-midi, le jeune roi Louis XIII avait posé la première pierre du piédestal de la statue : Franqueville devait s'occuper de tout ce qui concernait le piédestal. Sollicités par les complications menaçantes de la politique, le roi et sa mère partirent pour la Bretagne presque aussitôt et c'est pendant leur absence, en juillet 1614, que l'œuvre de Jean de Bologne et de Tacca, enfermée dans des caisses de bois, arriva. Marie de Médicis écrivit qu'il ne fallait pas attendre son retour pour ériger la statue et l'inaugurer[41]. Le 23 août eut lieu cette cérémonie solennelle qui ne consista qu'à dresser le monument, et à laquelle assistaient : les commissaires chargés de la construction du Pont-Neuf, les premiers présidents du Parlement, M. de Verdun, de la Chambre des comptes, M. de Nicolaï ; le procureur général, M. de Bellièvre, le lieutenant civil, les trésoriers généraux de Paris, le prévôt des marchands, M. Miron et ses quatre échevins ; Pierre Franqueville, qualifié de premier sculpteur de Leurs Majestés. On introduisit dans le ventre du cheval une inscription peinte sur vélin, enfermée en un tuyau de plomb avec de la poussière de charbon afin de la mieux conserver. Cette inscription, œuvre de M. Gilbert Gaulmin de la Guyonnière, disait que le grand-duc de Toscane Ferdinand avait commandé la statue à Jean de Bologne et l'avait fait achever d'élabourer par Pietro Tacca, son sculpteur, en mémoire d'Henri IV. La statue du Pont-Neuf était-elle donc un présent du grand-duc ? On pourrait le croire : Sur ce que vous aviez su, écrivait Marie de Médicis au début de l'affaire, en 1605, à son oncle, que je désirois faire faire l'effigie du roi Monseigneur à cheval en bronze, vous aviez l'intention de faire faire, par delà, ladite effigie par les mains de Jean Boulongne et me l'envoyer ; vous me vouliez faire cette courtoisie. Puis quelques jours après l'inauguration, la régente étant revenue à Paris et ayant fort admiré la statue qu'elle disait voir de son appartement du Louvre, écrivait au grand-duc de Toscane pour le remercier de ce bel effet de votre courtoisie et bonne volonté. C'est un présent, disait-elle, qui m'a été du tout agréable. Pas très certaine probablement du cadeau lui-même, Marie de Médicis, nous l'avons vu, avait envoyé à Florence afin de régler le prix de la fonte du cheval et, deux ans après, l'envoyé florentin lui rappellera qu'elle n'a pas encore payé Pietro Tacca. Dans ces limites l'intention courtoise de la cour de Florence se trouve réduite à des proportions plus modestes[42].

Il restait à orner le piédestal : ce fut une œuvre aussi longue et difficile. Pierre de Franqueville y mit un temps interminable ou même il se borna à donner les dessins et d'autres exécutèrent. Il projetait de placer aux quatre coins des personnages figurant les quatre parties du monde et autour des bas-reliefs en bronze représentant : les batailles d'Arqués et d'Ivry, la réduction de Paris, le siège d'Amiens et de Montmeillan avec des inscriptions, des lauriers, des oliviers, l'ensemble ne manquant d'ailleurs ni d'élégance ni de distinction, à comparer surtout avec le piédestal de 4818. Franqueville ne parvint pas à l'exécuter. Un instant, avant même que la statue fût inaugurée, il avait été question de l'évincer. Les commissaires et directeurs des bâtiments et édifices du Pont-Neuf ne voulant pas de lui, réclamant un autre artiste, pour sculpter les bas-reliefs, Franqueville écrivit à la reine, lui envoya son gendre Bartolomeo Bordoni, et Marie de Médicis dut lui répondre qu'il eût à se tranquilliser ; qu'elle ne voulait pas qu'autre que lui mît la main à cet ouvrage, puisqu'il en avoit déjà fait les dessins et le modèle. Les commissaires eurent le dernier mot, sinon en principe, au moins en fait, puisque Bordoni, le gendre, exécuta les quatre statues du piédestal, lesquelles furent trouvées médiocres et maigres comme des squelettes ; quant aux bas-reliefs qui n'étaient pas encore fondus en 1635, Richelieu les commanda à Bordoni, à Michel Bourdin, et à Barthélemy Tremblay : ils furent meilleurs que les statues[43].

La prédilection manifestée par Marie de Médicis à l'égard des arts a su encore affecter d'autres formes et variées. Un certain Jean Biot, dit Mercure, s'était signalé dans la confection d'émaux imitant les marbres, jaspes, calcidoines. La reine voulant gratifier ledit Mercure et lui donner plus de courage et d'affection à faire paraître quelques pièces de ses artifices et inventions, lui permet de chercher à loisir dans toutes les terres de son domaine du Bourbonnais les minières tant métalliques que autres servant à l'effet ci-dessus, comme aussi de recueillir les fougères et autres herbages inutiles ès bois et forêts en dépendances qui y pourront servir ; elle lui donnait d'avance ce qu'il trouverait. — Un autre ouvrier, Etienne Sager, était habile dans l'art d'imiter les laques de Chine. Marie de Médicis l'attache à sa personne avec un revenu fixe pour lui faire faire avec gomme laque et peinture dorée, en usage dans ledit pays, cabinets, coffres, boîtes, lambris, ornements d'église, chapelets et autres meubles et ustensiles chinois. Elle installe même un marchand d'articles chinois dans la galerie du Louvre, dans cette galerie où elle avait également mis un artiste travaillant remarquablement l'ébène, Laurent Septabre, le plus connu des ouvriers de ce genre au début du XVIIe siècle[44].

A sa maison sont rattachés sous le nom de gens de métier un certain nombre d'ouvriers de tous corps d'état ; la place est bonne, en raison des privilèges dont on jouit, des commandes qu'on reçoit et du traitement fixe annuel qu'on touche. Chaque reine de France avait eu de ces gens ; Marie de Médicis en a augmenté le chiffre ; au lieu de douze que Louise de Lorraine, femme d'Henri III, comptait près d'elle, elle en eut jusqu'à quarante-trois. Il est sans doute de peu d'intérêt pour nous que dans ce monde elle ait un vertugalier, un faiseur de porte-fraises, un cordonnier ou un linger, une perruquière ou un passementier, mais il n'est pas indifférent de savoir qu'elle a élargi la part des artistes. Nous avons déjà parlé de son joaillier Nicolas Roger et de son architecte Salomon de Brosse ; dans la liste figurent aussi deux graveurs : Danfrie et Pierre Turpin, auquel elle confie le soin de graver ses sceaux ; deux horlogers, un libraire-imprimeur, Jacques de Heuqueville ; quatre peintres : Ambroise Dubois, Daniel Dumonslier, Guillaume Dumée, Nicolas Duchesne ; et nous en connaîtrions bien d'autres si les commis rédigeant les comptes n'avaient pas cru négligeable de donner les noms des quarante-trois privilégiés. Un des privilèges appréciés est de pouvoir obtenir un logis dans la grande galerie du Louvre que vient de construire Henri IV pour relier son palais aux Tuileries : le premier étage demeurant à l'usage du roi, le rez-de-chaussée et la mezzanine servant aux artistes. Sur les dix-huit personnages qui les premiers, par lettres patentes de 1608, sont appelés à l'honneur de cette faveur royale, près de la moitié sont des artistes chers à la reine : la proportion indique combien Marie s'est associée à la mesure prise parle roi[45].

A l'égard des œuvres étrangères, sa sollicitude est curieuse. Il v avait un certain Flamand nommé Pierre de Brun dont le métier consistait à vendre en France des rares peintures, tableaux et autres bardes excellentes qu'il faisoit venir de provinces étrangères et éloignées. Pierre de Brun s'installait particulièrement à la foire de Saint-Germain, mais, ne voulant rien remporter de France, il ne quittait pas le royaume, pour aller entreprendre une nouvelle campagne d'achats au loin, qu'il n'eût débité tout son fond. Marie de Médicis s'emploie dans de grandes villes, Bordeaux, Orléans, Rouen, à faciliter au brocanteur la vente de ses marchandises rares. De Brun mettait ses pièces en loterie. Les parlements, soucieux de défendre les commerces locaux, interdisaient ces loteries ou blanques. La reine sollicite du roi des lettres de jussion lesquelles ordonnent aux cours judiciaires de cesser leur opposition et elle écrit à chacun des premiers présidents des parlements pour leur demander, à titre personnel, de favoriser gracieusement l'exécution des ordres que le roi a autoritairement envoyés[46].

Marie de Médicis aima beaucoup les broderies. C'était elle-même qui choisissait, par exemple, les broderies devant figurer sur les hoquetons et casaques des archers de ses gardes. Elle avait dans sa maison des brodeurs français attitrés : Nicolas de Vaudray, Jean le Boiteux, Jean Michel, Louis Boucherot, Nicolas Desforses. Elle affectionnait les broderies orientales et elle avait fait venir d'Orient tout un groupe d'ouvriers et d'ouvrières formant près d'elle une singulière petite colonie exclusivement appliquée à ce genre d'ouvrages : un Turc, d'abord, logé au Luxembourg ; M. de Brèves, ambassadeur à Constantinople, revenant en France, lui avait ensuite amené une levantine habile, Polonaise d'origine, nommée Anne Ossache, qu'on maria avec un certain Laurent Cosson, déchargeur de l'artillerie ; la reine avait encore trois dames turques de nation, que nous avons fait venir en ce royaume, écrit-elle, pour travailler à plusieurs ouvrages pour notre service, auxquelles on donnait 420 livres de gages annuels et qui s'occupaient de broderies de soie fournies à elle par le marchand Decreil ; leurs robes confectionnées passaient pour les choses du monde les plus belles, au dire de Malherbe. Surtout Marie de Médicis comptait dans cet atelier deux Grecques, Adrienne Theodoran et Marguerite Thamary, aux mêmes gages de 120 livres et desquelles elle paraît s'être occupée avec une attention particulière ; elle les nourrissait ; — une fois l'argent ayant manqué dans les caisses de la reine toujours à court, le trésorier général de la maison, M. Florent d'Argouges, fut obligé, pendant trois ans, d'avancer les frais de cette nourriture, en même temps que de payer les gages ; — elle les logeait ; elle les logea jusqu'en 1615, en raison sans doute de leur jeunesse, chez les sœurs de Sainte-Ursule à la supérieure desquelles, sœur Marie de Sainte-Croix de l'Incarnation, étaient payées les 360 livres représentant le prix de la pension des deux. Après 1615, elle les réunit à Anne Ossache ; puis, celle-ci ayant épousé son déchargeur, Adrienne Theodoran se maria de son côté en 4617 avec un fourrier des logis du corps d'Anne d'Autriche nommé Jean Guillot, et reçut pour ses noces, de la reine, 2 400 livres de gratification : toutes deux devant continuer à exécuter des ouvrages de broderie façon du Levant ; quant à Marguerite Thamary, elle se fit carmélite et devint sœur de la Croix. C'étaient le marchand Jean Henriot qui délivrait aux filles grecques la toile claire sur laquelle elles brodaient, et le peintre François Bénard qui traçait les carrés de toile sur lesquels elles travaillaient[47].

Enfin Marie de Médicis s'employa volontiers à faciliter en Italie le voyage de savants, d'artistes de toutes sortes désireux d'aller compléter leur éducation dans la péninsule. Elle les recommandait à ses parents princiers, à ses amis ; tels ce fils d'un arboriste et simpliciste du roi monseigneur qui a, puis quelques années, commencé par son commandement un jardin à Paris de plusieurs arbrisseaux, herbes et simples rares et recherchées des provinces éloignées ; il s'en va maintenant en Italie, écrivait-elle, pour voir ce qu'il trouvera de rare ; je vous prie d'avoir pour agréable qu'il voye vos jardins et que s'il y a quelque simple en iceux dont il puisse apporter de deçà du plan et de la semence, de le lui permettre ; — tel encore ce jeune homme de Blois, Jean Mosnier, qui partait avec l'archevêque de Pise pour le pays de Michel-Ange ; Marie de Médicis le défraya de son voyage et lui promit une pension mensuelle de 45 livresque lui fera tenir le valet de chambre Nicolas Roger, l'orfèvre, afin qu'il puisse estudier en Italie son art de peintre. Il semble que Marie de Médicis n'ait voulu négliger aucune des formes diverses qui désignent les protecteurs des arts à l'estime de l'histoire[48].

 

 

 



[1] L'art du début du XVIIe siècle, très varié et original, marqué par la diversité des genres et des aptitudes, ne comporte pas d'ailleurs d'unité de doctrine (voir les considérations d'H. Lemonnier, l'Art français au temps de Richelieu, Paris, Hachette, 1893, in-12°, p. 199 et suiv.).

[2] Mercure français, 1612, p. 471 ; Bassompierre, Mém., II, 87 ; Germain Bapst, Du rôle économique des joyaux dans la politique et la vie privée pendant la seconde partie du XVIe siècle, Paris, A. Picard, 1887, in-8°. Au baptême du dauphin, en 1606, à Fontainebleau, Marie de Médicis portait, paraît-il, une robe estoffée de trente-deux mille perles et de trois mille diamants (Procès verbal de la cérémonie, Bibl. nat., ms. Dupuy 76, fol. 225 r°). Ces chiffres sont bien élevés !

[3] Th. Platter a décrit le Pont-aux-Changeurs du temps et les boutiques des orfèvres joailliers qui s'y trouvaient (Th. Platter, Description de Paris, 1599 ; dans Mém. de la Soc. de l'hist. de Paris, XXIII, 1896, p. 207). Paris comptait à la fin du XVIe siècle 300 orfèvres, dont 184 dans une seule rue (F.-G d'Ierni, Paris en 1596, dans Bullet. de la Soc. de l'hist. de Paris, 1885, p. 166). Henri IV avait complété en mai 1599 les statuts de la corporation (Lettres patentes, Bibl. nat., Actes royaux, F. 23 610 [560]). Quelques-uns des artistes que nous citons ont fait déjà l'objet de quelques recherches, par exemple Louis de la Haye (F. Mazerolle, dans Arch. hist. et litt., 1891 ; cf. N. Valois, Inventaire des arrêts du Conseil d'Etat, II, 108, 559) ; François Dujardin, qui était le fils d'un orfèvre de Charles IX et d'Henri III (Bibl. nat., Cabinet des titres, 1570, n° 101 ; Nouv. arch. de l'art français, 1879, p. 224). Pierre Courtet ou Courtois qui avait une boutique dont l'enseigne portait : Aux trois rois, fut chargé en 1604 de faire l'inventaire des pierreries du Louvre (Bibl. nat., Pièces originales 2 526, n° 29) et mourut vers 1611 (Arch. de l'art français, V, 189 ; voir aussi : Nouv. Arch. de l'art français, 1888, p. 225).

[4] Tallemant parle de la famille de Roger (Historiettes, VI, 149), ancienne famille d'orfèvres-joailliers. Nicolas, dans une circonstance importante, alla en Italie porter des lettres de Marie de Médicis (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 86, fol. 16 r° et 87, fol. 118 v°) ; il succéda à Jean Delorme comme valet de garde-robe de Louis XIII (Ibid., ms. fr. 1 834, fol. 214 r°), fut orfèvre-joaillier d'Henriette de 1622 à 1623 (Ibid., nouv. acq. fr. 9 173, fol. 633 v°) et laissa en 1631 sa place de valet de garde-robe du roi à son fils Vincent (Ibid., ms. fr. 7 834, fol. 232 v°).

[5] Il fut dressé après la mort de Marie de Médicis tout un dossier d'états relatifs aux achats de diamants faits par la reine (Bibl. nat., ms. fr. 11 181). Dans la liste des cadeaux qu'Henri IV envoya à la cour d'Angleterre au moment de l'ambassade de Sully, on ne relève guère aussi que des diamants parmi les joyaux, preuve que la préférence de la princesse pour cette pierre ne lui était pas particulière (Sully, Économies royales, II, 169).

[6] Henri IV donna pas mal de bijoux à Marie de Médicis au moment de son mariage (Amb. vénitiens, Bibl. nat., ms. italien 1749, fol. 39 v°). Il fit venir, de plus, en 1602 à Paris les joyaux de la couronne de .Navarre rangés dans des coffrets portant les noms de Abraham, Jacob, Esaü, Job, Aaron, etc. (G.-B. de Lagrèze, Henri IV, sa vie privée, p. 108). Quant au collier de perles d'Henri IV, le grand carquan, dont parlent Palma-Cayet (Chronologie septennaire, éd. Michaud, XII, 124), Godefroy (Cérémonial français, 1649, in-fol. II, 52), S. Dupleix (Hist. de Henry le Grand, 1632, p. 430), il fut donné à Lyon par M. de Roquelaure de la part du roi (P. Matthieu, l'Entrée de Marie de Médicis en la ville de Lyon, 1601, p. 27). Le bracelet de 360.000 livres fit parler le public (Malherbe, Lettres, dans Œuvres, éd. Lalanne, III, 309). Voir sur tous ces joyaux : Lettres patentes, actes, mémoires et inventaires de bagues, joyaux et pierreries de la couronne de France, 1533-1631 (Bibl. nat., ms. fr. 7 804 et nouv. acq. fr. 7 118).

[7] Les horlogers étaient en ce temps une curiosité de Blois. On allait les voir en traversant la ville (Héroard, Journal, II, 145), et on leur achetait des montres pour les offrir en souvenir (mademoiselle de Montpensier, Mém., Paris, 1728, in-12°, I, 29). C'est ainsi que Marie de Médicis passant par Blois en 1614 va faire sa visite et achète pour Léonora Galigaï une orloge sonnante (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 89, fol. 264 v°).

[8] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 92, fol. 74 r° ; 91, fol. 159 r°, 216 r°. Il est assez piquant ensuite de voir les États généraux de 1614 demander que toutes actions [en justice] soient déniées aux marchands qui auront vendu pierreries et orfèvreries à crédit, à quelque personne que ce soit, fors de marchand à marchand (Cahier général du Tiers-État, p. 103) ; puis ajouter : qu'il soit fait défense à toutes personnes, fors à celles qu'il plaira à Votre Majesté excepter par un édit, déporter perles, diamants et autres pierreries (Ibid., p. 205).

[9] M. de Harlay, qui tenait le Sancy de François d'O (certificat publié par Bourdon dans le Bullet. hist. et phil., 1901, p. 30-31), a conté lui-même ces péripéties (Discours fait par Messire Nicolas de Harlay, seigneur de Sanci, surintendant des finances et l'un des principaux ministres de Henri IV, Bibl. nat., ms. fr. 3 445, fol. 99 v. Cf. Villeroy, Mém. d'Estat, Paris, S. Thiboust, 1623, in-12°, III, 252 ; Poirson, Mémoires et documents nouveaux relatifs à l'Histoire de France à la fin du XVIe siècle, Paris, Didier, 1868, in-8°, p. 113). — Voir aussi Sully (Économies royales, II, 35, 328), les Lettres missives (V, 403), G. Bapst (Hist. des joyaux de la couronne, Paris, Hachette, 1889, gr. in-8°, p. 184).

[10] Le Musée du Louvre possède un certain nombre d'objets du début du XVIIe siècle analogues à ceux dont nous parlons ; mais, sauf un miroir de Venise et un bougeoir donnés comme ayant appartenu à Marie de Médicis, il est difficile de dire si aucun d'eux provient des collections de cette princesse (H. Barbet de Jouy, les Gemmes et joyaux de la couronne publiés et expliqués, dessinés et gravés à l'eau-forte d'après les originaux par Jules Jacquemart, Paris, 1865, in-fol.). Voir Paul Mantz, Recherches sur l'hist. de l'orfèvrerie française, dans Gazette des Beaux-Arts, 1re période, IX, 15.

[11] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 92, fol. 92 r°. La vache d'or offerte par les États de Béarn à Marie de Médicis (L'Estoile, Journal, VIII, 1) fut donnée à l'occasion de la première grossesse de la reine. Elle était l'œuvre des orfèvres de Pau Antoine de Belleville et Roger de Gassie (Arch. des Basses-Pyrénées, C, 701) Le Béarn envoya la représentation d'une vache parce que cet animal figure dans ses armes (duc de la Force, Mém., I, 228).

[12] C'est lui certainement qui a le plus travaillé pour la couronne au début du XVIIe siècle. Les chenets d'argent dont nous parlons avaient coûté 8.609 livres ; ils figuraient dans le cabinet de Marie de Médicis au Louvre et passèrent de là, comme nous l'avons dit, au palais du Luxembourg (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 92, foi. 92 r° ; Malingre, Antiquités de Paris, 1640, II, 401).

[13] Quand Marie de Médicis voulait de l'argenterie, elle donnait fréquemment son argent vieil soit en déduction du prix, soit plutôt pour le transformer. Mais les marchés qu'elle fait de la sorte ne paraissent pas très avantageux, car une fois pour changer et refaire de neuf, ainsi, un lot, madame Hotmann prend à la reine 346 marcs, 3 onces de vieil argent, ne lui en rend que le poids de 316 marcs, 4 onces et réclame un prix de façon de 7.620 livres, 6 sols ! (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 92, fol. 106 r°). Il est nécessaire de joindre aux objets d'orfèvrerie et de joaillerie appartenant à la reine que nous venons d'indiquer tous ceux que nous avons signalés déjà au chapitre II comme figurant dans son appartement.

[14] Les biographes de Métezeau ne paraissent pas connaître ce détail (Ad. Berty, les Grands architectes français de la Renaissance, Paris, 1860, in-8°, p. 128 ; Nouv. arch. de l'art français 1872, p. 10), qui est donné par la correspondance de la reine (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 89, fol. 174 r° et ms. Dupuy 128, fol. 76). Le tombeau d'Henri IV qui existe encore intact se trouve dans les cryptes de Saint-Denis. En ce qui concerne le projet d'Henri IV de compléter le Louvre, projet dont Berty n'était pas sûr (Topographie hist. du vieux Paris, II, 97), nous en sommes rendus certains par un passage de Malherbe (Lettres, III, 59) et un autre de Palma-Cayet (Chronologie septennaire, éd. Michaud, p. 283 ; voir ce que dit A. Babeau : Note sur les plus anciens plans d'achèvement du Louvre et de réunion de ce palais aux Tuileries, 1895, in-8°. Extrait des Mém. de la Soc. nat. des antiquaires de France, LIV). Henri IV avait dépensé plus de 8 millions de livres en constructions (Jeannin à la mémoire perpétuelle d'Henri IV, ms. de la Biblioth. de Bourgogne à Bruxelles, cité par Ranke, Hist. de France, Paris, 1854, II, 323). Sur le mouvement architectural en France dans la première moitié du XVIIe siècle, voir la 4e édition de J. du Breul (le Théâtre des antiquités de Paris, Paris, 1639) ; pour les hôtels construits de 1610 à 1660, Sauval (Antiquités de la ville de Paris, t. II, liv. VII) et les édifices religieux : Inventaire général des richesses d'art de la France ; 1re série : Monuments religieux (Paris, Plon, 1886-1890, 2 vol. in-4°) ; surtout Félibien (Hist. de Paris, II, 1255-1488). Il existe aux Archives nationales (KK. 193-194) des comptes de bâtiments de Marie de Médicis pour les années 1615-1620.

[15] La date de la nomination de Salomon de Brosse comme architecte de la reine est approximativement indiquée par une lettre de Marie de Médicis à M. de Verdilly (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 87, fol. 284 v°). On s'est déjà beaucoup occupé de cet artiste (Ch. Read, Salomon de Brosse, l'architecte de Henri IV et de Marie de Médicis, Nogent-le-Rotrou, 1881, in-8° : du même, les De Brosse et les Du Cerceau, dans Bulletin de la Soc. de l'hist. de Paris, 1882, p. 148-151 ; J.-J. Guiffrey, les De Brosse et les Du Cerceau, architectes parisiens, et la famille de Salomon de Brosse, Ibid., 1882, juillet-déc. ; Coüard-Luys, Salomon de Brosse et ses enfants, Ibid., 1883, 83-95 ; de Marsy, dans Réunion des sociétés des Beaux-Arts des départements à la Sorbonne en 1881, 159-161), et aussi des Du Cerceau (Geymuller, les Du Cerceau, Paris, in-4° ; Alf. Barbier, l'Hôtel Sully à Châtellerault et Charles Androuet du Cerceau, 1594-1606, Poitiers, 1902, in-8°. Sur eux, voir Bibl. nat., nouv. acq. fr. 1 468, et N. Valois, Inventaire des arrêts du Conseil d'État, II, 541). L'entrepreneur de l'aqueduc d'Arcueil se nommait Jean Coin (Isambert, Recueil, XVI, 37). Le Discours sur l'inondation arrivée au faubourg Saint-Marcel lez Paris par la rivière de Bièvre (Paris, Barbote, in-8°) explique quelle était la nécessité de cet aqueduc.

[16] Th. Lhuillier, l'Ancien château royal de Montceaux-en-Brie, Paris, Plon, 1883, in-8°. L'inventaire du château après la mort de Gabrielle d'Estrées (Arch. nat., KK. 151) a été publié par de Fréville (Bibl. de l'École des Chartes, 1848, III, 148-171). Nous avons aussi un inventaire du château tel que l'avait installé Marie de Médicis et daté des années 1623-1624 (Arch. du minist. des Aff. Étrang. France, 778). Pour le reste des indications données, voir Lettres missives (VIII, 806, 820), Sully (Économies royales, II, 35), Zeller (Henri I V et Marie de Médicis, p. 116), Bassompierre (Mém., I, 62).

[17] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 91, fol. 153 v° ; 93, fol. 85 r°. C'est donc par erreur que Th. Lhuillier dit que le nom de Salomon de Brosse paraît pour la première fois à Montceaux en 1615 (op. cit., p. 27), et M. Palustre est plus inexact en écrivant que cet artiste n'a rien fait à Montceaux (Palustre, la Renaissance en France, I, 168). A la chapelle qu'il construisit de Brosse mit douze colonnes de marbre blanc qu'on acheta en Italie avec leurs bases et chapiteaux et qui furent transportées dans des caisses, par mer, à Rouen, et de Rouen à destination par la Seine, sur le bateau de Toussaint Dieppedalle, voiturier (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 87, fol. 345 r°, 248 v°).

[18] C. Mollet, Théâtre des plans et jardinages, Paris, 1051, in-4°, p. 202. La reine avait à Montceaux un capitaine, sorte de régisseur, M. Guillaume du Bois de Condren, déjà là sous Gabrielle d'Estrées et que remplaça en 1616 Bassompierre (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 91, fol. 104 r° et v°). Ce capitaine dépendait du surintendant des bâtiments. Nous avons la liste du personnel qui était attaché au château (Th. Lhuillier, op. cit., p. 28) et jouissait de l'exemption de la taille. Les habitants du bourg vinrent se réfugier avec leurs meubles et leurs bestiaux dans le château au moment des troubles de 1614.

[19] Marguerite de Valois avait acheté Issy en 1606 à l'orfèvre Roger de la Haye, pour fuir Paris où il y avait la peste (de Saint-Poncy, Hist. de Marguerite de Valois, II, 493). L'achat du domaine par Marie de Médicis était effectué en mai 1615 (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 91, fol. 89 r°). Sur l'affaire d'Anet, voir une lettre de la reine à mademoiselle d'Aumale du 23 décembre 1614 (Ibid., 89, fol. 296 r°). Marie de Médicis possédait aussi à Chaillot la maison dont nous avons eu occasion de parler (Ibid., 221, fol. 105 r°).

[20] Sur l'insuffisance des chambres et l'insalubrité du voisinage, voir les lettres de la reine (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 89, fol. 204 r° et 205 v°). La notice de A. de Gisors consacrée au Luxembourg (le Palais du Luxembourg fondé par Marie de Médicis, Paris. 1847, gr. in-8°) est très succincte en ce qui concerne Marie de Médicis. Avant d'acheter l'hôtel de M. de Luxembourg, la reine avait projeté d'acquérir une maison place Royale pour loger les ambassadeurs (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 89, fol. 172 v°). La lettre par laquelle Marie de Médicis pria M. de Luxembourg de recevoir chez lui le premier ambassadeur extraordinaire est du 10 août 1610 (Ibid., 88, fol. 59 v°). M. François de Luxembourg, dit de Piney, dont il est ici question avait été ambassadeur à Rome (Bibl. nat., ms. Dupuy 212). La raison pour laquelle auparavant M. de Gondi recevait les ambassadeurs dans son hôtel (Sully, Économies royales, II, 109 ; Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 87, fol. 321 v°) était que les Gondi remplissaient de père en fils la fonction d'introducteur des ambassadeurs (Bibl. nat., ms. fr. 7 854, fol. 188 v°). D'après L'Estoile (Journal, XI. 142) l'achat de l'hôtel de Luxembourg aurait été signé le 27 septembre 1611. L'Oratoire avait eu un instant l'idée aussi d'acquérir l'immeuble (Perroniana, Genève, 1669, p. 223). Bassompierre donne le chiffre de 40.000 écus, comme prix de cet hôtel (Bassompierre, Mém., I, 284) ; ce chiffre est porté par d'autres à 80.000 (A. Gussoni et A. Nani, dans Barozzi, Relazioni, II, I, 482). Marie de Médicis nomma un garde à sa nouvelle maison, M. de Sancerre (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 91, fol. 40 r°) ; elle y eut une basse-cour populeuse (Ibid., 92, fol. 106 v°), une glacière (fol. 46 r°).

[21] La lettre de Marie de Médicis à la grande-duchesse de Toscane est du 6 octobre 1611 (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert, 88, fol. 228 v, donnée par Paulin Paris dans Tallemant, Historiettes, II, 85). L'ambassadeur florentin Malteo Botti prévint Vinta des intentions de la reine (Palustre, la Renaissance en France, I, 86). L'envoi de Métezeau est du 14 octobre (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 88, fol. 234).

[22] La question des achats de terrains a été traitée par Ad. Berty (Topographie hist. du vieux Paris, faubourg Saint-Germain, p. 287). Nous ajoutons ce que nous donnent nos comptes (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 92, fol. 14 r° ; 89, fol. 42 v ; 93, fol. 136 r° ; 95, fol. 1 r° ; 94, fol. 67 r° ; 93, fol. 136 V). Ces achats ne se firent pas tous aisément (Remontrances des Chartreux à la reine-mère Marie de Médicis sur les terres qu'elle veut prendre pour accroître les jardins du Luxembourg, Bibl. nat., ms. Clairambault 565, fol. 94). La nomination de Nicolas Descamps est du 6 avril 1612 (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert, 91, fol. 31 r°). Sur les plantations, voir Ibid., 89, fol. 101 v° ; 113 r° ; 92, fol. 45 r° ; Richelieu, Mém., I, 63.

[23] Nous avons des raisons de croire que Métezeau rapporta de Florence un plan imitant le Pitti, mais auquel fut préféré le projet de Brosse (voir Berty, les Architectes français de la Renaissance, p. 128). Il parait que de Brosse, sur l'invitation de Marie de Médicis, serait allé étudier l'hôtel de Rambouillet (Tallemant, II, 487). Nous ne faisons qu'indiquer ici quelques idées qu'on trouvera plus développées et mieux expliquées dans l'article publié par nous, sous le titre de : Marie de Médicis et le palais du Luxembourg, dans la Revue de l'art ancien et moderne, 1905, t. XVII, mars, p. 217-232.

[24] Pierre Le Muet, architecte du roi, reçut 300 livres pour le travail (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 92, fol. 110 r° : voir sur cet artiste : Nouv. Arch. de l'art français, 1872, p. 14). En posant la première pierre du monument (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert, 92, fol. 89 r°), Marie de Médicis mit trois médailles du graveur Régnier dans les fondations (Ibid., 92, fol. 94 r° ; cf. A. Blanchet, Médailles de Marie de Médicis et de Henri IV, Paris, G. Rollin, 1905, in-8°, p. 3-11). Salomon de Brosse qui habitait auparavant rue des Vieux-Augustins (Bullet. de la Soc. de l'hist. de Paris, 1882, p. 106) vint habiter rue de Vaugirard (Mém. de la Soc. de l'hist. de Paris, 1883, p. 87). On employa pour bâtir le Luxembourg des matériaux provenant de la chapelle des Valois à Saint-Denis (Félibien, Hist. de l'abbaye de Saint-Denis, Paris, 1706, in-fol., p. 442). Pour les travaux du sculpteur Berthelot, voir : Bibl. de l'Arsenal, ms. 5 993, fol. 270 v°.

[25] C'est sans doute d'après Piganiol de la Force (Description de Paris, 1765, in-8°, VII, 162) que la Topographie historique (p. 297) croit le Luxembourg achevé en 1620 ; Saint-Simon dit qu'il ne le fut qu'en 1630 (Parallèle des trois premiers rois Bourbons, p. 168). Le procès-verbal dont nous parlons ici est un volumineux manuscrit de près de 700 pages (Bibl. de l'Arsenal, ms. 5 995). Il donne le détail aussi précis que possible de l'état de la construction : on posait à peine les croisées et toutes n'étaient pas encore en place. Il n'y est pas question des intérieurs. Le monument faisait déjà grand effet sur les contemporains (la Chasse au vieil grognard, 1622, dans E. Fournier, Variétés hist. et litt., III, 33).

[26] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 92, fol. 36 V. Bunel était déjà peintre d'Henri IV du temps où celui-ci était roi de Navarre. On lui avait fait faire les portraits du cardinal d'Armagnac, de Vaudoré, de Saint-Gelais (Arch. des Basses-Pyrénées, A. 2910). Nous avons vu plus haut que Concini avait commandé à cet artiste une duplique du portrait, exécuté par lui, d'Henri IV pour la petite galerie du Louvre (Sauval, Antiquités de Paris, 1724, II, 37). Ces détails ne paraissent pas connus du dernier biographe de Bunel (Paul Lafond, François el Jacob Bunel, peintres de Henri IV, Paris, Plon, 1898, in-8°).

[27] Voir sur Marin le Bourgeois : Bibl. nat., nouv. acq. fr. 5 400 ; les documents ensuite publiés par B. Fillon (Nouv. arch. de l'art français, 1876, p. 141-146), et de Laborde (la Renaissance des ails à la Cour de France, Paris, 1850, I, 248 et suiv.) ; sur Dubois, le P. Dan (Trésor des merveilles de Fontainebleau, Paris, 1642, in-fol., p. 144). A côté de Mathieu et de Claude Beaubrun, valets de chambre d'Henri III (Bibl. nat., ms. fr. 7 854, fol. 165 v°), on trouve un Charles Beaubrun qui cesse de porter ce titre en 1595 (Ibid., fol. 198 v°). Louis Beaubrun a été nommé peintre ordinaire de Marie de Médicis en 1618 (Archives de l'art français, 1853, p. 169). Henri et Charles, qui sont cousins, appartiennent autant au règne de Louis XIV qu'à celui de Louis XIII (Guillet de Saint-Georges, Henri et Charles de Beaubrun, dans Mém. inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l'Acad. royale de peinture, Paris, 1854, in-8°, I, 137-146. — Amboise, la ville et le canton, Tours, 1897, in-4°, p. 524 ; A. Gaillard, Amboise, arts et belles-lettres du XVe siècle jusqu'à nos jours, Tours, imp. de A. Arrault, 1904, gr. in-8°, p. 34. Les Beaubrun sont Tourangeaux).

[28] Nouv. Arch. de l'art français, 1882, p. 14. — Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 92, fol. 162 V ; 94, fol. 146 v° (voir de Boislisle, Nouv. arch. de l'art français, 1879, p. 94). Porbus vint s'installer définitivement à Paris vers 1610 et y demeura douze ans (A. Baschet, François Porbus, dans Gazette des Beaux-Arts, 1868, t. XXV, p. 294 ; voir aussi Le Chevallier Chevignard, Sur quelques portraits de Henri IV, Ibid., 2e période, VI, 367). Il fut naturalisé Français en 1618 (Nouv. Arch. de l'art français, 1873, p. 233).

[29] Toutes ces indications sont fournies par Jean Héroard (Journal, I, 18, 19, 21, 30, 55), et les lettres de Marie de Médicis à madame de Monglat (Bibl. nat., ms. fr. 3649, fol. 36 r°, 52 r°). Madame de Monglat, je vous fais ce mot par Decourt que j'envoie exprès à Saint-Germain pour peindre mon fils le dauphin, pour vous dire que vous ne fassiez aucune difficulté de le lui laisser peindre ; à son retour vers moi vous me manderez de ses nouvelles. Adieu, madame de Monglat.

[30] Sur les Dumonstier consulter les articles de J.-J. Guiffrey (les Dumonstier, dessinateurs de portraits au crayon dans la Revue de l'art ancien et moderne, 1905, juillet et suiv.). En ce qui concerne la statuette de faïence émaillée de Dupré représentant Louis XIII, nous savons de quelle manière l'enfant a posé : les mains jointes, l'épée au côté. Il est possible que le petit dauphin à cheval, en faïence de Fontainebleau, actuellement au Louvre et que L. Courajod attribue à Dupré, soit l'œuvre réalisée à celte occasion avec une pose modifiée (L. Courajod, Leçons professées à l’École du Louvre, Paris, A. Picard, 1903, in-8°, III, 271). La plus récente notice écrite sur G. Dupré est celle de F. Mazerolle (les Medailleurs français du XVe siècle au milieu du XVIIe, t. I, p. CXXIX). Voir aussi des quittances, ventes, testaments, concernant Guil. Dupré et Jean Varin, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 1 194. Guil. Dupré fut installé au Louvre en 1603 (N. Valois, Inventaire des arrêts du conseil d'État, II, 144). Le portrait (lu dauphin exécuté par Porbus le 20 août 1606 (Héroard, I, 206) est actuellement à Florence (cf. A. Baschet, Gazette des Beaux-Arts, 1868, t. XXV, p. 297). Voir la lettre par laquelle Marie de Médicis présente Porbus à madame de Monglat, d'ailleurs sans le nommer : Ce peintre présent porteur s'en va, par commandement de ma sœur la duchesse de Mantoue, pour faire les portraits de mon fils le dauphin et de mes filles. Vous ne ferez difficulté de l'introduire, etc., 10 août 1606 (Bibl. nat., ms. fr. 3 649, fol. 51 r°).

[31] Madame de Monglat, j'ai été priée par le sieur de Bressieux de trouver bon que ce peintre qui a déjà fait des portraits de nos enfants en fît un de ma fille aînée pour porter en Angleterre, ce que je lui ai accordé, et ne ferez difficulté de laisser faire ledit portrait par ce peintre, lequel en aura encore d'autres à faire par mon commandement (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 87, fol. 341 v° ; voir aussi la correspondance de M. de Beaumont, ambassadeur en Angleterre, Ibid., mss fr. 15 975-9, 13982-3). On retrouverait sans doute ces tableaux dans les collections de Windsor. Pour un portrait de Chrétienne envoyé à Florence, voir Bibl. nat., ms. fr. 3 649, fol. 39 r°.

[32] Cassiano del Pozo dans son Diarium (publié par Müntz, Archives des arts, 1890, 183), parle des tentures de la chambre du roi. Voir aussi J.-J. Guiffrey, la Tapisserie en France et ses applications à la décoration des appartements, Paris, 1887, in-8°, et l'intéressant petit opuscule le Cavalier passant en forme de petit monde, Lyon, G. Larjot. 1609, in-12°, p. 6. Pierre Dupont, l'auteur de la Stromatourgie ou de l'excellence de la manufacture des tapis dits de Turquie nouvellement establie en France, Paris, 1632, in-4°, avait été installé au Louvre par le roi. Nous avons de lui un curieux recueil de dessins d'oiseaux dessinés et coloriés en vue de la tapisserie (Bibl. nat. ms. fr. 16 968). Le roi avait beaucoup de tapisseries, il en avait assez pour pouvoir en prêter au chapitre de Notre-Dame de Paris afin de tendre toute l'église les jours de cérémonie (Fl. Rapine, Recueil de ce qui s'est passé en rassemblée des Étals de 1614, p. 42). Nous connaissons les plus belles qui ornaient Fontainebleau, celle de Scipion, dans la salle de la belle cheminée (trente pièces données par la ville de Paris à Marie de Médicis en 1601, Nouv. arch. de l'art français, 1880-81, 3)9-310), celles de Coriolan, de Diane ; les Devises de Pau, tapisserie de la couronne de Navarre toute brodée d'or et d'argent (Bibl. nat., ms. Dupuy 76, fol. 227 r°, 229 r°, 230 r°).

[33] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 221, fol. 235 v° et 338 r°. On connaît le travail de M. J.-J. Guiffrey sur Decomans et la Planche (les Manufactures parisiennes de tapisseries au XVIIe siècle, Paris, 1892, in-8°. Extrait des Mémoires de la Soc. de l'hist. de Paris, t. XIX). Voir aussi Nouv. Arch. de l'Art français, 1897, p. 20 et suiv. Le roi Louis XIII continuera à ces tapissiers la protection que leur avait accordée son père (Bibl. nat., ms. fr. 17 311, fol. 42-46). Decomans et la Planche étaient des gentilshommes flamands de Brabant (Isambert, Recueil, XV, 314 ; voir aussi J.-J. Guiffrey, les Gobelins teinturiers en écarlate dans Mém. de la Soc. de l'hist. de Paris, XXX, 1904, p. 60). Pour aider au développement de l'industrie de la tapisserie en France, Henri IV prohiba l'importation des tapisseries étrangères à personnages, à bocages ou à verdures (N. Valois, Inventaire des arrêts du Conseil d'État, II, 56). Quant à Antoine Mesnillet il était en 1624 tapissier de Louis XIII (Bibl. nat., ms. Clairambault 378, fol. 397 r°).

[34] Bibl. nat., ms. fr. 18 600, fol. 625 v°. M. de Fourcy est nommé le 12 janvier 1601 intendant sur le fait des tapisseries employées au service de Sa Majesté (Nouv. arch. de Vart français, 1879, p. 240). On trouvera d'intéressantes indications sur la valeur des riches tapisseries du temps et la façon dont les amateurs se les disputaient dans les lettres du nonce Bentivoglio (Lettere, Florence, 1863, I, 139 et passim).

[35] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 92, fol. 2 r°. Nous n'avons pas trouvé de trace de commandes faites par Marie de Médicis aux Biard, qui étaient cependant attachés à la personne du roi comme valets de chambre, avec appointements de 600 livres, depuis 1594 et le demeureront jusqu'en 1636 (Bibl. nat., ms. fr. 7 854, fol. 198 r° et 213 r°). Sur les bustes d'Henri IV, voir l'article de M. P. Vitry (Gazette des Beaux-Arts, 3e période, t. XX, p. 452-466).

[36] Henri IV appela Franqueville à Paris en 1600 ayant fort remarqué une statue de cet artiste que Jérôme de Gondi avait fait faire et placée dans son bel hôtel de la rue Neuve-Saint-Lambert (Abel Desjardins, la Vie et l'œuvre de Jean de Bologne, Paris, Quantin, 1883, in-fol., p. 179). D'après une autre version, Franqueville ne serait venu en France qu'en 1606 (Nouv. arch. de l'art français, 1876, p. 220-226). La statue équestre du dauphin, aujourd'hui à Florence, serait de 1608 (Müntz, Archives des arts, 1890, p. 78, 79).

[37] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 86, fol. 266 r°. L'original de celte lettre retrouvé dans les archives de Florence par Abel Desjardins a été reproduit par lui en fac-similé (Desjardins, op. cit., p. 50). On connaît les éléments de l'histoire du Pont-Neuf et de la statue d'Henri IV (Sauval, Antiquités de la ville de Paris, I, 234 ; R. de Lasteyrie, Documents inédits sur la construction du Pont-Neuf, Nogent-le-Rotrou, 1882, in-8° ; Ch. J. Lafolie, Mém. hist. relatifs à la fonte et à l'élévation de la statue équestre de Henri IV, Paris, Le Normand, 1819, in-8°). Nous indiquons surtout ici les détails nouveaux que nous avons rencontrés. Le maître des œuvres de maçonnerie qui conduisait la construction du pont, se nommait Jean Durantel (N. Valois, Inventaire des arrêts du Conseil d'État, II, 432) ; on fit toiser les travaux en 1606 (Ibid., II, 320) ; la ville de Paris dut s'ingénier pour trouver des recettes destinées à continuer l'œuvre (Ibid., II, 349, 410, 511 ; cf. E. Fournier, Variétés hist. et litt., VI, 87) ; le public admirait beaucoup le monument entrepris (A. Gothruce, les Estrennes au roy et à la reyne, Paris, 1606, in-12°, p. 23 ; Th. Coryate, Voyage à Paris, 1608, dans Mém. de la Soc. de l'hist. de Paris, VI, 1879, p. 30).

[38] Louis Savot, dans un opuscule assez rare et qui fournit des détails précieux (Discours sur le sujet du colosse du grand roi Henri, Paris, N. de Montrœil, s. d., in-12°, p. 11-12), se trompe ainsi que Galluzzi (Hist. du grand-duché de Toscane, V, 565) en disant que la statue dont le cheval servit au monument du Pont-Neuf fut celle de Côme Ier. La lettre citée plus haut de Marie de Médicis ne permet aucun doute. Jean de Bologne a bien exécuté deux chevaux différents (cf. Desjardins, op. cit., p. 50). L'erreur de Germain Brice (Description de Paris, éd. de 1725, IV, 182) fut rectifiée par Sauval (Antiquités de Paris, I, 235). Le détail concernant le modèle de Franqueville est indiqué par Savot (op. cit., p. 12).

[39] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 87, fol. 69 r°, 81 v°, 113 r° ; pour les missions de Concini, Ibid., fol. 34 v°, d'Ocquerre, fol. 258 r°. L'arrestation de Bracci, comme d'ailleurs son envoi en Italie, fut due à ses intrigues avec madame de Verneuil (Zeller, Henri IV et Marie de Médicis, p. 253). Sur les voyages des jeunes gens de bonne famille en Italie voir ce que dit Beauvais-Nangis (Mém., éd. Monmerqué, p. 64) : Mon père avoit fait estât de m'envoyer en Italie, car de ce temps là on y envoyoit la jeunesse pour y faire ses exercices.

[40] Après la mort de Jean de Bologne le 13 août 1608, Pietro Tacca, son fidèle élève, qui lui succéda, travailla près de trois ans à la statue d'Henri IV (A. Desjardins, op. cit., p. 52, 179). C'est une lettre de Malteo Bartolini qui nous apprend le prix de 700 écus qui lui fut payé (Müntz, Archives des arts, 1890, p. 83). La lettre de Marie de Médicis à l'artiste est du 13 octobre 1614 (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 89, fol. 288 v°). Sur Tacca, voir Baldinucci (Notizie de' professori del disegno da Cimabue in qua, Firenze, 1702, gr. in-8° t. V, p. 354-372).

[41] Lettre de Marie de Médicis à Pesciolini du 31 juillet 1614 : Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 89, fol, 272 v. Cl. Jourdan, Embarquement, conduite, péril et arrivée du cheval de bronze, ensemble les cérémonies, Paris, 1614, in-12°. Pour le piédestal de la statue comme pour le Luxembourg, on se servit des marbres provenant du tombeau des Valois à Saint-Denis (Mém. de la Soc. de l'hist. de Paris, III, 1876, p. 284). La pose de la première pierre est contée par Héroard (Journal, II, 177).

[42] On trouve les détails de l'inauguration de la statue dans le Mercure français (1614, p. 492), Malherbe (Lettres, III, 486), Fontenay-Mareuil (Mém., éd. Michaud, p. 80). Voir aussi, pour des renseignements concernant le monument, Bibl. nat., ms. fr. 24 447, fol. 300. La cérémonie donna lieu à quelques publications de circonstance sans grande valeur, telles qu'une Météorologie ou l'excellence de la statue de Henry le Grand eslevée sur le Pont-Neuf, par D. L. G. (Paris, J. Guerreau, 1615, in-8°) ; Essai de poésie dédiée à Henry le Grand, ou plustot à la statue de bronze de Paris (s. l., 1623, in-8°). L'inscription mise dans le cheval (donnée par le Mercure français, loc. cit. ; voir aussi Bibl. nat., ms. fr. 10 210, fol. 10, et : Copie d'une inscription contenue dans une peau de vélin enclose en un tuyau de plomb avec de la poussière de charbon pour la conservation et mise dans le ventre du cheval de bronze sur lequel la statue de Henry le Grand est posée sur son piédestal du Pont-Neuf à Paris, Paris, F. Morel, 1614, in-12°) serait de Gilbert Gaulmin de la Guyonnière, d'après l'auteur anonyme de la Description ancienne et nouvelle de la statue de Henri IV (Paris, 1817, in-12°, p. 5). En définitive le grand-duc est censé avoir donné le monument, mais Marie de Médicis a indemnisé les artistes. Il en sera de même pour la statue du roi d'Espagne envoyée à Madrid en 1616 (Galluzzi, op. cit., V, 441, et VI, 140 ; Abel Desjardins, op. cit., p. 121). La lettre de remerciement adressée par la reine au grand-duc est du 14 octobre 1614 (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 89, fol. 289 r°) ; la reine remercia aussi la grande-duchesse douairière sa tante (ibid., fol. 289 v°). Ferdinand est mort à cette date.

[43] Le Mercure français (1614, p. 494) indique quels étaient les projets de Franqueville pour le piédestal. Les commissaires du Pont-Neuf voulaient qu'un autre sculpteur que Franqueville, seulement sous ses ordres, s'occupât des bronzes. Franqueville ne vit dans ce projet que l'intention de l'écarter (Lettre de Marie de Médicis à Franqueville du 25 juillet 1614, Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 89, fol. 269 r°). Sur les lenteurs de cet artiste dans les Ira vaux en question, voir les documents publiés par Müntz (Archives des arts, 1890, p. 79 et suiv.) ; et sur l'achèvement du monument, Sauval (Antiquités de Paris, I, 236).

[44] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 91, fol. 139 r°, et sur Laurent Septabre, R. de Crèvecœur, Un document nouveau sur la succession de Concini, Paris, 1891, in-8°, p. 30. Les articles chinois ont été très à la mode en ce temps. Les imitations naturellement abondaient (Héroard, Journal, II, 168 ; Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 91, fol. 37 v°).

[45] Nous avons les listes, sinon tous les noms des gens de métier de précédentes reines de France (Bibl. nat., nouv. acq. fr. 9 175 [pour ceux de Marie de Médicis, fol. 424 v] et ms. fr. 1 834 [pour ceux de Louise de Lorraine, fol. 181 r°] ). Les artistes qui étaient logés au Louvre (sur l'emplacement de leur logis, cf. Ad. Berty, Topographie hist. du vieux Paris, II, 100) eurent leurs privilèges confirmés en 1608 (Lettres patentes données par le roy le 22 décembre I60S, portant privilèges à ses officiers et artisans logés dans la grande galerie du Louvre, Paris, F. Morel, 1609, in-8°. Bibl. nat., Actes royaux F. 46 919 [18]). Cf. Archives de l’art français, III, 39-41, et Ad. Berty, op. et loc. cit.). H. Lemonnier a bien expliqué leur situation (H. Lemonnier, l'Art français au temps de Richelieu, p. 137). Sur Pierre Turpin, voir F. Mazerolle [les Médailleurs français du XVe siècle au milieu du XVIIe, I, CLXVIII) ; sur les Danfrie, Ibid. (p. 139-215) et les Nouv. arch. de l'art français (1876, p. 146-172 ; 1892, p. 293 et suiv.) ; sur Dumée, J.-J. Guiffrey (les Manufactures parisiennes de tapisseries au XVIIe siècle, p. 40) et Nouv. Arch. de l'art français, 1872, p. 19 ; sur Nicolas Duchesne, la Revue de l'Art français (1883, p. 87, 113).

[46] Lettre de Marie de Médicis aux premiers présidents, M. de Ry, de Rouen, et M. Daffis, de Bordeaux (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 87, fol. 231 r° et 3.37 v°). Henri IV avait accordé des privilèges à des marchands italiens, anglais et allemands pour qu'ils vinssent trafiquer en France (Bibl. nat., ms. Dupuy, 320).

[47] En ce qui concerne les broderies de ses gardes, Marie de Médicis écrivait le 26 mai 1612 à M. de Sancerre, maistre de ma garde robe : Les brodeurs me sont venus trouver pour m'apporter des patrons de devises en broderie qu'il faut mettre sur les hoquetons et casaques des archers de mes gardes. J'en ai choisi celui qui m'a semblé le plus beau, etc. (Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 89, fol. 40 V). L'histoire des Turques et des Grecques est fournie par la correspondance et les comptes de la reine (Ibid., 92, fol. 18 r° ; 83 v% 99 r°, 125 v°, 146 r° ; 93, fol. 189, r°). Anne Ossache avait quarante ans en 1617 et demeurait à la Culture Sainte-Catherine. Elle comparait comme témoin au procès de Léonora Galigaï (Ibid., 221, fol. 96 v° et 98 r°).

[48] Bibl. nat., Cinq-Cents Colbert 80, fol. 93 r° ; 92, fol. 171 r° ; 94, fol. 148 r°. Henri IV envoyait également des artistes en Italie (Lettres missives, VII, 771). Les contemporains ne sont pas tous d'accord sur l'avantage de ces voyages dans la péninsule et quelques-uns trouvent que les jeunes gens en rapportent plutôt des manières prétentieuses qu'un profit réel (Nic. Pasquier, Lettres, Paris, 1623, in-8°, p. 523). Le Jean Mosnier ou Meusnier, dont il est ici question ne réussit pas plus tard auprès de la reine, faute de la bienveillance, paraît-il, de l'intendant des bâtiments de Marie de Médicis, Claude Maugis, abbé de Saint-Ambroise (Nouv. Arch. de l'art français, 1887, p. 29). On conserve au Palais du Luxembourg une peinture décorative représentant le triomphe de Marie, qui est attribuée à cet artiste (Salle du Livre d'or, le plafond).