LE ROI LOUIS XIII À VINGT ANS

 

APPENDICE. — LA CONSTRUCTION DU CHÂTEAU DE VERSAILLES PAR LOUIS XIII.

 

 

Le plus triste et le plus ingrat de tous les lieux, parce que tout y est sable mouvant ou marécage, disait Saint-Simon, avec humeur, de la contrée où Louis XIII a élevé le château de Versailles ; et, après lui, les historiens modernes ont répété : Versailles, pauvre village perdu au milieu des bois et des marécages ; environné surtout de bois, d'étangs, de marais et de friches ; pays d'étangs et de forêts[1]. En réalité, il résulte d'une centaine d'actes notariés passés par Jean Gandois, tabellion juré au bailliage de Versailles, à la fin du XVIe siècle, que sauf un bois de 56 arpents et trois ou quatre étangs, le terroir de Versailles, à cette époque, était morcelé en une quantité de parcelles de terre fertiles, fort bien cultivés par de nombreux paysans propriétaires[2].

Entre Viroflay et Villepreux, d'une part, Rocquencourt et Satory, de l'autre, au milieu de cette plaine qu'on appelait le Val de Galie ou la Galie, se trouvait, au temps d'Henri IV, un modeste village, adossé à la petite butte sur le haut de laquelle se dresse aujourd'hui le château. Il était tourné vers le midi, au soleil, loin de toute route fréquentée. Le chemin de Chartres ne le traversait pas : il passait par Bourg-la-Reine et Orsay ; celui de Dreux, non plus : il allait par Saint-Cloud, Vaucresson et Villepreux ; il n'y avait que la voie se dirigeant sur Montfort-l'Amaury qui, venant de Meudon, Chaville et Viroflay, apportât à la grande rue du petit bourg le mouvement peu important d'ailleurs des messagers ordinaires, des coches, ou des courriers[3]. Une rue, la grande rue tendante de Versailles à Paris et de Versailles à Trappes, formait l'artère principale, bordée de maisons, les unes couvertes de chaume, les autres, en plus grand nombre, de tuiles, quelques-unes entre cour et jardin[4]. Sur la porte de quatre d'entre elles, se balançaient les enseignes indicatrices d'hôtelleries : l'hôtellerie de Nicolas Dubreuil ; celle de Pierre Lebrun, où pendait la Corne de cerf ; celle de Jean Potier, A l'Image de Notre-Dame de Versailles[5] ; celle de Claude Gourelier. Du côté de l'entrée, en venant de Saint-Cyr, était le carrefour, centre de la paroisse, avec la pierre du carrefour, sur laquelle les sergents du seigneur se plaçaient pour faire entendre leurs proclamations ; à côté se dressait le carcan, la justice, fourches patibulaires du maître du lieu. Du carrefour, une rue, à gauche, montait vers l'église ; plus loin une autre, la ruelle commune, allait vers le château du temps, l'hôtel seigneurial de Versailles, situé à côté de l'église ; à droite, une voie descendait vers l'étang vieil, une autre, la ruelle des grains, menait à la prairie de Versailles, au bas du coteau de Satory ; puis, c'étaient les chemins tendant à Glatigny, à Satory, à Buc[6]. Par-dessus les toits, à mi-coteau, au nord, s'élevait le clocher de l'église, vieille petite église de campagne, à une seule nef, clocher et voûte du XIIe siècle, fenêtres romanes, porte du XIIIe siècle à arc en tiers-point, surmontée d'une rose rayonnante, s'ouvrant vers l'ouest, à peu près sur la rue qui va aujourd'hui de la grille de l'orangerie au château, et environ à la hauteur de la rue Saint-Julien[7]. Il y avait aussi dans le village un prieuré, d'ailleurs sans moines, plutôt un groupe de biens et de revenus, possédé à ce moment par l'évêque de Paris[8]. Tout autour, le long des rues, des ruelles, à l'entrée des chemins, se groupaient les petites maisons solides et trapues des paysans. Il n'était marchand laboureur ou manouvrier, gens de métier, voire même bergers, qui n'eussent leur petit pourpris : maison couverte de tuiles à simple rez-de-chaussée, ou à un étage, avec étable, cour, jardin et masure ; maison couverte de chaume à deux travées, avec cour et jardin ; ou bien pièce de terre close avec arbres fruitiers, pommiers, poiriers, merisiers, châtaigniers[9]. D'après les registres de baptêmes, Versailles devait compter, au début du XVIIe siècle, de 4 à 500 habitants[10]. On relève l'existence, dans les actes de maître Jean Gandois, d'une dizaine de métiers, charrons, tailleurs d'habits, charpentiers et charpentiers de la grande cognée, boulangers, marchands de charbon, même ouvriers spéciaux pour la vigne : il y avait de la vigne en ce temps dans le pays ; on y produisait aussi du cidre[11].

Et le long des chemins, s'étendaient les terres morcelées que cultivaient les paysans, chacun ayant ou quelques arpents, ou quelques perches, des quartiers, soit de terres labourables, soit de prés[12]. Céréales et pâturages venaient bien, les seconds entretenus par l'humidité de la plaine au-dessous de Versailles, — entre le bourg et les hauteurs de Satory, — où se trouvaient trois étangs : le grand étang de Versailles, d'une superficie d'environ 18 arpents ; l’étang des Bruyères, de 10 arpents, l'étang des Marais, d'aussi 10 arpents, l'étang de Clagny, au nord ; tous contenus et utilisés au moyen de bondes et d'auges[13]. Peu ou pas de grandes fermes, tout au plus la ferme de la Bretonnière, située contre le village, sur la route de Saint-Cyr, d'une contenance de 65 arpents, appartenant à la chapelle Saint-Denis, de l'église Saint-Denis d'Amboise, et que le patron laïc de la chapelle, M. de la Barre, président des enquêtes au Parlement de Paris, louera par bail emphytéotique, le 28 juin 1618, à l'hôtelier Claude Gourelier[14]. Versailles possédait enfin le moulin à vent dont parle Saint-Simon, sur le haut de la butte, à droite, possession du seigneur de Versailles, avec une maison, à côté, cour, jardin et cinq quartiers de terre, loué au XVIe siècle à un meunier de Bue nommé Antoine Chaumont[15].

Hormis la ceinture d'arbres qui, sur les coteaux de Satory et dans la direction de Noisy et de Rocquencourt, bordaient des deux côtés l'horizon, il n'y avait à Versailles que les 56 arpents de bois taillis constituant ce que Jean Héroard appellera le bois de Versailles ; il s'étendait sur l'emplacement actuel du parc[16]. A l'autre bout du pays, en bordure du chemin de Paris, était la grande garenne de Versailles, d'une contenance de 5 arpents de bois et dont les rois de France disposaient[17].

Puis, tout autour c'était une série de petites localités, à ce moment très humbles, depuis si connues, ou disparues dans le grand nivellement du parc de Louis XIV : Porchefontaine, possession des Célestins de Paris ; les terres de M. de Viroflay ; Montreuil-au-Val-de-Galie, siège d’une prévôté, résidence d'un tabellion ; à la suite, Glatigny ; les terres de M. de Clagny, commençant près de Versailles à l'endroit dénommé la Croix de Clagny, et possédées jusqu'en 1578, par le célèbre Pierre Lescot, l'architecte du Louvre ; très au-delà, vers l'ouest, Trianon-la-Ville, au Val de Galie, avec ses masures de paysans, une petite église rurale et un cimetière, l'église, succursale de la cure de Choisy-aux-Bœufs[18] ; puis Choisy-aux-Bœufs, paroisse importante dont il ne reste plus trace sur la route de Versailles à Saint-Cyr, prieuré aussi, relevant de l'abbaye de Sainte-Geneviève-du-Mont à Paris, et du prieur duquel dépendait la ferme du Val de Galie, laquelle subsiste encore au bout du parc de Versailles[19].

Nulle terre n'étant sans seigneur, le terroir de Versailles était le siège d'une seigneurie. Au-dessus des maisons du village, à la même hauteur que l'église, à droite, s'élevait ce qu'on appelait l'hôtel de Versailles, l'hôtel seigneurial, demeure sans grand caractère, entre deux cours, le corps de logis principal long d'une vingtaine de mètres, couvert de tuiles plates avec une aile en équerre d'environ douze mètres, le tout précédé d'un portail flanqué de deux petites tourelles : autour, se groupaient des granges, étables, bergerie, colombier ou autres édifices de simple exploitation rurale ; deux jardins derrière, dont l'un de trois arpents et, à côté, attenant, le moulin à vent[20]. Le seigneur de Versailles avait haute justice, moyenne et basse ; il possédait tout l'appareil du haut justicier : prisons, fourches patibulaires, ainsi que le personnel nécessaire des officiers de justice : bailli, prévôt, procureur, greffier, tabellion et sergents ; apparences, plus que réalités d'un pouvoir chaque jour battu en brèche[21]. Ce qui était plus certain, pour lui, était la perception des droits de menus cens, lods, ventes, saisines et rentes, l'ensemble des redevances féodales à prélever sur les particuliers et que recueillaient, ou un simple receveur, ou un fermier général de la terre de Versailles[22]. Le prieur avait aussi quelque droit vague de juridiction, attesté par l'existence d'un prévôt et de son lieutenant, d'où conflit[23]. Surtout le roi, représenté par le corps d'officiers royaux de justice de Châteaufort, avait, de par une tradition séculaire que se transmettaient jalousement les générations de procéduriers de la couronne, l'invincible tendance à restreindre l'autonomie judiciaire des seigneurs féodaux pour y substituer le droit suzerain du roi : fâcheuses occasions de rudes débats[24].

Or, vers l'an 1550, la seigneurie de Versailles appartenait à certain personnage dénommé bourgeoisement M. Philippe Colas. M. Philippe Colas ayant eu maille à partir, à propos précisément de l'exercice de sa juridiction seigneuriale, avec les officiers royaux de Châteaufort, s'était vu saisir la haute, moyenne, basse justice de sa terre ; en avait appelé au Parlement ; avait pu, une première fois, obtenir mainlevée de cette saisie ; mais la dispute ayant recommencé en 1560, toute la terre et la seigneurie de Versailles avaient été saisies, et vendues, en 1561, pour le prix de 18.000 livres, à M. Sébastien Le Roy, agissant au nom de M. Martial de Loménie, conseiller du roi et secrétaire de ses finances[25].

M. Martial de Loménie était un très gros homme, actif, intelligent, futur secrétaire du roi, greffier de son Grand Conseil et qui devait être la tête d'une lignée de ministres et d'ambassadeurs. Trois choses lui ont porté malheur : d'être protestant, de n'avoir pas le caractère facile, de se trouver trop attaché aux intérêts des princes de Bourbon d'alors, le roi Henri de Navarre et autres[26].

M. de Loménie décida d'augmenter la propriété qu'il venait d'acheter. Il était riche. De proche en proche il allait se constituer un important domaine d'un seul tenant, groupé autour de son hôtel seigneurial, enveloppant le village de Versailles. Ce fut une opération d'accaparement effectuée en plusieurs années, par achats, échanges, combinaisons diverses. M. de Loménie se fit représenter dans les transactions, par un cousin auquel il avait donné sa fille en mariage M. François de Loménie. Le tabellion fut Jean Gandois qu'assistait son clerc Fiacre Lotin[27]. Nul notaire de campagne n'a, à la fin du XVIe siècle, rédigé en si peu d'années plus de contrats. Il y en a plus de 80. Il fallut acheter à toutes sortes de gens : des propriétaires de Versailles, bourgeois, négociants, paysans habitant Montreuil, Bue, Trappes, Châteaufort, Paris. La somme totale que coûtèrent les transactions, 15.401 livres, 67 sous, 6 deniers, ne représente pas exactement la valeur des terres acquises, car, en beaucoup de cas, entra en défalcation du prix d'achat le capital du cens ou de la rente annuelle que le vendeur devait au seigneur féodal[28]. Maisons, masures, jardins, terres labourables, prés, droits de douaire, titres de rente, tout y passa. Afin d'arrondir plus exactement, M. de Loménie fit des échanges. Sur les 80 et quelques actes il y en a 17 d'échanges. Une partie de la seigneurie de Versailles était entre les mains d'un gros propriétaire du plateau de Satory, M. Antoine Poart, conseiller du roi, maître ordinaire en sa Chambre des Comptes, seigneur de la Grange-Lessart : on lui acheta le 17 mars 1561 cette terre de la Grange-Lessart, sise à Satory, moyennant 7.500 livres ; et Martial de Loménie effectua également à Satory une série d'achats et d'échanges[29]. Tout compte fait, vers 1572, la seigneurie de Versailles comprenait, de propriété directe, 183 arpents de terres labourables, vignes, prés, pâtures, bois taillis, 4 étangs, et comme parties censives sur lesquelles le seigneur avait à prélever des droits féodaux, plus de 68 arpents de terre[30].

M. de Loménie bâtit peu, à peine une grange. Il se borna à entretenir le lieu seigneurial. Il était trop occupé par les difficultés que lui suscitaient les officiers de Châteaufort et le prieur de Versailles.

Le prieur fit à M. de Loménie mille chicanes à propos de sa juridiction, ajournant à comparaître devant son propre prévôt les Versaillais pour leur défendre de ne répondre pas devant autres juges que ledit prévôt dudit prieuré. Loménie en appela au Parlement, au Conseil ; il fallut des exploits, des committimus, des arrêts[31].

Avec les gens de Châteaufort, la querelle fut grave. La discussion sur l'exercice de la juridiction seigneuriale ayant recommencé en 1566, de nouveau les officiers du roi saisirent la haute justice de Versailles. Les choses vinrent à un tel point que, rencontrant un jour Martial de Loménie à Trappes, les gens de Châteaufort l'arrêtèrent et le jetèrent en prison[32]. Le roi se fâcha. Par une sentence de Messieurs du Trésor à Paris, du 10 juin 1572, Martial de Loménie obtint mainlevée définitive de la seigneurie et de ses droits[33]. On chantait, quelques mois plus tard, après la Saint-Barthélemy :

N'eût-ce pas été vilenie,

Que ce gros ventre Loménie

Fût sauvé, comme, sans raison,

Jadis fut mis hors de prison

Quand on l'empoigna à Trappes ![34]

La Saint-Barthélemy, en effet, comptait parmi ses victimes le seigneur de Versailles. Incarcéré à la première heure, celui-ci vit envahir la prison par une bande de massacreurs à la tête desquels se trouvaient les bouchers Tanchou et Pezou ; Tanchou l'étrangla ; le corps fut jeté à la rivière[35].

Martial de Loménie laissait cinq enfants, dont l'aînée, mariée à François de Loménie, plus quatre mineurs[36]. Le conseil de famille assemblé choisit pour tuteur François de Loménie. Les biens de ces mineurs furent vendus, en adjudication, par décret fait au Châtelet le 19 mars 1575 : la terre de Versailles se trouva adjugée au profit de M. Claude Guilloire au nom et comme procureur substitué d'Albert de Gondi, comte de Retz, maréchal de France, pour la somme de 35.000 livres[37].

Albert de Gondi était un personnage : haut et puissant seigneur, comte, puis duc de Retz, baron des Iles d'Or, seigneur de Noisy, Marly-le-Châtel et de Railly, chevalier de l'ordre du roi, premier gentilhomme ordinaire de sa Chambre et capitaine de cent gentilshommes de l'ancienne bande de la maison de Sa Majesté, enfin maréchal, et frère de Gondi, évêque de Paris[38]. Il descendait de mercanti florentins qui étaient venus jadis s'établir à Lyon où ils avaient gagné une assez grosse fortune dans la banque[39]. La maison était une des plus importantes du royaume[40]. Ces gens étaient hommes de goût. Jean-Baptiste de Gondi possédait au faubourg Saint-Germain la plus belle maison de Paris après le Louvre, remplie d'œuvres d'art apportées d'Italie[41]. Albert de Gondi détenait une partie de ce qu'on appelait autrefois la forêt de Cruie, aujourd'hui la forêt de Marly ; il devenait possesseur de Versailles.

Sa seigneurie ne fut pas troublée. Il ne s'y installa pas ; il se borna à entretenir le château, plutôt mal que bien, et il accrut considérablement les achats de terre commencés par M. de Loménie. Lui, et son fils après lui, Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, poursuivirent l'accaparement du pays ; ils acquirent 170 arpents, doublant presque la propriété. Lorsque Louis XIII viendra bâtir Versailles, le domaine de la seigneurie se trouvera être de 353 arpents, c'est-à-dire 120 hectares 65 ares[42]. Les bâtiments d'exploitation furent développés. Albert de Gondi procéda de même à la Grange-Lessart où de 114 arpents et demi de terres labourables, prés et bois taillis, laissés par M. de Loménie, il porta la superficie du domaine à 173 arpents[43].

Malgré les opérations des deux seigneurs du lieu, le terroir de Versailles demeurait encore morcelé, au début du XVIIe siècle, entre un assez grand nombre de propriétaires ; il y en avait même d'importants : tel, vers 1624, un M. Jean Martin, contrôleur général de la maison du duc d'Orléans qui possédait plus de 167arpents — 56 hectares. A ne prendre même que la butte sur laquelle allait s'élever le château de Louis XIII, elle était divisée entre une vingtaine de propriétaires, dont ce M. Martin, la ferme de la Bretonnière, le curé, le prieur, M. de Gondi, — seulement pour une toute petite partie, — et le reste, humbles gens, paysans, modestes bourgeois[44]. Telle était la situation foncière du pays, lorsque Louis XIII, vers l'âge de vingt-trois ans. au cours de ses chasses, remarqua l'endroit et s'y arrêta.

Nous avons vu combien Louis XIII avait un goût extrême pour la chasse. Depuis qu'il était devenu son maître, après la mort de Concini, il vivait de préférence hors de Paris, à Montceaux, Lésigny-en-Brie, Compiègne, Fontainebleau, Saint-Germain-en-Laye afin de pouvoir chasser. La région de Saint-Germain a été celle qui lui a été la plus familière : il aimait passer ses étés dans le château-neuf, sur le haut de la terrasse qui domine la Seine. De Saint-Germain, il rayonnait dans la forêt de Marly, où il chassait le cerf ; dans les bois de Vaucresson, poussant jusqu'à Villepreux, jusqu'à Villacoublay[45]. Un endroit l'attira toujours, Noisy-en-Cruie, aujourd'hui Noisy-le-Roi, où se trouvait un grand château qui a été démoli en 1732 : il y avait plusieurs fois résidé étant petit, lorsque quelque maladie contagieuse, à Saint-Germain, obligeait de mettre les enfants royaux à l'abri ; il aimait visiter toute la maison, se ressouvenant des logis d'un chacun du temps qu'il y étoit. Il y dînait, puis revenait, ou bien y passait la nuit[46]. Dans ses pérégrinations continuelles, il passa souvent par Versailles.

La première fois que Jean Héroard rapporte qu'on mena le petit dauphin, fils d'Henri IV, chasser, — en 1607, le futur roi avait six ans, — c'était de Noisy et dans la direction de Versailles : le nom du village était pour la première fois prononcé[47]. Dix ans après, en 1617, le 23 septembre, de Maisons, où il était allé à l'assemblée du pays, Louis XIII, montant en selle, se jetait à la suite d'un cerf, passait la Seine, prenait par Chatou, repassait l'eau à la Chaussée, montait le coteau, courait droit et parvenait à la fin du jour à Versailles[48]. Cependant, de 1617 à 1623, Louis XIII n'est pas allé très fréquemment dans le petit bourg ; il y passe pour déjeuner, quand il vient de Fontainebleau par Palaiseau ; il y va chasser et déjeuner en se rendant de Paris à Saint-Germain[49]. Nous avons, il est vrai, dans le journal d'Héroard, une lacune du 14 mars 1623 au 28 février 1624[50]. Or, ce fut dans l'hiver de 1623 à 1624 que Louis XIII eut l'idée de se faire construire sur la butte de Versailles non pas un château, ni un rendez-vous de chasse — mot impropre, le roi ne donnant rendez-vous à personne pour chasser, — mais une simple petite maison.

Causant avec l'ambassadeur vénitien Giovanni Pesaro, au début de juillet 1624, et celui-ci le félicitant de sa bonne santé, le prince répondait qu'en effet il se portait bien, grâce à Dieu, et qu'il attribuait son état satisfaisant à ce qu'il faisait beaucoup d'exercice à la chasse, ce qui était, par surcroît, pour lui, un grand plaisir ; puis, à propos de son dernier voyage, il faisait allusion à une petite maison, picciola casa, qu'il bâtissait à Versailles par manière d'amusement[51].

D'après les usages de cour, lorsque le roi quittait Paris, il allait résider dans un des châteaux royaux de la couronne, Compiègne, Saint-Germain, Fontainebleau, Montceaux, Villers-Cotterêts. La reine et le Conseil le suivaient. Nous avons dit que Louis XIII se passait volontiers à ce moment de la compagnie de la reine, et que d'autre part, il était excédé vers cette époque, de la fin de 1623, par ses ministres qui l'accablaient de séances de conseil. Les mêmes usages de cour n'autorisant pas reines et ministres à quitter facilement les grandes résidences royales pour suivre le roi dans ses pérégrinations changeantes, — sauf le cas de campagne militaire ou de voyage lointain, — le roi pouvait à la rigueur s'absenter quelques jours sans qu'on le suivît, mais c'était pour aller chez les autres, dans des conditions gênantes.

En construisant une maison, qui ne figurerait pas dans la liste des châteaux royaux, Louis XIII pourrait échapper à ceux qui l'obsédaient. De fait, jamais le gouvernement, sous Louis XIII, n'a siégé à Versailles[52]. Le roi voulut un bâtiment assez petit pour n'y loger que juste sa suite : les femmes ne devaient être admises à Versailles qu'en passant, pour un repas.

Le lieu fut bien choisi, en pleine campagne, au milieu de cette vallée de 5 à 6 kilomètres de large, entre Rocquencourt et Satory, sur cette butte de Versailles, dominant le pays d'une vingtaine de mètres, à deux pas du petit bois où Louis XIII devait si souvent aller chasser. Ce fut un des quatre secrétaires du cabinet qu'on chargea de l'opération : à partir de 1626, le fidèle Michel Lucas, homme de confiance, exact et précis ; avant cette date, Charles de Loménie, frère de François de Loménie, secrétaire de 1617 à 1628[53]. Y a-t-il un rapport entre la présence de Charles de Loménie au cabinet du roi et le choix du terroir de Versailles pour y bâtir ? Ce n'est pas impossible.

L'affaire ne fut pas confiée aux services des bâtiments. Soucieux de n'entreprendre qu'une construction modeste, Louis XIII décida que les frais seraient supportés par le chapitre de son budget dit des menus plaisirs[54]. Il était assez préoccupé de l'état des finances publiques à ce moment. Chaque année se chiffrait par des déficits[55]. Ce n'était pas le moment d'engager des dépenses inutiles. Il ne fallait pas songer à imputer les frais de Versailles au chapitre des bâtiments. Le crédit de ce service pour 1623 n'était que de 369.642 livres, en diminution sur celui de l'année précédente qui avait été de 397.650 livres ; on prévoyait bien pour 1624 une augmentation portant le chapitre à 506.850 livres[56] ; mais nombre de travaux étaient en cours d'exécution qu'il fallait poursuivre : la salle du Palais de Justice de Paris, le pont Saint-Michel, des fontaines en nombre ; surtout la reprise et la continuation du Louvre[57]. Le chapitre des menus plaisirs destiné à payer des frais de fêtes, de ballets, de comédies offrait plus d'élasticité ; on puiserait dans ce chapitre. Il plaisait à l'esprit prudent et à l'humeur près regardante de Louis XIII que la dépense d'une fantaisie fût prise sur les frais de ce genre où elle passerait inaperçue.

Malheureusement L'année 1624 allait être financièrement, encore plus détestable qu'on ne l'avait prévu. En juin, le trésorier de l'Épargne, M. Balthazard Phélipeaux, déclarait qu'il lui était impossible de donner cours aux dépenses qui lui étoient ordonnées de jour à autre, les impôts ne rendant pas[58]. Le gouvernement devra emprunter. Il empruntera de mois en mois, pour subvenir en la nécessité des affaires[59]. Louis XIII décida que les dépenses de Versailles passeraient après toutes les autres. Les constructions étaient commencées ; il fut décidé qu'on ne paierait ni les propriétaires dont on avait pris les terrains, ni les entrepreneurs chargés de construire ; on conviendrait avec les uns d'un loyer des biens occupés, les autres attendraient les sommes dues jusqu'au jour où on pourrait liquider ; le règlement final devant comprendre : loyers en question, intérêts et dommages pour non-jouissance. De fait, il allait falloir attendre plusieurs années, sept et huit ans, avant de solder ces dépenses.

Le terrain fut choisi sur le haut de la butte de telle manière que la maison pût s'élever au-dessus de la plaine et la dominer. L'emplacement fixé, il parut nécessaire d'avoir tout autour l'espace d'un parterre et d'un petit parc. De proche en proche, on arriva ainsi à tracer le plan d'un domaine d’une étendue totale de 117 arpents, soit 40 hectares. Le mesureur-arpenteur du pays, M. Pierre le Sage, de Marly, fut mandé ; on lui adjoignit pour estimer la valeur des terrains choisis le receveur de la seigneurie de Versailles, M. Denis Mercier, habitant Fontenay-le-Fleury, et un laboureur de Glatigny, nommé Nicolas Bréaut. Ensemble les trois hommes procédèrent à l'arpentage, estimation des terres, près, pâturages et maisons que Sa Majesté a pris pour les bastiment, parterre et parc de son Château de Versailles. On avait taillé suivant les convenances, sans se soucier de l'avis des propriétaires, coupant jardins et champs, englobant maisons et cours, comme en une expropriation. Les arpentages n'eurent lieu qu'en août 1624, lorsque le château était déjà à peu près terminé[60]. Quelques propriétaires se fâchèrent. On ne prenait à M. Jean Martin que 35 arpents 28 perches ; mais M. Jean Martin considérait que l'opération le lésait gravement en l'empêchant de jouir du reste de son domaine, et lorsqu'en 1632 on liquidera les comptes, il exigera qu'on lui achète toute sa terre, 167 arpents, 60 perches, plus sa maison proche du château de Sa Majesté, sur partie desquels héritages, sa dite Majesté a fait bâtir sondit chasteau, jardin et parc, sis audit Versailles. Les gens du roi ne chicanèrent pas[61].

Pour constituer les 117 arpents du domaine, on eut à exproprier 16 autres propriétaires d'étendues de terres variant entre 13 arpents et 50 perches. A partir de 1631, se décidant à tout régler, Louis XIII fera reprendre par procès-verbal reçu devant Me Louis Ferrand, bailli de Versailles, l'arpentage et estimation des biens en question. Les experts auront à fixer la valeur principale des terres et les indemnités pour non jouissance depuis sept ans. Le prix de l'arpent variera entre 100 et 400 livres ; au total, le chiffre du domaine constitué par Louis XIII reviendra, en principal, à 7.722 livres, 3 sols, et comme frais de loyers ou d'indemnités à 2.134 livres 13 sols, 3 deniers, ensemble 9.856 livres, 16 sols, 3 deniers[62].

Le terrain ainsi préparé, un architecte fut désigné pour construire. Ce qu'on lui demandait était simple : une maison des champs sans luxe, sans ornement superflu, sans recherche sculpturale. Les dimensions en étaient déterminées par le nombre des pièces qu'il s'agissait d'y mettre. Il fallait d'abord l'appartement du roi. Aux termes des règlements royaux, cet appartement devait comprendre une salle, — salle des pas perdus, — l'antichambre, le cabinet de Sa Majesté, sa chambre à coucher et sa garde-robe. La maison de Versailles comprendrait ces pièces, au premier étage, moins l'antichambre, dont on ferait l'économie, la salle suffisant. Il n'y aurait pas d'appartement de la reine. Puis viendraient une quinzaine de chambres pour les personnes qu'il plairait au roi d'emmener avec lui ; après quoi la cuisine bouche, le gobelet du roi — services de la table de Sa Majesté, — le magasin d'armes ; et, dans les dépendances, le logis des valets de chambre et maîtres d'hôtel, du médecin, de l'apothicaire, un corps de garde, l'appartement du concierge, faisant fonction de gouverneur de la demeure[63]. L'architecte exécuta de point en point le programme. Nous pouvons juger de son œuvre par la petite vue qu'a gravée Comboust sur les côtés du plan de Paris donné par lui en 1652, et, par les planches d'Israël Silvestre de 1664, ainsi que le plan gravé par celui-ci en 1667, réserve faite des adjonctions, opérées sous Louis XIV, d'ailleurs reconnaissables, d'après les indications de Félibien[64].

Simple, la maison de Versailles l'était : un corps de logis de 38 mètres de long, faisant face au couchant, sur le jardin, avec deux ailes en retour formant une cour intérieure rectangulaire de 21 mètres de large sur 32 mètres de profondeur, ouverte vers le levant et terminée par un portique de sept arcades. Cette cour existe encore, c'est la cour de Marbre. Aux quatre angles de la maison l'architecte avait mis quatre pavillons assez sveltes, de 9 mètres sur 6 de profondeur. La construction était simple aussi : rez-de-chaussée élevé, sans caves ; un étage avec combles percés de mansardes et de lucarnes alternées ; les murs en brique à chaînage de pierre, et, comme décoration, des tables de pierre, sur les murs, entre les fenêtres ; pas de sculpture ornementale ; tout autour du château, suivant l'usage du temps, un fossé à fond de cuve revêtu de murs brique et pierre, et, au delà du fossé, une terrasse munie, à sa partie extérieure, d'une balustrade, avec un perron à l'ouest, d'où l'on descendait vers le jardin. De la cour on entrait dans le château par les ailes à droite et h gauche, où l'on trouvait deux escaliers ; et du château on accédait au jardin au moyen d'un petit pont jeté sur le fossé, devant une porte pratiquée au centre de la façade ouest et surmontée d'un petit balcon d'ailleurs assez mesquin. De ce côté, la façade offrait huit grandes fenêtres au rez-de-chaussée et neuf plus petites à l'étage, sans compter celles des deux pavillons flanquants.

Il faut renoncer à juger le château de Louis XIII d'après ce qui existe aujourd'hui. Le fond de la cour de Marbre a été refait par Louis XIV[65]. Peut-être à droite et à gauche de la cour retrouverait-on les dispositions de l'architecte de 1624, la place et les dimensions des fenêtres, la construction brique et pierre ; mais la décoration a été modifiée : le comble est changé comme silhouette et ornementation ; des bustes ont été ajoutés sur les tables de pierre ; l'impression donnée par l'édifice de Louis XIII devait être beaucoup plus modeste. Quant aux intérieurs, tout a disparu. Il ne parait pas possible d'attribuer le petit escalier de pierre auquel s'attacherait, dit-on, le souvenir de Richelieu et de la journée des Dupes, et qu'on appelle, pour cette raison, escalier des Dupes, à l'époque Louis XIII, un examen attentif des plans permettant de constater que cet escalier aurait été pratiqué dans un mur à peine suffisant pour le contenir, et qu'au surplus cet escalier eût débouché au-dessus du fossé dans le vide[66]. Il n'y aurait peut-être qu'une pièce ayant gardé ses quatre murailles de 1624, ce serait une petite salle sur la cour de Marbre, à droite au fond[67]. Peut-être retrouverait-on également derrière les constructions élevées par Louis XIV contre la façade de la maison de Louis XIII sur le jardin, quelques restes de cette façade.

En s'en tenant aux diverses données approximatives que fournissent les représentations du XVIIe siècle et à ce qui subsiste, on peut, par la pensée, se figurer ce qu'était le château de 1624. Le plan et les lignes du côté de l'est en étaient assez harmonieux, bien que de dimensions restreintes ; le mélange de la brique et de la pierre devait donner de ces oppositions de ton que nous aimons. Du côté du midi et du nord, la silhouette du bâtiment, flanqué de deux pavillons avançant, ne devait pas manquer d'élégance, si tant est que ce ne fût pas trop petit et peu appréciable. La façade du côté du jardin était banale, sans caractère. Pour les contemporains, il faut ajouter que l'ensemble de la construction n'avait aucune originalité. Le plan était le plan classique que depuis cent ans les architectes reproduisaient invariablement dans leurs constructions des champs : plan carré avec pavillons aux angles ; ce qu'on voyait à Ecouen, à Montceaux, à Verneuil, Ancy-le-Franc, Villers-Cotterêts, Saint-Maur, Anet, Bury[68]. Pour la construction, murs de brique à chaînage de pierre, hauts combles, fenêtres régulières et symétriques, c'était également la mode courante du temps, déjà ancienne, dérivant des exemples donnés à Blois et à Amboise depuis plus d'un siècle, appliquée à Valéry, à Ancy-le-Franc, à Folembray, à Fontainebleau — dans les pavillons d'alors sur le jardin de Diane — ; sans citer la nuée des gentilhommières, manoirs et châteaux de province qu'on construisait dans ce style après les guerres civiles, sous Henri IV. En sorte que pour les sujets de Louis XIII, le château de Versailles était une maison, ordinaire, qui ne comptait pas. De fait elle parut si modeste aux contemporains qu'ils n'en ont pas parlé. Le Mercure français, publication officieuse du temps, énumérant les constructions entreprises par le roi en 1624, cite jusqu'aux fontaines de Paris, mais ne daigne pas mentionner Versailles[69]. Les seigneurs de la cour seront mortifiés de voir leur souverain élever si piètre demeure, et Bassompierre parlera avec dédain de ce chétif château de Versailles, de la construction duquel un simple gentilhomme ne voudroit pas prendre vanité[70]. L'historiographe Charles Bernard, dira que Versailles n'est en effet qu'une maison, que le roi avoit fait bâtir environ à quatre lieues de Paris ; elle étoit petite, expliquera-t-il, pour n'y admettre que peu de gens et n'être point troublé dans le repos qu'il y cherchoit loin des importunités de la cour et afin d'être plus libre dans l'exercice de ses chasses lorsqu'il s'y vouloit adonner[71]. Saint-Simon traitera avec mépris le Versailles de Louis XIII et l'appellera : petit château de cartes, que le roi avait fait construire ennuyé, et sa suite encore plus que lui, d'y avoir souvent couché dans un méchant cabaret à rouliers et dans un moulin à vent[72], détails d'ailleurs fantaisistes, le château n'étant pas tout de même si château de cartes que cela, les cabarets de Versailles de l'époque n'étant pas à ce point méchants et Louis XIII n'ayant sûrement jamais couché dans le moulin à vent, ne fût-ce que parce que le meunier avait à deux pas une solide maison plus suffisamment confortable[73]. En définitive, idée simple fidèlement exécutée, chétif château, la construction élevée sur la butte de Versailles était modeste. Peut-être n'était-il pas besoin, dès lors, de faire appel à quelque grand architecte du moment pour l'édifier. Quel a été cet architecte ?

Longtemps on a répété que c'était Jacques Le Mercier, l'auteur heureux de la continuation du palais du Louvre. Mais il a été démontré que cette attribution ne reposait sur aucun fondement[74]. On a dit alors que l'architecte de Versailles ne pouvait être que Salomon de Brosse, l'artiste à qui nous devons le palais du Luxembourg. Architecte général du roi, à cette époque, disait-on, Salomon de Brosse avait évidemment fourni les plans de Versailles, tout au moins les avait inspirés, corrigés, revus ou mis au point chez ses subalternes[75]. Cette hypothèse a contre elle nombre d'objections.

Le service des bâtiments n'est pas organisé en 1624 comme il le sera plus tard sous les ordres d'un architecte dirigeant. Assimilés à de simples gens de métier, une demi-douzaine d'architectes, à l'époque de Louis XIII, sont attachés à la cour, recevant pension et portant le titre d'architectes ordinaires du roi ; on se sert d'eux comme on se sert des autres gens de métier, horlogers, cordonniers, joailliers, peintres, sans s'interdire de faire appel à des ouvriers du dehors, si besoin est ; de même que ces gens de métier peuvent aller travailler pour d'autres que le roi, si bon leur semble[76]. Ainsi, lorsqu'il a été question en 1618 de rebâtir la salle du Palais de justice incendiée, le Parlement, laissé libre de choisir lui-même son architecte, a désigné Salomon de Brosse, de même que le Parlement de Rennes avait désigné le même artiste pour réédifier son palais cette même année[77]. Il y a si peu de règlements d'organisation encore sous ce rapport que lorsqu'en avril 1624 le surintendant des bâtiments, M. de Fourcy, s'est occupé d'entreprendre la continuation du château du Louvre d'après les plans de Pierre Lescot, il a fait faire un devis, plan et profil desdits ouvrages pour être exécutés ainsi que ceux déjà faits, et il a appelé en adjudication quatre des six architectes du roi pour, sur icelui devis, mettre le dernier prix pour lequel ils voudroient entreprendre lesdits ouvrages. Des quatre appelés, Clément Métezeau, Paul de Brosse, Androuet du Cerceau et Jacques Le Mercier, c'est au dernier que le travail a été adjugé[78]. Nous voilà loin de l'organisation hiérarchisée du temps de Mansard ou de Gabriel. Un architecte général quelconque n'a rien eu à voir dans la construction, cependant la plus importante du règne, celle du palais du roi à Paris. Et de fait personne ne s'est avisé de dire que Salomon de Brosse ait été pour quoi que ce soit dans la continuation du Louvre en 1624. Mais une raison plus forte encore s'oppose à ce que Salomon de Brosse se soit occupé de Versailles : c'est qu'il était en disgrâce. Chargé par Marie de Médicis de bâtir le Luxembourg, il avait reçu, selon l'usage, du trésorier de la reine, Florent d'Argouges, l'argent destiné à payer au fur et à mesure les entrepreneurs[79]. Il fut soupçonné de malversations[80]. Les soupçons d'indélicatesse en vinrent à un tel point qu'on le révoqua de sa situation d'architecte du Luxembourg[81]. La direction des travaux du Palais de justice de Paris lui fut retirée[82] et un procès fut engagé qui dura toute cette année. Ce n'était pas dans de pareilles circonstances que Louis XIII aurait pu lui confier un travail quelconque. Effectivement, lorsqu'en avril 1624 on convoque les architectes du roi pour participer à l'adjudication des travaux du Louvre, Salomon de Brosse n'est pas admis à l'adjudication[83]. Il n'a donc pas pu bâtir Versailles. Une raison d'art aurait dû l'écarter : le Versailles de Louis XIII n'est pas de son style. Salomon de Brosse est un artiste laborieux, recherchant des effets, ne se contentant pas de banalité, tâchant d'aboutir à un résultat qui, d'ailleurs, est de facture lourde. Cette manière n'est pas celle de la construction de Versailles[84].

Le nom de l'architecte de Versailles, nous l'avons dans les comptes des bâtiments du château.

Lorsque à cette époque on entreprenait une construction royale, l'architecte était chargé d'avoir la haute main et la responsabilité des travaux. Il traitait lui-même avec les entrepreneurs, passait les marchés, recevait les mémoires et les comptes ; c'est à lui qu'on donnait l'argent, et c'était lui qui réglait directement, délivrant quittance des sommes dépensées en justifiant de leur emploi[85]. La correspondance de M. Florent d'Argouges, trésorier général de Marie de Médicis, avec Richelieu, surintendant de la maison de la reine, nous fait assister, pour le Luxembourg, au fonctionnement de ce système, en ce qui concerne Salomon de Brosse[86]. Or, pour la construction du château de Versailles, il existe, de même, un personnage qui a été responsable des travaux, qui a passé les marchés avec les ouvriers, a reçu les comptes et mémoires de ceux-ci ; auquel on a remis l'argent nécessaire afin de payer les entrepreneurs, et dont nous avons les bordereaux de plus de vingt cinq quittances de sommes à lui délivrées pour solder les travaux de construction du château : c'est un architecte peu connu de la première moitié du XVIIe siècle nommé Le Roy : compte fait avec le sieur Le Roy pour les ouvrages de Versailles ; marchés faits par le sieur Le Roy pour les bâtiments de Versailles ; quittances du sieur Le Roy, montant à la somme de 213.600 livres, toutes lesquelles dites sommes, mentionnées es dites quittances, ont été payées audit sieur Le Roy pour ouvrages faits au château de Versailles par divers particuliers[87], etc.

On sait peu de chose de ce Le Roy, il aurait été chargé, avec Marin de la Vallée, de réviser le plan de l'église Saint-Sulpice dressé par Gamard ; il bâtit rue du Mail, à Paris, une maison dont le graveur Marot nous a laissé une vue : c'est un édifice conçu suivant le style classique des architectes du XVIe siècle élevés à l'école de Vitruve, pilastres, chapiteaux corinthiens, frontons triangulaires, encadrements des fenêtres à l'italienne. Le Roy est un spécialiste nourri d'études. Il devait se contenter à Versailles de la vieille tradition française[88].

Les plans de Versailles dressés et approuvés, l'architecte choisit ses ouvriers : il prit pour la maçonnerie un des gros entrepreneurs de Paris, maître Nicolas Huau, qui soumissionnera la même année, avec onze de ses confrères, aux travaux du Louvre ; pour la charpenterie, Pierre Moreau ; la ferrure fut confiée à François Maillard. Nous avons le compte de la vitrerie, qui s'élèvera à 786 livres, 15 sols. Les travaux furent activement poussés[89].

Au printemps de 1624, ils étaient avancés. Avant de partir pour Compiègne, Louis XIII venait de Paris, au galop de son cheval, voir où en était sa petite maison, déjeunait, chassait et repartait l'après-midi. Le 9 mars, écrit Héroard, à six heures trois quarts (du matin), le roi entre en carrosse et va pour la chasse à Versailles ; y arrive à huit heures ; à neuf, dîner ; peu après monte à cheval, va courir un cerf, le prend, revient à bonne heure ; prend un renard, fait les curées ; va après voir son bâtiment ; à sept heures souper ; il eut envie découcher à Versailles dans une maison du village ; il envoya chercher son lit à Paris, — le roi de France ne couchant que dans son lit qui le suit au cours de ses déplacements — aida à le dresser lui-même et se coucha à onze heures[90].

Depuis la fin de mars jusqu'à la fin de juin, Louis XIII reste à Compiègne. Versailles paraît avoir été suffisamment avancé à la fin de ce séjour, pour que quelqu'un qui ne craignit pas trop la fraîcheur des plâtres, pût essayer d'y coucher. Le concierge qui fera fonction de gouverneur est déjà installé dans le château ; c'est un garde du corps, un archer des gardes, François Mongey[91]. Le 28 juin, revenant de Compiègne, Louis XIII ne prend que le temps, en passant par Paris, de poser la première pierre du Louvre dont les travaux commencent, et il court à Versailles, impatient de voir sa maison. Il arrive à cinq heures, chasse, soupe et se couche. Il y reste jusqu'au 5 juillet, allant se promener au bois, à pied, courant le cerf, chassant le renard[92]. C'est bien au château qu'il loge, car le concierge François Mongey, venant à être père, sur ces entrefaites, d'une petite fille, et Louis XIII ayant consenti à tenir l'enfant sur les fonts, le registre de la paroisse Saint-Julien de Versailles mentionne, à la date du 30 juin 1624, le très chrétien Louis treizième de ce nom, roi de France et de Navarre, estant à son château de Versailles[93]. Mais tout est loin d'être terminé ; les dépendances ne sont pas commencées ; le 2 juillet, le jeune roi s'amusera à aller voir tracer le plan de la basse-cour de sa maison de Versailles. Le 5, il repart pour Compiègne[94].

Il y reste un mois, revient de là à Saint-Germain le 27 juillet et le 31, après le Conseil, monte en selle, va à Versailles voir son bâtiment[95]. On y travaille toujours ; les intérieurs sont assez poussés pour qu'on songe à l'ameublement dont a été chargé le premier gentilhomme de la chambre, M. de Blainville. En août les achats sont faits, jusqu'à la batterie de cuisine : c'est un mobilier sobre, sans luxe, suffisant[96]. De Saint-Germain, Louis XIII va de temps en temps voir où en est la construction, amenant ses limiers avec lesquels il chasse. Mais ce mois d'août 1624 est rude. La chaleur est étouffante ; le roi, qui la supporte mal, est fatigué, en proie à des dérangements d'intestin, obligé de prendre de longs bains, des clystères, ou de garder le lit. Il quitte peu Saint-Germain. Septembre est très pluvieux ; Versailles voit Sa Majesté à peine deux ou trois fois, pendant ce mois, Louis XIII arrivant sous la pluie, recouvert de son manteau, au pas de sa bête : le vendredi 20, à quatre heures, botté, monte à cheval, et va de Saint-Germain à Versailles encore qu'il fît grande pluie ; y arrive à sept heures. Octobre : la pluie continue ; elle retarde les travaux et empêche les visites de Louis XIII. Le vendredi 11, à Saint-Germain, botté, vêtu de drap, et à trois heures et demie monte à cheval, encore qu'il pleuvoit bien fort, va à Versailles, y arrive à cinq heures et demie. Le lendemain, le roi essaye de chasser : revenu à dix heures tout mouillé ; a changé de chausse et de chaussettes. Du 21 au 26, il reste au château, chassant chaque jour au cerf, au renard ou au lièvre[97].

Le public commence à s'apercevoir de la prédilection du jeune roi pour Versailles. L'ambassadeur italien Morosini gagnant péniblement Saint-Germain, le 16 octobre, afin d'entretenir Sa Majesté d'une question importante, ne trouve personne et écrit mélancoliquement : le roi era partito per Versaglia alla caccia ! il était parti pour Versailles à la chasse. Le 16 décembre, il consigne : Les ambassadeurs suisses n'ont pas encore vu le roi qui est allé tous ces jours-ci à Versailles passer son temps avec les chasseurs et les chiens, les bêtes et les oiseaux, selon son inclination et sa coutume, qui devient ordinaire[98]. Encore un peu et le peuple fredonnera :

Quoique le roi s'en aille

Dès la pointe du jour

A la chasse à Versailles

En bien petite cour[99]...

Les travaux furent longs. A côté du château fut édifiée une basse cour. Dans les dépendances Louis XIII installa un important chenil devant le château, pour loger ses chiens et fi t un chemin pour mener ses chevaux à l'abreuvoir[100]. Des jardins et un parc furent ensuite dessinés.

On a discuté sur le nom du premier auteur des jardins et du parc de Versailles comme sur le nom de l'architecte. Les uns ont prononcé le nom de Jacques Boyceau, sieur de la Barauderie, en effet, en 1624, contrôleur général des jardins de toutes les maisons de Sa Majesté et qui fait allusion dans son grand livre, le Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l’art, à quelque travail de lui à Versailles[101]. Les autres ont parlé de Claude Mollet[102]. En réalité l'auteur du parc de Versailles est M. Jacques de Menours neveu de Jacques Boyceau, qui a succédé à celui-ci comme intendant général des jardins du roi et a préparé pour l'impression le Traité de jardinage de son oncle. De même que Le Boy, à titre d'architecte responsable, est chargé de payer les ouvriers qui ont exécuté ses plans, de même, M. de Menours, dans les comptes, a mission de régler les travaux exécutés aux jardins et parc de Versailles par les ouvriers qui ont réalisé ses dessins. Nous avons un bordereau de vingt articles montant à la somme de 42.560 livres dans lequel sont compris, avec le détail des sommes, dix quittances, le tout paiements faits au sieur de Menours pour ouvrages par lui faits au parc de Versailles[103]. M. de Menours nous a conservé dans le livre de son oncle des exemples des parterres qu'il avait tracés : ce sont des dessins rectangulaires figurant des broderies de buis taillé, garnis de Heurs et de sables de différentes couleurs, élégants, riches, très français. Autant qu'on peut en juger par le plan de Comboust, les jardins et le parc présentaient des parterres de fleurs immédiatement autour du château, puis des quinconces, des allées, des avenues d'arbres. Nous ne savons rien sur l'ensemble.

Dans ces jardins il y eut des effets d'eau, encore très modestes, des bassins circulaires avec jets d'eau. Un Flamand, Jean Lintlauer, fut chargé de cette partie de l'aménagement du nouveau domaine. Ce Jean Lintlauer venait de se faire une réputation en réformant le système des eaux de Paris : Par son industrie et grand travail, disait une pièce officielle de 1619, il avoit fait en sorte que l'eau, que jettent les pompes et fontaines artificielles du Pont-Neuf de la ville de Paris aux offices du château du Louvre, fontaines et jardins dudit lieu, palais des Tuileries, grand vivier et fontaines des jardins d'icelui et autres lieux où il a plu au roi de la faire distribuer, fut maintenant claire, au lieu d'être trouble et d'embourber les tuyaux[104]. Lintlauer devait être une des victimes de l'état précaire des finances du roi de France ; il mourra sans avoir été réglé. Sa veuve, Françoise Robin, délivrera, tard, en 1635, les dernières quittances des sommes dues à Jean Lintlauer pour les travaux effectués par lui dans les parc et jardins de Versailles[105].

Ce fut une opération difficile que cette liquidation des dépenses de la construction du château. Elle ne put guère commencer, nous l'avons dit, qu'en 1631 ; on mettra quatre ou cinq ans avant de la terminer. Voici comment on opéra. Un valet de garde-robe du roi commis au maniement des deniers des menus plaisirs, trésorier des menus, M. Pierre Forest[106], devait recevoir tous les états et mémoires. Il les faisait examiner par M. Jean Jacquelin, trésorier des bâtiments, qui contresignait[107] ; puis le tout était transmis à M. Michel Lucas, le secrétaire du roi, lequel soumettait les pièces à Louis XIII. Cela fait, M. Forest délivrait les sommes nécessaires à Lucas qui les versait aux intéressés, c'est-à-dire, les propriétaires, pour les terrains, M. Le Roy, pour les travaux. Jacques de Menours a été payé directement par M. Forest[108].

On paya par acomptes, lentement ; les entrepreneurs reçurent des 1.200, 3.000, 4.000 livres ; en 1631, l'architecte touchait cinq fois des sommes variant entre 7.000 et 10.000 livres ; en 1632, on lui fit six versements, dont le plus élevé de 18.000 livres ; en 1633, six autres de 2.000 à 6.000 livres ; en 1634, deux, et un dernier en 1635 de 2.000 livres. M. de Menours fut également payé par fractions de 1.500 à 4.000 livres, depuis mai 1631 jusqu'en janvier 1636[109].

En additionnant toutes les sommes versées pour les bâtiments et en y comprenant les jardins, sans le prix d'achat des terres, on arrive à un total de dépenses, pour la construction, de 278.040 livres, 32 sols, 6 deniers.

A ce moment, Louis XIII, à l'imitation de Martial de Loménie et de M. de Gondi, fut pris du désir d'étendre son domaine. Il avait été contraint d'acquérir la propriété entière de M. Jean Martin. Ses présences continuelles à Versailles avec une suite tumultueuse de chiens et de chevaux, les dégâts que causaient ses chasses, champs foulés, récoltes saccagées, ne laissaient pas que d'incommoder les voisins. Il y avait du vrai dans les réclamations que présentait Jean Martin au sujet de la non-jouissance de son patrimoine. Parmi les gens qui réclamaient le plus étaient ceux auxquels M. de Gondi, l'archevêque de Paris, avait loué ses terres et seigneurie de Versailles. Depuis longtemps M. de Gondi ne faisait plus valoir son domaine ; il l'avait affermé à Denis Mercier[110], puis, en 1627, à Etienne et Claude Martin[111], qui étaient si bien empêchés de cultiver tranquillement leurs terres, qu'ils devaient plus tard faire dresser un procès-verbal à M. Michel Ferrand, conseiller du roi, bailli, juge royal, civil et criminel de Versailles, le 14 mars 1634, des non-jouissances souffertes par lesdits Martin pendant le temps dudit bail (depuis 1627) et de l'estimation d'icelles[112]. Louis XIII décida d'acheter simplement à M. de Gondi tous ses biens. M. de Gondi accepta. Il ne s'intéressait pas à Versailles où il ne venait jamais ; il avait abandonné le logis seigneurial, lequel tombait un peu en ruine. L'acte de vente fut signé le 8 avril 1632, à Paris, en l'hôtel du garde des sceaux, rue de Grenelle, paroisse Saint-Eustache, en présence du garde des sceaux, M. de Laubespine, et du surintendant des finances, le marquis d'Effiat, au prix de 66.000 livres que payait comptant le trésorier de l'Epargne, M. de Guénégaud[113]. Louis XIII commençait la constitution de ce vaste domaine que Louis XIV devait si considérablement agrandir.

Louis XIII voulut que ce domaine qu'il avait créé appartînt, non à la couronne, mais à lui personnellement : c'était un essai de constitution de patrimoine du prince ; au moins, au point de vue juridique, trouva-t-on une formule spéciale pour désigner l'état particulier dans lequel le roi entendit que se trouvât placée la maison de Versailles. Par lettres patentes données à Saint-Germain le 26 avril 1638, Sa Majesté déclaroit et ordonnoit qu'elle vouloit jouir des terres de Versailles et des domaines, fruits et revenus qui en dépendoient, qu'elle affectoit particulièrement à ses plaisirs... Le Parlement enregistrait le 6 mai suivant sans mot dire[114]. Et de fait dans tous les actes royaux du règne où seront énumérés les châteaux de la couronne, on citera les mêmes résidences et dans le même ordre : le Louvre, les Tuileries, Saint-Germain, Fontainebleau, Villers-Cotterêts ; jamais Versailles ne sera nommé. Il faudra attendre Louis XIV pour voir, par acte officiel, le château mis au rang des bâtiments royaux et on sait à quelle place.

Il nous est possible de nous figurer ce qu'était l'intérieur du Versailles de Louis XIII grâce à un inventaire détaillé du mobilier dressé en 1630[115].

L'appartement du roi était au premier étage du côté du jardin. Entré dans la cour et gravissant à droite l'escalier, de proportions modestes, on accédait à la salle du roi, pièce servant d'antichambre[116]. Cette pièce était éclairée des deux côtés sur la cour et sur la campagne. Les murs étaient tendus de tapisseries. Au milieu de la salle se trouvait un grand billard, caché par une couverture, muni de ses douze billes et de six queues[117] ; puis, à côté, deux tables aux pieds en forme de colonnes ; dans la vaste cheminée au lourd manteau deux chenets à pommes de cuivre ; rien de plus. Le cabinet du roi suivait. Les murs étaient recouverts de cinq pièces de tapisserie de haute lice représentant des déesses antiques ; à l'un des panneaux de la muraille se trouvait un grand tableau ; le parquet était recouvert d'un tapis de Turquie au milieu duquel était une table, la table de travail de Sa Majesté, qui portait des chandeliers d'argent doré à mettre grosse bougie et un escritoire de maroquin du levant rouge ; le long des murs, trois coffres ou bahuts, l'un couvert de cuir, contenant des costumes de rechange pour le roi : une robe de chambre de velours vert doublée de petit gris, garnie de passementerie d'or et d'argent, une robe de damas vert, une paire de mules de velours vert : le vert domine, c'est la couleur préférée de Louis XIII. Dans un autre coffre étaient des jeux pour les soirées d'hiver ou les jours de pluie : jeux de trictrac, de trou-madame, d'échecs, de tourniquet, de l'oie, du renard, jeu de moine, jeu de jonchets ; ça et là des sièges.

Puis la chambre à coucher. Les murs se trouvaient magnifiquement tendus d'une belle tapisserie flamande représentant l'histoire de Marc-Antoine, cadeau que Marie de Médicis avait fait à son fils, exprès pour sa chambre à coucher de Versailles et qu'elle lui avait envoyé au milieu de décembre 1624 en même temps qu'un lot de linge de table ouvré et façonné de petite Venise, douze douzaines de serviettes et dix-huit nappes blanches[118]. Un tapis d'Orient couvrait le parquet delà pièce. Au fond était le lit, grand lit garni d'un couvre-pied de damas vert, confortablement muni, selon l'usage, de trois matelas de bourre laine, d'un traversin de duvet, d'un oreiller de velours vert et d'une couverture de toile de Hollande piquée ; au-dessus s'étendait un dais garni de ses pantes à crépines et franges avec, à la tête du lit, sur le mur, une brocatelle à fond blanc ; après quoi, dans la pièce, une table recouverte d'un tapis de damas vert avec franges de soie et d'or, huit sièges recouverts de même ; dans un coin, une chaise percée munie d'un bassin d'étain et garnie aussi de damas vert à frange de soie et d'or ; dans la cheminée, deux chenets, des tenailles et une pelle à feu.

La garde-robe de Sa Majesté était auprès, pièce qui servait de dégagement, où l'on tenait les costumes du prince, les objets dont il se servait et où attendait le valet de chambre ; deux tables, des petits bancs, un grand bahut, trois chandeliers de cuivre avec leurs mouchettes ; sur le mur un tapis vert doublé de toile verte où l'on suspendait les armes de chasse de Louis XIII.

Le reste du château offrait seize chambres également meublées à la mode du temps : tapisseries de Bergame sur les murs, lits avec ciels et garnitures de damas, de taffetas ou de serge, tantôt gris, tantôt blanc et vert, tantôt rouge ; tables à colonnes, tapis d'Orient, bahuts, sièges de toutes sortes. Louis XIII avait des habitudes si régulières et c'étaient si bien les mêmes personnes qui l'accompagnaient à Versailles, que les chambres avaient fini par prendre le nom de l'occupant : chambres de M. de Souvré, de M. de Béringhen, de M. de Saint-Simon, de M. de Montbazon, de de M. de Mortemar, de M. Lucas ; plusieurs de ces habitués avaient meublé leurs pièces eux-mêmes, avec des meubles leur appartenant, sans luxe, sobrement.

 

Tel a été le Versailles de Louis XIII. La dépense fut de celles qu'un riche particulier pouvait se permettre. Si un guide du voyageur osait déjà dire, en 1639 : on fera bien pendant le séjour de Paris de visiter Versailles[119], semblant ainsi attacher de l'importance à ce qu'on appelait les bâtiments, parterre, et parc de Versailles, le public ne partageait pas cet engouement et trouvait, avec Bassompierre, que vraiment les finances de la France n'avoient pas été épuisées par les somptueux édifices du roi[120]. Louis XIV conservera le cadre de la petite maison de son père, l'enveloppant dans la masse croissante de ses constructions. Est-ce par goût pour le petit édifice de 1624 qu'il l'a gardé ? Est-ce par tendresse filiale à l'égard d'un père qu'il n'avait guère connu et dont il ne parlait jamais ? Il a plus simplement suivi une mode, les grands seigneurs du temps — les Lesdiguières à Lesdiguières, Richelieu à Richelieu — se faisant un scrupule de conserver intactes, au milieu des édifices qu'ils élevaient, les demeures anciennes ou simplement les chambres de leurs ascendants disparus[121].

 

 

 



[1] Saint-Simon, Mém., éd. Chéruel, t. XII, p. 80 ; Maquet, Versailles aux temps féodaux, Paris, 1889, in-8°, p. 4 ; L. Dussieux, le Château de Versailles, Versailles, L. Bernard, 1885, t. I, p. 1 ; de Nolhac, la Création de Versailles, Versailles, 1901, in-fol., p. 18.

[2] Arch. nat., O1 3871. Nous allons revenir sur ces actes. Ce registre des Archives que nous citons et dont nous allons beaucoup nous servir a pour titre : Inventaire général des titres, contrats, actes et enseigments (sic) concernant la propriété et possession des terres, fiefs, bois, héritages, censives, rentes foncières et autres droits qui composent le domaine de Versailles... fait... en l'année 1728.

[3] Nouvelle guide des chemins, Paris, 1583, in-12°, p. 50. La Galie n'était ni le Parisis, ni l'Ile de France, ni le Vexin. (Ibid., p. 5).

[4] Toutes ces indications et celles qui vont suivre sont prises dans les actes de Jean Gandois, Arch. nat., O1 3871. Les actes du tabellion contiennent de nombreux détails topographiques sur Versailles que nous avons recueillis et résumés.

[5] Cette enseigne est déjà signalée par Maquet, op. cit., p. 123.

[6] Nous relevons encore dans Versailles les endroits dénommés la pierre percée, la cour commune, la cour commune du Bon Puits. On pourrait avec les documents dont nous parlons dresser la liste des lieux dits de Versailles au XVIe siècle.

[7] On voit la silhouette de cette église dans une petite gravure de Pérelle représentant Versailles vu des jardins, Bibl. nat., Cabinet des Estampes. Va 362. La maison du curé était sur le chemin de Glatigny, près du cimetière (Arch. nat., O1 3871, p. 81). Il y a à Versailles un curé et un vicaire qui traitent ensemble devant le tabellion pour la résidence et fonction du service divin (Ibid., p. 285) ; à la un du XVIe siècle et au début du XVIIe, les curés sont : Jean Crestot et Robert Picquenot (Ibid., p. 453 et 554 et registre 2 de la paroisse Saint-Julien aux Archives de l'état civil de la mairie de Versailles).

[8] Sur ce prieure, voir A. Maquet, op. cit., p. 26. Le prieur, qui est Mathurin Fleury à la fin du XVIe siècle et Mathieu Mercerie au XVIIe, a 27 censitaires à Versailles (Arch. nat., O1 3871, p. 447 et 459).

[9] Toujours d'après les descriptions fournies par les contrats passés devant le tabellion Gandois (Arch. nat., O1 3871). La travée de comble est la distance d'une ferme de comble à l'autre ; cette distance est de 9 pieds, ou de 12 pour la grande travée (Diderot et d'Alembert, Encyclopédie, v° Travée).

[10] Registre 2 de la paroisse Saint-Julien aux Archives de l'état-civil de Versailles. De 1611 à 1622, la moyenne des naissances annuelles est de 12. C'est par comparaison avec d'autres localités rurales dont les données démographiques sont connues que nous pensons que le chiffre moyen de 12 naissances par an peut correspondre à une population de 4 à 500 habitants.

[11] Il y a un pressoir à cidre à Satory (Arch. nat., O1 1739 A) et des laboureurs de vignes à Versailles (Arch. nat., O1 3871, p. 153).

[12] On compte cent perches par arpent ; la perche de Paris a 18 pieds de côté ou 324 pieds carrés. L'arpent commun des environs de Paris contient donc 34 ares 18 centiares. (F. Gattey, Tableau des rapports des anciennes mesures agraires avec les nouvelles, 3 e éd., Paris, 1812, in-8°).

[13] Mémoire du bois pour faire les bondes et auges des étangs du dit lieu (de Versailles), Arch. nat., O1 3871, p. 290. Sur ces étangs, voir aussi Maquet, op. cit., p. 121. En la prairie de Versailles, au lieu dit le pré Sainte-Catherine, sous l'étang neuf du dit Versailles se trouvent des prés plantés de saules (Arch. nat., O1 3871, p. 109, acte du 28 sept. 1567).

[14] Arch. nat., O1 1759 A et 3871, p. 306, 383. Cette ferme est louée pour 70 livres par an, un gâteau de ferme et 4 chapons.

[15] Arch. nat., O1 3871. p. 237, 240, 279, 331. Le moulin et les attenances sont loués pour 6 septiers de blé mouture, bon, loyal et marchand, mesure de Paris, 18 livres, 2 chapons, 8 deniers parisis de cens que de ferme. Chaumont passera le bail à Nicolas Luquet, meunier demeurant à Trianon.

[16] Ce bois appartenait à M. Jean Martin (Arch. nat., O1 3871 p. 316).

[17] Avec quelle vivacité Louis XIII, avant qu'il vint bâtir Versailles, apprenant qu'on lui a tué son garde de la garenne et que des braconniers lui abattent ses lapins, écrira-t-il, le 3 mai 1622, de son camp de Sainte-Marie, dans le Midi, au duc de Montbazon, gouverneur de l'Ile-de-France, ainsi qu'à M. de Frontenac, capitaine des chasses, pour se plaindre et réclamer qu'on lui fasse faire justice. Lettres de Louis XIII à M. de Montbazon et à M. de Frontenac du 31 mai 1622, au sujet de la garenne de Versailles, Bibl. nat., ms. fr. 3722. fol. 142 r° et v°. Sur l'étendue de la garenne, cf. Arch. nat., O1 1759 A.

[18] Tous ces renseignements sont pris à la même source des actes du tabellion Gandois. Louis XIV démolira plus tard l'église de Trianon et supprimera le cimetière (Bibl. nat., ms. fr. 21675, fol. 144 v°).

[19] Louée alors 28 muids de grain par an, 4 porcs gras, 100 sous et douze douzaines de pigeons. Louis XIV rasera également Choisy-aux-Bœufs (Ibid., fol. 145 r°). Il y avait un moulin à Choisy (Arch. nat., O1 3871, p. 472). Le domaine du Val de Galie comportait hôtel, seigneurie et ferme.

[20] Voir pour la description de cet hôtel : Arch. nat., O1 1739 A et 1762, p. 3.

[21] Arch. nat., O1 1739 A. Le bailli de Versailles, au début du XVIIe siècle, se nomme Louis Ferrand. Comme tabellion, à Gandois succédera Pierre Lopin qui remplit les fonctions de greffier (Arch. nat., O1 3871, p. 338).

[22] On trouve comme receveur de Versailles, Antoine Lemaire (Arch. nat., O1 3871, p. 290) et comme fermier général, Adam Rousseau (Ibid., p. 301).

[23] Arch. nat., O1 3871, p. 269.

[24] Versailles, avec Marly et Villepreux, dépendait de la châtellenie de Châteaufort, Maquet, op. cit., p. III.

[25] Par décret et adjudication faits au Châtelet de Paris le 14 janvier 1361 et acte passé par devant Joyeux et Arragon, notaires au dit Châtelet, le même jour, Arch. nat., O1 3871, p. 303. Voir aussi, Ibid., p. 299, 302, 305.

[26] Voir sur Martial de Loménie, la notice de Fauvelet du Toc, Histoire des secrétaires d'État, Paris, 1668, in-4°, p. 195. Devenu seigneur du pays, M. de Loménie tâcha de se faire bien voir. A la fête du village, qui avait lieu en septembre, les quatre valets de fête, sortes de commissaires, afin d'éviter les disputes sanglantes, résultats de buveries prolongées, avaient demandé à leur seigneur qu'il interdit tout port d'armes. M. de Loménie y consentit, et ajouta sur l'ordonnance une phrase orthodoxe pour rassurer les consciences catholiques qu'alarmait la venue dans le pays d'un hérétique. Or, écoutez, — proclamait le sergent ordinaire de la prévôté de Versailles, Antoine Beauvais, montant, le dimanche 31 août 1561, sur la pierre du carrefour, près le carcan dudit lieu ; — de par noble homme et sage M. Martial de Loménie, conseiller du roi notre Sire et secrétaire de ses finances, seigneur dudit Versailles, et M. le prévôt dudit lieu, défenses sont faites à toutes personnes de quelque état, qualité et condition qu'elles soient, de ne porter armes comme épées, dagues, ni autres bâtons invisibles en la danse, ni durant icelle, s'ils ne sont gentilshommes et officiers du roi dudit seigneur, ou avoués de justice, sur peine de l'amende et de confiscation desdits bâtons ; aussi de ne jurer, ni blasphémer le nom de Dieu, de la Vierge Marie ni des Saints, sur peine d'amende arbitraire telle qu'au cas appartiendra et détenir prison ; et que chacun se garde mesprendre ! Arch. nat., O1 3871, p. 268. Les valets de fête se nommaient Nicolas Dubreuil, Jean de Laleu, Pierre Chalier, Louis Duclos.

[27] Jean Gandois habitait une maison qui lui appartenait sur la rue tendant à l'étang vieil. (Arch. nat. O1 3871, p. 53.)

[28] On compte 17 actes en 1561, 3 en 1562, 16 en 1563, 10 en 1564, 14 en 1565, 7 en 1566, etc., Arch. nat. O1 3871, p. 53.

[29] La Grande Lessart était à l'est du plateau de Satory. L'acte de vente fut passe devant deux notaires de Paris, par L'intermédiaire d'Innocent Auberon, secrétaire du duc de Nemours, procureur de Martial de Loménie (Arch. nat., O1 3871, p. 160). Nous avons la série des achats et échanges effectués par Loménie à Satory, Ibid., p. 177 et suiv.

[30] Arch. nat., O1 1759 A.

[31] Nous ne pouvons entrer dans le détail : on trouvera l'indication des pièces de procédure dans : Arch. nat., O1 3871, p. 266 et suiv.

[32] Le seigneur de Versailles dénonça ses persécuteurs le 11 septembre 1568 au Parlement auquel il en avait appelé. Il obtint le 18 septembre, des lettres spéciales du roi de protection et de sauvegarde. Les gens de Châteaufort n'en tinrent aucun compte. Le 6 février 1571, ils interdisaient par exploit au seigneur de Versailles et à ses officiers d'exercer aucune justice audit Versailles. Nous ne pouvons encore que résumer brièvement de longues disputes qui ont comporté des actes nombreux de procédure : voir Arch. nat., O1 3871, p. 243, et suiv., 287.

[33] Le roi ordonna de délivrer Loménie et commanda d'ajourner le prévôt de Châteaufort à comparaître devant le Parlement pour se voir déclarer avoir encouru les peines contre lui indutes, voir casser ce qu'il aurait fait et se voir condamner aux dépens, dommages et intérêts. Pour la mainlevée du 10 juin 1572, voir Arch. nat., O1 3871, p. 272.

[34] J. C. de Vellay, Déluge des huguenots avec leur tombeau et les noms des chefs et principaux punis à Paris le 24e jour d'août 1572, Paris, J. Dallier, 1572, in-12°, feuillet A III v° : réimprimé dans Cimber et Danjou, Archives curieuses, 1re série, t. VII, p. 206.

[35] Relation du massacre de la Saint-Barthélemy, dans Cimber et Danjou, op. cit., p. 149 ; Le Tocsin contre les massacreurs, Reims, imp. de J. Martin, 1577, in-8°, fol. 93 v° ; le Réveille-matin des François, 1574, dans Cimber et Danjou, op. cit., p. 183 ; J. A. de Thou, Historiarum sui temporis tomus I-VI, Londres, 1733, in-fol., t. III, p. 134.

[36] Sur la succession de Loménie, voir l'article de E. Caron dans la Revue de l'histoire de Versailles, 1901, p. 126-129 : Quelques documents relatifs aux origines du domaine de Versailles.

[37] Arch. nat., O1 3871, p. 379 : Affiches, enchères, vente et adjudication par décret fait au Châtelet de Paris le 19 mars 1575, de la dite terre et seigneurie de Versailles... saisie... sur le dit M. François de Loménie au dit nom de tuteur et curateur des dits enfants mineurs... etc. On a raconté que tandis que M. de Loménie était en prison, le comte de Retz serait venu le trouver et lui aurait promis la vie sauve s'il consentait à lui vendre Versailles à vil prix. M. de Loménie aurait accepté, signé, puis aurait été tué. Le comte de Retz paraît être devenu possesseur de Versailles d'une façon plus régulière.

[38] Arch. nat., O1 3871, p. 273.

[39] Antoine de Gondi, marchand florentin, habitait Lyon en 1526 (Bibl. nat., ms. fr. 30529, fol. 206 r°). La banque existait toujours vers 1617, et était dirigée par un certain Philippe de Gondi (Arch. nat., E.55a, fol. 252 r°).

[40] Elle avait beaucoup prêté aux rois de France durant les guerres religieuses, au taux rémunérateur de 16 p. 100 (Bibl. nat., ms. fr. 27837, fol. 16). Jérôme de Gondi avait prêté à Henri IV 928.218 écus, 2 livres, 3 sols, 4 deniers, qui furent remboursés le 31 décembre 1600, Bibl. nat., ms fr. 27838, pièces 184, 185. Sur la famille, voir : Corbinelli, Histoire généalogique de la maison de Gondi, Paris, 1705, 2 vol. in-4° : d'Hozier, Remarques sommaires sur la maison de Gondi, Paris, 1652, in-fol.

[41] Voir notre Vie intime d'une reine de France, p. 105, note.

[42] Arch. nat., O1 1759 A ; terres labourables, prés, pâtis, bois taillis et châtaignerais, y compris les étangs.

[43] Arch. nat., O1 1759 A, d'après un procès verbal d'affiche du 19 février 1575, qu'accompagnent des notes marginales indiquant les accroissements opérés par Gondi. La Grange-Lessart était affermée 1950 livres.

[44] Nous allons revenir sur ces propriétaires.

[45] Tous ces renseignements sont pris dans le Journal d'Héroard. Louis XIII avait posé la première pierre du portail de l'église de Saint-Germain-en-Laye le 4 juillet 1616 (Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 288 v°).

[46] Héroard. Bibl. nat.. ms. fr. 4026, fol. 113 r°, 210 r°, 374 r°. Voir : Description du château de Noisy, dans le grand parc de Versailles, entièrement démoli sur la fin de 1732, Bibl. nat., ms. fr. 11651. Bentivoglio décrit Noisy dans une lettre à Cornaro du 22 septembre 1618, Bentivoglio, Lettres, Paris, 1680, in-8°, p. 123 et suiv.

[47] Journal d'Héroard, éd. Soulié et Barthélemy, t. 1, p. 283. Cf. Malherbe, Œuvres, éd. Lalanne, t. III, p. 48, lettre de Malherbe à Peiresc de 1607.

[48] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 443 v°.

[49] Héroard, Bibl. nat., ms. fr., 4026, fol. 143 v°, 238 r°, 409 r°.

[50] Avec cette note manuscrite : Ici défaut la suite du présent journal durant onze mois, douze jours, avec quelques autres interruptions, qui ont été misérablement perdus, gouspillés et vilainement employés par la veuve du feu sieur Héroard. Héroard, Bibl. nat., ms. fr., 4027, fol. 292 r°.

[51] Mi diede parte del suo ultimo viaggio, e d'una picciola casa che fa fabricare a Versaglia per ricreatione. Dépêche de G. Pesaro du 11 juillet 1624, Bibl. nat., ms. italien 1782, p. 376.

[52] Le fait de la présence officielle du gouvernement dans cet endroit est indiqué par les séances du Conseil d'État qui s'y tiennent. Nous avons des arrêts du Conseil datés des châteaux que nous venons de mentionner : nous n'en avons pas datés de Versailles, pour l'époque qui nous occupe.

[53] Bibl. nat., ms. fr. 7854, fol. 286 v°. Il est à remarquer que le fils de Martial de Loménie, Antoine de Loménie, a été aussi secrétaire du cabinet à partir de 1610, de même que le fils de celui-ci, Henri-Auguste ; que François de Loménie, gendre de Martial, l'a été également : son frère, Charles de Loménie lui a succédé. Louis XIII était donc entouré de toute cette famille.

[54] Arch. nat., O1 3871, p. 324.

[55] En 1624, le total des recettes de l'État devait être de 33.115.582 livres, 12 sols, 6 deniers et celui des dépenses de 33.295.586 livres, 9 sols, 6 deniers, soit un découvert réduit à 180.003 livres, 7 sols. Arch. des Aff. Étrang., France 779, fol. 212 v° et 213 r°.

[56] Ces chiffres sont empruntés au livre de Mallet : Comptes rendus de l'administration des finances du royaume de France, Paris, 1789, in-4°, p. 221. On sait que Mallet, ancien commis de Chamillard, sous Louis XIV, les a recueillis dans les archives du contrôle général.

[57] Voir la liste des travaux que demandent au roi le Prévôt des marchands et des échevins de Paris, dans un arrêt du Conseil du 7 mai 1619, Arch. nat., E. 61c, fol. 178 r°. Cf. Histoire du règne de Louis XIII par S. M. G. (Malingre), Paris, 1646, in-12°, p. 475 et Félibien, Histoire de la ville de Paris, t. II, p. 1324.

[58] Arrêt du conseil du 12 juin 1024. Arch. nat., E. 79a, loi. 134 r.

[59] 200.000 livres en février, 386.877 livres et 545.000 livres en mars, 1.340.000 livres et 880.000 livres en juin, 680.000 livres en juillet, Ibid., E 78a, fol. 2117 r' : E 78B, fol. 54, r°, 229 r". 231 r° ; E. 79a, fol. 30 r°, 113 r°, 115 r°, 117 r° : E. 79B, fol. 132 r°. Sur la misère du royaume en 1623, voir les dépêches de Pesaro du 27 janvier et du 21 mars 1623 (Bibl. nat., ms. italien 1779. p. 101 ; 1780, p. 99) ; sur celle de 1624, consulter : la Plainte des pensionnaires mal payés au roi, 1024, in-12° ; Le Mot à l'oreille, 1624, in-12, p. 18.

[60] Etats d'arpentage et estimation d'héritages vendus au roi... situés dans le terroir de Versailles et es environs, et datés des 5 et autres jours suivants du mois d'août 1624 (Arch. nat., O1 3871, p. 307). Procès verbal de Pierre Le Sage, arpenteur à Marly, Denis Mercier, receveur de la terre et seigneurie de Versailles, habitant à Fontenay le Fleury, Nicolas Bréaut, laboureur à Glatigny, les 5, 6, 7, 8 et 9 août 1624 (Arch. nat., O1 1739 A). Les dites maisons lieux et héritages déclarés et spécifiés par le mesurage et arpentage qui en a été fait par Pierre le Sage, mesureur et arpenteur du roi, les 5, 6, 7, 8 et 9e jour du mois d'août de l'année 1624. Ibid. Voir aussi Arch. nat., O1 1762.

[61] Par contrat de vente du 27 septembre 1632 passé devant Chapelain et Plastrier, notaires à Paris, Arch. nat., O1 1759 A et O1 3871, p. 333. Y compris, ajoute le texte en parlant du chiffre payé, les dommages et intérêts de la non jouissance soufferte par les dits vendeurs des dites maisons et héritages pendant huit ans.

[62] Arch. nat. O1 1759 A. Par procès verbal reçu devant Me Louis Ferrand, bailli de Versailles, commencé le 23 avril et clos le 1er mai 1631, appert que Denis Mercier, laboureur à Fontenay le Fleury, Nicolas Bréaut, aussi laboureur à Glatigny et Pierre le Sage, arpenteur à Marly le Chatel, ont fait l'arpentage, prisée et estimation des terres et prés que Sa Majesté avoit pris pour les bastimens, parterre et parc de son chasteau de Versailles, ensemble de la non jouissance et des indemnités qui pouvoient être dus aux différents particuliers, pour être pourvu à leur paiement ; duquel procès verbal il résulte qu'il a été liquidé savoir :... (suivent les noms des dix-sept propriétaires, les parts prises, les sommes dues) la totalité des terres et prés pris par Sa Majesté et mesuré par le susdit procès verbal se trouvent, suivant icelui, monter à 117 arpens, la valeur principale à 7.722 l. 3 s., celle des indemnités et non jouissances à 2.134 l. 13 s. 3 d. ; et L'estimation totale à 9.856 l. 16 s. 3 d. Jean Martin est celui auquel on a pris le plus, parmi les seize autres propriétaires, nous relevons, l'hôtelier Claude Gourelier pour 15 arpents 81 perches, M. de Gondi seulement pour 6 arpents 60 perches, l'église de Versailles pour 50 perches. Les autres vendeurs se nomment : Lemaire, Morely, veuve Landry, les héritiers de G. Denise, de F. Fontaine et de Potier : Antoine Dalibon, P. Lancelin, Fiacre Le Houx, J. Lefèvre, veuve Boucher.

[63] Voir Couard, L'Intérieur et le mobilier du château royal de Versailles à la date de la journée des dupes, Versailles, imp. de Aubert, 1906, in-8°, d'après un inventaire fait en 1630 qui donne la liste et l'attribution des pièces du château.

[64] Félibien, Description sommaire du château de Versailles, Paris, G. Desprez, 1674, in-12. p. 3 : Comme Sa Majesté a eu cette piété pour la mémoire du feu roi son père de ne rien abattre de ce qu'il avoit fait bâtir, tout ce que l'on y a ajouté n'empêche point qu'on ne voye l'ancien palais tel qu'il étoit autrefois, excepté que... etc.

[65] Voir P. de Nolhac, La Création de Versailles, in-fol., 1901.

[66] Le plan de Silvestre de 1667 ne présente pas d'ailleurs cet escalier. Il n'est que de rapprocher ce plan, qui certainement nous offre les lignes du château de Louis XIII, d'un plan actuel pour constater que l'escalier des Dupes a de la peine à s'inscrire dans les murs du château d'alors ; d'autre part la disposition des paliers est telle aujourd'hui que l'escalier eut desservi non l'intérieur mais le dehors et encore dans l'angle extérieur d'un pavillon.

[67] Salle n° 29 du plan de Soulié (E. Soulié, Notice des peintures et sculptures composant le musée de Versailles, 2e éd., Versailles, 1859-61, 3 vol. in-8°).

[68] Voir A. Du Cerceau, les Plus excellens bastimens de France, 1576, in-fol. : H. von Geymüller, die Baukunst der Renaissance in Frankreich, Stuttgard, 1898, 2 vol. in-4°.

[69] Mercure français, 1624, t. X, p. 770.

[70] Bassompierre, Journal de ma vie, éd. Chantérac, t. III, p. 286.

[71] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. II, p. 226, voir aussi p. 237.

[72] Saint Simon, Mém., éd. Chéruel, t. XII, p. 81 et Dangeau, Journal, éd. Soulié, 1859, addition de Saint Simon, t. XVI, p. 41.

[73] Nous avons plus haut parlé de la maison du meunier située entre cour et jardin et accompagnée de cinq quartiers de terre. Quant aux cabarets à rouliers, il est à remarquer que l'hôtelier Claude Gourelier était un important personnage de Versailles ; il possédait des terres, était fermier de la ferme de la Bretonnière, avait de nombreux parents dans le bourg. On le voit souvent parrain dans les registres de la paroisse de Saint-Julien. Il était riche et influent. Il est difficile de croire que son hôtellerie ne fut qu'un méchant cabaret.

[74] De Nolhac, op. cit., p. 27.

[75] De Nolhac, op. cit., p. 27.

[76] L'expression d'architecte général des bastimens du roi nous semble fort sujette à caution. Il est possible qu'on la trouve appliquée à de Brosse dans un acte privé du 27 juillet 1617 (Couard-Luys, Salomon de Brosse et ses enfants, dans Bull. de la Soc. de l'hist. de Paris, 1883, p. 86). Mais il est à remarquer que dans un arrêt de la Chambre des comptes du 11 octobre de la même année (Ibid., p. 88) Brosse est seulement qualifié d'architecte ordinaire des bastimens du roi. C'est ce titre qui nous paraît être le seul officiel et qu'en tous cas on rencontre régulièrement (par exemple en 1623, dans un devis de travaux pour le Luxembourg, Bibl. de l'Arsenal, ms 5995, fol. 1 v°). Avec six architectes, le roi a dans son personnel 6 peintres, 4 joailliers, 4 imprimeurs, 2 horlogers, 5 cordonniers, 7 merciers et 64 autres gens de métiers (Bibl., nat., ms. fr. 7854, fol. 298 v°).

[77] Lettres patentes du 23 avril 1618 (Arch. nat., X1a 8019, fol. 72 r°) et arrêt du conseil du 4 oct. de la même année (Arch. nat., E. 60a, fol. 8 r°).

[78] Arch. nat., E. 78c, fol. 77 r°.

[79] Il recevait de M. Florent d'Argouges 2.000 livres par semaine en 1621 (Avenel, Lettres de Richelieu, t. I, p. 673).

[80] Arrêt du conseil du 14 décembre 1624 dans lequel il est dit qu'or. l'a accusé d'estimation excessive des ouvrages faits et de paiements exagérés et rappelant les actes de la procédure engagée contre de Brosse depuis le mois de mars 1624. Ordre a été donné de procéder au toisé des ouvrages et à une expertise contradictoire, Bibl. nat., ms. fr. 18202, fol. 295 r°. Les soupçons dataient de loin. Dès le 26 juillet 1622 d'Argouges écrivait à Richelieu, surintendant de Marie de Médicis, lequel incriminait de Brosse : J'ai vu la distribution par le menu des deux mille livres que je lui fournis, et vous assure qu'il n'en met rien à sa bourse. (Arch. des Aff. Étrang., France 776, fol. 245 v°). Par mesure de défiance, dès 1623, il avait été fait un procès verbal des visites et mesure des ouvrages du palais du Luxembourg, commencé le 26 juin 1623, en vertu d'une ordonnance rendue entre le procureur général de la reine mère et l'architecte entrepreneur des bastimens dudit palais, Salomon Brosse. Bibl. de l'Arsenal, ms. 5995.

[81] Bibl. nat., ms. fr. 18202, fol. 296 r°. Dans l'arrêt du 14 décembre 1624, Salomon de Brosse est dit : Ci-devant architecte du palais de la dite dame reine.

[82] Arrêt du conseil du 18 janvier 1624 concernant les travaux du Palais de Justice. C'est Henri Colin, maître des œuvres et bastimens du roi qui conduit la construction et non plus l'architecte de Brosse, Arch. nat., E. 78a, fol. 112 r°. Nous renvoyons sur Salomon de Brosse à la bibliographie que nous avons déjà donnée dans notre Vie intime d'une reine de France, p. 422, note.

[83] Nous expliquons que Salomon de Brosse n'a pu participer aux travaux de Versailles par ce qu'on pourrait dire que l'architecte que nous allons nommer a travaillé sous ses ordres et sur ses indications.

[84] A défaut de Salomon de Brosse, on a parlé de Métezeau ; on aurait pu encore prononcer le nom de Pierre Le Muet. Pierre Le Muet bâtira en effet quelques années plus tard le château de Pont-sur-Seine qui présente de frappantes analogies avec Versailles (A. Thévenot, l'Ancien château de Pont-sur-Seine, dans Annuaire de l'Aube, 1871, p. 57 et suiv.). Il avait trente-trois ans en 1624, était attaché à l'intendance des bâtiments déjà en 1618 (Nouvelles archives de l'art français, 1872, p. 14) et venait de publier en 1623 son livre la Manière de bien bastir, in-fol. Il s'occupait surtout de dresser des places fortes. (Plans des places fortes de la province de Picardie, par Le Muet. Bibl. de l'Arsenal, ms. 4317.)

[85] Quand il est question de grands bastimens, le roi propose quelques personnages pour être intendans et ordonnateurs des dits batimens, desquels il faut rapporter les ordonnances, marchés et prix faits avec copie de leur pouvoir et leur mission. (Jean Hennequin, le Guidon général des finances, Paris, J. Regnoul, 1610, in-12°, p. 470 et suiv.). Les Comptes des bâtiments du roi au XVIe siècle (édition Léon de Laborde, 1877, 2 vol. in-8°), montrent que ce sont les architectes Pierre Lescot, Philibert Delorme, Jean Bullant, Androuet du Cerceau qui ont la surintendance des bâtiments qu'ils édifient, c'est-à-dire en sont les entrepreneurs (t. I, p. XXXVIII, 250, 254, 257, etc.).

[86] Nous venons de voir que Salomon de Brosse était appelé architecte entrepreneur (Bibl. de l'Arsenal, ms. 5005). Sur la correspondance de Florent d'Argouges dont nous parlons, voir Arch. des Aff. Étrang., France, 776.

[87] Arch. nat., O1 3871, p. 353, 354, 355,356, 357, 358, 365, 371. En dehors du cas de l'architecte assumant pour une construction la surintendance des travaux, l'entreprise générale, au sens moderne du mot, n'existant pas à cette époque, on ne peut pas dire que Le Roy ne soit qu'un entrepreneur.

[88] A Lance, Dictionnaire des architectes français, Paris, 1872, in-8°, t. II, p. 66. ; C. Bauchal, Nouveau dictionnaire des architectes français, Paris, 1887, in-8°, p. 365 ; Jean Marot, L'Architecture française, Paris, 1727, in-fol, non paginé, Bibl. nat., Dép. des Imprimés, Rés. V. 371.

[89] Maître Nicolas Huau, maître maçon au bastiment du roi. (Registre de baptême n° 4 de la paroisse Saint-Julien de Versailles, aux Archives de l'état civil de Versailles, à la date du 9 avril 1627). C'est un des grands entrepreneurs de Paris (Arch. nat., E. 78c, fol. 77 r°). Pour le charpentier Moreau, cf. Arch. nat., O1 3871, p. 368 ; le serrurier, Ibid., p. 369 ; le vitrier, Arch. nat., O1 1268, 1re liasse.

[90] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027 fol. 173 r°. La partie que nous avons mise en italique figure dans le manuscrit et n'a pas été transcrite dans l'édition imprimée par Soulié et Barthélemy, preuve de plus de l'insuffisance de cette publication. Le voyage de Louis XIII à Versailles du 9 mars (le roi y est allé aussi le 6) est mentionné dans une note manuscrite mise par le secrétaire de M. d'Herbault, secrétaire d'État, en marge d'un exemplaire de l'Almanach pour l’année bissextile 1624, de Vasparin Beauregard (Paris, P. Menier, in-12°), conservé au dép. des Imprimés de la Bibl. nat., sous la cote V. 30059. Le roi fut à Compiègne tout le long du printemps pour y prendre le plaisir de la chasse es forêts des environs. (Mercure français, 1624, t. X, p. 470).

[91] Mongey est qualifié concierge du château du roi à Versailles en juin 1624. (Registres de baptême de la paroisse Saint-Julien de Versailles, détail déjà signalé par Couard, op. cit., p. 12).

[92] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol- 233 v°. C'est à cette occasion que le Journal d'Arnauld d'Andilly de 1624 mentionne pour la première fois Versailles (Bibl. de l'Arsenal, ms. 5181, fol. 83 v°.) Brienne écrit : (Mém., éd. Petitot, t. I, p. 385) Sa Majesté ennuyée du séjour de Compiègne, alla faire un petit voyage à Versailles.

[93] Cité aussi par Couard, op. et loc. cit.

[94] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 226 r°.

[95] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 238 v°.

[96] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 239 r°.

[97] Tous ces détails sont pris dans Héroard, Bibl. nal., ms. fr. 4027, fol. 246 v°, 249 r°, Ibid., 256 r°, 259 r°, 262 v°, 271 r°, 272 v°, 277 v°.

[98] Dépêches de A. Morosini des 16 octobre et 16 décembre 1624, Bibl. nat., ms. italien 1783, p. 237 et 407. Pesaro écrivait le 27 juin 1624 : Il re passa alle caccie a Versailles. (Ibid., 1782, p. 349). Morosini mentionne un voyage de Louis XIII à Versailles dans une dépêche du 3 octobre 1624 (Ibid., 1783, p. 192).

[99] Bibl. de l'Arsenal, recueil Conrart, ms. n° 4113, p. 345.

[100] Il acheta à cet effet de Claude Gourelier, l'hôtelier de Versailles, six travées de maisons et une pièce de terre pour 500 livres, Arch. nat., O1 1759 A. et 3871, p. 387.

[101] L. Dussieux, le Château de Versailles, t. I, p. 22. Sur le titre de Boyceau qui reçoit même, en 1624, 900 livres d'augmentation, voir les Nouvelles archives de l'art français, 1872, p. 9. Le Traité de jardinage a paru en 1638, in-fol.

[102] Assisté du père d'André le Nôtre, De Nolhac, la Création de Versailles, p. 26. Il y a une famille Mollet s'occupant des jardins du roi : deux Claude Mollet, le père et le fils, Pierre, et Jacques Mollet. Le premier Claude travaille aux dessins des jardins de Sa Majesté dès 1608 (Nouvelles archives de l'art français, 1872, p. 41). Il était chargé de vieillesse vers 1634. Pierre est son fils aîné. Jacques est peut-être son frère (Arch. nat., O1 1046, acte de nomination en survivance de ces Mollet). En 1618, Jean le Nôtre s'occupe de l'entretènement des parterres des Tuileries (Nouvelles archives de l’art français, 1872, p. 35).

[103] Arch. nat., O1 3871, p. 358. Ces indications suivent les comptas de l'architecte Le Roy. On trouvera des détails sur Jacques de Menours, dans la Lettre au roi mise en tête du livre de Boyceau, Traité du jardinage, 1638. Ce livre avait été préparé pour l'impression par Menours, mais celui-ci était mort avant la publication de l'ouvrage. Le privilège, daté du 8 mars 1638, est donne à sa veuve Marie Le Coq. Menour, intendant des Jardins du roi étoit logé aux Tuileries, dit Tallemant (Historiettes, éd. P Paris, t. VII, p. 515).

[104] Arrêt du conseil du 27 mars 1619, Arch. nat., B. 61a, fol. 272 r°.

[105] Arch. nat.. O1 3871, p. 369.

[106] Pierre Forest sera promu valet de chambre du roi en 1633 et premier valet de chambre en 1641, Arch. nat., O1 1759 A. et Bibl. nat., ms. fr. 7854, fol. 290 v°, 291 r°.

[107] Voir sur Jean Jacquelin un arrêt du conseil du 11 juillet 1618 nous donnant des détails sur les difficultés de sa fonction de trésorier des bâtiments, Arch. nat., E. 59A, fol. 26 r. Jean Jacquelin était déjà trésorier des bâtiments en 1600 (A. Bertv, Topographie historique du vieux Paris, le Louvre, t. II, p. 201, 203). Un personnage de ce nom et de ce prénom figure dans la comptabilité des bâtiments du roi dès 1581 (L. de Laborde, les Comptes des bâtiments du roi, t. I, p. XXXVIII, XLVI).

[108] Tous ces détails résultent des comptes que nous venons de citer et où se voit clairement la procédure que nous indiquons.

[109] Arch. nat., O1 3871, p. 351 et suiv.

[110] Le 9 juillet 1605 pour six ans. Le bail avait été renouvelé le 26 avril 1617, Arch. nat.. O1 3872, p. 241, 242 et 249 (déjà cité par Maquet, op. cit., p. 142, note).

[111] Par bail daté du 7 août 1627, passé par devant Pierre Leclerc, tabellion de Noisy et Bailly, Arch. nat., O1 3871, p. 295.

[112] Arch. nat., O1 3871, p. 295. Le procès verbal était accompagné d'un Mémoire des dits non jouissances, présente par le dit Claude Martin au dit Ferrand. (p. 296).

[113] Cet acte est très connu. On en trouve le texte aux Arch. nat., O1 1759 A, aux Arch. des Aff. Étrang., France 1590, fol. 136 r° et suiv. Il a été imprimé par Blondel, Architecture française, t. IV, p. 93. Tous les historiens de Versailles le mentionnent.

[114] Avec Versailles Louis XIII mettait dans la même situation les terres de Dampmartin et Chantilly. Les lettres patentes sont contresignées de Loménie, Arch. nat., O1 3871, p. 315. Louis XIV dira dans un édit de décembre 1693 : La terre de Versailles et le fief de la Grange-l'Essart ayant été acquis par le feu roi notre très honoré père et seigneur... il déclara par les lettres patentes données à Saint-Germain-en-Laye au mois d'avril 1638, registrées au Parlement, qu'il affectoit particulièrement la dite terre de Versailles à ses plaisirs... Nous avons continué de jouir de cette terre séparément de nostre domaine... séparément du domaine de nostre couronne. (cité par G. Porquet, Glatigny et ses seigneurs, Versailles, L. Bernard, 1909, in-8°, p. 9-10.)

[115] Description des meubles du roy qui sont au chasteau de Versailles, 1630, publié par E. Couard, L’Intérieur et le mobilier du château royal de Versailles, Versailles, 1906, in-8°. Nous allons suivre cette description qui nous fournit la suite des pièces et leur mobilier.

[116] Félibien (Description sommaire du château de Versailles, p. 17) dit que c'est par l'escalier de droite qu'on accède à l'appartement du roi. Cette disposition a subsisté.

[117] Il existe au musée de Rennes un dessin attribué à Abraham Bosse représentant le noble jeu de billard du temps. (A. Valabrègue, Abraham Bosse, Paris, Librairie de l'art, gr. in-8°, p. 1121.

[118] Inventaire de ce qui a été envoyé à Versailles par la reine mère du roi le seizième décembre 1624. Le document se termine ainsi : je soussigné, François Mongé, dit Saint-Germain, concierge de Versailles, confesse avoir reçu le contenu ci-dessus par les mains de Antoine de Mesnillers, garde meuble de la reine mère du roi. Fait à Versailles, le XVIe décembre 1624, Arch. des Aff. Étrang., France, 778, fol. 216 r°. Une partie de ce document a déjà été signalée par J. Roman dans les Nouvelles archives de l’art français, 3e série, t. I, 1885, p. 33. La tapisserie indiquée se trouve mentionnée dans le texte publié par E. Couard (p. 21).

[119] Le P. de Varennes, le Voyage de France, Paris, 1639, in-8°, p. 195.

[120] Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. III, p. 286.

[121] Tallemant, Historiettes, éd. P. Paris, t. I, p. 128 et t. II, p. 26 ; L. A. Bossebeuf, Histoire de Richelieu et des environs, dans Mémoires de la Soc. archéol. de Touraine, t. XXXV, 1890, p. 205 ; Félibien, Description sommaire du château de Versailles, p. 3.