LE ROI LOUIS XIII À VINGT ANS

 

CHAPITRE IX. — LE FAVORI, M. DE LUYNES.

 

 

Origine de la faveur de M. de Luynes : passion de Louis XIII pour son favori ; caractère morbide de cette passion. — Valeur de M. de Luynes ; son insuffisance, son instabilité. — Ce qu'on appelle le ministère de M. de Luynes. M. de Luynes n'a eu qu'une situation secondaire dans le gouvernement de l'État jusqu'à sa connétablie. Analyse de son rôle personnel dans les grandes affaires du moment : la crise allemande, la question de la Valteline, les campagnes contre les protestants : c'est à tort qu'on a cru que M. de Luynes dirigeait les affaires publiques. — Attitude du favori à l'égard de Marie de Médicis. — Rapports de Luynes et de Richelieu. — M. de Luynes a surtout profité de sa faveur pour avancer sa fortune : la connétablie. — Vertige de M. de Luynes : ses manières et ses propos extraordinaires. — L'échec du siège de Montauban. — Les yeux de Louis XIII s'ouvrent : évolution des sentiments du roi à l'égard de son favori : irritation, haine ; cependant la passion subsiste. — Mort du connétable, 15 décembre 1621 : Louis XIII délivré ; sa joie ; sa rancune contre le favori disparu : la mémoire du connétable menacée, la famille disgraciée ; Louis XIII dit qu'il n'aura plus de favori.

 

Le lendemain de la mort de Concini, les courtisans, soucieux de savoir à qui ils devraient s'adresser dorénavant pour obtenir du roi grâces et faveurs, hésitèrent. Vitry paraissait très en vue ; mais c'était un médiocre personnage, doué de peu de sens, vaniteux, violent[1]. M. de Luynes, ami particulier de Louis XIII depuis nombre d'années, semblait avoir plus de chance d'être le favori ; tout le monde alla le voir[2]. Louis XIII manifesta d'abord quelque impatience, déclarant publiquement qu'il fallait s'adresser à lui et non à un autre[3] : le sort en était décidé. C'est l'opinion qui a commencé l'importance de M. de Luynes.

Sur le moment, personne ne trouva à redire. La passion politique, plus tard, accablera Luynes de calomnies ; on le dira d'une naissance médiocre, douteuse, petit-fils d'un chanoine[4]. En réalité, il appartenait à une bonne famille provençale, modeste, mais honorable, de gentilshommes de nom et d'armes de six générations, la sienne comprise[5]. Le père, brave soldat, ancien capitaine au régiment de Sarlabous, s'était battu vaillamment à Moncontour, avait été fait chevalier de Saint-Michel, colonel des bandes françaises en Languedoc, maître de l'artillerie, conseiller et chambellan du duc d'Anjou, gouverneur de diverses places ; le grand-père, non moins brave soldat, capitaine d'une compagnie de gens de pied, avait été tué en combattant à Cérisoles ; le premier avait épousé la petite-fille d'un Villeneuve-Trans, le second une Ségur ; ils étaient alliés à des d'Angennes, des Montmorency, des Pontevez, des Saluces[6]. Leur petite gentilhommière de Mornas, dans le Comtat-Venaissin, pouvait être fruste d'apparence, car ils n'avaient pas grande fortune, mais le sang était bon[7]. De Charles d'Albert de Luynes, la carrière, jusque-là, avait été celle d'un courtisan quelconque : page du roi, gentilhomme de la chambre, en 1615, à trente-sept ans ; grand fauconnier de France en 1616[8] ; il ne s'imposait peut-être pas pour une prépondérance exceptionnelle à la cour : c'est l'affection du roi qui a causé sa grandeur ; cette affection a été extraordinaire.

Louis XIII, dont la conduite morale a été irréprochable, semble avoir compensé les passions dont il se privait par des amitiés masculines vives. Tallemant des Réaux énumère complaisamment parmi ceux que le roi a distingués un cocher, un valet de chiens, Montpouillan, Luynes, d'Esplan, Nogent, Bautru[9]. L'amitié du prince pour Baradas, en 1625, fut extrême. Louis XIII avouait à sa mère qu'il n'avoit jamais aimé M. de Luynes, approchant de cela[10]. Après, vint Toiras et d'autres. On sait ce qu'a été Cinq-Mars. Louis XIII a eu en lui la racine d'une tendance qui, se développant d'une certaine manière, devient morbide et, dépassant certaines bornes, coupable. Ni ses confesseurs, ni le cardinal de Richelieu, ni sa famille ou ses entours n'ont soupçonné dans ces amitiés le moindre danger de scandale. Leur point de départ n'en était pas moins un instinct déformé, pour ne pas dire perverti. C'est à un sentiment de cette nature qu appartient la passion qu'a éprouvée Louis XIII pour M. de Luynes[11].

Il l'avait connu étant petit et l'avait toujours trouvé près de lui tendre et dévoué. A dix ans, il l'appelait en rêvant[12]. Luynes et ses deux frères, — Charles avait fait venir près de lui ses deux cadets, Cadenet et Brante, — étaient tous trois beaux garçons, très élégants[13]. Malgré un nez disgracieux, que Malherbe appelait un nez de barbet[14], le futur connétable avait une mine charmante : front haut et dégagé, yeux ouverts, bouche aimable, souriant facilement, moustache relevée et barbiche en pointe, figure pleine ; il était séduisant. Tout le monde le trouvait courtois et affable, accueillant, plein d'amabilités[15]. Il avoit un visage qui lui aidoit beaucoup à la première rencontre à gagner la bonne grâce de chacun, parlant, en manière de dire, avant sa voix, car il avoit je ne sais quoi de douceur agréable[16]. Respectueux a l'égard du roi, déférent pour les grands, une nature suave, avouait le nonce[17], il était bon, constamment disposé à rendre service et toujours très doux[18]. Cette douceur a plu infiniment à Louis XIII ; elle faisait de Luynes un homme opposé à toute espèce de violence ; on l'avait vu lors de la préparation de la chute de Concini, on le verra dans la suite ; il ne demandait qu'à être bien avec chacun, à être dévoué : il avait des démonstrations affectueuses pour tous et ses lettres étaient pleines de formules de tendresse[19]. Au fond, il était timide, par là il plaisait encore à Louis XIII, timide aussi, comme il lui plaisait surtout par ses sentiments religieux, car Luynes était très pieux ; le roi et lui avaient le même confesseur, le P. Arnoux.

Les apologistes de Luynes cherchant dans les polémiques du temps à justifier la faveur de leur héros, expliquaient qu'après tout, le roi, isolé dans sa majesté, avait besoin de quelque confident serviteur afin de goûter par l'intervalle d'une heure prise à la dérobée l'agréable liberté d'une vie privée[20]. Louis XIII, causant plus tard avec l'ambassadeur vénitien Pesaro, le lendemain de la mort de Luynes, lui avouait de son favori : Je l'ai aimé parce qu'il m'aimait[21], et il disait à sa mère : Je ne puis me voir aimé que je n'aime encore davantage[22]. Pour Bassompierre, la faveur de M. de Luynes était cousue d'inclination[23]. L'inclination du roi pour M. de Luynes a été telle qu'il serait difficile d'en trouver une pareille sous aucun des anciens rois Bourbons.

Au lieu d'attendre les visites de son ami, Louis XIII montait dans la chambre de M. de Luynes, située au Louvre, au-dessus de la sienne. Il dînait et soupait fréquemment chez lui, y passant des après-midi entières[24]. Le protocole royal voulait que le roi se rendît tous les jours chez la reine sa femme, dans son appartement, une fois le matin et une fois le soir. A lire le journal d'Héroard, les visites à M. de Luynes sont aussi inéluctables et plus fréquentes que les visites à Anne d'Autriche. Si le prince part en voyage, il laissera sa femme, mais il emmènera M. de Luynes[25]. Le terme : Va chez M. de Luynes, se répétant deux et trois fois par jour, dans le journal d'Héroard, pendant des semaines, des mois, des années, — jusqu'à la mort du connétable, — finit par devenir d'une fatalité étrange. De retour de campagne, Louis XIII rentrera au Louvre, retrouvant la reine mère et Anne d'Autriche qu'il n'a pas vues depuis longtemps ; il les quittera brusquement pour aller déjeuner dans l'appartement de M. de Luynes, seul avec lui[26]. A Poitiers, en septembre 1620, Marie de Médicis vient voir son fils, fait une entrée solennelle ; Louis XIII la reçoit, demeure quelques instants avec elle, puis s'empresse d'aller retrouver Luynes, qui est souffrant. Le public est un peu surpris[27].

Cette passion a été inimaginable. L'ambassadeur vénitien la traitait de grand amour à l'égard d'un favori adoré. Il répétait : C'est une affection extrême, un amour extraordinaire. Luynes est les délices de l'âme du roi, qui l'aime par-dessus tout ; qui trouve tout parfait en lui : Il n'y a rien de bien fait que ce qu'il fait[28], et ce qu'il fait est grand. M. Servin, écrira Louis XIII au procureur général du Parlement le 22 août 1619, pour faire vérifier les lettres patentes d'érection en duché-pairie de Luynes de la terre de Maillé, puisque les services que le sieur de Luynes m'a rendus sont d'une éternelle mémoire, je veux aussi que les récompenses soient durables à la postérité[29] ; et au premier président de Verdun il dira : Les grands et signalés services très importants à cet État que le sieur de Luynes m'a rendus sont si fort considérables que je les ai voulu recognoistre par quelque titre d'honneur afin que par là la postérité connoisse le mérite de ses services[30]. Cette passion est si ardente qu'on finira dans l'entourage et dans le public par s'en irriter : on la reprochera à Louis XIII ; on écrira avec impertinence à Luynes : Si Sa Majesté, tant elle est charmée de vos discours, pouvoit vous faire son frère, elle le feroit[31]. Après avoir commencé par traiter cette affection de passion de jeunesse, due à l'extrême bonté du prince, Marie de Médicis, agacée, fera écrire que ce démon qui obsède le roi le rend sourd, aveugle et muet ; puis elle dira exaspérée : Se il re ha gusto di lui che se lo tenghi, si le roi a du goût pour lui, qu'il le garde ![32] Au fond des provinces on répétera que Luynes est le mignon du roi, une idole[33], et des pamphlets allégoriques parleront de flambeaux de Cupidon, d'amours et d'hyménée[34].

Cette affection vive d'un jeune homme souverain absolu, auquel personne n'osait apprendre les limites que le tact devait mettre à des démonstrations de ce genre, ne se manifesta pas moins par des libéralités substantielles. Luynes fut fait successivement : gouverneur d'Amboise, capitaine des Tuileries, conseiller d'Etat, le premier et commandant les gentilshommes ordinaires, toutes charges à prébendes[35]. Après la disparition de Concini, les titres affluèrent : premier gentilhomme de la chambre, capitaine de la Bastille, capitaine de cent hommes d'armes. Les biens meubles et immeubles du maréchal d'Ancre lui furent octroyés[36], entre autres le marquisat d'Ancre, dont le nom fut changé en celui d'Albert[37], et le château de Lésigny-en-Brie, que Luynes aimera beaucoup[38]. Louis XIII eût voulu marier son favori avec une de ses sœurs naturelles, mademoiselle de Vendôme ; celle-ci refusa, sous prétexte de mésalliance[39]. Luynes jeta son dévolu sur la fille de M. de Montbazon, la future duchesse de Chevreuse. Le mariage fut célébré le 13 septembre 1617 dans l'appartement d'Anne d'Autriche, devant la famille royale[40]. Au premier fils qui naîtra, en décembre 1620, Louis XIII, se trouvant à Calais, fera tirer le canon du château ; pour le baptême, il donnera 80.000 francs, afin qu'il y ait banquet, comédie, ballet ; il sera parrain, Marie de Médicis marraine et les cérémonies seront les mêmes que s'il s'agissait d'un dauphin de France[41].

Luynes accepta tout. Il trouvait Louis XIII homme d'esprit et très fidèle ; il lui baisait les mains[42] et, expliquant à Bassompierre, soupçonné de vouloir lui prendre sa place, qu'il ne pouvait accepter qu'on cherchât à le supplanter, il osait lui dire avec plus d'apparence de vérité que de goût qu'il estoit comme un homme qui craignoit d'être cocu, lequel n'aimoit pas voir un honnête homme courtiser sa femme[43]. Malheureusement, M. de Luynes ne manquait pas seulement que de goût. Qu'était-il et que valait-il ? Sa personnalité a été de son temps très attaquée ; de nos jours on l'a représenté comme un politique de valeur, voire même de génie, ayant préparé le ministère de Richelieu ; tout au moins comme un politicien adroit. Il convient de préciser ce qui en a été.

 

Sous ses apparences charmantes, Luynes, disaient ses ennemis, cachait six défauts : il était incapable, fort ambitieux, très près regardant, pour ne pas dire avare, ne songeait qu'à ses intérêts personnels, manquait de gratitude, n'avait ni foi, ni parole, ni courage[44]. Il y avait de tout cela en lui et bien autre chose. En réalité, M. de Luynes, nature instable, changeante et troublée, en même temps craintif et médiocre, était aussi peu propre aux grandes pensées que de taille à soutenir un rôle voulu de personnage au caractère entier. Ce sont les éléments confus de sa personnalité contradictoire qui ont permis les pires anathèmes des contemporains et les essais d'éloges de nos jours.

Ce qui a frappé le plus ceux qui l'ont approché, c'est son insuffisance. Après Bentivoglio, qui, en 1617, le jugeait inapte aux affaires gouvernementales[45], le nonce Corsini, en 1621, l'estimait incapable de connaître les choses d'Etat, n'ayant aucune prudence, étant superficiel, inconsistant, occupé seulement de sa propre fortune[46]. L'ambassadeur vénitien le jugeait peu intelligent[47]. L'ambassadeur d'Angleterre, Herbert de Cherbury, était frappé de son ignorance[48]. Tous voyaient bien qu'il n'était pas homme à soutenir le poids de la direction des affaires[49]. Dans la mesure où le style de l'homme est l'homme même, les lettres de M. de Luynes, désordonnées, dépourvues de syntaxe, avec des phrases sans suite, des termes impropres, un laisser aller de la pensée et des expressions, révèlent cette nature brouillée et ordinaire qu'il était : Vous avez le fond de mon sac, écrivait-il un jour à Richelieu, et que le diable emporte ceux ou celui qui ne fera ses efforts à cette affaire ![50] Il n'y avait de compliqué chez M. de Luynes que les contradictions spontanées dues à son instabilité mentale.

Cette instabilité, cette mobilité étaient extrêmes : Il est fort facile à préoccuper et détourner de ses premières pensées disait Richelieu ; il embrasse mille choses à la fois et il n'en étreint aucune, déclarait le prince de Condé ; d'un jour à l'autre, appuyait le nonce, il ne sait pas se tenir à une idée[51]. Le duc de Rohan gémissait de l'irrésolution de son esprit, irrésolution que les uns attribuaient à la timidité, les autres à la défiance[52], ce qui était presque lui faire comme un compliment, car, au contraire, on le trouvait ingénu et naïf[53]. Quant à M. de Luynes, écrivait le P. Joseph le 24 janvier 1621, il a tant d'aveuglement, d'inconstance et de désordre en tout que l'on ne sait qu'espérer[54]. Il parlait étourdiment. Il arriva à Louis XIII impatienté de dire qu'il ne pouvait lui confier de secret[55]. Il promettait par disposition bienveillante et ne tenait pas ; il oubliait : on appelait ses promesses des planches pourries[56]. On lui reprocha son ingratitude envers ceux qui lui avaient fait le plus de bien parce qu'il n'avait plus pensé à eux[57]. On parla des trahisons et déloyautés de son âme basse[58]. Alors, décontenancé, Luynes, ne sachant que dire, se taisait, confus, et on l'accusait d'être peureux[59].

L'accusation de lâcheté est une de celles qui sont venues le plus souvent sous la plume des pamphlétaires du temps. Le fait n'est pas douteux. M. de Luynes n'allait jamais au feu ; il n'aimait pas la guerre ; il a toujours voulut empêcher Louis XIII d'affronter les dangers. Sachez que je ne cours aucun hasard, écrivait naïvement pendant le siège de Montauban le chirurgien de M. de Luynes à sa femme, Monseigneur le connétable me faisant l'honneur de m'affectionner et de me tenir toujours auprès de sa personne[60]. L'inaptitude de M. de Luynes aux exercices physiques, son manque d'entraînement au maniement de l'épée devaient compter peut-être parmi les raisons qui lui faisaient redouter d'affronter les batailles ou les affaires d'honneur[61].

 

En raison de cette intelligence instable et de ce caractère inconsciemment égoïste, M. de Luynes, au moment où il devint le favori en vue, n'avait donc pas ce qu'il fallait pour conserver la sympathie des courtisans. Après le premier moment fugitif favorable, déterminé par ses manières aimables, il ne tarda pas à être l'objet de l'antipathie commune. Des libelles hostiles parurent. Le sentiment le plus général qui se manifesta fut celui de la jalousie. Vraiment, étant donné ses moyens, sa fortune était bien rapide. Lui et ses deux frères ressemblaient à trois potirons venus en une nuit[62]. Cela ne pouvait provoquer qu'indignation et envie[63]. Les amis de Luynes répondaient qu'il y avait bien dans l'histoire des fortunes aussi soudaines ; ils attribuaient cette animosité à des jalousies indignes : Vous êtes haï universellement, disait le duc de Rohan au favori, parce que vous possédez seul ce que chacun désire[64]. Mais, tout en défendant M. de Luynes, ses amis lui donnaient des conseils prudents de réserve et de modération. Rendez-vous digne de votre bonheur, lui disait-on, et ne donnez point sujet, par vos déportements, à Dieu de vous abandonner et au roi de se servir contre vous-même des conseils qu'ils a reçus pour rabattre l'insolence du maréchal d'Ancre. On vous a donné avis de ne vous mêler que le moins que vous pourriez des affaires de l'Etat et de faire couler votre fortune doucement : ce conseil doit être suivi[65]. Ces conseils, M. de Luynes ne les a pas suivis. Il a été grisé par sa grandeur. Comment cet homme timide a-t-il pu prendre une telle hardiesse et quel est celui qui lui a appris à exploiter sa faveur ? C'est Déageant.

Devenu, après la mort de Concini, le point de mire des courtisans, M. de Luynes, un peu troublé, chercha près de lui des conseillers pour l'aider dans son nouveau rôle. Les anciens membres du petit conseil qui, autour du roi, avaient préparé la chute du maréchal d'Ancre étaient tout indiqués : Déageant, Modène, Marsillac, Tronson. Tronson fut écarté, on ne sait pourquoi, et remplacé occasionnellement par le colonel des Corses d'Ornano[66]. Ce fut cette camarilla qui mena M. de Luynes. Le public de la cour fut assez vite informé[67] ; il appela le petit groupe le cabinet, les favoris, ceux de la faveur, Messieurs de la faveur. Richelieu dira : Eux ![68] De tous, Déageant était le mieux doué.

C'était vraiment un homme actif et intelligent, ferme, à l'esprit politique[69]. Il se lia étroitement avec M. de Luynes, fut son ami, son confident, et il eut, par suite, l'oreille du roi. Peu à peu on devina qu'il était l'alter ego pensant du favori. Toutes les fois qu'on eut à entretenir M. de Luynes, on ne manqua pas d'aller le trouver. L'expression parler à Luynes et à Déageant fut la formule consacrée[70]. S'il ne couchait pas au Louvre, — le protocole le lui interdisait, — Déageant y passait ses journées entières et n'en sortait qu'à minuit[71].

Son influence occulte fut considérable. Il se trouva mêlé indirectement au maniement des principales affaires ; il fut du Conseil du roi, où sa parole eut du poids ; il prit les occasions d'écrire aux ministres, de la part du roi, attribution grave[72] ! J'ai vu M. Déageant, écrivait Tantucci à Richelieu : MM. de Richelieu et du Pont (de Courlay) m'ont dit qu'il le faut flatter, car il se fait tout puissant. Je le visiterai, car ils me disent qu'il nous peut faire du mal[73]. Les ambassadeurs étrangers allaient le voir[74]. De grands seigneurs, le duc de Bouillon, ayant à se défendre près du roi d'accusations portées contre eux, lui écrivaient[75]. Il fut question de le nommer secrétaire d'État : on parla en octobre 1617 de créer un cinquième poste de secrétaire d'Etat en sa faveur. L'affaire n'eut pas de suite. En avril 1618, ce fut même à la surintendance des finances qu'on songea à l'appeler. L'idée ne devait pas aboutir[76]. Il a manqué de peu un rôle historique et une renommée plus retentissante.

Or, Déageant était plus qu'énergique, il était dur. Il a entraîné M. de Luynes, il lui a enseigné à mépriser les oppositions, à imposer ses désirs. Le nonce le répétait : Déageant, porté aux conseils violents, a gâté Luynes, qui, de lui même, est tenu pour une bonne nature[77]. M. de Luynes, s'apercevra, mais trop tard, des erreurs de conduite que le tempérament de son confident lui fera commettre[78]. Nombre de gens connaissaient cette violence. Déageant était détesté. Les ministres, surtout, ne pouvaient pas le souffrir. On crut remarquer que Déageant se mettait finalement à traiter des affaires à l'insu même de M. de Luynes et la famille de celui-ci, — les Modène, les Montbazon, — à son tour inquiète, protesta. Il y eut des querelles, des mots vifs entre Luynes et Déageant. Un incident avec la Savoie à propos d'une erreur commise, dont on attribua la responsabilité à Déageant, fut la dernière goutte qui fit déborder le vase. Luynes expliqua à son confident, en décembre 1618, que les ministres d'Etat et tous les principaux de sa maison, de sa parenté et de son alliance avoient conçu une extrême jalousie contre lui, qu'ils le menaçoient de l'abandonner s'il ne l'abandonnoit ; il priait Déageant de s'abstenir de paraître au Conseil. Que pouvait Déageant qui ne tenait que grâce à Luynes ! Il proposa de s'en aller définitivement ; Luynes lui demanda de continuer à l'aider de ses conseils. Ses ennemis parvinrent à le faire exécuter au début d'août 1619. La chute fut douce[79]. Le roi nomma Déageant premier président de la Chambre des comptes de Dauphiné, lui accorda la continuation jusqu'à sa mort de ses appointements, et colora le départ en chargeant Déageant d'une mission de confiance auprès du gouverneur du Dauphiné, Lesdiguières ; l'autre disparut discrètement[80].

A côté de Déageant, Modène a été plus effacé. Cousin germain de M. de Luynes, gentilhomme du Dauphiné, méridional porté à l'exagération et de jugement pas très sur, il avait grand crédit auprès de Luynes et de Louis XIII[81]. Après Déageant et Modène, resterait d'Esplan, Esprit Alart d'Esplan, marquis de Grimault, comtadin de naissance obscure, que Louis XIII aimera beaucoup pour des qualités gracieuses analogues à celles de Luynes, et dont la faveur sera telle qu'un moment, après la mort du connétable, on parlera de lui pour remplacer le favori disparu[82].

C'est guidé et poussé par ces confidents que Luynes parut prendre dans l'Etat une place chaque jour grandissante. Les contemporains l'ont cru maître du pouvoir : ils l'ont rendu responsable de tout ce qui s'est fait. Il aurait été le chef du gouvernement, un premier ministre : il aurait pris en main la direction des affaires publiques, et nous disons couramment aujourd'hui le ministère de M. de Luynes. Ces affirmations ne paraissent pas tout à fait exactes.

 

D'après les règlements traditionnels, les usages séculaires aussi forts que des lois, ce qu'on appelle les maximes du gouvernement, le royaume de France, à cette date, est mené par le roi et son Conseil. De province, les agents écrivent au roi pour informer Sa Majesté et son Conseil[83]. Les ambassadeurs étrangers traitent et discutent avec le roi et son Conseil. Ils parlent au roi et ensuite à ses ministres. Lorsqu'un ministre étranger a longuement entretenu Sa Majesté, d'une affaire diplomatique, Sa Majesté, lui dit : Tout ce que vous venez de me dire, allez le représenter à mon Conseil, de manière à ce qu'il voie et prenne une résolution en connaissance de cause. Et le ministre va rendre visite à chacun des membres de ce Conseil afin de lui exposer l'affaire dont il s'agit[84]. Pour les questions de politique extérieure, qui ont été si importantes à ce moment, il est un des personnages du gouvernement qui a le plus particulièrement la spécialité de les traiter : c'est celui des quatre secrétaires d'État qui concentre de plus en plus dans ses mains, à cette époque, les affaires étrangères, et qui est Puisieux. C'est à lui que Louis XIII renvoie spécialement : Parlez à Puisieux, voyez Puisieux. La phrase revient perpétuellement à la fin de toute audience. C'est Puisieux seul qui rédige les dépêches, lui seul qui dresse et expédie les documents diplomatiques au nom du gouvernement ; ses déclarations définitives sont le dernier mot du roi[85]. Avec Puisieux, les autres membres du Conseil sont : le chancelier de France, le garde des sceaux du Vair, le surintendant des finances Jeannin, le premier des secrétaires d'Etat Villeroy, les autres secrétaires d'Etat ; puis différents personnages, en petit nombre, auxquels, nominativement, le roi a donné accès dans son Conseil pour entendre leurs avis ; ces derniers conseillers, sortes de ministres sans portefeuilles, ayant le droit, ou n'ayant pas le droit, suivant les personnes, de recevoir la visite des ministres étrangers, en tout cas ne dirigeant aucune administration, et ne possédant d'autre action gouvernementale que celle qu'ils exercent dans les délibérations par l'autorité de leur parole ou de leur jugement[86].

Ce Conseil du roi a un chef effectif, qui est d'ailleurs, par tradition, la pierre angulaire de l'administration du royaume, le chancelier. Contarini écrit le 24 juin 1619 : Le chancelier est celui qui, après le roi, gouverne tout, de qui les autres ministres dépendent. Ce Conseil a aussi un chef nominal honorifique, sorte de doyen, le cardinal de Retz, évêque de Paris, personnage d'ailleurs incolore, sans grande autorité réelle[87].

Or, pendant quatre ans, sur quatre ans et huit mois qu'a duré sa prépondérance, M. de Luynes n'a été qu'un simple membre du conseil sans portefeuille, appelé seulement à donner son avis dans les délibérations. Il n'a jamais été premier ministre. Officiellement, il n'a donc dans le mécanisme du gouvernement du royaume qu'une place restreinte : il ne dirige rien ; il ne commande à personne. En écrivant à M. de Béthune, le 16 avril 1619 : Toutes les affaires se résolvent dans le Conseil ; il faut s'en remettre aux dépêches des secrétaires d'État, il définit la procédure de l'action gouvernementale[88] ; et le secrétaire d'État Pontchartrain, faisant allusion à ses propres fonctions passives par rapport aux décisions du Conseil, lorsqu'il écrit au même Béthune : Vous savez, Monsieur, que je suis obligé de faire ce que l'on me dit et ordonne[89], confirme cet état de fait. Le roi, le Conseil et les secrétaires d'Etat pour signifier les volontés du roi en son Conseil, tels sont les rouages du gouvernement. Il n'est que de parcourir la correspondance administrative de tel de ces secrétaires, comme Pontchartrain, pour se rendre compte que le premier gentilhomme de la chambre qu'est M. de Luynes n'a pas place dans ces rouages[90]. A partir du mois d'avril 1621, époque à laquelle M. de Luynes sera fait connétable, c'est-à-dire pourvu d'une fonction officielle comportant direction de service, on le verra davantage intervenir. Il n'a été connétable que huit mois et demi avant sa mort[91].

A défaut de situation plus officielle, M. de Luynes s'est-il alors imposé dans le Conseil du roi, comme le fera plus tard Richelieu, par l'autorité de ses interventions et l'ascendant de son intelligence ? Ce que nous savons de cette intelligence rend le fait peu probable ; la réalité confirme les prévisions.

M. de Luynes parle peu au Conseil. Quand il parle, ses jugements ne paraissent pas heureux : on n'en fait pas grand cas ; souvent ils impatientent. Louis XIII, qui a du bon sens, arrive à lui manifester son mécontentement[92]. Une fois même, irrité, il s'échappera à lui dire : Taisez-vous, vous ne savez ce que vous dites ![93] On décide sans Luynes, à son insu. Il l'avouera un jour au prince de Piémont, beau-frère de Louis XIII, lorsque celui-ci s'imaginant, comme tout le monde, que le favori est le maître, lui reprochera de n'avoir pas obtenu du gouvernement du roi, pour lui, une série d'avantages politiques et personnels qu'il sollicitait. Luynes lui répondra qu'il ignore une partie des décisions dont il s'agit et ajoutera qu'il n'a pas l'autorité qu'on croit parce que le Conseil prend des résolutions auxquelles il lui est impossible de s'opposer[94]. Il le fera même publier, afin de dégager sa responsabilité à l'égard des reproches dont on l'accable. L'idée que M. de Luynes est le maître, fera-t-il dire, a pénétré si avant dans le corps de l'État que beaucoup de grands de ce royaume se sont laissés aller à cette vaine créance jusques à se persuader que lui seul est cause mouvante des ressorts du Conseil et empêche le roi d'agir avec les officiers de l'État et de sa couronne[95]. Il n'en est pas ainsi. M. de Luynes sait l'importance des ministres[96]. Quand il leur écrit, il est plein de déférence pour eux : Je vous supplie de baiser les mains de ma part à Messieurs les chancelier et garde des sceaux, président Jeannin et autres, que je suis leur serviteur, et le vôtre, très humble[97]. Il cherche à leur faire plaisir en approuvant, après coup, leurs décisions, ce qui doit, sans doute leur être indifférent. Aussi les ministres ne se gênent-ils pas à certaines heures avec lui : ils résistent aux désirs que pourra avoir Luynes : le garde des sceaux du Vair s'élèvera avec véhémence contre un don de 200.000 livres qui est sollicité pour Madame de Luynes et de 100.000 livres pour Cadenet : Luynes n'osera rien répondre[98].

Mais, cependant, M. de Luynes est l'ami et le confident intime du souverain, lequel, en dernière analyse, décide et peut chasser un ministre d'un signe. M. de Luynes a l'oreille du roi ; il est en mesure de persuader à la longue le prince de prendre telle décision. Il est certain que Louis XIII n'a pas de secrets pour son grand ami, qu'il lui confie toutes choses, lui lit sa correspondance, l'écoute[99]. Lorsqu'on veut faire au roi seul quelque communication importante, c'est à M. de Luynes qu'on s'adresse : J'ai communiqué au roi seul, écrit Luynes à M. de Béthune, ce que vous m'avez mandé dans la confiance et le secret[100]. On se sert naturellement de son intermédiaire pour solliciter des grâces, pour transmettre au roi directement quelque information, pour le prier de défendre quelque personnage menacé[101]. Si les grandes affaires sont toutes traitées au Conseil, de petites, des faveurs, se solutionnent par l'office du favori[102]. Et alors les ministres, malgré tout, sont obligés de ménager M. de Luynes, à l'occasion, même, se servent de lui pour suggérer une idée au roi ou le pressentir[103]. Les ambassadeurs du roi à l'étranger et autres grands personnages lui écrivent pour se ménager sa bienveillance ; il leur répond[104]. Ne dit-on pas qu'il a eu grande part à l'entrée au Conseil des cardinaux de Retz et de Gondi[105] ? C'est cette situation trouble, contradictoire, qui a rendu si incertain le véritable rôle de M. de Luynes.

Analysant les raisons qui leur faisaient soutenir que le favori avait été un homme d'Etat de valeur, conseillant et conduisant Louis XIII, les historiens ont résumé ainsi les services éminents rendus par le connétable : M. de Luynes aurait, par une politique ferme et éclairée, continué la tradition d'Henri IV à l'extérieur et préparé celle de Richelieu ; il aurait compris, avant Richelieu, l'importance de l'affaire de la Valteline et engagé la France dans la voie où devait la mener le cardinal ; à l'intérieur, faisant adopter par Louis XIII, à l'égard des protestants révoltés, l'attitude énergique qu'a prise le gouvernement, il aurait commencé le rétablissement de l'autorité royale, que Richelieu devait si vigoureusement poursuivre[106]. L'examen attentif des documents ne paraît pas confirmer ces assertions.

Comme membre du conseil du roi, M. de Luynes reçoit la visite des ministres étrangers venant lui parler d'affaires. Il résulte de la lecture des dépêches de ceux-ci que les véritables conversations sérieuses sont celles auxquelles prennent part Puisieux, Sillery, du Vair, Jeannin, mais pas de Luynes[107]. Les entrevues avec le favori sont brèves. M. de Luynes ne dit rien[108]. Est-ce prudence diplomatique ? On le croirait ; mais, le jour où, se décidant à répliquer à l'ambassadeur vénitien qui le presse, il avoue qu'il est bien neuf en ces matières et les connaît mal[109], il dévoile la raison véritable de son silence, qui est qu'il ne connaît pas grand'chose aux affaires. Tantôt il s'en tire par des gestes ; tantôt il répond de vagues et banales généralités[110]. Un jour de franchise, il déclarera qu'il ne sait d'une question que ce qu'il en a entendu dire au Conseil[111]. Dans cette cour, écrit Contarini, j'ai à traiter avec trois sortes de gens : des gens trop jeunes, des gens corrompus, des gens sans expérience, pour ne pas dire ignorants. Celui qui ne sait rien, c'est Luynes ; il est nécessaire de tout lui apprendre et de le renseigner sur tout : il est vide de toute espèce de doctrine de gouvernement des Etats ; et il répète : Je dis qu'il est nécessaire de le mettre au courant de tout[112]. Les envoyés étrangers finissent par se demander si M. de Luynes n'est pas en réalité impuissant. Le favori en fait à peu près la déclaration lui-même au prince de Piémont, celui-ci insistant pour qu'il use de son influence afin de faire entrer la France dans une certaine ligue de Venise et de la Savoie[113]. L'ambassadeur vénitien, escomptant de même cette influence, et se heurtant au même aveu d'impuissance, reprend vivement que Luynes devrait tâcher de mettre la main sur le gouvernement, de prendre la direction du Conseil et de dominer les ministres, au lieu de les laisser être les maîtres. Mais Luynes hoche la tête et dit que c'est impossible[114]. Lorsqu'il a eu une idée sur un point et que le Conseil a statué autrement, Luynes sauve la face en déclarant que le roi en a décidé ainsi : Il en sait plus que nous, ajoute-t-il médiocrement, ne le contredisons donc point[115]. Cette même médiocrité se retrouve dans une scène extraordinaire que raconte l'ambassadeur Priuli, venu l'entretenir d'une ligue qui s'est faite en Italie entre les Grisons et le gouverneur espagnol de Milan, ligue qu'il faut à tout prix empêcher : A dire le vrai, répond de Luynes, je ne sais pas un mot de l'histoire de cette ligue. Evidemment, il faut l'empêcher. Je veux en parler au roi et à mes amis ; laissez-moi un peu arranger cette affaire à moi tout seul et, de grâce, n'en parlez à personne. Priuli ajoute en souriant que Puisieux est très au courant et qu'il a même en main toutes les conditions de la ligue[116]. Nous allons constater cette insuffisance dans chacune des grandes affaires du moment.

On a beaucoup reproché à Luynes l'attitude prise par le gouvernement de Louis XIII lors de la crise allemande de l'élection à l'empire de Ferdinand II, prince de cette puissante maison d'Autriche contre laquelle, depuis plus d'un siècle, la France luttait afin de contenir ses menaçantes ambitions d'hégémonie. L'élection de Ferdinand II était contestée : la Bohême et la Hongrie s'étaient soulevées contre lui ; les protestants de l'Allemagne du Nord s'étant unis contre le nouvel empereur, Frédéric, palatin du Rhin, avait été élu roi de Bohême à la place de Ferdinand II : Ferdinand II faisait appel à la France[117]. On en veut à Luynes de n'avoir pas profité de cette circonstance pour abattre définitivement la maison d'Autriche et d'avoir sauvé celle-ci pour des raisons de cause catholique, indépendante des intérêts concrets de l'Etat. Nous avons la délibération du Conseil sur la réponse qu'il y avait à faire à l'ambassadeur de l'empereur, le comte de Fürstenberg, venu demander aide d'hommes et d'argent, en raison, disait-il, des dangers que courait la religion catholique en Allemagne[118]. Le Conseil reconnaissait qu'il n'était pas possible de soutenir la maison d'Autriche. L'ambassadeur impérial avait certainement exagéré les dangers de la religion catholique. Il était contraire à l'intérêt de la France d'aider Ferdinand II : lui envoyer peu de troupes serait l'appuyer d'un secours inefficace, par suite inutile, et en envoyer beaucoup serait imposer au royaume une charge accablante. Au surplus, le palatin était un ami, les confédérés protestants des alliés ; on ne pouvait marcher contre eux[119]. D'autre part, se désintéresser de ce qui se passait en Allemagne n'était ni digne ni politique ; le Conseil concluait que le mieux était que le roi de France offrît sa médiation, obtint une suspension d'armes, afin d'éviter que les choses n'empirassent, et cherchât à faire accepter des deux partis une solution qui réalisât le plus juste équilibre. C'était assez sage[120]. En tous cas, que cette politique ait été bonne ou inhabile, M. de Luynes n'a été pour rien dans la décision. Au Conseil où elle se délibéra, Condé, Jeannin et Schomberg prirent seuls la parole[121] ; ce fut Puisieux qui acheva, rédigea la réponse et la transmit au comte de Fürstenberg[122]. La veille de la délibération, l'ambassadeur d'Espagne, Fernando Giron, étant venu causer de l'affaire avec Luynes, mandait au roi son maître que celui-ci n'avait rien su lui dire et avait parlé d'autre chose[123]. Mais, après la délibération, M. de Luynes alla rendre visite au comte de Fürstenberg, et là, conversant étourdiment, lui répéta ce qu'il avait entendu dire au Conseil, seulement avec des déformations et des contradictions, assurant l'ambassadeur que le roi désirait vivement la prospérité de l'empereur, qu'en ce moment il ne pouvait lui porter secours en raison des menaces de guerre des huguenots ; qu'au surplus, il était impossible que l'empereur reprît la Bohême et la Hongrie, etc. L'ambassadeur se borna à répondre froidement qu'il avait déjà reçu la réponse officielle et qu'il l'avait transmise à son souverain[124].

Ce n'est pas Luynes qui a découvert l'importance de l'affaire de la Valteline. Depuis longtemps, et bien avant lui, il en était question. Les diverses éventualités auxquelles donnerait lieu la mainmise par les Espagnols, déjà maîtres du Milanais, sur la haute vallée de l'Adda, avaient été longuement agitées. Tout le monde savait que ce passage était le chemin d'Italie en Allemagne pour une armée[125], susceptible d'être conduite ainsi de Milan à Vienne en dix jours. Il n'était un secret pour personne que les Allemands, se joignant ensuite aux Espagnols des Pays-Bas, achèveraient d'enfermer la France dans un cercle[126]. Des libelles expliquaient que le royaume était menacé de l'esprit de domination universelle de l'empereur et du roi d'Espagne, qu'il fallait s'y opposer à tout prix[127]. Au Vénitien Contarini, qui développait ces considérations, Louis XIII répondait : Nous le savons, et on ne manquera pas d'y remédier[128]. Il n'était pas besoin de la perspicacité de M. de Luynes pour découvrir ce que chacun connaissait.

Sur la conduite à tenir de la part de la France, l'opinion du Conseil du roi n'a pas varié. Sa Majesté n'a pas d'autre but, déclarait le chancelier Brulart à l'ambassadeur vénitien, que d'assurer la liberté des Grisons et de tenir les Espagnols éloignés de leur pays[129]. Le gouvernement de Louis XIII a constamment manifesté aux Espagnols sa volonté de ne pas souffrir qu'ils occupassent la Valteline, ou, une fois qu'ils y furent entrés, qu'ils y restassent. Pouvait-il faire plus et déclarer la guerre pour les y contraindre, c'est-à-dire s'engager, à ce moment, dans une lutte longue, ruineuse, redoutable ? Le Conseil du roi ne l'a pas pensé, pour diverses raisons : parce que le roi était trop jeune ; que la guerre civile était à tout instant imminente à l'intérieur ; que les finances se trouvaient obérées. La France était dans l'obligation de vouloir la paix[130]. Quelle a été l'attitude de M. de Luynes ?

Les dépêches des ministres étrangers montrent qu'on traite des affaires de la Valteline avec le roi, Puisieux, les autres ministres, peu, relativement, avec Luynes[131]. Celui-ci répond des phrases vagues ; ou il manifeste qu'il est mal au courant[132], ou il tient des propos inconsidérés. Il en dit plus que le Conseil n'en a décidé et crée des complications dont on a toutes les peines du monde ensuite à sortir. Le roi, Puisieux et le cardinal de Retz ont indiqué successivement à l'envoyé vénitien que la France ne laisserait certainement pas la Valteline entre les mains des Espagnols, mais ils n'en ont pas dit davantage. M. de Luynes déclare : Le roi entend que la Valteline soit évacuée, et, pour y arriver, il y engagera toute son autorité, toutes ses forces ; s'il le faut, il perdra plutôt son Etat que de permettre que ce passage reste entre les mains des Espagnols ; il répète : Le roi hasardera tout son Etat. Ce n'est ni diplomatique, ni exact. Le Vénitien, qui n'en demandait pas tant, ravi, mande la conversation à la sérénissime république, mais ajoute, un peu sceptique : Je peux difficilement estimer qu'une pareille déclaration soit suivie d'effet[133]. En effet, les autres ministres, très contrariés de l'intempérance de langage du favori, font ce qu'ils peuvent pour réparer la faute. Le chancelier insiste que la France veut aboutir dans cette affaire sans rompre et sans recourir aux armes. Puisieux demande ironiquement à l'envoyé vénitien : Que nous offre la sérénissime république ? Du Vair reste dans le vague, et Schomberg questionne : Par où donc voulez-vous que le roi fasse passer une armée en Italie ?[134] Pour bien prouver que Louis XIII entend effectivement employer la voie des négociations et non celle des armes, on décide deux jours après d'expédier à Madrid l'ambassade extraordinaire de Bassompierre, afin de traiter[135]. Luynes ne comprend pas. Il a contre lui les ministres et le roi qui, finalement, mettra bon ordre, dans ses décisions, à ces ardeurs inconsidérées : Il est impossible au roi, répète du Vair, de s'empêtrer dans cette affaire[136]. Luynes s'entête. A la veille de partir pour la campagne de 1621, où sa fortune va sombrer, il affirmera de nouveau avec assurance à l'envoyé vénitien que le roi mettra la main à l'épée afin de contraindre les Espagnols à laisser la Valteline, et Louis XIII, que le même envoyé va consulter, une heure après, désavouera son favori[137].

En ce qui concerne enfin la politique énergique adoptée par le gouvernement de Louis XIII à l'égard des protestants en révolte, tous les témoignages contemporains s'accordent pour affirmer que, loin d'en avoir eu le mérite, M. de Luynes s'y est montré opposé. Il ne voulait d'aucune guerre contre les huguenots non par système philosophique, mais par appréhension de la lutte[138]. Lorsqu'on parlait du conflit imminent, il s'opposait à ce qu'on armât un seul soldat[139]. Alors il faisait valoir les arguments, si bien ignorés par lui lorsqu'il s'agissait d'entrer en campagne contre l'Espagne : défaut d'argent, impossibilité, devant les complications que pouvait provoquer l'humeur des grands, de s'engager dans une guerre pareille, urgence des autres affaires intérieures[140].

Il n'a point voulu de la campagne de Béarn de 1620. Il chercha, de son autorité privée, un arrangement amiable en envoyant quelqu'un trouver le gouverneur protestant du Béarn, M. de la Force, et lui offrir les meilleures conditions possibles[141]. Il écrivait à celui-ci : J'aimerais mieux mourir que si nous étions contraints d'aller en Béarn : il y a ici plusieurs personnes qui le voudroient bien ; ne leur donnez ce contentement[142]. Il fit des querelles à Bassompierre pour avoir poussé à la campagne[143]. On se mit en route. Durant le voyage, Luynes n'avait qu'une idée, revenir. Près de Bordeaux, les nouvelles étant meilleures, et l'avis étant parvenu que les Béarnais allaient céder, Luynes, comme premier gentilhomme de la chambre, donna l'ordre à une partie de la suite du roi de reprendre immédiatement le chemin de Paris[144]. Il semble même qu'il y ait eu discussion entre Louis XIII et son favori, froideur réciproque et brouille momentanée : Luynes parait être resté à Bordeaux et n'avoir pas accompagné Louis XIII à Pau[145].

Il n'a pas voulu de la guerre de 1621 qui lui a coûté si cher. Son entourage le faisait publier après sa mort : Chacun sait que le défunt connétable n'a point conseillé le roi à la guerre contre les rebelles huguenots[146]. Louis XIII, causant avec le nonce, le lui avouait : Luynes ne veut pas la guerre[147]. Priuli écrivait : Le favori ne veut pas la rupture... Il s'oppose au possible à la voie des armes[148]. Comme en 1620, pendant la campagne, il regardera souvent du côté de Paris. Il redoutait la guerre ; il n'était pas brave. C'est ce manque de bravoure et de fermeté qui rend difficilement explicable l'attitude qu'on lui a prêtée d'hostilité voulue et de persécution raisonnée à l'égard des deux personnalités importantes du moment, l'une pour les contemporains, Marie de Médicis, l'autre pour l'histoire, Richelieu.

 

Aux yeux des contemporains, M. de Luynes a été responsable des mauvais traitements infligés à Marie de Médicis : Il haïssoit, disait-on, la reine mère et prenoit plaisir à la tourmenter[149]. Il redoutait son retour, parce que, si elle revenait, elle le ferait chasser[150]. Il n'a jamais eu d'autre but que de la ruiner dans l'esprit du roi[151]. Ame mobile et changeante, Luynes a peut-être connu tous les sentiments contradictoires. Ce qu'on peut rechercher, c'est de déterminer ceux qui ont prédominé en lui de la façon la moins inconstante et qu'on retrouve du commencement à la fin avec le plus de fixité.

Doué d'une nature charmante et d'un caractère craintif, M. de Luynes a toujours tâché d'être bien avec tout le monde. Le duc de Luynes, écrivait Contarini, met son application à se rendre favorables non seulement ceux qui peuvent lui être utiles, mais aussi ceux qui peuvent lui nuire[152]. Nous avons affaire à un homme, mandait à Richelieu l'archevêque de Sens, qui est de cette humeur que de vouloir contenter un chacun sans même qu'aucun y ait intérêt[153]. Il n'était personne avec qui il dut davantage tâcher d'être en bons termes qu'avec l'ancienne régente, laquelle, mère du roi, pouvait revenir à la cour et, au besoin, le faire disgracier. On s'explique que Marie de Médicis, attribuant à Luynes son éloignement, n'ait pu souffrir le favori. Ce que nous savons du caractère de Luynes ne permet pas de comprendre comment et pourquoi celui-ci aurait voué à la reine mère une haine implacable. Et, en effet, il protestait. Il faisait imprimer qu'il était absurde de penser que sa faveur eut pour condition nécessaire l'éloignement de Marie de Médicis[154]. Il assurait la reine mère de son respect et de son dévouement[155]. Au début, avant que la légende d'un M. de Luynes responsable de tout n'eût pris corps, Marie de Médicis lui témoignait sa sympathie, faisait des cadeaux à sa femme[156]. Lorsque les causes de plaintes se produisirent, elle ne pensa pas, au premier moment, que Luynes pût être incriminé, mais elle commença à soupçonner qu'il se laissait trop impressionner par son entourage : Je me plains de Luynes moins que des autres, disait-elle, car je suis bien informée qu'il n'a pas été le premier auteur de toutes les rigueurs et rudesses qu'on m'a tenues. Je me plains de ce qu'il a donné trop de créance et de pouvoir à ceux qui faisoient gloire d'oser tout contre moi[157]. Elle l'estimait très bon, peut-être trop facile à recevoir de mauvaises impressions[158]. Luynes n'avait certainement pas de haine contre la reine mère ni contre personne. Plus tard, Déageant l'affirmait à Richelieu[159]. Blainville racontait à Marie de Médicis que M. de Luynes s'était toujours opposé à la moindre mesure violente proposée au Conseil du roi contre elle[160]. Celui qui proposait ces mesures, c'était Déageant, — la reine mère le savait bien et la cour ne l'ignorait pas[161], — puis les ministres, impatientés des intrigues qui se faisaient autour de Marie de Médicis pour lui faire reprendre son ancien pouvoir et soucieux de mettre le gouvernement du roi en garde contre l'esprit brouillon d’une femme aigrie.

La véritable pensée de M. de Luynes a été qu'il était de l'intérêt moral et religieux de la famille royale, de l'intérêt de l'Etat et de son propre intérêt à lui, que la brouille entre la mère et le fils cessât. Il priait M. de Béthune de le répéter à Marie de Médicis à Angoulême[162] : il l'écrivait lui-même à la reine mère[163]. Lorsqu'il vit que les préventions étaient plus fortes, qu'on l'accusait en termes blessants de tenir Marie de Médicis éloignée du roi, afin de dominer le souverain, qu'on le comparait à Concini, il proposa au roi de se retirer de la cour : le roi n'accepta pas[164].

Il travailla à la réconciliation. Après la fuite de Marie de Médicis de Blois, Modène disait au nonce qu'il fatiguait Louis XIII de ses instances[165]. Ce fut lui qui décida le roi à envoyer M. de Béthune à Angoulême pour négocier cette réconciliation. Il suivait dans le détail l'affaire avec le roi et le secrétaire d'État Pontchartrain[166], recommandant à Béthune de présenter sa défense, espérant que la reine ne voudroit pas continuer de négliger, pour ne pas dire mépriser, sa soumission et ses respects, accompagnés d'un véritable désir de la servir[167]. Et la négociation ayant enfin abouti, pouvant parler, il protestait à Marie de Médicis de ses véritables sentiments : Après avoir prié M. de Béthune et le P. de Bérulle, lui écrivait-il, de témoigner à Votre Majesté avec combien de passion je désire l'honneur de ses bonnes grâces, je prends la plume pour confirmer leurs paroles par cette lettre et supplier Votre Majesté de la recevoir pour gage du très tendre service que je lui dois et que je m'oblige de lui rendre tout le temps de ma vie, me soumettant d'être tenu le plus infidèle homme du monde si les effets ne correspondent à ce devoir... Si je savois quelques inventions pour lever à Votre Majesté les mauvaises impressions qu'on lui a voulu donner de moi et l'assurer de mon extrême affection, il n'y en a aucune à laquelle je n'eusse recours pour lui en rendre témoignage[168]. Et deux mois après il lui mandait : Je ne saurais vous témoigner l'extrême contentement que j'ai d'avoir reçu par M. de Montbazon nouvelles assurances de la confiance que Votre Majesté veut avoir en moi et de l'honneur qu'elle me fait de prendre créance aux protestations que je lui ai faites par lui de la servir avec toute la passion qu'elle sauroit désirer. La joie que m'apporte la résolution qu'elle a prise de venir à la cour sur la parole que le roi lui a donnée qu'elle y recevra toute satisfaction est si grande qu'il m'est impossible de l'exprimer[169]. Témoignage plus grave encore, le P. Arnoux, se portant garant de la bonne foi de ses pénitents, Luynes et Louis XIII, osait écrire : Comme leur confesseur, je réponds volontiers des intentions que je recognois être telles au fond de leurs consciences... Je voudrois de mon propre sang signer ce que j'en crois[170]. Aussi l'entrevue de Marie de Médicis et de Luynes à Couzières, le 5 septembre 1619, après tant d'événements depuis la mort de Concini, fut-elle relativement cordiale. Luynes mit un genou en terre et dit : Je suis heureux, Madame, toute la France est heureuse et se réjouit extrêmement de votre venue. Le roi votre fils et mon seigneur demeurera très content de votre présence et moi j'aurai l'occasion, que j'ai toujours souhaitée, de vous offrir mon très humble et très dévoué service, conformément aux infinies obligations que j'ai envers vous. Je prie Votre Majesté d'en être plus qu'assurée ; il me restera à le prouver par des effets. Marie de Médicis fit relever Luynes, l'embrassa ; ils causèrent une heure : la reine répétait à tout le monde qu'elle était fort satisfaite du favori[171].

Les suspicions et les récriminations ne devaient pas tarder à reprendre ; elles aboutissaient à la nouvelle prise d'armes qui se termina par la défaite de l'ancienne régente aux Ponts de Ce. Luynes craignait-il vraiment, pour sa propre fortune, le retour de la reine mère et entretenait-il le roi dans ces appréhensions ? Le nonce le dit[172]. Le favori le niait. Il chargeait le résident de Toscane, Bartolini, d'exhorter Marie de Médicis à rejoindre son fils[173]. Il faisait envoyer des missions afin de solliciter l'entente. Il écrivait à Richelieu, la veille des Ponts-de-Cé : Pour moi, après avoir fait tout ce que j'ai fait, j'en suis quitte devant Dieu, justifié devant mon roi et hors d'occasion devant les hommes ; je prie Dieu qu'il mette la main à l'œuvre[174]. Au moment où commençait la campagne qui allait conduire à la défaite de la reine mère, comme affligé, songeant à la retraite, il faisait transporter ses joyaux et tout ce qu'il avait de plus précieux au château d'Amiens, un de ses gouvernements[175]. Il s'opposa à l'action décisive, la marche de l'armée de Louis XIII de la Flèche sur Angers[176]. Mais que pouvait-il contre des faits plus forts que lui ? On le retrouve après la victoire dans les mêmes sentiments qu'auparavant, uniquement soucieux de mettre un terme à cette brouille fastidieuse pour tout le monde, dangereuse pour l'Etat, préjudiciable au roi et surtout à lui-même. Il écrivait à Richelieu une lettre pressante, le suppliant de ne pas croire à tout ce qu'on disait sur son compte : Soyez, je vous supplie, aussi ferme à tout rejeter que nous à repousser si vivement les faux rapporteurs ou ces perfides et sans sujet malcontents, que la connaissance vienne jusques au roi afin qu'ils puissent avoir le châtiment qu'ils méritent (sic). Je vous proteste de nouveau, puisque je l'ai juré devant Dieu, à ce jour de l'an, que le roi n'a jamais eu plus de passion pour l'amour de la reine sa mère que maintenant, ni plus d'appréhension qu'elle croie le contraire. Venez vous-en, afin que toute crainte s'évanouisse et que tout soupçon se mette sous le pied. Vous verrez, avec le temps, si je suis véritable et homme de foi. Répondez pour moi, au nom de Dieu, vous y aurez de l'honneur, car je ne manquerai jamais à Dieu, au roi et à celle qui l'a mis au monde, que j'honore comme je dois, sur mon honneur, et la servirai à son gré et de la façon qu'elle désire auprès du roi[177]. Mais tant de gens étaient intéressés à ce que les rapports entre la mère et le fils restassent provisoirement brouillés ! Richelieu n'ose-t-il pas avouer qu'il détournait M. de Luynes de faire quelque liaison avec la reine, en l'effrayant par le ressentiment que celle-ci avoit de la grandeur des offenses qu'elle avoit reçues, pendant qu'il écartait Marie de Médicis de cette entente en l'assurant que M. de Luynes ne vouloit que les apparences de son amitié et non pas les effets[178] ? Le fossé s'élargissait. Luynes était convaincu qu'on lui en voulait[179]. Marie de Médicis trouvait qu'on la méprisait. Elle écrivait à l'archevêque de Sens : Vous savez jusqu'à quel point je désire m'unir avec mon cousin le connétable ; j'ai fait tout ce j'ai pu pour cela ; il ne trouvera jamais d'ami plus assuré en sa parole, mais je ne puis digérer le mépris ; j'ai le cœur grand ; je ne suis point trompeuse et ne le serai jamais[180]. Etrange situation ! On accablait Luynes auprès de Marie de Médicis ; on le lui représentait sous le jour le plus odieux : Les actions empruntées, la feinte modestie, la naïve et grossière bonté à l'extérieur ; et, en son intérieur, une profonde avarice, une ambition démesurée, la dissimulation ![181] Et toutes les protestations de Luynes n'y faisaient rien. Pendant le siège de Montauban, l'entourage de Marie de Médicis se félicitait d'un insuccès qui était de nature à abattre le favori[182]. Luynes avait beau faire des avances, tenir Marie de Médicis au courant des événements[183], écrire à Richelieu en protestant de sa confiance et de son dévouement[184], il perdait son temps. Il est mort haï et déçu. On se l'est imaginé plus logique qu'il n'était.

A l'égard de Richelieu, la situation a été identique, mais les conséquences ont été plus fâcheuses. D'esprit naïf, de caractère instable, le connétable ici se heurtait à un homme d'intelligence aiguë et pénétrante, de volonté entière. Luynes occupait une place que voulait avoir Richelieu. Celui-ci l'a poursuivi de son vivant et après sa mort d'une animosité ardente.

M. de Luynes avait tenté cependant ce qu'il avait pu pour qu'il en fut autrement. Dès la première heure, il avait témoigné à Richelieu de ses bonnes dispositions, et Richelieu, le reconnaissant, protestait de ses sentiments de gratitude à l'égard du favori. Car, enfin, si l'évêque de Luçon avait pu sauver un peu sa fortune à la chute de Concini et suivre Marie de Médicis à Blois, c'était à Luynes qu'il le devait[185]. Je vous supplie de remarquer, écrivait Richelieu à Déageant le 10 mai 1617, que la même chose à quoi je m'oblige pour le roi (fidélité, affection, dévouement), je m'y oblige aussi pour M. de Luynes[186]. Je vous prie de continuer les assurances de mon affection au service du roi et de M. de Luynes à qui je me lie, comme vous savez[187]. De son côté, Luynes répondait par des dispositions pareilles : L'affection que je vous ai jurée, disait-il à l'évêque de Luçon, sera très véritable et les services que je vous ai voués très certains[188]. L'archevêque de Sens, ami et confident de Richelieu, assurait celui-ci de la sincérité de M. de Luynes[189].

Richelieu dut quitter Blois. Ce ne fut pas Luynes qui le fit exiler. L'évêque de Luçon parle dans ses Mémoires des attaques dont il était l'objet auprès de Louis XIII ; il raconte comment on revenait constamment sur ce qu'il était impossible d'avoir confiance en lui, qu'il cabalait, que sous le nom de la reine mère, il se livrait à des menées et des intrigues ; il avoue que Luynes, le mettant au courant, essayait de combattre ces attaques, sans d'ailleurs y réussir[190]. Richelieu savait avoir des ennemis ardents à la cour : les ministres, le chancelier, le garde des sceaux, Puisieux, qui détestaient son ambition, son goût d'arriver par tous les moyens, son esprit d'intrigue ; Vitry, le roi lui-même. Il ajoute, dans ses Mémoires, qu'il ne se fiait pas aux sentiments d'amitié que lui témoignait Luynes[191] ; et, cependant, Tantucci, son homme de confiance, lui mandait : Vous avez des ennemis, mais aussi des amis, et particulièrement M. de Luynes et M. Déageant, auxquels vous pouvez écrire[192]. Lorsque le frère de l'évêque de Luçon eut prévenu Richelieu qu'il était question de l'exiler et que Richelieu croyant devoir prendre les devants, quitta Blois, puis que le gouvernement saisissant l'occasion, le pria de demeurer éloigné[193], Luynes fut surpris comme tout le monde. Je n'ai pas assez de force, écrivait-il à Richelieu, pour vous représenter le déplaisir que m'a apporté la nouvelle que vous dira ce porteur ; je vous l'écris avec moins de patience que vous n'en aurez à la recevoir, vous ayant reconnu en toutes occasions capable de supporter un plus rude coup que celui-ci. Il lui proposait par l'évêque de Béziers, M. de Bonzi, un moyen de sortir de cette situation ou lui demandait d'en trouver un autre. Vous me verrez porté, protestait-il, à l'exécuter, s'il se peut, avec de la violence. Les diables sont déchaînés, voilà tout ce que je vous en puis dire ; bref, soyez assuré que, quoiqu'il arrive, je n'oublierai l'affection que je vous ai jurée y étant obligé par la conservation des bonnes grâces de la reine en mon endroit[194]. De son côté, M. de Richelieu écrivait à son frère l'évêque de Luçon : Je suis au désespoir de vous avoir donné l'avis de ce que je vous ai mandé... J'ai vu M. de Luynes qui nous a témoigné grande affection et toute assistance pour vous. Si j'eusse su tout ce qu'il m'a dit depuis, qui avoit été convenu entre vous deux, je vous eusse parlé d'autre façon[195]. Ce qui avait été convenu, c'était que Luynes défendrait Richelieu auprès du roi et que Richelieu préviendrait Luynes et Déageant de tout ce qui se ferait autour de Marie de Médicis, en ménageant les bonnes grâces de celle-ci à l'égard du favori[196]. Mais le favori n'avait pas pu, — plus tard, pour Richelieu ulcéré, n'avait pas voulu, — tenir sa parole.

Marie de Médicis essayant tout au monde pour faire revenir Richelieu près d'elle, ne croyait pas encore que Luynes fût responsable de cette affaire ; elle écrivait au favori : Je serois bien plus affligée si ce n'est l'espérance que j'ai que vous ne m'abandonnez point en cette occasion, remontrant au roi le tort qu'il se fait... Puisque le roi a confiance en vous, c'est à vous à lui remontrer qu'il ne doit pas craindre de déplaire à quelques particuliers pour donner contentement à sa mère[197]. Les quelques particuliers étaient les ministres. Richelieu, qui, dans sa détresse, ne savait à qui s'adresser, suppliait Luynes humblement, protestant de sa fidélité : Je me suis mis en votre protection, lui disait-il, je suis enfant d'obéissance. Je vous supplie d'aviser à ce que vous estimerez pour le mieux et contribuer à la conservation de l'honneur d'une personne à qui, véritablement, on ne le peut ôter. Je vous conjure de me mettre à couvert des calomnies... Ce qui me console est que je sais l'opinion que Sa Majesté et vous avez de moi... Je vous supplie de me départir vos conseils comme votre protection ; en revanche, je m'oblige à vous rendre tout le service que vous sauriez jamais attendre de la personne la plus passionnée du monde à vos intérêts[198]. Et Luynes promettait de faire ce qu'il pourrait. Luynes, mandait Bonzi à Richelieu, m'a encore donné sa parole d'épier le temps pour votre retour ici. Quand vous aurez été quelque temps absent, écrivait Tantucci également, M. de Luynes procurera que le roi vous permette de revenir[199], M. de Luynes, disait M. de Richelieu à son frère, vous continue sa bonne volonté, m'avant depuis peu encore, par deux fois, donné parole de votre retour[200]. Ce qu'on ne savait pas, c'était que dans le gouvernement de l'État Luynes était beaucoup moins puissant qu'on ne se l'imaginait.

L'exil de Richelieu fut aggravé. Il fut relégué à Avignon. La fin de cette disgrâce et l'envoi de l'évêque de Luçon à Angoulême auprès de Marie de Médicis, enfuie de Blois, fut une opération dont M. de Luynes se trouva être en parti l'artisan. Vingt fois, à Avignon, Richelieu, qui vivait retiré, avait assuré M. de Luynes de ses bonnes intentions et qu'il ne songeoit jamais à sortir du lieu où on l'avoit mis si lui-même ne l'en tiroit et pour son service[201]. C'est par Déageant et Luynes que fut suggérée au roi l'idée de faire envoyer Luçon à Angoulême, à l'insu d'ailleurs des ministres, ce qui provoqua des scènes très vives[202]. Parmi les lettres que le frère du P. Joseph, Charles du Tremblay, alla porter à Richelieu, il y en avait une de M. de Luynes fort gracieuse, pleine de paroles très affectueuses[203]. A peine arrivé à Angoulême, Richelieu assurait Luynes de son très humble service[204]. En retour, le favori écrivait à l'évêque : J'ai une extrême passion de me conserver en l'honneur de vos bonnes grâces et un passionné désir de vous témoigner que je suis votre très humble serviteur[205]. Mais on avait eu besoin de Richelieu ; sa situation se consolidait : on remarque dans sa correspondance qu'il devient plus froid à l'égard de M. de Luynes. Toutefois, lorsque les deux personnages se retrouvèrent à Tours, en octobre 1619, après la rencontre de Louis XIII et de Marie de Médicis, leur entrevue fut cordiale[206]. Dans ses lettres, à la suite, Luynes continuait à protester à Richelieu de ses bonnes dispositions[207]. Après la bataille des Ponts de Cé et le traité d'Angers, Luynes faisait à Richelieu de grandes caresses[208]. Il affirmait toujours sa loyauté : Si vous cherchez de l'artifice, écrivait-il à Luçon, vous n'en verrez jamais, ni en mes discours, ni en mes actions, ni en mes lettres ; c'est pourquoi prenez et ce que je fais et ce que j'écris comme je l'entends, qui est pour l'honneur de la reine et pour votre contentement, puisque c'est mon but[209]. Or, c'est à ce moment que se posa la question du cardinalat de Richelieu dont l'échec momentané a été tant reproché à Luynes.

Objet d'un marché entre le gouvernement et l'évêque de Luçon, pour décider Richelieu à faire accepter de Marie de Médicis, qu'il tenait dans sa main, les clauses du traité d'Angers, ce cardinalat avait été imposé à Louis XIII et à ses ministres. Les ministres, l'entourage de Louis XIII, Louis XIII lui-même en avaient éprouvé un extrême déplaisir. Le P. Arnoux disait au nonce qu'il faisait un cas de conscience au roi de ne pas laisser nommer Luçon cardinal, à cause du grand scandale qui résulterait de voir récompensé d'une telle dignité, l'homme qui avait été le principal instrument de tout le mal provenant de la discorde entre le roi et sa mère[210]. — On le croyait ainsi. — Il fut donc décidé que le roi demanderait officiellement le chapeau de cardinal pour Richelieu, mais qu'officieusement le gouvernement prierait le pape de ne pas le donner. Le 21 août 1620, le prince de Gondé venait annoncer au nonce qu'on avait dû promettre à Richelieu le cardinalat afin d'obtenir de lui la conclusion de la paix d'Angers[211] ; le 22 août, la lettre officielle de demande était rédigée signée du roi et envoyée à Rome par un M. de Chazan[212] ; quatre jours après, le 26, le nonce écrivait au Saint-Siège qu'il avait reçu une lettre de Puisieux à ce sujet et qu'il avait des raisons de croire que, si cette nomination de Richelieu n'aboutissait pas, le gouvernement n'en serait pas autrement fâché, le prince de Condé, ajoutait-il, le chancelier, le garde des sceaux, tous ennemis de Luçon, et surtout Puisieux, remercié de sa charge de secrétaire d'Etat en 1616 pour faire place à Richelieu, y étant opposés : il ne nommait pas M. de Luynes[213]. Mais, le 6 septembre, le nonce recevait la visite de Puisieux et de M. de Luynes, et là Puisieux expliquait à l'envoyé du Saint-Siège qu'on avait bien demandé le chapeau de cardinal pour Luçon, afin de plaire à la reine mère, mais que M. de Chazan, envoyé à Rome, avait également la mission de dire au pape qu'il ne fallait pas donner suite à cette demande : il en indiquait les raisons. Que la chose, continuait-il, fut tenue secrète parce que si la reine mère et Richelieu le savaient, de nouveaux désordres seraient provoqués et il faudrait ensuite vendre la réconciliation au prix du cardinalat. Quelle chose extravagante, concluait le nonce, en mandant à Rome cette conversation, que Richelieu, exilé à Avignon, tenu pour l'auteur principal des conseils turbulents suivis par la reine mère dans les derniers troubles et ayant inspiré au gouvernement mille dégoûts, reçut maintenant comme récompense le cardinalat[214] !

Luynes, de sa présence, appuyait les déclarations de Puisieux. Peu après, il venait à son tour s'entretenir en particulier avec le nonce. Il s'exprima en termes amers sur le compte de l'évêque de Luçon. Il répéta ce qu'avait dit Puisieux, que décidément on craignait autour du roi que Luçon ne se servit de sa dignité nouvelle pour donner plus de poids au parti de la reine mère, décidé à renouveler les vieilles discordes. Puis, faisant un retour sur lui-même, il se plaignait de l'ingratitude de Richelieu ; il rappelait qu'il l'avait sauvé du danger au moment de la ruine de Concini ; qu'il l'avait fait mettre auprès de Marie de Médicis, lavait rappelé de l'exil d'Avignon afin de le replacer près de la reine mère ; et, en retour, qu'avait fait Luçon, sinon de le tromper ? Ce n'était qu'un brouillon[215] ! En novembre, Marsillac, ami et confident de Luynes, partait pour Rome, où il allait confirmer la mission de Chazan et insister afin que Richelieu ne fût pas nommé[216].

Dans l'opposition secrète qui a été faite au cardinalat de Richelieu, on voit donc quel a été le rôle exact de Luynes ; il n'était pas l'auteur uniquement responsable de cette opposition. Il l'était si peu que le nonce conseillait lui-même à Rome de ne pas donner le chapeau[217] et que le Saint-Siège, pas mieux disposé, ne le donnera pas et attendra deux ans avant de céder, soit près d'un an encore après la mort de M. de Luynes. Celui-ci avait senti que tout le monde était opposé au cardinalat de Richelieu : il avait suivi le courant ; il le suivait gauchement en homme inconsistant et contradictoire, car il osait écrire tout de même à Richelieu, le 11 septembre 1620, qu'il l'assuroit de nouveau de son affection[218] ; il ajoutait, le 17 octobre : Je suis extrêmement content de quoi vous aurez reconnu le soin que j'ai pris de vous servir en votre affaire de Rome. Le sieur de la Cochère m'a écrit en être très satisfait et à l'industrie qu'y a apportée pour la faire réussir le sieur de Chazan. Nous continuerons à faire les mêmes instances que nous avons faites[219]. Faiblesse, demi-inconscience ? On n'était pas au bout de ses contradictions !

Dans le même temps où se poursuivait cette négociation double du cardinalat, il n'était rien moins question que d'une alliance matrimoniale entre la famille de Richelieu et celle de Luynes par le mariage du neveu du favori, M. de Combalet, avec une nièce de l'évêque de Luçon, mademoiselle du Pont de Courlay[220]. Le P. Joseph avait eu cette singulière idée en faisant valoir que ce seroit un moyen d'entrer en quelque confiance[221]. Marie de Médicis approuvait. Richelieu s'était récrié, voulant refuser[222], mais la reine-mère l'avait contraint à céder, de crainte que Luynes ne conçut quelque opinion de nos mauvaises volontés ! Luynes acceptait vivement. Le mariage eut lieu en novembre. Luynes fut tout à la joie d'un rapprochement étroit avec Richelieu. Richelieu s'y prêta[223]. Ils s'accablèrent de témoignages réciproques d'amitié. Ne vous mettez plus en peine, écrivait Luynes à Luçon, d’imprimer en mon esprit l'affection que vous avez pour moi, puisque je ne suis nullement en doute ni de la chose ni de la promesse que vous m'en avez faite ; il faut donc désormais faire et ne plus rien dire, puisque nos cœurs sont hors de soupçon ; je vous proteste que le mien est en cette assiette ; pour le vôtre, je n'ai doute et ne douterai plus. Voilà comme je suis fait ; donnez-en les assurances où il faut et à l'avenir répondez pour moi, puisque vous n'avez un plus franc ni plus cher ami et serviteur[224]. Et alors, brusquement, Luynes décidait de ne plus s'opposer au cardinalat de Richelieu. De sa propre initiative, il écrivait à son ami Marsillac à Rome qu'il fallait s'arrêter dans l'opposition au chapeau et même apporter ses efforts à faire réussir le projet[225]. N'osant pas aller trouver le nonce lui même, il chargeait M. de Montbazon, son beau-père, de voir l'envoyé du Saint-Siège et le prier de s'employer désormais à ce que Richelieu fut compris dans la plus prochaine promotion. Le nonce fut un peu étonné[226]. Puisieux vint le trouver et lui déclara qu'il était émerveillé de l'instabilité de Luynes, que cette démarche était de la part du favori de l'extravagance. Le gouvernement, lui, maintenait son opposition[227]. De son côté, le cardinal Borghèse, secrétaire d'Etat du Saint-Siège, répondait au nonce, le 11 janvier 1621, qu'au dire de Chazan et de Marsillac le roi ne révoquait pas le moins du monde l'opposition qu'il faisait à la promotion de Richelieu[228]. La promotion parut ; Richelieu n'y figurait pas. Les contradictions déconcertantes de M. de Luynes n'étaient pas encore finies. Quand il vit le pas de clerc qu'il avait fait, il vint trouver le nonce et, d'une façon embarrassée, lui dit qu'évidemment, depuis son alliance avec Richelieu, il avait sincèrement désiré le cardinalat pour lui, mais que, puisque Sa Sainteté ne l'avait pas voulu, il n'en éprouvait pas la moindre contrariété et même qu'il avait souci de mieux étudier le prélat, pendant quelque temps, avant de le voir faire cardinal ; il concluait : S'il est nommé, ce sera bien, s'il ne l'est pas, encore mieux. C'était pitoyable[229] ! Plus d'un an et demi encore, Richelieu fera presser par Marie de Médicis pour avoir le chapeau ; les ministres maintiendront leur opposition. Luynes ne s'en occupera presque plus[230].

Mais il continuera à témoigner à Richelieu de son affection naïve et inconsidérée, sans se douter de ce que l'autre pouvait vraiment penser de lui. Vos chanoines de Luçon m'ont dit du bien de vous, lui écrivait-il le 27 mai 1621, je ne leur en ai pas dit du mal ; il n'en sortira jamais ni de ma bouche, ni de ma pensée, puisque vous avez place retenue dans mon cœur et possédez absolument mon affection. En voilà assez pour un courtisan ; si j'en disois davantage, je croirois n'être pas cru[231]. Richelieu ne ménageait pas au favori ces lettres aux termes excessifs qui venaient si facilement sous sa plume et dont l'expression n'a d'égale que l'extrême sévérité avec laquelle, ensuite, il a jugé dans ses Mémoires les personnes qu'il a le plus accablées de compliments durant sa vie. Vos belles paroles m'ont tellement charmé, lui répondait Luynes le 3 juin, ou, pour mieux dire, vos belles lettres, que, si je pou vois, je ferois le courrier pour achever à dire ce que j'ai accompli dans mon cœur, et, dans mon dépit, je n'omettrois rien de ce que je dois pour mon ami[232]. Son affection, était ardente : Je voudrois avoir donné de mon sang et que vous fussiez avec nous, lui écrivait-il le 9 juillet[233] ; et le 28 : Que j'ai du regret de ne vous voir proche du roi pour avoir part à tout ce qui se passe à son avantage[234]. Cinq semaines avant sa mort, il lui mandait encore : Je ne m'arrêterai aux longues lettres ni aux longs discours, puisque, en quatre mots, je vous puis assurer de ma continuelle affection... Je vous proteste que je demeurerai toujours tout semblable à celui qui vous a juré de demeurer éternellement votre serviteur très affectionné[235]. L'entourage était dupe, comme M. de Luynes. Modène écrira à Richelieu après la disparition du favori : Je ne doute point que la mort de M. le connétable ne vous ait touché le cœur, vu l'alliance et l'amitié que vous aviez contractées, parce que je sais véritablement que vous en eussiez reçu des témoignages en peu de temps qui ne vous eussent plus laissé douter de son affection[236]. Il se trompait, comme Luynes se trompait.

Il n'est que de relire le passage des Mémoires de Richelieu où celui-ci fait le portrait de M. de Luynes, réquisitoire d'une sévérité inexorable, plein de passion contenue et de mépris, pour juger quels étaient les sentiments réels du cardinal[237] : et il parlait à Luynes, en août 1621, de son jugement incomparable qui lui faisoit fort bien prendre les choses comme il falloit ![238] Richelieu a l'air de dire dans ses Mémoires qu'offusqué des avances de Luynes, il chercha aies décliner[239]. Ses lettres, écrites au moment même, ne témoignent de sa part que de protestations de service et de sollicitations d'amitiés. Les amis de Richelieu, mieux au courant et plus droits, cherchaient au moins à s'en tirer par des échappatoires. Je trouvai à Cognac, mandait l'archevêque de Sens à Richelieu, M. le connétable fort content de votre vue, ce que je crus d'autant plus qu'il me témoigna croire que vous l'étiez de lui, me demandant s'il n'en étoit pas ainsi ; je lui renouvelai les assurances que vous lui aviez données des bonnes intentions de la reine[240]. M. de Luynes ne connaissait pas le jugement véritable de Richelieu à son égard ; il ne savait pas surtout la part importante que prenait Richelieu à la campagne de presse acharnée, menée contre lui en 1620 et 1621. On a attribué quelques-uns des nombreux pamphlets parus à cette date à la plume même de l'évêque de Luçon ; un certain nombre, des plus retentissants, sont dus à un chanoine qui était au service de Richelieu depuis 1617, Fancan[241] ; d'autres à un secrétaire de Marie de Médicis que Richelieu fit travailler, Jacques Pelletier[242]. Plus tard, le cardinal réunira ces libelles en un recueil spécial, comme pour mieux conserver à la postérité les charges dont il avait cherché à accabler la mémoire du connétable afin de perdre sa réputation[243]. Si la réputation de M. de Luynes a été perdue, Richelieu y est pour beaucoup ; mais il faut le dire aussi, M. de Luynes y a, de son côté, notablement contribué par son caractère et sa conduite.

 

A défaut des affaires publiques, dont il ne s'est pas occupé autant qu'on l'a cru, M. de Luynes, en effet, a surtout donné ses soins à l'avancement de sa propre fortune. Il s'est montré sur ce point, ardent, inquiet.

Maître de l'affection de Louis XIII, son premier souci a été d'abord de ne pas la perdre. Il était aux aguets afin d'épier les rivaux. Le courtisan que le roi distinguait était pour lui comme le chien qui le devoit mordre[244]. Il faisait tout pour l'écarter. De la sorte ont dû s'effacer ou disparaître des personnages qui se trouvaient payer cher, ainsi, la sympathie royale dont ils étaient l'objet. Le premier qui fut atteint fut la Curée, le capitaine des chevau-légers de la g'arde du roi, que Louis XIII aimait[245]. Luynes fit démettre La Curée de sa lieutenance des chevau-légers, qui fut passée à Brante, le cadet, sous couleur de faire nommer le gentilhomme évincé maître de camp de la cavalerie légère[246]. Le second pris à partie fut Bassompierre, le beau et aimable Bassompierre. Il plaisait à Louis XIII qui se laissait dire par lui beaucoup de choses[247]. Bassompierre avait fait ce qu'il avait pu pour être bien avec M. de Luynes. M. de Luynes chercha à exciter le prince contre lui. L'autre exigea des explications et s'en tira[248]. Mais il fut envoyé en ambassade à Madrid. Le troisième fut moins heureux, M. de Montpouillan, le fils du duc de la Force. Il était très doux ; Le roi l'aimoit mieux que tout autre, excepté M. de Luynes[249]. En faveur depuis longtemps, c'était Montpouillan, répétait-on, qui avait la première place dans l'affection du roi après Luynes[250]. M. de Luynes fit valoir que Montpouillan était protestant, que son père, M. de la Force, était un rebelle conduisant la résistance dans le Béarn ; il assiégea Louis XIII, qui d'abord résista. Le P. Arnoux intervint. Là-dessus, les affaires du Béarn s'aggravant, Louis XIII dut céder devant les intérêts de l'État qu'on mettait en cause. Il pleura en disant adieu à son ami[251].

M. de Luynes fut même jaloux de Marie de Médicis. Lorsque celle-ci, réconciliée avec son fils, le retrouva à Tours en 1619, on remarqua les manèges auxquels se livrait le favori afin de ne pas laisser le roi seul avec sa mère[252]. Le roi ne disait rien. Il subissait cette contrainte, tellement son affection était prenante, aveugle, devenue une habitude : elle le rendait faible avec le favori. Cette faiblesse permit à celui-ci de se faire donner tout ce qu'il voulut.

Au dire de Richelieu, le P. de Bérulle conseillant à Luynes de s'occuper un peu du bien du royaume et non pas de son seul intérêt personnel, le favori lui auroit répondu avec larmes qu'il savoit bien que c'étoit un conseil de sagesse, mais qu'il n'étoit pas en sa puissance de le faire[253]. En entassant les titres sur sa tête, Luynes suivait une pente au milieu de laquelle il ne se sentait pas capable de s'arrêter.

On lui en a fait un crime. Si on le compare à tous les personnages du siècle qui ont été en mesure d'agir de même, il n'a pas été un des plus insatiables. Sully, Richelieu, Mazarin, Colbert ont amassé bien d'autres fortunes que la sienne[254]. Seulement, Luynes y a mis trop de hâte ; ses services, par surcroît, ne justifiaient pas sa faveur. Il crut que rien n'était au-dessus de lui ; il caressa des rêves insensés. Richelieu l'a dit : Il étoit d'un esprit médiocre et timide, trop foible pour demeurer ferme à l'assaut d'une si grande fortune en laquelle il se perdit incontinent, s'y laissant emporter comme en un torrent, sans aucune retenue, ne pouvant prescrire de bornes à son ambition, incapable de s'arrêter et ne se reconnoissant plus lui-même, comme un homme qui est en haut d'une tour, à qui la tête tourne et n'a plus de discernement[255]. Des gens qui connaissaient bien le favori le lui avaient prédit en 1617 : Combien de grands personnages se sont-ils perdus pour avoir trop tôt et trop haut logé leurs espérances et couru devant le temps à des incertitudes ![256] Luynes n'écouta rien.

Dès 1617, premier gentilhomme de la Chambre, lieutenant général au gouvernement de Normandie et du Pont-de-l'Arche, capitaine de cent hommes d'armes, capitaine de la Bastille, il visa plus haut[257]. La lieutenance générale de Normandie étant trop mince situation, après avoir essayé, sans succès, de se faire donner le gouvernement de la province, il décida Mayenne à lui laisser la lieutenance générale de l'Ile-de-France, en mai 1618, sous réserve de s'attribuer le gouvernement de Paris[258]. Mais Paris était dangereux ; par ailleurs, au lieu d'une lieutenance, il fallait à Luynes, avec un gouvernement en titre, un établissement sur qui le mît à l'abri des retours de la fortune. Il pensa à la Bretagne, à la Provence[259] : il choisit la Picardie, province maritime, et l'obtint le 26 novembre 1618, avec les gouvernements solides d'Amiens, de Calais, de Boulogne, de Saint-Quentin et de la Fère[260].

Il se fit nommer duc et pair. Il acheta sur les bords de la Loire la terre et le comté de Maillé dont il fit changer le nom en celui de Luynes ; le tout fut transformé en duché-pairie par lettres patentes d'août 1619[261]. Il se fit nommer chevalier de l'ordre du Saint-Esprit. Il y avait longtemps qu'on n'en avait créé. A l'instigation de Luynes il fut procédé à une vaste promotion de cinquante-neuf chevaliers ; le favori distribua les cordons à ses amis, en exclut ceux qui ne l'aimaient pas, lesquels, appelés les chevaliers du guet, ne devaient pas être les moins acharnés contre lui. Les autres remercièrent personnellement le favori comme si leur distinction ne venait que de lui et non du roi[262].

Il conçut des choses extraordinaires, d'être prince indépendant, par exemple prince d'Orange ; le Saint-Siège y fit opposition à cause d'Avignon[263]. Il imagina, au dire du moins de Richelieu, de constituer de Metz, Toul et Verdun une sorte de royaume dont il fut devenu le chef sous le nom de roi d'Austrasie ! Si la France eut été tout entière à vendre, s'écriait Richelieu, il auroit acheté la France de la France même ![264]

Sur la question d'argent, tout en calculant, il fut moins avide. De la succession de Concini, il avait reçu l'hôtel du maréchal d'Ancre, rue de Tournon ; il le vendit à Louis XIII 40.000 écus[265]. Il se fit attribuer des terrains à Paris, afin de combiner des spéculations. De bonne heure, il s'était fait donner par le roi des pensions[266]. En 1621, le total des pensions que lui donnait le roi s'élevait au chiffre de 70.000 livres ; mais Guise et Nevers en recevaient 100.000 ; Bouillon, Longueville et du Vair, 80.000 ; d'Épernon et Soissons aussi 70.000 : ce n'était pas excessif[267]. Après sa mort, on fera l'inventaire de ses biens et l'on s'apercevra qu'il avait moins de fortune que l'on ne le croyait, 40.000 livres de rentes seulement, dit un de ses adversaires[268].

Le soin qu'il avait de ses propres intérêts, il l'eut aussi de ceux de sa famille. Ce fut un parent modèle. Il associa les siens à son bonheur. Ses frères furent comblés. Cadenet, honoré de pensions, créé maître de camp du régiment de Normandie en 1617[269], maréchal de France en 1619[270], appelé à siéger au Conseil, fait duc de Chaulnes en 1621[271], reçut un million de livres pour son mariage avec mademoiselle de Péquigny en 1620, 18.000 livres de rentes sur les greffes des greniers à sel de Paris, deux fois autant sur les greffes de la Picardie[272]. Brante, aussi pensionné, nommé gentilhomme ordinaire de la Chambre, capitaine aux gardes-françaises, chargé de missions de confiance, eut, au moment de son mariage avec l'héritière du duc de Luxembourg, en 1620, 600.000 écus, plus le duché-pairie de Luxembourg et de Piney[273]. Lui et son frère étaient chevaliers de l'ordre. A peine Luynes eut-il une fille qu'il la fiança avec le fils du duc de Guise, un prince de Lorraine, Henri de Guise ; lui donna 600.000 livres de dot, auxquelles Louis XIII ajouta 100.000 livres[274]. Une de ses sœurs, Antoinette d'Albert, avait épousé M. du Vernet, homme modeste. M. de Luynes fit de ce du Vernet un gouverneur de Calais et de sa femme la dame d'atour de la reine[275]. Le baron de Baux, mari d'une autre sœur, Louise d'Albert, eut la charge de premier maître d'hôtel de Monsieur, Gaston, frère du roi[276]. On sait ce qu'il advint du cousin Modène ; et le reste ! Plus tard, Louis XIII, pensant à cette curée avec amertume, contoit bien des choses que le connétable lui demandoit, et entre autres qu'un jour il lui dit qu'il falloit qu'il lui donnât quatre millions d'or ; qu'il (le roi) n'avoit jamais vu tant de parents ; qu'ils arrivoient à batelées à la cour, qu'il n'y en avoit pas un habillé de soie. Son excessive affection faisait qu'il n'avoit pas accoutumé de rien refuser à son favori[277].

Et Luynes sentant sa puissance, en usait. Des flatteurs lui répétaient de ne pas faire attention aux protestations que sa conduite provoquait[278]. Il fit le maître. Il voulut que tout le monde lui donnât du monseigneur[279]. On fut convaincu qu'effectivement il menait tout. Il vit en régent du royaume avec le roi, écrivait la marquise de la Force, et sa femme en princesse du sang avec la reine[280]. Les trois frères font tout ce qu'ils veulent, ajoutait le nonce. Luynes n'était plus un favori, mais une manière de roi[281]. Par ces propos imprudents et pleins de fatuité, le favori semblait justifier ces affirmations. Après les Ponts-de-Cé, expliquant à Contarini que le gouvernement tenait les rebelles, il osait déclarer : La reine mère, le comte et la comtesse de Soissons sont, pour ainsi dire, en mon pouvoir comme s'ils étaient tous dans cette chambre[282]. Annonçant au lieutenant civil de Mesme que le roi, réclamé par les Parisiens, allait revenir au Louvre, il ajoutait : Vous saurez que c'est moi qui ai travaillé à cette affaire[283]. Il veut tout faire par lui-même, concluait le nonce Corsini[284].

Ce fut cette extraordinaire influence qui lui permit d'arriver enfin à la plus haute charge de l'Etat que gentilhomme de France put rêver, la connétablie. L'idée ne lui vint pas brusquement : elle ne fut pas facile à réaliser. C’était Louis XIII lui-même qui l'avait suggérée en une heure d'imprudence juvénile lorsque voulant, en mai 1617, faire épouser à Luynes sa sœur de Vendôme, qui ne voulait pas de ce mariage, il déclara qu'il élèverait Luynes, en ferait un grand personnage, le créerait connétable[285]. Le bruit se répandit de bonne heure. En 1619, Contarini prévoyait comme prochaine cette élévation ; il la jugeait scandaleuse, faite pour accroître encore, avec cette nouvelle dignité, l'autorité de cette immense et monstrueuse grandeur ![286] Mais s'il avait suggéré l'idée, Louis XIII, ensuite, n'y tint plus. Il fallut peser sur lui ; il résista[287]. Luynes fit agir le prince de Condé, le duc de Guise, d'autres grands, au moyen de marchés et de promesses[288]. Les ministres, très opposés, répétaient que seul, en France, le vieux Lesdiguières méritait la connétablie. Malheureusement Lesdiguières était protestant. Une comédie fut imaginée : on offrirait l'épée de connétable à Lesdiguières : celui-ci la refuserait et conseillerait au roi de la donner à son favori. Lesdiguières qui, invité à se faire catholique, ne tenait pas à la connétablie, se prêta à ce qu'on voulut[289]. Louis XIII, la main forcée, céda ; le 31 mars 1621, il déclarait Luynes connétable et, le 2 avril, lui remettait solennellement l'épée, une belle épée de 30.000 écus, à la garde d'or ouvragée, garnie de diamants, le fourreau en velours brodé d'or et d'argent, orné de pierreries[290]. La cour et les ambassadeurs congratulèrent le nouvel élu. Personne n'était surpris ; on s'y attendait[291]. Lorsque, suivant l'usage, cependant, le roi porta la nouvelle à la connaissance des officiers du royaume par une circulaire, les accusés de réception témoignèrent d'une certaine froideur[292]. Des pamphlets parurent qui attaquaient cette nomination : le moins qu'on reprocha à Luynes était de n'avoir jamais été soldat, ce qui était vrai. De grands seigneurs outrés quittèrent la cour. Il y eut un frémissement partout.

Mais, connétable, grand officier de la couronne inamovible, commandant en chef les armées du roi, placé au-dessus des grands, princes et seigneurs, M. de Luynes était maintenant au faite de sa fortune. Sa connétablie durera quelques mois. C'est dans ces quelques mois qu'il a cherché à tout accaparer. Au Conseil, le poids de sa charge encombra le gouvernement. Pareille grandeur eut troublé esprit mieux équilibré que le sien ; M. de Luynes perdit la tête.

Il se posa en Majesté. Il affecta des manières souveraines. Les seigneurs les plus illustres durent attendre des heures à sa porte avant d'avoir l'honneur d'être admis[293]. Luynes donnait audience à table à toute la foule des officiers qui avaient des ordres à prendre du connétable : il écoutait, répondait négligemment et expédiait les affaires en mangeant[294]. Il se mit à tutoyer tout le monde : Il estimoit obliger les grands quand il leur donnoit en passant un regard du coin de l'œil avec un petit sourire. Il parla et il agit comme s'il disposait de tout[295] : Il en étoit venu jusqu'à ce point que, sans plus parler de la personne du roi, il disoit : Je vous ferai donner une charge de maréchal de France ; je vous ferai ceci, je vous ferai cela[296]. Il osa articuler que sa parole donnée valait des brevets, comme si le roi n'était plus là[297]. Il confirmait des promesses de Louis XIII afin de rendre celles-ci tout à fait sures. On conta mille traits : Il envoyait impertinemment prier le roi de passer chez lui[298] ; il s'opposait à une faveur accordée par le prince en chapitrant celui-ci et ordonnait de dresser des brevets conformément à ses volontés, contrairement aux décisions royales[299] ; il parlait publiquement au roi le bonnet sur l'oreille[300] et l'interrompait pour le contredire : Tout beau, sire ![301] Il bravait le maître en se montrant plus généreux que lui afin de lui donner la leçon. Il n'avait plus de retenue. On le vit reprocher à Louis XIII d'être indiscret parce que le roi avait voulu savoir ce qu'il venait de dire ; se fâcher après lui un jour où le souverain avait disposé d'une compagnie en faveur de certain capitaine, sous prétexte que c'étoit à lui, connétable, et non au roi à disposer de cette compagnie[302]. Il fit espionner le roi[303]. Il osa raconter ouvertement, étant à Piquecos, pendant le siège de Montauban, que si la lignée royale avoit manqué, le peuple jetoit les yeux sur lui ; et il ajoutait qu'il ne tenoit sa fortune que de Dieu et de son épée[304]. Nous avons un billet de lui de 1621 ainsi conçu : Je ne crains ni cette femme (Marie de Médicis), ni ses brigues, car l'homme (le roi) me craint tellement qu'il ne sauroit rien faire que je ne sache. Après la prise de Monheurt, je ferai la paix et m'accommoderai si bien que je ne craindrai plus rien. Il déraisonnait[305] ! Richelieu l'explique : Tant son esprit étoit faible, dit-il, pour porter une si grande fortune que celle à laquelle il étoit élevé 2 ![306]

Mais alors, à la cour, à la ville, partout ce fut une colère générale contre le favori. Les pamphlets pullulèrent[307]. L'envie et les jalousies envenimèrent les attaques. Tous ceux qui avaient à se plaindre du gouvernement considérèrent Luynes comme l'auteur de leurs maux[308]. La première comparaison qui vint sous la plume des pamphlétaires fut celle avec Concini. C'était bien la peine que le maréchal d'Ancre eut été renversé pour qu'un autre prît ainsi immédiatement sa place. En vérité, la taverne avoit simplement changé de bouchon[309] ! Et, comme à l'égard de Concini, les plaintes montaient jusqu'au roi. On affichait au Louvre des placards injurieux[310] ; on écrivait au jeune souverain des mémoires anonymes afin de lui dénoncer les accaparements de son favori ; on le priait de frapper comme il avait déjà frappé le maréchal d'Ancre[311] : la presse, débridée, ne conservait plus aucune mesure[312]. En vain le gouvernement cherchait-il à poursuivre les auteurs des libelles diffamatoires. Luynes tâchait de faire répondre par des libelles qui parurent maladroits[313]. Son nom était abhorré. Un dernier événement allait l'achever : l'échec du siège de Montauban de 1622.

 

Cet échec devant Montauban a paru aux contemporains considérable. Bien d'autres insuccès de ce genre, beaucoup plus graves, se sont produits sans avoir eu dans l'histoire un pareil éclat. C'est la passion contre Luynes qui lui a donné ce retentissement. Les conséquences en ont été insignifiantes. Comme dans les importantes affaires du temps, par surcroît, la responsabilité de Luynes se trouve avoir été moindre que celle que l'on a cru.

Bien qu'à titre de connétable il eût du avoir la haute main sur la direction des affaires militaires, ce ne fut pas lui qui décida le siège[314]. Le siège, vers lequel d'ailleurs on allait inévitablement après la prise des villes de Saintonge et de Guyenne, fut longuement discuté dans un grand conseil tenu à Agen, au milieu d'août. Toutes les raisons pour et contre furent examinées[315] ; ce qui devait arriver fut prévu ; on savait que l'automne pouvait amener des maladies contagieuses ; que le Tarn pouvait déborder ; que le terrain, argileux et gras, s'il se produisait des pluies, devenant boueux, rendrait tout travail impossible ; les fortifications étaient fortes, les défenseurs prêts à résister, le duc de Rohan en mesure d'amener du secours[316]. Mais, en définitive, tout avait réussi jusque là ; le Tarn, à supposer qu'il débordât, ne débordant qu'en fin d'octobre, on avait deux mois et demi devant soi pour réduire la place. Rohan serait tenu écarté au moyen de la cavalerie. Les préparatifs étaient faits, les canons rendus, l'armée pleine d'entrain après les victoires, il n'était que d'aller vigoureusement ! La discussion fut vive au Conseil ; la majorité semblait indécise : Louis XIII décida l'attaque. Le siège de Montauban n'a donc pas été une fantaisie de M. de Luynes. Au début, tout le monde, même les adversaires du connétable, étaient confiants[317]. Lorsque les difficultés parurent, personne ne les crut insurmontables : Nous rencontrons, en cheminant, des difficultés très grandes, mandait Marillac à Richelieu, en octobre, mais nous les surmonterons par la patience et le travail[318]. Opiniâtrement défendue par un capitaine énergique et une population excitée à la résistance, Montauban allait en réalité trouver dans les éléments un secours inespéré.

Louis XIII arrivé le 17 août à sa résidence, le château de Piquecos, à deux lieues de la ville, les approches avaient commencé et le bombardement avait suivi le 1er septembre[319]. Luynes ne détenait pas la direction exclusive du siège, tout étant délibéré en conseil de guerre avec le roi et les lieutenants généraux. Il fut remarqué qu'il ne s'approchait pas des zones dangereuses. Il voulait cependant qu'on sut qu'il faisait tout. Le garde des sceaux du Vair étant mort le 1er août, il eut l'idée de prendre provisoirement sa place, qu'il cumulait avec celle de connétable[320]. Louis XIII l'avait laissé faire, mais assistait à toutes les séances du sceau, par précaution[321].

Les pluies arrivèrent de bonne heure, indiscontinues, abondantes. L'armée pataugea dans la boue sans pouvoir avancer, les hommes trempés, les armes mouillées[322]. Il fut impossible d'empêcher le secours, qu'envoyait Rohan, de pénétrer dans la ville. L'opinion s'en prenait à Luynes. Décontenancé, le connétable, sous main, chercha à traiter, à l'insu du roi et du Conseil, démarche étrange ! Il envoya d'Esplan dans Montauban afin de discuter ; d'Esplan fut éconduit[323]. Luynes essaya d'entrer en relations avec le duc de Rohan : Rohan ferait la paix pour tous les protestants du Midi et abandonnerait Montauban qui, découragé, se rendrait. Une entrevue eut lieu entre le connétable et le chef des réformés à Reyniès. Rohan, qui savait à quoi s'en tenir sur la situation favorable de Montauban, déclina. Lorsque l'histoire de ces démarches inconsidérées vint aux oreilles du roi, Louis XIII eut une vive colère[324]. Malgré l'impatience de l'opinion qui désirait vivement la prise de Montauban et redoutait l'insuccès ; malgré les sentiments du jeune roi qui eut voulu s'acharner, il fallut céder[325]. Au début de novembre, la levée du siège était résolue ; le 6, le roi quittait Piquecos et s'acheminait vers Toulouse[326].

La nouvelle de cette déception fut accueillie dans tout !e royaume comme le témoignage de l'impéritie du connétable. On énuméra, en les lui attribuant, toutes les fautes commises, vraies ou supposées : il était seul l'auteur de ce siège contre l'avis de tout le monde ; l'armée ne s'était pas trouvée assez nombreuse ; la place n'avait pas été assez étroitement bloquée ; au lieu de payer les troupes et de les nourrir, Luynes avait employé l'argent disponible à construire à Lésigny, à l'hôtel de Luynes de Paris, à Amiens, à Calais[327] ; dans les provinces, le menu peuple assurait qu'il avait trahi[328]. Luynes fut extrêmement affecté. Il écrivit de tous côtés des lettres émues, afin de se défendre des accusations dont il était l'objet, expliquer l'échec, indépendant de sa volonté, disait-il, indiquer les raisons[329]. Il adressa à Modène une épître qui fut rendue publique où il faisait le philosophe résigné : Si j'étois nouveau courtisan, et que je ne fusse accoutumé aux assauts continuels de la calomnie, disait-il, je n'opposerois si facilement ma constance pour la divertir et ne me résoudrois à la patience que la connoissance de tels accidents me donne. Il déclarait mépriser les attaques ; il affirmait son innocence ; il ajoutait : Laissons dire les peuples et ceux dont la fainéantise donne loisir de gloser sur les déportements d'autrui. Il n'avait de comptes à rendre qu'à Dieu et au roi ; le reste lui était indifférent : il feroit taire tous ces contrôleurs, non pas avec l'épée de connétable, mais en leur faisant voir de quoi ils ont trop légèrement cru ou trop méchamment inventé. Il menaçait[330].

Il parvint à faire une exécution, celle du confesseur du roi, le P. Arnoux, qu'il accusait d'exciter le prince contre lui. Le P. Arnoux répétait, disait-on, au roi, qu'estant roi, il régnât, et que le duc de Luynes fit seulement la charge de connétable[331]. Luynes vint raconter à Louis XIII que le confesseur se mêlait des affaires publiques, qu'il avait trois secrétaires, lesquels n'étaient pas employés apparemment aux secrets de la conscience du roi, mais à ceux des affaires de l'Etat ; qu'il fallait le renvoyer[332]. Louis XIII chassa son confesseur : Monseigneur, écrivait le P. Arnoux à Luynes en réponse, il me suffit que vous ne m'ayez pu coter autre raison de dégoût (pour me faire disgracier) sinon que je ne vous aime pas[333].

 

Mais si le P. Arnoux avait pu parler de la sorte au roi contre Luynes, était-ce donc que le roi écoutait ? Or, le P. Arnoux, en effet, n'était plus le seul maintenant à oser dire ce qu'il pensait. A la longue, les yeux de Louis XIII ne pouvaient pas ne pas s'ouvrir devant l'évidence. Quelle que fût son aveugle affection pour le favori, il fallait bien qu'il reconnût, en présence de l'émotion publique, en quelles étranges mains il était tombé. Dans un libelle qu'on imprima, Marie de Médicis faisait expliquer l'évolution qu'avait suivie l'attitude du connétable à l'égard du jeune souverain : de l'affection était venue la confiance, de la confiance la familiarité, de la familiarité la domination, image banale du serviteur qui, inspirant à son maître sécurité et attachement, finit par le tyranniser[334]. Il y avait deux êtres dans Louis XIII : une nature timide, sensible, affectueuse ; c'était celle-là qui avait été surprise par M. de Luynes ; un garçon de bon sens et de jugement, ferme, autoritaire, royal ; celui-ci devait se reprendre. Au souvenir de l'abus extraordinaire qu'avait fait le connétable de son amitié, plus tard, Louis XIII parlera de cette passion de jeunesse avec un sentiment d'amère humiliation ; il en éprouvera de la honte ; il dira au père de Saint-Simon combien il s'était trompé[335].

Ce fut à partir du moment où Luynes devenu connétable, ne conserva plus de mesure que le roi sentit le poids excessif de cette faveur démesurée[336]. Il était bon, il aimait toujours, il n'osa rien dire. Le connétable se montrait impérieux ; par timidité, Louis XIII ne résistait pas[337]. Mais la lente évolution de ses sentiments finissait par se trahir. L'entourage remarquait que Louis XIII se mettait à se moquer de son favori, à rire de ses prétentions à connaître les choses de la guerre, auxquelles il n'entendait rien[338]. Enhardis, les courtisans répondaient. Les ministres, surtout M. de Puisieux, se hasardèrent, et on s'aperçut que Louis XIII, loin de protester, écoutait avec satisfaction[339]. Evidemment, le mécontentement à l'égard du favori, grandissait. Inquiet, un confident de Luynes, M. de Contades, prévint celui-ci : Luynes n'attacha pas d'importance à la communication[340]. De son coté, Bassompierre, au courant, crut devoir avertir le connétable : Il me répondit, écrit Bassompierre, qu'il me savoit gré et se sentoit obligé du soin que j'avois de sa conservation, mais que je me reposasse sur l'assurance qu'il me donnoit ; qu'il connaissoit le roi jusques au plus profond de son âme ; qu'il savoit les moyens par lesquels il falloit le conserver, aussi bien qu'il avoit su ceux de l'acquérir, et qu'il lui donnoit quelquefois exprès de petits sujets de plaintes qui ne servoient qu'à augmenter l'ardeur de l'affection qu'il avoit pour lui[341]. Mais les dispositions du roi devenaient de moins en moins douteuses. Luynes dut s'en rendre compte. De proche en proche, Louis XIII maintenant élevait la voix. Une fois, de sa fenêtre, apercevant le connétable entouré de Suisses, de gardes, suivi de seigneurs et d'officiers, il disait sèchement à Bassompierre, qui était près de lui : Voyez, Bassompierre, c'est le roi qui entre ! Et comme l'autre, étonné, expliquait que c'était un connétable honoré des bienfaits du roi : Vous ne le connoissez pas, faisait vivement le prince, il croit que je lui en dois de reste et veut faire le roi ; mais je l'empêcherai bien, tant que je serai en vie ! Effrayé de cette confidence qui, si elle était sue de Luynes, pouvait lui attirer des disgrâces, Bassompierre exprimait ses appréhensions. Le roi le rassurait, lui promettait de n'en rien dire, ajoutant qu'il ne parlait de la sorte qu'avec le P. Arnoux et Puisieux[342]. Une autrefois, Louis XIII contait à Bassompierre qu'il avait averti le connétable que le duc de Chevreuse était amoureux de madame de Luynes, et Bassompierre était surpris de l'accent d'animosité avec lequel le prince ajoutait : J'ai eu grand plaisir de me venger d'elle et de faire déplaisir à lui ; puis, là-dessus, s'épanchant, il me disoit encore plusieurs choses contre Luynes et entre autres que, devant qu'il fût six mois, il lui feroit bien rendre gorge de tant de choses qu'il lui avoit prises[343] ! Le dégoût devenait de la haine. Louis XIII ne se gênait plus devant Bassompierre : Toutes les fois qu'il me pouvoit parler en particulier, il me témoignoit les plus violents ressentiments. Il appelait le connétable : Le roi Luynes[344]. Devant Puisieux, il déchiroit M. le connétable et disoit tout ce qu'il avoit en sa fantaisie ulcérée. Les ombrages du roi croissoient à toute heure[345]. Plus tard, Louis XIII avouera à Marillac que sa patience estoit sur le point de lui échapper[346]. Il n'y avait plus de doute : la disgrâce était imminente ; elle allait faire sentir au connétable un coup de débris qui n'eut su arriver même qu'avec une impétuosité qui eût apporté quelque préjudice au public[347].

Et cependant, humaine contradiction du cœur, cet homme que le roi méprisait, qu'il haïssait, il l'aimait toujours. Il continuait à ne pas pouvoir se passer de lui ; il allait le voir constamment, dînant avec lui, ne le quittant pas[348]. Il semblait que la présence du favori exerçât sur sa personne comme une fascination étrange, fatale, qui le paralysait. Etait-ce effet de l'habitude, puisqu'il v avait tant d'années qu'ils ne s'étaient quittés ? Était-ce un attrait mystérieux, puissant, tout physique, du à la nature enveloppante de Luynes ? Il y a lieu de le croire, car Luynes mort, le sortilège fut rompu et Louis XIII exulta comme s'il était délivré !

 

De Toulouse, le roi, accompagné du connétable, était revenu du côté de Tonneins avec des troupes, pour assiéger la petite place de Monheurt, sur la Garonne, qui s'était révoltée. Le 29 novembre, il avait établi ses quartiers à Longuetille, à quelque distance. Le temps était détestable[349]. Le 2 décembre, il avait fait un grand vent si violent qu'il étoit prodigieux, accompagné d'une pluie abondante et glacée. Dans la nuit, à deux heures du matin, M. de Luynes, qui avait pris froid et était enrhumé, se sentit malade : il claqua la fièvre. Louis XIII vint le voir au jour et revint le soir après dîner. On pensa (pie l'indisposition ne serait rien. Le samedi, le dimanche et le lundi, Louis XIII revint quotidiennement prendre deux fois des nouvelles. Le mardi, au matin, une éruption se déclara : c'était la fièvre pourpre, — scarlatine ou rougeole[350]. — Les médecins interdirent à Louis XIII d'approcher du malade ; il ne devait plus le revoir. Luynes, qui était extrêmement déprimé, se considéra comme perdu. Le 8, il demandait un confesseur : on lui fit venir le recteur des Jésuites d'Agen. Il se confessa et communia ; il écrivit au roi, lui recommandant ses enfants et sa famille ; par crainte de la contagion, on ne donna pas les lettres à Louis XIII : on les lui lut. Louis XIII répondit en cherchant à rassurer Luynes, à le consoler, lui disant qu'il aimerait les siens comme lui[351]. Le 14, l'éruption rentra ; le malade était condamné[352]. Louis XIII manifesta une vive peine. Il ne savait que faire pour tromper le déplaisir qu'il avoit de la maladie de M. le connétable, écrit Héroard[353]. Il se réveilla le lendemain matin, à cinq heures, triste, affligé, pour l'extrémité de la maladie où estoit M. le connétable. On le décida à quitter Longuetille. Il monta à cheval à dix heures et partit : à deux heures de l'après-midi, Luynes était mort[354] !

On embauma le corps afin de le transporter à Blaye, de là à Tours et à Amboise, où il devait être enterré. Ce furent quelques domestiques qui l'emportèrent, sans autre suite. Sur la route, le cercueil fut l'objet du mépris public ; à Bordeaux, personne ne voulut l'accueillir ; cependant à Tours eurent lieu de solennelles funérailles[355].

A peine Luynes fut-il disparu qu'une transformation immédiate se produisit dans Louis XIII : il allait être son maître ! Dès le commencement de la maladie du connétable, écrivait-il de Damazan à Marie de Médicis, le soir même de la mort de Luynes, appréhendant ce qui est advenu, j'ai pris le soin entier des affaires dont je me déchargeai en partie sur lui. Je veux continuer ce même soin et ne rien oublier de ce que je dois comme roi à ce que mes peuples doivent attendre de moi[356]. Monheurt venait de tomber entre ses mains : c'était un succès personnel ; il en était très fier ; il fut très fier de se sentir libéré. Vraiment, disait-il à l'ambassadeur vénitien, j'ai éprouvé de la douleur de cette mort, mais j'ai résolu de m'occuper de mes affaires, vous voyez que les choses vont bien : en trois jours, j'ai fait rendre Monheurt ! Et chacun remarquait chez lui, on ne savait quelle allégresse, quelle joie profonde, comme s'il avait secoué un joug et retrouvé son indépendance[357]. Il fit informer tous les officiers du royaume que le connétable étant mort, il avait pris en main la direction de ses affaires militaires[358]. Il écrivait à Anne d'Autriche combien il était maintenant absorbé : il tenait les sceaux lui-même. De Luynes, il ne parlait plus[359]. Tous ceux qui le virent, peu après la mort du connétable, furent convaincus que cette mort l'avait laissé indifférent[360]. Lorsque les ministres étrangers vinrent lui faire des compliments de condoléances, ils constatèrent que Louis XIII répondait quelques mots brefs, puis parlait d'autre chose[361]. Le prince, concluait l'envoyé florentin, ne prend pas bien à cœur les accidents qui lui arrivent ![362] Le roi écrivit de divers côtés pour annoncer la disparition de Luynes. Sa lettre à Marie de Médicis était froide : Vous apprendrez ici une mort assez subite de mon cousin le connétable, disait-il, et vous jugerez aisément de l'ennui que je reçois sans que je vous le représente. L'affection que j'ai vers vous, plus forte que tous autres ressentiments, ne souffre pas que mon esprit demeure davantage en ces tristes pensées ; et il parlait ensuite à sa mère du regret qu'il avait d'être éloigné d'elle, de son intention de retourner à Paris : il ne disait plus un mot de l'ami disparu[363]. Les lettres à la famille de Luynes furent seulement convenables. Il assura madame de Luynes de l'affection qu'il continuerait à porter à ce que le connétable a laissé au monde de plus cher, comme vous et vos enfants, dont je vous prie de croire, continuait-il, que j'aurai tout le soin qu'il a désiré lorsqu'il m'a fait prier à l'heure de sa mort de les avoir en ma protection[364]. Il mandait au duc de Montbazon : Il ne pouvoit m'arriver, ni à vous pareillement, une perte plus sensible que celle que je reçois par la mort de mon cousin le connétable, votre gendre ; et il terminait : Cet accident, venant de la main de Dieu, doit être reçu avec résignation[365].

Se mettant à l'unisson du roi, ni la cour, ni le public ne furent émus, bien que cette mort fut survenue un peu brusquement. L'ambassadeur d'Espagne l'annonçait à sa cour brièvement, presque comme une nouvelle insignifiante[366]. A Paris, la foule parut joyeuse[367]. L'ambassadeur vénitien remarquait que la disparition de M. de Luynes n'apportait aucun changement sensible dans les affaires publiques[368], preuve de plus que le connétable n'avait pas, dans la direction du gouvernement, l'influence que l'on s'imaginait.

Mais, à l'indifférence première, à la satisfaction d'être libre allait succéder progressivement chez Louis XIII une réaction faite de colère et d'humiliation. Comment avait-il pu ainsi être le jouet d'une créature à ce point médiocre ! Comment sa dignité royale avait-elle été de la sorte diminuée par une telle influence tyrannique ! On constata que s'il manifestait chaque jour davantage sa joie d'être délivré de M. de Luynes, il écoutait maintenant avec un amer plaisir toutes les plaintes infinies qu'on s'empressait de venir lui faire du connétable[369]. Il répondait en blâmant M. de Luynes, en le condamnant[370]. Il s'exprimait sur le compte du disparu en termes d’une sévérité extrême, comme cette fois où dans un moment d'irritation, il s'échappa à dire au nonce que le connétable n'avait été qu'une grosse bête[371] ! Il déclara à tout le monde et répéta du matin au soir que c'était fini, qu'il n'aurait jamais plus de favori, jamais de connétable. Il voulut même que sa décision fut notifiée officiellement aux principaux officiers du royaume[372]. Sa rancune n'allait pas s'arrêter là.

Sur quelques soupçons qui lui vinrent, il commanda à l'homme d'affaires de M. de Luynes, Contades, par un billet écrit de sa main, de faire l'inventaire exact des biens du connétable et de le lui soumettre[373]. L'inventaire dressé, on reconnut que M. de Luynes détenait des joyaux de la couronne, des bijoux ayant appartenus à Marie de Médicis, ce que le roi ignorait. On constata également des choses troubles, préjudiciables au service du roi[374]. Pour tirer l'affaire au clair, Louis XIII ordonna qu'on mit en état d'arrestation le secrétaire de Luynes, Monsigot, et qu'on procédât à une enquête. Après plusieurs interrogatoires, le commissaire enquêteur vint expliquer au roi qu'il n'y avait pas moyen de continuer sans atteindre gravement la mémoire du connétable : Louis XIII répliqua : Faites votre devoir et que la justice suive son cours. Le public parlait de vols commis au détriment de l'administration de l'armée et disait que Monsigot y laisserait sa tête. Le bruit courut que l'érection du duché-pairie de Luynes allait être rapportée. Monsigot fut déféré au Parlement. Mais les magistrats parvinrent à faire comprendre au roi ulcéré le scandale que provoquerait cette remise en question de la faveur de M. de Luynes. Le procès du connétable fut arrêté ; une intervention de Condé sauva la vie de Monsigot, qui, maintenu en prison, fut relâché un an après[375].

La famille éprouva les effets de la rancœur et de la colère du roi. Puisqu'il l'avait promis, le prince ne ferait pas moins que de passer au fils du connétable les charges et les dignités du père, sauf la connétablie. Mais Louis XIII traita froidement madame de Luynes[376]. Rentrant à Paris, à la suite de la campagne dans laquelle était mort le favori, il n'alla pas la voir. Il la fit prier de bien vouloir quitter le Louvre. N'osant pas la révoquer de sa charge de surintendante de la maison de la reine et, cette charge comportant, pour la titulaire, un appartement dans le palais du roi, il se borna à attribuer à madame de Luynes un logement écarté et petit[377]. Les frères du connétable et sa sœur, madame du Vernet, habitaient aussi au Louvre : on les invita à s'en aller. Ils s'exécutèrent. Leur temps était passé. On remarqua qu'ils se dissimulaient dans la foule des courtisans. Après la rentrée du roi au Louvre, ils cherchèrent deux fois à aller présenter leurs hommages à la reine mère ; ils n'obtinrent ni un mot ni un regard. Les ministres eussent voulu qu'on les chassât de la cour. Louis XIII préféra y mettre quelque forme[378].

Peu à peu, les affaires devaient absorber Louis XIII, constituant un dérivatif aux regrets du passé. Le jeune roi s'était mis au travail avec ardeur[379] ; les ministres l'encourageaient[380] ; le public applaudissait. Le roi fait merveille de travailler, écrivait-on à Richelieu ; rien ne se propose, ne se résout, ni s'expédie qu'en sa présence et par son commandement[381]. Il n'est pas croyable, mandait Puisieux à Sillery, combien l'amour et la révérence du peuple sont augmentés depuis que le roi a pris en main la conduite et la direction principale de ses affaires[382]. De toutes les personnes qui félicitaient Louis XIII, nulle n'était plus empressée que Marie de Médicis : Vous avez, vous-mêmes, pris en main les rênes de votre Etat, écrivait-elle à son fils, et avez agi si puissamment dans votre armée et dans votre Conseil que le bruit s'en répand partout à votre gloire[383]. Mais en envoyant, en même temps, Marillac, pour demeurer en permanence près de Louis XIII, et surveiller des intérêts encore obscurs, elle ajoutait : Sachez vous servir utilement des bons et salutaires conseils de ceux qui affectionnent véritablement votre bien[384]. Elle s'offrait, ou plutôt, derrière elle et par elle, à la place de M. de Luynes, s'offrait Richelieu !

 

 

 



[1] Montpouillan, Mém., dans Mém. du duc de la Force, éd. La Grange, t. IX, p. 39 ; dépêche de l'ambassadeur vénitien du 29 juin 1617 (Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 227) ; Mém. du cardinal de Retz, éd. A. Feillet, t. I, p. 160 ; Les Contrevérités de la cour, 1620, dans E. Fournier, Variétés hist. et litt., t. IV, p. 342 ; Lettre envoyée et présentée au roi de la part du comte de Chasteau-Villain, Douai, 1624, in-12° ; Héroard, Journal (Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 30 r°). On trouvera le présent chapitre avec des références plus explicites dans la Revue historique, t. CII, 1909, p. 241-264 ; t. CIII, 1910, p. 32-62, 248-277.

[2] Sur l'hésitation qu'on eut au début à choisir entre Vitry et Luynes, voir la longue dépêche du nonce de mai 1617 (Bentivoglio, Lettere, t. I, p. 223-224). Vitry et Luynes se battirent froid (dépêche de l'ambassadeur espagnol Monteleone du 20 août 1617, Arch. nat., K. 1473, n° 85). Luynes en voulut à ceux qui se prononcèrent pour Vitry (Mém. de Beauvais-Nangis, éd. Monmerqué, p. 137). Vitry dut même ensuite quitter la cour (Ibid., p. 136) ; il ne se réconcilia avec Luynes qu'en 1619 (dépêche de l'ambassadeur vénitien du 10 avril 1619, Bibl. nat., ms. ital. 1773. p. 82).

[3] Bentivoglio, Lettere, 1863, t. I, p. 260.

[4] Tallemant des Réaux, rapportant le fait, n'ose pas l'affirmer (Historiettes, éd. P. Paris, t. I, p. 398). Richelieu affirme avec assurance (Mém., éd. Michaud, t. I, p. 74). Nous n'avons pas trouvé le moindre commencement de preuve de cette allégation.

[5] Par lettres de commission du 27 septembre 1617, Louis XIII chargea les officiers de l'ordre de Saint-Michel, MM. de Liancourt et Claude de Harville, d'examiner les papiers et les titres de famille de Luynes. Nous avons l'analyse des documents produits (Bibl. nat., Cabinet des titres, Doss. bleus, 8 ; Bibl. de l'Arsenal, ms. 3260 ; Bibl. d'Avignon, ms. 1786 ; Bibl. de Carpentras, ms. 1847, fol. 26 r°, 187 r°). Les officiers conclurent à l'authenticité des filiations par acte du 23 novembre 1618 (Bibl. nat., Doss. bleus 8, fol. 116 r°).

[6] Renseignements fournis par les documents que nous venons d'indiquer. Une série de textes originaux, lettres, quittances, conservés à la Bibliothèque nationale Cabinet des titres. Pièces orig. 21) et aux Archives du château de Dampierre (lettres de Catherine de Médicis de 74, du duc d'Alençon de 1582, 1583, d'Henri IV de 1588, 1590) confirment les renseignements en question.

[7] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, 1646, t. I, p. 300 et Bibl. nat., ms. Dupuy 662, fol. 36 r°.

[8] Bibl. nat., Cabinet des titres. Doss. bleus 8, fol. 57 r°. Son père vint le conduire à la cour, pour être page, en 1592 (Luynes avait treize ans) et mourut a Melun en revenant. Son testament est du 6 février 1592 fol. 112 v°. Il avait quatre garçons et quatre filles. L'aîné, François, mourut jeune : le futur connétable était le second (le P. Anselme, Hist. généalogique, t. IV. p. 226).

[9] Tallemant, Historiettes, éd. P. Paris, t. II, p. 235. Déageant cite un page de la petite écurie (Mém., éd. de 1668, p. 146).

[10] Lettre de M. de Bréval au duc de Lorraine du 12 avril 1625 (Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3145, fol. 233 r°.

[11] Tallemant insinue contre Louis XIII des accusations précises (t. II, p. 242, 252). Elles ne sont confirmées par aucun contemporain. Il les tenait de sa cousine de Rambouillet, qui, dit-il lui-même (t. II, p. 504, 505), ne pouvait souffrir le roi.

[12] Journal d'Héroard, éd. Soulié et Barthélemy, t. II. p. 91.

[13] Tallemant, Historiettes, éd. P. Paris, t, I, p. 399 ; Pasquil de la cour, dans E. Fournier, Variétés hist. et litt., t. III, p. 269.

[14] Malherbe, Œuvres, éd. Lalanne, t. I, p. 250.

[15] Les contemporains sont d'accord sur ce point (de Bellemaure, le Portrait du roi, 1618, in-12°, p. 119 ; B. Legrain, Décade commençant le règne de Louis XIII, 1619. in-fol., p. 429 ; lettre de Malherbe à Luynes, dans Œuvres, éd. Lalanne, t. I, p. 391 et 396 ; Discours en forme d'apologie envoyé à Monseigneur le duc d'Épernon, Paris, 1619, in-12°, p. 11 ; Remontrance à M. d'Épernon, Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 49 r° et 122 v°). Richelieu lui-même accorde que Luynes était d'esprit assez humain (Mém., éd. Michaud. t. I, p. 253. Le meilleur portrait que nous avons de Luynes est une médaille anonyme gravée en 1621, P. Mazerolle, les Médailleurs français, t. II, p. 170.

[16] La Conjuration de Conchine, Paris, 1618, p. 291-292.

[17] Bentivoglio, Lettere, 1867, t. III, p. 198.

[18] Apologie pour Monseigneur de Luynes, 1619, p. 13. Luynes est bon de sa nature, avoue encore Richelieu (dans un mémoire de 1621, Avenel, Lettres, t. VII, p. 514). Cf. aussi R. de Romany, le Tourment de l'envie courtisane, 1619, in-12°. p. 12.

[19] Dépêche de l'ambassadeur vénitien Contarini du 22 août 1620 (Bibl. nat., ms. ital. 1774, p. 208) ; lettres de Luynes à M. de Montbazon (Bibl. nat., ms. Dupuy 92, fol. 197 r°, 201 r°), à M. de Villette (sans date, Arch. du château de Dampierre).

[20] Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, 1622, in-12°, p. 3 et 4.

[21] Dépêche de Pesaro du 24 décembre 1621, Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 193.

[22] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis de 1619 (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 150).

[23] Bassompierre, Journal de ma vie, éd. Chantérac, t. II, p. 220.

[24] D'après le Journal d'Héroard. Luynes donne quelquefois de grands dîners au roi (Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4020, fol. 12 v°, 4 février 1618), ou de simples collations (Ibid., fol. 4 v°). Le roi dîne chez son favori le dimanche pendant des séries (Ibid., fol. 24 v°, 29 r°, 38 v°, 43 v°, 57 r°, etc.).

[25] Louis XIII va souvent à Lésigny chez Luynes (Ibid., fol. 296 r° ; Arnauld d'Andilly, Journal, de 1620, éd. Halphen, 1898, p. 9) ; en 1617 il y passe une partie de la lin de l'été (Mercure français, 1617, t. II, p. 97).

[26] Dépêche de l'ambassadeur vénitien Contarini du 10 novembre 1620 (Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 90).

[27] Dépêche du même, du 11 septembre 1620 (Ibid., 1774, p. 248). Marie de Médicis en est réduite à venir voir son fils lorsque celui-ci est couché (Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 342 r°).

[28] Dépêche de l'ambassadeur Pesaro du 5 décembre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 162 ; 1771, p. 617) ; S. Contarini, Dispacci, dans Relazioni degli Stati Europei, Venise, 1859, série II, Francia, t. II, p. 101 ; dépêche de Priuli du 20 janvier 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 189, 237 ; 1772, p. 268) ; Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 83.

[29] Lettre de Louis XIII à M. Servin, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 116 r°.

[30] Ibid., fol. 101 v°. Voir aussi la lettre au garde des sceaux du Vair dans le même sens, fol. 100 v°.

[31] Advis à Monsieur de Luynes sur les libelles diffamatoires qui courent, 1620, in-12°, p. 4.

[32] L'expression est plus forte en italien : dépêche de l'ambassadeur vénitien Contarini du 1er juillet 1619 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 189) ; Harangue faite au roi par la reine mère, 1622, in-12°, p. 8 et 15 ; Oraisons jaculatoires du P. Arnoux, manuscrit composé à Blois, Arch. des Aff. Étrang., France 772, fol. 48 r°.

[33] Jean Pussot, Journalier ou Mémoires, Reims, 1858, in-8°, p. 209 ; lettre de Malherbe à Bassompierre, de 1622, dans Œuvres, éd. Lalanne, t. IV. p. 87.

[34] Factum sur la mort de Monsieur le connétable, 1622, in-12°.

[35] Bibl. nat.. Cabinet des titres, Doss. bleus 8 ; le P. Anselme, t. VI, p. 230.

[36] Arch. nat., E 59B, fol. 205 r°. Cf. la dépêche de l'ambassadeur Monteleone au roi d'Espagne du 29 août 1617 (Arch. nat., K 1473, n° 93).

[37] Par lettres patentes datées d'août 1617 et 7 septembre 1620 (Arch. nat., X1A 8649, fol. 277 r°).

[38] Lettres patentes également d'août 1617 (Bibl. nat., Cabinet des titres, Pièces orig. 21, fol. 87 r°). Le garde des sceaux du Vair refusa quelque temps de sceller le don des biens de Concini (S. Dupleix, Histoire de Louis le Juste, 1643, in-fol., p. 108) ; le Parlement fit aussi opposition (Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 343).

[39] Bentivoglio, Lettere, 1863, t. I, p. 220, 244, 259, 346 ; dépêche de l'ambassadeur vénitien du 30 mai 1617 (Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 155-156) ; lettre de l'envoyé florentin du 6 mai 1617 (dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 43) ; Mémoires de Fontenay-Mareuil, éd. Michaud, p. 125.

[40] Héroard (Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 440 r° et v°) ; dépêches de l'ambassadeur vénitien du 12 septembre 1617 (Bibl. nat., ms. ital., 1771, p. 415) ; de l'ambassadeur d'Espagne du 19 septembre 1617 (Arch. nat., K 1473, n°121). Cf. sur madame de Chevreuse le livre de Victor Cousin, Madame de Chevreuse, Paris, Didier, 1862, in-18°.

[41] Dépêche de Priuli des 3 janvier et 16 février 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 226 et 267).

[42] Lettres de Luynes à Richelieu de 1620 et 1621 (Arch. des Affaires étrangères, France 773, fol. 240 r° ; 775, fol. 1 r°).

[43] Bassompierre, Journal de ma vie, éd. Chantérac, t. II, p. 223.

[44] Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, 1622, in-12° ; le Comtadin provençal, 1620, in-12°, p. 6.

[45] Bentivoglio, Lettere, t. I, p. 199.

[46] Dépêche du nonce Corsini du 4 octobre 1621, dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 284.

[47] Dépêche de Contarini du 16 avril 1619 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 93). Il avait un esprit fort médiocre (Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 164). Richelieu répète cette affirmation à maintes reprises dans ses Mémoires (par exemple, t. I, p. 247, 251).

[48] Herbert de Cherbury, Mém., trad. Baillon, 1863, p. 136. Luynes demandait si la Bohême était un pays situé dans l'intérieur des terres ou sur le bord de la mer.

[49] Bentivoglio, Lettere, 1865, t. II, p. 84.

[50] Avenel, Lettres de Richelieu, t. VII, p. 483.

[51] Avenel, t. VII, p. 514 ; dépêche de Priuli du 2 février 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 199) ; Bentivoglio, Lettere, 1870, t. IV, p. 536.

[52] Rohan, Mém., éd. Michaud, p. 528 ; Bentivoglio, Lettere, 1867, t. III, p. 218 ; Richelieu, Mém., t. I. p. 238.

[53] Dép. de Contarini du 24 juin 1019, Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 188. Il était plein de désordre ; il perdait ses papiers (relation de l'archevêque d'Embrun dans Déageant, Mém., éd. de 1668, p. 390).

[54] Lettre du P. Joseph à la prieure de Lencloître, du 24 janvier 1621, citée par Fagniez, Le P. Joseph et Richelieu, t. I, p. 88.

[55] Déageant, Mém., 1668, p. 180.

[56] Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, p. 20 et 28.

[57] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 121.

[58] Rohan, Mém., éd. Michaud, p. 524.

[59] Ce gentilhomme poltron au possible ! (L'Horoscope du connétable, in-12°, p. 28).

[60] Cité dans les Mém. du duc de la Force, éd. La Grange, t. IV, p. 205, note. Cf. Recueil des pièces les plus curieuses qui ont été faites pendant le règne du connétable, 1632, in-12°, p. 465.

[61] Dépêche de l'ambassadeur vénitien Contarini du 26 mai 1620, Bibl. nat., ms. ital. 1774, p. 90.

[62] Bassompierre, Journal de ma vie, éd. Chantérac, t. II, p. 174.

[63] S. Dupleix, Hist. de Louis le Juste, 1643, in-fol., p. 3.

[64] Mém. de Rohan, éd. de 1756, in-12°, t. I, p. 150 ; Cérémonies observées à la réception de Monsieur de Luynes en qualité de duc et pair, Paris, 1619, in-12°, p. 5.

[65] Discours à M. de Luynes par le sieur Dryon, gentilhomme, serviteur du roi, Paris, 1617, in-12°. p. 18, 58, 59.

[66] Extrait des raisons et plaintes que la royne mère du roy fait au roy son fils, Paris, 1619, in-12°, p. 8. Marie de Médicis y dénonce nommément chacun d'eux.

[67] Voir Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 120 ; Rohan, Mém., éd. Michaud, p. 512 ; Bentivoglio, Lettere, 1865, t. II, p. 127.

[68] Ibid., p. 236 ; G. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 201 ; Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p, 191, 205 et 245 ; N. Pasquier, Lettres, Paris, 1623, in-8°, p. 734.

[69] Dépêche de Contarini du 9 janvier 1619, Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 274 ; Bentivoglio, Lettere, 1865, t. II, p. 185. Voir ses lettres à Pontchartrain, par exemple : Bibl. nat., ms. Clairambault 377, fol, 112 v°.

[70] Les témoignages pour ces détails abondent : dépêches de l'ambassadeur vénitien Contarini (Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 40, 122, 130) : Bentivoglio, Lettere, 1865, t. II, p. 114, 286, 347, 383, 410 ; t. III, 1867, p. 11, 56. Cf. Mém. de Déageant, éd. de 1668, p. 3, 78, 79, 82, 91-95, 98, 138, 189 ; voir aussi Bibl. nat., ms. Dupuy 92, fol. 129 r°.

[71] Déageant, Mém., éd. de 1668, p. 87.

[72] Les sources qui viennent d'être citées, plus, Arnauld d'Andilly, Mém., éd. Michaud, p. 427 ; Pontchartrain. Mém., éd. Michaud, p. 398.

[73] Lettre de Tantucci à Richelieu du 13 juillet 1617 (Arch. des Affaires étrangères, France 771, fol. 158 r°).

[74] L'ambassadeur d'Espagne mandait au roi Philippe II : Un ministro de los de aqui muy valido, Hamado Mos de Duagian, etc. (dépêche de Monteleone au roi Philippe III du 1er juillet 1617, Arch. nat., K 1173, n° 155).

[75] Lettre du duc de Bouillon à Déageant du 29 mai 1618 (Arch. des affaires étrangères, France 373, fol. 125 r° : Bibl. nat., ms. Dupuy 92, fol. 97 r°).

[76] Lettres du nonce Bentivoglio, Lettere, 1865, t. II, p. 29, 91, 330.

[77] Luynes a piu che mai appresso di se quel Deajean, ch' e portato a consigli violenti e che guasta Luynes che per se stesso e tenuto di buona e soave natura (Ibid., 1867, t. III, p. 198, du 13 février 1019). Déageant tira al severo piu degli altri... inclini alla violenza (Ibid., t. II, p. 503). Déageant veniva creduto original principio et autore di tutti i peggiori consigli (V. Siri, Memorie recondile, 1679, t. V, p. 43).

[78] Il s'en plaindra à M. de Béthune ; lettre à celui-ci de mars 1619 (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 102 r°).

[79] Sur la disgrâce de Déageant, que nous résumons brièvement, voir les dépêches de l'ambassadeur vénitien (Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 185, 202. 267-268, 274 ; 1773, p. 88, 219) ; du nonce (Bentivoglio, Lettere, 1867, t. III, p. 140, 416, 422, 435) ; les Mémoires de Déageant (éd. de 1668, p. 133 et 135) : d'Arnauld d'Andilly (éd. Michaud, p. 432-433) ; de Pontchartrain (éd. Michaud, p. 402) ; de Richelieu (éd. Michaud, t. I, p. 202).

[80] Arch. nat., E 62B, fol. 169 r°. Par brevet du 13 août 1619, Louis XIII accordait à Déageant, outre les 1.200 livres de gages de sa charge de premier président, la continuation en viager de ses appointements précédents, qui étaient de 14.000 livres, sans compter les 1.000 livres de ses gages de secrétaire des finances. Déageant avait été nommé, le 12 janvier 1619, contrôleur triennal du domaine de S. M. en Dauphiné (Dufayard, le Connétable de Lesdiguières, p. 442). Cf. Déageant, Mém., éd. de 1668, p. 224 ; lettre de lui à Pontchartrain du 13 août 1620 (Bibl. nat., ms. Clairambault 377, fol. 121 r°).

[81] Sur la famille de Modène, voir un dossier dans les papiers de Peiresc (Bibl. de Carpentras, ms. 869-872) ; J.-L. Prompsault, Hist. de Modène, Carpentras, 1883, in-8° ; comte de Modène, Hist. des révolutions de Naples, Paris, 1655, in-12°, épître ; puis Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 120 ; Bassompierre, Journal, t. II, p. 334. Modène fut fait grand prévôt de l'hôtel et grand prévôt de France le 24 mars 1621 (Arch. nat., E 79A, fol. 161 r°). Le roi lui fit don des revenus du comté de Castres (Ibid., 63A, fol. 16 r°).

[82] M. d'Esplan, un criado del condestable (dépêche de l'ambassadeur d'Espagne Mirabel, du 30 septembre 1621, Arch. nat., K 1478, n° 146). Le roi l'aime fort et se lie à lui (lettre de M. de Luynes au comte de Tillières, de 1621, Arch. dép. d'Harcourt ; copie aux Archives du château de Dampierre). Voir sur ce personnage : le Placet au roi contre un nommé Alard Desplans qui avoit enfreint les édits contre les duels (s. l. n. d.), in-12°.

[83] Lettre de M. de Béthune à Pontchartrain de mars 1619 (Négociation commencée avec la reine mère Marie de Médicis, 1673, in-fol., p. 111). Le roi agit dans ses Conseils (Remonstrance aux malcontens, 1620, in-12°, p. 5). Les affaires sont mises en délibération (Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 398, 402).

[84] Voir, par exemple, les dépêches de l'ambassadeur vénitien du 29 juin 1617 (Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 205), du 14 juillet 1618 (1772, p. 135), du 14 juin 1619 (1773, p. 152), du 3 octobre 1621 (1777, p. 53), celle du nonce (Bentivoglio, Lettres, 1680, in-12°, p. 333).

[85] Voir également les dépêches de l'ambassadeur vénitien (Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 77-78, 113, 128, 153 ; 1773, p. 197 ; 1774, p. 26, 206, 239 ; 1773, p. 216, etc.). Sur l'attribution des secrétaires d'État, à cette date, consulter Fauvelet du Toc, Hist. des secrétaires d'État, Paris, 1668, in-4°, p. 44 et suiv. Le règlement du 29 avril 1619 tend de plus en plus à centraliser les Affaires étrangères et la Guerre entre les mains de deux des secrétaires.

[86] Le règlement-type du Conseil fixant les traditions, et que l'on suit, est celui de 1585 (dans Cimber et Danjou, Archives curieuses, t. X, p. 333 et suiv.). Quand les ministres étrangers ne trouvent pas Puisieux, ils s'adressent à son premier commis, un homme fort entendu, M. Barat. Ce premier commis, Barat, a joué un rôle assez important. Voir ce qu'en disent Priuli (Bibl. nat., ms. ital. 1776, p. 159), Pesaro (Ibid., 1779, p. 86, 195, 220 ; 1780, p. 64, 160, 188, 192, 223 et suiv.). C'est en 1623 que son action semble la plus précise.

[87] Ibid., 1773, p. 187. Cf. Duchesne, Hist. des chanceliers, 1699, in-fol., p. 705 ; Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 129.

[88] Négociation commencée avec la reine mère Marie de Médicis, 1673, in-fol., p. 180.

[89] Le 7 avril 1619 (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 184 r°).

[90] Bibl. nat., ms. Clairambault 376, par exemple, pour 1620.

[91] Il ne fut même pas nommé membre du Conseil immédiatement après la disparition de Concini. A l'instigation de Déageant, il chercha à se faire renseigner sur ce qui s'y décidait par quelque secrétaire d'État et pria Brienne de lui écrire un journal de ce qui seroit résolu et arrêté dans le Conseil, afin de le lui remettre entre les mains. Brienne refusa (Brienne, Mém., éd. Petitot, t. I, p. 330). Luynes s'adressa à des créatures phi- dociles. Déageant faisait par elles soutenir les résolutions c|u il désirait voir prendre. Le cardinal de Retz, au dire de Rohan, se serait fait ainsi le commis de Déageant (Rohan, Mém., éd. Michaud, p. 514) : Luynes faisoit proposer dans le Conseil par ses affidés (Richelieu. Mém., éd. Michaud. t. I. p. 237). En octobre 1617, Luynes n'a pour titres officiels que ceux de grand fauconnier de France et premier des gentilshommes ordinaire de S. M. (arrêt du Conseil du 24 octobre 1617 le concernant. Bibl. nat., ms. fr. 18192, fol. 21 r°).

[92] Arnauld d'Andilly, Journal, 1621, éd. Halphen, 1891, p. 11.

[93] Dépêche de l'ambassadeur d'Angleterre Herbert de Cherbury à Naunton, du 15 février 1620, dans Mém. du même, trad. Baillon, p. 188. Au cours d'une lettre à M. de la Force, Luynes parle des reproches que le roi lui fait (lettre publiée par E. Barthélemy dans le Bull. de la Soc. des sciences de Pau, 1879-1880, 2e série, t. VIII, p. 71).

[94] Dépêche de Contarini du 30 avril 1619, Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 112.

[95] Requête présentée au roi par Monsieur de Luynes, Tours, 1619, in-12°. p. 4. Luynes écrivait au duc de Rohan : Si ma faveur étoit telle qu'elle put rompre les desseins du roi et prévenir ses entreprises, certes, je vous assurerais hardiment de ce que vous requérez avec tant d'instance. Lettre à M. de Rohan du 20 mai 1621, dans Lettre de Monsieur le duc de Rohan à Monsieur d'Orillac, ensemble la réponse dudit sieur d'Orillac, s. l., 1621, in-12°, p. 12.

[96] Il dit : ces Messieurs en parlant d'eux. Bassompierre, Journal de ma vie, éd. Chantérac, t. II, p. 135.

[97] Lettre de Luynes à Pontchartrain du 25 février 1620 (Bibl. nat., ms. Clairambault 377, fol. 147 r°).

[98] Dépêche de l'ambassadeur vénitien de mai 1617 (Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 151 ; 1776, p. 40) ; Mém. du duc de la Force, éd. La Grange, t. II, p. 509.

[99] On disait que Luynes era di grande auttorita, che poteva assai appresso il re, ch' era suo grande amico (dépêche de G. Priuli du 10 décembre 1620, Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 154). M. de Béthune disait à Marie de Médicis que Luynes était la personne la plus confidente auprès du roi (lettre de Béthune à Luynes du 21 mars 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 98 v°). M. de Luynes, à qui S. M. confie toutes choses (lettre de Pontchartrain à Béthune de mars 1619, Ibid., fol. 59 r°). Quant à vous, Monseigneur, que chacun sait avoir la plus secrète communication de ses pensées (du roi)... (lettre de Malherbe à Luynes, dans Œuvres, éd. Lalanne, t. I, p. 395). Luynes, qui sait les secrets de mon cœur... (lettre de Louis XIII à Condé, Mercure français, 1619, p. 334).

[100] Négociation commencée avec la reine mère Marie de Médicis, p. 179.

[101] Lettre de M. d'Estrades à Pontchartrain de 1620 (Bibl. nat., ms. Clairambault 377, fol. 265 r°) ; lettres du nonce des 19 décembre 1617, 2 février 1618 (Bentivoglio, Lettere, 1865, t. II, p. 117, 228) ; lettre de Luynes au duc de Bouillon du 24 septembre 1621 (Bibl. de Carpentras, ms. 1800, fol. 78).

[102] Bentivoglio, Lettere, 1863, t. I, p. 377.

[103] Dépêches de l'ambassadeur vénitien du 14 mai 1619 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 133), du 12 mai 1620 (Ibid., 1774, p. 82).

[104] Mais en général on évite de traiter d'affaires avec lui. Voir par exemple la correspondance de Luynes avec M. de Césy ambassadeur à Constantinople (Bibl. nat., ms. fr. 16156, fol. 83 r°) et avec M. de Tillières, ambassadeur en Angleterre (Comte Leveneur de Tillières, Mém. inédits, éd. Hippeau, 1862, p. 232).

[105] Bentivoglio, Lettere, 1867, t. III, p. 21.

[106] Victor Cousin, le Duc et le connétable de Luynes, dans Journal des Savants, 1861-1863 ; du même, Madame de Chevreuse, 1876, p. 24-25 ; B. Zeller, le Connétable de Luynes, Montauban et la Valteline, Paris, Didier, 1879, in-8°. — La thèse n'était pas nouvelle ; elle avait déjà été indiquée dans l'épître liminaire du livre du comte de Modène, Hist. des révolutions de Naples, Paris, 1655, in-12°, p. 2.

[107] Voir, par exemple, pour une affaire grave, la dépêche de l'ambassadeur vénitien du 22 août 1620 (Bibl. nat., ms. ital., 1774, p. 210, 212, et 242). On voit bien la différence des conversations entre Luynes et les ambassadeurs et entre ceux-ci et les autres ministres.

[108] M. de Luynes, écrit l'ambassadeur d'Angleterre, m'a paru plus attentif à mes raisonnements que disposé à leur répondre ; il m'a dit que sur toutes les affaires il en serait référé au roi. C'est à peu près le seul mot qu'on obtienne de lui : J'en parlerai au roi. A défaut du roi, il parlera encore, dit-il à Puisieux, ou, lui aussi, il renvoie à Puisieux. Dépêche d'Herbert de Cherbury au marquis de Buckingham, du 1er octobre 1619, dans Herbert de Cherbury, Mém., trad. Baillon, p. 183 ; dépêches de Contarini (Bibl. nat., ms. ital. 1774, p. 210, 211 ; 1772, p. 56-57).

[109] Ibid., 1771, p. 118.

[110] Ma finalmente, stringendosi nelle spalle, (Luynes) ci rispose piu con li gesti che con le parole, dépêches de Priuli du 16 février 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 217) ; de Contarini du 14 juin 1619 (Ibid, 1773. p. 162).

[111] Ibid., 1774, p. 210.

[112] Dépêche du 24 juin 1619, Ibid., 1773, p. 187-188.

[113] Dépêche de Contarini du 30 avril 1619 (Ibid., p. 109).

[114] Dépêche du 24 juin 1619 (Ibid., p. 185-186). Queste speranze che si hanno in Luynes siano fallaci molto ! conclut Contarini (Ibid., p. 109).

[115] Lettre de Luynes à M. de la Force du 27 décembre 1620 (publiée par E. de Barthélemy dans le Bull. de la Soc. des sciences de Pau, 1879, 2e série, t. VIII, p. 71).

[116] Dépêche de Priuli du 4 mars 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1776, p. 15) : Quanto al negotio di lega, répond Luynes, io, per dir il vero, non ne so cosa alcuna... ne voglio parlar al re e alli mici amici ; lascino un poco maneggiar questo negotio a me solo et di gratia non ne parlino con alcun altro.

[117] Nous rappelons sur ces faits les ouvrages de F. Hürter : Geschichte Kaiser Ferdinands II und seiner Eltern, Schaffouse, 1850, 5 vol. in-8° ; A. Gindely, Geschichte des Böhmischen Aufstandes, Prague, 1869, in-8° ; W. Schreiber, Maximilian I der Katholische und der dreissigjührige Krieg, Munich, 1868, in-8° ; E. Charvériat, Hist. de la guerre de Trente ans, Paris, 1878, 2 vol. in-8°.

[118] Voir de longs détails et les documents sur la mission du comte de Fürstenberg dans le Mercure français, 1619, p. 341 et suiv. — La délibération du Conseil est donnée par une très précise dépêche de Contarini du 24 décembre 1619 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 346 et suiv.).

[119] Le Palatin avait fait dire qu'il demandait à la France simplement sa neutralité (sa lettre à Louis XIII du 20 octobre 1610, dans Villeroy, Mémoires d'État, 1723, t. V, p. 238 : cf. p. 242 et 243).

[120] Le roi envoya effectivement une ambassade en Allemagne pour exécuter la décision prise et essayer, écrivait Puisieux à M. de Césy, ambassadeur à Constantinople, le 3 mars 1620 (Bibl. nat., ms. fr. 16156, fol. 41 r°), par ses bons offices et sérieuses exhortations de les composer (les affaires) et empêcher le mal de croître davantage. Toutes les lettres de Puisieux à cette date témoignent de ce désir du gouvernement d'apaiser les dits troubles... d'accommoder ces différends... de faciliter un bon accord en Allemagne. (Ibid., fol. 27 r°, 33 v°, 35 r°. Cf. Instructions données à MM. le duc d'Angoulême, de Béthune et de Préaux, ambassadeurs extraordinaires pour Sa Majesté vers l'empereur, princes et potentats d'Allemagne, datées de Fontainebleau, le 8 avril 1620, dans Villeroy, Mém., t. V, p. 257-283).

[121] Cf. la dépêche de Contarini du 24 décembre 1619, que nous venons de citer, et le mémoire de Jeannin sur l'affaire dans Négociations du président Jeannin, éd. Michaud, p. 688.

[122] Sur cette réponse, voir les dépêches de l'ambassadeur d'Espagne, F. Giron, du 25 décembre 1619 (Arch. nat., K 1476, n° 180), du 11 janvier 1620 (Ibid., 1477, n° 2). Dans les lettres de Puisieux dont nous venons de parler et où il est rendu compte aux ambassadeurs du roi à l'étranger de l'affaire, le nom de M. de Luynes n'est pas une seule fois prononcé.

[123] Dépêche de F. Giron du 23 décembre 1619 (Ibid., 1476, n° 171).

[124] Dépêche de Contarini du 24 décembre 1619 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 354).

[125] Mot de Richelieu dans Maximes d'État et fragments politiques, éd. Hanotaux, p. 754.

[126] Voir un exposé de l'importance de la question dans un entretien de G. Priuli avec le chancelier Sillery (dépêche de l'ambassadeur vénitien du 29 décembre 1620, Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 192).

[127] Les Sentinelles du roi ou avertissement des dangereuses approches des forces espagnoles pour bloquer le royaume de France, avril 1621, in-12°, remarquable libelle par sa netteté ; Dessein perpétuel des Espagnols à la monarchie universelle avec les preuves d'icelui, in-4° ; Petit avis d'un ferme catholique loyal français, s. d., in-12°, p. 13.

[128] Dépêches de Contarini du 23 novembre 1620 (Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 101) ; de G. Priuli du 3 décembre 1620 (Ibid., 1775, p. 148). Le roi d'Espagne, communiquant son intention de s'emparer de la Valteline à son ambassadeur à Paris, Giron, celui-ci désapprouvait le dessein disant : Je tiens pour certain que si Votre Majesté entreprend une telle chose nouvelle, ceux d'ici et ceux de dehors provoqueront beaucoup d'embarras. (Dépêche de F. Giron au roi d'Espagne du 12 avril 1620, Arch. nat., K 1477, n° 56).

[129] Dépêche de Contarini du 14 juin 1619 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 167). Cf. la dépêche de Pesaro du 8 mars 1624 (Ibid., 1782, p. 17).

[130] V. Siri, Memorie recondite, 1677, t. IV, p. 236. — Les dépêches des ambassadeurs abondent de ces raisons dites et redites à toutes les conversations diplomatiques par les ministres. Voir, entre autres, les dépêches des Vénitiens des 10 avril 1618 (Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 49), 29 novembre 1618 (Ibid., p. 239), 16 février 1621 (Ibid., 1775, p. 225), 18 novembre 1621 (Ibid., 1777, p. 100), 12 janvier 1622 (Ibid., p. 275). L'ambassadeur d'Espagne écrivait à Madrid qu'il était évident que la France ne pouvait pas entreprendre une grande guerre (dépêche de F. Giron des 20 et 29 mai 1619, Arch. nat., K 1476, n 08 81 et 88). Dans ses dépêches aux ambassadeurs du roi Puisieux insistait que le roi ne pouvait pas à ce moment employer d'autres moyens que la voie amiable. (Bibl. nat., ms. fr. 16156, fol. 309 v° et suiv.)

[131] Voir, par exemple, les dépêches de Contarini du 26 juin 1618 (Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 118 et suiv.), du nonce du 15 janvier 1621 (Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 529 et suiv.), de l'ambassadeur d'Espagne, marquis de Mirabel, du 7 mars 1621 (Arch. nat., K 1478, n° 48), des ministres eux-mêmes (Arch. des Affaires étrangères, France 776, fol. 134 r°, 143 r°).

[132] Rapport de Priuli du 3 février 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 294), et dépêche de l'ambassadeur vénitien du 24 juin 1619 (Ibid., 1773, p. 185).

[133] Se haverano effetto (ces déclarations), difficilmente io per me lo posso giudicare (dépêche de Contarini du 23 novembre 1620, Ibid., 1775, p. 102).

[134] Dépêche de Priuli du 8 décembre 1620, Ibid., p. 120, 122, 123, 126.

[135] Cette ambassade a été assez importante ; Voir : L'Ambassade du maréchal de Bassompierre en Espagne, Cologne, Elzevier, 1668, in-12° : les dépêches de l'ambassadeur d'Espagne à Paris, ainsi que de ses agents, à Juan de Ciriça, de mars et avril 1621 (Arch. nat., K 1478. n° 40 et suiv.), et Zeller, le Connétable de Luynes, ch. IX.

[136] Dépêches de Priuli du 10 décembre 1620 (Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 154, 160), du 12 avril 1621 (1776, p. 84).

[137] Dépêche de Priuli du 2 mai 1621 (Ibid., p. 106 et 113). Le même jour où M. de Luynes affichait à l'égard des Espagnols des sentiments si hostiles, l'ambassadeur d'Espagne, marquis de Mirabel, écrivait au souverain son maître que M. de Luynes était son ami. Mos de Luyna, muy amigo... (lettre du marquis de Mirabel au roi d'Espagne du 2 mai, 1621, Arch. nat., K 1478, n° 77).

[138] M. de Luynes ne vouloit point la guerre (Mém. de Fontenay-Mareuil, éd. Michaud, p. 156).

[139] Mot du cardinal de la Rochefoucauld (dépêche de Contarini du 9 mars 1619, Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 19).

[140] Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 418. Voir cependant comment l'éditeur du livre du comte de Modène (Hist. des révolutions de Naples, 1655, in-12°, p. 3 et 4) cherche à lui attribuer le mérite de la répression des rebelles huguenots.

[141] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 154. Cf. la dépêche de Herbert de Cherbury à Naunton du 15 février 1620 (dans Mém. du même, p. 188.)

[142] Lettre de Luynes à M. de la Force, datée de Bordeaux, 28 septembre 1620, publiée par E. de Barthélemy dans le Bull. de la Soc. des sciences de Pau, 1879, t. VIII, p. 69, et dans le Catalogue of the collection of autographs letters of Morrison, t. III, p. 269.

[143] Bassompierre, Journal de ma vie, éd. Chantérac, t. II, p. 219.

[144] Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 231, 232. Aussi Richelieu, qui approuve l'expédition du Béarn, ne l'attribue-t-il pas à Luynes, mais au roi (Ibid., p. 229).

[145] Le Journal d'Héroard, en effet, ne mentionne aucune visite de Louis XIII à Luynes du 7 octobre, date du départ du roi de Preignac, aux environs de Bordeaux, pour Pau, jusqu'au 25 octobre, date du retour du prince à Bordeaux (Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 366 r° à 368 v°). Dans les récits officiels des cérémonies qui ont eu lieu à Pau, Luynes n'est pas nommé (Mercure français, 1620, p. 349 et suiv.). Cela n'a pas empêché d'ailleurs les apologistes de Luynes de faire honneur à leur héros du rétablissement du catholicisme dans le Béarn (la Défaite des envieux [par du Chambort], Paris, Rocolet, 1621, in-12°, p. 31).

[146] Apologie ou réponse à la Chronique des favoris, s. l., 1622, in-12°, p. 7 ; La guerre n'a point été causée par défunt M. le connétable (p. 11).

[147] Lettre du nonce du 15 janvier 1621 (Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 532).

[148] Dépêches de Priuli du 2 mars 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1776, p. 1), du 4 mai (Ibid., p. 117). Cf. Hist. manuscrite du P. Joseph de Lepré-Balain, citée par Fagniez, le P. Joseph et Richelieu, t. I, p. 89.

[149] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 132.

[150] Bentivoglio, Lettere, 1865, t. II, p. 541 ; lettre du 15 août 1618.

[151] Richelieu, Mém., t. I, p. 274.

[152] Il duca di Luynes mette studio non solo a rendersi benevoli quei che son buoni a giovargli, ma quelli etiandio che gli ponno nocere. (Bibl. nat., ms. ital. 1774, p. 111).

[153] Arch. des Affaires étrangères, France 773, fol. 254 r°.

[154] Requête présentée au roi par Monsieur de Luynes, Tours, P. Martin, 1619, in-12°, p. 3.

[155] Par le P. Arnoux, qu'il chargeait de cette mission (Arch. des Affaires étrangères, France 772, fol. 195 r°).

[156] Ayant toujours reconnu votre bonne volonté en mon endroit..., etc. (lettre de Marie de Médicis à Luynes de juin 1617, dans Avenel, Lettres de Richelieu, t. VII, p. 405). 120 livres payées à l'écuyer de Villesavin pour avoir été à Paris trouver la dame de Luynes pour lui porter de notre part le présent que nous lui avons envoyé (21 octobre 1617, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 92, fol. 154 r°). Il s'agissait d'un bijou de 10.000 écus (dépêche de l'ambassadeur vénitien du 13 octobre 1617, Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 435).

[157] J.-B. Matthieu, Hist. de Louis XIII, dans P. Matthieu, Hist. de Henri IV, p. 101.

[158] Lettre de Richelieu à Luynes d'août 1621, dans Avenel, t. VII, p. 505 : Elle (Marie de Médicis) vous tient très bon ; j'use de ces mots parce que je lui ouï dire fort souvent en faisant jugement de vous.

[159] Déageant, Mém., éd. de 1668, p. 109.

[160] Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 241 ; lettre du 20 mai 1620.

[161] Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 179 ; dépêche de Contarini du 16 mars 1619 (Bibl. nat., ms. ital. 177 :î, p. 34) ; lettres du nonce des 29 août. 21 novembre, 19 décembre 1618 (Bentivoglio, Lettere, 1865, t. II, p. 563 ; t. III, p. 103, 140). Déageant proteste n'avoir jamais rien proposé qui fut contraire à l'honneur et au respect qu'on devait à Marie de Médicis (Mém., éd. de 1668, p. 130).

[162] Lettre de M. de Béthune à Luynes lui rendant compte de sa conversation avec la reine mère (21 mars 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97, fol. 98 r°).

[163] Lettre de Luynes à Marie de Médicis de 1618 (Arch. des Affaires étrangères, France 772, fol. 46 r°).

[164] Luynes le fit publier, mais la chose passa inaperçue. Requête présentée au roi par Monsieur de Luynes, Tours, 1619, in-12°, p. 5.

[165] Che il re avrebbe fatto quanto avesse potuto per dare ogni possibile soddisfazione alla madre, e che Luynes avrebbe faticato in questo quanto avrebbe potuto (lettre du nonce du 2 mars 1619, dans Bentivoglio, Lettere, 1867, t. III, p. 228).

[166] Voir les lettres de Pontchartrain à M. de Béthune (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97).

[167] Lettre de Luynes à Béthune du 25 mars 1619 (Ibid., fol. 100 r°).

[168] Lettre de Luynes à Marie de Médicis, datée de Tours, le 13 juin 1619 (Arch. des Affaires étrangères, France 772, fol. 94 r°).

[169] Lettre du 16 août 1619 (Ibid., fol. 114 r°).

[170] Dans Avenel, Lettres de Richelieu, t. VII, p. 470 ; lettre du 21 août 1619.

[171] Dépêche de Contarini du 10 septembre 1619 (Bibl. nat., ms., ital. 1773, p. 237) ; Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 140 ; Bentivoglio, Lettere, 1867, t. III, p. 534 ; lettre du 22 septembre 1619. Richelieu écrivait à d'Épernon ce mois de septembre 1619 : M. de Luynes lui a témoigné (à Marie de Médicis) avoir une forte passion à la servir avec sincérité, ce qui augmente la joie des serviteurs de S. M. (Bibl. nat., nouv. acq. fr. 5131, fol. 22 r°).

[172] Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 220. Voir aussi les ambassadeurs vénitiens (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 87, 192, 201, 216). Ce fut évidemment l'opinion du public, celle qui venait le plus naturellement à l'esprit.

[173] Lettre du nonce du 26 février 1620 (Bentivoglio, Lettere, t. IV p. 148).

[174] Lettre de Luynes à Richelieu du 7 juillet 1620 (Arch. des Affaires étrangères, France 773, fol. 240 r°).

[175] Dépêche de Contarini du 7 juillet 1620 (Bibl. nat., ms. ital. 1774, p. 139).

[176] Voir ce que dit sur ce point M. Hanotaux (Hist. du cardinal de Richelieu, t. II, p. 346).

[177] Lettre de Luynes à Richelieu de 1620 (Arch. des Affaires étrangères, France 773, fol. 242 r°). La première phrase citée est un exemple de l'incorrection habituelle du style de Luynes. Cf. une réponse de Richelieu à Luynes datée de Brissac, 3 novembre 1620 (Catalogue of the collection of Morrison, t. V, p. 261) : Je ne doute pas que vous ne teniez, monsieur, inévitablement les promesses que vous avez faites à la reine de la servir, etc.

[178] Richelieu, Mém., t. I, p. 228 et 229.

[179] Avenel, t. VII, p. 508 : On persuade à M. le connétable que la reine lui veut un extrême mal.

[180] Avenel, t. VII, p. 507.

[181] Oraisons jaculatoires du P. Arnoux (Arch. des Affaires étrangères, France 772, fol. 49 t°).

[182] Zeller, le Connétable de Luynes, p. 124, d'après les dépêches de l'envoyé florentin.

[183] Lettre de Luynes à Richelieu du 20 septembre 1621 (Arch. du château de Dampierre).

[184] Lettre de Luynes à Richelieu du 24 août 1621 (Arch. des Affaires étrangères, France 775, fol. 17 r°).

[185] Lettre de Richelieu à Luynes de mai 1617 (Avenel, t. VII, p. 386) : Je vous rends mille grâces de la confiance qu'il a plu au roi me témoigner par votre moyen en agréant l'honneur que la reine a voulu me faire en m'établissant chef de son Conseil et me mettant ses affaires entre les mains.

[186] Avenel, t. VII, p. 385.

[187] Avenel, t. VII, p. 397.

[188] Lettre de Luynes à Richelieu du 6 juin 1617 (Arch. des Affaires étrangères, France 771, fol. 126 r°).

[189] Arch. des Affaires étrangères, France 773, fol. 245 r°, 248 r° et suiv. Plusieurs lettres dans le même sens.

[190] Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 171.

[191] Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 173 ; Bentivoglio, Lettere, t. I, p. 156 ; lettre du 19 juillet 1017. Cf. lettre du 20 août 1620 (Ibid., t. IV, p. 393).

[192] Lettre de Tantucci à Richelieu (Avenel, t. VII, p. 402).

[193] Voir plus loin, au chapitre suivant.

[194] Lettre de Luynes à Richelieu de juin 1617 (Arch. du château de Dampierre).

[195] Lettre du 14 juin 1617, Avenel, t. VII, p. 402.

[196] Richelieu, Mém., t. I, p. 171 : De temps en temps, je lui rendois un compte exact (à Luynes) des actions de la Reine.

[197] Lettre de Marie de Médicis à Luynes, Avenel, t. VII, p. 403.

[198] Avenel, t. VII, p. 408, 409, 410. L'amitié que vous m'avez toujours promise (p. 411).

[199] Lettres de Bonzi du 28 juin, de Tantucci du 19 juin 1617, à Richelieu, Ibid., p. 400.

[200] Lettre de M. de Richelieu à l'évêque de Luçon du 12 juillet 1617, Arch. des Affaires étrangères, France 771, fol. 155 r°.

[201] Fontenay-Mareuil, Mém., p. 138.

[202] Déageant, Mém., éd. de 1668, p. 213 et suiv.

[203] Lettre du cardinal Borghèse, secrétaire d'État du Saint-Siège, au nonce à Paris du 25 mars 1619, dans Bentivoglio, Lettere, 1867, t. III, p. 261. Le vice-légat d'Avignon avait écrit le 7 du mois, mandait Borghèse, qu'un gentilhomme était venu dans cette ville expédié par le roi à l'évêque de Luçon avec une lettre de Luynes disant à Richelieu qu'il se rendit en diligence auprès de la reine mère.

[204] Avenel, t. VII, p. 462 ; lettre du 10 juin 1619.

[205] Lettre de Luynes à Richelieu du 22 août 1619 (Arch. du château de Dampierre).

[206] Bentivoglio, Lettere, t. III, p. 573.

[207] Lettre de Luynes à Richelieu, du 22 janvier 1620 (Arch. des Affaires étrangères, France 773, fol. 3 r°).

[208] Richelieu, Mém., t. I, p. 228. Mathieu de Morgues prétend qu'avant la bataille des Ponts de Cé Richelieu aurait prévenu secrètement Luynes de l'état des affaires de la reine mère, ce qui aurait permis au roi de vaincre (Lumières pour l'hist. de France, 1643, in-12°. p. 77). L'articulation est douteuse.

[209] Lettre de Luynes à Richelieu, Arch. des Affaires étrangères, France 773, fol. 214 r°.

[210] E a me ha detto il padre Arnoux, ch' egli pose in coscienza al re di non dover lasciar far cardinale Luçon, per lo scandalo grande che si riceverebbe in vedere premiato d'una tale dignita uno che era stato principale istromento dei mali ch' erano per seguire dalle discordie fra il re e la regina madre (Bentivoglio, Lettere, t. IV. p. 519). Voir sur cette question du cardinalat de Richelieu l'article d'Avenel, L'Evêque de Luçon et le connétable de Luynes ; élévation de Richelieu au cardinalat, dans Revue des quest. hist., t. IX. p. 77.

[211] Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 385 ; lettre du nonce du 21 août.

[212] Nous avons le texte de la lettre du roi, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 5 r°. Nous reviendrons plus loin sur cette affaire.

[213] Bentivoglio, Lettere, 1870, t. IV. p. 393.

[214] Lettre du nonce du 6 septembre 1620 (Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 408-410) : Le nonce commence sa lettre en ne spécifiant pas d'abord quel est celui des deux visiteurs qui lui parle. Ils m'ont dit... Mi hanno detto... Mi hanno pregato... Non hanno stimato. Puis il nomme Puisieux comme étant celui qui a la parole.

[215] Un broglioni. Lettre de Bentivoglio du 6 septembre 1620 (Lettere, t. IV, p. 414). La conversation a lieu à Poitiers. Luynes parle avec une telle exubérance que le nonce écrit : Luynes m'ha fatte grandi esagerazioni.

[216] Ibid., p. 401, 400, 409. Marsillac, en réalité, part chargé ostensiblement d'aller remercier le pape du bref de félicitations que celui-ci a envoyé au roi à propos de la conclusion de l'affaire du Béarn. Il vient au préalable voir le nonce et lui dit ce dont il est chargé en ce qui concerne Richelieu, ajoutant qu'il a une lettre de Luynes à cet effet. Le nonce lui demande s'il en a une du roi, l'autre répond négativement. Le nonce, du reste, ne dira pas un mot à Louis XIII du cardinalat de Richelieu.

[217] Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 418. Il était d'avis d'attendre, tout changeant tellement en France, ajoutait-il.

[218] Lettre de Luynes à Richelieu, Arch. des Affaires étrangères, France 773, fol. 117 r°.

[219] Ibid., fol. 139 r°. Sébastien Bouthilier de la Cochère, doyen de Luçon, suivait à Rome l'affaire du cardinalat au compte de Richelieu. Autre lettre dans le même sens du 14 décembre 1620, fol. 162 r°. On voit dans une lettre de Richelieu à Luynes du 3 novembre 1620 (Catalogue of the collection of Morrison, t. V, p. 261), que Richelieu est dupe, ou fait semblant de l'être : Vous me faites plus d'honneur que je ne vous puis dire, lui écrit-il, d'avoir daigné m'assurer de la continuation de votre bienveillance qui m'est entièrement chère. Pour mon particulier, j'ai tant de sujet de me louer de la bonne volonté que vous m'avez promise par votre courtoisie qu'au lieu de témoigner en être en doute, je m'estimerois heureux de le pouvoir reconnaître par mes services.

[220] La sœur de Luynes, Marie d'Albert, avait épousé Claude de Grimoard de Beauvoir du Roure, seigneur de Combalet (le P. Anselme, t. IV, p. 266). Sur ce mariage, voir le comte de Bonneau-Avenant, la Duchesse d'Aiguillon, Paris, 1882, in-12°, p. 80.

[221] Lettre du P. Joseph, de décembre 1620, à la prieure de Lencloître (Arch. du Calvaire, citées par Fagniez, le P. Joseph et Richelieu, t. I, p. 86). Avenel attribuant, après Richelieu (Mém., t. I, p. 229), l'idée de ce mariage à Luynes, accuse celui-ci d'inconséquence de conduite (Avenel, l'Évêque de Luçon et le connétable de Luynes, dans Revue des questions historiques, 1870, t. IX, p. 115). Cf. Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 153.

[222] Richelieu, Mém., t. I, p. 229. Je lui représentai (à Marie de Médicis) que, par l'union de nos familles, M. de Luynes donneroit de la jalousie à mes amis, rendroit ma personne suspecte à ses anciens serviteurs et odieuse à l'État.

[223] Lettre du nonce du 2 décembre 1620 (Bentivoglio, Lettere, 1870, t. IV, p. 493).

[224] Lettre de Luynes à Richelieu datée d'Amiens, 19 décembre 11320 (Arch. des Affaires étrangères, France 773, fol. 165 r°). Il écrivait encore le 21 décembre (fol. 167 r°) : Vous ne sauriez m'obliger plus en me faisant connoitre votre affection être continuelle ; je la désire passionnément et qu'il s'offre occasion que je vous puisse faire voir le contentement que j'en recevrois.

[225] Lettre de Bentivoglio du 12 décembre 1620 (Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 495).

[226] Ibid., p. 503 ; lettre du 17 décembre 1620. S'e mutato, dit-il le 9 janvier 1621 (p. 519), in capo, a due giorni, dopo il parentado seguito, e fa ora gli uffici in favore di Luçon !

[227] Lettre du 15 janvier 1621 (Ibid., p. 525).

[228] Lettre de Borghèse à Bentivoglio (Lettere, t. IV. p. 549). Chazan et Marsillac avaient expliqué au secrétaire d'État qu'avant de partir de Paris le ministre leur avait spécifié que la révocation de leur mission concernant l'opposition au cardinalat de Richelieu leur serait faite par un envoyé spécial et non par lettre. L'envoyé spécial n'étant pas venu, Chazan et Marsillac considéraient donc la pensée du gouvernement comme toujours contraire à la promotion de Richelieu.

[229] Voir la lettre très précise du nonce du 19 janvier 1621 (Ibid., p. 535).

[230] Cf. la lettre de Luynes à Richelieu du 24 août 1021 (Arch. des Affaires étrangères, France 775, fol. 17 r°) ; la dépêche du nonce Corsini du 24 novembre 1621, dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 288. Avenel écrit lui-même : Le connétable était mort le 15 décembre (1621) et ceux qui pensaient que Luynes était le seul obstacle à la promotion de Richelieu œ tardèrent pas à être détrompés, car cette promotion il fallut l'attendre plus de huit mois encore (Avenel, l'Évêque de Luçon et le connétable de Luynes, dans Revue des questions historiques, t. IX, p. 122).

[231] Lettre de Luynes à Richelieu, datée de Niort (Arch. des Affaires étrangères, France 775, fol. 8 r°).

[232] De Saint-Jean-d'Angély (Ibid., fol. 9 r°).

[233] Devant Coutras (Ibid., 773, fol. 12 r°).

[234] Du camp devant Clérac (Ibid., 775, fol. 14 r°).

[235] Au camp devant Montauban, 6 novembre 1621 (Arch. du château de Dampierre).

[236] Lettre de Modène à Richelieu du 17 janvier 1622 (Arch. des Affaires étrangères, France 775, fol. 244 r°).

[237] Richelieu, Mém., t. I, p. 211, 252.

[238] Lettre de Richelieu à Luynes (Avenel, Lettres, t. I, p. 691) : Je me sens grandement votre obligé, lui disait-il, de l'affection que vous avez pour moi.

[239] Richelieu, Mém., t. I. p. 239.

[240] Lettre datée de Tonneins le 21 juillet 1621 (Arch. des Affaires étrangères, France 775, fol. 23 r°).

[241] Fancan vivait auprès de Richelieu en 1622 (voir une lettre de madame Samson à Alphonse de Richelieu, chartreux, Arch. des Affaires étrangères, France 777, fol. 50 r°). Nous renvoyons sur Fancan aux travaux de Geley, Fancan et la politique de Richelieu de 1617 à 1627, Paris, 1884, in-8° ; Th. Kükelhaus, Zur Geschichte Richelieus. Unbekannte Papiere Fancans, dans Historische Vierteljahrschrift, 1899, p. 18-38, qui donne une liste des pamphlets dus probablement à cet auteur ; Fagniez, l'Opinion publique et la presse politique sous Louis XIII, dans Revue d'histoire diplomatique, 1900, p. 366.

[242] Sur ce J. Pelletier, consulter Fagniez, op. cit., p. 365, et L. Lacroix, Richelieu à Luçon, p. 252.

[243] Recueil des pièces les plus curieuses qui ont été faites pendant le règne du connétable M. de Luynes, in-12°. La 4e édition, de 1632, est la meilleure, 602 pages. Remarquer le mot règne.

[244] Bassompierre, Journal de ma vie, éd. Chantérac, t. II, p. 218.

[245] Voir sur la Curée : Discours des plus mémorables combats et rencontres où s'est trouvé Gilbert de la Curée, capitaine des chevau-légers de la garde du roi, par Guy du Faur, seigneur d'Hermay (Bibl. de l'Arsenal, ms. 2148, fol. 109-189).

[246] Héroard (Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 167 r°) ; Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, 1622, in-12°, p. 21 ; Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 153.

[247] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 168.

[248] Voir son Journal, éd. Chantérac, t. II, p. 223 et suivant, et ses lettres à son beau-frère le comte de Tillières, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3 538, fol. 1 r°.

[249] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 123 ; duc de la Force, Mém., éd. de La Grange, t. II, p. 107 ; J.-B. Matthieu, Hist. de Louis XIII, dans P. Matthieu, Hist. de Henri IV, 1631, t. II, p. 56.

[250] Doppo Luines, nel l'amore del re, tenia il primo luogo (dépêche de Contarini du 12 août 1618, Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 162).

[251] Duc de la Force, op. et loc. cit. ; Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 237 ; Montpouillan, Mém., dans Mém. du duc de la Force, t. IV, p. 42-47 ; Castelnaut, Mém., ibid., p. 95 ; Brienne, Mém., éd. Petitot, t. I, p. 346 ; lettre de Malherbe à M. du Bouillon du 2 août, 1618, dans Œuvres, éd. Lalanne, t. IV, p. 45.

[252] Dépêche de Contarini du 17 septembre 1619 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 249).

[253] Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 250.

[254] Remarque déjà faite par V. Cousin (Journal des savants, 1861, p. 283). Malherbe écrivait à Luynes (dans Œuvres, éd. Lalanne, t. I, p. 391) : Pour ce qui est de votre fortune, ils ne peuvent pas nier que toute grande qu'ils la figurent, elle ne soit encore au deçà de beaucoup d"autres dont nous avons l'histoire dans le siècle et dans le royaume.

[255] Richelieu, Mém., éd., Michaud, t. I. p. 251.

[256] Discours à M. de Luynes par le sieur Dryon, gentilhomme servant du roi, Paris, 1617, in-12°, p. 10.

[257] Bibl. nat., Cabinet des titres, Doss. bleus 8.

[258] Mercure français, 1618, t. V, p. 259. Mayenne alla en Guyenne.

[259] Lettres du nonce du 8 mai (Bentivoglio, Lettere, 1867, t. III, p. 324), 2 juillet 1619 (Ibid., p. 383).

[260] Mercure français, 1619, t. VI, p. 341.

[261] Enregistrées au Parlement le 14 novembre (Arch. nat., X1A 8649, fol. 228 r°). Il fallut que le roi pressât le Parlement (Mathieu Molé, Mém., éd. Champollion-Figeac, t. I, p. 223). Sur la consistance du duché de Luynes à la fin du XVIIe siècle, voir : Bibl. nat., Cabinet des titres, Doss. bleus 8, fol. 89 r° et suiv. Cf. Cérémonies observées à la réception de M. de Luynes en la qualité de duc et pair, Paris, S. Moreau, 1619, in-12°, p. 7.

[262] Dépêche de Contarini du 7 janvier 1620 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 373) ; P. Boitel de Goubertin, la Relation historique des pompes et magnifiques cérémonies observées à la réception des chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit, faits en cette année 1620 par Louis XIII, Paris, P. Billaine, 1620, in-8°. Voir un curieux compte des frais de la cérémonie, costumes, échafauds, menuiseries (Arch. nat., O1 2984).

[263] Bentivoglio, Lettere, 1867, t. III, p. 255. Il y a un certain nombre de lettres du nonce sur cette affaire qui eut quelque consistance. Fancan, dit, dans la Chronique des favoris (s. l., 1622, in-12°, p. 27), que Luynes eut l'idée de devenir duc de Bretagne et grand maître de la maison du roi (p. 30).

[264] Richelieu, Mém., t. I, p. 211, 250 et 251.

[265] Pour en faire le logis des ambassadeurs extraordinaires et il acheta, eu 1620, l'hôtel de la Vieuville, bâti par Métezeau, rue Saint-Thomas du Louvre : Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, s. l., 1622, in-12°, p. 19 ; Mercure français, t. VI, 1619, p. 341 ; Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. II, p. 152 ; note de Paulin Paris dans l'édition des Historiettes de Tallemant, t. I, p. 418. Luynes avait ses écuries aux Tuileries. Le feu y prit le 5 décembre 1620 (Arnauld d'Andilly, Journal de 1620, éd. Halphen, 1898, p. 59).

[266] Les trois frères, en 1612, touchaient chacun 2.000 livres de pension du roi (Bibl. nat., Cabinet des titres, Pièces orig., 21, fol. 122 r°) Luynes obtint du roi le don de toutes les terres vagues tant en longueur qu'en profondeur qui sont entre la porte de Saint-Victor, sur le fossé de la grande rue, jusques à la porte de Saint-Bernard, pour en icelles faire bâtir et édifier des maisons qui payeront cens, lods et ventes, plus, d'autres terres qui sont tirant vers la rivière, depuis un pont de pierre qui est à ladite porte Saint-Bernard jusques au ruisseau des Gobelins (arrêt du Conseil du 26 février 1620, Arch. nat., E 63A, fol. 220 r°).

[267] N. Rémond, Sommaire traité du revenu et dépense des finances de France, 1622, dans E. Fournier, Variétés hist. et litt., t. VI, p. 114.

[268] M. de Morgues, Lumières pour l'hist. de France, 1643, in-12°, p. 33. Cf. la dépêche de Pesaro du 24 décembre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 193). On prête à Luynes une fortune de dix à douze millions, dit cependant l'auteur d'un libelle (Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, 1622, in-12°, p. 18). Sous la Révolution, un certain Lejeune fit un mémoire à la Convention pour lui demander que la famille de Luynes restituât ce qu'elle avait extorqué à Louis XIII (Mémoire à la Convention nationale au sujet des domaines volés par le plus indigne des favoris de nos anciens tyrans). Le duc Albert de Luynes répondit. Lejeune riposta (Réponse aux observations du citoyen Albert de Luynes lue au Comité d'aliénation et des domaines dans sa séance du 15 nivôse de l'an II).

[269] Par lettres du 10 mai 1617 (Bibl. nat., Rec. Cangé, 163, p. 277).

[270] Il prête serment le 8 décembre (Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4020, fol. 243 v°). Comme maréchal, il touchait 10.000 livres d'appointements (Bibl. nat., Cabinet des titres, Pièces orig. 21, fol. 51 r°).

[271] Le 9 mars (Arch. nat., X1A 8649, fol. 372 r°). Voir les lettres écrites par Louis XIII à ce moment aux magistrats du Parlement pour faire enregistrer l’acte d'érection (Bibl. nat., ms. fr. 3722. fol. 112 v° et suiv.). Son entrée au conseil, cf. Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 189.

[272] Arnauld d'Andilly, Journal de 1620, éd. Halphen, 1898, p. 5 ; Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, 1622, in-12°, p. 20.

[273] Léon de Luynes, sieur de Brante, touchait 30.000 l. en 1622 (N. Rémond, op. et loc. cit.). Sur ses missions, voir : Bibl. nat.. Cabinet des titres. Pièces orig. 1780, n° 3 : Journal d'Arnauld d'Andilly. éd. Halphen, 1857, p. 166 ; sur son mariage : Bibl. de Carpentras, ms. 1847, fol. 195 r° ; Arnauld d'Andilly, Journal de 1620, éd. Halphen. IS9S, p. 21 ; la Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, 1622, p. 20.

[274] Les accordailles eurent lieu le 26 février 1620 (Héroard, Journal, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 274 v°). Voir les articles de ce mariage : Bibl. nat., ms. Clairambault 375, fol. 189 r°.

[275] Arch. nat., E 66B, fol. 181 r°. Madame du Vernet fut dame d'atour d'Anne d'Autriche de 1619 à 1626 (Bibl. nat., ms. fr. 7854, fol. 301 r°).

[276] Le P. Anselme, t. IV, p. 266. Louise d'Albert mourut en 1619. La dernière sœur de Luynes, Anne d'Albert, était ursuline (Ibid.).

[277] Héroard, 10 avril 1622 (Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 36 v°) ; G. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 202.

[278] Lettre de Malherbe à Luynes, dans Œuvres, t. I, p. 391.

[279] Bassompierre écrivait à son beau-frère, le comte de Tillières, le 2 octobre 1619 (Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3538, fol. 3 r°) : J'ai donné à M. le duc de Luynes votre lettre ; permettez-moi de vous dire qu'il faut écrire Monseigneur et que nous en ferons tous ainsi. M. de Tillières (Bibl. de Carpentras, ms. 869, fol. 71 r°, 79-112, 126). le P. Arnoux (lettre du 31 mars 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 97. fol. 145 r°), Richelieu (Avenel, t. I, p. 669, 690), tout le monde se soumit.

[280] Lettre du 12 décembre 1617, dans les Mém. du duc de la Force, éd. La Grange, t. II, p. 454. Cf. Lettre du nonce du 22 novembre 1617, (Bentivoglio, Lettere, 1865, t. II, p. 84).

[281] Bentivoglio, Lettere, 1865, t. III, p. 236 ; t. IV, p. 75. 272 : dépêche de l'ambassadeur vénitien (Bibl. nat.. ms. ital. 1774, p, 182).

[282] Dépêche de Contarini du 22 août 1620 (Ibid., p. 209).

[283] Lettre de Luynes au lieutenant civil de Mesme du 15 novembre 1619 (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 488, fol. 209 r° et v°).

[284] Cité par Zeller, le Connétable de Luynes, p. 5.

[285] D'après une dépêche de l'envoyé florentin Matteo Bartolini du 6 mai 1617 (citée par Zeller, op. cit., p. 43).

[286] Dépêche de Contarini des 17 septembre et 29 octobre 1619, Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 248 et 273.

[287] Richelieu, dans Avenel, Lettres, t. II, p. 652 ; C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 202 ; l'Ombre de Monsieur le connétable apparue à Messieurs ses frères, 1622, in-12°, p. 7. Des libelles attaquèrent l'idée de rétablir la connétablie (Avis au roi sur le rétablissement de l'office de connestable par un bon François, 1620, in-12°).

[288] Mercure français, 1621, p. 277 ; Arnauld d'Andilly, Mém., éd. Michaud, p. 434 ; Brienne, Mém., éd. Petitot, t. I, p. 349 ; Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 15 ; dépêche de l'ambassadeur vénitien du 18 février 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 412).

[289] Sur cet incident, voir les dépêches de l'ambassadeur d'Espagne Mirabel à Philippe III, des 1er janvier et 2 février 1621 (Arch. nat., K 1478, n° 19 et 29 a) ; de Contarini du 18 février 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1773, p. 413) ; du nonce (Bentivoglio, Lettere, t. IV, p. 518, 523) ; le Mercure français, 1621, p. 276 ; Richelieu, Mém., t. I, p. 238 : consulter enfin C. Dufayard, le Connétable de Lesdiguières, p. 449.

[290] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026. fol. 426 r° ; Arnauld d'Andilly, Journal de 1621, éd. Halphen, 1891, p. 19. Le brevet est du 2 avril (Bibl. nat.. ms. Dupuy 487, fol. 32 r° et suiv. ; Bibl. de l'Arsenal, ms. 5424, p. 209). Les lettres patentes furent enregistrées au Parlement le 26 avril (Arch. nat., X la 8649, fol. 404 r°), non sans de nombreuses lettres pressantes du roi aux magistrats (Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 121 r° à 122 v°). Nous avons le détail de la cérémonie : Bibl. nat., ms. Dupuy 487, fol. 36 r° ; Bibl. de l'Arsenal, ms. 5424, p. 214 ; les Cérémonies royales faites en baillant, par les mains du roi, l'épée de connétable à Monseigneur le duc de Luynes, le 2 avril 1621, Paris, 1621, in-12°. Louis XIII porta de cent à deux cents hommes la compagnie d'ordonnance du nouveau connétable (Arch. nat., E 78C, fol. 416 r°).

[291] Lettres à Pontchartrain, Bibl. nat., ms. Clairambault 377, fol. 615 r° et suiv.

[292] Ibid., par exemple, fol. 619 r°, 635 r°.

[293] Son beau-père lui-même, M. de Montbazon, piqua le coffre dans l'antichambre. Les coffres, placés dans les antichambres, servent de siège. L'Horoscope du connétable, avec le passe-partout des favoris, 1622, in-12°, p. 27 ; Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, p. 25.

[294] Dépêche de Priuli du 2 mai 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1776, p. 105).

[295] L'Ombre de Monseigneur le duc de Mayenne, 1622, in-12°, p. 18 ; Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, p. 24-25.

[296] Richelieu, Mém., t. I, p. 251.

[297] Le mot fut dit à Duplessis-Mornay (Lettre de M. du Plessis envoyée à M. le duc de Montbazon le 23 octobre 1620, louchant l'assemblée tenue à Loudun par permission du roi, Paris, 1620, in-12°, p. 3). Il fit scandale. Voir le Manifeste de M. de Bouillon envoyé à Messieurs de la religion, 1622, in-12°, p. 22 ; Méditations de l'Hermite Valérien, 1621, in-12°, p. 26 : Richelieu, Mém., t. I, p. 251.

[298] Seconde partie et réponse à la Chronique des favoris, 1622, in-12°, p. 23, libelle émanant d'un témoin oculaire et qui cite des faits précis que le Journal d'Héroard rend d'ailleurs vraisemblables.

[299] Voir un fait cité par l'auteur, également bien renseigné, de l'Ombre de Monseigneur le duc de Mayenne aux princes, 1622, in-12°, p. 13.

[300] Méditations de l'Hermite Valérien, 1621, in-12°, p. 19.

[301] Bassompierre, Journal de ma vie, t. II, p. 356.

[302] Richelieu, Mém., t. I, p. 247 ; Méditations de l'Hermite Valérien, p. 18.

[303] Par d'Esplan : dépêche du nonce Corsini du 4 octobre 1621, dans Zeller, op. cit., p. 283.

[304] Propos tenus par Luynes devant la Vieuville, qui les répète à Richelieu. Bonneuil et Ornano (Richelieu, Maximes d'État et fragments politiques, éd. Hanotaux, p. 757).

[305] Ce billet, non daté ni signé, mais de l'écriture caractéristique de Luynes, et provenant des papiers de l'abbé de Dangeau, est conservé à la Bibl. nat., dép. des Imprimés, Recueil Cangé, t. 66 (Rés. F. 224).

[306] Richelieu, Mém., t. I, p. 247.

[307] Voir leurs titres dans le Catalogue de l'hist. de France de la Bibl. nat., t. I. p. 513 et suiv.

[308] Pontchartrain, Mém., éd. Michaud, p. 398, 400, 404, 412 ; Rohan, Mém., éd. Michaud, p. 516 ; Arnauld d'Andilly, Journal de 1620, éd. Halphen, 1898, p. 13.

[309] On attribue ce mot à Bassompierre ; en réalité, il a couru le public à ce moment (S. Dupleix, Hist. de Louis le Juste, 1643, in-fol., p. 108).

[310] Dépêche de Contarini du 9 mars 1619, dans Alberi, Relazione degli Stati Europei, série II, France II, Venise, 1859, p. 123.

[311] Le Mercure et fidèle messager de la cour au roi, 1622, in-12°, p. 13. Discours au roi (Bibl. nat., ms. Dupuy 92, fol. 107 r°) ; Seconde remontrance faite à Sa Majesté sur les affaires importantes du royaume, 1620, in-12° ; Requête au roi (Bibl. nat., ms. Dupuy 92, fol. 121 r°).

[312] Par exemple, la Sibille française parlant au roi, in-12°, un des libelles les plus incisifs et les plus hardis. Geley (Fancan, p. 31) l'attribue à Chanteloube ; il attribue à Fancan les Méditations de l'hermite Valérien (p. 82) et l'Ombre de Monseigneur le duc de Mayenne (p. 100). Voir aussi la Remontrance au roi, importante pour son Estat, 1620, in-12°.

[313] Réponse à l'avis intitulé : Avis au roi sur le rétablissement de la charge de connétable, in-12° ; Remontrance aux malcontens, in-12° ; Plaidoyer pour M. de Luynes, in-12° ; le Réveil de maître Guillaume, in-12°, etc. Nous signalerons particulièrement une Lettre de la ville de Tours à celle de Paris, s. l., 1620, in-12°, écrite avec une verve et un naturel curieux, rappelant presque le style de Molière.

[314] Sur le siège de Montauban, consulter une Histoire du siège (Bibl. nat., nouv. acq. fr. 7198) ; un Tableau du siège (Ibid., ms. fr. 18756) ; Hist. particulière des plus mémorables choses qui se sont passées au siège, 1621, in-12°, par un Montalbanais protestant, témoin oculaire ; et, comme exposé récent, Delaval, les Anciennes fortifications de Montauban et le siège de 1621, dans le Bull. archéol. et hist. de la Soc. archéol. de Tarn-et-Garonne, 1904.

[315] Voir C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 258, 269 : Mercure français, 1621, p. 817 ; de Frauville, le Fidèle historien des affaires de France, Paris, 1623, in-12°, p. 236.

[316] Nous résumons les indications fournies par les sources que nous venons d'indiquer. Les pluies étaient possibles, mais elles n'étaient pas certaines. Les automnes ne sont pas nécessairement pluvieux dans la région.

[317] Lettre de Luynes à Condé, du 7 août 1621, dans le duc d'Aumale, Hist. des princes de Condé, t. III, p. 497 ; lettre de Marillac à Richelieu, du 24 août 1621 (Arch. des Affaires étrangères, France 775, fol. 56 v°, 60 r°). Le roi d'Espagne envoyait un gentilhomme féliciter Luynes de ses succès (Arch. nat., K 1478, n° 136).

[318] Lettre du 23 octobre, Arch. des Affaires étrangères, France 775, fol. 70 r°.

[319] Héroard (Bibl. nat., ras. fr. 4026, fol. 482 r°, 488 r°). Sur Piquecos, voir E. Forestié, le Château de Piquecos, dans le Bull. archéol. et hist. de la Soc. archéol. de Tarn-et-Garonne, 1903, p. 217-230 ; l'abbé Pottier, Notes sur l'architecture militaire du Tarn, dans le Congrès archéol. de France, 32e session, Caen, 1866, p. 488. On donna plus tard à la marquise de Montpezat, propriétaire du château, pour la dédommager des dégâts commis, 20.000 livres (Arch. nat., E 79C, fol. 292 r° ; arrêt du Conseil du 28 septembre 1624).

[320] G. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 298 ; Arnauld d'Andilly, Journal de 1621, éd. Halphen, 1891, p. 68 ; Duchesne, Hist. des chanceliers, 1699, p. 730.

[321] Héroard (Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 478 v°, 481 v°, 487 r°, etc.).

[322] On suit dans Héroard, jour par jour, l'effet de la pluie qui ne cesse pas (op. cit., fol. 499 et suiv.). Cf. les dépêches de Priuli, du 5 novembre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 81),et de Mirabel, du 24 septembre 1621 (Arch. nat., K 1478, n° 142).

[323] Dépêche de Priuli du 12 octobre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 71).

[324] Rohan, Mém., éd. Michaud, p. 527 : Journal d'Arnauld d'Andilly de 1621 (éd. Halphen, p. 97) ; dépêche de G. Priuli du 18 octobre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 75). Assez maladroitement Luynes pria Rohan, puis le menaça, enfin lui dit qu'on se passerait de lui.

[325] Lettre de Malherbe à Peiresc, du 12 novembre 1621, dans Œuvres, éd. Lalanne, t. III, p. 563 ; dépêche de G. Priuli des 21 septembre, 5 et 15 novembre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 33, 82, 83).

[326] Louis XIII annonça aux officiers du royaume la nouvelle de la levée du siège en leur en expliquant les raisons (voir, par exemple, la lettre au comte de Brissac, du 4 novembre 1621, Bibl. nat., ms. fr. 3812, fol. 82 r°), raisons qu'il fit publier (Avis véritable envoyé à la cour, Bordeaux, 1621, in-12°).

[327] Dépêche de l'ambassadeur vénitien Z. Pesaro du 5 décembre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 154 ; Mercure français, 1621, p. 888). Nous connaissons principalement les griefs articulés contre Luynes par un lettre que publia celui-ci pour y répondre et dans laquelle il les énumère lui-même. Cf. V. Siri, Memorie recondite, 1679, in-4°, t. V, p. 331.

[328] Mém. de Jean Burel, bourgeois du Puy, le Puy-en-Velay, 1875, in-4°, p. 514.

[329] Lettre de Monsieur le connétable à Monsieur de Montbazon (de Toulouse, le 18 novembre 1621), in-12°, reproduite dans le Mercure français, 1621, p. 886 : lettre au prince de Gondé, publiée par le duc d'Aumale, Hist. des princes de Condé, t. III. p. 158-159.

[330] Lettre de Luynes à Modène du 10 novembre 1621 (Bibl. nat., ras. Dupuy 92, fol. 196 r°), publiée sous le titre de : Lettre de Monsieur le connétable à Monsieur de Modène, in-12°. Le diable a attaqué Dieu, disait Luynes, pourquoi plusieurs qui n'ont pas l'âme meilleure n'auraient-ils pas la liberté de parler de moi ! Cette comparaison peint Luynes. Luynes menaçait les gens de ne plus leur rendre de services, de ne plus les aider pour le détail de leurs affaires.

[331] Mots que répète le P. Arnoux à Luynes (C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 294). Sur la disgrâce du P. Arnoux, voir le P. Prat, Recherches historiques et critiques sur la compagnie de Jésus en France du temps du P. Cotton, Lyon, 1876, t. IV, p. 309 et suiv.

[332] Dépêche de Z. Pesaro du 5 décembre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 158) ; C. Bernard (Hist. de Louis XIII, t. I, p. 293-294) est détaillé pour cet incident. Voir la version que donne Richelieu (Mém., éd. Michaud, t. I, p. 248).

[333] Bibl. nat., ms. Dupuy 74, fol. 180 r° ; Bibl. Mazarine, ms. 2427. fol. 177 v° ; Bibl. de Carpentras, ms. 1800, fol. 88 v°. Le public eut de nombreuses versions sur la cause du départ du confesseur (dépêche de l'envoyé florentin Gondi, du 15 décembre 1621, dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 351 ; lettre de Malherbe à Peiresc, dans Œuvres de Malherbe, éd. Lalanne, t. III. p. 543). Le P. Séguiran remplaça le P. Arnoux (Bibl. nat.. ms. Dupuy 92, fol. 199 r°). Voir la façon dont Louis XIII le reçoit en le priant de ne s'occuper que de confession (dép. de l'amb. vénit. du 24 déc. 1621, dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 334).

[334] Harangue faite au roi par la reine mère, 1622, in-12°.

[335] Saint-Simon, Parallèle des trois premiers rois Bourbons, p. 34.

[336] Bassompierre, Journal, éd. Chantérac t. II, p. 383.

[337] Per effetto d'incomparabile bonta, piu per timore che per amore (dépêche de Z. Pesaro du 24 décembre 1621, Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 193). Cf. une dépêche de Contarini, Ibid., 1772, p. 328.

[338] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 157.

[339] Dépêche du nonce Corsini du 30 janvier 1622 (Arch. nat., L 397, fol. 367 r°).

[340] Cet avis ne toucha son esprit ni de près ni de loin. Richelieu, Mém., éd. Michaud, t. I, p. 520.

[341] Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. II, p. 380-387 : Je vis bien lors, ajoute Bassompierre, qu'il estoit de la même trempe de tous les autres favoris qui croient avoir cloué leur fortune, qui la croient éternelle, et qui ne commissent leur disgrâce que lorsqu'il n'est plus moyen de l'empêcher. Cependant, vers la fin de sa vie, au dire de Richelieu, Luynes voyoit bien le dégoût du roi. (Richelieu, Mém., t. I. p. 249.)

[342] Bassompierre, Journal, t. II, p. 383.

[343] Bassompierre, Journal, t. II, p. 387, 388.

[344] Bassompierre, Journal, t. II, p. 385 : Les mécontentemens du roi croissoient bien fort.

[345] Bassompierre, Journal, t. II, p. 384.

[346] Récit écrit par Marillac à Richelieu d'une audience qu'il a de Louis XIII, dans une lettre du 29 décembre 1621 (Arch. des Affaires étrangères, France 773, fol. 83 r°). Cf. les Mém. de Richelieu (éd. Michaud, t. I, p. 257), qui écrit avec cette lettre sous les yeux.

[347] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 300. L'entourage ne s'est pas trompé.

[348] D'après le Journal d'Héroard. Dans la seconde quinzaine d'août 1621, nous relevons du 15 au 22, en sept jours, dix-huit visites faites au connétable par le roi et consignées par le médecin (Bibl. nal., ms. fr. 4026fol. 481 v° et suiv.). Dans la dernière semaine d'octobre, fin du siège de Montauban, quinze jours avant la mort de Luynes, il y a huit visites indiquées (fol. 504 r° et suiv.). Héroard ne marque pas comme visites les occasions dans lesquelles Louis XIII se retrouve avec le connétable, telles que conseils, inspections des travaux du siège ; il ne mentionne que les déplacements du roi allant de son logis à celui de son favori pour le voir.

[349] Nous allons suivre pour ces détails le Journal d'Héroard (Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 521 r° et suiv.). Peiresc donne un récit circonstancié de la fin de Luynes dans une lettre datée de Bordeaux du 16 décembre 1621 (Bibl. de Carpentras, ms. 1864, fol. 18 r°).

[350] Il y avait une épidémie de fièvre pourpre qui durait depuis des semaines (Arnauld d'Andilly, Mém., éd. Michaud, p. 433). Bassompierre fut atteint de cette affection en même temps que Luynes (Journal, t. II, p. 394) et s'en tira.

[351] Dépêche de l'envoyé florentin Gondi du 18 décembre 1621, dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 353.

[352] Le petecchie si sono ristrette all' intorno (dépêche de Pesaro du 16 décembre 1621, Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 174). On reprocha au médecin Ranchin, qui soignait Luynes, de ne l'avoir point fait saigner (Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 164).

[353] Héroard (Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 527 r°, mardi 14 décembre).

[354] Ibid., fol. 527 v° ; Arnauld d'Andilly, Journal de 1621, éd. Halphen, p. 104. Puisieux écrivait, ce même 15 décembre, à M. de Césy : M. le connétable eut de grandes convulsions qui firent désespérer de sa santé et, depuis, Dieu en a disposé, dont le roi témoigne beaucoup de déplaisir. (Bibl. nat., ms. fr. 16 156, fol. 213 r°).

[355] Sur les funérailles, voir Mercure français, 1621, p. 930. L'abandon du corps de Luynes après sa mort, est attesté par les témoignages de Fontenay-Mareuil (Mém., éd. Michaud, p. 164), Beauvais-Nangis (Mém., éd. Monmerqué, t. II, p. 107, 108), le comte de Souvigny (Mém., éd. de Contenson, t. I, p. 81), Pesaro (dépêche du 24 décembre 1621, Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 194). La plupart de ces témoins content le trait des laquais jouant au piquet sur le cercueil. Pour l'épitaphe de M. de Luynes, voir Bibl. de l'Arsenal, ms. 6040, fol. 11.

[356] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis du 15 décembre 1021 (Bibl. nat., ms. Dupuy 92, fol. 205 r°).

[357] Dépêche de Pesaro du 17 décembre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 175) : Mostrava di goder di esser in liberta, di parlare et ordinare molte cose et c'e concetto che non habbi da pesare alla Maesta sua la perdita... etc. Et, le 24 décembre (p. 192) : Il re, di questo caso (la mort de Luynes) niente e contristato, anzi allegrissimo : pare di havers scosso dal giogo, di esser fuori di tutella, senxa governatore, in liberta !

[358] Arch. des Affaires étrangères, France 775, fol. 82 r°.

[359] Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 139.

[360] Lettre de l'envoyé florentin du 18 décembre 1621, dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 354 : Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 164 : Bassompierre, Journal, t. II, p. 395 ; C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 301.

[361] Dépêche de Pesaro du 24 décembre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 182).

[362] Cité par Zeller, le Connétable de Luynes, p. 267.

[363] Lettre de Louis XIII à Marie de Médicis, datée de Damazan, le 15 décembre 1621 (Bibl. nat., ms. Dupuy 92, fol. 205 r°, et Cinq Cents Colbert 98, p. 151). Dans sa réponse, Marie de Médicis feint de croire que Louis XIII est plus touché qu'il n'est (lettre de Marie de Médicis à Louis XIII du 24 décembre 1621, Bibl. nat., ms. fr. 3708. fol. 43 v°, et 3811, fol. 35 r°).

[364] Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 132 r°.

[365] Ibid., fol. 132 r°. Ces deux lettres ont été publiées par Chantérac dans son édition du Journal de Bassompierre (t. II, p. 430-431).

[366] Lettre du marquis de Mirabel à Juan de Ciriça du 18 décembre 1061 (Arch. nat., K 1478, n° 165).

[367] Dépêche de l'envoyé florentin du 23 décembre 1621, dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 354. Il y eut des feux de joie et un Te Deum chanté pour la prise de Monheurt à Notre-Dame. La foule fui considérable et pleine de joie, comme s'il s'agissait de célébrer la mort de Luynes : Cf. Herbert de Cherbury, Mém., trad. Baillon, p. 165 : Castelnaut, Mém. (dans Mém. du duc de La Force, éd. La Grange, t. IV, p. 318).

[368] Dépêche du 24 décembre 1621 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 192).

[369] La maesta sua si riconosce sempre piu libero et piu contento della morte del contestabile, come tutti, palesemente, giubilano. — Ascoltando volontieri il re, con orecchie molto aperte, le querelle copiose che si formano dalle voci d'infiniti contro il contestabile (dépêches de Pesaro des 19 et 29 janvier 1622, Ibid., p. 210, 214).

[370] Blâmant les procédés du mort (lettre de Marillac à Richelieu du 29 décembre 1621, Arch. des Aff. Étrang., France 775, fol. 83 v°).

[371] Un grande bestia ! (dépêche du nonce Corsini du 10 janvier 1622, Arch. nat., L 397, fol. 348 v°).

[372] Ibid. : dépêches des ambassadeurs vénitiens des 24 décembre 1621 et 13 janvier 1622 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 194, 281) ; Richelieu, Mém., t. I. p. 217 : dépêche de Mirabel au roi d'Espagne du 23 décembre 1621 (Arch. nat., K 1478, n° 167).

[373] Dépêche de Pesaro du 24 décembre 1021 (Bibl. nat., ms. ital. 1777. p. 103). Contades était l'homme de confiance qui, par procuration, traitait des affaires du connétable de son vivant (Arch. nat., E 66B, fol. 181 r°).

[374] Il re, nel riveder l'inventario, ho notato, sopra le gioie, che molte perle, in particolare, sono della madre et della corona et ha mostrato di non haver, per il passato, saputo quest' assorbimento. Il retrouve aussi molte cose pregiudiciali al servitio del re (dépêche de Pesaro du 19 janvier 1622, Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 211).

[375] On trouve tous les détails de cet incident dans les dépêches de l'ambassadeur vénitien des 14 février (Ibid., p. 243), 22 février (p. 265), 1er mars 1622 (1778, p. 13-14), 14 janvier 1623 (1779, p. 125). Il est fait allusion au procès de Monsigot dans les libelles du temps ; ainsi, dans les Caquets de l'accouchée, éd. Fournier, p. 146 et 151 ; le De profundis sur la mort de Luynes, dans le Recueil des pièces les plus curieuses qui ont été faites pendant le règne du connétable de Luynes, 1632, in-12°, p. 417 ; voir aussi p. 415 et le Passe-partout des favoris, même recueil, p. 156.

[376] On publia la lettre de condoléances, qu'il lui écrivit : Lettre consolatoire du roi à Madame la connestable, 1622, in-12°.

[377] Dépêche de l'envoyé florentin du 29 janvier 1622, dans Zeller, Richelieu et les ministres de Louis XIII de 1621 à 1624, p. 14.

[378] Il se borna, à la fin de janvier 1622, à défendre aux deux frères Luynes de ne plus paraître au conseil. A ce moment, la presse et l'opinion se déchaînaient contre la mémoire du connétable, et ceux qu'on appelait ses restes étaient accablés d'injures et de violences. Journal d'Arnauld d'Andilly de 1622 (Bibl. de l'Arsenal, ms. 5181, fol. 1 v°) ; dépêche de Marillac à Richelieu du 29 décembre 1621 (Arch. des Affaires étrangères, France 775, fol. 85 r°) ; dépêches de Pesaro des 19 et 29 janvier 1622 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 211, 214, 215). Voir le Caquet des poissonnières, 1623 (dans E. Fournier, Variétés hist. et litt., t. II, p. 143).

[379] Lettre de Schomberg à Richelieu du 15 décembre 1621, dans Avenel, t. VII, p. 490 : lettre de Marillac au même (Ibid.) ; dépêche du nonce Corsini du 10 janvier 1622, Arch. nat., L 397. fol. 348 v° ; lettre de Louis XIII à Lesdiguières de février 1622 (Bibl. nat., ms. ital. 1777, p. 294).

[380] Mémoire de Jeannin au roi dans ce sens, de février 1622, dans Négociations de Jeannin, éd. Michaud. p. 702.

[381] Lettres de décembre 1621 et du 17 janvier 1622 (Arch. des Affaires étrangères, France 775, fol. 118 r°, 244 r°).

[382] Lettres des 10 et 19 janvier 1622 (Arch. des Affaires étrangères, France 770, fol. 3 r°, 6 r°).

[383] Bibl. nat., ms. Dupuy 92, fol. 204 r°.

[384] Lettre de Marie de Médicis à Louis XIII du 22 décembre 1621 (Bibl. nat., ms. fr. 3708, fol. 41 r°, et 3811, fol. 50 r°.