LE ROI LOUIS XIII À VINGT ANS

 

CHAPITRE IV. — LE SOLDAT.

 

 

Passion de Louis XIII, pour le métier militaire ; il étudie ; il est bon topographe et ingénieur. — Il est surtout officier de troupes ; son expérience ; il commande lui-même maniements d'armes et mouvements : ses créations ; comment il passe les revues. — Ses qualités de chef, son jugement aux conseils de guerre ; sa décision dans l'exécution. — Louis XIII en campagne ; sa simplicité, son endurance ; il supporte d'être mal logé et mal nourri ; son indifférence devant les intempéries. — Louis XIII au feu, impassibilité ; il s'expose aux dangers ; inquiétudes de son entourage : on l'a toujours empêché de charger. — Louis XIII commandant en chef ; son initiative, son activité, sa vigilance : les affaires des Ponts de Cé et de l'île de Ré. — Le jeune roi s'intéresse aux soldats, cause avec eux, en connaît beaucoup ; veille à leurs subsistances ; après les combats se préoccupe de faire soigner les blessés, va les voir. — Son sentiment de la discipline ; sévérité de Louis XIII, fâcheux état de cette discipline au XVIIe siècle ; efforts du roi pour la maintenir.

 

Henri IV, qui ferrailla presque toute sa vie, fut essentiellement un soldat. Louis XIII avait hérité de ses goûts. Mais de même qu'il était loin de présenter la nature de son père, vive et en dehors, de même il était loin de posséder ses qualités brillantes d'entraînement. Il sera un excellent officier, exact, vigoureux ; il n'aura pas la verve et les grandes aptitudes de chef d'armée du vainqueur d'Ivry.

Enfant, il avait manifesté sa passion pour le métier militaire. Ses jeux avait été des exercices Je soldat : brandir une pique, battre du tambour, mettre en ligne des petits garçons et les commander. C'était son plaisir de faire évoluer des soldats d'argent sur une table, puis les enfants des Suisses de sa garde, ses petits Suisses, qu'il constituait en compagnie de gens de pied, les habillant, les armant, les menant dans le jardin des Tuileries, les plaçant dans de petits forts[1]. Il connaissait à fond le maniement d'armes. Nul ne battait du tambour comme lui : N'ayant jamais été montré à battre, déclarait Bassompierre, il exécutoit mieux que les maîtres[2]. A seize ans, il s'amusait encore à monter la garde jusqu'à une heure et demie du matin, seul, dehors, afin de s'aguerrir. Il tirait de petits canons, pointant lui-même : jeux d'enfants, sans doute, mais qui devaient ensuite paraître singulièrement efficaces : Ces choses, écrivait Fontenay-Mareuil, qui ne semblaient alors que des bagatelles, se trouveront très importantes, l'ayant si bien accoutumé (Louis XIII) à entendre parler de la guerre et à en faire son principal divertissement que dès que son sang commencera à bouillonner, il voudra passer des représentations aux vérités et des discours aux effets[3].

Ce ne furent pas chez Louis XIII que des jeux : il étudia.

Il apprit méthodiquement le métier. On l'initia à la technique de l'art. Il dut se familiariser avec les parties les plus complexes de la profession, telles que celles du sergent de bataille, science difficile de situer géométriquement sur le terrain un nombre plus ou moins considérable de compagnies, les faire changer entres elles. Le jeune prince ordonna des batailles sur le papier[4].

Il apprit la topographie. En campagne, les officiers généraux ne marchaient que des cartes à la main[5]. Louis XIII fut un excellent topographe. Il ne se passoit pas de jour, dit l'auteur d'un récit officieux de la campagne de 1620, que le roi ne regardât la carte et ne considérât le pays couvert et découvert (les cartes indiquaient tous les détails) pour voir si la cavalerie était assurée dans ses quartiers et si elle pouvait promptement secourir l'infanterie[6]. Moitié par goût pour le dessin, moitié par souci de mieux retenir les détails, il dessinait des cartes. Il en était arrivé à connaître admirablement les pays qu'il traversait[7]. A Moissac, en 1622, l'armée étant en route vers Montauban, on causait le soir, devant lui, après souper, de la concentration de ses troupes, qui devait avoir lieu près du château de Piquecos. Il y eut discussion sur remplacement de l'endroit, personne ne paraissant le connaître. Louis XIII se fit apporter du papier, une plume, et rapidement esquissa la configuration de la région depuis la Française jusqu'à Négrepelisse. Il fit cela si exactement, disait un témoin, qu'un ingénieur ou géographe étant sur le lieu et tout à son loisir, ne le pouvoit représenter plus naïvement[8].

Louis XIII fut mathématicien. L'art des fortifications était poussé à cette date, grâce aux études techniques des Italiens et des Hollandais, à un degré de précision avancée : le jeune prince dut être ingénieur. Il s'habitua à dresser, le crayon à la main, les lignes d'ouvrages fortifiés de toutes sortes. Il chercha à résoudre des problèmes ; il en inventa. Au moment de partir pour une campagne, il passait des heures à examiner les plans des forteresses qu'il allait rencontrer[9]. Etant en voyage, il allait regarder de près les défenses d'une ville qu'il traversait. Dans le cas où la place avait subi quelque siège, il entendait qu'on lui rappelât les péripéties de la lutte afin d'en suivre sur les remparts les incidents et de s'instruire[10]. Il acquit ainsi une sérieuse connaissance de la fortification. Il faut avouer, disait un de ses familiers, qu'il y a peu de gens se mêlant de fortifications, qui connaissent mieux les défauts et les avantages des places régulières ou irrégulières que lui, qui plus judicieusement rapportent l'ouverture d'un angle, la longueur d'une ligne de défense et qui voient mieux si des avenues sont bonnes ou mauvaises, si des tranchées sont bien conduites et bien sûres[11]. Ses officiers étaient étonnés de la justesse de ses critiques[12]. Louis XIII a désiré posséder dans son cabinet les plans de toutes les villes, citadelles, et châteaux de son royaume. Il a voulu que son ingénieur géographe René Piette gravât les sièges auxquels il avait pris part, de façon à conserver une représentation graphique de ces opérations comme sujet d'instruction. Les sièges ont été gravés ; il existe de ce temps nombre de plans de villes et de châteaux : nous ignorons si l'ingénieur a complètement réalisé les intentions du roi[13].

Louis XIII ne se contenta pas de théorie, il réalisa. Il essaya de faire exécuter dans le jardin des Tuileries ou à Vincennes les dessins d'ouvrages qu'il avait combinés. On le vit, ses papiers à la main, choisir le terrain, faire creuser, opérer des terrassements, ordonner des courtines, des bastions, des boulevards, surveiller lui-même les travaux, mettre la main à l'œuvre, charrier des gazons, payer les ouvriers. En janvier 1618, il élevait un fort assez notable à l'avenue du port de Neuilly. En août de la même année, il construisait un ouvrage à cinq bastions aux Tuileries[14]. Nous ne savons pas qu'il ait voulu aller plus loin et se substituer à ses officiers pour fortifier quelque place de son royaume. Il n'était ingénieur que d'occasion.

Ce qu'il était surtout, c'était officier de troupes, et il l'était excellent. Il avait les qualités de l'emploi. Le prince de Condé faisant son éloge dans un discours qu'il prononçait aux Etats de Languedoc, insistait sur les principaux mérites du roi sous ce rapport : esprit d'administration militaire, courage, ordre, sens développé de la discipline[15]. Il semble que la guerre soit son élément, appuyait un mémoire émanant de l'entourage du souverain et écrit en 1620 ; il a toutes les qualités qui conviennent à un grand capitaine ; nul péril ne l'étonné, nul travail ne le lasse ; il sait prévoir et pourvoir sur ce qu'il y a à craindre et connoit ce qui se doit mépriser[16]. Préoccupé de son métier, Louis XIII en faisait l'objet de ses conversations, autant et plus que la chasse, ce qui était beaucoup dire : il le connaissait à fond[17].

Il l'avait appris peu à peu. Comme les gentilshommes, ses sujets, il n'avait pas eu la faculté d'aller en Hollande, s'instruire à l'école du prince d'Orange, la grande école du moment ; mais on cherchait à répandre en France les principes qui faisaient le succès de la méthode hollandaise[18]. On parlait de pousser les études des académies afin d'empêcher les jeunes gens d'aller chercher au dehors des leçons qu'il s'agissait de leur donner aussi complètes que possibles dans le royaume[19]. Louis XIII, curieux de ce qui concernait le maniement des troupes, employa tous les moyens pour développer ses connaissances. Lui qui lisait si peu, il lut les auteurs anciens, la Tactique d'Elien[20]. Apprenant qu'il y avait au fort Louis, près de La Rochelle, un gouverneur, M. Arnauld, maître de camp du régiment de Champagne, qui entraînait son monde et passait pour un officier remarquable, il envoyait un lieutenant des gardes s'engager incognito comme simple soldat dans la garnison de cet officier pour suivre ses méthodes ; puis, le lieutenant rentré à Paris au bout de deux mois, Louis XIII s'enfermait avec lui des heures, écoutant ses explications et réalisant au moyen de soldats de plomb, les formations inédites signalées[21]. Lorsqu'il passait sur l'emplacement de quelque bataille, le jeune roi ne manquait pas de se faire raconter les circonstances de la rencontre et d'en faire son profit. Une fois où il se trouvait à Coutras, et étudiait ainsi les conditions de la bataille gagnée par son père, on lui dit que les adversaires avaient été battus en raison de la jalousie qui existait entre les commandants. Louis XIII prit thème de cet incident pour expliquer à son entourage avec grand jugement, qu'ils doivent, sans considération de gloire ni d'honneur, aspirer au bien de l'État, quand même il seroit à leur désavantage, et sacrifier leur affection et volonté à la couronne[22]. Le côté moral ne lui échappait pas plus que le côté technique.

Ce fut par cette application qu'il acquit une expérience développée. Son historiographe Bernard disait : l'habitude et parfaite connaissance de la disposition des troupes et des armées furent si grandes chez le roi que jamais prince ni capitaine ne les a possédées à ce degré[23]. Le secrétaire du maréchal de Toiras, Michel Baudier, écrivait avoir vu souvent Louis XIII remplir les fonctions d'officier, et avoir été frappé de la façon dont il réussissait[24]. Tous les témoignages s'accordent pour vanter les talents du jeune souverain : Sully les admirait[25] ; Héroard raconte comment le prince couché, le soir, faisait appeler le sieur d'Argenton, fort entendu aux fonctions militaires, et s'amusoit à dresser avec lui diverses sortes de bataillons et en inventoit de nouveaux, tant il était inventif aux choses de la guerre[26]. Seulement, devenu jeune homme et maître de son royaume, ce n'était plus avec des pages ou des petits Suisses que Louis XIII manœuvrait, c'était avec de vraies troupes, des compagnies d'infanterie empruntées à ses régiments. Les jetons et soldats d'argent utilisés dans le silence du cabinet pour établir les formations théoriques, — usage courant de l'époque et pratiqué par le prince d'Orange en personne[27], — il expérimentait en plein champ avec des effectifs nombreux et serrés.

Le voilà à Saint-Germain, faisant mettre au préau quatre compagnies des gardes-françaises en bataille, 600 hommes. Il leur commande l'exercice de la pique et du mousquet, les fait évoluer, demeure avec eux de trois à sept heures du soir, par un temps chaud d'août ou de septembre peu propice. À Compiègne, en 1624, plusieurs jours durant, on le voit monter à cheval, donner rendez-vous à six ou huit compagnies près La Croix-Saint-Ouen, à Rémy, à Réthondes, leur faire exécuter les maniements d'armes, puis des mouvements. Il priera la reine et les grands seigneurs de venir le voir et chacun s'accordera à trouver qu'il fait extrêmement bien[28].

C'est à lui que revient le mérite, avant 1624, de la création des régiments d'infanterie de Normandie et des Suisses, puis de celle des mousquetaires à cheval.

Avec les troupes levées par Concini et devenues libres après la mort de celui-ci, il a constitué, en 1617, un régiment destiné à marcher à la suite des quatre autres vieux conservés par Henri IV, les guerres civiles terminées, — Picardie, Piémont, Champagne, Navarre, — et qui devait porter le nom illustre de régiment de Normandie. Cadenet, le frère de Luynes, en fut le premier maître de camp[29]. C'est également à partir de cette époque que les compagnies des Suisses ont été réunies en une formation nouvelle qui prit le titre de régiment des gardes suisses[30]. Il n'y avait, jusque-là, à la Cour, que les Cent-Suisses, petite troupe de parade, formant le service d'honneur de la personne royale ; et l'importante masse de soldats étrangers loués aux cantons depuis Louis XI, ne pouvant dépasser le maximum de 16.000 hommes[31]. C'étaient de bons soldats, fidèles, solides, un peu lourds, marchant à pas comptés et avec des pieds de plomb, à la cadence du colin-tampon[32]. En en faisant un régiment, Louis XIII leur donnait plus de cohésion et, à côté du corps des gardes françaises, constituait d'eux une unité régulière très forte de la grade.

La création des mousquetaires à cheval fut plus originale. L'idée, qui est l'idée même de la cavalerie de ligne, n'était autre que de constituer des corps de cavaliers armés de mousquets, susceptibles, quand besoin serait, de descendre de leurs montures, et de soutenir le combat à pied comme des fantassins[33]. La formation d'une troupe qui n'avait plus de piques, préparait l'élimination de cette arme encombrante ; la baïonnette, d'ailleurs, existait déjà[34].

Louis XIII choya son corps de mousquetaires. Il avait créé une seule compagnie de cent maîtres, comme on disait, les habillant superbement de rouge, avec une casaque bleu galonnée, ornée d'une grande croix blanche devant et une autre derrière. Il ne voulut que des soldats de choix, des gentilshommes, qu'il alla chercher dans ses gardes du corps et auxquels il promit, après quelque temps de service sous la casaque, des enseignes et des lieutenances dans les gardes ou dans les vieux régiments : la compagnie devenait ainsi une école d'officiers[35]. Il se fit suivre d'elle : s'en allant à Fontainebleau pour chasser, il menoit seulement avec lui, disait Arnauld d'Andilly, ceux de ses petits plaisirs et sa compagnie de mousquetaires à cheval qu'il affectionne extrêmement[36]. Ce fut cette troupe que Louis XIII employa dans ses essais de manœuvre, le champ des exercices à exécuter avec une infanterie montée étant nouveau et varié. De Saint-Germain il se rendait sur la grande route de Poissy pour combiner ses mouvements. A Compiègne, prenant six compagnies de gardes françaises, près de 1.000 hommes, et ses mousquetaires, il tentait des sortes de manœuvres de campagne, mêlant les mousquetaires aux gardes ; il les surveillait aux tirs et tirait avec eux[37]. Louis XIV portera l'effectif de ses mousquetaires de la garde à deux compagnies de 250 hommes chacune et l'idée de l'infanterie montée aura ensuite une fortune dont on oubliera l'initiateur. Ce qui surtout, aux yeux du public, témoigna le plus ostensiblement des qualités militaires de Louis XIII, ce furent les revues, ou, comme on disait en ce temps les montres générales. Le roi les aima beaucoup. De sa main, Louis XIII faisait d'avance le plan des revues, préparait les mouvements[38]. Sur le terrain il avait deux façons de procéder : ou bien c'était la parade, une grande représentation militaire : on voyait en ligne dix bataillons d'infanterie et seize escadrons de cavalerie — chaque bataillon ou escadron formant un carré, les premiers offrant des forêts de piques qu'entouraient les mousquetaires. — A un signal donné par le souverain, les carrés s'avançaient sur un même front, puis, faisant quart de conversion à droite, les dix bataillons d'infanterie allaient en liane de file, se dégageant de la cavalerie qui se groupait en deux corps et le défilé suivait, les cavaliers l'épée au poing, par escadrons, l'infanterie par trois divisions, deux de mousquets, et une de piques[39]. Ces sortes de revues étaient exceptionnelles. Dans les autres, plus pratiques, Louis XIII inspectait et regardait de près. Une fois la présentation terminée, par bataillons, il faisait rompre les formations et chaque compagnie défilait devant lui, fifres et tambours en tête, capitaine, lieutenant, enseigne, sergents, caporaux et anspessades chacun à leur place, les hommes deux par deux. Le souverain, à cheval, était flanqué de deux commissaires des guerres qui comptaient les hommes à mesure. Il était impossible de ne pas s'apercevoir si les compagnies n'étaient pas au complet ou n'utilisaient pas des passe-volants. Louis XIII procédait à l'improviste à des revues de ce genre qui effrayaient beaucoup les officiers. Près de Poitiers, en 1620, il opéra de cette façon sur la petite armée qu'il conduisait : la séance dura huit heures : la patience du roi ne se lassa pas[40].

Ce qui rendait ces inspections dangereuses était que le jeune prince avait une parfaite mémoire de tous les officiers, voire même de beaucoup de soldats. À cette revue de Poitiers, l'on fut étonné de lui entendre nommer tous les chefs. Personne ne paraissait au courant comme lui de l'état des corps : il savait les mérites et les démérites de chacun : il estimait nécessaire de bien apprécier le fort et le faible d'un lieutenant ou d'un capitaine, de manière à savoir ce qu'il aurait à répondre si l'on venait demander pour lui une faveur. Il se plaisait surtout à étonner par cette connaissance qu'il avait d'anciens soldats blanchis sous le harnais[41]. On a tenu pour une excellente partie aux généraux d'armée, écrivait Bernard, de connoitre bien leurs capitaines et ceux qui ont eu quelque commandement sous eux : le prince ne les connaissoit pas seulement mais il savoit signaler les principaux soldats des vieilles troupes, les figurant par leurs gestes, leurs allures et par l'estime qu'en faisoient ceux qui les avoient en charge[42].

Puis, ce qui achevait de rendre ces revues détaillées inquiétantes, était que Louis XIII prenait îles sanctions immédiates. Si une compagnie ne comportait pas le nombre d'hommes réglementaire, — le trésor se trouvant paver par là à un capitaine peu délicat la solde et l'entretien de plus de soldats qu'il n'en avait réellement, — Louis XIII sévissait sur-le-champ[43]. Le jeune souverain apportait à ces inspections la scrupuleuse conscience, la rigueur et le zèle attentif d'un chef.

Car c'était un chef. Il avait de la fonction les qualités nécessaires : la précision, le bon sens, la volonté claire et résolue. Dans les conseils de guerre, il montrait une netteté et une décision remarquables. En 1620, l'armée arrivant devant le château de Caen avec l'intention de l'assiéger, Louis XIII faisait apporter au conseil des officiers généraux qu'il présidait, le plan du pays deux lieues à l'entour et il l'étudiait devant tous, indiquant par où il supposait que pouvait venir quelque troupe de secours, marquant les points qu'il fallait particulièrement fortifier afin de les mettre à l'abri d'une contre-attaque, fixant les endroits où devaient être assises des gardes de cavalerie et le nombre qu'il y falloit employer pour couvrir les assiégeants, puis prescrivant d'expédier des éclaireurs dans toutes les directions[44]. Lorsqu'on discutait, il écoutait et faisant preuve du même jugement que celui qu'il montrait dans le conseil des ministres, il se prononçait pour le parti le plus sage. S'il donnait son propre sentiment, les assistants remarquaient qu'il était judicieux : Par son admirable prévoyance, ajoutait un témoin, le roi se rend aujourd'hui un des plus grands et accomplis capitaines qu'on ait encore vu en France[45], expression sans doute exagérée mais qui correspondait à des réalités flatteuses pour le prince. Gomme il connaissait ses officiers de troupes, il connaissait ses officiers généraux, savait ce qu'ils valaient, ne se fiait à leurs jugements que dans une mesure raisonnée : Schomberg, mandait Marillac à Richelieu le 5 septembre 1622 devant Montpellier assiégé, écrit que le roi se trouve fort étonné de n'avoir personne autour de lui de qui il ait bonne opinion pour la guerre[46]. Il paraissait difficile.

Réfléchi et avisé dans les délibérations, il était ensuite énergique dans l'exécution. Ce que vous avez commandé en très prudent et sage chef, lui disait Dupiney, vous êtes le premier à l'exécuter comme le plus hardi et aventureux soldat de vos troupes[47]. D'instinct, le jeune roi inclinait vers les solutions vigoureuses. Au moment de l'affaire des Ponts de Ce, lorsque l'attitude de la reine mère rendait inévitable un conflit, c'était lui qui décidait d'aller de l'avant et d'attaquer : Il faut jeter le fourreau de nos épées deçà Loire, disait-il[48]. La campagne de 1622 contre les protestants résolue, il manifestera une impatience fébrile à partir. Le public le savait ardent à la guerre. Vous représentez-vous, écrivait un contemporain, roi plus belliqueux qui ait jamais porté sceptre en sa main, ni couronne sur la tête, roi qui se porte plus courageusement aux endroits là où il voit qu'il y va de l'importance de son Etat ?[49] Au moindre incident nécessitant des mesures fermes, il prenait des décisions avec rapidité et voulait qu'elles fussent exécutées de même : Mon cousin, mandait-il à M. de Roquelaure, le 2 novembre 1621, en apprenant que l'assassinat de M. de Boisse-Pardaillan avait fait tomber la petite ville de Monheurt entre les mains de ses ennemis, je suis si fort indigné de la mort du sieur de Boisse, que je suis résolu de châtier ceux qui en sont coupables et de remettre Monheurt en mon obéissance. Sachant que vous en êtes éloigné à présent, j'ai commandé au sieur de Chabans de s'y acheminer avec des troupes et les munitions nécessaires et de faire ce qu'il faudra en attendant que vous y puissiez être : je vous prie que ce soit au plus tôt[50]. Il devait y aller lui-même ; il donnait l'exemple.

L'impression que laisse le témoignage de ceux qui l'ont approché en campagne est que Louis XIII est un soldat énergique, calme, froid, dur pour lui-même, surtout d'une grande force de résistance. Il se lève tut, se couche tard, dort peu ou mal, demeure des journées entières en selle et ne se plaint jamais. Suivons-le au milieu de ses troupes.

Il s'habille modestement, comme un soldat, avec des vêtements de bure, toujours l'épée au côté[51]. S'il doit aller au feu, il se revêt d'une armure : cuirasse, tassettes, casque orné d'une grande plume blanche, le blanc étant la couleur et le signe du haut commandement[52] : dans certains cas, même, où il est besoin qu'on le voit mieux, il s'habillera d'un costume blanc, pourpoint et collet blanc, la plume blanche au chapeau et l'écharpe blanche, marque de sa suprême autorité, en sautoir[53]. Son cheval de bataille est un grand cheval d'Espagne qui s'appelle l'Armenille[54].

Fatigues, privations, contretemps, il supporte tout allègrement, avec une bonne humeur joviale et française. Depuis Moissac jusqu'à Saint-Antonin, écrit en 1622 celui qui rédige le compte-rendu officieux de la campagne, Sa Majesté a presque toujours campé, souffert les incommodités des extrêmes chaleurs, des mauvaises eaux et autres, avec plus de gaieté que gentilhomme de son armée[55]. Il est fort gai, mande Puisieux à son père le chancelier[56]. Marillac dit à Richelieu : Le roi va gaiement et légèrement vers ses ennemis. Aujourd'hui il a voulu donner à souper à une douzaine de personnes qu'il a choisies ; la chère a été bonne. Au milieu du repas, il s'est levé en pied et, tête nue, m'a fait l'honneur de m'adresser la santé de la reine mère avec un visage de contentement[57]. Il n'est fatigue devant laquelle le jeune roi recule. Il voyagera de nuit. Au siège de Montpellier il se lèvera à minuit sur l'avis que quelque secours menace d'arriver à la place, se fera botter, éperonner, gagnera à cheval la hutte du colonel des Suisses, dans laquelle il demeurera jusqu'à cinq heures et demie du matin en observation, sans d'ailleurs rien voir venir, quitte, l'après-midi, à dormir de trois heures au soir afin de se reposer[58].

Quelquefois, il lui arrive d'être aussi mal logé que le dernier des goujats de l'armée : il ne dit rien[59]. Devant Royan, son logis, maison chétive de paysan, n'a qu'une petite salle basse et, au-dessus, une chambre pour mettre son lit, dans laquelle on eût vu les tuiles, si on ne les eut couvertes d'une pièce de tapisserie. Il y avoit auprès un méchant petit bouge en galetas, sur une écurie, lequel on garnit de tapisseries et que l'on fit servir pour son cabinet. Sa Majesté ne laissa pas de venir là gaiement[60]. Vingt fois il est gîté aussi misérablement. Devant Saint-Antonin, il n'a qu'une petite pièce basse et délabrée[61] ; à Négrepelisse il doit se contenter d'une chambre de métairie située sous le toit, lequel est à jour ; il faut accéder à la chambre par une échelle et le plancher est si branlant qu'on interdit d'entrer de peur que tout ne s'effondre ; le dessous est un cellier transformé en salle des gardes[62]. Heureux quand le roi rencontre une auberge de rouliers comme celles des Trois-Rois à Castillon-sur-Dordogne[63]. Il est des jours où il ne trouve même pas de masure de paysan. Force est de camper. On lui monte des tentes. Devant Saint-Jean-d'Angély, en 1621, on tendra ainsi des tentes dans une prairie : tout le luxe que demandera Louis XIII sera qu'on planchéie le sol : il s'accommode gaiement de son sort et même priera sa femme, Anne d'Autriche, qui accompagne l'armée à quelque distance, de venir voir son installation dont il lui fait les honneurs avec bonne grâce[64].

Pour la nourriture, il n'est souvent pas mieux pourvu et ne se montre pas plus difficile. En général, le personnel chargé de sa bouche, le gobelet, doit le suivre et lui fournir de suffisants menus. Il arrive que le gobelet perde le roi ou ne parvienne pas à le rejoindre à l'étape ; d'où l'obligation pour Sa Majesté de s'en tirer comme elle peut. A Marmande, M. de Toiras fera souper Louis XIII à la poste, sous une treille préparée par les Suisses[65]. Ailleurs, le prince se bornera à manger des viandes froides sur un panier : sans façon, il s'installera sous un chêne, sous un prunier, sur l'herbe. Après avoir quitté Montauban, à Albias, il s'arrête au grand soleil, eu plein champ labouré, pour manger les cuisses et les ailes froides de deux gelinottes rôties, l'estomac d'un poulet d'Inde froid et vingt cerises crues. Encore ici a-t-il des provisions. Il est des circonstances où il en manque. Il fait alors comme les soldats, il s'en procure, s'il peut, en les achetant de ses deniers et ne craint pas de se contenter de ce que mangent les paysans. Il se nourrira de pain de village ; il prendra chez le premier boulanger venu ce qu'il trouvera[66] : devant Négrepelisse, il manque de vin et ne boit que de l'eau, ce qui n'avoit point été vu par les plus vieux courtisans et officiers de la maison du roi, dit l'exempt des gardes Bordeaux[67]. En 1622, en Poitou, il marchera longtemps à la queue du régiment des Suisses ; à onze heures, n'ayant rien à dîner, mangera du pain qu'il achète des Suisses et un peu de leur fromage dont il n'avoit jamais mangé[68]. Louis XIII, parfois, en est réduit à préparer lui-même ses aliments avec quelques restes recueillis dans les voitures malpropres des vivandiers. Passant près de Tonneins, en 1621, et son entourage se trouvant dispersé sous l'effet d'un orage, il revient coucher à Haute-Vigne, sans avoir aucun de ses officiers et soupe de ce qu'il peut trouver dans les charrettes de quelques vivandiers qui étoient demeurés derrière, ce que lui et ceux de sa troupe apprêtèrent sans cuisiniers. Il ne se plaint pas ; il trouve naturel de donner l'exemple[69]. Le roi a toujours pris sa part de la fatigue dans les armées, disait Jean Danès, montrant aux soldats à supporter généreusement le mal quand il s'est présenté. S'il y a eu des incommodités à recevoir, c'est lui qui les a essuyées le premier. Si les soldats ont eu faim, il a jeûné avec eux et souvent on l'a vu manger d'un même pain de munition et de viande sans attendre les pourvoyeurs. Il a fait voir partout qu'il n’y a eu prince plus laborieux et endurant aux fatigues de la guerre que lui[70].

Cette endurance a fait l'étonnement de ceux qui l'ont approché. Il ne paraît pas ressentir outre mesure la fatigue physique ; il s'impose, ou il subit, des corvées qui lasseraient des corps vigoureux. Au siège de Saint-Jean-d'Angély il restera douze heures à cheval, sans manger, faisant l'inspection des défenses de la place, de ses troupes et des batteries[71]. A l'affaire de l'Ile de Rié, il demeurera en selle de trois heures du matin à six heures du soir, sans mettre pied à terre et par une chaleur torride de mois d'août : J'ai été seize ou dix-sept heures à cheval, écrit-il à Anne d'Autriche, (en réalité, quinze heures) avec tant de contentement que le temps ne m'a duré et, si, ne ressentois nullement l'incommodité de la chaleur qu'il faisoit[72]. Le soir, cantonnant dans une méchante métairie où il avait à peine de quoi manger, et ne trouvant, pour coucher, qu'un châlit et de la paille qui, la nuit précédente, avaient servi à quelques-uns de ses ennemis, il faisait jeter sur cette litière une de ses casaques de chasse, s'enveloppait d'un grand manteau et s'étendait tel que, pour dormir : c'était de la rusticité[73].

Il est indifférent aux intempéries. Nous venons de le voir subir, sans rien dire, de fortes chaleurs, bien que celles-ci lui soient particulièrement désagréables et assez dangereuses. Il supporte la pluie. En maintes occasions, lorsqu'on le voit marcher sous des ondées interminables, qui le transpercent, on le supplie de prendre quelques précautions, de se mettre à l'abri en montant dans son carrosse ; il refuse, prétextant toujours qu'il doit donner l'exemple. Près de Caen, en 1620, il fera défiler ses troupes et demeurera trois heures immobile, à cheval, sous une pluie battante, sans vouloir ni rompre le défilé ni se retirer[74]. Le cas le plus remarquable a été un orage extraordinaire que l'armée subit en 1621, près de Tonneins, en marchant sur Montauban. L'on ne pouvoit voir, disait Bernard, plus grand déluge. Tout le pays d'alentour en étoit submergé : chacun se sauvoit en désordre où il pouvoit. Les rivières étaient débordées ; les gens de cheval en avoient jusqu'aux sangles ; de l'infanterie, plusieurs avoient ôté leurs habits, les portant avec leurs armes sur leurs têtes. Le roi, avec ce qui lui restait d'escorte, s'étant arrêté devant un ruisseau, le Tolosat, qu'il ne pouvait traverser en raison de la crue, avait envoyé en amont et en aval chercher un passage ; il attendit deux grosses heures durant, raconte Héroard, et cependant la pluie, invariable en impétuosité et abondance, tomboit sur lui, qu'il enduroit et n'ayant jamais voulu se mettre à couvert, disant que les autres n'y étoient point. Devant l'impossibilité de franchir le Tolosat, le roi finit par trouver asile dans une propriété du baron de Fumel. Mais là, il ne put ni se changer, ni se débotter, n'ayant pas de vêtements sous la main. Et encore était-il plus inquiet de l'état de son armée que de lui-même[75].

 

Ce calme et cette maîtrise de soi qu'il manifestait ainsi à l'égard des intempéries, Louis XIII en faisait preuve surtout au feu. Il a été un soldat intrépide.

A l'inverse de son père, Henri IV, qui vaillant cavalier, chargeant à fond, emporté par la griserie de la bataille, était moins capable de demeurer immobile au milieu des boulets et des balles où il se signait et pâlissait un peu[76], Louis XIII ne chargeait pas, mais il se montrait d'une impassibilité stoïque devant le danger. Il ne craignait pas[77]. A Luynes, qui tâchait de l'empêcher d'entrer à Châtellerault sous prétexte qu'il était imprudent, au moment où les protestants du royaume étaient enragés contre le gouvernement, à propos des affaires du Béarn, de pénétrer dans une ville huguenote avec, seulement, trente chevaux de poste, il répondait : Entrons, je vous réponds de notre sûreté[78]. Une fois où, se trouvant à la chasse près de Tours, une grosse couleuvre, longue environ de quatre pieds, venait droit à lui à grands élans, on lui cria qu'il eût à prendre garde : il la vit à six pas près ; froidement, il coucha en joue de son arquebuse et tua la bête : il ne tremblait pas[79].

Tous les contemporains sont d'accord pour affirmer sa placidité dans les circonstances les plus dangereuses. Il garde un visage ferme et assuré. Il sourit même des appréhensions des autres[80]. De campagne en campagne, il n'est siège auquel il ne s'expose, affaire dans laquelle il ne s'aventure pour essuyer le feu des projectiles. En 1620, devant Caen, il ira à la tranchée, malgré les observations de son entourage, sera salué d'une douzaine de mousquetades qui tomberont à ses pieds ou à ses côtés ; il se prit à rire d'un qui s'était laissé tomber d'effroi, considéra les tranchées et où l'on faisoit les batteries, et ne se pouvant lasser d'être en ce péril et de considérer la place, on le força d'en sortir[81]. En 1621, au siège de Clérac, Sa Majesté s'arrêta à la portée des mousquetades de la ville, et fallut qu'on la forçat de changer trois fois de place à cause que plusieurs gentilshommes étoient blessés au derrière ou à côté de sa personne[82]. Il semble qu'il éprouve une joie spéciale à sentir la poudre et à entendre le bruit des combats. Devant Montauban, il s'avance assez pour qu'un boulet vienne tuer un laquais à ses côtés, sans qu'il paraisse autrement ému[83]. Sa conduite devant Royan, en 1622, fit le sujet des conversations de toute l'armée. Il s'était levé à quatre heures du matin afin d'aller, avec M. d'Epernon, examiner l'état des travaux d'approche ; il monta trois ou quatre fois sur les banquettes des tranchées et se tint si longtemps à découvert que nous frémissions, déclare un assistant, du péril où il se mettoit avec une plus grande froideur et assurance qu'un vieux capitaine n'eût su faire. Il remonta à cheval, rentra : il passait par un endroit assez en vue, lorsqu'un boulet sifflant à deux pieds au-dessus de sa tête, vint s'enfoncer dans le sol. Mon Dieu, Sire, s'écria Bassompierre, ce boulet a failli vous tuer !Non, pas moi, répondit Louis XIII, mais M. d'Epernon. Il n'avait pas baissé la tête. Comme tous ceux qui étaient près de lui s'écartaient vivement, il ajouta en riant : Comment avez-vous peur que la pièce tire encore ! Il faut qu'on la recharge de nouveau ! Sans flatterie ni adulation, disait Bassompierre, je n'ai jamais vu un homme, non un roi, qui fût plus assuré. Le feu roi, son père, qui estoit en l'estime que chacun sait, ne témoignoit pas une pareille assurance ![84]

Louis XIII s'est trouvé au milieu de paniques : il y a fait excellente figure. A Longuetille, devant Monheurt assiégé, le 13 décembre 1621, s'éleva soudain, vers les deux heures de l'après-midi, un bruit de combat et de coups de mousquet ; ce fut un sauve-qui-peut général : le roi, s'armait vivement : le grand prévôt lui dit : Si Votre Majesté se veut retirer, l'on peut faire ici deux cents chevaux !Me retirer ? s'écriait le roi, je veux mourir plutôt que de me retirer ! et ralliant trois à quatre cents soldats, donnant des ordres avec une incroyable résolution, il parvenait à rétablir le calme : la panique provenait d'une dispute de soldats[85].

Si l’on n'a pu contraindre Louis XIII à ne pas s'exposer au feu de l'ennemi, du moins est-on parvenu à l'empêcher de charger. Il n'a jamais chargé. Entraîné parles sonneries de trompettes, les batteries de tambours, l'ardeur des soldats, il eût souvent voulu s'élancer avec les troupes : l'entourage et surtout le duc de Luynes y ont mis bon ordre[86]. C'était affaire à Henri IV, son père, de s'aventurer ainsi, lui qui avait à conquérir son royaume. La condition de Louis XIII était différente : sa dignité lui interdisait de s'exposer comme un carabin. La bataille des Ponts de Ce fut une de celles où on eut le plus de peine à le retenir. Dès qu'il eut ouï les premiers coups de canon et d'escoupeterie, il se sentit échauffé d'une ardeur martiale, tellement qu'il vouloit aller où il faisoit le plus chaud... descendre en la prairie et entrer dans le combat. Mais Monsieur le prince, le duc de Luynes, le sieur de la Curée et autres seigneurs qui étoient près de Sa Majesté l'arrêtèrent[87]. Le roi eut souventes fois échappé, si lesdits seigneurs l'eussent quitté de vue[88]. C'est qu'il désirait, comme il disait, acquérir de l'honneur ! Nétron, mandait-il à son ami M. de la Curée, je suis trop assuré de votre affection à mon service pour vous oublier aux occasions qui s'offriront de faire encore paroistre votre courage. Les bruits qui courent ne me mettent pas encore à cheval ; s'il en faut venir là, j'espère que vous me verrez bien faire et que vous serez des plus proches de moi au lieu où l'honneur s'acquiert ; je n'ai autre chose à vous dire, sinon de vous tenir prêt. C'est presque l'allure décidée, vaillante et spirituelle d'Henri IV[89].

Mais on s'inquiétait trop de ses imprudences ; il y avait une entente générale autour de lui pour le retenir. Comme le moindre gentilhomme de votre armée, lui écrivait Marie de Médicis, en avril 1622, vous avez fait toute la fatigue, et, comme un maréchal de camp, vous étiez à la tête pour en venir des premiers aux mains. Pardonnez-moi si je vous dis qu'en cette rencontre ma joie a été mêlée d'étonnement. Au nom de Dieu, n'en usez plus de la sorte ; songez que vous êtes roi et que vous devez la conservation de votre personne à vos peuples. Ce sera plus de générosité désormais de retenir votre courage et le faire paraître dans l'ordre et la conduite que de vous exposer au péril comme un simple capitaine[90]. Les ministres se tourmentaient[91]. Le premier aumônier de roi, archevêque de Tours, chargé d'intervenir, faisait au roi des remontrances solennelles afin de le prier de ménager ses jours, de laisser à d'autres le soin d'exécuter ses décisions[92].

Sur ce dernier point, au moins, rien n'y a fait. Louis XIII a entendu conduire toutes les campagnes engagées de 1620 à 1624. A toutes il a apporté le même esprit de décision, d'entrain, d'initiative et de bonne humeur hardie. En 1620, osant soumettre la Normandie avec une troupe seulement de 3 200 hommes, comme on cherchait à l'arrêter dans le conseil tenu à la Bouille, près de Rouen, en faisant valoir les difficultés sans nom qui s'offraient à lui, il répondait : Péril de çà, péril de là ; péril sur terre, péril sur mer : allons droit à Caen ! La formule définissait sa manière[93]. Voyons le dans son rôle de général.

Mettant son hausse-col, faisant arborer sa cornette blanche, marque distinctive de son haut commandement, il marche en tête de son armée[94]. Il s'occupe de tout. Aux étapes, le soir, avant de se coucher, il dresse la carte des logements de l'armée, pour la journée du lendemain, c'est-à-dire le tableau des cantonnements. Au jour, il s'assurera de l'exécution de ce qu'il a décidé, interrogeant pour savoir si les logements prévus sont suffisants, ce qu'il y a à faire, s'informant des commodités et des dangers de l'installation[95]. Il n'est pas croyable, écrit quelqu'un, combien Sa Majesté se rend soigneuse des logements de son armée, voulant toujours savoir où est son canon, comment il est gardé ; si toutes ses troupes sont logées près les unes des autres et en lieu d'où elles se puissent secourir et où elles aient commodément les eaux, les bois et les fourrages ; si elles sont proches de celles des ennemis, ce qui les sépare, et comment elles s'en peuvent garder ou les attaquer et quels avantages elles peuvent avoir les unes sur les autres[96]. Il a conscience de ses responsabilités. Il veille aux charrois, s'assure des réquisitions nécessaires à faire dans les paroisses des élections qu'on traverse, pour transporter les canons, munitions et équipages[97]. De sa main, il règle les états de solde des troupes[98]. En cours de route, on le voit remplir les fonctions d'un officier ordinaire quelconque, si besoin est : par exemple, près de Moissac, en 1622, diriger les travaux de terrassement à effectuer pour rendre un chemin praticable à l'artillerie[99]. La campagne terminée, il fixera le nombre des soldats à licencier[100].

Il est bien général en chef. Son secrétaire de cabinet, Damon, racontait à Jean Danès que, la veille d'une attaque, le prince, au milieu de la nuit, à deux heures du matin, se levait, écrivait les ordres de bataille, fixait l'emplacement des troupes, réglait leurs marches, établissait leur mode de concentration : il travaillait jusqu'au jour[101]. La nuit qui précéda une affaire, s'étant ainsi réveillé et étudiant la carte, comme il s'apercevait que sa cavalerie, mal placée, risquait d'être surprise, il appelait un de ses valets de pieds, et l'envoyait porter des ordres écrits de sa main, afin de modifier l'emplacement défectueux[102]. Le sieur Damon, qui est judicieux, déclarait Danès, m'a dit plusieurs fois qu'il étoit ravi de voir le bon sens avec lequel le roi raisonnoit (de ces questions) et la grande science qu'il paraissoit avoir en l'art militaire[103].

Jusqu'au moindre détail, rien n'échappe à Louis XIII. Il entend les rapports. Puységur raconte dans ses Mémoires une scène qui se passe au siège de Montpellier de 1622 et nous montre le roi écoutant un soldat de retour d'une reconnaissance : le prince est assis dans son fauteuil ; il demande à l'homme son nom, sa compagnie, s'il est gentilhomme ; lui prescrit d'expliquer l'affaire comme elle est et de lui dire la vérité, parce que, selon qu'il la dira, on prendra la résolution de faire attaquer. Le soldat parle. Quand il a fini : Passez dans la chambre et demeurez-là jusqu'à ce que je vous envoie quérir, fait le roi. Une demi-heure après il le prie de recommencer son récit devant d'autres témoins, puis conclut : Il faut que la chose soit bien véritable me l'ayant dit à moi-même par deux fois, et tout se trouve conforme[104].

Il suit chaque chose de près. Au moment d'arriver à Saint-Jean-d'Angély qu'il va attaquer, il inspectera avec soin son artillerie, fera tirer onze coups de canon pour s'assurer du jeu des pièces autant que pour avertir les gens de la ville[105]. Parvenu à la place, il restera douze heures à cheval, afin d'examiner les détails de la défense, étudier comment les tranchées seront entreprises, les batteries dressées, les troupes logées et les vivres et munitions apportées à l'armée. Il tiendra conseils sur conseils, écoutera les avis, décidera ; son activité et sa prévoyance sont inlassables[106]. Devant Royan, Marillac mandait à Richelieu : M. le comte de Soissons fait la charge de lieutenant-général, et le roi celle de général, prenant cognoissance de tout et ordonnant tout de lui-même. Il nous hâte tant qu'il peut de mettre les tranchées en état de le recevoir, car il bout d'impatience de les voir et de s'y montrer[107]. Au siège de Montauban, le souverain ne se contentera pas de suivre avec des lunettes d'approche, du haut des fenêtres ou des terrasses de son château de Piquecos les troupes du siège, là-bas, dans la plaine[108], il visitera constamment les quartiers de troupes, prenant ses repas dans la lento du prince de Joinville, et voulant avoir l'œil incessamment ouvert sur tout ce qui se passe et se l'ait en son camp. Aucune attaque ne se décidera qu'elle n'ait été délibérée en conseil de guerre où il ait dit son mot : aucune mesure ne se prendra en dehors de lui et sans lui[109].

Il s'irrite si une affaire s'engage à son insu. Arrivées près de Clérac, les troupes ont ouvert d'elles-mêmes le feu. Le roi étoit en chemin au commencement du combat ; il prit le galop et se fâcha fort de ce qu'on avoit détaché les bataillons de leurs postes avant son arrivée et en fît de grands reproches aux maréchaux de France qui lui dirent, pour se justifier, qu'on avoit été contraint d'y aller parce que les ennemis les avoient irrités par la sortie de leurs barricades, mais qu'ils étoient aises que Sa Majesté ne s'y fui point trouvée parce que le péril y étoit grand[110]. Lors des assauts de Négrepelisse et de Saint-Antonin, c'est le prince qui dispose les colonnes et on admire beaucoup l'ordre qu'il a adopté[111]. A Montpellier, l'annonce de l'arrivée d'un secours le contraignant à prendre des mesures, il forme lui-même un corps de 1.000 fantassins, tirés des régiments de sa garde et des vieux régiments, les mène à l'endroit voulu, les dispose en cinq bataillons carrés, marche à leur tête entouré de cavaliers et de seigneurs de la cour. Il y avoit de la satisfaction, dit un témoin, à voir notre roi armé de toutes pièces, bien résolu et montrant un grand désir de rencontrer les ennemis qu'il appréhendoit si peu[112]. Il lui arrivera, au siège de Saint-Antonin, de suivre avec une telle passion l'attaque, que se rappelant ses prouesses du jardin des Tuileries il se mettra à pointer le canon et tuera deux paysans qui remparaient les murs ; c'était peut-être trop : il paraît l'avoir compris et n'a pas recommencé[113]. Deux affaires ont surtout montré à son entourage ses qualités de chef : les combats des Ponts de Cé et ceux de l'île de Rié.

C'est lui qui a eu l'idée de l'attaque des Ponts de Ce, ne voulant pas s'en prendre à Angers, par respect pour sa mère qui s'y trouvait. Il disposa les troupes, examina avec soin l'intervalle des bataillons et des escadrons d'infanterie et de cavalerie, la place des Suisses et de sa cornette blanche. A l'avis apporté par M. de Nérestan que, dès le premier contact, l'ennemi branloit, il décidait la charge malgré l'avis contraire de M. de Luynes[114].

L'affaire de l'île de Rié, en Poitou, eut un certain retentissement : les contemporains l'ont exaltée en raison du courage et de la présence d'esprit dont fit preuve le jeune roi. Il s'agissait d'attaquer Soubise qui s'était retranché avec trois ou quatre mille hommes dans un de ces coins de la côte du Poitou que la marée montante transforme en île en circulant au milieu des basses terres du littoral. On devait attendre que la mer fût retirée, à minuit, pour passer à pied sec un chenal[115]. Louis XIII s'était retiré dans une masure et s'était couché, tout habillé, sur de la paille, enveloppé d'un manteau, en attendant l'heure. A minuit il était debout armé, casqué, partant en tête de sa cavalerie, 500 chevaux. On lui conseillait d'attendre son infanterie. Il ne voulut pas. Le chenal franchi, il prit le galop. Un désordre extrême saisit les troupes de Soubise qui s'enfuirent dans la plus grande confusion vers les vaisseaux. A ce moment la mer remontait ; le roi allait se trouver coupé de son infanterie ; on le lui fit observer : il tint bon ; finalement il restait le maître, ayant, avec 500 cavaliers, réduit 3.000 hommes, pris canons, drapeaux et bagages[116]. Ce fut un coup du ciel, écrivait Héroard, d'avoir préservé le roi engagé dans l'île et d'avoir donné la victoire sans un seul blessé ou fort peu[117]. Le roi, ajoutait Arnauld d'Andilly, avoit passé un bras de mer à basse marée, qu'il ne pouvoit plus repasser quand la marée fut revenue, ce qui l'avoit mis en la nécessité de mourir ou de vaincre[118]. Louis XIII fut fier de sa prouesse : Il est plein de contentement du bon succès de ses armes, mandait Marillac à Richelieu, et tout satisfait de s'y être trouvé en personne[119]. Il était aussi heureux de cette victoire qu'il éprouvait de peine à subir un échec : car Dieu sait s'il avait été malheureux, l'année précédente, de son insuccès devant Montauban, disant les larmes aux yeux à Bassompierre, qu'il étoit au désespoir d'avoir reçu ce déplaisir de lever le siège ![120] Il sentait vivement.

 

Il sentait aussi bien pour les autres que pour lui. Bon et humain, Louis XIII s'est intéressé à ses soldats, s'est occupé d'eux, a veillé à leur bien-être ; il n'a pas craint de les approcher.

Nous l'avons vu donnant ses soins au cantonnement des troupes, ce qui n'aurait pu être à la rigueur, que le fait d'un chef soucieux de précision. Il y avait plus : il y avait chez lui, une pensée de sollicitude attentive. Ce prince à l'aspect froid, apportait dans ses relations avec les soldats des nuances de demi-familiarité inattendues[121]. C'était un souvenir, sans doute, des heures agréables de son enfance, où, sous le préau du château de Saint-Germain, il allait rire avec les soldats du corps de garde, écouter leurs histoires plaisantes, assis sur le giron de l'un d'eux et jouer en leur compagnie à burlurette ou à frappe-main[122].

Devenu homme fait, le ton n'est plus le même : la camaraderie a fait place à une réserve mesurée ; mais il u y a pas l'éloignement qui séparera Louis XIV du simple soldat. Louis XIII s'arrête et cause ; il interroge : Qui êtes-vous ?Où allez-vous ?Pourquoi êtes-vous à pied ?[123] La conversation quelquefois se prolonge. Il demande aux soldats quelle est leur compagnie, le nom de leur capitaine, le chiffre de leur effectif. Si le temps est mauvais et a rendu les marches pénibles, il s'inquiète des fatigues que les gens ont dû subir, s'informe s'ils n'ont pas été malades ou trop surmenés, le tout, simplement, avec un intérêt réel, et il laisse les uns et les autres fort satisfaits de sa douceur[124]. Aux sièges, lorsqu'il visite les tranchées, il se fait rendre compte de la tâche accomplie, questionne le soldat, s'entretient avec lui du travail, l'encourage par de bonnes paroles et lui donne de l'argent pour améliorer sa nourriture[125].

Il veut qu'on lui présente tout homme qui aura accompli une action d'éclat et tient à le complimenter lui-même en lui donnant ou lui promettant la récompense qu'il mérite. Le maréchal de Saint-Géran lui amène un soldat des gardes françaises qui est allé bravement sur le fossé de la ville, où il a tué un ennemi. Louis XIII demande si le soldat est gentilhomme ; s'il l'était, il le nommerait tout de suite officier : l'homme est seulement de fort bonne maison. Le prince dit alors au soldat qu'il veut lui faire de l'honneur avant de lui faire du bien et lui promet le premier drapeau qui sera vacant, — c'est-à-dire qu'il le nommera enseigne ; — puis lui donne cent écus[126]. Devant Caen, il exprime le désir de voir un caporal et un sergent qui ont été chargés de s'avancer jusqu'au fossé de la place afin d'examiner les défenses et qui se sont acquitté de leur mission avec un sang-froid remarquable. On les lui conduit. Il les félicite et leur attribue une large gratification[127]. C'est ainsi qu'il est arrivé peu à peu à connaître les soldats se signalant par leur intrépidité. De loin, il les voit, se rappelle leurs noms : rien ne flatte davantage ces modestes gens. Devant Clérac, Louis XIII est venu inspecter une de ses batteries qui tire sur la ville. Pendant qu'il regarde, un sergent sort de la tranchée conduisant une section de dix hommes, se faufile vers une petite demi-lune ennemie et l'escalade si brusquement que les défenseurs, peu nombreux, s'enfuient. Louis XIII est émerveillé ; il a reconnu le sergent : Voilà le Chesne, s'écrie-t-il, sergent de Casteljaloux (nom de la compagnie), voyez comme il va bien ! L'affaire achevée, il le fait venir, lui demande de lui conter le détail, le complimente : Cette journée, outre la réputation qu'acquit le sergent et l'honneur qu'il en reçut du roi, le plus grand qu'il pouvoit recevoir en sa vie, lui valut encore cent écus de sa libéralité[128].

Louis XIII ne se couche pas, le soir, qu'on ne lui ait fait rapport sur l'état de ses troupes. Le pain de munition venant à manquer, il fera distribuer les vivres dont dispose le service de sa bouche et chargera son propre boulanger de cuire pour les soldats[129]. Dans tout ce qui est juste et humain, il soutient ceux-ci. Six compagnies d'infanterie se trouvant en garnison à Pont-Sainte-Maxence et à Verberie, dénuées de tout, sont allées prendre du bois, pour se chauffer, dans la forêt domaniale d'Halatte, ce qui est défendu. Les officiers des eaux et forêts intentent des procès à ces soldats et les citent à comparaître à la Table de Marbre. Louis XIII, prévenu, se fâche : Vous pouvez jeter vos informations dans le feu, dit-il aux gens de justice, les forêts et les soldats sont à moi : n'en parlez plus[130].

En cours de route il s'inquiétera de tout ce qui peut altérer la santé de son monde. A Béziers, en 1622, une épidémie sévissant dans l'armée qu'elle décime et les médecins attribuant le mal aux raisins, Louis XIII donne des ordres pour que le grand prévôt fasse enlever et jeter tous les raisins qu'on trouvera dans Béziers ; il empêche qui que ce soit d'en vendre[131]. Après les batailles, il est plein d'attention à l'égard des blessés. Il s'informe de ceux qui ont été atteints, fait prendre de leurs nouvelles. Arrêtant les convois de blessés, il dit quelques bonnes paroles à chacun d'eux, console, encourage. On le voit choisir lui-même la maison dans laquelle seront transportés les malades pour être soignés et pansés[132]. Il ira les voir, s'enquerra de chacun d'eux, de leur qualité, de la façon dont on les traite, de la gravité de leur cas, de ce qu'il faudrait faire pour hâter leur mise sur pied, n'omettant rien de ce qui peut servir à leur guérison, et notamment la distribution de secours[133]. Par ses soins, un hôpital est organisé après chaque combat et Sa Majesté commande que les blessés soient soigneusement traités. Il envoie souvent ses propres médecins et chirurgiens[134]. Des apothicaires des camps et armées du roi sont chargés de médicamenter les malades. C'est le roi qui paye les dépenses. L'apothicaire fournira la note que le premier médecin de Sa Majesté reverra[135]. Le cas échéant, Louis XIII charge les villes de soigner les blessés, quitte à ce que les habitants viennent ensuite réclamer au souverain le montant de leurs frais. Ainsi, pendant le siège de Montauban de 1621, les habitants de Montricoux ont reçu, logé, fait médicamenter, panser, guérir et nourrir 230 soldats blessés du régiment de Navarre, à ce commandés pour le service de Sa Majesté, ce qui leur a coûté 22.808 livres, 5 sous. Us demandent au roi de payer cette dette. Le roi s'exécute[136].

Les soins de Louis XIII iront jusqu'aux malheureux qui, à la suite de blessures graves, sont condamnés à demeurer impotents. Bien avant que son fils Louis XIV fonde l'imposant hôtel des Invalides, il se préoccupera de la situation misérable des vieux soldats ou des anciens officiers obligés d'abandonner le métier qui les fait vivre, pour devenir — au moins les premiers — des vagabonds mendiants souvent dangereux. Il y aura nombre de tentatives faites afin de créer des asiles d'invalides. Faute de fonds, les entreprises n'aboutiront pas. Mais, en attendant, le roi cherche à pallier les effets de cette situation en octroyant des pensions de 200 livres à des soldats blessés[137] ; ou bien — s'il connaît quelque capitaine sans fortune qui se retire, — en le casant, dans sa maison, à un poste rétribué tel que celui de maître d'hôtel[138].

Mais autant Louis XIII, doux et humain, s'intéresse aux soldats, à leur sort, se montre soucieux de les récompenser ou de ne pas les abandonner, autant, dans la vie ordinaire de tous les jours, montre-t-il une inflexible rigueur pour le maintien de la discipline. Jaloux de son autorité, il considère une infraction à cette discipline comme un manquement au respect qui lui est dû : Tenir son armée bien policée, est une partie de sa gloire[139]. D'humeur peu endurante, il apporte dans l'exercice de cette autorité militaire, prérogative de sa fonction, une sévérité qui n'admet pas de réplique. En cours de route, dans la campagne de 1622, allant pour passer le Lot, sur lequel le commissaire, le Mesnil des Bouillons, a été chargé de jeter un pont de bateau, il se trouve que le commissaire est en retard de vingt-quatre heures. L'armée est obligée d'attendre l'arme au pied. Le roi est furieux. Il vient voir le travail et dit au commissaire : Si je faisais bien, je vous casserais ! Le lendemain, le pont n'étant pas fini, le Mesnil est révoqué[140].

Il apporte à cette fermeté une logique rigoureuse. Devant Montpellier, le maréchal de camp Louis de Marillac, se trouvant à cheval devant le logis du roi fait reculer sa monture qui met le pied sur celui de la sentinelle : celle-ci frappe le cheval ; le cheval se cabre et Marillac, en colère, corrige l'homme de faction. Instruit de l'incident, le capitaine de la compagnie à laquelle appartient le soldat, fait conduire le factionnaire en prison. C'est un principe militaire à ce moment qu'on doit rigoureusement respecter les sentinelles. A son tour, Louis XIII informé mande Marillac, le blâme d'avoir levé la main sur le factionnaire, déclare que celui-ci aurait dû le tuer et suspend le maréchal de camp six jours de sa charge ; quant au soldat, il ordonne de le faire passer en conseil de guerre pour n'avoir pas tué M. de Marillac ! L'homme est condamné à la dégradation, au supplice de l'estrapade. La leçon donnée, le roi gracie l'individu[141].

Comme chef de l'armée — principe et tradition de la discipline militaire — il a le droit, en temps de guerre, — et ce droit a fini par s'étendre au temps de paix, — d'envoyer directement à la potence un soldat délinquant sans autre jugement. Louis XIII a usé vingt fois de ce droit. Il décide vivement, comme un homme qui veut frapper ferme. Une fois, en 4622, des soldats de ses gardes se sont mutinés au Louvre, parce qu'on ne les a pas payés de leur solde, et réclament impérieusement leur dû. Outré de cette rébellion dans son propre palais, le jeune roi descend lui-même dans la cour, marche droit aux soldats, les interpelle, puis avisant un d'entre eux qui paraît plus animé que les autres, le prend au collet et commande de le pendre dans les vingt-quatre heures. Le lendemain le bourreau se disposait à remplir son office ; le condamné, sur l'échelle, avait la corde au cou et le moment était venu de lui donner la poussée, lorsque le prince, pris de scrupule, et se contentant d'avoir fait peur, informe qu'il a commué la peine[142].

Journellement il s'inquiète de savoir comment se conduisent ses troupes. Ne pouvant en même temps s'occuper de toute l'armée, au moins tâche-t-il de surveiller de près ses gardes qui paraissent, à certains moments, on vient de le voir, assez peu maintenus. Nommant Pontis à une lieutenance de ces gardes en 1622, il le fera venir et lui dira : Je suis bien aise de vous avertir que je veux établir une chose dans mes gardes et la commencer par vous, qui est que vous ne fissiez ni ne donniez aucun ordre dans la compagnie que vous ne l'ayez reçu de moi. Je veux en user ainsi afin de remettre l'ordre dans le corps où il n'y a plus aucune discipline. Et Pontis viendra en effet rendre compte au roi, de temps en temps, de l'état de sa compagnie ; il lui parlera une fois d'un cadet gentilhomme qui donne le mauvais exemple par son inexactitude, son détestable esprit, son indiscipline : le prince répliquera qu'il faut le casser ; Pontis objecte que c'est difficile, que le gentilhomme a des parents influents dont quelques-uns sont officiers : Louis XIII répond qu'il le cassera lui-même et se charge des parents[143].

Malheureuse discipline ! Elle a été la plaie de l'administration militaire de la première moitié du dix-septième siècle. Gens sans feu ni lieu, vagabonds se louant à tant par mois puis s'en allant comme ils veulent, les soldats du temps sont en général un ramassis de routiers brutaux et cruels, capables de vigoureux élans sur un champ de bataille, mais, en temps ordinaire, ivrognes et brigands. Ils sont la terreur du plat pays ; les paysans les redoutent. Leur passage dans une région s'accompagne de vols, de meurtres et d'incendies[144]. Louis XIII cherchera bien à donner quelque assurance qu'il veut empêcher leurs pilleries et voleries[145]. Mais, faute d'argent, il les paie mal[146] : les soldats sont obligés pour manger et boire d'user de tous les moyens et ils volent[147]. Aux termes des ordonnances ils doivent recevoir une solde suffisante qui leur assure la nourriture : logés chez l'habitant, lequel leur donne seulement place au feu et à la chandelle, ils sont tenus de solder leur écot : ils ne paient pas : ce sont des plaintes perpétuelles[148]. L'arrivée d'une troupe dans un bourg équivaut à un fléau. Il n'est violence dont ils ne soient capables. Quelque règle qu'on y puisse apporter, écrira peu d'années plus tard le chancelier Séguier à Richelieu, le désordre est si grand parmi les soldats qu'ils ruinent tout où ils passent[149]. On ne peut en pendre sans cesse ! On essaie des pénalités humiliantes ; on les fouette publiquement : rien n'y fait[150].

Le pire est leur cruauté. Il est des moments où ils n'ont plus rien d'humain. A Lunel, lorsque la garnison protestante mettant bas les armes, sortira sur la foi des traités, ils se précipiteront, renverseront les charrettes, massacreront 7 à 800 hommes avec une férocité inouïe. A l'attaque de Saint-Antonin, une jeune fille se jetant aux pieds d'un soldat le supplie : Faites-moi ce que vous voudrez, lui dit-elle, et me sauvez la vie ! Je n'ai pas le loisir pour cette heure, répond le soldat, et il lui passe son épée à travers le corps. Sur les champs de bataille ils se préoccupent surtout de dépouiller les cadavres et leur unique souci est, à peine le dernier coup de mousquet tiré, d'aller vendre à l'encan, sur les places des bourgs et des villages, les meubles et objets volés par eux ![151] Point tant ne nous attristent les grêles, gémissent les paysans, ni les gelées de mai, ni les coulages de juin, qui nous apportent coutumièrement la cherté des vivres, que l'inhumanité et déloyauté des soldats qui tuent, qui molestent, qui violent, qui brûlent, qui détruisent, rançonnent le bonhomme et lui font dix mille violences ![152] Ah ! Vous n'avez le cœur qu'à la volerie, qu'au pillage et butin, poltrons que vous êtes, soldats de rapine, oiseaux de proie ! fait dire un auteur du moment au capitaine Guillery[153].

Aussi bien que personne Louis XIII connaît ces affreuses misères ; plus que personne il en est exaspéré. Toutes les fois que l'occasion s'en présente, il sévit avec emportement. Dans le Midi, sur le chemin de Mortaigne à Mirambeau, chassant avec sept ou huit personnes, il aperçoit deux soldats qui pillent la maison d'un paysan : Allez, battez-les tout votre saoul, crie-t-il à deux de ses valets de pied, et assommez-les de coups ! S'il avait eu un bourreau sous la main, il les aurait fait pendre, ajoute le témoin oculaire[154]. Plus loin, Louis XIII rencontre deux femmes qui pleurent à chaudes larmes de ce qu'on a saccagé leur maison : il leur donne de l'argent : ce sont les soldats des gardes françaises qui ont accompli ce beau fait d'armes. Arrivant à l'étape, le prince fait appeler le maître de camp du régiment, M. de Canaples : Canaples, lui fait-il vivement, il faut que vous mettiez un meilleur ordre dans le régiment de mes gardes qu'il n'y a et que vous les fassiez tenir dans leurs quartiers ; et comme l'autre cherche à excuser ses hommes disant qu'ils sont serrés là où ils cantonnent, qu'il faut bien qu'ils aillent dans les villages des alentours acheter des vivres : Comment, repart le roi hors de lui, ils abandonnent leur drapeau pour aller voler et picorer et vous appelez cela chercher des vivres pour de l'argent ? Si vous n'y donnez meilleur ordre dorénavant, je vous casserai comme faisant vous-même tous ces larcins et voleries ![155] En vain a-t-il promulgué des règlements sévères[156] : la force et la persistance du mal rendront les remèdes inefficaces. Dans la mesure du possible, il s'applique à réparer personnellement le tort que font ses soldats : il procède lui-même à des enquêtes, se fait justicier sur place, arrête des soldats emportant des objets volés et les leur fait restituer en indemnisant les paysans ; écoute toutes les plaintes et cherche à les satisfaire : palliatifs insuffisants[157] !

Des villes, des pays entiers viendront réclamer, dépeignant leurs ruines, demandant un soulagement, et le roi en sera réduit à les exempter, pour un temps, d'impôts. A la suite des campagnes de 1621 et 1622, les habitants de la contrée de Négrepelisse exposant leur lamentable misère lui diront : Après une désolation générale, la plupart des dits habitants étant morts, leurs maisons ont été pillées, brûlées et réduites à néant (par les gens de guerre) : les maisons et métairies de la campagne ont été pareillement brûlées et ruinées, le bétail de labourage pillé et les dégâts faits aux vignes en telle sorte qu'il n'est resté aucune chose aux dits suppliants ; la plupart desquels ont été contraints, comme ils sont encore, de mendier leur pain et les autres sont demeurés errants et vagabonds. Louis XIII est obligé de décharger ces malheureux des tailles et impositions pendant deux ans[158], pénible extrémité, révélant et l'étendue des ruines accumulées et l'effet pernicieux pour l'État de cette insuffisance de la discipline !

 

 

 



[1] A peine aviez-vous six ou sept ans, lui dit Dupiney, que vous saviez l'usage et l'exercice des armes. Combien de fois vous a-t-on admiré dans la grande salle du Louvre, la pique de Biscaye en main, dressant un bataillon composé de la vive fleur de votre plus jeune noblesse, ores en carré, ores en croisade, à l'allemande, à la romaine, à la vulgaire, à la macédonienne ? I. Dupiney, Panégyrique présenté au roi le jour de sa naissance, (s. l. n. d.), in-12°, p. 18. Voir aussi la lettre de Malherbe à Peiresc du 17 juillet 1610, (dans Œuvres, éd. Lalanne, t. III, p. 194) ; J. B. Matthieu, Hist. de Louis XIII, dans P. Matthieu. Hist. de Henri IV, t. II, p. 60 ; Fontenay-Mareuil, Mém., p. 120. Il y a de nombreux témoignages d'Héroard : Cf. notre livre Au temps de Louis XIII, chapitre premier. Lesdiguières avait écrit un discours pour l'éducation militaire du dauphin (dans Actes et correspondances du connétable de Lesdiguières, éd. Douglas et J. Roman, Grenoble, 1878-84, t. III, p. 541-578).

[2] Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. II, p. 138.

[3] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 156.

[4] On lui faisoit, par forme de passe-temps, tirer des plans, fortifier des places, fabriquer des navires et ordonner des batailles. Réplique de la veuve du sieur de Lésinière aux dernières observations du sieur des Yveteaux, (s. l. n. d.), in-4°, p. 15. Cf. Daniel, la Milice française, t. II, p. 75.

[5] Bassompierre, Journal, t. II, p. 162.

[6] Remarquant jusques aux moindres ruisseaux. Mercure français, 1620, p. 327.

[7] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 64 v°.

[8] Il voulait déchirer son dessin ; Bernard, qui est le témoin, le pria de le lui donner et l'obtint. C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 375.

[9] Dépêche de Priuli du 1er juin 1621, Bibl. nat., ms. ital., 1770, p. 154.

[10] Par exemple en 1620, à Amiens, qui avait été assiégé par son père : S'informe particulièrement, comme une personne fort expérimentée, jusques aux plus menues particularités tant des assaillants que des assiégeants ; s'en informant spécialement des sieurs de Praslin et de la Curée qui estoient au siège. Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 279 r°.

[11] C. Bernard, op. cit., t. I, p. 341.

[12] C. Bernard (Ibid., p. 370) raconte comment en 1622, Louis XIII parcourant les remparts de Sainte-Foy-la-Grande, relevait les défauts de la place et les facilités de l'attaque : plusieurs seigneurs et capitaines se trouvoient là et même les ingénieurs les plus excellents de l'armée qui étoient surpris de ces jugements qu'eux-mêmes n'avoient pas encore faits.

[13] Lettres de Louis XIII du 6 mars 1622 chargeant René Piette de cette mission : Arch. des AIL Étrang., France 776, fol. 20 r°. Sur ce Piette voir : Arch. nat., E. 62e, fol. 253 r° et Bibl. nat., ms. fr. 18202, fol. 280 r°.

[14] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 397 r° ; 4026, fol. 9 r°, v°, 10 r°. 75 v° ; dépêches de Contarini du 30 janvier 1618, Bibl. nat., ms. ital., 1771, p. 572 ; du 24 août 1618, Ibid., 1772, p. 170 ; Lettre de Cléophon à Polémandre, 1618, p. 17 ; Boitel de Goubertin, Hist. mémorable de ce qui s'est passé en France, Rouen, 1619, p. 327. (Boitel dit : je puis en parler avec vérité, comme témoin oculaire).

[15] Mercure français, t. XIV, p. 67.

[16] Affaires de la reine mère, Arch. des Aff. Étrang., France 773, fol. 223 v°.

[17] Dép. de Pesaro du 21 novembre 1022, Bibl. nat., ms. ital. 1779, p. 50 ; voir surtout le développement de Jean Danès (Toutes les actions du règne de Louis XIII, p. 396) qui expose longuement et avec détails la science du roi.

[18] On se communiquait des mémoires manuscrits contenant les lois militaires selon lesquelles tous capitaines, officiers et soldats de Mgr le prince d'Orange ont à se conduire. Bibl. nat., ms. fr. 15 955, fol. 266 r°.

[19] N. Pasquier, Lettres, Paris, 1623, in-8°, p. 69.

[20] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 231 v°. Sur Élien et les services qu'il rendait à cette époque, voir Daniel, Milice française, t. II, p. 374.

[21] Pontis, Mém., t. I, p. 315 et suiv. Le lieutenant des gardes en question est Pontis lui-même. Arnauld mourut en 1624. Le Mercure français lui consacra une notice qui confirme la réputation militaire de cet officier (1624, t. X. p. 784).

[22] En 1621, à la suite de la prise de Saint-Jean-d'Angély : de Frauville, Le Fidèle historien des affaires de France, Paris, 1623, in-12°. p. 188.

[23] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 7.

[24] Il y réussissait dès son enfance ; je l'ai vu souvent dans ses exercices. Michel Baudier, Hist. du maréchal de Toiras, Paris, 1644, in-fol., p. 13.

[25] Il sait, de la guerre, tous les ordres et polices nécessaires aux plus simples capitaines et soldats. Sully, Économies royales, éd. Michaud, t. II, p. 477.

[26] En 1621, Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 196 r°.

[27] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 179 r°. Le prince d'Orange se servait de petites figures faites comme des échecs (Lettre de Cléophon à Polémandre, 1618, p. 17).

[28] Nombreuses mentions dans Héroard, Bibl. nat.,ms. fr. 4027, fol. 192 v°, 198 r°, 210 r°, 217 r°, 239 r°, 257 v°, etc.

[29] Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 131. Cf. le P. Daniel, Milice française, t. II, p. 385. On attribua à Luynes cette création (Bibl. nat., Recueil Cangé, Rés. F. 164, fol. 136) et on le lui reprocha (Recueil des pièces les plus curieuses qui ont été faites pendant le règne du connétable, 4e éd., 1632, p. 271).

[30] Bassompierre, Journal, t. II, p. 64 et 411. Sur le recrutement des Suisses, à cette époque, voir : États de dépenses et forme qui s'observe pour la levée, l'entretènement et le licenciement des régiments et compagnies suisses (Bibl. nat., ms. fr. 16942, fol. 388 et suiv.) ; sur leur costume : Voyage à Paris de Th. Coryate (dans Mém. de la Soc. de l'hist. de Paris, t. VI, 1879, p. 50) ; sur leur service à la cour : le Règlement sur les gardes militaires du roi (Bibl. nat., nouv. acq. fr. 7225, fol. 315 et suiv.). Dans la pratique on disait indistinctement, dès le XVIe siècle, ou les Suisses du roi, ou le régiment des Suisses.

[31] Le public ne les aimait pas (Advis à Messieurs de l'Assemblée (1618), in-4°, p. 13-14). D'après les capitulations les Suisses ne devaient aller ni aux tranchées, ni aux assauts, ni aux escarmouches.

[32] Onomatopée d'une de leurs batteries de tambour, Jérôme de Bénévent, Discours des faits héroïques de Henry le grand, Paris, 1611, in-8°, p. 86 ; Boitel de Goubertin, la Relation historique des pompes observées à la réception des chevaliers du Saint-Esprit, Paris, 1620, in-8°, p. 54.

[33] Ce serait en 1622 que Louis XIII aurait créé les mousquetaires par une transformation de ses carabins : Puységur, Mém., éd. Tamizey de Larroque, t. I, p. 47. Cf. la dépêche de l'ambassadeur vénitien du 23 août 1623, Bibl. nat., ms. ital., 1781, p. 27.

[34] Puységur, Instructions militaires, dans Mém., Paris, éd. de 1690, in-12°, t. II, p. 613.

[35] Le P. Daniel, Milice française, t. II, p. 215, 218.

[36] Et à laquelle il fait faire garde devant son logis aux lieux où il va, Journal d'Arnauld d'Andilly de 1623, Bibl. de l'Arsenal, ms. 5181, fol. 47 v°.

[37] Nombreuses mentions dans Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 169 r°, 182 v°, 187 v°, 188 r°, 243 r°, etc.

[38] Véritable relation de ce qui s'est passé de jour en jour au voyage du roi, 1620, Paris, 1620, in-12°, p. 48 (Récit officieux que nous avons des raisons de croire avoir été rédigé par l'historiographe C. Bernard).

[39] Nous prenons la description de cette revue dans les Mém. de Puységur, éd. Tamizey de Larroque, t. I, p. 79. Cf. Mercure français, 1620, p. 327.

[40] Véritable relation de ce qui s'est passé au voyage du roi, Bordeaux, 1620, in-12°, p. 49 ; C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 100. Il étoit prince très clairvoyant, conclut l'historiographe, et devant lequel il ne falloit point penser que les fautes pussent être celées.

[41] Véritable relation, loc. cit. : Malingre, dans Matthieu, Histoire des troubles, 1622, in-4°, p. 669 ; Gaspart, Thrésor de l'histoire générale de notre temps, Paris, 1623, in-8°, p. 331.

[42] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 375.

[43] Arnauld d'Andilly raconte des faits de ce genre qui se passent à la revue de Poitiers du 3 septembre 1620 (Journal, 1620, éd. Halphen, p. 44). Bien que l'uniforme ne fut pas généralisé, il existait cependant (voir Journal de Daniel Manceau, dans Arch. hist. de la Saintonge, t. I, 1874. p. 284), constitué par de la bure minime (Lettre du roi envoyée à messieurs les prévôt des marchands, échevins et habitants de sa bonne ville de Paris commandant de faire tenir 2.500 paires d'habits de bure minime pour le régiment de ses gardes, Lyon, 1627, in-8°). On disait : être vêtu à la soldade, quitter les habits de soldat (G. Sorel, les Nouvelles françaises, Paris, 1623, in-8°, p. 241 et 257).

[44] Véritable relation, p. 16.

[45] Copie d'une lettre écrite du camp devant Montauban, (récit officieux), Toulouse, 1621, in-12°, p. 4 et 7.

[46] Arch. des Aff. Étrang., France 775, fol. 110 v°.

[47] I. Dupiney, Panégyrique présenté au roi le jour de sa naissance, (s. l. n. d.), in-12°, p. 50.

[48] Boitel de Goubertin, Histoire des guerres de Louis le Juste, Rouen, 1622, in-8° p. 508.

[49] Les Magnificences préparées en l'église Notre-Dame de Chartres pour les dévotes actions de grâces du roi et de la reine sa mère, Paris, 1619, in-12°, p. 5.

[50] Lettre de Louis XIII à M. de Roquelaure, Bibl. nat., ras. fr. 3722, fol. 130 bis r° : au camp, devant Montauban.

[51] Si va vestito in habito privatissimo de semplice soldato, dépêche de Priuli du 27 juillet 1621, Bibl. nat., ms. ital., 1776, p. 275.

[52] Il est ainsi vêtu à l'affaire de l'Ile de Rié (C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I. p. 323).

[53] Le Voyage du roi en Normandie, Paris, (1620), in-12°, p. 16.

[54] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 337 r°.

[55] La Prise des villes de Négrepelisse et Saint-Antonin, Bordeaux, 1622, in-12°, p. 12.

[56] Lettre de Puisieux à Sillery du 15 juillet 1622, Arch. des Aff. Étrang., France 776 : fol. 219 r°.

[57] Lettre de Marillac à Richelieu du 17 mai 1622, Ibid., 775, fol. 166 r°.

[58] Héroard, Bibl. nat, ms. fr. 4027, fol. 101 v° : Journal de l'exempt des gardes Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 76.

[59] Cependant le protocole fixe les conditions de voyage du roi et de sa suite : voir : Règlement fait par le roi pour le logis de sa cour et suite, Paris, N. Barbote, 1624, in-8°, 19 p. On appelle goujats les petits domestiques des soldats qui suivent les troupes en portant les affaires de leurs maîtres.

[60] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 340.

[61] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 381.

[62] Journal de l'exempt Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 155. Bernard, qui confirme le fait, ajoute : il y a peu de laboureurs qui n'aient de meilleurs logements. La plus grande part de la cour logea dans des huttes que chacun fit faire (op. cit., p. 377).

[63] Bordeaux, op. cit., p. 32.

[64] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 455 v°, 450 v. 157 t. 160 r°. Le cas échéant, Louis XIII couche tout habillé sur de la paille (Ibid., 4027, fol. 174 r°).

[65] Journal de L'exempt Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 77. Le 29 mai 1622.

[66] Héroard, Bibl. nat., ras. fr. 4027, fol. 29 r°, 36 r°, 59 v°, 113 v°, 244 r°.

[67] Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6103, p. 110 ; le 9 juin 1622. C. Bernard confirme le fait : Ce qu'on n'avoit point encore vu, dit-il (Hist. de Louis XIII, t. I, p. 377).

[68] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 38 r°.

[69] C. Bernard, op. cit., t. I. p. 260.

[70] J. Danès, Toutes les actions du règne de Louis XIII, p. 382. Danès écrit ces lignes après avoir raconté l'incident précèdent : En l'année 1621, dit-il, le roi estant vers Tonneins, il arriva un grand déluge d'eau, etc.

[71] Bernard, op. cit., t. I, p. 235.

[72] Lettre de Louis XIII à Anne d'Autriche, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 137. Cf. Boitel de Goubertin, Histoire des guerres de Louis le Juste, Rouen, 1622, in-8°, p. 631.

[73] G. Bernard, op. cit., t. I, p. 321 et 322. Voir encore : Mercure français, 1620, p. 336 : Véritable relation de ce qui s'est passé de jour en jour au voyage du roi, 1620, p. 40 ; T. de Berton, la Voye de lait ou le chemin du héros au palais de la gloire, Avignon, 1623, in-4°, p. 213.

[74] Boitel de Goubertin, op. cit., p. 494. Une fois, à Vincennes, où il construisait un fort, et surveillait les travaux, il pleuvoit, il ventoit ; le roi méprisoit ; il supportoit facilement tout. Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 398 r°.

[75] Les détails nous sont donnés par les deux témoins oculaires, Héroard (Bibl. nat., ms. fr. 4026. fol. 470 v°) et G. Bernard (Hist. de Louis XIII, t. I, p. 200). Le roi voulait, écrit ce dernier, donner à nos gens un exemple de patience et de travail. Le public connaissait et appréciait les mérites sous ce rapport de Louis XIII : Généreuse proposition d'un gentilhomme français à toute la noblesse de France en la personne de ceux qui sont de présent à Paris pour servir le roi en la guerre contre les rebelles, Paris, Mettayer, 1621, in-12°.

[76] Relire dans les Économies royales de Sully, entre autres, la curieuse scène du siège de Montmélian, en 1600 (éd. Petitot, t. III, p. 382).

[77] N. Pasquier l'appelait un vrai nourrisson de Mars, aguerri, infatigable (Lettres, Paris, 1623, in-8°, p. 761).

[78] En novembre 1620, Bassompierre, Journal, éd. Chantérac t II, p. 226.

[79] Le 12 septembre 1619, Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 213 r°.

[80] Dépêche de Pesaro du 13 mai 1622, Bibl. nat., ms. ital., 1778, p. 167 ; I. Dupiney, Panégyrique présenté au roi le jour de sa naissance, (s. l. n. d.), in-12°, p. 51.

[81] Véritable relation de ce qui s'est passé de jour en jour au voyage du roi, Paris, 1620, in-12°, p. 18 ; le Voyage du roi en Normandie, p. 15.

[82] Mercure français, 1621, p. 641.

[83] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 504 v°, 17 octobre 1621. Un auteur contemporain (D'Hostal de Roquebonne, L'Avant-victorieux, Orthez, A. Royer, 1610, in-12°, p. 215) cherche à rendre l'effet d'un combat du temps ; il nous parle du tumulte au milieu duquel on perçoit le tan-tan-tare des trompettes, le bouron-bouron-bon des tambours, donne, donne des balles, tue-tue (de la charge), foudres et tonnerres des canons, grèles d'arquebusades, fracassis de lances, chic-chacs d'épées.

[84] Il fit plus généreusement que pas un de nous n'eussions fait, Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. III, p. 39, 40. C. Bernard confirme de point en point le récit de Bassompierre (Hist. de Louis XIII, t, I, p. 341). Marillac écrivait à Richelieu le 6 mai : Le roi a été ce matin dans la tranchée du côté des gardes, avec une telle assurance et gaieté qu'il y a hardiesse et plaisir : il y a fait très bonne mine. Arch. des Aff. Étrang., France 775, fol. 157 r°. Voir encore sur d'autres faits analogues : C. Bernard, op. cit., p. 344 ; Héroard, Bibl. nat., ms fr. 4026, fol. 451 r° : dépêche de Priuli du 22 juin 1621. Bibl. nat., ms. ital., 1776, p. 205. Il venoit tous les jours aux tranchées, écrit Bassompierre, et se mettoit en tous les périls que les simples soldats eussent pu faire (Bassompierre, Remarques sur les vies des rois Henri IV et Louis XIII, Paris, P. Bienfait, 1665, in-12°, p. 378).

[85] Arnauld d'Andilly, Journal, 1621, éd. Halphen, 1891, p. 104 ; Héroard. Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 526 v° ; L'Assassinat du sieur de Boisse Pardaillan, gouverneur de Monheur, avec la prise de celte ville rebelle, Bordeaux, S. Millanges, 1621, in-12°. Louis XIII manifesta le même sang froid à une autre panique, devant l'île de Rié ; Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 166 ; Bassompierre écrivait à ce propos (Journal, t. III, p. 29) : Je fus ravi de voir l'assurance et le jugement d'un homme de son âge, si mûr et si parfait.

[86] Le Courrier royal des plus véritables affaires de France, ensemble la défaite de Brion en Poitou, par Monsieur le comte de la Rochefoucauld, Paris, Mesnier, 1620, in-12°, p. 6.

[87] C. Bernard, op. cit., t. I, p. 99 ; Mercure français, 1620, p. 333.

[88] Véritable relation de ce qui s'est passé au voyage du roi, Bordeaux, 1620, in-12°, p. 41.

[89] Lettre de Louis XIII à la Curée, Bibl. nat., ms fr. 3722, fol. 120 r°.

[90] Lettre de Marie de Médicis à Louis XIII du 18 avril 1622, Bibl. nat., ms. fr. 3708, fol. 50 r°.

[91] Lettre dans ce sens de Puisieux au chancelier son père, du 16 mai 1622, devant Royan : Arch. des Aff. Étrang., France 776, fol. 122 r°.

[92] C. Bernard (op. cit., t. I, p. 345, année 1622) nous donne le texte de ces remontrances. Les lettres de Marie de Médicis à son fils, à cette date, sont pleines d'observations de ce genre exprimées fortement (lettre, par exemple, du 11 avril 1622, Bibl. nat., ms. fr. 3811, fol. 69 r°). On voit ce que vaut dès lors l'affirmation de Tallemant disant de Louis XIII : le bon sire n'étoit pas vaillant, quoiqu'il voulut passer pour tel. (Historiettes, éd. P. Paris, t. II, p. 237.)

[93] Arnauld d'Andilly, Journal de 1620, éd. Halphen. 1898, p. 21. Sur cette affaire de Caen, voir : L. Puiseux, Le siège du château de Caen par Louis XIII, épisode de la guerre civile de 1620, dans Mém. de la Soc. des antiquaires de Normandie, t. XXII, Caen, 1856, p. 27 et suiv.

[94] Il mit son hausse-col pour la première fois le 15 juillet 1620 au moment d'aborder Caen (Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 329 v°) et il arbora pour la première fois sa cornette blanche le 4 août de la même année (Ibid., fol. 337 r°).

[95] Héroard, Ibid., fol. 527 v° et 4027 fol. 64 v°.

[96] Ce grand prince disoit qu'il y avoit de la honte, voire de l'impiété, d'avoir beaucoup de gens sous sa charge sans en avoir le soin. C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 333, campagne de 1622 : et pour celle de 1620, Ibid., p. 97. Bernard ajoute (p. 100) : Je puis assurer de cela comme témoin de vue de tout ce qui a été fait.

[97] Commission de réquisition du 9 juillet 1622 pour 60 charrois bien attelés à trouver dans les élections de Loudun et de Mirebeau, en Poitou, à raison, chaque jour, de 4 l. 10 s. par charroi, et deux pains de munition par charretier (Arch. des Aff. Étrang., France 776. fol. 202 r°). Les milliers des villes fournissaient souvent le nécessaire et avaient de la peine ensuite à se faire rembourser de leurs frais (arrêt du conseil du 16 août 1624, Arch. nat., E. 79a, fol. 333 r°).

[98] Dép. de Pesaro du 28 octobre 1622, Bibl. nat., ms. ital., 1778, p. 401.

[99] Journal de l'exempt des gardes Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163. p. 90.

[100] Dépêche de Pesaro, loc. cit.

[101] Jean Danès, Toutes les actions du règne de Louis XIII, p. 384.

[102] La veille du combat des Ponts de Cé en 1620, au château du Vergier : voir Histoire du règne de Louis XIII, par S. M. C. (Malingre), Paris, 1646, in-12°, p. 273.

[103] J. Danès, op. et loc. cit.

[104] Puységur, Mém., éd. Tamizey de Larroque, t. I, p. 37. L'homme en question est Puységur lui-même, alors anspessade dans la compagnie de Casteljaloux.

[105] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 448 v°.

[106] On l'a vu devant Saint-Jean-d'Angély... etc. Auvray, Louis le Juste, panégyrique, Paris, 1633, in-4°, p. 31. Cf. C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 235. Sur ce siège de Saint-Jean-d'Angély, voir le Journal de Daniel Manceau (Arch. hist. de la Saintonge, 1874, t. I, p. 188 et suiv.) ; les lettres de Jean Besly à Dupuy (Ibid., t. IX, 1880, p. 132 et suiv.).

[107] Lettre de Marillac à Richelieu du 6 mai 1622 : Arch. des Aff. Étrang., France 775, fol. 156 r°, 157 r°. On voit par une lettre de Marillac du 26 avril (Ibid., fol. 90 r°) que c'est Tronson qui est chargé de rédiger le récit officieux du siège de Royan. Sur ce siège, consulter : L. Audiat, Le Siège et le maire de Royan en 1622, dans Bullet. de la Soc. des arch. hist. de la Saintonge, t. VII, 1887, p. 33.

[108] Pontis, Mém., éd. Michaud, p. 180.

[109] La Prise des faubourgs, murailles et fortifications de la ville de Montauban, Paris, A. Saugrain, 1621, in-12°, p. 5. De Frauville écrit : (le Fidèle historien des affaires de France, Paris, 1623, in-12°. p. 234, ouvrage exact et bien informé), Le roi, étant arrivé à la ville d'Agen, on lui fit voir le plan de la ville de Montauban sur lequel il fut une bonne heure et demie à contempler et considérer les moyens qu'il fallait tenir pour la battre, et ainsi, opinant avec quelques princes et seigneurs de qualité et aussi quelques architectes qui, pour cet effet, étaient présents, l'opinion du roi fut trouvée très lionne et arrêtèrent de la suivre...

[110] Mercure français, 1621, p. 640 ; Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 472 v°.

[111] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 379 et 387.

[112] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 414. Sur ce siège de Montpellier, voir un Journal de l'affaire (Bibl. nat., ms. fr. 23339, fol. 162-200), P. Corbière, Histoire du siège de Montpellier en 1622 (Acad. des sciences de Montpellier, Mém., Lettres, t. IV, 1864, p. 187) et de la Pijardière, Recueil de pièces rarissimes relatives au siège de Montpellier par Louis XIII en 1622, Montpellier, 1875, in-8°, XX-103 p.

[113] Le fait est mentionné par l'exempt des gardes Bordeaux (Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 169) et par Héroard (Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 62 r°).

[114] Voir un récit détaillé de l'affaire : Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 116 r° et suiv. ; puis Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 150 : C. Bernard, op. cit., t. I, p. 98 ; la Véritable relation de ce qui s'est passé au voyage du roi, 1620, Paris, 1620, in-12°, p. 34. Il existe une Histoire de la guerre du Pont de Cé par le maréchal de Marillac (Bibl. nat., ms. fr. 17544). Nous rappelons sur le combat les ouvrages : de E. Pavie (la Guerre entre Louis XIII et Marie de Médicis, Angers, 1899, in-8° t p. 415 et suiv.), de A. Brétaudeau (Histoire des Ponts de Cé, Angers, 1904, in-8°). Les Ponts de Cé, délabrés en 1618 (Arch. nat.. E. 59a, fol. 310 r°), puis abîmés par les inondations et les glaces de la Loire, durent être repris en 1624 par l'architecte René Guinoiseau d'Angers (Bibl. nat., ms. fr. 18202, fol. 318 v°).

[115] Sur l'Ile de Rié voir : Mourain de Sourdeval, l'Ile de Rié, dans Mémoires de la société des Antiquaires de l'Ouest, 1869, t. XXXIV, p. 101-221, et sur l'affaire : de ce même auteur, l'Ile de Riez, expédition de Louis XIII contre Soubise en avril 1622, dans Annuaire dép. de la Soc. d'émulation de la Vendée, 1860, 7e année, p. 97 ; puis E. Louis, la Déroute de M. de Soubise dans l'île de Riez appréciée par sa sœur Anne de Rohan, même recueil, 1874, 2e série, t. IV, p. 94.

[116] Nous résumons les récits d'Héroard (Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 38 r°), de Bassompierre (Journal, t. III, p. 20 et suiv.), de Bernard, (Hist. de Louis XIII, t. I, p. 319) tous trois témoins oculaires ; voir aussi le Mercure français, 1622, p. 551 et suiv. Le roi envoya aux parlements une relation (publiée dans les Mém. de Mathieu Molé, éd. Champollion-Figeac, t. I, p. 263) que nous croyons l'œuvre de Tronson, d'après une lettre de Marillac à Richelieu (datée de Niort, fin avril 1622, Arch. des Aff. Étrang., France, 775, fol. 145 r°). Voir encore les Mém. du comte de Souvigny, éd. de Contenson, t. I, p. 90.

[117] Héroard, op. et loc. cit.

[118] Arnauld d'Andilly, Mém., éd. Michaud, p. 436. Saint-Simon prête, à cette occasion, à Louis XIII un mot que son père aurait entendu : Je ne sais point envoyer des troupes à la boucherie, mais quand il le faut nécessairement, je ne sais que les y mener moi-même. (Parallèle des trois premiers Bourbons, p. 36). Ce mot nous paraît suspect.

[119] Lettre d'avril 1622, Arch. des Aff. Étrang., France, 775, fol. 139 v°.

[120] Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. II. p. 364.

[121] Accarezza non solo li capitani ma li soldati privati. Dépêche de l'ambassadeur vénitien du 27 juillet 1621, Bibl. nat., ms. ital., 1776, p. 275.

[122] Voir notre livre : Au temps de Louis XIII, chapitre premier.

[123] Voir par exemple les Mémoires du Comte de Souvigny, éd. de Contenson, t. I, p. 82 et 123.

[124] L'après-dîner, le roi rencontra son infanterie, parla aux soldats, s'informa du nombre de leurs compagnies, regretta le mauvais temps et les grandes journées qu'ils avoient faites... etc. Véritable relation de ce qui s'est passé de jour en jour au voyage du roi, 1620, Paris, 1620 in-12°, p. 17.

[125] J.-B. Matthieu, Histoire de Louis XIII, dans P. Matthieu, Hist. de Henri IV, Paris, 1631, in fol., t. II, p. 151.

[126] En 1621, devant Clérac : Mercure français, 1621, p. 641.

[127] Véritable relation, 1620, p. 19.

[128] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 262.

[129] Au moment de l'affaire de l'Ile de Rié de 1622 : Boitel de Goubertin, Hist. des guerres et choses mémorables de Louis le Juste, Rouen, 1622, in-8°, p. 631. Voir également, lors du combat des Ponts de Gé : Bibl. nat., ms. fr. 20742, fol. 121 r° et Mercure français, 1620, p. 335.

[130] Comte de Souvigny, Mém., éd. de Contenson, p. 122. Le fait se passe en 1622.

[131] Journal de l'exempt Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 321.

[132] Sa Majesté consoloit tous les soldats et officiers qui revenoient blessés du combat et leur faisoit donner de l'argent. Au même lieu, le roi choisit lui-même une maison pour les faire loger et panser. Mercure français, 1621, p. 641.

[133] Hist. du règne de Louis XIII par S.-M.-C. (Malingre). Paris, 1646, in-12°. p. 282 ; Mercure français, 1620, p. 337.

[134] Par exemple au siège de Saint-Jean-d'Angély de 1621 : C. Malingre, Histoire de la rébellion excitée en France par les rebelles de la religion prétendue réformée, Paris, 1622, in-8°, p. 331 : et aux Ponts de Cé : Véritable relation, p. 38.

[135] Arrêts du conseil : du 13 novembre 1624 portant règlement de comptes : Bibl. nat.. ms. fr. 18202, fol. 147 v° ; du 3 février 1624 fixant l'assignation : Arch. nat. E. 78A, fol. 258 r°.

[136] Arrêt du conseil du 30 décembre 1624, ordonnant aux trésoriers généraux de Bordeaux de vérifier au préalable la dépense : Bibl. nat., ms. fr. 18202, fol. 361 r°. La ville de Montpellier réclamera de même 28.587 l., 10 s., 11 d. pour soins donnés aux blessés ; le roi assignera le remboursement sur les tailles de la généralité de Béziers qu'il augmentera : arrêt du 19 juin 1624, Arch. nat., E. 79A, fol. 164 r°.

[137] Mercure français, 1620, p. 313.

[138] Lettre de Louis XIII au comte de Soissons, grand maître de sa maison, du 26 octobre 1622, au sujet de M. Des Boullay, capitaine au régiment de Navarre : Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 73 r°.

[139] Véritable relation de ce qui s'est passé au voyage du roi, Paris 1620, in-12°, p. 19.

[140] Journal de l'exempt des gardes Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 0103, p. 79.

[141] Puységur, Mém., éd. Tamizey de Larroque, t. I, p. 29. Je remarque, dit Puységur, combien de respect on doit avoir pour les sentinelles et qu'il n'est pas même permis aux capitaines des compagnies de battre la sentinelle et qu'il la faut relever auparavant que de lui faire aucun châtiment. Voir dans Pontis, (Mém., éd. de 1676, t. I, p. 286), une affaire de discipline dans laquelle le roi intervient aussi énergiquement à propos d'un duel entre un officier et un soldat. Quand on lui amène un espion Louis XIII le livre au grand prévôt pour qu'il soit pendu (G. Malingre, Histoire de la rébellion excitée en France, p. 615).

[142] Le fait est conté en détail par le nonce Corsini dans une dépêche du 7 mars 1622, Arch. nat., L 397, fol. 336 v°. D'après Pesaro (dépêche du 15 mars, Bibl. nat., ms. ital. 1778, p. 52), le roi aurait fait grâce sur la prière de beaucoup de la cour.

[143] Pontis, Mém., éd. de 1676, t. I. p. 263, 278. Noua citons toujours cet auteur en faisant les réserves nécessaire sur la valeur de son témoignage.

[144] Les libelles du temps sont pleins de récriminations à ce sujet : voir entre autres le Sermon du Cordelier aux soldats, ensemble la réponse des soldats au Cordelier, Paris, N. Lefranc, 1612, in-8°. N. Pasquier écrivait des lettres sur l'éducation morale du soldat (Lettres, Paris, 1623, in-8°, p. 69).

[145] Cf. les Caquets de l'accouchée, éd. E. Fournier, p. 91.

[146] Par surcroît, dit-on, trésoriers et commissaires des guerres détournent une partie des fonds (La Réformation de ce royaume, (s. l.) 1623, in-12°, p. 9).

[147] Voir les scènes caractéristiques que conte l'exempt Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 251. Cf. notre livre : Au temps de Louis XIII, p. 126 et suiv.

[148] Journal de l'exempt Bordeaux, op. cit., p. 310.

[149] Cité par A. Floquet, Histoire du parlement de Normandie, t. IV, p. 34, 35.

[150] Cf. le Journal de Bordeaux, op. cit., p. 321.

[151] Journal de Bordeaux, op. cit., p. 354, 184, 129 ; et Daniel Manceau, Journal, dans Arch. hist. de la Saintonge, t. I, 1874, p. 268.

[152] Ennuis des paysans champêtres, dans E. Fournier, Variétés hist. et litt., t. VII, p. 300. Cf. le Picoreur ou le désastre du pauvre peuple, satire d'Angot de l'Éperonnière, dans les Nouveaux satires et exercices gaillards de ce temps, Rouen, 1637, in-12°, p. 81-90.

[153] Reproches du capitaine Guillery faits aux carabins, picoreurs et pillards de l'armée, même recueil de E. Fournier, t, VII, p. 72. Comme commentaire, voir : Procès verbal des trésoriers de France sur les dégâts commis dans l'élection de la Rochelle, 1624, Bibl. Mazarine, ms. 4377, fol. 57 et suiv.

[154] Journal de Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 14. L'auteur est dans l'escorte qui accompagne Louis XIII ; il écrit : Nous rencontrâmes... Nous n'étions que sept ou huit.

[155] Journal de Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 16.

[156] Règlement sur le rétablissement de la discipline, tant de la cavalerie que de l'infanterie française, daté de Saint-Germain du 14 août 1623, (s. l. n. d.), in-4°, 23 p. cf. Les Ordonnances militaires tirées du code du roi Henri III... auxquelles ont été ajoutés des édits du roi Henri IV et Louis XIII, faits sur le même sujet, Paris, 1620, in-8°, 440 p.

[157] L'exempt Bordeaux raconte dans son Journal des incidents qui sont le commentaire de ce que nous disons (Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 29 ; cf. notre Au temps de Louis XIII, p. 120). Voir également Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4u2(i, fol. 231 v u et 364 r°.

[158] Par arrêt du conseil du 14 octobre 1623, Bibl., nat., ms. fr. 18201, fol. 35 r°.