LE ROI LOUIS XIII À VINGT ANS

 

CHAPITRE II. — LE PRINCE.

 

 

Physique de Louis XIII à vingt ans ; sa vigueur, son activité. — Son caractère aimable et courtois. — Dignité et sérieux de sa vie ; ses mœurs sévères. — Côtés chez lui de jovialité. — Sa bonté envers son entourage ; sa bienveillance envers les petits. — Louis XIII est affectueux ; les lettres qu'il écrit à son ancienne gouvernante madame de Monglat. — Simplicité de ses manières ; son esprit d'économie ; habits modestes ; sa vie quotidienne sans apparat ; ses habitudes rustiques. — Louis XIII n'a pas l'esprit littéraire ; il ne lit pas. — Il a du goût pour les arts ; il dessine, peint, sculpte, aime l'architecture : le Louvre et Versailles ; sa passion surtout pour la musique : Louis XIII compose et exécute. — Sa prédilection pour les arts mécaniques : sa forge. — Les exercices physiques ; le roi très bon cavalier, tireur adroit, principalement grand chasseur : les oiseaux de son cabinet. — Louis XIII n'aime pas la danse ; il joue à des jeux tels que la paume ; accusation qui a été portée contre lui de s'adonnera des occupations puériles. — Le jeune prince toujours aux champs et en voyage.

 

De taille moyenne, plutôt petit que grand, la tête un peu forte pour le reste du corps, le buste et les jambes minces, le jeune roi qui venait de se révéler à son royaume, ne pouvait guère passer pour un prince séduisant. Sa figure large et charnue, comme celle de sa mère, n'avait aucune finesse : la maladie qui, plus tard, l'amaigrira, ne lui avait pas encore donné cet aspect émacié sous lequel il est connu ; le menton avançait : la bouche demeurait entr'ouverte ; la lèvre inférieure, assez épaisse, débordant sur la lèvre supérieure, au dessous d'un grand nez bourbonien, achevait le profil de quelque Louis XIV vieilli : les cheveux, très bruns et frisés, demeuraient en broussailles, mal tenus ; une barbe naissante estompera disgracieusement les joues vers la vingtième année ; les traits étaient épais : Louis XIII n'était pas beau[1] Mais il avait de la distinction. La tête droite, le regard vif, éveillé, le geste souple et alerte, en même temps contenu et digne, lui donnaient une allure royale. Il semblait né pour sa fonction. Sully lui trouvait bonne mine. Sous des apparences médiocres, c'était un grand seigneur[2].

Le plus remarquable en lui était sa vigueur physique. Le teint bruni par le grand air, les membres rompus aux exercices du corps contribuaient à prêter à sa personne un caractère de virilité élégante. Il était et il sera de plus en plus entre seize et vingt trois ans, d'une force rustique toute militaire, insensible au froid, au soleil, partant en voyage, l'hiver, à six heures du matin sous la neige tombante, restant des journées entières à la pluie sans s'en apercevoir, marchant à pied des heures sans s'en ressentir aucunement[3]. Très actif il ne pouvait supporter de ne rien faire, toujours debout, occupé, J'aime l'exercice, disait-il à sa mère, et les courses que je fais servent grandement à ma santé[4]. Le travail et les fatigues me font vivre, écrivait-il à sa femme Anne d'Autriche : ils me donnent de la santé[5]. Il s'endurcissait, appliqué à s'entraîner, adorant la vie aux champs, dans les bois, à la chasse. Ses gens étoient sur les dents, note son médecin Héroard. On le vit une fois faire huit lieues à pied par terrain mouillé ; une autre fois, de Saint-Germain, il courut après un cerf jusqu'à Mantes, avec de longs détours, et revint le soir, au pas, après avoir fait quatorze lieues, son cheval recru, lui toujours dispos. Il savait rester des dix-sept heures en selle sans fatigue. Nul roi n'a été aussi résistant[6].

Je me porte très bien, écrivait-il dans ses lettres ; je suis en pleine santé[7]. A la suite d'une douleur persistante qu'il avait eue au pied, les médecins lui avaient prédit qu'il serait goutteux[8]. Sauf de petits accidents sans suite, il semblait de suffisante constitution. En 1622 il toussa longtemps pendant une campagne dans le midi, et on devra le contraindre à prendre le lit parce qu'il était vraiment mal. Mais le cas n'avait pas inquiété les médecins[9]. Ils ne s'inquiétaient pas davantage de la faiblesse du prince du côté des intestins : Louis XIII mangeait des plats indigestes, il se plaignait de douleurs d'entrailles, avait des crises violentes au cours desquelles il rendait, dit Héroard, quantité de phlegmes. Il devait être atteint de cette entérite chronique qui plus tard l'emportera : on ne s'alarmait pas[10]. Ce qui intriguait davantage était que Louis XIII ne crachait pas, ni ne se mouchait, ni suait, étranges suppressions des gouttières les plus naturelles[11] ; puis qu'il avait quelque chose d'anormal dans la bouche et bégayait un peu. Plusieurs fois, Héroard avait relevé des relâchements, des fluxions de la luette. Quand le prince, sous l'effet d'une émotion, précipitait sa parole, il n'articulait plus : il s'empoignoit alors le visage de ses mains à demi en furie de dépit de ne pouvoir prononcer comme les autres. Pour éviter cette humiliation, il parlait peu et lentement[12].

C'était un roi aimable et gracieux. Lorsqu'il causait, il avait un sourire exquis, très doux, dit l'ambassadeur vénitien Pesaro[13]. Il répondait aux saluts avec empressement, ôtant son chapeau, ce qui choquait beaucoup les Espagnols, le roi d'Espagne, disait l'un d'eux, ne retirant le sien qu'au Saint-Sacrement[14]. Il donnait audience sans morgue, priait les gens de se couvrir, toujours courtois, affable, plein de bienveillance. Les ambassadeurs étrangers rendant compte de leurs entrevues avec lui, répètent combien il était accueillant, sympathique, vous disant que vous étiez le bienvenu, qu'il vous voyait avec plaisir, écoutant attentivement ce qu'on lui expliquait. Il causoit de fort bonne grâce. On remarquait qu'il avait une mémoire excellente et qu'il se rappelait la figure des gens, leurs noms, des détails de leur existence, même au bout de plusieurs années[15].

Ce qu'ont admiré le plus ses contemporains en lui a été le sérieux de sa vie. Elevé dans un milieu libre, fils d'un père dont les exemples n'étaient pas précisément recommandables, il a été sévère de conduite. De sa mère, il tenait un tempérament froid. Il fut irréprochable. On relevait sa grande modestie et honnêteté. A quelqu'un qui lui faisait remarquer une jolie femme il répondait : il est vrai qu'elle a de la beauté, mais la reine est encore plus belle. A un autre qui osait lui parler des facilités qu'un roi peut rencontrer, il ripostait vivement : Jà, à Dieu ne plaise que l'adultère entre jamais en ma maison 1![16] Il n'aimait pas les décolletages exagérés. Nous remarquions en lui, écrit Malherbe, une très grande répugnance à toutes sortes de vices[17]. Il détestait le mensonge ; il avait en horreur les mots grivois : quand son entourage, gens de la cour de Henri IV, ayant de la peine à se contenir, risquaient des plaisanteries vives : Je ne veux point que l'on dise des saletés et des vilenies ! prononçait-il avec colère[18]. Aussi le P. Cotton vantait-il au duc Maximilien de Bavière la bonne nature du prince toute portée au bien[19]. L'opinion était unanime. C'était à qui proclamerait, comme le nonce Corsini, l'immuable vertu du roi, son innocence et probité, son éloignement pour toutes les distractions habituelles aux gentilshommes de son âge, le jeu, les femmes. On énumérait ses qualités morales[20]. A neuf ans, il s'était fait à lui-même un tableau de ceux des anciens rois, ses prédécesseurs, qu'il voulait imiter, avec la vertu correspondante à chacun d'eux : Saint-Louis, la piété ; Henri IV, la clémence ; Louis XII, la justice ; Charlemagne, la vaillance ; Charles V, la tempérance ; Pharamond, l'amour de la vérité, — dernière rencontre plutôt fâcheuse, Pharamond n'ayant jamais existé. — Il avait cent fois écrit cette liste, en français et en latin : il la savait par cœur[21]. Nous avons le plus débonnaire, le plus pieux et juste roi dont Dieu nous ait favorisé, répétait le populaire. On appelait Louis XIII le juste : — ce surnom lui est resté. — Tout attendri le vieux Sully écrivait : Sa conduite, sa personne, ses mœurs, ses entreprises ne produiront point seulement des admirations, mais des voix d'exultation, des chants de gloire et de triomphe ! C'était le plus vertueux des rois[22] !

Cette vertu n'avait rien d'austère. Louis XIII causait volontiers gaiement. Quelqu'un qui l'a beaucoup approché, l'historiographe Bernard, disait : il entretenoit le plus souvent une compagnie de gentillesses et de bons contes qu'il faisoit aussi facilement et disertement qu'autre que l'on ait jamais ouï parler : ses termes étoient significatifs, sans impropriété ni superfluité ; il savoit bien y donner le sel et la pointe, y faisant trouver le mot pour rire, sans offense d'aucun, sans mépris ni médisance, ce qu'il n'aimoit ni supportoit aux autres, non plus qu'à soi-même[23]. Quelques familiers, Bassompierre, par exemple, étaient admis à venir causer avec lui, le soir, souvent tard, jusqu'à onze heures. A table, en campagne, Louis XIII menait la conversation, riant. Dans ses moments de gaieté il tutoyait. Tallemant assure qu'on lui attribuait de plaisantes choses, notamment certaines chansons gaies. Même facile et aimable, comme son père Henri IV, il permettait à son égard, au moins pour quelques intimes, cette liberté d'allure, spirituelle, familière, qui était assez courante avec la majesté royale du début du XVIIe siècle, et ne le sera plus guère avec celle de la fin : Sire, me faites-vous la mine à bon escient ou si vous vous moquez de moi ? lui disait un jour Bassompierre, voulant avoir le cœur net de certaine froideur du roi[24]. A tout instant, dans le journal d'Héroard, on lit : gai, s'entretient avec les seigneurs, rit, chantonne[25]. Bien qu'il n'eut rien à proprement parler de brillant et qu'il ne fut pas ce que nous appellerions un homme d'esprit, on citait néanmoins de ses réparties. Une fois, à Rouen, à la cathédrale, assistant à l'abjuration d'un ministre protestant, comme il était contraint par le flot du public de reculer jusqu'aux stalles des chanoines et, pour mieux voir, de monter dessus, un huguenot connu, qui était là, lui jetait quelques mots en riant. Je monterais encore bien plus haut pour vous voir, si vous en faisiez autant ! ripostait le prince[26]. Il était jovial à ses heures. Il se divertit fort, certain jour, près de Saint-Germain, où il se promenait et revenait le long de la Seine, à écouter une meunière qui le suivait en l'agonisant de sottises, le prenant pour un fauconnier qui lui avait volé une poule : au lieu de se faire reconnaître, le prince excitait la bonne femme par ses dénégations[27]. Aucun de ses intimes n'a mieux connu ce côté de Louis XIII plaisant, moqueur, d'une gaieté d'ailleurs pas toujours des plus raffinées, que M. de la Curée, Gilbert Filhet, seigneur de la Curée, vieil ami d'Henri IV, commandant la compagnie des chevau-légers du roi, nommé maître de camp de la cavalerie légère en 1620. Nous avons quelques lettres de Louis XIII à M. de la Curée : elles sont pleines de bouffonneries. Il appelle son correspondant le Nétron, Dieu Nétron. Le sens des plaisanteries nous échappe : elles font allusion à des faits que nous ignorons[28]. Sous l'influence de la maladie qui plus tard, lentement, le rongera, Louis XIII est peut-être devenu sombre : il ne l'était pas à vingt ans. Son médecin note quand il est triste : la remarque paraît rarement. Il était plutôt timide : la réserve que lui imposait la timidité pouvait parfois, aux yeux des gens non prévenus, passer pour une vague mélancolie, tout au moins attester l'absence de joie : il n'en était rien. Les moments de joie existaient. Cette disposition va souvent avec un fond de bonté naturelle[29].

Louis XIII était bon. Dès son enfance, on avait remarqué chez lui une tendance à ce qu'on appelait la mansuétude. Le roi est bon et a la conscience tendre, écrivait Fontenay-Mareuil. Dans tous les écrits du temps les mêmes expressions reviennent, témoignant des impressions des contemporains sur l'accoutumée bonté, la sincère bonté, du jeune prince qui est vraiment doux et débonnaire. Il est, de soi-même, d'un fort doux et fort bénin naturel, disait quelqu'un qui l'a vu de près ; il n'y a rien au monde de meilleur[30]. Et cette bonté se manifestait sans doute dans l'accueil bienveillant qu'il faisait aux personnes reçues par lui en audience ; mais elle apparaissait aussi de façon utile à l'égard de ceux qui l'entouraient : il était dévoué : je ne manquerai jamais de bonne volonté pour ceux qui m'appartiennent, écrivait-il une fois[31] ; il le montrait. Bassompierre s'étant brouillé avec M. de Luynes, le favori, et redoutant quelque grosse disgrâce, n'en dormait plus ; Louis XIII le réconfortait lui glissant à l'oreille : Bassompierre, mon ami, ne t'ennuie point, et ne fais semblant de rien[32]. Il ne refusait pas les recommandations qu'on lui demandait, notamment pour les procès. Monsieur de Verdun, mandait-il au premier président du Parlement de Paris, je ne suis point en doute de la bonne justice qui se rend à chacun dans mon Parlement, mais désirant que mes officiers domestiques se ressentent plus particulièrement des effets de ma bonne volonté, je vous recommande volontiers la justice de leur cause. Ainsi, ayant su que Biart, l'un de mes valets de chambre, avoit un procès par devant vous, important de la plus grande partie de son bien, je vous ai voulu faire cette recommandation en sa faveur, pour vous inciter davantage à la protection de son bon droit[33]. Assez près regardant sur le chapitre de l'argent, il donnait cependant à ses entours : 6.000 livres à son valet de garde-robe, 1.200 livres au valet de chambre couchant près de son lit. Il fit une fois rebâtir à ses frais la maison d'un de ses écuyers de cuisine, Georges, rue Fromenteau[34]. Les plus petits l'occupaient comme les autres. Quoique roi, il écrivait au grand maître de sa maison, le comte de Soissons, afin de lui recommander la nomination d'un simple galopin à la charge d'aide de fourrière — le fils d'un chef de fourrière mort chargé d'enfants. — Vous en priant comme je le fais, disait-il, vous êtes assuré me faire en cela service agréable[35]. Mais les affaires pour lesquelles on a davantage sollicité son intervention ont été encore des affaires de mariage. On le priait d'appuyer les demandes de soupirants en insinuant qu'il n'oublierait pas leur avenir. J'aiderai à son avancement, écrivait-il à madame de la Rinville, d'un lieutenant de sa compagnie de mousquetaires, M. Lavergne, sollicitant la main de la fille de la dame. Certain père résistait-il ? Louis XIII faisait intervenir des tiers : vous me ferez plaisir, expliquait-il au premier président de Rouen, de vous employer pour vaincre le doute dudit vicomte contre lequel je ne veux user d'aucune autorité, lui laissant la liberté tout entière qu'ont les pères dans leurs familles. Et si quelque rival venait à la traverse, Louis XIII le rembarrait : M. de Manneville, comme l'on m'a dit que vous recherchiez d'épouser la demoiselle d'Agoville, j'ai cru que vous n'aviez pas su la recommandation que j'ai faite à son père en faveur du sieur de la Fontaine qui s'estoit, premier que vous, embarqué à cette même poursuite, laquelle l'on ne me fera pas plaisir de traverser. C'est pourquoi je vous ai voulu envoyer ce porteur, avec la présente de ma main, afin que vous ne soyez surpris continuant une poursuite qui me seroit désagréable[36].

Aux humbles, Louis XIII était bienveillant. Un jour, en chasse, rencontrant un malheureux petit porte panier, un gagne-petit, et l'arrêtant, — l'autre, effrayé croyait avoir affaire à des voleurs, — Louis XIII, amusé, lui faisait étaler sa marchandise, puis souriant la lui achetait tout entière[37]. Il donnait aux pauvres. Tous les mois, il prélevait sur le fonds de ses menus plaisirs huit cents écus qu'il faisait distribuer[38]. Quand le palais de justice de Paris fut incendié, en 1618, et que les marchands qui avaient leurs boutiques à la grande salle se trouvèrent dans la misère, il donna pour chacun d'eux deux mille écus et statua qu'ils auraient six ans afin de payer leurs dettes[39]. En campagne ou en chasse on le voyait se jeter à l'eau afin d'aller au secours d'individus qui se noyaient[40]. Tallemant des Réaux, dont l'historiette sur Louis XIII est pleine de fables, écrit que le jeune roi était un sournois qui n'avoit guère de cœur : il se trompait.

Pour certains, Louis XIII était même affectueux. L'Estoile avait déjà remarqué, à propos de la vive amitié du prince pour Pierrot, le fils d'un pauvre jardinier de Saint-Germain, combien il était tendre, sautant au cou de son petit compagnon, l'embrassant devant tout le monde[41]. La personne qui a le mieux pu apprécier sa sensibilité, est encore son ancienne gouvernante, madame de Monglat, qu'il appelait toujours, à vingt ans comme à six, Mamanga[42]. Il lui écrivait, lui qui n'écrivait guère ; il se rappelait à son souvenir ; il lui racontait ses succès en campagne : Mamanga, autant que je sais que vous m'aimez véritablement, je suis assuré que vous serez bien aise d'apprendre comme tout me réussit avec gloire et heureusement ; je veux que Filandre (la personne qu'il lui envoie) vous dise ce qu'il a vu en peu de temps : n'en pleurez pas de joie ; toutefois je crois que vous ne pourrez pas vous en empêcher. Cette bonne opinion que j'ai de vous fait que je vous en aime encore mieux. Vous me faites plaisir de me mander de vos nouvelles[43]. Il était touché de la fidélité affectueuse de Mamanga. Je sais comme vous m'aimez, je suis fort assuré que vous ne changerez jamais[44]. Il savait tempérer la familiarité à laquelle cette affection pouvait conduire l'ancienne gouvernante, par des nuances de ton marquant la situation royale de l'élève : mais l'affection prédominait : vous ne doutez point que je vous aime et que ce soit de tout mon cœur[45]. Cette tendresse de cœur, il la témoignait encore dans les lettres de condoléances qu'il adressait à ceux qui venaient de perdre un être cher, père, femme ou fils[46]. Il était sensible. Il avait une vive sensibilité qu'il cachait sous des dehors un peu froids, par timidité et dignité. Au fond il avait une âme simple.

 

Des rois de France du XVIIe et du XVIIIe siècles, hormis Henri IV, il a été certainement celui des Bourbons qui a joint la plus grande simplicité de manières à la modestie la plus patiente. Malgré ses allures royales, il avait des goûts de particulier. Tout prince qu'il est, écrivait Balzac, il mène une vie plus modeste et plus régulière que ne font les simples citoyens des petites républiques[47]. C'était beaucoup dire. Assurément le cadre de la vie royale au Louvre, conservé des élégants Valois du XVIe siècle, était toujours celui qui convenait à la Majesté du roi Très Chrétien : Louis XIII n'était pas ému par cet apparat. Il n'était sensible à rien de ce qui pouvait le glorifier : Inaccessible aux louanges pour soi, au point qu'il les tarit, écrira Saint-Simon, Louis XIII connoissoit l'humilité ; il la savoit pratiquer à ses propres dépens. Rien n'égaloit ce mépris, ce détachement, cette aversion des louanges. Il poussa peut-être trop loin l'indifférence personnelle, la défiance de lui-même[48]. C'était chez le prince instinct naturel, absence de vanité ou d'orgueil, en même temps vertu religieuse.

Une des formes de cette simplicité fut l'esprit d'économie. De bonne heure, on avait cru remarquer en lui la même tendance que chez son père à l'avarice. Il était peu dépensier, bon ménager, disaient Sully et Bassompierre, lequel ajoutait pourtant : en petites choses, car il n'y eut roi de France qui eut tant donné, tant dépensé et par conséquent tant tiré parti de son royaume que lui. Attentif pour de modestes sommes, si, à l'occasion, il ne comptait pas pour de grandes, il faisait lui-même les prix et marchés des objets qu'il achetait[49].

Il s'habillait, d'ordinaire, simplement. Au lieu que le goût du temps était de paraître, le jeune roi, mettait couramment des draps modestes à couleurs éteintes. Il détestait le faste des courtisans couverts de passementeries d'or, de clinquants, de rubans, occupés à muser, muguetter sur le pavé de Paris, riolés, piolés, dorés et empanachés pour soutenir l'éclat des yeux efféminés d'une dame et plus curieux mille fois à ajuster une rotonde, amieller leur perruque et donner le tour à leur fraise[50]. Il avait fait promulguer une Ordonnance pour le règlement et réformation de la dissolution et superfluité qui est ès habillemens et ornemens d’iceux. Il la renouvela plusieurs fois[51]. Il ne voulait sur lui pour la vie de tous les jours ni clinquant ni broderie ; dans ses intérieurs, il portait un habit de ratine. Lorsqu'il sortait, en dehors des cérémonies, il s'habillait en simple soldat, vêtu de bure, un castor gris sur la tête[52] : c'étaient les goûts de son père. Mais encore, comme son père, savait-il conserver son rang, et s'il le fallait, paraître, dans les circonstances solennelles, avec l'éclat de la majesté royale : à la réception d'un légat, on le verra revêtu d'un habit brodé de fleurs et de feuillages de diverses couleurs, le pourpoint de satin blanc, le manteau, les hauts-de-chausse et les jarretières couleur fleur de pêcher, bas blancs, baudrier avec agrafes d'argent, sans pierreries : de ces costumes qui valaient de 15 à 1.800 livres[53]. Il conservait dans sa maison toute la suite traditionnelle des fournisseurs de luxe du souverain, gantiers, colletiers, tailleurs, chaussetiers[54] ; pour son usage personnel, il en usait peu : ses manières étaient modestes.

Elles ne l'étaient pas moins dans l'existence quotidienne. Sa dignité royale ne l'empêchait pas de vivre à sa guise sans que l'éclat de son rang le contraignit à la gêne et aux incommodités inutiles. S'il était besoin, il voyageait en poste[55]. Il se levait de bonne heure, six heures, six heures et demie et, en cas de nécessité, trois, quatre heures du matin, sans se soucier du lever officiel en apparat. Quoique généralement il mangeât seul, moins pour obéir aux habitudes royales que par préférence, il ne se privait pas d'inviter du monde à sa table, au moins hors du Louvre. Une fois à Mirambeau, dans le midi, il invitait quinze à vingt seigneurs à souper. L'exempt des gardes du corps, Bordeaux, surpris, appelle cette fantaisie une débauche. Cette débauche vint de lui-même, écrit-il. A la fin du repas, levant son verre, le jeune roi faisait boire les autres de la compagnie aux santés[56]. Une autre fois, près de Saint-Germain, à la Chaussée, sur la Seine, propriété du président des comptes Chevalier, il soupait seul dans une salle, la suite étant dans une galerie ; il venait avant la fin du repas retrouver les convives : que personne ne bouge, faisait-il, à peine de ma disgrâce ! puis il se plaçait entre MM. du Maine et de Rohan qui, vers le milieu de la table, levaient leurs verres pour boire à la santé du roi et il leur faisoit raison en buvant à son tour à la santé de tous[57]. Il acceptait qu'on l'invitât, seulement hors de Paris, en campagne, et n'importe comment, sous des tentes, sous une feuillée. Toujours à cheval par monts et par vaux, en chasse, en voyage, il était cent fois exposé à ne pas trouver de quoi manger. Il se contentait de peu ou de rien. Il n'y mettait aucune mauvaise grâce. Il entrait, dans la maison d'un pauvre paysan et y mangeait un grand morceau de pain bis sans boire[58]. Le cas échéant, on le voyait dîner dans une cuisine, s'attabler avec les gens de sa suite[59]. Il ne redoutait pas de mettre la main à la pâte, portant lui-même les plats sur la table. Il lui arriva de faire cuire son dîner ; une fois, surpris par la nuit avec son grand écuyer et seulement un portemanteau comme suivant, il s'installait dans une hôtellerie, arrêtait un poulailler de Senlis qui portoit (des poulets) à des conseillers et maîtres des comptes à Paris, prenait une volaille et la mettait au feu[60]. Près de Tonneins, en 1621, le personnel de la bouche — service de la cuisine personnelle du roi — n'étant pas là, chacun mit la main à la cuisine : le roi se coupa au doigt en fendant un bâton pour faire flamber du lard sur une carbonate de mouton. Sa Majesté voulut que ce qui avoit été préparé en commun fut mangé en même table[61]. Comme cuisinier il réussissait surtout les plats d'œufs. Un jour de mauvais temps où il avait longtemps marché ayant le vent à la face et la pluie sur le dos, il entroit en une auberge, lui onzième, et faisoit lui-même une omelette, avec du pain et autres choses, fort épaisse ; la faisoit rissoler, en mangeait un peu et buvoit un coup de vin fort trempé. Il s'occupait aussi bien de son marché que de sa cuisine. Nous venons de le voir acheter de la volaille. Dans un voyage à Calais, se trouvant près de Boulogne, il ira sur la rive de la mer, attendant les bateaux qui revenoient de la pèche, achètera deux plies et deux soles et donnera une pistole. Le vendredi, à Saint-Germain, il s'amusait à aller faire la recette de son poisson[62]. Personne ne se choquait : les exemples d'Henri IV, étaient encore récents : on estimait que la délicatesse ne valoit rien aux armes et nuisoit à la réputation de ceux qui les commandent.

Cette rusticité, Louis XIII la manifestait de toute espèce de manières. Avait-il soif en cours de route, il ne se gênait pas, à défaut de verre, pour boire dans son chapeau, comme les soldats[63]. A l'étape, il donnait allègrement un coup de main à la préparation de son gîte. Il s'accommodoit lui-même. Vingt fois, afin d'aller plus vite, il aida le garçon de chambre à faire son lit[64]. Il voulait savoir tout faire. On le vit, à Saint-Germain, s'en aller au galop en haut du préau qui est vers le bout du parc et, à l'exemple de ses petits gentilshommes, quitter son pourpoint, se coiffer de son mouchoir, débrider et desseller son cheval, le frotter et lui donner à manger du foin nouveau pris dans le pré : il faisait le palefrenier[65]. Son père avait dû apprendre tous les métiers dans sa rude existence de roi pauvre et de soldat de fortune : par instinct et par goût le fils l'imitait, c'était chez lui une forme de la curiosité. Cette curiosité universelle l'a-t-il appliquée aux choses de l'esprit ? Louis XIII a-t-il été un intellectuel ?

 

Non, le jeune roi n'a pas été un esprit littéraire. Le goût du temps n'y était pas. Des gens s'élevaient contre les abus de l'instruction, réclamant la suppression des universités, à l'exception de quatre, ne voulant que quelques savants et non cette quantité inutile de lettrés[66] : gentilshommes et courtisans passaient pour ignorants ; ainsi le voulait la mode[67]. Apprendre la danse, la musique, un peu de mathématiques, savoir tirer des armes, aller ensuite en garnison à Metz et à Calais pour se familiariser avec le métier militaire, après quoi passer quinze mois dans une académie, à Paris, afin de devenir un bon homme de cheval était le programme d'éducation d'un garçon bien né[68]. Louis XIII avait suivi ce programme, mais cependant il avait eu davantage et mieux.

Saint-Simon raconte qu'il avait été élevé dans l'ignorance et qu'on ne lui avait même pas appris à lire[69] : c'est inexact. Henri IV, qui avait reçu une éducation un peu sommaire et dont il n'était pas très fier, plus tard, avait voulu que son fils fut instruit. Il tenait à ce qu'il sut le latin, qu'il apprit des langues étrangères[70]. Louis XIII sut le latin : lui ayant lu quelques passages latins, écrivait Bernard, je reconnoissois qu'il n'y avoit guère de mots si difficiles qu'il n'interprétât[71]. A six ans, on lui avait donné pour précepteur le léger et fantaisiste Vauquelin des Yveteaux ; deux ans après, le vénérable Nicolas Lefèvre, enfin M. Fleurance Rivaut, un homme fort savant aux mathématiques. Il apprit beaucoup de choses. Il étudia l'histoire. Bassompierre se vit un jour relever vertement par lui une affirmation au sujet d'un fait historique, concernant Catherine de Médicis, que le prince connaissait mieux que le brillant gentilhomme : Vous ne pensiez pas Monsieur, dit Montpouillan à Bassompierre mortifié, que le roi sut ces choses-là comme il les sait et beaucoup d'autres encore ![72] Il étudia la géographie ; il dessinait admirablement les cartes[73]. Comme langues étrangères, il sut l'espagnol ; — son professeur fut Ambroise de Salazar[74] ; — l'italien, qu'il connaissait assez pour pouvoir suivre un sermon ou une comédie[75]. Il travailla les mathématiques. Son éducation était faite avec des intentions pratiques : la première leçon que lui donna M. Lefèvre, en 1611, portait sur l’Art de régner de Basile Ier dit le Macédonien, empereur grec du IXe siècle ; et l'on commentait devant le jeune prince des extraits de Tertullien sur le gouvernement des peuples[76].

Grâce, moitié à ce programme un peu lourd, moitié à des dispositions insuffisantes, Louis XIII fut un élève médiocre. Le travail scolaire l'ennuyait : Il n'aimera nullement les lettres, gémissait M. Lefèvre, le précepteur, ni les gens de lettres : il a un grand dédain des lettres. Dès qu'il le pourra, Louis XIII congédiera ses précepteurs et les remplacera par de simples lecteurs. L'étude livresque lui était fastidieuse[77].

Il ne lira pas. A peine feuilletait-il les œuvres d'Elien sur la fortification, de du Fouilloux sur la chasse. Une fois, M. Ménard, lieutenant de la prévôté d'Angers, lui offrait un exemplaire de l'histoire de Saint-Louis de Joinville, qu'il venait de publier selon le vieil langage du temps. Quand on dit au roi que c'estoit le langage que parloit Saint-Louis, il se mit à lire si avidemment qu'il y fut une grosse demi-heure, sans que l'on l'en put divertir, et prenoit un grand plaisir à le lire et rioit de bon cœur, quand il trouvoit quelque ramage extravagant du siècle[78]. C'est tout. Henri IV d'ailleurs ne lisait pas non plus. Il n'y a pas lieu de tenir compte des gages, gratifications, pensions, accordés aux écrivains, annalistes, historiographes, bibliothécaires du roi par Louis XIII : c'était une tradition administrative, automatique et régulière[79].

S'il n'a pas été attiré vers les lettres, en revanche Louis XIII a eu le goût des arts. Il l'a eu d'une façon prononcée. Il aima tous les arts, peinture, sculpture, musique. Il les aima en praticien, curieux de manier le pinceau, de modeler, d'exécuter un air ou d'en composer. Il n'y mettait aucune prétention, ne se croyait pas un artiste : il y apporta beaucoup de suite et d'efforts. Après qu'il avoit vaqué aux affaires, il donnoit ordinairement les heures d'après dîner pour se divertir ; il prenoit un pinceau, parfois pour ébaucher un tableau et comme il abondoit en jugement, aussi se plaisoit-il en la partie de la peinture qui est la plus judicieuse, savoir à la pourtraiture, qu'il entendoit à merveille[80].

Enfant, il avait aimé griffonner de petits dessins que le médecin Héroard nous a conservés pieusement intercalés dans son journal[81]. Lorsque le petit prince avait dix ans, le public savait sa prédilection pour la peinture et en augurait bien : c'est une science, disait l'Estoile, de laquelle on dit que jamais tête de lourdaud ne fut capable ![82] Les précepteurs s'élevaient contre ces goûts inutiles : pour les arts, s'écriait Vauquelin des Yveteaux, Sa Majesté doit plutôt en tirer de l'utilité et du contentement par autrui que par lui-même. En peinture, c'est assez qu'il puisse juger de la bonne ou mauvaise composition d'un tableau, de la beauté des sujets... Les princes qui ont été les plus savants en cela ne sont pas ceux qui ont mis leurs affaires en meilleur état ![83] Louis XIII n'écouta pas.

Il prit des leçons du peintre Jacob Bunel ; il se fit donner des conseils par les artistes attachés à sa maison avec les titres honorifiques de valet de chambre, ou de valet de la garde-robe : Beaubrun, Daniel du Monstier, Nicolas Duchesne[84]. Il dessinait aux crayons de couleur, cherchait, apprenoit lui-même, dit Héroard. En campagne, il esquissait la silhouette d'un château qu'il était en train d'assiéger. Le même Héroard qui le trouve ingénieux aux arts, raconte comment, tout en écoutant le secrétaire d'état aux affaires étrangères, Puisieux, le mettre au courant d'une négociation, il crayonnait[85]. Au dire du P. Cotton, la majeure partie de ce que Louis XIII savait en peinture ou en dessin, il l'avait appris de lui-même[86]. Nous n'avons presque rien conservé de lui[87].

Il sculptait. Il a sculpté beaucoup moins qu'il n'a peint. Pierre Franqueville lui donna des leçons de modelage. Plusieurs, écrivait un gentilhomme de son entourage, ont pu voir dans le cabinet de feu Franqueville, son sculpteur, une de ses pièces en relief ; je l'ai autrefois contemplée avec plaisir[88].

Si l'état des finances du royaume l'eut permis, Louis XIII eut construit. Il dut se borner. En 1617 il posait la première pierre du pont Saint-Michel, à Paris[89]. A la suite de l'incendie de la grande salle du Palais de Justice, en 1618, il décidait la réédification du monument, que Salomon de Brosse allait commencer[90]. En 1623 il entreprendra la modeste construction du château de Versailles, simple gentilhommière de campagne où il désirait pouvoir se retirer peu accompagné[91]. Surtout il a eu la grande pensée de continuer le Louvre. On conservait précieusement dans les archives des bâtiments les plans de Lescot. Louis XIII décida de poursuivre l'édifice. Le samedi 22 avril 1624, quatre de ses six architectes ordinaires : Clément Métezeau, Paul de Brosse, Androuet du Cerceau, Jacques Le Mercier, ainsi qu'une douzaine d'entrepreneurs de maçonnerie étaient convoqués devant le conseil du roi afin d'examiner les plans et profils du monument à continuer, tels que l'architecte du XVIe siècle les avait laissés, et de soumissionner à l'adjudication pour satisfaire au commandement de Sa Majesté. Jacques Le Mercier obtenait l'entreprise[92]. S'il n'a pas beaucoup construit, Louis XIII a heureusement fait ses choix : Versailles et le Louvre ! ce sont précisément les principaux titres de gloire de son fils Louis XIV dans les arts.

Louis XIII a notablement commandé aux orfèvres et aux joailliers[93]. Il a fait travailler Clovis Eve, le relieur dont nous avons conservé de belles reliures massives. Mais de tous les arts, celui qu'il a le plus assidûment pratiqué, c'est encore la musique.

Il l'a aimée avec passion. Les musiciens de son temps en étaient flattés. Savoir bien la musique, écrivait Gantez, n'est pas aujourd'hui peu de chose, puisque notre puissant monarque la met au rang de ses plus agréables divertissements[94]. De bonne heure il avait marqué sa prédilection pour l'art musical. Jeune homme, il fit de la musique constamment, surtout le soir, quand la journée était terminée. Le petit coucher voulu par le cérémonial achevé, le prince, ayant donné le bonsoir au monde, se livrait une heure ou deux encore, à son occupation favorite[95]. Il avait deux groupes de musiciens : la musique de la chambre, qui comprenait 9 chantres : un haute-contre, 5 basses-contre, 3 enfants comme soprani ; plus 7 instrumentistes : 2 joueurs de luth, 2 joueurs de hautbois, un joueur d'épinette et deux joueurs de flûte ; puis la musique de la chapelle. Il veillait à l'éducation des enfants choristes, les confiait à un maître spécial pour les instruire[96]. Si un de ces chanteurs venait à manquer, il envoyait très loin pour le remplacer, jusqu'à Tours, ou réquisitionnait quelque religieux célèbre pour sa voix qu'on enlevait à son cloître, moyennant une gratification[97].

Le roi dirigeait lui-même ses chœurs dans sa chambre. Il jouait de plusieurs instruments. Le musicien Florent Indret lui avait appris à pincer du luth, l'instrument à la mode. Il jouait de la guitare. En bon chasseur qu'il était, il sonnait du cor[98]. Il chantait aussi et faisait sa partie. Personne ne parait lui avoir donné de leçon : son inclination à la musique étoit si grande, écrivait de Bellemaure, que sans en avoir étudié seulement une règle, il chantoit avec les maîtres sans faire presque un faux ton[99]. Il chantait par goût, aussi bien des chansons populaires, des guimbardes, que des airs d'église, lents, graves, harmonieux, un peu mélancoliques. C'étaient ceux-ci qu'il préférait. Il faisait exécuter des motets. Lorsque le soir, après souper, ou les jours de pluie, il réunissait dans sa chambre trois ou quatre exécutants afin de chanter avec eux quelque motif, — il dénommait ce groupe la petite musique, — il invitait les personnes de son entourage à participer à ces exercices, le prince de Condé, par exemple[100]. De toutes les pièces du Louvre la meilleure, pour le chant, était la chambre du roi, haute, large et longue, toute tapissée de boiseries. Sauval, quelques années plus tard, vantera l'excellente acoustique de cette salle[101].

Louis XIII composait. Tallemant des Réaux avoue que composant sa musique le roi ne s'y connaissoit pas mal : c'étaient des airs d'église, qu'il écrivait, des motets. Il devait, à la fin de sa vie, mettre en musique un office des ténèbres et un De Profundis qui sera exécuté dans sa chambre après sa mort. Gomme pour la peinture et la sculpture, ses œuvres n'ont pu lui survivre. Bonnet, dans son Histoire de la musique, écrite en 1715, raconte qu'il existait de son temps un petit livre des airs de la composition du prince dont on faisait chanter les morceaux dans des concerts ; on ne sait ce que ce petit livre est devenu[102].

Mais avec le goût des arts, ce qui a essentiellement caractérisé Louis XIII, c'est le goût pour la mécanique. Le jeune roi était né mécanicien.

 

Il étoit industrieux et adextre, écrit Sully, en toutes sortes de sciences, exercices, arts et métiers où il se vouloit appliquer. Il savoit mille choses, dit madame de Motteville, comme tous les arts mécaniques pour lesquels il avoit une grande adresse et un talent particulier[103]. Habile de ses doigts, aimant les outils, le jeune roi travaillait avec patience et succès. De bonne heure il avait manifesté ses préférences, au grand mécontentement toujours de ses précepteurs, assez dédaigneux de pareilles futilités. Vauquelin des Yveteaux trouvait vraiment que le roi aimoit beaucoup plus les armes mortes que les vivantes qui sont les hommes et qui sont les vrais et propres instruments et outils des princes. Il est à propos de regarder, ajoutait-il, que Sa Majesté ne s'amuse pas trop aux mécaniques et aux choses qui dépendent de la main, car ceux qui s'amusent à faire des horloges, des ponts, fondre des canons et faire toutes sortes de machines, ont eux-mêmes plus de rapport avec les ingénieurs qu'avec les rois de qui la science principale est de faire différence des hommes et de les bien connaître[104].

Louis XIII avait une petite forge au Louvre, dans les parties supérieures du pavillon du roi, et une autre au château de Saint-Germain. C'était principalement les armes qu'il travaillait : Sa dextérité est merveilleuse en toutes sortes d'ouvrages à la main, écrivait un gentilhomme : un temps a été qu'il n'avoit point de plus familier divertissement es heures perdues, qu'à fondre et forger des armes[105]. Il fondait de petits canons : L'ouvrier qui lui montrait le métier était un certain Mabereau qu'il avait fait venir de Limoges exprès pour servir Sa dite Majesté en choses rares esquelles il a accoutumé de travailler, comme armurier, orlogeur, sculpteur et fondeur. C'est avec lui qu'il démontait, remontait, réparait et travaillait ses armures[106].

Il avait un très beau cabinet d'armes, garni d'arquebuses nombreuses, de mousquets de tous genres, de petits canons, d'épées innombrables, de pièces damasquinées et autres. Un de ses gens, le sieur Jumeau, artillier, gardait la clef, entretenait la collection, et tenait soigneusement un inventaire à jour[107].

Louis XIII menuisait. Il avait un établi et maniait la varlope. En voyage, une volée de son carrosse se cassait-elle, il était en mesure d'aller lui-même avec une hache dans un bois voisin couper un petit arbre ; il l'accommodoit, le réunissant dans le fer, l'y serroit. On fut inquiet un jour d'un mal qu'il eut à l'œil gauche, pour s'être entré de l'ordure de bois en le sciant et soufflant dessus.

Il maçonnait. A Saint-Germain il monta un petit fourneau de forge, de brique et de mortier. Il tournait l'ivoire. Il avait un tour : c'était un allemand qui lui avait appris l'art de façonner de petites pièces d'ivoire. A Lésigny il s'amusait à souffler des verres[108]. Il fut imprimeur ; il monta une petite imprimerie, toujours dans le haut du Louvre. Le roi, expliquait Charles Bernard, ayant voulu avoir connaissance de toutes sortes d'arts, voulut voir en quelle façon les livres s'imprimoient et comment plusieurs caractères, diversement arrangés, marquoient des feuilles en peu de temps pour multiplier toutes sortes d'écrits. Il fit dresser une belle imprimerie en haut du grand pavillon du Louvre, où Sa Majesté prit plaisir à voir travailler, faisant imprimer plusieurs prières et ensuite quelques quatrains que ses courtisans faisoient à l'envi l'un de l'autre pour le divertir. Bernard dirigeait le petit atelier[109].

Louis XIII s'intéressait à toutes sortes d'inventions. Avec l'hydraulicien Francine, il étudiait les effets d'eau, se faisait montrer par celui-ci les agencements divers combinés et s'essayait à faire des hydrauliques pour des fontaines. Avec ses artificiers ordinaires, Jumeau et Morel, il fabriquait de petits engins à feu, des pièces d'artifices, des fusées, auxquelles ensuite il mettait le feu sur le portail du bâtiment neuf, à Saint-Germain, et dont les effets, nous assure-t-on, étaient fort beaux[110]. Il n'était ouvrier qu'il ne vit besogner sans regarder attentivement comment il s'y prenait afin de l'imiter, tellement cette curiosité universelle le sollicitait vers tout et le besoin d'activité incessante était impérieux chez lui. Mais pour un jeune prince actif et un roi en perpétuel mouvement il était une occupation qui devait naturellement primer toutes les autres, c'était l'équitation et la chasse : Louis XIII a été un excellent cavalier et un chasseur émérite.

 

Encore que les Français naissent le cheval entre les jambes, écrivait un de ses précepteurs, et que le port et la belle assiette soient plus considérables aux grands que la science délicate de la main, du talon et des autres aides qui regardent les quatre manèges, on doit pourtant mettre en peine que notre prince ne soit pas moindre en cela que Henry le Grand qui, dans les tournois et devant les dames qu'il ne haïssoit pas, a toujours passé comme le plus beau gendarme et le meilleur coureur pour le port de la lance, le partement du chevalier, la beauté de la course ou pour la justesse et la netteté d'arrêt[111]. On avait attendu que Louis XIII eut quatorze ans pour le mettre en selle[112]. L'écuyer auquel il avait été confié était Pluvinel, homme d'expérience, expert en son art, ayant des théories qu'il écrivit. Nous pouvons assister aux leçons d'équitation de Louis XIII, les phases de son instruction ayant été gravées par Crispin de Pas en une suite de magnifiques estampes[113]. Louis XIII était beaucoup mieux à cheval qu'à pied[114]. Il devint très habile. Il manioit son cheval avec tant de grâce, disait un de ses familiers, qu'il lui faisoit faire tout ce qu'il vouloit[115]. Pluvinel assure que le roi n'avait guère de pareil pour ce regard en son royaume ; et en effet, aucune difficulté n'arrêtait le prince, rien ne l'effrayait[116]. Souvent on constata son habileté. A Narbonne, lors de son entrée solennelle, le 17 juillet 1622, son cheval, qui avait la croupière trop serrée, sauta les quatre fers en l'air, le surprit ; il se remit si dextrement qu'à peine il y paroissoit et n'en parut aucune chose à sa contenance. En chasse il allait à toute bride, à son accoutumée. Si son cheval tomboitsur le devant, à chute redoublée, et tournoit sur le côté, nullement ému, il remontait sur la même bête, quelque prière qu'on lui en fit, et repartait au galop comme devant[117].

Il ne craignit pas de se montrer en public dans des fêtes solennelles pour exposer son adresse au jugement de la foule. Une académie de cheval, en ce temps, apprenait à la jeune noblesse à piquer, tirer des armes, combattre à la barrière, courir la bague et autres. Durant le séjour de la cour à Paris, les jeunes seigneurs s'essayaient à l'Arsenal ou à la Place royale à rompre en lice ; le populaire marquait les coups. Louis XIII se hasarda. Il y eut des séances retentissantes organisées. Le jeune roi fut souvent vainqueur[118].

Il conduisait très bien les attelages. Bien que le plus souvent il voyageât à cheval et non en carrosse, s'il usait de ce dernier mode de transport, en pleine campagne, il montait quelquefois sur le siège et prenait les rênes[119].

Mais il s'est plus intéressé aux chiens qu'aux chevaux, en vue de lâchasse surtout[120]. A Saint-Germain, en guise de promenade, il allait voir sa meute[121]. S'il apprenait que quelque gentilhomme eut des chiens d'une valeur appréciable, il ne se gênait pas pour l'inviter à lui en envoyer : Monsieur de Monpipeau, écrivait-il, m'assurant que vous aimerez toujours mieux mon plaisir que le vôtre, je vous fais la présente, ayant appris que vous aviez de fort bons chiens, pour vous prier de m'en vouloir donner huit et me les envoyer par ce présent porteur, l'un de mes valets de pied. Je sais que vous ne choisirez des pires. Ce sera pour renforcer ma meute et me convier à donner occasion de continuer la bonne volonté que j'ai pour vous[122]. Sa vénerie était toute une administration hiérarchisée, avec gentilhomme de vénerie, lieutenant, valets de limier, maîtres valets de chiens. Il faisait lui-même les nominations de ces personnages.

Il tirait très bien. Héroard affirme qu'il tiroit sûrement et facilement des oiseaux en l'air avec la harquebuse, ce que l'ambassadeur d'Angleterre, Herbert de Cherbury, confirme pour avoir vu souvent le prince atteindre au vol des oiseaux dans le jardin des Tuileries[123]. Il ne se passait pas de jours que Louis XIII ne sortît avec son arme afin d'aller tirer aux oiseaux, au Louvre, dans les jardins, ou sur le haut de la petite tour flanquant la Porte-Neuve, porte de Paris subsistant de l'enceinte de Charles V et située sur le quai, le long- du Louvre[124]. Pour le tir, il ne craignait pas d'affronter les concours. Il organisa, en choisissant les plus habiles parmi les gentilshommes de son entourage de son petit coucher et de ses petites chasses, une compagnie de tireurs adroits entre lesquels avait lieu chaque lundi un concours au papegay. Celui qui abattait était appelé le capitaine pour le restant de la semaine. Quelquefois Louis XIII emmenait cette compagnie à la chasse ; la troupe se déployait et chacun ne devait manger que ce qu'il aurait tué[125]. Il organisa des concours de papegaux, d'arbalètes, d'arcs, d'arquebuses ; le prix était un joyau dont la valeur était prélevée sur les revenus du domaine royal[126]. En voyage il se mettait en rapport avec les compagnies de tireurs. Une fois, en 1618, se trouvant à Tours, on lui parla, avec grands éloges, d'une troupe de bons arquebusiers, enfants de la ville. Il les fit venir au mail du parc de Plessis-les-Tours, où il résidait, décida de concourir avec eux, mesura la distance à cent dix pas, et donna le prix, d'une valeur de cinquante pistoles. Le soir, il faisait servir du vin aux arquebusiers qui rentraient à Tours, tambours battants, fort glorieux d'avoir pris part à cette louable contention de dextérité[127]. Bon cavalier, bon tireur, Louis XIII avait ce qu'il fallait pour être un grand chasseur : il l'a été.

Il a tenu le goût de la chasse de son père, lequel le possédait à un haut degré et ne savait pas cheminer sur une route sans une arquebuse à la main[128]. Chez Louis XIII c'était un instinct et un plaisir raisonné. J'ai appris de ses officiers, écrivait Jean Danès, qu'il avoit dit plusieurs fois qu'il s'étoit adonné à cet exercice seulement à cause que c'étoit le divertissement le plus innocent et convenable à un prince dans les heures de plaisir qui lui restoient des affaires publiques[129]. Lorsque le roi était enfant, un florentin réputé, Francisco de la Sciorina, lui avait appris les difficultés du métier[130]. Il travailla les bons livres, celui de Jacques du Fouilloux, la Vénerie[131]. Des gens lui dédièrent des traités et abrégés de la chasse[132]. Sachant son faible, Marie de Médicis lui donnait, comme cadeau de nouvel an, des objets se rapportant au plaisir de la chasse qui est celui que vous aimez le mieux[133]. Il s'y adonna avec ardeur : la chasse qu'il affectionna fut la chasse au vol.

Ses oiseaux de vol ont tenu une grande place dans sa vie. Il les avait près de lui, au Louvre : un grand nombre dans certaine pièce de son appartement située entre sa chambre et la galerie d'Apollon. Il allait les voir, les faisait manger. En campagne, il les emmenait avec lui et les baignait dans les rivières[134]. Combien ses précepteurs se plaignaient encore de cette prédilection pour son cabinet des oiseaux ! On lui a laissé dresser une fauconnerie tout contre son cabinet, disait M. Lefèvre, laquelle le divertit totalement de l'étude ; ceux qui ont la charge ne manquent jamais de flatter son inclination quand il va écrire, et de lui subministrer de nouveaux objets pour le détourner de l'étude ![135] Couché, le roi se relevait, passait une robe et allait dans son cabinet prendre ses bêtes au poing et les caresser. Les voleries étaient une des curiosités du Louvre ou de Saint-Germain. Elles avaient un personnel, une administration et un budget[136].

Petites et grandes chasses, Louis XIII a tout pratiqué. Visiblement ce sont les petites chasses qui ont ses préférences, chasses au tir — ou au vol — dans lesquelles, il part, pour une matinée, un jour, voire même cinq à six jours, quittant la cour, les ministres, les affaires, afin d'être tout entier à son plaisir. Est-il en voyage ? Arrivé à l'étape il change de costume et s'en va, l'arquebuse à l'épaule ou un oiseau au poing. A toute heure, surtout à Saint-Germain, où il est plus libre, il sort avec son épervier, son émerillon, il gagne à pied la terrasse et la forêt. Il a inventé des voleries spéciales. Il chasse aussi le loup, moins le cerf, presque pas le sanglier, surtout le renard[137].

En grande chasse il s'en va, escorté d'une suite nombreuse : un capitaine, trente chevaux portant les gens de vénerie, une centaine de gentilshommes ; en tête, cent chevau-légers, et autant en queue : c'est exceptionnel[138]. Il aime beaucoup mieux une suite restreinte, quelques domestiques, à peine, et un petit nombre de courtisans. D'avance, pour les chasses à courre, il a fixé lui-même les relais et les quêtes[139]. C'est un chasseur acharné, poursuivant un cerf des journées entières, se laissant surprendre par la nuit au milieu des bois, presque seul. Il lui arrive des aventures : il se perd, errant dans l'obscurité, afin de trouver quelque maison de charbonnier, puis arrive tout mouillé dans une méchante auberge et passe la nuit comme il peut[140]. Il sait tous les coups ; il en invente. Cette passion a fini par devenir tyrannique et, au dire de tous les contemporains, abusive, surtout en 1623. Il manque de modération, écrivait le nonce Corsini ; sans doute il n'a que ce plaisir et s'abstient de bien d'autres moins innocents ; mais néanmoins, ajoutait le prélat, il faut bien qu'il y apporte quelque tempérament. On lui faisait des observations, des prédictions même pour l'effrayer : rien n'y faisait[141].

 

Bon cavalier, bon tireur d'arquebuse et à l'arc, bon chasseur, Louis XIII s'adonnait aussi à tous les jeux les plus variés. Il était adroit joueur de paume. Il jouait à la longue paume dans les résidences où il allait, ayant des salles de jeu un peu partout, au Louvre, à Saint-Germain, à Fontainebleau, et, quand il n'en avait pas, comme à Compiègne, jouant dans la cour du château ou dans les fossés de la ville ; son ami, M. de la Curée était son compagnon de jeu[142].

Encore à seize ans, Louis XIII jouait aux barres ; après la mort de Concini, il ne jugera plus ce jeu conforme à la dignité royale. Il apprit à nager, assez tard, il est vrai, à vingt-trois ans, à Saint-Germain. Il canotait, principalement à Fontainebleau sur l'étang, quelquefois à Paris sur la Seine : il avait au Louvre un petit bateau qu'on lui portait à la rivière sur une charrette. Il péchait ; il péchait à la ligne à Saint-Germain, d'ailleurs peu[143].

Il n'a pas aimé la danse. Comme il fallait qu'il sut danser, on lui donna des leçons indéfiniment ; à vingt-deux ans il en prenait encore : Danse à regret, écrivait Héroard ; il n'aime pas la danse de son naturel ; de sa nature, il ne s'y plaît pas[144]. Cependant, chaque année, à la fin de l'hiver, au début du carême, Louis XIII devait donner un grand bal au Louvre, fête magnifique, dans laquelle était représenté un ballet auquel prenaient part, comme acteurs, le souverain, la famille royale, de grands seigneurs. Louis XIII s'est assez intéressé à ces représentations. Les spectateurs vantaient sa grâce à jouer son rôle. Intermittents sous Henri IV, les ballets devinrent annuels au moment des vingt ans de Louis XIII. C'étaient des mélanges de poésie, de musique et de danse, avec pantomimes, mascarades et défilés, sur des sujets mythologiques ou autres. Le roi s'occupait des sujets, les faisait chercher, choisissait, collaborait avec les librettistes, Etienne Durand, Théophile de Viau, Boisrobert. La représentation avait lieu dans la grande salle du Louvre, au premier étage, le théâtre au fond, sur une estrade ; ou bien dans la grande salle du Petit Bourbon[145].

Aux longues heures du soir Louis XIII ne détestait pas prendre des cartes. Il s'amusait à faire jouer ses ministres, Puisieux, Schomberg, le cardinal de Retz ; le plus souvent ses intimes : Bassompierre, Toiras. Mais il était loin d'apporter au jeu la passion qu'avait eue son père. Les cartes n'intervenaient que dans ses heures de désœuvrement où, incapable de demeurer oisif, il s'adonnait à des occupations quelconques, souvent, sans intérêt, ce qu'Héroard traduit par la formule : amusé diversement[146]. A la campagne, à Lésigny, à la ville, il se livrera à des exercices que Ton estimera n'être plus de son âge, un peu enfantins : on le lui reprochait. Le confesseur était chargé d'appeler son attention sur l'obligation qu'avait un roi de ne vaquer qu'à des choses nobles et élevées. Louis XIII obéissait puis revenait à ces divertissements. Il est déplorable, faisait écrire Marie de Médicis, que le roi s'amuse à des exercices d'enfant, chose indigne à l'âge d'un si grand roi duquel les actions doivent servir d'exemple à tous les sujets. L'histoire a retenu ce détail et l'a un peu grossi. Il faut le signaler en le réduisant à ses termes exacts[147].

Aussi peu sédentaire que son père, le jeune Louis XIII, enfin, a été un roi continuellement par voies et par chemins. Il sortait chaque jour à Paris, où il n'avait pour but de promenade que le tour, fastidieux à la longue, des Tuileries jusqu'aux Feuillants. Ouverts au public et fort à la mode, les Tuileries étaient trop fréquentés. Le roi n'y était pas libre[148]. Il préférait sortir de la ville, aller dans les plaines environnantes, celles du Roule, de Grenelle, du Bourget, plus loin encore. A part Vincennes qu'il a peu goûté et où il est allé rarement, c'est Saint-Germain qu'il fréquentait de préférence. Il s'y rendait constamment, partant à cheval pour aller y passer deux ou trois jours. La vie au milieu des bois lui plaisait. Quand il devait y séjourner un peu longuement, la cour le suivait, avec les ministres et les ambassadeurs. Il prit l'habitude de passer une partie de l'été à Saint-Germain. Il allait se promener à pied, du matin au soir, au parc, en forêt, le long de la Seine, faisait des courses de deux à trois heures. Une grande distraction pour lui était de se rendre aux fêtes locales, les assemblées, des villages des environs : Joyenval, Maisons, Herblay, le Vésinet : il déjeunait et revenait en carrosse[149].

Si une épidémie survenait, il s'en allait plus loin, à Compiègne, à Fontainebleau[150].

Il a beaucoup voyagé. Les affaires intérieures — soulèvements des Huguenots, révoltes de la reine mère — l'ont obligé, presque chaque année, à entreprendre quelque longue chevauchée à travers les provinces. Il aimait être en route et il allait gaiement, à trousse bagages, changeant souvent, heureux du plein air et de la liberté. Ceux qui se plaignaient étaient les gens obligés de le suivre : tout ce pauvre régiment des gardes, narrasse, les gens de pied fatigués, les bourses des courtisans épuisées et les écornifleurs de cour devenus fort hâves, maigres, sans savoir sur quel pied danser, comme on dit, ni à quel saint se vouer ![151]

 

 

 



[1] Pour l'iconographie de Louis XIII à vingt ans, nous avons une belle médaille de G. Dupré de 1623 (Cf. Mazerolle, Les Médailleurs français du XVe siècle au milieu du XVIIe, Paris, 1902, in-4°, t. II, p. 137) ; une série de gravures de Grispin de Pas (dans le Manège royal de M. de Pluvinel, Paris, 1623, in-fol.) ; un portrait anonyme conservé à Florence. Cf. une dépêche de l'envoyé florentin A. Cioli dans Zeller, la Minorité de Louis XIII, p. 126 ; et une lettre du nonce citée par F. Rocquain (Notes et fragments d'histoire, Paris, 1906, in-8°, p. 348).

[2] Sully, Économies royales, éd. Michaud, t. II, p. 477 ; Le Roy, Remarques sur la vie du roy, Paris, 1622, in-4 u, p. 65 ; de Sainte-Marthe, Second panégyrique du roi, (s. l.), 1623, in-12°, p. 43 ; C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. II, p. 116 ; ajouter les impressions d'un témoin voyant entrer Louis XIII dans Avignon en 1622 : T. de Berton, la Voye de lait ou le chemin des héros au palais de la gloire, Avignon, 1623, in-4°, p. 48.

[3] Les témoignages abondent : on pourrait en relever de très nombreux dans Héroard, par exemple : Bibl, nat., ms. fr. 4025, fol. 419 r° ; 4026, fol. 28 r°, 50 r°, 318 v° ; 4 027, fol. 176 v° (Sa Majesté a le corps de fer). Cf. Le Voyage du roi à Calais, Lyon 1621, in-12°, p. 4 ; Herbert de Cherbury, Mém., trad. Baillon, p. 135 ; de Bellemaure, le Portrait du roi, Paris, 1618, in-12°, p. 15 ; etc.

[4] Lettre à Marie de Médicis de 1619, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 67.

[5] Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 134. Cf. Lettre de Cléophon à Polémandre, 1618, p. 17 ; la dépêche de l'ambassadeur Contarini du 10 novembre 1620, Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 90.

[6] Héroard, Bibl. nat., ms.fr. 4025, fol. 290 v°, 438 v° ; 4027, fol. 32 r°.

[7] Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 68 r°.

[8] Dép. de l'amb. vénit. du 29 mars 1624, Bibl. nat., ms. ital. 1782, p. 74 : et du nonce Corsini, Arch. nat., L. 397, fol. 416 r°.

[9] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 377, 394 ; Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 69 r° et suivants : Journal de l'exempt des gardes du corps Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 302 et suiv.

[10] Les mentions sont fréquentes dans Héroard ; voir par exemple : Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 434 v° : 4026, fol. 197 r° ; 4027. fol 60 r°, 229 v°, 232 r°, 281 v° etc. Cf. Guillon, La Mort de Louis XIII, étude d'histoire médicale, Paris, 1897, in-8°. Il y a des formes que l'on observe pour servir le roi lorsqu'il est malade : Bibl. nat., ms. Dupuy 218, fol. 296 ; nouv. acq. fr. 7859, fol. 101.

[11] Herbert de Cherbury, Mém., trad. Bâillon, p. 135 : Vauquelin des Yveteaux, Note sur le prince : Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 182 : Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 66 r° : 4027, fol. 83 v°.

[12] Sur le bégaiement de Louis XIII, voir les passages d'Héroard (éd. Soulié), t. I, p. 7, 61, 184, 209, 270, 278 ; t. II, p. 159 ; des dépêches du nonce, d'octobre 1623 (dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 286) ; de l'ambassadeur vénitien du 27 janvier 1618 (Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 557), du 29 septembre 1620 (Ibid., 1774, p. 264) ; Herbert de Cherbury, op. et loc. cit. ; les Anecdotes de l'histoire de France tirées de la bouche de M. du Vair, dans Mém. de Marguerite de Valois, éd. Lalanne, 1858, p. 295 ; Bassompierre, Mém., éd. Chantérac, t. III, p. 137.

[13] Dépêche du 16 février 1624, Bibl. nat., ms. ital. 1781, p. 304.

[14] Chaulnes, Relation exacte, p. 407 ; Tallemant, Historiettes, éd. P. Paris, t. VII, p. 269.

[15] Sur tous ces détails voir les dépêches des ambassadeurs vénitiens (Bibl. nat., ms. ital. 1770, p. 5 : 1771, p. 86, 120 ; 1777, p. 91, 133) ; le Journal de Daniel Manceau (dans Arch. hist. de la Saintonge, t. I, 1874, p. 220) ; Jean Danès (Toutes les actions du règne de Louis XIII, 1643, in-4°, p. 335) et Mme de Motteville (Mém., t. I, p. 372).

[16] Jean Danès, Toutes les actions du règne de Louis XIII, p. 364, 366, 368 ; Charles de Noailles, évêque de Saint-Flour, L'Empire du juste selon l'institution de la vraie vertu, Paris, 1632, in-4°, Préface.

[17] Malherbe, lettre à Luynes, dans Œuvres, éd. Lalanne, t. I, p. 394.

[18] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 250 v°.

[19] Lettre du P. Cotton au duc de Bavière, Bibl. nat., Moreau 1278, fol. 139 r°. Cf. Dupiney, Panégyrique présenté au roi, (s. l. n. d.), p. 57.

[20] Dépêches du nonce de 1621 et 1623, dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 2, 283, 280 ; Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 120.

[21] Nous avons plusieurs exemplaires de cette liste copiée de sa main en français ou en latin (Bibl. nat., mss. fr. 3798, fol. 44 r° ; 3815, fol 14 r°).

[22] Réjouissance de la France sur l'élection et rétablissement de Monseigneur du Vair, Paris, 1617, in-12°, p. 24 ; Sully, Économies royales, éd. Michaud, t. II, p. 477. Contarini dit que Louis XIII est un ange que Dieu a donné à la France (dép. du 14 juillet 1018, Bibl. nat., ms. ital. 1772, p. 132).

[23] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 6.

[24] Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. Il, p. 215, 222, 223 ; Tallemant, Historiettes, éd. P. Paris, t. II, p. 242 ; Héroard, Bibl. nat. ms. fr, 4027, fol. 62 v°.

[25] Héroard, op. cit., fol. 69 v°, 70 r°.

[26] De Bellemaure, le Portrait du roi, Paris, 1618, in.-12, p. 73 : Je n'estois pas loin de Sa Majesté, dit Bellemaure.

[27] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 142 v° ; voir d'autres traits analogues, ms. fr. 4025, fol. 463 v° ; 4027, fol. 169 r°.

[28] Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 104 f, 172 r°, 173 r°. Voici un exemple de ces lettres : Le Nétron, les merveilles que vous me racontez de ce pays-là ne sont pas semblables à celles de deçà, car le Marais ayant été jusqu'aux portes du Paradis, a fait une conférence avec le Dieu Bacchus du sujet de sa maladie... etc.

[29] Vauquelin des Yveteaux parle de l'âme mélancolique de S. M. (Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 209). En réalité Héroard relève bien les jours où le prince est pensif et triste (par exemple, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 114 r°). Sur la timidité du roi, voir Montpouillan (Mém., dans Mém. du duc de la Force, éd. La Grange, t. IV, p. 42).

[30] Jean Héroard, De l'Institution du prince, Paris, 1609, in-8°, p. 100 ; Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud, p. 166 ; Discours véritable fait par le sieur de Brèves du procédé tenu lorsqu'il remit entre les mains du roi la personne de Mgr le duc d'Anjou, Paris, 1618, in-4° p. 39 ; Petit avis d'un ferme catholique, 1622, in-12°, p. 2 ; le Prince absolu, Paris, 1617, in-12°, p. 15 ; lettre du duc de Bouillon à Louis XIII du 1er mars 1621, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 7798, fol. 244 r°.

[31] Lettre au comte de Soissons (de vers 1620), Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 71 r°.

[32] Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. II, p. 223.

[33] Lettre du 25 octobre 1622, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 164 r°. Voir aussi des lettres de recommandation pour le fils de Tronson (Ibid., fol. 89 v° et 90 r°) et d'autres lettres en faveur de diverses personnes (Ibid., fol. 119 r°, 134 v°, 143 r° et suiv. ; 146 v°).

[34] Bibl. nat., ms. fr. 18191, fol. 214 r° ; E. Charavay, Collection de lettres autographes du règne de Louis XIII, Paris, 1873, p. 36 ; Bibl. nat., ms. fr. 3 722, fol. 152 r° (Lettres à MM. de Fourcy et Donon, du 30 juillet 1622, pour la reconstruction de la maison de Georges).

[35] Bibl. nat., ms. fr. 18191, fol. 11 v°.

[36] Lettres de 1622, 1623 et 1624, Ibid., fol. 152 v, 168 r°, 171 v°, 176 r°, 193 r°, 212 r°.

[37] Héroard, 4 janvier 1618, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 2 v°.

[38] De Bellemaure, le Portrait du roi, 1618, p, 72 ; Le Roy, Remarques sur la vie du roi, Paris, 1622, in-4°, p. 47 ; lettre du P. Cotton, Bibl. nat., Moreau 1278, fol. 139 r°.

[39] Livre de raison de Bertrand Lespervier, dans Bullet. de la Soc. de l'hist. de Paris, 1905, p. 135 ; Registres des délibérations du bureau de la ville de Paris, Arch. nat., H. 1790. fol. 172 et suiv.

[40] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 186 r° ; C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I. p. 375.

[41] L'Estoile, Journal, éd. Champollion, t. X. p. 383.

[42] Sur Mme de Monglat, voir notre Au temps de Louis XIII, chapitre premier.

[43] Bibl. nat., ms. fr. 3815, fol. 3 v° ; lettre datée des Ponts de Cé du 8 août 1620.

[44] Bibl. nat., ms. fr. 3798, fol. 11 r° ; lettre datée de Boulogne du 31 janvier 1620.

[45] Bibl. nat., ms. fr. 3798, fol. 12 r°, 48 r°.

[46] Voir par exemple une lettre à M. de Bellegarde sur la mort de son frère, datée du 28 juillet 1621, Bibl. nat., ms. fr, 3722, fol. 129 v°.

[47] Balzac, le Prince, dans Œuvres, éd. Moreau, Paris, 1854, t. I, p. 38. Pour comparer avec la manière de vivre d'un riche particulier du temps, voir G. Colletet, le Roman satyrique, Paris, 1624, in-12°, p. 1016.

[48] Saint-Simon, Parallèle, p. 71, 73, 104, 106, 156.

[49] Nouv. arch. de l'art français, 1879, p. 225. N. Lefèvre prévoyait dès 1612 que Louis XIII tiendrait un peu de l'avarice de son père (Anecdotes de M. du Vair, dans Mém. de Marguerite de Valois, éd. Lalanne, 1858, p. 296). Cf. Sully, Economies royales, éd. Michaud, t. II, p. 477 : Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. III, p. 165. C. Malingre explique que le roi était obligé d'être économe en raison de l'état précaire des finances (Troisième tome de l'histoire de notre temps, Paris, 1624, p. 8).

[50] Les Caquets de l'accouchée, éd. Fournier, p. 222, 239 ; le Courrier fidèle envoyé à la noblesse française, (s. l.), 1622. in-12°, p. 8.

[51] Publiée le 26 mai 1617, renouvelée entre autres le 8 février 1620.

[52] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 434 r°, 436 r°, etc. ; de Bellemaure, le Portrait du roi, 1618, in-12°, p. 18 ; Jean Danès, Toutes les actions du règne de Louis XIII, p. 386.

[53] Visite du Cardinal légat F. Barberini à Louis XIII, dans Bullet. de la Soc. de l'hist. de Paris, 1875, p. 172 : E. Charavay, Collection de lettres autographes du règne de Louis XIII, Paris, 1873, in-8°, p. 90. Nous avons vu plus haut le brillant costume que portait Louis XIII le jour du départ de Marie de Médicis.

[54] Bibl. nat., ms. Clairambault, 378, fol. 382 v°, 400 v°, 402 v°.

[55] Dépêche de Contarini du 10 novembre 1620 : Bibl. nat., ms. ital. 1775, p. 90.

[56] Journal de l'exempt Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6 163, fol. 17 r°. Héroard raconte d'autres faits de ce genre : Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 17 r°, 50 r°, 51 r°, 57 v°. Le protocole ne veut pas que le roi invite des particuliers à sa table au Louvre.

[57] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 405 r° ; Chaulnes, Relation exacte, p. 482.

[58] Le 26 juillet 1618, du côté de Montmorency : Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 70 v°.

[59] Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 21 r°, 22 r°.

[60] Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 159 r°.

[61] J.-B. Matthieu, Hist. de Louis XIII, dans P. Matthieu, Hist. de Henri IV, 631, in-fol., t. II, p. 159 ; Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 271 v°, 372 v° ; 4027, fol. 220 v°. Louis XIII faisait aussi des beignets (fol. 14 r°) et des confitures (4026 fol. 221 v°).

[62] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 300 r°, 4025, fol. 453 v°.

[63] Héroard, Bibl. nat., ms. fr., 4025, fol. 421 v°.

[64] Héroard, Bibl. nat., ms. fr., 4027, fol. 91 r°.

[65] Héroard, Bibl. nat., ms. fr., 4025, fol. 283 v°.

[66] Advis à Messieurs de rassemblée, 1618, in-4°, p. 5. Je veux croire, dit l'auteur, que l'intention de ceux qui nous ont amené ce nombre effréné de collèges estoit bonne, mais l'expérience nous a fait voir que les effets en sont très pernicieux. Les sciences ne sont bonnes que pour les grands esprits.

[67] G. Sorel, Histoire comique de Francion, 1641, in-8°, p. 475.

[68] N. Pasquier, Lettres, Paris, 1623, in-12°, p. 321.

[69] Saint-Simon, Parallèle, p. 7. Voir aussi : Extrait de l'inventaire qui s'est trouvé dans les coffres de M. le chevalier de Guise, 1615, dans E. Fournier, Variétés hist. et litt., t. V, p. 148.

[70] Note de Vauquelin des Yveteaux sur l'éducation de Louis XIII, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 197, 198 ; J. B. Matthieu, Hist. de Louis XIII, dans P. Matthieu, Hist. de Henri IV, t. II, p. 115.

[71] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, p. 5.

[72] Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. II, p. 139.

[73] J.-B. Matthieu, op. cit., t. II, p. 60.

[74] Reçu de 300 livres de Salazar qui enseigne la langue espagnole au roi, 22 janvier 1615 : E. Charavay, Collection de lettres autographes du règne de Louis XIII, p. 23. Voir, A. Morel-Fatio, Ambrosio de Salazar et l'étude de l'espagnol en France sous Louis XIII, Paris, Picard, 1900, in-16°.

[75] L'entend bien. Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 439 r°.

[76] Héroard, Journal, éd. Soulié, t. II, p. 77, 93. Dictionnaire géographique abrégé ; conseils au jeune roi sur sa conduite privée et sur son gouvernement, extraits des ouvrages de Tertullien, Bibl. Mazarine, ms. n° 2122.

[77] Anecdotes de l'histoire de France tirées de la bouche de M. du Vair dans Mém. de Marguerite de Valois, éd. Lalanne, 1858, p. 295.

[78] Chaulnes, Relation exacte, p. 475. Voici le titre du livre de Ménard : Histoire de S. Loys IX du nom, roy de France, par Messire Jean sire de Joinville ; nouvellement mise en lumière, suivant l'original ancien de l'autheur, par M. Claude Ménard, Paris, S. Cramoisy, 1617, in-4°.

[79] Extraits des comptes de l'Épargne, Bibl. de Rouen, ms. Leber n° 3431. Louis XIII donnait 500 écus à Malherbe pour un sonnet (lettre de Malherbe à M. du Bouillon, du 28 février 1624, dans Œuvres, éd. Lalanne, t. IV, p. 64) ; mais il en donnait autant à un certain Jean Bonnefons, de Bar-sur-Seine, pour ses poésies (arrêt du conseil du 30 décembre 1619, Arch. nat., E. 62c, fol. 147 r°).

[80] Jean Danès, Toutes les actions du règne de Louis XIII, p. 398.

[81] Quelques-uns ont été reproduits dans le Magasin pittoresque, 1865, p. 212 et 213.

[82] L'Estoile, Journal, éd. Champollion, t. X, p. 315.

[83] Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 201.

[84] Héroard, Journal, éd. Soulié, t. II, p. 53. C'est Henri Beaubrun qui apprit à Louis XIII à dessiner au pastel (Guillet de Saint-Georges, Henri et Charles de Beaubrun, dans Mém. inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l'Académie royale de peinture, Paris, 1854, t. I, p. 140.) Sur la place de ces artistes dans la maison du roi, voir : Bibl. nat., ms. Clairambault 378, fol. 382 r°, 401 v°.

[85] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 434 r° ; 4027, fol. 76 r°, 77 v°.

[86] Lettre du P. Cotton au duc Maximilien de Bavière, Bibl. nat., Moreau 1278, fol. 140 r°.

[87] Il existe au Cabinet des Estampes un portrait au pastel qu'on lui attribue. Le Musée lorrain à Nancy possède un portrait du peintre Deruet daté de 1624 et qu'on dit être de Louis XIII (E. Auguin, le Portrait du peintre Deruet par Louis XIII, dans Journal de la Soc. d'arch. lorraine et du musée historique lorrain, 1878, p. 177). Passant à Aix, en 1622, le roi dessina pour un antiquaire, M. Bourrilly, un écu que l'antiquaire fit graver. Nous avons la gravure. Voir aussi : Sur le portrait d'un châtré peint par le roi en bavolette, Bibl. de l'Arsenal, recueil Conrart. ms. 4123, p. 253. Louis XIII fit transporter de Pau au Louvre, en 1620, tous les portraits de la famille de Bourbon depuis François Ier (Inventaire des tableaux transportés du château de Pau au Louvre en 1620, dans Arch. de l’art français, t. III, p. 60). Il fit travailler Fréminet à la grande chapelle de Fontainebleau (Arch. nat., E. 55c, fol. 100 r° ; Cf. Arch. de. l'art français, 2e série, t. II, p. 349 ; Bullet. de la Soc. des antiquaires de France, 1861, p. 100 ; Revue des Soc. sav. des dép., 5e série, t. VI. 1X73, p. 327). Il payait le séjour de Simon Vouet en Italie (Nouv. arch. de l'art français, 1872, p. 51).

[88] De Bellemaure, le Portrait du roi, 1618, p. 28 ; J.-B. Matthieu, Hist. de Louis XIII, dans P. Matthieu, Hist. de Henri IV, t. II, p. 60. Sur les sculpteurs figurant parmi les gens de la maison de Louis XIII, voir : Bibl. nat., ms. Clairambault 378, fol. 403 r°, 379 v°, 401 r°, 403 r°. En 1618, Louis XIII payait à Rome l'entretien du sculpteur Christophe Cochet (Nouv. arch. de l'art français, 1872, p. 17).

[89] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025. fr. 443 r°.

[90] Le Parlement choisit l'architecte : Louis XIII payait les frais (lettres patentes du 23 avril 1618, Arch. nat.. X1a 8649, fol. 72 r°). Salomon de Brosse reconstruisait à ce moment le palais du Parlement de Rennes (Arch. nat., E. 60a, fol. 8 r°).

[91] Voir l'appendice, à la fin.

[92] Arch. nat., E. 78c, fol. 77 r° ; Déclaration du roi sur la construction de son chasteau du Louvre à Paris, Paris, 1624, in-8° ; Arch. nat.. O1 1669 (édit. du 5 janvier 1624, relatif au Louvre), X1a 8650, fol. 136 v°. Les deux architectes du roi qui ne prennent pas part à l'adjudication sont Salomon de Brosse et Pierre Le Muet (Voir leur liste dans Berty, le Louvre, t. II, p. 219). Le Mercier a suivi le plan de Lescot, lequel avait prévu le grand quadrangle du Louvre ; il a seulement modifié la largeur et la hauteur du pavillon de l'horloge.

[93] En février 1621, il paie aux orfèvres Corneille Roger et François Dujardin pour 82.200 livres d'objets donnés en étrennes au jour de l'an (Nouv. arch. de l’art français, 1879, p. 223 et suiv.). Nous avons la liste de ses orfèvres joailliers : Bibl. nat., ms. Clairambault 378, fol. 401 r°.

[94] A. Gantez, Entretien des musiciens (1643), éd. Thoinan, Paris, 1878, in-12°, p. 33.

[95] Voir, par exemple, Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 54 v°, 71 r°, 177 v°, 196 r°, 204 r°, etc. Cf. la lettre du P. Cotton au duc de Bavière (Bibl. nat., Moreau 1278, fol. 139 r°, 140 r°) ; Bassompierre, Journal, éd. Chantérac, t. III, p. 132.

[96] Bibl. nat., ms. Clairambault 378, fol. 399 v°. Les compositeurs étaient Nicolas Formé et Jacques Lefebvre. Le surintendant de la musique était Fabry, auquel succéda Antoine Boisset en 1622 (Bibl. nat., ms., fr. 3708, fol. 58 r° ; 3817, fol. 25 r° ; Cinq Cents Colbert 98, p. 165 ; lettre de Louis XIII à Marie de Médicis du 8 octobre 1622).

[97] E. Charavay, Collection de lettres autographes du règne de Louis XIII, p. 5, 10, 13, 35.

[98] E. Charavay, Collection de lettres autographes du règne de Louis XIII, p. 22 ; Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 258 v° ; 4025, fol. 400 r°. Il y avait à Orléans un maître de luth réputé, nommé Morel, chez lequel on venait de l'étranger apprendre à jouer (Bibl. nat., ms. fr. 25185).

[99] De Bellemaure, le Portrait du roi, Paris, 1618, in-12°, p. 30.

[100] Pour ces faits voir Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 352 r° ; 4026, fol. 121 v°, 187 v° ; 4027, fol. 4 v°, 51 v°, 171 r°, 239 v°. Cf. C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. II, p. 78-9. Tallemant assure que la chapelle du roi comprenait ce qu'il appelle des incommodés (Historiettes, t. IV, p. 130). Nous n'en trouvons pas mentionné dans la liste des chantres du roi. Les deux groupes de musique étaient réunis pour les grandes cérémonies et produisaient, parait-il, un effet excellent (dép. de Contarini du 7 janvier 1620, Bibl. nat., ms. ital. 1773. p. 370). Sur la façon dont on chantait en France sous Louis XIII, voir Bibl. nat., ms. Dupuy 630, fol. 18 r° et suiv.

[101] Sauval, Antiquités de la ville de Paris, t. II, p. 36.

[102] J. Bonnet, Hist. de la musique, Paris. 1715, in-12°, p. 325. Voir, pour ce qui précède : Tallemant, Historiettes, t. II, p. 246 ; Oroux, Histoire ecclésiastique de la cour de France, 1777, t. II, p. 384.

[103] Sully, Économies royales, éd. Michaud, t. II, p. 477 ; Madame de Motteville, Mém., même édition, p. 45. Voir aussi la lettre du P. Cotton, Bibl. nat., Moreau 1278, fol. 139 v°.

[104] Note sur l'éducation du prince, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 195. Tallemant travestit toutes ces occupations de Louis XIII et les présente dans un groupement qui donne une idée défavorable du jeune roi (Historiettes, t. II, p. 245-6.)

[105] De Bellemaure, le Portrait du roi, 1618, p. 28 ; Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4023, fol. 357 v°, 433 r° ; 4026, fol. 420 v°, 426 r° ; 4027, fol. 127 v° ; J.-B. Matthieu, Hist. de Louis XIII, dans P. Matthieu, Hist. de Henri IV, t. II, p. 60.

[106] Arch. nat., E. 55e, fol. 111 r°, arrêt du conseil du 23 juin 1617, aplanissant les difficultés que les communautés et jurés des arts et métiers de Paris font à cet Edouard Mabereau.

[107] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4023, fol. 282 r° ; lettre de Malherbe à Peiresc dans Œuvres, éd. Lalanne, t. III, p. 465 ; lettre de Louis XIII à la veuve Jumeau du 13 septembre 1622, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 130 v°. Il y a tout un personnel pour les armes du roi : sommelier d'armes, armuriers, arquebusiers (Bibl. nat., ms. Clairambault 378, fol. 402 r°). Un certain nombre de ces armes de Louis XIII sont conservées au Musée d'artillerie.

[108] Héroard, Bibl. nat. ms. fr., 4025, fol. 458 r° ; 4026, fol. 61 r°, 197 r° ; Journal, éd. Soulié, t. II, p. 130 et 132.

[109] Discours sur la vie de Ch. Bernard, en tête de l'Histoire de Louis XIII, de celui-ci, 1646, in fol. Un fragment de l'œuvre de Bernard a été imprimé dans cet atelier avec l'adresse, Imp. royale. Les imprimeurs de Louis XIII en 1624 étaient Pierre Métayer, Frédéric Morel, la veuve Robert Ballart (Bibl. nat., ms. Clairambault 378, fol. 401 r°). Les deux premiers, imprimeurs officiels du roi, avaient le privilège d'imprimer édits et ordonnances (lettres patentes du 7 mars 1624, Arch. nat., X1a 8649, fol. 261 r°). En mars 1619, Louis XIII acheta de Paul Etienne les matrices grecques d'imprimerie de François Ier pour empêcher qu'elles ne fussent vendues à l'étranger (Arch. nat., E. 61B, fol. 314 r°).

[110] Héroard, Journal, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 408 r°, 409 r° ; 4026, fol. 107 r° et v°, 112 v°.

[111] Note de Vauquelin des Yveteaux sur l'éducation de Louis XIII, Bibl. nat., Cinq Cents Colbert 98, p. 203.

[112] Héroard, Journal, éd. Soulié, t. II, p. 178.

[113] Pluvinel, Le Manège royal, Paris, 1623, in fol. Louis XIII était parrain d'une des filles de Pluvinel (Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 384 v°). Il a existé une tenture de tapisserie de Flandre, laine et soie, faite par Jean Geubels en 1626, représentant les exercices de Louis XIII au manège (J.-J. Guiffrey, Inventaire des tapisseries de Louis XIV, dans : Nouv. arch. de l'art français, 1892, p. 19).

[114] Dép. de Contarini du 26 mai 1620, Bibl. nat., ms. ital. 1774, p. 91 ; Tallemant, Historiettes, éd. P. Paris, t. II, p. 236.

[115] C. Bernard, Hist. de Louis XIII, t. I, p. 161.

[116] De Bellemaure, le Portrait du roi, p. 23-24 ; Garnier, le Triomphe du roi, (s. l.), 1618, in-12°, p. 12.

[117] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 74 r°, 253 r°.

[118] La Chasse au vieil grognard de l'antiquité, 1622, dans E. Fournier, Variétés hist. et litt., t. III, p. 30, 57 ; d'Audigier, Histoire tragi-comique de notre temps, Paris, 1616, in-12°, p. 136 ; C. Bernard, op. et loc. cit.

[119] Pour aller de Paris à Fontainebleau, par exemple, le roi déjeunait à Essonnes, puis, à Ponthierry, prenait le petit carrosse à quatre personnes et le conduisoit lui-même au grand trot jusques à la foret. (Héroard. Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 408 r°).

[120] Sur les écuries de Louis XIII, voir : Bibl. nat., ms. fr. 11 200, ms. Dupuy 852, fol. 188 ; 853, fol, 262 ; nouv. acq.,fr. 163 ; Arch. nat., O1 895, 904, 932 A. Le roi d'Angleterre faisait cadeau de chevaux à Louis XIII (Calendar of state papers ; domestic séries, 1619-1623, Londres, 1858, in-8°, p. 619).

[121] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 254 v°.

[122] Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 170 v° (lettre du 13 juin 1623), 172 v° (du 24 août 1623), 195 v°, 196 r°, 202 r°, 202 v°, 203 r°, (lettres à MM. de Vassé, de Villadon et de Sincère).

[123] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 43 v°, 277 v° ; Herbert de Cherbury, Mém., trad. Bâillon, p. 152. Tallemant appelle Louis XIII Louis le juste... arquebusier (Historiettes, t. II, p. 236).

[124] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4026, fol. 310 v°.

[125] M. Baudier, Hist. du maréchal de Toiras, Paris, 1644, in-fol., p. 14. Le fait se rapporte à l'année 1618.

[126] Arrêt du conseil du 26 septembre 1620 mentionnant le fait, Arch. nat., E. 64a, fol. 204 r°.

[127] J.-B. Matthieu, Hist. de Louis XIII, dans P. Matthieu, Hist. de Henri IV, p. 105.

[128] Journal de J.-B. Hautin, conseiller au Châtelet, Bibl. d'Aix, ms. n° 461, p. 71.

[129] J. Danès, Toutes les actions du règne de Louis XIII, p. 399.

[130] E. Charavay, Collection de lettres autographes du règne de Louis XIII, p. 6. Don de 600 livres à la Sciorina pour son enseignement au roi.

[131] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 294 v°. L'exemplaire de la Vénerie de du Fouilloux ayant appartenu à Louis XIII et qui est conservé à la Bibliothèque nationale est l'édition de 1614, in-4°.

[132] Traité et abrégé de la chasse du lièvre et chevreuil, dédié au roi Louis XIIIe du nom par Messire René de Maricourt, Bibl. de Sainte-Geneviève, ms. n° 1071.

[133] Lettre de Marie de Médicis à Louis XIII du 17 janvier 1623, Bibl. nat., ms. fr. 3708, fol. 65 r°, et 3811, fol. 101 r°.

[134] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 7 r°, 65 v°, 174 r° etc. Journal de l'exempt des gardes Bordeaux, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 6163, p. 371 ; C. d'Arcussia d'Esparron, la Fauconnerie, 1643, in-4°, p. 9. Sur le cabinet des oiseaux et son emplacement, voir : Fontenay-Mareuil, Mém., éd. Michaud p. 118 ; Arnauld d'Andilly, Mém., éd. Michaud, p. 445 ; Sully, Économies royales, t. II, p. 307.

[135] Anecdotes de l'histoire de France tirées de la bouche de M. du Vair, dans Mém. de Marguerite de Valois, éd. Lalanne, p. 296.

[136] Louis XIII s'occupait des moindres détails de ces voleries, que le garçon Douait faisait visiter (lettre à M. Donon du 6 avril 1623 à ce sujet, Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 167 r°). Il lit des règlements pour l'achat de la nourriture de ses oiseaux par les fauconniers (Bibl. nal.. ms. nouv. acq. fr. 7225, fol. 370 r°).

[137] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 335 v°, 365 v° ; 4020. fol. 1 r°, 2 r° ; 4027, fol. 50 v°, 75 v°, 76 r°, 166 v° ; lettre de M. de Bréval au duc de Lorraine de 1624 (Ibid., nouv. acq. fr. 3145, fol. 156 r°) ; dép. de Pesaro du 10 juillet 1623 (Ibid., ms. ital. 1780, p. 320) : R. de Salnove, la Vénerie royale, Paris 1655, in-4°, p. 111 et suiv.

[138] La Chasse au vieil grognard, dans E. Fournier, Variétés hist. et litt., t. III, p. 34. Voir des récits de chasses du temps en grand équipage dans d'Audigier, Histoire tragi-comique de notre temps, p. 473 et suiv.

[139] Dép. de Pesaro du 27 janvier 1623 (Bibl. nat., ms. ital. 1779. p. 159) ; Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 404 r°, 439 r°. En général les quêtes et les relais étaient fixés d'avance : ainsi, pour courre aux buissons de Versailles, il fallait 15 hommes de quêtes et 7 relais (R. de Salnove, la Vénerie royale, p. 356). Louis XIII veillait de près à la garde de ses chasses (Bibl. nat., ms. fr. 3722, fol. 158 r°.)

[140] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027. fol. 271 r°.

[141] Dép. des amb. vénitiens (Bibl. nat., ms. ital. 1771, p. 554 ; 1779, p. 146 ; 1780, p. 238) ; du nonce Corsini du 27 octobre 1623 (dans Zeller, le Connétable de Luynes, p. 286). Les évoques s'en mêlèrent (lettre de M. de Bréval du début de 1624 ; Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3145, fol. 144 r°). Le public réclama la diminution du personnel et des frais des chasses (la Réformation de ce royaume, 1623, in-12°).

[142] Ce fut un certain Pierre Gentil qui lui donna des leçons de paume (E. Charavay, Collection de lettres autographes du règne de Louis XIII, p. 11). Héroard abonde de détails (Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 402 v°, 411 r° et v° ; 4027, fol. 208 r°, etc.). Garnier (le Triomphe du roi, 1618, in-12°. p. 12) fut témoin des jeux du prince qu'il énumère. Paris avait plusieurs centaines de jeux de paume ; Orléans en avait 60.

[143] Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 411 v°, 425 V, 426 r°, 432 r°, 438 v° ; 4026, fol. 204 r° ; 4027, fol. 237 r°. Louis XIII, à Paris, se baignait dans la Seine aux Bonshommes.

[144] Héroard, Journal, éd. Soulié, t. II, p. 48. C'était un certain Jacques Cordier dit Bocquin, qui lui apprenait à danser (E. Charavay, op. cit., p. 49).

[145] P. Lacroix, Ballets et mascarades de cour sous Henri IV et Louis XIII, Genève, 1868, 6 vol. in-12°. Sur la part que prend Louis XIII au choix des sujets, voir Discours au vrai du ballet dansé par le roi, Paris, 1617, in-4°, dédicace ; sur l'arrangement de la grande salle du Louvre, consulter : Relation du grand ballet du roi dansé en la salle du Louvre le 12 février 1619, Paris, 1619, in-12°, p. 9 ; sur un ballet au Petit Bourbon, le désordre, l'encombrement aux portes, C. Sorel, Hist. comique de Francion, Paris, 1641, in-8°, p. 326, 331. Louis XIII faisait peindre les décors par Martin Bourgeois et Nicolas Duchesne (de la Borde, la Renaissance des arts à la cour de France, Paris, 1850, p. 327). Les frais de ces ballets étaient assez élevés (Arch. nat., KK, 200 ; O1 3264). Le roi allait peu au théâtre, tout au plus à la comédie italienne (Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4027, fol. 176 v°, 194 r°), quoiqu'il eut sa loge à l'hôtel de Bourgogne (C. Sorel, le Berger extravagant, Paris, 1027, in-12°, p. 315). Les comédiens venaient de temps en temps jouer au Louvre (Héroard, Bibl. nat. ms. fr., 4025, fol. 451 v°, Charavay, op. cit., p. 24, 53).

[146] Voir par exemple : Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025, fol. 472 r° ; 4026, fol. 357 r° : 4027 fol. 2 r°, 70 v°, 75 r°, 2iS r, 481 r°, etc.

[147] Extrait des raisons et plaintes que la reine mère du roi fait au roi son fils, Paris, 1619, in-12°, p. 11. Cf. Bentivoglio, Lettere, t. II, p. 238.

[148] Tous les jours Héroard consigne la promenade aux Tuileries. Sur l'aspect des Tuileries à ce moment, rendez-vous de la plus noble et la meilleure compagnie des deux sexes, les conversations, les toilettes, Cf. Herbert de Cherbury, Mém., trad. Baillon, p. 150-3, d'Audigier, Histoire tragi-comique de notre temps, Paris, 1616, in-12°, p. 170. Le dimanche le public allait au cours dehors la porte Saint-Antoine et au bois de Vincennes (C. Sorel, les Nouvelles françaises, Paris, 1623, in-8°, p. 378).

[149] Les renseignements que nous donnons se relèvent à chaque page dans le Journal manuscrit d'Héroard. Louis XIII fuyait Paris à l'annonce d'une épidémie (dép. de Pesaro du 27 juillet 1623, Bibl. nat., ms. ital. 1780, p. 309 ; lettres de MM. de Bréval et Chanvallon, Ibid., nouv. acq. fr. 3145, fol. 61 r°, 65 v°, 73 v°). L'éloignement du roi affligeait les Parisiens en raison des pertes que le départ de la cour faisait subir au commerce (Le Caquet des poissonnières, 1623, dans E. Fournier, Variétés hist. et litt., t. II, p. 132 ; Liste des malcontens de la cour avec le sujet de leurs plaintes, 1623, in-12°, p. 14 ; le Bourgeois, Tours, 1619, in-12°, p. 3 ; Harangue et protestation faite au roi au nom des trois ordres de France et de messieurs les parisiens sur son prochain départ, Paris, 1622, in-12°, etc.).

[150] Louis XIII passait l'automne à Fontainebleau. Sur Fontainebleau alors, voir : E. Müntz et E. Molinier, Le Château de Fontainebleau au XVIIe siècle, dans Mém. de la Soc. de l'hist. de Paris, t. XII, 1885, p. 255 ; P. de Varennes, Voyage en France, 1639, p. 172. Les contemporains se faisaient une haute idée de Fontainebleau (d'Audigier, Hist. tragi-comique de notre temps, p. 34) ; les parisiens y allaient en villégiature (Les Caquets de l'accouchée, éd. Fournier, p. 125).

[151] Il faut changer de gîte tous les jours ! Ô vie de cour que tu es dégoûtante ! (Le Nouveau remue ménage de la cour et le sujet pourquoi, Paris, 1619, in-12°, p. 7). Louis XIII pour faciliter les voyages, a créé beaucoup de nouvelles lignes de poste, notamment la ligne de Paris à Toulouse (arrêt du conseil du 29 janvier 1620, Arch. nat., E. 63a, fol. 40 r°, qui établit, à partir d'Orléans, 52 relais, par Bourges et Limoges, suit 52 maîtres de postes nouveaux à 180 livres de traitement ; on pouvait dès lors faire le trajet en quatre ou cinq jours, au lieu de quinze). En voyage, Louis XIII allait visiter les curiosités (Héroard, Bibl. nat., ms. fr. 4025 fol. 459 v° ; 4020, fol. 332 v° ; Mercure français, t. X, 1024, p. 394). Il vit la mer a Dieppe pour la première fois en 1617, s'intéressa beaucoup au spectacle des bateaux se pêche appareillant ou rentrant (dép. de Contarini du 11 décembre 1617, Bibl. nat., ms. Ital., 1771. p. 517, 527 : Héroard, Ibid., ms. fr. 4025, fol. 463 r° ; Nouvelles de Normandie sur tout ce qui s'est passé au voyage du roi, Paris, 1617, in-12°, p. 8).