JEAN JOUVENEL

 

CHAPITRE V. — JOUVENEL, PRÉVÔT DES MARCHANDS DE PARIS. SECONDE PARTIE, 1392-1400.

 

 

Après la tentative d'assassinat faite sur la personne du connétable Olivier de Clisson, en 1292, le gouvernement avait décidé qu'on entreprendrait une expédition contre le duc de Bretagne, qui donnait asile à l'assassin Pierre de Craon. On sait que, pendant cette campagne, un jour où l'on traversait la forêt du Mans, (c'était en juillet), Charles VI, qui commandait l'armée, fut poursuivi par un individu mal habillé, l'air hagard, qui lui cria qu'il était trahi. Cette apparition impressionnante, jointe à la chaleur très vive et à la fatigue du voyage, acheva d'ébranler la santé du prince déjà affaiblie par les plaisirs ; il devint fou ; on fut obligé de le lier et de le ramener à Paris ; une seconde enfance commençait pour lui, et avec elle une seconde minorité, une nouvelle régence[1].

Les oncles du roi revinrent immédiatement à la cour pour s'emparer du pouvoir. Le roi allait tout laisser faire autour de lui. C'est à peine si, de temps à autre, la raison lui revenant par éclaircies, il allait pouvoir dans certaines circonstances faire acte d'autorité[2].

Les sentiments qui animaient les ducs n'étaient pas douteux. Le dépit qu'ils avaient éprouvé, en 1388, de se voir congédiés d'une façon aussi brusque, s'était changé en une jalousie mauvaise à l'égard des Marmousets, et en un ardent désir de vengeance. La haine qu'ils portaient aux ministres du roi s'était une première fois manifestée par l'attentat dirigé contre Olivier de Clisson. Ils allaient maintenant pouvoir se donner libre carrière.

Ils le pouvaient d'autant plus aisément à l'égard de l'opinion populaire que les Marmousets n'étaient pas aimés. Ceux-ci avaient eu le tort de se considérer plutôt comme un parti que comme des ministres indépendants, et ils avaient agi en conséquence. En arrivant au pouvoir, en novembre 1388, ils avaient fait entre eux un pacte d'alliance et d'amitié. Ils s'étaient engagés à se soutenir mutuellement, à rester fidèles les uns aux autres, et à ne s'abandonner ni dans la prospérité ni dans le malheur[3]. Cette solidarité leur avait donné une grande force et une grande unité d'action ; en même temps, elle les avait rendus exclusifs. Nul n'approchait du roi sans leur permission ; aucune place n'était accordée à qui que ce fût, avant qu'ils en eussent délibéré ; il sembloit par leurs manières qu'ils cuidoient estre perpétuels en leurs offices[4]. Ils avaient surtout contre eux les gens d'église et l'université, dont on avait supprimé les privilèges. Par surcroît, nul n'osait se plaindre ; ils y eussent mis promptement bon ordre ; et, suivant la pittoresque expression de Juvénal des Ursins, voloient de si haute aisle qu'à peine en ozoit-on parler[5].

Les ducs de Berry et de Bourgogne ne les congédièrent pas sur-le-champ ; ils ne le pouvaient pas. Le roi était toujours le roi, la régence n'avait pas été déclarée, et les princes n'avaient aucun titre pour remercier les ministres de leurs services. Ce scrupule ne les retiendra pas longtemps. De plus, il fallait au moins l'apparence d'un prétexte ; or, les Marmousets, comprenant le danger qui les menaçait, agissaient avec prudence et s'appliquaient, sans mot dire, à remplir leur office le plus diligemment possible. Étant donné le caractère des ducs et notamment celui de Philippe le Hardi, ils avaient à craindre, en effet, que leur disgrâce n'eût pas seulement pour conséquence un simple désappointement, mais peut-être la prison, un procès et sans doute pis encore. C'était d'ailleurs un usage qui semblait s'établir depuis saint Louis à chaque changement de règne, — et les circonstances présentes pouvaient ressembler à un événement de ce genre, — de faire pendre quelque ministre de l'ancien gouvernement. On devait chaque jour s'attendre à quelque résolution fatale.

Ces conjonctures difficiles eurent l'effet inattendu de rendre tout d'abord prépondérante la situation de Jouvenel. A tort ou à raison, les ministres le crurent dans une position fort solide et insensiblement tendirent à s'appuyer sur lui.

Au premier abord, il peut sembler que les mêmes dangers devaient le menacer. Le prévôt des marchands était la créature des Marmousets ; il avait été nommé par eux et soutenu par eux. La même tourmente, qui allait emporter les gouvernants, devait emporter le prévôt. En second lieu, la prévôté des marchands de Paris ayant été rétablie par réaction contre la politique des ducs, ceux-ci allaient certainement remettre les choses en l'état premier où ils les avaient laissées.

En réalité, la puissance de Jouvenel était si vraie et si forte qu'on ne pensait pas que les ducs pussent y toucher. Le roi l'aimait beaucoup ; et, dans sa maladie, par un effet bizarre, cette affection n'avait fait que s'accroître ; il répétait souvent qu'il voulait voir son prévôt, qu'il n'avait confiance qu'en lui, que lui seul était capable de le guérir ou de lui donner de bons conseils, touchante déraison qui avait pour conséquence de faire considérer Jouvenel un peu comme une sorte de favori[6]. Jouvenel ne jouissait pas d'une moins grande faveur auprès de la foule ; il avoit l'amour et la grâce... de tout le peuple, tant de gens d'église que nobles, marchands et commun[7]. C'était une manière d'homme populaire. Il avait acquis cette situation par sa fermeté et son dévouement aux intérêts de Paris ; il la conservait par son intégrité, son honorabilité et la dignité de sa vie. Il eût donc été difficile de renverser un homme qui s'appuyait sur le roi et sur le sentiment du public ; d'ailleurs, les prétextes auraient manqué, Jouvenel se gouvernant tellement en son office ![8]

C'est pourquoi les ministres menacés se retournèrent vers lui, attendant du prévôt conseil, aide, et, au besoin, protection. Jouvenel accepta généreusement les nouveaux devoirs qui s'imposaient à lui. Il les remplit jusqu'au bout, au risque d'y compromettre sa situation et de mettre ses jours en danger : c'est ce qui arriva.

A quelque temps de là, le duc de Bourgogne trouva la raison qu'il cherchait pour en finir avec les Marmousets. Rencontrant un jour Jean Le Mercier au Palais, il l'aborda et lui dit brusquement : Seigneur de Noviant, il m'est survenu une nécessité pour laquelle me faut avoir présentement trente mille escus, faites me les bailler du trésor de monseigneur le roy, je les restitueray une autre fois[9]. Jean Le Mercier, nous l'avons dit, était à la tête des finances, et Philippe le Hardi, qui connaissait l'esprit d'ordre et d'économie rigoureuse du sire de Noviant, savait dans quel embarras il allait jeter celui auquel il adressait une demande aussi irrégulière. Jean Le Mercier répondit au duc bien doucement et en grande révérence qu'il n'avait pas le droit de distraire de son autorité privée une pareille somme du trésor, mais qu'il en parlerait au roi et au conseil, et ferait ce qu'il en serait ordonné. Le duc de Bourgogne répliqua d'un ton irrité qu'il ne voulait pas que personne eût connaissance de cette affaire ; puis, se reprenant, il ajouta avec colère : Vous ne me voulez pas faire ce plaisir ; je vous asseure que, en bref, je vous destruiray ; et il le quitta.

Jean Le Mercier fut fort effrayé de la menace du duc. Il vint trouver Jouvenel, lui raconta ce que Philippe le Hardi venait de lui dire, et lui avoua qu'il se croyait perdu. Jouvenel chercha à l'encourager ; il lui dit qu'il ne fallait pas prendre au pied de la lettre ce que disaient les grands seigneurs, que souvent ils profèrent un peu vivement des intentions qu'ils n'ont pas dans l'esprit d'exécuter ; il lui conseillait d'être prudent, d'agir avec beaucoup de circonspection, et de tâcher de regagner la bienveillance du duc. Jean Le Mercier secoua la tête tristement ; il répondit qu'il connaissait le duc de Bourgogne, qu'il savait que les menaces chez lui n'étaient point paroles vaines, qu'il les mettait promptement à exécution. On l'avait bien vu à propos de Jean Des Marès et de tant d'autres.

Quelques jours après, Jean Le Mercier était arrêté, jeté au fond d'un cachot de la Bastille, et mis au secret[10].

Cette exécution soudaine produisit une grande émotion dans Paris. Le sire de Noviant était un haut personnage, et le coup qui le frappait était si brusque que le premier sentiment qu'il inspira fut un sentiment de terreur. Nul amy, parent ny autre ne se trouvoit qui s'en ozast mesler[11]. Le public ignorait, en outre, la cause de cette arrestation. On fit courir le bruit qu'il avait commis un grand crime et qu'il allait être sûrement décapité. Plusieurs jours durant, il y eut des gens qui stationnèrent sur la place de Grève attendant le dénouement annoncé[12].

Le duc de Bourgogne était homme à mener les choses à cette extrémité. Ce fut Jouvenel qui sauva le sire de Noviant. En même temps qu'à Jean Le Mercier, il épargna également la peine capitale à un autre ministre. Bureau de la Rivière, qui avait été arrêté dans les mêmes circonstances. Bureau de la Rivière était parent du prévôt des marchands par la famille des Vitry[13].

Dès qu'il apprit la mise à la Bastille des deux Marmousets, Jouvenel n'hésita pas à se rendre chez le duc de Bourgogne. La démarche était courageuse ; scavoit ledit Jouvenel que eux estans en gouvernement, avoient grandement fait leur devoir, et que ce qu'on leur faisoit n'estoit que par enuie. Il plaida auprès du prince la cause des accusés. Il parla en toute douceur et humilité, requérant qu'on leur fit justice, accompagnée de miséricorde si mestier estoit[14]. Le duc de Bourgogne fit assez bonne figure au prévôt des marchands ; il lui répondit que tout ce qu'il disait était fort raisonnable. Mais, au fond, il fut mécontent de la démarche de Jouvenel et lui en garda quelque rancune.

Cela fait, Jouvenel alla trouver les juges qu'on avait chargés de la conduite du procès. Il s'employa activement auprès d'eux en usant de ses influences personnelles, puis à titre d'homme de loi par des sortes de consultations juridiques. Il fit ressortir qu'il n'y avait rien dans la conduite de Jean Le Mercier ou de Bureau de la Rivière qui pût permettre de les condamner, qu'ils avaient toujours fait leur devoir au mieux des intérêts du roi, et que si, dans diverses circonstances, ils avaient paru tout au moins un peu sévères, ils avaient agi au nom du roi ; c'était le roi qui était responsable ; les lois, eux, ne les atteignaient pas. Il se multiplia allant de l'un à l'autre, prouvant, plaidant, discutant.

Ses efforts furent couronnés de succès, et la chose, par le moyen dudit Jouvenel, fut tellement conduite que, en lesdits de la Rivière et de Noviant, ne fut trouvée chose pour laquelle ils eussent desservi à avoir forfait ny corps, ny biens. On se contenta, ne pouvant les acquitter à cause des princes, de les bannir de la cour en leur prescrivant de n'en point approcher de quatorze ou quinze lieues ; on confisqua leurs biens ; et le tout considéré, Dieu leur fît belle grâce d'ainsi eschapper[15]. Le duc de Bourgogne se montra très irrité du résultat de cette affaire. Il y vit un échec pour lui. Il espérait apparemment que Jean Le Mercier payerait de sa tète le tort de lui avoir déplu. C'eût été un exemple, et cette exécution eût singulièrement affermi son influence.

Son dépit se tourna tout entier contre Jouvenel, qui avait été la cause de cette issue du procès. A partir de ce moment, il nourrit à l'égard du prévôt un ressentiment qui ne fit que croître, et, finalement, il résolut de le perdre. Dès lors commença à machiner contre ledit Jouvenel pour le destruire[16].

Mais la chose n'était pas facile. L'affection du roi pour le prévôt des marchands ne faisait qu'augmenter ; Charles VI le demandait souvent, le voyait avec plaisir et tenait à lui. Jouvenel était fort bien accueilli par la famille royale ; il y avait même acquis une certaine influence qui l'avait mis sur un pied d'intimité assez grande. Le duc d'Orléans, entre autres, l'estimait beaucoup, avait confiance en lui, et se laissait même dire par Jouvenel ce qu'il ne tolérait pas chez les autres. A cette date, nous sommes vers la fin de 1392, ce jeune prince insouciant et léger menait cette vie scandaleuse qui contribua tant à le rendre impopulaire. Ses aventures étaient telles que Juvénal des Ursins n'ose pas les raconter. Ces jeunesses estranges... lesquelles ne faut ja déclarer, en vinrent à un tel point que les oncles s'en émurent et décidèrent d'en faire des remontrances au duc. Ils le firent doucement et gracieusement. Le jeune homme écouta avec beaucoup de patience, ne répondit pas, et continua comme par le passé. On disait bien que ce n'était pas sa faute, qu'il était entraîné par un mauvais entourage ; à quoi il était répondu qu'il n'avait qu'à congédier ses pernicieux compagnons. Jouvenel était décidé à lui faire à son tour des observations ; le caractère de ses relations avec le duc d'Orléans le lui permettait. Un jour où le frère du roi l'avait retenu après son conseil, le prévôt profita de ce qu'ils étaient seuls pour lui dire en riant ce qu'il avait à lui dire. Le duc prit bien la chose, reconnut qu'il avait tort, promit de se corriger, et, pour témoigner de ses bonnes intentions, il se mit à bâtir une belle chapelle pour les Célestins de Paris. Il fit quantité d'autres bonnes œuvres[17]. Il en voulait si peu à Jouvenel que, un garçon étant né à celui-ci le 3 novembre 1393 (c'était le cinquième), il voulut en être le parrain. Effectivement, l'enfant se nomma Louis et furent les compères très hault et très puissant prince, Monsieur le duc d'Orléans, qui le nomma[18]. Il était donc malaisé de perdre un homme qui jouissait de cette situation dans la famille royale, et qui, de plus, comme nous l'avons dit, avait pour lui la faveur populaire.

Philippe le Hardi se servit d'un moyen détourné.

Jouvenel n'était pas sans s'être fait des ennemis. Nombre de gens avaient vu avec envie la fortune rapide du jeune prévôt. La jalousie les disposait mal à l'égard de Jouvenel. D'autre part, Juvénal des Ursins fait allusion à certains faits qu'il n'explique pas, et qui semblent avoir été la cause d'une grande animosité de la part de personnages de la cour contre son père. Il parle de plusieurs grandes divisions qui s'étaient produites autour du roi ; Jouvenel aurait mis tout à poinct ; beaucoup de personnes lui en auraient su gré ; d'autres au contraire auraient trouvé qu'il s'occupait de plus d'affaires qu'il ne lui en appartenoit.

Ce fut dans ce groupe de mécontents que le duc de Bourgogne trouva des aides pour sa vengeance. Par eux il fit courir sur le compte du prévôt des marchands des bruits malveillants. Nous ignorons quelle était exactement la nature de ces bruits. Il paraîtrait qu'ils étaient graves, qu'on accusait Jouvenel de faits passibles de condamnation, et qu'on parlait de procès, de jugement. On répétait entre autres des propos qu'il aurait tenus sur le duc de Bourgogne, et que l'on faisait aussi compromettants que possible. Il est vrai que ces histoires n'estoient que toutes bourdes. On ne les colportait pas moins, et elles finirent par prendre une consistance telle que l'on crut le moment venu de faire un éclat et de traîner Jouvenel devant des juges. Le duc de Bourgogne était prudent ; il ne voulait pas agir directement, ni même paraître. Il s'arrangea de façon à ce que ce fût la justice elle-même qui sembla prendre d'office l'affaire en main.

On fit mettre par écrit les accusations articulées contre Jouvenel, et deux commissaires du Châtelet furent chargés de faire l'information"ou l'instruction. On réunit trente témoins. Ce chiffre indique que le parti hostile à Jouvenel était assez puissant ; il est vrai qu'il avait le duc de Bourgogne avec lui. Ces trente témoins n'hésitèrent pas, moyennant une forte récompense, à déposer faussement contre le prévôt des marchands.

L'information terminée dans ces conditions faciles, les deux commissaires vinrent rendre compte de leur mandat au duc de Bourgogne. Ils portaient avec eux le brouillon de la cédule contenant l'instruction. Après l'avoir fait approuver par le prince, ils lui dirent qu'il ne restait plus qu'à grossoyer le document. Philippe le Hardi leur répondit que la pièce était très suffisante comme elle était, qu'il n'y avait plus maintenant qu'à la passer au procureur du roi au parlement, pour que le parquet de la cour saisît lui-même le parlement de l'affaire, et introduisît l'accusation à l'audience du samedi suivant.

Le procureur du roi refusa d'accepter ce procès et de le soutenir. Il dit qu'il connaissait bien Jouvenel, que c'était un homme honorable, à l'abri de tout soupçon, que tout ce dont on l'accusait était visiblement mensonger, et que, quant à lui, procureur du roi, il ne proposerait jamais rien contre le prévôt des marchands, surtout dans des conditions aussi insoutenables.

Les accusateurs, très embarrassés, ne savaient plus comment s'y prendre. Ils finirent par trouver un avocat nommé Jean Andriguet qui consentit à s'occuper de l'affaire. Dans ce cas-là, la procédure devait changer ; l'avocat prenait la parole au nom du grand conseil comme par l'ordre du roi, et l'accusation devait être portée devant ce conseil. Il était à craindre seulement que ce jour-là Charles VI n'assistât à l'audience et n'intervînt dans le procès[19].

Jouvenel ignorait ce qui se tramait exactement contre lui ; il en apprit le détail par le hasard le plus singulier du monde. L'aventure en paraîtra romanesque et peut-être sujette à caution. Mais comme elle nous est rapportée par deux textes différents, il n'y a pas lieu d'en soupçonner l'authenticité.

Les deux commissaires du Châtelet, après s'être assurés du concours de Jean Andriguet, étaient venus rendre compte de leurs démarches au duc de Bourgogne. Celui-ci, fort satisfait, leur avait donné leur récompense, et les deux individus quittaient enchantés l'hôtel du prince. C'était le soir ; l'un des deux portait dans sa manche la cédule qui contenait l'information faite contre Jouvenel. Ils eurent l'idée d'aller souper ensemble dans une auberge réputée de la cité, qui avait pour enseigne A l'échiquier. Ils entrèrent. La taverne était pleine de monde. Le maître du logis, ne sachant plus où les caser, leur proposa de les faire monter dans sa propre chambre, où ils seraient tranquilles et très à leur aise. Nos gens acceptèrent. On les installa. Celui qui portait le rôle de l'instruction le posa sur le bord de la table, afin de débarrasser sa manche, et d'être plus libre de ses mouvements. Ils mangèrent ; surtout ils burent, causèrent, discutèrent, et, dans la chaleur de leur dialogue, l'un d'eux fît tomber la cédule à terre ; ils ne s'en aperçurent ni l'un ni l'autre. Un chien rôdait par aventure autour des deux convives, en quête de quelque relief ; il trouva ce rouleau de parchemin et, n'ayant sans doute rien de mieux à faire, le flaira, mordit dedans, et se mit à jouer avec lui, le traînant de ci de là, dans toute la pièce. Il finit au bout d'un certain nombre de pérégrinations désordonnées par le porter sur le lit qui était dans la chambre et par l'abandonner dans le fond de la ruelle. Cependant les deux compagnons jonglant et caquetant ensemble ne songeaient à nul mal. Sur le tard, la tête un peu étourdie, ils s'avisèrent de partir. Mais soit que le vin leur eût un peu troublé l'esprit, soit que chacun d'eux fût persuadé que l'autre avait l'information dans sa manche, ils ne s'en occupèrent ni l'un ni l'autre, et s'en allèrent.

Vers minuit, lorsque la taverne se fut vidée et que les portes eurent été fermées, l'aubergiste et sa femme se mirent en devoir de se coucher. Quand vint que l'hôtelier fut couché, la dame, en se voulant coucher près de son mary, s'en alla à la ruelle et toucha de son pied aux dites informations, et dit à son mary qu'elle avait trouvé un gros roolle en la ruelle du lict. Lequel luy dit qu'elle luy baillast, ce qu'elle fit. Il allume la chandelle, il regarde, et il voit qu'il est question d'une mise en accusation du prévôt des marchands Jouvenel : Hélas, s'écrie-t-il tout esbahy, qui sont ces mauvaises gens qui le veulent grever ? Il se lève aussitôt, s'habille à la hâte, prend une torche et court à l'hôtel de ville. Il frappe à la porte à coups redoublés. Le concierge qui couchoit en bas se réveille en sursaut et demande de mauvaise humeur ce qu'on veut. L'aubergiste explique qu'il désire sans retard parler au prévôt, que l'affaire est très grave. Le concierge ouvre, va faire prévenir Jouvenel qui ordonne de faire entrer l'hôtelier. Celui-ci fait connaître à Jouvenel l'objet de sa démarche, et lui remet le rouleau de parchemin qui était tombé d'une si surprenante manière dans ses mains. Jouvenel, jetant un coup d'œil sur la cédule, comprit l'importance du service qui lui était rendu. Il remercia vivement le bourgeois, et celui-ci s'en retourna en son hostel[20].

Jouvenel fut tout d'abord un peu abattu en voyant le danger qui venait brusquement le menacer ; toutevoye confortavit cor suum, car c'étoit chose faulse et controuvée.

Les commissaires ne s'aperçurent pas qu'ils avaient perdu les informations ; on n'avait à les produire qu'au moment de l'audience ; la procédure suivit son cours.

Le lendemain matin, un huissier d'armes vint frapper à la première heure, à la porte de l'hôtel de ville ; il se nommait Jésus. Il cita Jouvenel à comparoir devant le conseil du roi, séant à Vincennes, pour le samedi suivant à neuf heures. Charles VI était à ce moment-là à Vincennes ; il était mieux, et, pour faciliter la convalescence, on l'avait conduit hors Paris.

Le bruit se répandit rapidement dans la ville que le prévôt des marchands allait être jugé et condamné. La nouvelle produisit une vive émotion. On racontait déjà qu'on avait préparé à Vincennes une forte tour et prison pour le mettre, qu'il n'y avait pas de doute, qu'on voulait lui couper la teste. L'agitation gagna. Immédiatement tout ce que la ville comptait de plus honorable et de plus en vue parmi les bourgeois, accourut à l'hôtel de ville pour témoigner son indignation à Jouvenel. Il y eut grande affluence, et, d'un commun accord, ils décidèrent tous qu'ils ne pouvaient pas laisser se passer les choses de la sorte, qu'ils entendaient protester contre ce qui se faisait, et que le samedi, en conséquence, ils escorteraient Jouvenel à Vincennes, et l'entoureraient lorsque celui-ci comparaîtrait devant le tribunal.

Le samedi, en effet, Jouvenel quitta l'hôtel de ville, escorté de quatre cents des plus notables bourgeois de la ville, gagnant le bois au milieu de tout le peuple qui s'esbahissoit qu'on voulût toucher au prévôt.

Fort malencontreusement pour le duc de Bourgogne, ce jour-là Charles VI eut la fantaisie de présider le conseil.

L'audience commença.

On appela l'affaire de Jouvenel. Maître Andriguet prit la parole et développa son accusation. La procédure voulait que le conseil, sans avoir à entendre que l'inculpé répondît ou non, décidât sur la simple accusation s'il y avait lieu de faire arrêter l'accusé. La première audience n'avait pas d'autre objet. Jouvenel, qui connaissait par le document tombé entre ses mains tout le détail des griefs articulés contre lui, manifesta l'intention d'en démontrer sur le champ l'inanité. Andriguet s'éleva vivement contre ce projet. Il craignait, parait-il, et l'assistance trop favorable à l'accusé, et l'éloquence de Jouvenel. Jouvenel avoit un beau langage et si estoit plaisant homme, aimé, honoré et prisé de toutes gens. Il y eut discussion. Jouvenel très calme et non de rien esbahy persistait à vouloir s'expliquer. Andriguet, ardent, protestait que l'inculpé ne devoit point estre ouy et qu'on le devoit envoyer en prison. Charles VI, qui avait regardé toute cette scène sans rien dire, éleva la voix, et fit connaître qu'il vouloit que son prévôt des marchands fust ouy.

Jouvenel n'eut pas de peine à démontrer que ce qu'on lui reprochait était imaginaire ; il se disculpa pleinement ; puis il ajouta que, d'ailleurs, on n'avait pas le droit de procéder par informations contre un officier royal[21] ; et, au surplus, que parlait-on d'instruction ? Pouvait-on faire une instruction quelconque sur des faits controuvés ? Qu'on produisît donc cette pièce de procédure qui avait la prétention de prouver ce qui était faux. Andriguet interpellé directement se tourna vers les commissaires du Châtelet qui étaient derrière lui, et leur demanda les informations. Les deux commissaires se regardèrent, chacun interrogeant l'autre : Ne les avez-vous pas ? Ils furent obligés de convenir qu'ils ne savaient pas ce qu'elles étaient devenues.

A ce moment, le roi jugea que les choses avaient assez duré. Il se leva, et dit un peu brusquement : Je vous dis par sentence que mon prévost est preud'homme, et que ceux qui ont fait proposer les choses sont mauvaises gens et, se tournant vers Jouvenel et sa suite : Allez-vous-en, mon amy, et vous, mes bons bourgeois.

Au sortir de l'audience, il y eut grande dispute entre les commissaires et l'avocat. Ils convinrent finalement de recommencer l'information, et de requérir à nouveau les dépositions des témoins. Mais dès qu'on vint leur en parler, ceux-ci refusèrent. Ils avaient vu l'émotion qu'avait produite dans le peuple la nouvelle du procès de Jouvenel. Ils avaient, à ce propos, entendu dire tout le bien possible du prévôt ; d'autre part, la faveur du roi pour celui-ci était manifeste ; ils s'aperçurent qu'ils jouaient trop gros jeu, et ne voulurent pas recommencer. Pour toute réponse, ils se bornèrent à dire qu'ils avaient appris, à n'en pas douter, que Jouvenel était vraiment preud'homme, et qu'ils ne pouvaient, en bonne conscience, déposer contre lui[22].

L'affaire en demeura là.

Ou plutôt elle eut une épilogue.

Les faits que nous venons de raconter avaient dû se passer dans les premiers mois de l'année 1394. Arrivés au Carême, les faux témoins se mirent en devoir d'aller se confesser le plus secrettement et doucement qu'ils purent ensemble à leur curé. Il est seulement un peu bizarre que les trente témoins appartinssent à la même paroisse dans un temps et dans une ville où les paroisses étaient très petites et très nombreuses[23], et, en second lieu, qu'ils allassent précisément se confesser ensemble. Quoi qu'il en soit, le curé leur répondit qu'il ne pouvait pas leur donner l'absolution, et qu'ils devaient s'adresser au pénitencier de l'évêque de Paris. Le pénitencier les renvoya à l'évêque lui-même. Mais celui-ci leur dit que Jouvenel était un homme si honorable et si estimé, et par suite leur faute si grave que seul le légat du pape avait qualité pour les absoudre. Les témoins allèrent donc au légat, qui était le cardinal de Luna. Le cardinal légat leur pardonna, mais il leur donna comme pénitence d'aller le vendredi saint, à l'aurore, à la porte du prévôt des marchands, et là, tout nus, à genoux par terre, de confesser leur crime à Jouvenel et de requérir son pardon.

Quelque dure que fût la peine, nos gens s'exécutèrent ; et, le jour dit, Jouvenel, sortant de l'hôtel de ville de bon matin pour aller faire ses dévotions, fut tout étonné de voir ces individus devant lui en cette tenue et dans cette posture. Tout ce que les pénitents avaient pu obtenir du légat, était de se recouvrir d'un drap pour qu'on ne les reconnût pas. Jouvenel leur demanda ce qu'ils voulaient. L'un d'eux lui expliqua l'objet de leur démarche, et tous d'une voix, en pleurant, lui requirent pardon. Le prévôt leur répondit qu'il ne pensait plus depuis longtemps à cette affaire ; mais il ajouta qu'il désirait savoir le nom de tous ceux qu'il avait devant lui. Les témoins se hâtèrent de répliquer que, aux termes de leur pénitence, ils n'avaient pas à se nommer. Jouvenel les connaissait bien ; l'information qui était tombée entre ses mains portait leurs noms. Il s'amusa d'eux en les énumérant tous sans en oublier un seul : puis, bien doucement, leur pardonna, dont ils le remercièrent humblement en baisant la terre et pleurant effondément[24].

Cette première tentative pour perdre le prévôt des marchands n'avait pas réussi. Il paraît que Jouvenel eut plusieurs fois aultres assaulx et le voult-on plusieurs foys désappointer, mais sa preudommie et loyaulté le faisoient mettre hors des périlz[25].

Le duc de Bourgogne finit par renoncer à son hostilité contre Jouvenel ; il trouva plus adroit de se bien mettre avec lui que de persister à vouloir une disgrâce presque impossible à obtenir. Il fit des avances au prévôt. Celui-ci de son côté jugea plus habile de ne point garder rancune et d'accepter, ce qu'il fit. Pour témoigner de ses bonnes dispositions, Philippe le Hardi nomma Jouvenel son avocat pensionnaire au parlement de Paris[26]. Au XIVe siècle, les hauts personnages du royaume, grands feudataires, évêques, abbés, ou les corps tels que villes, universités, communautés, avaient à demeure auprès du parlement des avocats attitrés choisis parmi les plus réputés, qui, moyennant un salaire annuel et quelques cadeaux, se chargeaient de plaider toutes les causes intéressant leur client. Les ducs de Bourgogne eurent jusqu'à douze et quinze avocats, dont les plus célèbres furent Jean Des Marès et Renaud Filleul[27]. La place que Philippe le Hardi offrait à Jouvenel n'était point très lucrative ; vingt livres parisis étaient la pension que recevait Jouvenel, valant environ 1.280 francs de notre monnaie[28]. Mais elle était très honorable et constituait une charge de faveur fort appréciée. En tout cas, cette attention du duc marquait la fin de son animosité contre le prévôt des marchands, tout au moins la fin provisoire.

A part ce procès criminel auquel il parvint à échapper, Jouvenel eut, vers ces mêmes époques, un certain nombre de contestations d'ordre privé, sur lesquelles nous n'avons que des renseignements assez vagues. A la suite notamment de l'achat qu'il fit d'un domaine important à Poissy, il eut à subir un procès qui dura fort longtemps. Les héritiers de Jeanne de Fleury, à laquelle Jouvenel avait acheté cette terre, vinrent la lui réclamer. L'affaire commença dans les premiers mois de 1394. Le mercredi 8 avril de cette année, le parlement décida que Jouvenel exhiberait son contrat de vente devant la cour. Jehan de Saint-Verain et Jehan de Longueil étaient commis à l'effet de prendre connaissance de l'acte et de faire un rapport. Le 2 mai, le parlement changea d'avis et décida que les lettres d'achat seraient présentées non à des commissaires, mais au procureur même du roi. Le procès ne fut terminé que le 23 décembre 1398, époque à laquelle un arrêt du parlement débouta et condamna aux dépens l'adversaire de Jouvenel, lequel se nommait Gui de l'Isle, écuyer, fils et héritier de Simon de l'Isle et de Jeanne de Fleury[29].

Le 12 février 1396 (n. st.), nous trouvons un certain Guillaume de Serigni qui réclame à Jouvenel la somme de cinq cents francs. La cour décide que, de ces cinq cents francs, Guillaume touchera provisoirement trois cents francs et les deux cents francs demourront en la main de ladite court ou au change, jusqu'à ce que ledit Guillaume ait baillé caution de ester à droit et de paier la jugie et qu'il ait esleu domicilie et fait procureur pour deffendre et respondre et estre convenu s'il est mestre et sans dépens[30].

Jouvenel ne s'occupait pas seulement des affaires judiciaires auxquelles il se trouvait mêlé comme partie. Malgré ses fonctions de prévôt des marchands, il ne continuait pas moins de plaider au parlement. A plusieurs reprises il est mentionné dans les registres du parlement de Paris à ce titre[31]. Nous relevons entre autres, à la date du 8 décembre 1397, qu'en compagnie de maître Jean Picard et Gilles de Grigny, comme lui avocats au parlement, et maître Gilles Labbé, procureur au même parlement, il est appelé en consultation par le chapitre de Notre-Dame de Paris[32]. Celui-ci ne lui savait plus mauvais gré de son rôle dans l'affaire des serfs d'Issy.

Il paraîtrait que, en même temps, Jouvenel était avocat du roi à la cour des aides, qu'il l'aurait été de 1389 à 1399, succédant à Pierre le Cerf, premier titulaire de la fonction, et remplacé par Jean de Vailly. Il n'y avait qu'un avocat du roi à la cour des aides. — François Ier créera le second par édit du mois de février 1543, et, en 1568seulement, l'avocat prendra le titre d'avocat général. — Nous n'avons trouvé aucune confirmation de ce fait[33]. Après les difficultés qu'il avait traversées, Jouvenel continua à gérer paisiblement sa charge de prévôt. Son influence à la cour, loin de diminuer, s'accroissait encore. A ce moment les esprits étaient très agités par l'affaire du schisme, sur laquelle nous aurons occasion de revenir. Les ducs s'étaient divisés et leurs dissentiments donnaient lieu à des luttes très vives. Le duc d'Orléans soutenait le pape Benoît XIII et désapprouvait l'acte royal du 27 juillet 1398, par lequel Charles VI avait déclaré que la France ne reconnaissait pas Benoît XIII[34]. Philippe le Hardi était d'un sentiment opposé, et les discussions très aigres finirent par amener grandes haines, envies et divisions. Jouvenel s'appliqua à plusieurs reprises à calmer ces disputes, à ramener les esprits montés et à faire éviter des contestations dangereuses. Les dits ducs s'appaisoient ou du moins dissimuloient[35].

Le frère du roi ne savait pas mauvais gré à Jouvenel de son intervention. Il continuait de lui marquer sa faveur et son affection. Il l'avait nommé son conseiller et son avocat au parlement ; le 19 avril 1398, nous relevons qu'il lui fit don de la somme de vingt livres tournois pour consideracion des services qu'il [lui avait] faiz es diz offices de conseillers et advocas[36].

Dans la période de temps qui nous occupe, quatre enfants naquirent à Jouvenel ; le 24 janvier 1395 (n. st.), une fille qu'on appela Jeanne ; le parrain fut le maréchal de Boucicaut, et la marraine noble dame Jehanne de Ghepoy, femme de messire Jehan de Roussay, chevalier.

L'année suivante,en juillet 1396, Denysette, femme de messire Martin Dariay, secrétaire du roy, tint sur les fonts baptismaux de l'église Saint-Jean-en-Grève une seconde fille, Eude, en compagnie de la femme du premier président du parlement de Paris[37], et de maistre Pierre de l'Estart, conseiller et maistre des requêtes ordinaires de l'hostel du roy.

Nous avons déjà parlé du troisième enfant né le 19 février 1398 (n. st.), Denis, qui fut si faible en naissant qu'on dut l'ondoyer dans la chambre de sa mère, cérémonie à laquelle procédèrent le père Guy Jouvenel, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, et Jean des Noyers, secrétaire de la reine. Le baptême eut lieu quelques jours après à Saint-Jean-en-Grève ; les parrains furent Michel de Vitry, grand-père de l'enfant, chevalier, conseiller et maistre d'hostel du roy, et Guillaume de Vitry, son oncle, secrétaire du roi. La marraine fut sa grand'mère Jeanne de Vitry.

Le quatrième, — c'était en tout le neuvième, — fut une fille nommée Marie : et nasquit le mercredy vingt-septiesme jour d'aoust 1399, environ trois heures et demye après mydy ; et fut commère Madame Marie de la Granche, et compère Messire Guillaume Bude, maître des garnisons des vins du roy[38].

C'était le dernier enfant qui devait naître à l'hôtel de ville de Paris ; moins d'un an après, Jouvenel avait quitté l'ancien parloir aux bourgeois, où il avait habité plus de onze ans ; avec l'hôtel, il abandonnait le titre et la charge de la prévôté des marchands.

 

 

 



[1] Juvénal des Ursins, p. 91. Religieux de S. Denis, t. II, p. 21.

[2] Voy. sur la maladie du roi : La folie de Charles VI d'après les chroniqueurs du temps, par le Dr J. Aubry, médecin des hôpitaux de Lyon. Extrait du Lyon médical, Lyon, Association typographique, 1888, in-8°.

[3] Religieux de S. Denis, t. I, p. 568.

[4] Juvénal des Ursins, p. 90.

[5] Juvénal des Ursins, p. 90.

[6] Juvénal des Ursins, p. 92. Et par les paroles mesmes que le roy disoit souvent, qu'il n'avoit fiance en sa maladie ne autrement qu'eu son prévost des marchands.

[7] Juvénal des Ursins, p. 92.

[8] Juvénal des Ursins, p. 92.

[9] Juvénal des Ursins, p. 91.

[10] Juvénal des Ursins, p. 91, et Religieux de S. Denis, t. II, p. 29.

[11] Juvénal des Ursins, p. 92.

[12] Religieux de S. Denis, t. II, p. 28.

[13] Juvénal des Ursins, p. 92.

[14] Juvénal des Ursins, p. 92.

[15] Juvénal des Ursins, p. 93. Nous avons adopté sur la fin de ce procès la version de Juvénal des Ursins. Voy. sur les autres textes qui rapportent différemment l'issue de l'affaire H. Moranvillé, Étude sur la vie de Jean Le Mercier, p. 161. Il semble que le gouvernement des ducs, pressentant que le parlement n'allait pas rendre un arrêt conforme à leurs désirs, ait tâché de soustraire le procès à la cour pour l'évoquer devant le conseil. Arch. nat., X1a 1477, fol. 409, v°.

[16] Juvénal des Ursins, p. 93.

[17] Juvénal des Ursins, p. 96.

[18] Bibl. nat., ms. français 4751, p. 113

[19] Juvénal des Ursins, p. 98.

[20] Juvénal des Ursins, p. 98-99. — Bibl. nat., ms. fr. 2701, Discours du chancelier, fol. 46, v°.

[21] On voit qu'ici Jouvenel se qualifie lui-même d'officier royal. Cela confirme ce que nous avons dit plus haut du caractère de sa charge.

[22] Juvénal des Ursins, p. 100.

[23] Il y en avait 21 dans la cité.

[24] Juvénal des Ursins, p. 100

[25] Bibl. nat., ms. français 2701, f° 46, v°.

[26] Bibl. nat., ms. français 4603, f° 3, v°. Comptes des pensions et gages payés par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, a maistre Jehan Jouvenel, advocat de Monseigneur, en ladite court de parlement, XX l. parisis.

[27] F. Aubert, le Parlement de Paris, de Philippe le Bel à Charles VII, p. 234, Delachenal, Histoire des avocats au Parlement de Paris, p. 53 et suiv.

[28] Voy. les évaluations de Delachenal, op. cit., p. 271.

[29] Arch. nat., X1a 1477, f° 410, 413 ; et X1a 46, f° 268, v° et 269, r°.

[30] Arch. nat., X1a 1477, f° 698, r°.

[31] Arch. nat., KK, 896, f° 385, v°, 388, v°... etc.

[32] Arch. nat , LL, 211B, f° 308, r°. A la date du 1er mars 1398 (n. st.). Jouvenel est indiqué comme un des dix exécuteurs testamentaires de Hugues le Grant, ancien avocat au Châtelet de Paris. Il paie la somme de soixante livres au procureur de six légataires dudit défunt, à raison de dix livres par personne. Ce procureur est Pierre Jouvenel escuier, frère du prévôt des marchands. Bibl. nat., dép. des ms. fonds Clairambault, tit. scellés, vol. 61, p. 4731, pièce 3, parch.

[33] Voy. Tablettes de Thémis contenant la succession chronologique, avec les blasons, des chanceliers, gardes des sceaux, secrétaires d'État... Paris, 1755, 9 vol. in-16°, t. I, p. 193. L'auteur dit p. 172 : Je suis redevable de cet article sur la cour des aides de Paris à M. Boulin, un de ses plus illustres membres. Ce laborieux magistrat a consacré les moments de loisir que lui laissoit l'exercice de sa charge à mettre en ordre les archives de cette cour et à en composer une histoire...

[34] Le Religieux de S. Denis donne le texte de la soustraction d'obédience, t. II, p. 599-643.

[35] Juvénal des Ursins, p. 135.

[36] Bibl. nat., ms. français 6212, pièce 476, parch. Le lendemain 20 avril, Jean le Flament, conseiller du duc d'Orléans, donnait l'ordre à Jean Poulain, trésorier général du duc, d'exécuter le précédent ordre de son maître (Ibid., pièce 475, parch.). Ce n'est que le 20 Juillet que Jouvenel donne quittance de la somme (Ibid., pièce 474, parch.).

[37] Le document qui nous donne ces renseignements (Bibl. nat., ms. français 4752, p. 113) appelle ce président du parlement de Paris Guillaume de Caia. Mais, à ce moment, le premier président est Guillaume de Sens, qui avait succédé à Arnauld de Corbie en 1388. Nous n'avons trouvé aucun président ou conseiller de ce nom de Caia à cette date au parlement de Paris. Voy. Souliers et Blanchard, les Éloges de tous les premiers présidents du Parlement de Paris, Paris, 1645, in-fol.

[38] Bibl. nat., ms. français 4752, p. 113.