JEAN JOUVENEL

 

CHAPITRE II. — LES PREMIÈRES ANNÉES DE JEAN JOUVENEL.

 

 

La famille des Jouvenel semble avoir été assez nombreuse à Troyes à la fin du XIVe siècle, sans qu'il soit facile de déterminer exactement le degré de parenté qui unissait les différents Jouvenel, dont nous allons parler, au drapier Pierre. Elle compte un certain nombre de membres qui se sont distingués par les fonctions qu'ils ont remplies. Nous continuons à avoir affaire à des bourgeois considérés ; ce sont un peu plus que de simples artisans, mais ce ne sont pas des nobles.

Le plus important d'entre eux a été un certain Jean Jouvenel, qui portait donc le même nom que notre prévôt des marchands. Ce ne devait pas être un commerçant. Autant qu'on peut en juger, il était homme de loi. Il figure à la date du 31 juillet 1366 parmi les quatre-vingt notables habitants de Troyes qui furent extraordinairement convoqués afin de choisir les deux otages que la ville devait envoyer en Angleterre pour la rançon du roi Jean le Bon[1]. L'année suivante 1367, il est mentionné comme faisant partie du conseil de la ville de Troyes. Cette indication nous montre quel personnage était Jean Jouvenel. Ce conseil de ville était fort peu nombreux. Il avait compris en 1258 le chiffre de 18 membres ; ce chiffre avait été élevé quelque temps après à 26 ; puis, pour des raisons que l'on ne connaît pas, il fut ramené à 12[2]. Jean Jouvenel est cité parmi ces 12. Il est condamné, dans la pièce qui nous donne ce renseignement, à un franc d'amende pour n'avoir pas paru au conseil où il était convoqué, le jour de la Madeleine 1367[3].

Nous avons trouvé une troisième trace de ce Jean Jouvenel dans un procès qu'il eut à soutenir contre le doyen et le chapitre de l'église Saint-Étienne de Troyes. Il s'agissait de la maison où habitait Jean Jouvenel à Troyes, in qua nunc suum fovet domicilium et qui lui appartenait. Le chapitre de Saint-Étienne réclamait une rente annuelle de dix sous qu'il prétendait posséder sur cette demeure. L'affaire alla devant le Parlement de Paris qui, pour clore le litige, décida la vente de la maison. L'arrêt date du 12 octobre 1367[4].

A la même époque que ce Jean Jouvenel, vivait à Troyes un certain Pierre Jouvenel, distinct de notre drapier. Il nous est connu par un acte émanant de la cour du bailliage de Troyes, daté du 13 mars 1362, qui décide, à la requête d'une dame Jacquotte, veuve de Pierre Jouvenel et de Jeanne, veuve de Jacques de Saint-Phal, que ces femmes, veuves de clercs, ne sont pas tenues d'acquitter le droit de jurée ni de tailles. Nous apprenons par là que ce Pierre Jouvenel était mort à la date de 1362, et, en second lieu, qu'il était clerc marié[5]. La condition de clerc marié à Troyes n'était pas extrêmement heureuse à ce moment. Les statuts synodaux soumettaient cette catégorie de clercs à une sujétion sévère à l'égard des curés. Ceux-ci étaient obligés de les suivre, de veiller à leur tenue et à leur conduite et surtout de s'assurer qu'ils portaient bien la tonsure et les habits de leur état. Ce dernier article avait pour but d'empêcher les juges séculiers de mettre indûment la main sur des justiciables des cours ecclésiastiques[6].

Si ce Pierre Jouvenel n'occupe qu'un rang modeste dans la cléricature, voici un autre Jouvenel, nommé Guillaume, qui est arrivé aux plus hautes dignités du diocèse. C'est un chanoine de l'église Saint-Étienne. Il est mentionné avec quelques autres ecclésiastiques, et notamment l'évêque de Troyes dans une grande assemblée générale composée de mille personnes qui fut tenue en 1412 à propos de la guerre. Le pays était infesté par les compagnies qui venaient en bandes nombreuses jusque sous les murs de Troyes et jetaient périodiquement l'alarme parmi les populations. On songea à se munir contre ces incursions, à fortifier les murs de la ville et à rassembler des approvisionnements suffisants pour, le cas échéant, soutenir un siège. Cette grande assemblée des principaux notables est réunie afin de décider un emprunt. Cet emprunt fut fixé à mille livres. Il devait être fait à Etienne de Givry. Le procès-verbal nous dit que le chanoine Guillaume était un des personnages qui étaient à la tête de la réunion[7].

Ce qu'avait décidé l'assemblée fut exécuté. L'argent obtenu, on procéda à la restauration de l'enceinte de la ville, et nous voyons que, l'année suivante, ce même Guillaume Jouvenel est chargé des comptes relatifs à ces travaux de fortification ; il est qualifié à ce titre de maître des œuvres de la ville[8]. Il devait avoir été désigné par l'assemblée pour cet office de contrôle.

Quelques années plus tard, le même personnage nous est représenté, en 1427, comme un des partisans les plus fidèles et les plus dévoués du roi Charles VII à Troyes. Avec l'évêque, Jean Léguisé, et un notaire royal, Jean de Mesgrigny, il est de ceux qui s'emploient le plus activement aux intérêts du parti français. Il paraît être un homme important[9].

Indiquons ici les autres parents du prévôt des marchands que nous avons pu rencontrer ailleurs qu'à Troyes.

Il est parlé en 1406 d'un Guy Jouvenel, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem et prieur de l'Abbaye-au-Bois. Il est qualifié de la sorte à cette date. Nous le trouvons déjà en 1398. Le 19 février de cette année (n. st.), était né à Jean Jouvenel un fils qui fut appelé Denis. L'enfant, au moment de sa naissance, était si délicat que l'on craignit qu'il ne vécût pas. On fut obligé de l'ondoyer sans retard dans la chambre de sa mère. Ce fut Père Guy Jouvenel qui procéda à cette cérémonie[10]. Le 13 juillet 1406, de compagnie avec Gilles de Vitry et Jehan le Bugles, Guy fut parrain d'un autre enfant de Jean Jouvenel, auquel on donna le nom de Pierre. L'enfant ne devait vivre que deux jours[11].

Il est permis d'inférer de ces détails que Guy Jouvenel était fort proche parent de Jean. Il était trop mêlé à la vie privée du prévôt pour que cette intimité ne s'explique pas que par des liens de parenté assez étroits. C'était un homme, on vient de le voir, qui était arrivé à une situation distinguée.

Le 6 septembre 1406, Michelle de Vitry, femme de Jean Jouvenel, mit au monde un autre enfant, auquel on donna également le nom de Pierre en l'honneur de Monsieur Sainct Pierre. Il fut tenu sur les fonds baptismaux de l'église Saint-Landry, à Paris, par Pierre d'Orgemont, doyen de Saint-Martin de Tours, et par une Jehanne la Jouvenelle, femme de Nicolas de Chalari, advocat en la court du Parlement de Paris[12]. Nous n'avons pas d'autre renseignement sur cette Jeanne. Il ne peut être question de la fille de Jean Jouvenel, qui portait le même prénom ; car celle-ci, née en 1395, n'avait par conséquent que onze ans à l'époque dont nous parlons. Elle n'a été mariée du reste que plus tard[13].

Tels sont les différents parents de Jean Jouvenel que nous avons pu rencontrer. Nous n'avons pas cherché à établir une filiation quelconque entre eux au moyen de procédés tels que le rapprochement des noms et des âges ; les résultats eussent été trop incertains et trop hypothétiques. Nous ne doutons pas que tous ces Jouvenel ne fussent apparentés. Outre les preuves indéniables que nous avons, pour certains, de leurs relations étroites avec Jean Jouvenel, ce nom est relativement trop rare à Troyes pour qu'on puisse penser que ceux qui le portaient descendaient d'ancêtres différents.

La famille était donc fort honorable. Plusieurs de ses membres sont arrivés à des situations en vue ; ils ont rendu à la ville de Troyes des services importants ; nous nous trouvons en présence de bourgeois notables, jouissant d'une certaine fortune et tenant rang dans la cité. Comme on le voit, cette position, qui ne peut appartenir qu'à une ancienne famille bourgeoise du pays, rend invraisemblable le fait que, il y a une génération à peine, Pierre Jouvenel, de la maison princière des Orsini, italien et noble, serait venu s'établir dans la contrée.

C'est au milieu de cet entourage que naquit Jean Jouvenel, en 1360[14].

Jean Jouvenel passa toute son enfance à Troyes ; il y fit ses premières études qui furent bonnes. Troyes possédait alors ce qu'on appelait les grandes écoles, qui, placées sous les ordres d'un grand maître ou recteur général, offraient à la bonne bourgeoisie du pays les moyens de faire apprendre tout ce que les connaissances du temps permettaient d'enseigner à des enfants, supérieurs par leur rang social aux enfants du peuple. Jouvenel suivit les cours de ces écoles. Nous allons voir quelle éducation il y reçut.

Ces écoles étaient fort anciennes. Depuis l'époque la plus reculée, la cathédrale de Troyes, l'abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains, les églises de Saint-Jean et de Saint-Rémy avaient eu des écoles[15].

Ce sont ces quatre maisons que l'on désignait du nom de grandes écoles. Indépendamment de ces établissements, existaient, disséminées dans la ville et dans la banlieue, les petites écoles, celles que nous appellerions aujourd'hui primaires, où l'on apprenait à lire, à écrire et à chanter. C'étaient le chantre et le sous-chantre de Troyes qui disposaient des maîtrises de celles-ci.

Des difficultés s'étant élevées en 1327 entre l'écolâtre de Saint-Étienne et le sous-chantre à propos de leurs droits respectifs, il fut décidé d'un commun accord que, toutes les écoles étant réunies sous une seule direction, à tour de rôle, le chantre et l'écolâtre nommeraient le grand maître. Le grand maître présidait, et il partageait les profits[16].

Nous connaissons l'organisation des grandes écoles. A la suite des troubles profonds qu'occasionnèrent les guerres anglaises au début du XVe siècle, il se produisit beaucoup de désordres dans ces établissements. En 1436, l'évêque de Troyes, Jean Léguisé, fut obligé d'intervenir pour remettre les choses en l'état où elles étaient primitivement. A cet effet, il publia un règlement général que nous avons conservé[17]. Ces statuts, qui ne font que restaurer l'ancienne discipline, furent fixés par une assemblée composée de gens d'église, d'officiers publics et de citoyens notables. Ils nous renseignent avec précision sur l'esprit, la méthode et l'organisation de ces écoles à la fin du XIVe siècle et au début du XVe Il faut voir quel est cet esprit ; entrons dans le détail de cette organisation scolaire.

C'est le grand maître qui choisit tout le personnel. Les maîtres prêtent serment d'obéissance à ce recteur. Ces maîtres sont nommés régents, lecteurs, bacheliers[18]. L'un d'eux remplit l'office de prévôt. Il réunit le conseil des maîtres, surveille les écoliers aux offices, a soin du luminaire et désigne les chanteurs aux fêtes classiques de sainte Catherine et de saint Nicolas. Il a dans ses attributions l'entretien matériel de l'école ; il fournit les balais, paniers et pelles ; il veille à la propreté des classes. Pour la peine, chaque enfant doit lui payer six deniers tournois par an payables en deux termes[19]. Au-dessous du prévôt viennent les Primitifs et le Portier. Les primitifs sont pris parmi les élèves ; ce sont les enfants pauvres, mais vigoureux que l'on emploie à balayer les écoles et à certaines autres corvées ; de ce fait, ils sont dispensés de la taxe scolaire[20]. Le portier garde la porte. Il donne le signal du départ des écoliers en frappant sur la porte avec un bâton et criant : Ite pransum !Allez dîner ! Certains jours, il donne congé après la messe ou après vêpres. C'est le portier qui administre les verges aux enfants punis[21]. Tous les élèves, à quelques exceptions déterminées, payent au grand maître six sous tournois par an, payables trois sous à la Noël, trois sous à la saint Jean-Baptiste[22].

La partie la plus considérable de ce règlement a trait aux enseignements que l’on doit donner aux enfants. Les prescriptions sont plutôt d'ordre moral et religieux ; l'enseignement proprement dit tient peu de place. Les pédagogues du XIVe siècle s'occupent plus d'éducation que d'instruction. Cependant les programmes en eux-mêmes sont l'objet de recommandations détaillées. La base de toutes les études est la grammaire. Le Donat est le livre fondamental qu'il faut étudier et savoir par cœur[23]. Suivant une méthode que reprendront plus tard les maîtres de Port-Royal, on juge ici que la meilleure manière d'apprendre le latin aux enfants avant même, ou en même temps qu'on leur enseigne la mécanique grammaticale, est de le leur faire parler. Sous ce rapport, les maîtres des écoles de Troyes sont très stricts. Ils s'entretiennent avec les enfants en un latin qui n'est guère assurément le latin de Cicéron, à en juger par la langue du règlement de Jean Léguisé, mais un latin qu'ils puissent comprendre. Les enfants doivent répondre de même, quel que soit leur latin pour commencer sive congruum, sive incongruum. Le maître punira celui qui ne se sera pas exprimé en la langue désignée[24].

Pour habituer les enfants à réfléchir et leur faire avoir des idées personnelles, on organise entre eux des discussions sur les points principaux ou les plus difficiles de la grammaire. Chaque orateur monte à son tour dans une chaire. Ces exercices, qui intéressent les écoliers, les habituent à prendre un peu d'assurance et à s'exprimer en public[25].

Les élèves composent des vers latins[26] ; ils étudient le grec, mais modérément[27].

Surtout, et c'est le point principal, on doit s'appliquer à faire d'eux des enfants respectueux, dévots et bien élevés.

On doit leur enseigner d'abord à craindre et à aimer Dieu, à se tenir convenablement à l'église, avec respect, sans rire, plaisanter ou se disputer, mais en suivant avec attention le service divin, en disant l'office de la sainte Vierge, les sept psaumes, ou bien en chantant et psalmodiant avec le chœur[28]. A l'évangile, ils doivent se tenir debout capucio amoto ; à l'élévation, se mettre à genoux[29]. Ils se confesseront aux fêtes de Noël, Pâques, Pentecôte, saint Jean, Toussaint, ou du moins on les exhortera à se confesser à ces fêtes ut sic discant fréquenter confiteri. D'ailleurs qu'ils ne rougissent pas de se confesser plus fréquemment, si besoin est[30]. Pendant la durée de ces fêtes, il faut recommander aux enfants de s'abstenir de tout acte répréhensible et même de jouer aux dés, aux osselets et aux cartes, ad cartas, par respect pour la solennité[31]. A partir des Ténèbres qui se chantent trois jours avant Pâques, que les élèves veillent à ne plus se disputer ni à se moquer, et que le jeudi et vendredi saints, pendant que dans les églises on ne sonne plus les cloches, ils s'appliquent à ne pas se battre et s'insulter, ce qui a l'habitude d'arriver entre les enfants de deux paroisses[32].

Les maîtres devront exhorter les enfants et les jeunes gens qui leur sont confiés, à honorer et à révérer leurs parents, selon le précepte du décalogue, à ne leur parler qu'en retirant leur capuce et en fléchissant le genou flectant genua ; à honorer de même leurs maîtres et leurs curés qui sont leurs pères spirituels, et en général tous les ecclésiastiques et toutes les personnes notables[33]. Que les enfants fuient les mensonges et les jurements[34].

L'école est un lieu de paix et de tranquillité ; les maîtres veilleront à ce que les enfants ne se battent pas. Lorsqu'un élève se sera mal conduit, on en référera au grand maître et au conseil qui décideront que l'enfant sera fustigé publiquement au milieu des écoliers. Que jamais les maîtres ne se laissent emporter par la colère, qu'ils n'aillent jamais au-delà de ce qui est nécessaire et surtout qu'ils ne frappent pas les enfants du pied, de la main ou avec un bâton, mais qu'ils usent de verges[35]. Si les parents veulent s'interposer pour s'opposer à la punition de leur enfant, l'élève sera expulsé de l'école jusqu'à ce qu'il soit venu subir avec humilité la punition qu'il a méritée[36].

Tous les ans ont lieu à Troyes des processions générales. Les enfants des grandes écoles doivent y assister ; ils suivront deux par deux, sans parler, en disant dévotement les heures de la sainte Vierge ou les sept psaumes[37].

Enfin, que les maîtres se pénètrent bien de ceci : c'est qu'avant tout ils doivent enseigner aux enfants la vertu et les bonnes mœurs ; qu'ils ne soient pas négligents dans l'accomplissement de leurs devoirs, et qu'ils sachent que si, par leur insouciance, quelque enfant tournait ensuite à mal. Dieu, juge de tous, retirerait de leurs mains ces jeunes âmes[38].

Nous nous sommes un peu étendu sur ce règlement pour montrer quel était, à Troyes, à la fin du XIVe siècle, le genre d'éducation que l'on recevait. Cette éducation a marqué Jean Jouvenel d'une très forte empreinte. Le caractère qu'il montrera plus tard a été déterminé autant par les enseignements qu'il a reçus aux grandes écoles que par les habitudes qu'il a pu contracter dans sa famille. Nous retrouverons en lui cette piété qui est recommandée ici, cette droiture et cet esprit de justice qui exclut toute violence, tout mensonge, principes qu'inculquent les statuts de Léguisé. Nous verrons combien sa famille fut patriarcale par le respect qu'il sut inspirer à ses enfants. L'austérité de ses mœurs, la rectitude de sa vie, sa foi d'homme pieux, en un mot, toutes les qualités qui feront de lui ce que Charles VI appellera un sage preud'homme, lui ont été certainement inspirées par la forte éducation qu'il a reçue. On ne saurait dire peut-être que tous les enfants qui ont passé par les mêmes établissements ont dû, comme lui, devenir des hommes aussi honorables. L'action de ses maîtres s'exerçait sur un esprit préparé par sa famille. On ne peut nier toutefois la sagesse et l'efficacité relative de procédés pédagogiques, qui étaient bons pour le temps, et dont on retrouverait les influences dans la Ratio studiorum, comme on en retrouve les traditions dans les petites écoles du Chesnay.

A côté de l'enseignement qui lui a été donné, une seconde série de faits a contribué à former le jugement de Jouvenel et à lui préparer cette maturité d'intelligence dont il a fait preuve de bonne heure. Nous voulons parler des émotions nombreuses qu'eurent à éprouver les habitants de Troyes de 1355 à 1384, pendant l'enfance de Jouvenel, du fait des attaques soudaines des gens de guerre. A plusieurs reprises, les bourgeois durent aller aux remparts défendre la ville, ou sortir en rase campagne pour livrer bataille. Le père de Jean fit comme les autres. Il y eut là pour Jean, enfant ou tout jeune homme, une source d'impressions très vives qui le frappèrent.

Ce n'est pas que la ville de Troyes ait eu à craindre quelque catastrophe irrémédiable. Elle était assez bien protégée. Jusqu'au milieu du XIVe siècle, elle avait eu pour se mettre à l'abri, elle et tous les gens de la campagne qui venaient à la moindre alerte se réfugier dans ses murs, deux enceintes de fossés continus, faisant le tour complet de la ville. Derrière ces fossés s'élevait un rempart enterre garni de palis et de planches[39]. C'était suffisant. Dans la seconde moitié du siècle, on avait construit par places des fortifications en pierres pour mieux soutenir le système de défense. En avant de l'enceinte on avait édifié deux redoutes, deux bretauches ou bretèches, fortins en bois, qui servirent plusieurs fois à contenir l'effort des assiégeants[40]. En 1359, le conseil avait ordonné l'armement de la ville. Trois membres du conseil, Pierre Legras, Jean Félix et Jean Valée furent chargés de ce soin. Ils furent autorisés à acheter ou à faire faire toutes pièces d'artillerie, sagettes ; garreaux, arcs, arbalètes et toutes choses nécessaires à la défense de la ville[41].

D'ailleurs, la ville avait à sa tête un homme énergique et résolu : c'était l'évêque, Henri de Poitiers, qui remplissait les fonctions de capitaine et gouverneur de la ville et du bailliage de Troyes. Fils d'Aymar III de Poitiers, comte de Valentinois et de Diois et de Sybile des Baux, fille de François des Baux, duc d'Andrie, Henri était plus soldat que prêtre, et, par surcroît, sans préjugés, affichait le mépris le plus complet des convenances sociales. Il eut quatre enfants d'une religieuse du Paraclet nommée Jeanne de Chevry[42]. Il était plein de caractère et d'élan ; avec lui la ville fut bien gardée.

C'est par Beaufort et Rosnay que les Anglais avaient pénétré en Champagne. En occupant Nogent, Pont, Méry, Bray-sur-Seine, Navarrais et Anglais étaient maîtres de la Seine ; ils coupaient les communications entre Troyes et Paris ; ils avaient leurs bases d'opération, et, en même temps, leurs centres d'approvisionnement dans les territoires des châtellenies de Saint-Florentin et d'Ervy ; ces châtellenies appartenaient au roi de Navarre. Les Bourguignons tenaient également sur les confins du duché de Bourgogne les terres de Villemaur, d'Isle, de Chaource. Ainsi les ennemis enserraient Troyes de toutes parts : Troyes se trouvait isolée[43].

C'est surtout à partir de 1358 que la situation s'aggrava pour la ville, et que les dangers commencèrent pour elle. A ce moment, les gens de guerre se répandaient dans le pays. Toute la contrée, aux environs de Troyes, d'Auxerre, de Tonnerre, de Pont-sur-Seine et de Provins était couverte de pillards, qui, se réunissant en nombre, osaient tenter des coups de main contre les places les mieux fortifiées. Les routes n'étaient plus sûres. Nul n'osait s'aventurer en dehors des murailles. Le plus célèbre chef de bande du pays était celui que Froissart, qui nous donne ces renseignements, appelle messire Pierre d'Audelée, Dudley. Ce Dudley, du haut de son château de Beaufort, nid d'aigle qui domine la riche plaine de Brienne, terrorisait la campagne environnante. D'autre part, à Pont-sur-Seine et à Nogent, se tenait un second chef de compagnie non moins célèbre, Eustache d'Aubrecicourt, qui, avec une bande de cinq cents combattants, mettait au pillage la région d'alentour. Un troisième homme de guerre enfin, nommé Albert, d'origine allemande, achevait de tenir la Champagne entière sous la domination des chefs de bandes. Ces trois capitaines occupaient plus de soixante châteaux ou maisons fortes dans la province. Ils s'entendaient entre eux ; ils pouvaient mettre aux champs jusqu'à deux mille hommes armés ; personne n'eût osé leur tenir tête. Le pays leur était soumis ; ils le rançonnaient à leur aise.

Le plus redouté des trois était d'Aubrecicourt. C'était lui qui était maître des passages de la Seine et de l'Aube. Il commandait ces rivières par les forteresses de Torcy, d'Arcis, de Plancy, de Nogent-sur-Seine et de Pont. Froissart dit que c'était sa chambre[44].

Sur les marches de Bourgogne se trouvait une bande de quatre cents combattants placés sous les ordres de Thibaut et de Jean de Chaufour ; elle appartenait au roi de Navarre[45].

Telle était la situation de Troyes au milieu de toutes ces causes de dangers. A partir de 1358, la Jacquerie, qui éclate à ce moment, vient achever de multiplier les troubles.

Le 12 janvier 1358, une colonne de quatre cents hommes composée de Navarrais et d'Anglais sortit du château d'Aix-en-Othe, propriété de l'évêque de Troyes, qu'elle occupait, et marcha sur la ville de Troyes avec l'intention de donner l'assaut. L'alarme fut vive dans la ville. On arma les bourgeois. Pierre Jouvenel fut du nombre de ceux qui s'enrôlèrent ; le comte de Vaudemont prit la tête de cette petite armée. On marcha à la rencontre de la bande anglo-navarraise ; on l'attaqua avec vigueur ; celle-ci fut complètement culbutée. Elle laissa cent vingt morts, un nombre égal de prisonniers ; le reste, étant rentré à Aix-en-Othe, ne put même pas y tenir ; il évacua le château après y avoir mis le feu, puis quitta le pays, et alla se joindre à d'autres gens de guerre en garnison à Champlost[46] pour delà gagner Auxerre. Ce combat, qui eut un grand retentissement, eut pour effet de dégager la route de Paris à Troyes[47]. Le succès enhardit les habitants de Troyes. Ils résolurent de prendre l'offensive pour se débarrasser des ennemis qui les tenaient constamment en éveil. A ce moment, l'évêque Henri de Poitiers, que Froissart appelle un bon guerroyeur et entreprenant durement, revenait du siège de Melun, où la victoire l'avait mis en goût de bataille. Il amenait avec lui un lorrain, le chevalier Brokars de Fenestrange, et cinq cents hommes d'armes. On décida d'un commun accord de chasser les Anglais de la Champagne. Il fallait pour cela constituer une armée un peu nombreuse. On fit appel aux gens de guerre qui rôdaient isolés dans le pays sans emploi ; on arma de nouveau les bourgeois ; nous savons que Pierre Jouvenel faisait encore partie de cette affaire[48] ; on parvint à réunir 1.000 lances et 1.500 brigands[49]. Une première expédition fut menée contre le château de Hans-le-Grand. Après trois assauts, la place se rendit. On revint à Troyes ; puis, quelque temps après, on en repartit avec 1.200 lances et 900 brigands. Cette fois il s'agissait de s'attaquer à Eustache d'Aubrecicourt, qui était à Pont avec 400 lances et archers. Eustache d'Aubrecicourt marcha à la rencontre de ces ennemis. Les troupes françaises étaient commandées par Henri de Poitiers, Brokars de Fenestrange, Jean de Châlons, le comte de Joigny, le comte de Vaudemont. La rencontre eut lieu un peu au sud de Nogent, le 23 juin 1359. Eustache d'Aubrecicourt fut complètement battu et fait prisonnier. Froissart nous a laissé un brillant récit de cette affaire qui fît beaucoup de bruit. Il nous raconte l'accueil enthousiaste que les habitants de Troyes firent aux vainqueurs de Nogent lorsque ceux-ci revinrent dans la ville[50].

Un fait démontre le trouble que tous ces événements apportaient à la vie ordinaire de Troyes. La foire importante qui se tenait le 14 août de chaque année devant l'abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains ne put avoir lieu en 1359 ; l'état de la campagne avait rendu impossible la venue des marchands étrangers dans la ville[51].

La ville était remplie de gens de guerre dont l'entretien ne laissait pas que d'être très onéreux. Malgré cela, on profitait de toutes les occasions possibles pour en augmenter le nombre. En septembre de cette même année 1359, les élus du conseil de ville décidèrent de retenir le bailli de Chaumont qui traversait la cité avec ses gens et ses chevaux, parce qu'on craignait à ce moment-là une attaque des Anglais.

Le malheur des temps était tel qu'on défendit par ordonnance royale, à quelque personne que ce fût, et quelle que fût sa qualité, de rien prendre aux habitants de Troyes et de ne faire sur eux aucun emprunt[52].

La fin de l'année 1359 ne se passa pas sans une nouvelle alerte. Edouard III avait débarqué à Calais le 28 octobre. Il marcha sur Troyes, mais les Troyens en furent quittes pour la peur. Edouard demeura à Méry-sur-Seine et n'arriva pas jusqu'à leur ville.

Le traité de Brétigny mit fin pour un temps à la guerre anglaise. Nous avons dit plus haut comment Troyes y participa, et ce que Pierre Jouvenel put faire à cette occasion.

Mais les menaces des grandes compagnies n'avaient pas cessé ; les dangers qu'elles firent courir augmentèrent même, un plus grand nombre de gens de guerre se trouvant sans emploi à la suite du traité de paix, et accourant dans les provinces où le brigandage était déjà organisé. La Champagne fut un des pays les plus atteints. A Troyes, de 1360 à 1375, les alarmes furent continuelles, les émotions incessantes ; grâce à ses fortifications, la ville était peut-être à l'abri d'un coup de main trop brusque ; mais il fallut faire le guet sans relâche et se préparer à tout moment à monter sur les remparts. L'existence des bourgeois fut extrêmement pénible. Non seulement ils vivaient au milieu d'inquiétudes sans cesse renouvelées, non seulement ils devaient passer une partie de leur temps à faire le service armé, mais ils voyaient leur commerce péricliter, leurs foires tomber, les marchands du dehors ne plus venir leur acheter. Les routes étaient impraticables, la vie générale se trouvait comme arrêtée.

Dans cette extrémité, les habitants de Troyes s'ingénièrent pour prévoir et parer les dangers les plus menaçants. Ils entretinrent une correspondance suivie avec les villes voisines, afin que celles-ci les prévinssent des expéditions qu'ils croiraient marcher contre eux. Nous avons conservé une lettre écrite par les capitre, bourgeois, manans et habitans de Joinville, à leurs chers seigneurs et grans amis les clergé, citains et habitans de Troyes, où ceux-ci apprennent que les compagnies qui étaient allées ravager Toul et Verdun reviennent. Les habitants de Joinville ajoutent : en avons fait enquérir et faisons de jour en jour et avons sceu par nos messaiges qui darrier en sont venus que la sepmaine darrier passée ils estoient encore sur la rivière de Muzéle pardelez environ Saint-Nicolas. Toutevoies de rechief nous avons envoie sur eux et ne pourront aprochier les parties de par deçà, que nous ne le doiens savoir, et leaument tout ce que savoir en pourrons, par espécial si elles tiennent le chemin de par deçà, nous le vous ferons savoir[53].

Ces lettres communiquées aux habitants de Troyes ne contribuaient pas peu à entretenir l'agitation et la fièvre de l'inquiétude.

Avec l'avènement de Charles V, il sembla que la royauté allait s'occuper de poursuivre et de détruire les grandes compagnies. L'évêque de Troyes, Henri de Poitiers, était en relations personnelles avec Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, qui se chargea tout d'abord de les traquer. H existe plusieurs lettres à ce sujet entre le duc et l'évêque, dont il voulait se servir. Dans une missive du 31 janvier 1365 (n. st.), Philippe annonce à Henri de Poitiers que les compagnies ont passé la Loire et sont dans le comté de Nevers ; il va marcher contre elles. Dans une seconde lettre datée du 12 mars, le duc de Bourgogne dit que les grandes compagnies ont gagné l'Auxerrois : elles vont sans doute venir sur Troyes. Il envoie contre elles le gouverneur de Blois et tous les gens d'armes de sa compagnie, lequel est un très bon homme, les troupes vont passer par Troyes. L'évêque est prié de les recevoir. Elles sont payées jusqu'au 1er avril ; si, après cette date, le trésor royal ne peut pas remplir ses engagements, l'évêque est chargé d'y pourvoir et de leur donner leur solde en imposant les habitants[54].

La ville de Troyes n'avait donc pas seulement à subir les terreurs qu'inspiraient les incursions des compagnies et à payer les dépenses que causait la mise en état de défense de la cité, elle avait encore à éprouver les ennuis de loger les gens de guerre du roi et à supporter la charge de leur entretien.

Il se produisit quelque lassitude chez les habitants ; on se découragea ; les choses en vinrent à un tel point que Henri de Poitiers dut se faire ordonner par le roi de contraindre tous les bourgeois à faire le guet, à contribuer à la garde de la ville et à s'occuper des affaires de la cité[55].

Puis revinrent les Anglais. En 1370, la grande bande anglaise, commandée par le captai de Buch et Robert Knolles, mit à feu et à sang la Champagne. Elle n'osa pas attaquer Troyes : elle trouva la ville trop bien gardée. Mais on juge des appréhensions des habitants lorsqu'ils virent de leurs murs incendier tout le pays environnant[56].

En 1373, on apprit qu'une armée anglaise commandée par les ducs de Lancastre et de Bretagne venait de débarquer à Calais. L'émotion fut très vive chez les habitants. Ils écrivirent aux échevins de Reims pour leur demander s'ils savaient la direction que prenait l'ennemi. A ce moment même, les échevins de Reims, qui avaient envoyé un messager en Picardie pour prendre des renseignements, venaient de recevoir une missive du capitaine gouverneur de Nesle[57], qui les prévenait que le duc de Lancastre campait devant Bray-sur-Somme[58] et le duc de Bretagne devant Cappy[59]. Les échevins de Reims envoyèrent aux habitants de Troyes une copie de cette lettre en leur expliquant ce qu'étaient les localités dont il était parlé, et où elles étaient situées. Ils ajoutaient qu'ils ignoraient la direction qu'allaient prendre les Anglais, mais qu'ils pensaient que ceux-ci allaient marcher sur Reims[60]. C'est ce qui arriva. Quelques jours après, les Troyens recevaient une lettre des élus au conseil de ville de Châlons-sur-Marne, qui leur faisait savoir que l'ennemi était près de Noyon, et qu'il prenait la direction de Soissons[61]. Le théâtre de la guerre se rapprochait de Troyes. Les habitants de la ville redoublaient d'activité dans leurs préparatifs.

Sur ces entrefaites, ils reçurent l'ordre du roi d'avoir à lui envoyer un certain nombre d'arbalétriers. Il leur était impossible de répondre à cette demande au milieu des périls qui les menaçaient ; ils avaient besoin de toutes leurs ressources. Ils firent agir auprès de Charles Y le confesseur du roi, l'évêque de Nevers, Pierre de Villiers, et le célèbre jurisconsulte Jean Des Mares. Ceux-ci réussirent à faire rapporter au roi son mandement[62].

L'alerte n'eut pas de suite. L'expédition anglaise échoua.

Mais, en 1375, une peste vint s'ajouter à tous les maux que souffraient déjà les habitants de Troyes ; la mortalité fut très grande, les ravages de la maladie s'étendirent à toute la ville, celle-ci fut décimée[63].

De 1360 à 1375, le temps du séjour de Jean Jouvenel à Troyes, l'époque de son enfance et de sa première jeunesse, la ville de Troyes a donc été dans une des périodes de son histoire les plus troublées et les plus agitées. C'est au milieu de cette atmosphère qu'a grandi Jouvenel. Ses premières impressions lui ont été données par le spectacle continuel de ces craintes, de ces émotions, de ces préparatifs faits pour repousser l'ennemi ; il a vu les siens s'armer, se joindre aux autres bourgeois, monter sur le rempart ou partir en campagne. Une pareille existence et de semblables tableaux ont fortement marqué son esprit. Nous en retrouverons les preuves.

 

 

 



[1] Th. Boutiot, Louis Jouvenel des Ursins, bailli de Troyes, dans Annuaire de l'Aube, 1865, p. 94.

[2] Th. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes, t. II, p. 195.

[3] Arch. mun. de Troyes, nouv. fonds, série AA, carton n° 1, liasse 1re, original. Soient contraincts les personnes qui s'ensuignent chascune d'un franc pour deffaut faiz le jour de la Magdeleine CCCLXVII à venir au conseil selonc ce qu'adjournées estoient : (malade) Guy le Flamant, Pierre Jaque, François le Ciergier, Guillaume Goslain, ne soient pas ci-quatre exécutés. Jehan de Rence, Jaque de Plancy, Odinot Mandant, Hue le Poissonnier, Maistre Jean de Torvoye, Ilobert de Molosmes, Jehan Jouvenel, le Prieur de l'Isle.

[4] Arch. nat. X1a 9182, f° 29.

[5] Th. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes, t. II, p. 189.

[6] Voy. notamment Statuts synodaux, d'Etienne de Givry, Bibl. de Troyes, ms. 736.

[7] Arch. mun. de Troyes, nouv. fonds. Cf. Th. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes, t. II, p. 335.

[8] Th. Boutiot, Louis Jouvenel des Ursins, bailli de Troyes, dans Annuaire de l'Aube, 1865, p. 96. Le même auteur (L'instruction publique à Troyes, 1805, in-8°, planche II) nous donne un fac-similé de la signature de ce Guillaume Jouvenel. Il y a quelque analogie entre cette signature et celle de Jean Jouvenel.

[9] Th. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes, t. II, p. 483.

[10] Bibl. nat., ms. fr. 4752, p. 113.

[11] Bibl. nat., ms. fr. 4752, p. 115.

[12] Bibl. nat., ms. fr. 4752, p. 115.

[13] Arch. nat., L. 607, n° 11, f° 1, v°.

[14] P. Anselme, Histoire généal., VI, 403.

[15] La nomination des maîtres appartenait au chantre, puis, à partir de 1200, au sous-chantre de la cathédrale. Toutefois l'écolâtre de Saint-Étienne avait un droit de collation assez mal défini sur l'école de l'abbaye Notre-Dame.

[16] A. Vallet de Viriville, Les Archives historiques du département de l'Aube et de l'ancien diocèse de Troyes, Troyes, Bouquot, 1841, in-8°, p. 324-325.

[17] Archives dép. de l'Aube, liasse 40, pièce D. Ce document a été publié par Vallet de Viriville, op. cit., p. 426-438.

[18] Vallet de Viriville, op. cit., art. XLII.

[19] Vallet de Viriville, op. cit., art. LI-LV.

[20] Vallet de Viriville, op. cit., art. LVI.

[21] Vallet de Viriville, op. cit., art. XLV, XLVIII.

[22] Vallet de Viriville, op. cit., art. XLIV.

[23] Vallet de Viriville, op. cit., art. XVI-XVII.

[24] Vallet de Viriville, op. cit., art. XXXII.

[25] Vallet de Viriville, op. cit., art. XXXI.

[26] Vallet de Viriville, op. cit., art. XXIX.

[27] Vallet de Viriville, op. cit., art. XXX.

[28] Vallet de Viriville, op. cit., art. I.

[29] Vallet de Viriville, op. cit., art. II.

[30] Vallet de Viriville, op. cit., art. IV.

[31] Vallet de Viriville, op. cit., art. V.

[32] Vallet de Viriville, op. cit., art. VI.

[33] Vallet de Viriville, op. cit., art. VIII.

[34] Vallet de Viriville, op. cit., art. I.

[35] Vallet de Viriville, op. cit., art. IX et X.

[36] Vallet de Viriville, op. cit., art. XI.

[37] Vallet de Viriville, op. cit., art. XIV.

[38] Vallet de Viriville, op. cit., art, XV.

[39] Arch. mun. de Troyes, nouv. fonds, série AA, 9e carton, 1re liasse.

[40] Th. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes, II, 119-121.

[41] Arch. mun. de Troyes, nouv. fonds, série AA, 8e carton, 1re liasse.

[42] Sainte-Marthe, Histoire de la Maison de France, t. II, p. 356 et 967.

[43] Boutiot, Histoire de la ville de Troyes, II, 135.

[44] Froissart, éd. Buchon, t. I, p. 392.

[45] Froissart, éd. Buchon, t. I, p. 392.

[46] Canton de Brienon, département de l'Yonne.

[47] Grandes Chroniques de France, VI, 147. Pour le rôle de Pierre Jouvenel qui se conduisit fort bien, voy. Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, p. 70.

[48] Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, p. 70.

[49] Ainsi nommés de la brigandine ou corselet de fer qu'ils portaient.

[50] Froissart, I, 404-407.

[51] Am. Aufauvre, Les Tablettes historiques de Troyes, Troyes, Bouquot, 1858, in-8°, p. 18.

[52] Arch. municipales de Troyes, ancien fonds, cartulaire, f° 46, v°.

[53] Cette lettre est d'environ 1361 ; elle a été publiée par H. d'Arbois de Jubainville dans son Voyage paléographique dans le département de l'Aube, Troyes, Bouquot, 1855, in-8°, p. 134.

[54] D'Arbois de Jubainville, op. cit., p. 139-142.

[55] Arch. municipales de Troyes, anc. fonds, n° 2, liasse 4.

[56] Grandes Chroniques de France, t. VI, p. 249-253.

[57] Chef-lieu de canton du département de la Somme, arrond. de Péronne.

[58] Chef-lieu de canton du département de la Somme, arrond. de Péronne.

[59] Dép. de la Somme, arr. de Péronne, canton de Bray-sur-Somme.

[60] Lettre publiée par d'Arbois de Jubainville, op. cit., p. 148. Elle est datée du 21 août 1373.

[61] D'Arbois de Jubainville, op. cit., p. 150.

[62] Nous avons la lettre par laquelle l'évêque de Nevers et Jean Des Mares informent les habitants de Troyes du succès de leur démarche. Voy. d'Arbois de Jubainville, op. cit., p. 151.

[63] Am. Aufauvre, Troyes et ses environs, p. 14.