HISTOIRE DES CROISADES CONTRE LES ALBIGEOIS

TOME PREMIER

 

CHAPITRE NEUVIÈME.

 

 

Prise de Peyriac, de Rieux et de leur seigneur Éléazar de Grave. — Destruction du château de Ventalon. — Soumission de Montréal. — Siège et prise du château de Termes. — La Croisade reçoit des renforts. — Occupation de Constance. — Prise de Puyvert. — Soumission de Castres et occupation d'une partie de l'Albigeois.

 

La reddition de Minerve amena celle de plusieurs petites places des environs. Peyriac et Rieux résistèrent seules quelques moments ; après avoir défendu la première pendant deux jours, et la seconde pendant une semaine, Eléazar de Grave fut fait prisonnier. Le seigneur de Ventalon, sans attendre l'attaque, vint de lui-même se soumettre au Général, qui fit raser son château, en punition des nombreux dommages que la garnison avait fait éprouver à l'armée, durant le siège de Minerve. Aimery de Montréal, que nous avons déjà vu tour à tour Croisé et Albigeois, se soumit aussi de nouveau, et remit, du consentement des habitants, la ville de Montréal entre les mains de l'Eglise. Mais cette nouvelle défection d'Aimery fut aussi passagère que la première. Ce seigneur manqua bientôt de fidélité à Simon de Montfort, et nous ne tarderons pas à le retrouver dans les rangs hérétiques.

Quelques jours après, un nombreux détachement de pèlerins croisés déboucha dans le Midi, et se réunit à l'armée ; un chevalier français, que Dom Vaissette nomme Guillaume de Caïc, le commandait. Ce renfort, qui du reste, ne précédait que de quelques étapes, un corps plus important de pèlerins bretons, mit le Général à même d'entreprendre de nouvelles conquêtes. Le siège de la capitale du Termenois fut aussitôt décidé, et Montfort se rendit, dans ce dessein, à Penautier, dans le Carcassès, où il manda la comtesse son épouse, à laquelle il confia l'administration du pays, pendant son absence, et Verles d'Encontre, qu'il commit au commandement de Carcassonne, et auquel il ordonna de faire construire toutes les machines nécessaires à un siège régulier.

Ces mesures prises, il s'avança de Termes.

Cette place était située dans cette partie du diocèse de Narbonne, qui aboutissait aux Pyrénées et à la province de Roussillon. Assise sur la crête d'une haute montagne, entièrement environnée d'âpres rochers, de ravins et de précipices, elle n'était accessible que d'un seul côté, où un ancien lit de torrent desséché semblait avoir tracé un sentier naturel, mais excessivement raide, à l'ascension duquel il était périlleux de se risquer.

Deux faubourgs, séparés l'un de l'autre par une muraille, entouraient la forteresse. Le plus haut, placé sur la cime aigue de la montagne, était suffisamment mis à l'abri de toute insulte par son inabordable position ; et le second, qui servait d'enceinte au principal corps des constructions', se déployait irrégulièrement sur le penchant de la côte, en regard du vallon, défendu du côté de la plaine, par Mie autre muraille, soutenue à son tour par un fort bastion fixé dans la base d'un nicher, qui, détaché du mont comme un bloc de granit, ressemblait de loin à un gigantesque dolmen. Ce rocher, s'appelait Tumet, désignation qui, dans la langue du pays, peint sa configuration. Tl était éloigné du château, d'un jet de pierre, et lui servait de sentinelle avancée.

Depuis l'arrivée des Croisés dans le Midi, le sire de Termes, avait jeté dans sa capitale une nombreuse garnison, composée en grande partie de Catalans, soldats déterminés, aguerris et éminemment propres à une guerre de montagnes. Lui-même la commandait, et au dire des historiens, il était digne, en tous points, d'un tel honneur.

Raymond de Termes, vaillant capitaine blanchi sous le harnais, descendait d'une des plus anciennes maisons de la province, qui possédait depuis longtemps le château de ce nom, et tout le pays du Termenois, partie sous la mouvance des vicomtes de Béziers et de Carcassonne, et partie sous celle de la Grasse. Il s'était rendu si redoutable par ses exploits, qu'il avait tenu tête lui seul, tantôt au roi d'Aragon, tantôt au comte de Toulouse, et tantôt au vicomte de Béziers, son seigneur. De là ce dictum qui courait alors dans la contrée, et que le jésuite Langlois a rapporté, sur la foi d'un chroniqueur contemporain :

— Les peuples craignent le vicomte de Béziers, le comte de Toulouse et le roi d'Aragon ; mais le roi d'Aragon, le comte de Toulouse et le vicomte de Béziers, craignent le seigneur de Termes.

Ainsi faite et ainsi défendue, la forteresse aurait paru inexpugnable à tout autre homme que Montfort. Mais rien ne rebutait ce général. Cette fois pourtant, il faillit échouer au début de l'attaque. Ses troupes, bien que nombreuses, étaient insuffisantes à l'entière circonvallation ; aussi les assiégés peu alarmés de ses projets, sortaient et rentraient librement ; quelquefois même lassés de railler les Croisés, du haut de leur position, ils descendaient dans la plaine, abordaient leurs ennemis l'épée à la main, et faisaient dans leurs lignes d'effrayantes trouées. Montfort ne pouvant réprimer ces fréquentes sorties, résolut de se tenir enfermé dans ses retranchements, et d'attendre inactif, les renforts qu'on lui annonçait.

Les premiers arrivés furent cinq mille Bretons, dont nous avons précédemment parlé. Ces intrépides soldats avaient affronté mille dangers en traversant le Poitou, l'Aquitaine et le Languedoc. A Castelnaudary, la garnison de cette place leur avait couru sus, et tué quelques fantassins. Rendus enfin à Carcassonne, ils avaient trouvé cette ville dans un grand embarras : les machines commandées par Montfort étaient prêtes, mais les attaques et les embuscades du sire de Cabaret, avaient jusques là empêché leur translation au camp. Les Bretons se chargèrent de ce soin, et les préservèrent, non sans peine, de toute tentative incendiaire.

Deux princes du sang royal, Robert .de Dreux, et Philippe, évêque de Beauvais, son frère, arrivèrent devant Termes immédiatement après les Bretons. Ce dernier quoiqu'ecclésiastique n'avait pas moins de valeur guerrière que son frère Robert. Dédaigneux de la robe (je clerc qu'il avait endossée sans vocation, il ne marchait qu'armé de cuirasse et de masse. Il s'était déjà illustré sous le rapport chevaleresque, dans les guerres saintes d'outremer, et dans la bataille qu'il livra lui-même aux Anglais, près de Milly, comme if se distingua plus tard à la bataille de Bouvines, où il tua de sa main, Etienne Longue-Épée, comte de Salisbury et frère du roi d'Angleterre.

L'exemple de ce belliqueux prélat, entraîna à la Croisade, Reynaud de Monçon, évêque de Chartres, qui, moins en désaccord toutefois avec l'esprit évangélique, s'était contenté de bien armer ses paroissiens, et n'affectait point, lui-même, les allures d'un homme de guerre.

Guilhaume, comte de Ponthieu, vint à son tour, conduisant les pèlerins croisés d'Abbeville et des autres cités de son apanage.

Montfort put alors quitter ses lignes palissadées, refouler les sorties de la garnison, ceindre étroitement tonte la base de la forteresse et essayer d'une attaque générale. Mais cette dernière demeura sans succès. Les Croisés ne purent mordre à la montagne qui servait de piédestal aux fortifications et franchir les précipices qui leur servaient de fossés. Il fallait en effet autre chose que le nombre et la force pour combattre la nature et vaincre les obstacles qu'elle avait si abondamment' prodigués ; l'art seul pouvait en triompher. Grâces à Guilhaume, archidiacre de Paris, l'art vint au secours de Montfort.

« Guilhaume était, écris le jésuite Langlois, aussi agissant qu'industrieux, aussi désintéressé que sage, aussi dur pour lui-même qu'attentif aux besoins des autres. On ne savait si c'était un homme, parce qu'on ne savait ni quand il mangeait, ni quand il dormait. On le trouvait dans tous les lieux où sa présence pouvait être utile. Il consolait les Croisés, les encourageait et ramassait les aumônes nécessaires pour faire avancer les ouvrages Ici, il inventait de nouvelles machines, là, il perfectionnait les anciennes, mettait lui-même la main à l'œuvre, quand les charpentiers, qui étaient les ingénieurs de ce temps, ne pouvaient exécuter ses dessins. Il conduisait les ouvriers dans les forêts, pour couper les arbres nécessaires, et quoi qu'on y rencontrât des partis albigeois, les soldats de l'armée, ne craignaient jamais d'y revenir, tant qu'ils le voyaient à leur tête. Ce fut lui, qui, voyant l'inutilité des batteries qu'on élevait contre Termes, parce qu'elles n'étaient pas à portée, proposa au conseil de combler les gouffres profonds qui rendaient la ville inabordable. La plupart des seigneurs croisés crurent la chose impossible ; Guilhaume, néanmoins, conduisit l'ouvrage avec tant de génie et de bonheur, qu'il apprit au Languedoc, que Termes pouvait être prise.

« On poussa, continue le même historien, les Machines au pied des murailles ; on battit la place avec fureur, et la première enceinte (du faubourg) fut bientôt renversée. Raymond donna à ses ennemis tout le temps qu'ils voulurent pour entrer dans le faubourg, où ils avaient fait brèche ; mais on eut dit, un moment après, que leur nombre augmentait la force, et le courage du redoutable vieillard. Il vint charger, pousser, renverser les assiégeants avec tant de valeur qu'il en fit une boucherie effroyable, et ce carnage égala celui d'une bataille[1]. »

Cet échec, dont conviennent tous les annalistes, ne découragea pas les Croisés. La tour du Tumet les incommodant le plus, ils tentèrent de couper toute communication entre ce boulevard et le château, et ils parvinrent, après des peines inouïes, à placer dans l'intervalle un mangonneau qui fit aux murs du Tumet tant de ravages, que les Catalans qui les gardaient en abandonnèrent nuitamment la défense. Les troupes de l'évêque de Beauvais s'en emparèrent le lendemain et y arborèrent l’étendard de ce prélat[2].

D'un autre côté, les piquiers du quartier de Montfort trouvèrent moyen de dresser, sur la pointe d'un rocher escarpé peu éloigné des murailles du château, un autre mangonneau qui dominait les créneaux en les dépassant. Le Général y posta cinq chevaliers et trois cents sergents[3]. Les assiégés que cette machine incommodait beau coup, dit l'historien du Languedoc, détachèrent huit cents hommes qu'ils soutinrent par un pins grand nombre, pour tâcher d'y mettre le feu[4].

En les voyant venir droit à eux, armés de longues piques, chargés de matières combustibles, et si habiles à gravides aspérités des rocs, les Croisés pris d'une panique inexprimable, se débandèrent et se laissèrent glisser en désordre jusqu'au bas de la montagne. Un des cinq chevaliers, nommé Descuret, demeura seul à son poste, et défendit la machine avec une telle détermination, que tous les efforts des assiégeants demeurèrent sans succès. Il est vrai de dire que Montfort, pour faire diversion, ordonna en ce moment un assaut général, et que la garnison abandonna l'attaque du mangonneau pour voler à la défense des murailles.

Les batteries ayant fait cependant diverses brèches aux remparts, Montfort les jugea suffisantes â une attaque décisive. L'armée s'y prépara par le jeûne et la prière, et tenta un matin de s'introduire au cœur du château. Mais derrière les murs de pierre éboulés, elle rencontra des murs de poutres et un rempart de piques et de pertusianes. Elle n'en essaya pas moins l'escalade, et exécuta cette manœuvre avec une ardeur désespérée. Vains efforts ! Les Catalans se battirent et la chargèrent si à fonds, qu'elle fut obligée de regagner le camp, après une immense perte.

Le siège durait depuis plusieurs semaines ; la croisade n'était guère plus avancée que le premier jour, et déjà même l'armée, qu'un tel échec pouvait perdre, commençait à se démoraliser, quand un clairon résonna aux approches des retranchements, et un parlementaire arborant un drapeau blanc, fut introduit au sein du conseil catholique.

Il venait parler de capitulation.

Depuis quelques jours l'eau manquait absolument dans la place.

Sinon .de Montfort, heureux d'un succès qu'il n'osait plus espérer, profita avec empressement de l'occasion offerte, et envoya Gui de Lévis, sou maréchal, pour traiter directement avec Raymond de Termes, qui obtint que le Général lui donnerait ailleurs un domaine équivalent, et qu'il lui rendrait sa forteresse le jour de Pâques. Ces conditions posées, la signature fut renvoyée an lendemain.

Les évêques de Beauvais et de Chartres, les comtes de Dreux et de Ponthieu, pensant que l'expédition était finie, plièrent aussitôt leurs tentes, et se préparèrent à partir le soir même, nonobstant les supplications de Montfort et d'Alix de Montmorency, qui les priaient de ne point quitter le camp avant l'entière reddition. L'évêque de Chartres seul consentit à demeurer un jour de plus.

Or, les pressentiments de Montfort se réalisèrent. Durant la nuit il tomba une pluie abondante qui remplit les citernes de la forteresse.

La cause éteinte, l'effet s'évanouit. Une fois approvisionnés d'eau, les assiégés ne voulurent plus entendre parler de capitulation. Ce fut en vain que le Général leur envoya Gui de Lévis et l'évêque de Carcassonne pour leur rappeler les promesses de la veille. Raymond de Termes répondit que les Croisés n'avaient pas été plus fidèles à leur parole, quand sur la foi d'un sauf-conduit ils avaient trahi le vicomte Roger.

Il fallait donc reprendre le siège que l'on croyait si miraculeusement fini, et cela avec des forces bien moindres qu'auparavant. Le départ de l'évêque de Beauvais, de son frère et du comte de Ponthieu, avait de beaucoup réduit l'armée ; et pour comble de malheur, l'évêque de Chartres qui était témoin de l'embarras de la Croisade, persista dans son projet de départ, et exécuta à l'heure dite, son inflexible résolution. Montfort bien qu'indigné de sa défection, alla pour lui faire honneur, l'accompagner à quelque distance du camp.

Pendant son absence, les assiégés firent une énergique sortie. Surpris et découragés d'ailleurs par tous les incidents survenus si inopinément, les Croisés opposèrent une faible résistance. Les avant-postes furent égorgés et les gardes du camp taillés en pièces. La torche attacha aussitôt le feu aux tentes, qui fouettées par une forte brise d'hiver ne tardèrent pas à s'auréoliser de flammes. Montfort vit l'embrasement, et accourut au secours des siens. Armé de casque et d'épée seulement, il s'élança au milieu des assaillants en poussant son terrible cri de guerre :

— Montfort à la rescousse !

Son audace et sa force herculéenne arrêtèrent les Albigeois. Sa présence retrempa le courage des Croisés qui se rallièrent autour de lui et suivirent son exemple de bravoure. Ce fut aux Albigeois à plier à leur tour et à battre en retraite. Le comte les poursuivit jusqu'au pied de la forteresse.

Cette nouvelle preuve de courage remit en lumière, il est vrai ; l'indomptable valeur du Général, mais ne donna pas un tour plus heureux à ses affaires. L’hiver s'avançait à grands pas, et il était impossible à l'armée de demeurer plus longtemps dans un lieu où la neige commençait à s’amonceler.

En présence de tant de difficultés ; l'opiniâtreté de Montfort sembla grandir et son intrépidité redoubler. Résolu à périr plutôt qu'à céder, il ordonna de se remettre aux batteries et de saper la place plus vigoureusement que jamais. Habile capitaine et soldat déterminer, il entassa ruse sur ruse, assaut sur assaut. Ce n’était plus un homme que la garnison avait à combattre, c'était un de ces héros fabuleux, au corps d'acier, au cœur de bronze ; au bras d'airain, qui repoussé d'une brèche reparaissait sur une autre, toujours grand, prestigieux, homérique.

Affaiblis par les fatigues incessantes du siège, décimée par la disette, les projectiles et le fer ennemi, les Albigeois de Termes ne pouvaient plus suffire à la multiplicité des attaques. Chaque jour de nouveaux pans de mur s'écroulaient, et la place manquait de défenseurs sur plusieurs points ; chaque jour aussi l'agression devenait plus active à mesure que la résistance s'affaissait.

Un renfort de Lorrains, commandé par le comte de Bar et son fils, arrivé en ce moment à la Croisade, porta le dernier coup à la forteresse assiégée. L'équilibre étant déjà maintenu avec peine par les réformateurs, ces forces nouvelles firent pencher la balance en faveur des catholiques.

Les Hérésiarques se dépouillèrent alors de tout espoir de victoire, mais non de salut. Un effort désespéré pouvait les délivrer. Ils y recoururent en faisant un dernier appel aux chances d'un combat disproportionné.

Le 23 novembre de l'an 1210, ce qui restait de la garnison ayant son commandant en tête, sortit, pendant la nuit de la forteresse et risqua une trouée à travers l'armée des Croisés. Ceux-ci sur leurs gardes, opposèrent une digue compacte à ces magnanimes élans. Le combat fut long, acharné, accablant. Enfin le courage succomba sous le nombre. L'héroïsme dû désespoir jeta là un reflet sublime ; mais ce fut le dernier. La garnison de Termes s'immortalisa dans ce choc ; mais ce fut en mourant !

Le sire de Termes, le vieux Raymond, tomba seul vivant, mais accablé de blessures, entre les mains de Montfort qui le fit enfermer, les fers aux pieds, dans le cul d'une basse fosse des tours de Carcassonne, où il le retint prisonnier jusqu'à sa mort[5].

Le siège avait duré près de quatre mois.

Cette conquête eut les mêmes résultats que celte de Minerve ; le pays termenois fut dans la consternation et les divers châteaux des environs n'osèrent résister aux vainqueurs. Les garnisons prirent la fuite, et cherchèrent un asile dans les Corbières où les Croisés leur enlevèrent quelques prisonniers, que Simon de Montfort fit brûler vifs sans miséricorde[6].

Le château de Coustaussa trouvé vide, fut aussitôt occupé[7]. Celui d'Abas eut le même sort[8].

La Croisade entrant ensuite dans le diocèse de Toulouse, emporta le fort château de Puyvert, après trois jours de tranchée, et pénétra dans l'Albigeois, dont les peuples venaient de secouer le joug de l'Église. Les bourgeois de Castrés pour éviter un sac, fient toute sorte de soumissions à Montfort, qui se rendant de là au château de Lombers, le trouva abandonné et rempli de munitions de guerre et de bouche. Après y avoir laissé une sûre garde, le général soumit toute la partie du pays située à la gauche du Tarn, et termina la campagne vers la mi-décembre de l'an 1210.

 

 

 



[1] Langlois, p. 175 et suiv.

[2] Dom. Vaissette (t. III, p. 200). C'est à tort que Langlois dit que ce furent les soldats de l'évêque de Chartres.

[3] Dom. Vaissette. — Le jésuite Langlois.

[4] Langlois se trouve ici en grand désaccord avec Dom Vaissette. Il écrit : « Incontinent, les Albigeois qui soupiraient après les occasions de joindre les Croisée, accoururent au nombre de quatre-vingts... » (p. 178.)

[5] Le chroniqueur provençal et, d'après lui, l'auteur de l'Histoire générale de Languedoc racontent la prise de Raymond de Termes avec quelques légères variantes. Dans l'intérêt historique nous devons rapporter le passage qui ne rapporte à cet événement.

« Les fuyards, écrit Dom Vaissette qui n'a fait que traduire le chroniqueur, furent cependant découverts par les Croisés, qui les poursuivant, en tuèrent plusieurs, et firent les autres prisonniers. Raymond de Termes rodant rentrer dans la place pour y prendre quelques bijoux qu'il 'avait oubliés, fut pris entre autres par un pèlerin ou Croisé de Chartres. On le conduisit aussitôt à Simon de Montfort qui le fit renfermer, les fers aux pieds, dans le cul d'une basse fosse des tours de Carcassonne, où il le retint pendant plusieurs années. »

On voit que nous avons accepté celle dernière assertion. Quant au reste du récit touchant l'arrestation de Raymond, nous lui avons préféré l'opinion du jésuite Langlois qui nous a semblé plus probable. D'un autre côté nous avons rejeté la leçon de ce dernier historien, an sujet du traitement que l'on fit subir au sire de Ternies, parce qu'elle n'était appuyée d'aucune autorité historique et qu'elle nous paraissait antipathique au caractère connu de Simon de Montfort. Toutefois nous la rapportons textuellement afin que le lecteur puisse apprécier la sévérité de nos scrupules.

« On le traita, raconte Langlois en parlant de Raymond, d'une manière à laquelle il ne s'attendait pas. Car quoiqu'il y eût plusieurs chefs, pour chacun desquels il méritait les plus grands supplices, le général ne considéra que sa valeur et il se contenta de le faire mener au château de Carcassonne. »

Ces historiens se trouvent encore en désaccord sur la date de la prise du château de Termes. Langlois dit qu'elle eut lieu le 22 novembre 1210, et Dom Vaissette le lendemain 23. Il est facile de les concilier. La sortie de la garnison s'opéra durant la nuit du 22 novembre, et le 23 les assiégeants occupèrent la place.

[6] Dom. Vaissette, t. III, p. 202.

[7] Langlois l'appelle le château de Constance. Pierre de Vaucernay lui a fait commettre cette erreur.

[8] Autre erreur de Langlois qui ne connaissait point le pays, et qui nomme ce dernier château Albies.