Prise de Peyriac, de
Rieux et de leur seigneur Éléazar de Grave. — Destruction du château de
Ventalon. — Soumission de Montréal. — Siège et prise du château de Termes. —
La Croisade reçoit des renforts. — Occupation de Constance. — Prise de
Puyvert. — Soumission de Castres et occupation d'une partie de l'Albigeois.
La
reddition de Minerve amena celle de plusieurs petites places des environs.
Peyriac et Rieux résistèrent seules quelques moments ; après avoir défendu la
première pendant deux jours, et la seconde pendant une semaine, Eléazar de
Grave fut fait prisonnier. Le seigneur de Ventalon, sans attendre l'attaque,
vint de lui-même se soumettre au Général, qui fit raser son château, en
punition des nombreux dommages que la garnison avait fait éprouver à l'armée,
durant le siège de Minerve. Aimery de Montréal, que nous avons déjà vu tour à
tour Croisé et Albigeois, se soumit aussi de nouveau, et remit, du
consentement des habitants, la ville de Montréal entre les mains de l'Eglise.
Mais cette nouvelle défection d'Aimery fut aussi passagère que la première.
Ce seigneur manqua bientôt de fidélité à Simon de Montfort, et nous ne
tarderons pas à le retrouver dans les rangs hérétiques. Quelques
jours après, un nombreux détachement de pèlerins croisés déboucha dans le
Midi, et se réunit à l'armée ; un chevalier français, que Dom Vaissette nomme
Guillaume de Caïc, le commandait. Ce renfort, qui du reste, ne précédait que
de quelques étapes, un corps plus important de pèlerins bretons, mit le
Général à même d'entreprendre de nouvelles conquêtes. Le siège de la capitale
du Termenois fut aussitôt décidé, et Montfort se rendit, dans ce dessein, à
Penautier, dans le Carcassès, où il manda la comtesse son épouse, à laquelle
il confia l'administration du pays, pendant son absence, et Verles
d'Encontre, qu'il commit au commandement de Carcassonne, et auquel il ordonna
de faire construire toutes les machines nécessaires à un siège régulier. Ces
mesures prises, il s'avança de Termes. Cette
place était située dans cette partie du diocèse de Narbonne, qui aboutissait
aux Pyrénées et à la province de Roussillon. Assise sur la crête d'une haute
montagne, entièrement environnée d'âpres rochers, de ravins et de précipices,
elle n'était accessible que d'un seul côté, où un ancien lit de torrent
desséché semblait avoir tracé un sentier naturel, mais excessivement raide, à
l'ascension duquel il était périlleux de se risquer. Deux
faubourgs, séparés l'un de l'autre par une muraille, entouraient la
forteresse. Le plus haut, placé sur la cime aigue de la montagne, était
suffisamment mis à l'abri de toute insulte par son inabordable position ; et
le second, qui servait d'enceinte au principal corps des constructions', se
déployait irrégulièrement sur le penchant de la côte, en regard du vallon,
défendu du côté de la plaine, par Mie autre muraille, soutenue à son tour par
un fort bastion fixé dans la base d'un nicher, qui, détaché du mont comme un
bloc de granit, ressemblait de loin à un gigantesque dolmen. Ce rocher,
s'appelait Tumet, désignation qui, dans la langue du pays, peint sa
configuration. Tl était éloigné du château, d'un jet de pierre, et lui
servait de sentinelle avancée. Depuis
l'arrivée des Croisés dans le Midi, le sire de Termes, avait jeté dans sa
capitale une nombreuse garnison, composée en grande partie de Catalans,
soldats déterminés, aguerris et éminemment propres à une guerre de montagnes.
Lui-même la commandait, et au dire des historiens, il était digne, en tous
points, d'un tel honneur. Raymond
de Termes, vaillant capitaine blanchi sous le harnais, descendait d'une des
plus anciennes maisons de la province, qui possédait depuis longtemps le
château de ce nom, et tout le pays du Termenois, partie sous la mouvance des
vicomtes de Béziers et de Carcassonne, et partie sous celle de la Grasse. Il
s'était rendu si redoutable par ses exploits, qu'il avait tenu tête lui seul,
tantôt au roi d'Aragon, tantôt au comte de Toulouse, et tantôt au vicomte de
Béziers, son seigneur. De là ce dictum qui courait alors dans la contrée, et
que le jésuite Langlois a rapporté, sur la foi d'un chroniqueur contemporain
: — Les
peuples craignent le vicomte de Béziers, le comte de Toulouse et le roi
d'Aragon ; mais le roi d'Aragon, le comte de Toulouse et le vicomte de
Béziers, craignent le seigneur de Termes. Ainsi
faite et ainsi défendue, la forteresse aurait paru inexpugnable à tout autre
homme que Montfort. Mais rien ne rebutait ce général. Cette fois pourtant, il
faillit échouer au début de l'attaque. Ses troupes, bien que nombreuses,
étaient insuffisantes à l'entière circonvallation ; aussi les assiégés peu alarmés
de ses projets, sortaient et rentraient librement ; quelquefois même lassés
de railler les Croisés, du haut de leur position, ils descendaient dans la
plaine, abordaient leurs ennemis l'épée à la main, et faisaient dans leurs
lignes d'effrayantes trouées. Montfort ne pouvant réprimer ces fréquentes
sorties, résolut de se tenir enfermé dans ses retranchements, et d'attendre
inactif, les renforts qu'on lui annonçait. Les
premiers arrivés furent cinq mille Bretons, dont nous avons précédemment
parlé. Ces intrépides soldats avaient affronté mille dangers en traversant le
Poitou, l'Aquitaine et le Languedoc. A Castelnaudary, la garnison de cette
place leur avait couru sus, et tué quelques fantassins. Rendus enfin à
Carcassonne, ils avaient trouvé cette ville dans un grand embarras : les
machines commandées par Montfort étaient prêtes, mais les attaques et les
embuscades du sire de Cabaret, avaient jusques là empêché leur translation au
camp. Les Bretons se chargèrent de ce soin, et les préservèrent, non sans
peine, de toute tentative incendiaire. Deux
princes du sang royal, Robert .de Dreux, et Philippe, évêque de Beauvais, son
frère, arrivèrent devant Termes immédiatement après les Bretons. Ce dernier
quoiqu'ecclésiastique n'avait pas moins de valeur guerrière que son frère
Robert. Dédaigneux de la robe (je clerc qu'il avait endossée sans vocation,
il ne marchait qu'armé de cuirasse et de masse. Il s'était déjà illustré sous
le rapport chevaleresque, dans les guerres saintes d'outremer, et dans la
bataille qu'il livra lui-même aux Anglais, près de Milly, comme if se
distingua plus tard à la bataille de Bouvines, où il tua de sa main, Etienne
Longue-Épée, comte de Salisbury et frère du roi d'Angleterre. L'exemple
de ce belliqueux prélat, entraîna à la Croisade, Reynaud de Monçon, évêque de
Chartres, qui, moins en désaccord toutefois avec l'esprit évangélique,
s'était contenté de bien armer ses paroissiens, et n'affectait point,
lui-même, les allures d'un homme de guerre. Guilhaume,
comte de Ponthieu, vint à son tour, conduisant les pèlerins croisés d'Abbeville
et des autres cités de son apanage. Montfort
put alors quitter ses lignes palissadées, refouler les sorties de la
garnison, ceindre étroitement tonte la base de la forteresse et essayer d'une
attaque générale. Mais cette dernière demeura sans succès. Les Croisés ne
purent mordre à la montagne qui servait de piédestal aux fortifications et
franchir les précipices qui leur servaient de fossés. Il fallait en effet
autre chose que le nombre et la force pour combattre la nature et vaincre les
obstacles qu'elle avait si abondamment' prodigués ; l'art seul pouvait en
triompher. Grâces à Guilhaume, archidiacre de Paris, l'art vint au secours de
Montfort. «
Guilhaume était, écris le jésuite Langlois, aussi agissant qu'industrieux,
aussi désintéressé que sage, aussi dur pour lui-même qu'attentif aux besoins
des autres. On ne savait si c'était un homme, parce qu'on ne savait ni quand
il mangeait, ni quand il dormait. On le trouvait dans tous les lieux où sa
présence pouvait être utile. Il consolait les Croisés, les encourageait et ramassait
les aumônes nécessaires pour faire avancer les ouvrages Ici, il inventait de
nouvelles machines, là, il perfectionnait les anciennes, mettait lui-même la
main à l'œuvre, quand les charpentiers, qui étaient les ingénieurs de ce
temps, ne pouvaient exécuter ses dessins. Il conduisait les ouvriers dans les
forêts, pour couper les arbres nécessaires, et quoi qu'on y rencontrât des
partis albigeois, les soldats de l'armée, ne craignaient jamais d'y revenir,
tant qu'ils le voyaient à leur tête. Ce fut lui, qui, voyant l'inutilité des
batteries qu'on élevait contre Termes, parce qu'elles n'étaient pas à portée,
proposa au conseil de combler les gouffres profonds qui rendaient la ville
inabordable. La plupart des seigneurs croisés crurent la chose impossible ;
Guilhaume, néanmoins, conduisit l'ouvrage avec tant de génie et de bonheur,
qu'il apprit au Languedoc, que Termes pouvait être prise. « On
poussa, continue le même historien, les Machines au pied des murailles ; on
battit la place avec fureur, et la première enceinte (du faubourg) fut bientôt renversée. Raymond
donna à ses ennemis tout le temps qu'ils voulurent pour entrer dans le
faubourg, où ils avaient fait brèche ; mais on eut dit, un moment après, que
leur nombre augmentait la force, et le courage du redoutable vieillard. Il
vint charger, pousser, renverser les assiégeants avec tant de valeur qu'il en
fit une boucherie effroyable, et ce carnage égala celui d'une bataille[1]. » Cet
échec, dont conviennent tous les annalistes, ne découragea pas les Croisés.
La tour du Tumet les incommodant le plus, ils tentèrent de couper toute
communication entre ce boulevard et le château, et ils parvinrent, après des
peines inouïes, à placer dans l'intervalle un mangonneau qui fit aux murs du
Tumet tant de ravages, que les Catalans qui les gardaient en abandonnèrent
nuitamment la défense. Les troupes de l'évêque de Beauvais s'en emparèrent le
lendemain et y arborèrent l’étendard de ce prélat[2]. D'un
autre côté, les piquiers du quartier de Montfort trouvèrent moyen de dresser,
sur la pointe d'un rocher escarpé peu éloigné des murailles du château, un
autre mangonneau qui dominait les créneaux en les dépassant. Le Général y posta
cinq chevaliers et trois cents sergents[3]. Les assiégés que cette machine
incommodait beau coup, dit l'historien du Languedoc, détachèrent huit cents hommes
qu'ils soutinrent par un pins grand nombre, pour tâcher d'y mettre le feu[4]. En les
voyant venir droit à eux, armés de longues piques, chargés de matières
combustibles, et si habiles à gravides aspérités des rocs, les Croisés pris
d'une panique inexprimable, se débandèrent et se laissèrent glisser en
désordre jusqu'au bas de la montagne. Un des cinq chevaliers, nommé Descuret,
demeura seul à son poste, et défendit la machine avec une telle
détermination, que tous les efforts des assiégeants demeurèrent sans succès.
Il est vrai de dire que Montfort, pour faire diversion, ordonna en ce moment
un assaut général, et que la garnison abandonna l'attaque du mangonneau pour
voler à la défense des murailles. Les
batteries ayant fait cependant diverses brèches aux remparts, Montfort les
jugea suffisantes â une attaque décisive. L'armée s'y prépara par le jeûne et
la prière, et tenta un matin de s'introduire au cœur du château. Mais
derrière les murs de pierre éboulés, elle rencontra des murs de poutres et un
rempart de piques et de pertusianes. Elle n'en essaya pas moins l'escalade,
et exécuta cette manœuvre avec une ardeur désespérée. Vains efforts !
Les Catalans se battirent et la chargèrent si à fonds, qu'elle fut obligée de
regagner le camp, après une immense perte. Le siège
durait depuis plusieurs semaines ; la croisade n'était guère plus avancée que
le premier jour, et déjà même l'armée, qu'un tel échec pouvait perdre,
commençait à se démoraliser, quand un clairon résonna aux approches des retranchements,
et un parlementaire arborant un drapeau blanc, fut introduit au sein du
conseil catholique. Il
venait parler de capitulation. Depuis
quelques jours l'eau manquait absolument dans la place. Sinon
.de Montfort, heureux d'un succès qu'il n'osait plus espérer, profita avec empressement
de l'occasion offerte, et envoya Gui de Lévis, sou maréchal, pour traiter
directement avec Raymond de Termes, qui obtint que le Général lui donnerait
ailleurs un domaine équivalent, et qu'il lui rendrait sa forteresse le jour
de Pâques. Ces conditions posées, la signature fut renvoyée an lendemain. Les
évêques de Beauvais et de Chartres, les comtes de Dreux et de Ponthieu,
pensant que l'expédition était finie, plièrent aussitôt leurs tentes, et se
préparèrent à partir le soir même, nonobstant les supplications de Montfort
et d'Alix de Montmorency, qui les priaient de ne point quitter le camp avant
l'entière reddition. L'évêque de Chartres seul consentit à demeurer un jour
de plus. Or, les
pressentiments de Montfort se réalisèrent. Durant la nuit il tomba une pluie
abondante qui remplit les citernes de la forteresse. La
cause éteinte, l'effet s'évanouit. Une fois approvisionnés d'eau, les
assiégés ne voulurent plus entendre parler de capitulation. Ce fut en vain
que le Général leur envoya Gui de Lévis et l'évêque de Carcassonne pour leur
rappeler les promesses de la veille. Raymond de Termes répondit que les
Croisés n'avaient pas été plus fidèles à leur parole, quand sur la foi d'un
sauf-conduit ils avaient trahi le vicomte Roger. Il
fallait donc reprendre le siège que l'on croyait si miraculeusement fini, et
cela avec des forces bien moindres qu'auparavant. Le départ de l'évêque de
Beauvais, de son frère et du comte de Ponthieu, avait de beaucoup réduit
l'armée ; et pour comble de malheur, l'évêque de Chartres qui était témoin de
l'embarras de la Croisade, persista dans son projet de départ, et exécuta à
l'heure dite, son inflexible résolution. Montfort bien qu'indigné de sa
défection, alla pour lui faire honneur, l'accompagner à quelque distance du
camp. Pendant
son absence, les assiégés firent une énergique sortie. Surpris et découragés
d'ailleurs par tous les incidents survenus si inopinément, les Croisés
opposèrent une faible résistance. Les avant-postes furent égorgés et les
gardes du camp taillés en pièces. La torche attacha aussitôt le feu aux
tentes, qui fouettées par une forte brise d'hiver ne tardèrent pas à s'auréoliser
de flammes. Montfort vit l'embrasement, et accourut au secours des siens.
Armé de casque et d'épée seulement, il s'élança au milieu des assaillants en
poussant son terrible cri de guerre : —
Montfort à la rescousse ! Son
audace et sa force herculéenne arrêtèrent les Albigeois. Sa présence retrempa
le courage des Croisés qui se rallièrent autour de lui et suivirent son
exemple de bravoure. Ce fut aux Albigeois à plier à leur tour et à battre en
retraite. Le comte les poursuivit jusqu'au pied de la forteresse. Cette
nouvelle preuve de courage remit en lumière, il est vrai ; l'indomptable
valeur du Général, mais ne donna pas un tour plus heureux à ses affaires. L’hiver
s'avançait à grands pas, et il était impossible à l'armée de demeurer plus
longtemps dans un lieu où la neige commençait à s’amonceler. En
présence de tant de difficultés ; l'opiniâtreté de Montfort sembla grandir et
son intrépidité redoubler. Résolu à périr plutôt qu'à céder, il ordonna de se
remettre aux batteries et de saper la place plus vigoureusement que jamais.
Habile capitaine et soldat déterminer, il entassa ruse sur ruse, assaut sur
assaut. Ce n’était plus un homme que la garnison avait à combattre, c'était
un de ces héros fabuleux, au corps d'acier, au cœur de bronze ; au bras
d'airain, qui repoussé d'une brèche reparaissait sur une autre, toujours
grand, prestigieux, homérique. Affaiblis
par les fatigues incessantes du siège, décimée par la disette, les
projectiles et le fer ennemi, les Albigeois de Termes ne pouvaient plus
suffire à la multiplicité des attaques. Chaque jour de nouveaux pans de mur
s'écroulaient, et la place manquait de défenseurs sur plusieurs points ; chaque
jour aussi l'agression devenait plus active à mesure que la résistance
s'affaissait. Un
renfort de Lorrains, commandé par le comte de Bar et son fils, arrivé en ce
moment à la Croisade, porta le dernier coup à la forteresse assiégée. L'équilibre
étant déjà maintenu avec peine par les réformateurs, ces forces nouvelles
firent pencher la balance en faveur des catholiques. Les
Hérésiarques se dépouillèrent alors de tout espoir de victoire, mais non de
salut. Un effort désespéré pouvait les délivrer. Ils y recoururent en faisant
un dernier appel aux chances d'un combat disproportionné. Le 23
novembre de l'an 1210, ce qui restait de la garnison ayant son commandant en tête,
sortit, pendant la nuit de la forteresse et risqua une trouée à travers
l'armée des Croisés. Ceux-ci sur leurs gardes, opposèrent une digue compacte
à ces magnanimes élans. Le combat fut long, acharné, accablant. Enfin le
courage succomba sous le nombre. L'héroïsme dû désespoir jeta là un reflet sublime
; mais ce fut le dernier. La garnison de Termes s'immortalisa dans ce choc ;
mais ce fut en mourant ! Le sire
de Termes, le vieux Raymond, tomba seul vivant, mais accablé de blessures,
entre les mains de Montfort qui le fit enfermer, les fers aux pieds, dans le
cul d'une basse fosse des tours de Carcassonne, où il le retint prisonnier
jusqu'à sa mort[5]. Le
siège avait duré près de quatre mois. Cette
conquête eut les mêmes résultats que celte de Minerve ; le pays termenois fut
dans la consternation et les divers châteaux des environs n'osèrent résister
aux vainqueurs. Les garnisons prirent la fuite, et cherchèrent un asile dans
les Corbières où les Croisés leur enlevèrent quelques prisonniers, que Simon
de Montfort fit brûler vifs sans miséricorde[6]. Le
château de Coustaussa trouvé vide, fut aussitôt occupé[7]. Celui d'Abas eut le même sort[8]. La Croisade entrant ensuite dans le diocèse de Toulouse, emporta le fort château de Puyvert, après trois jours de tranchée, et pénétra dans l'Albigeois, dont les peuples venaient de secouer le joug de l'Église. Les bourgeois de Castrés pour éviter un sac, fient toute sorte de soumissions à Montfort, qui se rendant de là au château de Lombers, le trouva abandonné et rempli de munitions de guerre et de bouche. Après y avoir laissé une sûre garde, le général soumit toute la partie du pays située à la gauche du Tarn, et termina la campagne vers la mi-décembre de l'an 1210. |
[1]
Langlois, p. 175 et suiv.
[2]
Dom. Vaissette (t. III, p. 200). C'est à tort que Langlois dit que ce furent
les soldats de l'évêque de Chartres.
[3]
Dom. Vaissette. — Le jésuite Langlois.
[4]
Langlois se trouve ici en grand désaccord avec Dom Vaissette. Il écrit : «
Incontinent, les Albigeois qui soupiraient après les occasions de joindre les
Croisée, accoururent au nombre de quatre-vingts... » (p. 178.)
[5]
Le chroniqueur provençal et, d'après lui, l'auteur de l'Histoire générale de
Languedoc racontent la prise de Raymond de Termes avec quelques légères
variantes. Dans l'intérêt historique nous devons rapporter le passage qui ne
rapporte à cet événement.
« Les fuyards, écrit Dom Vaissette qui n'a fait que
traduire le chroniqueur, furent cependant découverts par les Croisés, qui les
poursuivant, en tuèrent plusieurs, et firent les autres prisonniers. Raymond de
Termes rodant rentrer dans la place pour y prendre quelques bijoux qu'il 'avait
oubliés, fut pris entre autres par un pèlerin ou Croisé de Chartres. On le
conduisit aussitôt à Simon de Montfort qui le fit renfermer, les fers aux
pieds, dans le cul d'une basse fosse des tours de Carcassonne, où il le retint
pendant plusieurs années. »
On voit que nous avons accepté celle dernière
assertion. Quant au reste du récit touchant l'arrestation de Raymond, nous lui
avons préféré l'opinion du jésuite Langlois qui nous a semblé plus probable.
D'un autre côté nous avons rejeté la leçon de ce dernier historien, an sujet du
traitement que l'on fit subir au sire de Ternies, parce qu'elle n'était appuyée
d'aucune autorité historique et qu'elle nous paraissait antipathique au
caractère connu de Simon de Montfort. Toutefois nous la rapportons textuellement
afin que le lecteur puisse apprécier la sévérité de nos scrupules.
« On le traita, raconte Langlois en parlant de Raymond,
d'une manière à laquelle il ne s'attendait pas. Car quoiqu'il y eût plusieurs
chefs, pour chacun desquels il méritait les plus grands supplices, le général
ne considéra que sa valeur et il se contenta de le faire mener au château de
Carcassonne. »
Ces historiens se trouvent encore en désaccord sur la
date de la prise du château de Termes. Langlois dit qu'elle eut lieu le 22
novembre 1210, et Dom Vaissette le lendemain 23. Il est facile de les
concilier. La sortie de la garnison s'opéra durant la nuit du 22 novembre, et
le 23 les assiégeants occupèrent la place.
[6]
Dom. Vaissette, t. III, p. 202.
[7]
Langlois l'appelle le château de Constance. Pierre de Vaucernay lui a fait
commettre cette erreur.
[8]
Autre erreur de Langlois qui ne connaissait point le pays, et qui nomme ce
dernier château Albies.