HISTOIRE DE FRANÇOIS II

 

CHAPITRE XII. — AFFAIRES D'ITALIE.

 

 

Sous le règne de François II, la France ne joue d'autre rôle en Italie que de s'en retirer, suivant les termes du traité de Cateau-Cambrésis, signé tout récemment, car il porte la date du 3 avril 1559, trois mois à peine avant la mort de Henri II.

Dès cette mort, le duc de Savoie, présent à Paris, avait obtenu de son successeur des lettres patentes, que le parlement ne vérifia pas, si nous en croyons La Popelinière[1], par lesquelles les finages, c'est-à-dire les banlieues des villes en notre possession, avaient été fort réduits, de près de moitié.

Après plus d'un retardement, fort à charge à nos adversaires, le maréchal de Brissac fit sortir notre artillerie de Valenza, dans le Milanais, et déclara qu'il était prêt à évacuer les autres places d'Italie comprises dans le traité. Les Siennois désiraient conserver leur liberté au lieu de faire retour au roi d'Espagne, et, comme ils en manifestaient l'intention, le duc de Florence donna ordre de les attaquer au nom de Philippe II, s'ils refusaient de lui obéir, et cela dès que la garnison française serait sortie de Montalcino. Côme de Médicis, premier grand duc de Toscane, avait en effet un grand intérêt à ce que Sienne, ainsi que plusieurs autres places dépendant de cette république, fit sa soumission au roi d'Espagne, parce que, cette soumission fictive une fois opérée, ladite ville et lesdites places devaient lui revenir. La prise d'une de leurs tours et les préparatifs du siège intimidèrent les Siennois, qui se rendirent et devinrent sujets de Côme, le 4 août 1559 : quatre des villes de cette république restèrent seulement au pouvoir de Philippe II qui se les était réservées.

Les garnisons françaises se retirèrent malgré l'arriéré de paye qui leur était dû, et à cause duquel l'on craignait de leur part quelques tentatives de désordre ; elles évacuèrent ainsi non-seulement Montalcino, mais encore Chiusi, Montichiello, le val d'Orcia et l'île de Corse. Sous le règne précédent, les fortifications de diverses places italiennes avaient été démolies, au moins quant aux ouvrages de pierre et de briques élevés par nos mains : de ce nombre nous pouvons citer Villanne, Moncallier, Savillan[2].

Il n'est plus parlé de l'Italie, pendant le règne dont nous nous occupons, qu'à l'occasion d'une demande de troupes, d'argent et de munitions, adressée par François II aux princes d'Italie ; l'envoyé chargé de cette mission est Gilbert Coeffier, général des finances, et ses instructions portent la date du 25 septembre 1559.

D'après les clauses du traité de Cateau-Cambrésis, nous gardions Turin, Quiers, Pignerol, Chivas et Villeneuve-d'Ast, jusqu'en 1562, puisque cette garantie nous était consentie pour trois ans.

 

 

 



[1] Histoire de la conqueste des pays de Bresse et de Savoye par le Roy Tres-Chrestien, dédié à Monseigneur de Rosny (Sully) par le sieur DE LA POPELINIÈRE, à Paris, par Claude de Monstr'œil et Jean Richer, 1604, Avec Privilège du Roy, brochure in-12 de VII-68 feuillets, feuillet 11. Cet auteur prétend que nous nous étions réservés seulement les cinq principales places fortes du Piémont.

[2] Voyez Négociations sous François II, p. 242.