HISTOIRE DE CHARLES IX

LIVRE PREMIER. — AVANT LA SAINT-BARTHÉLEMY

 

CHAPITRE VIII. — DEUXIÈME GUERRE CIVILE JUSQUES ET Y COMPRIS LA PAIX DE LONGJUMEAU.

 

 

1567-1568.

 

La deuxième guerre civile éclata par une attaque des protestants. Leur projet avait couvé en silence, le secret ayant été sévèrement imposé parmi eux[1], et le 27 septembre 1567 ils se réunirent dans un lieu fixé comme rendez-vous, avec le dessein formellement arrêté d'enlever le roi ; en même temps ils essayaient de surprendre les gouverneurs des provinces et de s'en défaire.

Comment en étaient-ils arrivés là ? car pareille tentative constituait une révolte, parce qu'ils ne combattaient pas seulement pour la liberté religieuse, mais par passion politique ; parce qu'ils voulaient dominer, se sentant la force et le talent de le faire : voilà pour les chefs. Quant aux soldats, ils ne manquaient pas à cette époque à qui levait un drapeau, la princesse Picorée se chargeant de les dédommager de leurs dangers et de leurs fatigues. D'ailleurs il fallait à tout prix sortir d'accusations terribles et certainement nuisibles à un parti, même en les supposant mensongères. Je ne parle pas d'un écriteau apposé sur le passage de Catherine de Médicis, et où les menaces pour sa vie ne manquaient pas, si elle ne revenait pas à des sentiments favorables pour les réformés ; mais je rappelle un fait très-connu, l'assassinat en plein jour, dans Paris, du président Minard, tué d'un coup d'arquebuse tiré par une main inconnue. En rapprochant ce fait de l'assassinat du duc de Guise, il semblait aux catholiques que leurs adversaires entraient dans une voie des plus regrettables ; de là chez eux une grande irritation[2]. Charles IX la partageait, et la reine mère, le chancelier avaient peine à la calmer. De là sans doute plus d'un mot prononcé dans la colère, plus d'un projet violent, comme en forme un homme butté contre une idée fixe et se parlant à lui-même. Les protestants saisirent-ils une trace de cette colère, de ces projets ? c'est probable, car ils avaient partout des complices, frères conquis secrètement à leur croyance, mais non encore déclarés, lesquels redisaient ce qu'ils entendaient, divulguaient ce que leurs yeux apercevaient[3]. Toujours est-il que les écrivains de ce parti affirment qu'en prenant subitement les armes, leurs coreligionnaires prévinrent les mesures extrêmes dont ils allaient être victimes.

L'assemblée des chefs huguenots avait en lieu dans la ville de Châtillon-sur-Loing. Là, sans se cacher beaucoup, car plusieurs y venaient avec une cuirasse sous leur manteau, l'amiral et ses deux frères, entourés d'un grand nombre de gentilshommes, de capitaines et d'habitants des villes appartenant à leur parti, délibérèrent sur les mesures les plus avantageuses à prendre. Cette réunion ne resta pas tellement secrète que la cour n'en fût avertie à temps, au moment même où elle se rassemblait, et cela de plusieurs côtés à la fois. Mais une cour croit difficilement aux alarmes ; elle préfère parler plaisirs et chasse, et souvent de la sorte se perd sans retour. L'un des avertisseurs, Michel de Castelnau, qui revenait de Bruxelles, et avait appris la vérité en route, fut mal reçu ; on lui objecta l'impossibilité de la chose, et ce fut en maugréant qu'on manda le connétable, le chancelier et les princes de Lorraine. Dans ce conseil le connétable n'osa blâmer directement l'ambassadeur d'avoir avisé de ce qu'il avait appris, mais il émit cette boutade : Je suis connétable, je commande les armées de France, je dois avoir des intelligences par tout le royaume ; il ne peut rien survenir dont je ne sois averti mieux que tout autre[4]. Une armée de huguenots ne se met pas dans la manche, et, dès que cent hommes de pied ou de cheval courent la campagne, je le sais. Le chancelier montra moins de brusquerie, mais, également froissé de ne rien savoir, il posa en théorie que c'était mal agir que de donner un faux avis à son souverain. Cependant un tel aveuglement dut tomber devant la suite des informations ; la reine mère dépêcha Castelnau et son frère pour se mieux renseigner. Tous deux revinrent donner les nouvelles les plus précises ; Vespasien de Castelnau assura qu'il avait vu plus de 600 chevaux, que l'armée protestante se formait. A cette nouvelle, le connétable éclata encore : On ne peut asseoir aucun fondement sur vos nouvelles, cria-t-il aux deux frères, et si ce n'était pour vos services, je vous ferais arrêter. En effet, il donna l'ordre d'arrêter Vespasien s'il se représentait, ce dont les deux frères furent avertis. Malgré cette menace[5], ils firent leur devoir, et le lendemain Titus de Castelnau, envoyé par Vespasien, revint dire à Michel de Castelnau[6], resté à la cour, qu'il avait reconnu l'armée protestante, qu'elle marchait très-serrée vers Lagny et venait vers Monceau, afin d'entourer la cour et de la faire prisonnière. A cette nouvelle le connétable s'adoucit, déclara l'avertissement trop sérieux pour le négliger, puis chargea Michel de Castelnau lui-même d'aller en reconnaissance et d'envoyer sans retard des nouvelles[7].

A quoi tiennent pourtant les destinées des empires, et combien les grands ont besoin de serviteurs dévoués qui veillent pour eux malgré leur mauvaise humeur et leurs coups de boutoir ! car il faut supposer qu'il n'y avait autre chose chez le connétable, et ne pas le ranger parmi ceux dont parle Mendoça[8], lesquels criaient aux faux bruits pour dissiper les craintes de la cour et la porter à donner congé aux 6.000 Suisses récemment arrivés, qui donnaient tant d'ombrage aux réformés.

On était à la veille de la Saint-Michel de septembre. Les frères Castelnau se rendirent à Lagny ; déjà les protestants y paraissaient, et il fallut lutter de vitesse avec eux pour se saisir d'un pont ; nos éclaireurs y réussirent et prévinrent le roi de chacune de leurs démarches. Castelnau, rappelé sur Meaux, donna tous les détails. La cour, surprise, était consternée, sauf le jeune roi et ses frères qui ne rechignaient point à l'idée du péril. Un conseil se réunit : les uns voulaient rester à Meaux, où les Suisses pouvaient conserver la ville et permettre aux renforts d'arriver ; d'autres opinèrent pour se rendre immédiatement à Paris. Ce dernier avis, appuyé par le duc de Nemours, prévalut, d'autant plus que le colonel des Suisses supplia le roi de ne pas se laisser enfermer par des sujets rebelles dans une localité si faiblement organisée pour la résistance. Tous les capitaines suisses se tenaient à la porte du conseil ; ils joignirent leurs instances à celles du colonel Fifer, et promirent d'ouvrir au milieu des adversaires un chemin assez large pour que la cour pût passer sans danger. La reine mère, touchée, répondit à ces fidèles serviteurs : Allez maintenant vous reposer le restant de la nuit ; demain matin je confierai très-volontiers à votre zèle et à la force de vos bras le salut et la majesté de la couronne de France. Cette réponse produisit un moment d'émotion, qui indique combien l'entourage trouvait la position grave ; des applaudissements éclatèrent, ainsi que des cris de vengeance.

Vers une heure du matin, le 29 septembre 1567, les tambours des Suisses battirent, et ceux-ci allèrent se former à un quart de lieue de la ville, où le roi, coupant par divers sentiers, vint les rejoindre au point du jour. C'était, on le voit, une marche secrète que l'on méditait ; il eût donc mieux valu ne pas donner l'éveil par le son du tambour à une heure insolite ; mais on ne semblait à cette époque, au moins dans le camp royal, savoir recourir à la précaution et à la ruse. Le duc de Nemours prit la tête avec les chevau-légers du roi, le connétable se mit à l'arrière-garde avec les gentilshommes de la cour. Après une petite heure de marche, les royalistes rencontrèrent la cavalerie protestante accourant à grands pas, sans doute pour attaquer. Les Suisses s'arrêtèrent et baissèrent résolument les piques ; à la vue de ce bataillon serré, nullement intimidé par la fougue des chevaux, l'amiral n'osa donner dans cette épaisse infanterie. Mais d'Andelot et la Rochefoucault firent mine de l'assaillir en queue avec 500 reîtres. Alors les Suisses se retournèrent vivement et offrirent la bataille de ce côté, le roi se mettant avec eux ainsi que ses courtisans ; or parmi ces seigneurs aucun ne se trouvait suffisamment armé ; Charles IX était lui-même en chausses et en pourpoint, seulement il avait saisi une arquebuse[9]. Néanmoins, après plusieurs décharges et la menace souvent répétée d'une charge, les huguenots se retirèrent, en chevauchant au travers de la campagne et en suivant les Suisses, tantôt près, tantôt loin, avec une constance inébranlable ; cela durant sept lieues de chemin. Enfin, voyant que rien n'abattait la fermeté des Suisses, et que des renforts ne leur venaient pas, ils se lassèrent au déclin du jour et battirent en retraite dans les villages voisins. Assurément le salut de la cour, dans cette circonstance, est dû à la lenteur des protestants prévenus par la promptitude des catholiques ; de part et d'autre il n'y avait pas un moment à perdre, la suite le prouve. En effet, dès l'éloignement des cavaliers de d'Andelot, les seigneurs catholiques laissèrent le connétable et le duc de Nemours avec les Suisses, puis, emmenant le roi et la reine mère, gagnèrent Paris, au milieu de mille appréhensions, car le moindre parti de 200 chevaux suffisait pour enlever la famille royale et la mettre à néant. La Providence ne permit pas une pareille catastrophe, réservant les Valois, déjà condamnés comme race, à d'autres épreuves ; les contemporains traduisent chacun à leur façon cette pensée philosophique : La maison royale pouvoit estre entièrement perdue, dit par exemple Davila. Que si ce malheur n'advint, ce ne fut pas sans beaucoup de hasard ; comme c'en fut encore un bien grand que les Suisses y arrivèrent si à point[10] ; pour ce qu'il estoit impossible sans eux de s'empescher de tomber entre les mains des huguenots. Michel de Castelnau émet l'avis que les Suisses, en cas d'engagement, auraient eu le dessus, et se garde d'avouer le danger couru par le roi mais la manière dont il montre ensuite les huguenots installés à la porte des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin, Montmartre et Saint-Honoré, et le pain n'arrivant plus de Gonesse dans la capitale, ainsi que son départ brusque et difficile[11] pour les Pays-Bas, où la cour le dépêchait vers le duc d'Albe pour en obtenir des secours, prouve combien les circonstances sont critiques.

On guerroye en effet chaque jour contre l'enceinte de Paris ; la ville n'est pas suffisamment approvisionnée, les secours attendus de province n'arrivent pas ; durant ce temps, les protestants ravagent les alentours, se réunissent, forment leur armée en gens de pied et en gens de cheval, occupent les points de passage importants, préparent le plus de chance en leur faveur dans les événements militaires qui vont se produire.

Un attrait particulier s'attache à la comparaison du récit du même fait par deux esprits sérieux, compétents, mais habitant chacun dans un camp différent. Nous pouvons établir cette comparaison pour la demande de secours adressée au duc d'Albe par Charles IX, possédant à ce sujet la relation de Bernardino de Mendoça et celle de Michel de Castelnau, l'un et l'autre à la fois guerrier et diplomate, tous deux très à même d'être parfaitement renseignés. Suivant le premier, le duc d'Albe, à la nouvelle du danger couru par le roi de France, proposa directement à ce souverain de venir l'aider lui-même, avec 1.500 fantassins et 5.000 chevaux, à châtier les sujets rebelles et hérétiques de son royaume la cour de France ne voulut pas accepter que le duc vînt en personne avec ces forces, craignant sans doute de sa part trop de zèle et trop de rudesse, redoutant qu'il ne fût pas sympathique en France, même aux catholiques ; le roi très-chrétien céda néanmoins aux sollicitations de ses ministres et réclama quelque cavalerie ; le duc d'Albe lui envoya 1.500 chevaux aux ordres du comte d'Aremberg. Suivant Castelnau, qui négociait en notre nom avec les Espagnols, les choses se passèrent autrement. Il avait pour mission de solliciter l'envoi de trois ou quatre régiments[12] de pied espagnols et italiens, de 1.000 chevau-légers espagnols et de 1.000 chevau-légers italiens. Remarquez ce passage : évidemment Catherine de Médicis désire avoir des troupes italiennes avec les troupes espagnoles, et les obtenir en pareil nombre. Après plus d'un danger subi en route, il atteignit Péronne, Cambrai, et enfin Bruxelles, où le duc d'Albe le reçut, dit-il, fort favorablement en apparence, et lui offrit incontinent de monter à cheval avec toutes ses forces pour aller rompre la tête aux huguenots et remettre Leurs Majestés en liberté. Ces rodomontades plurent médiocrement à Castelnau qui, dissimulant, lui demanda une réponse particulière à sa requête, sans pouvoir en tirer autre chose que : Je vous rendrai content. Après la première audience, un grand nombre de seigneurs espagnols offrit à l'envoyé français de l'accompagner en France si le duc voulait leur en donner la permission, ce que celui-ci refusa, et avec raison ; mais durant sept jours, le chef de l'armée espagnole, pressé par notre ambassadeur, car chaque jour de retard devenait préjudiciable, ne voulut lui répondre autre chose que ceci : J'irai moi-même, ce dont il avait le cœur très-éloigné, dit l'intéressé, car c'est un plaisir pour lui que de nous voir engagés dans la guerre civile. Enfin, sur une nouvelle instance, il remit sa réponse au lendemain, et ce lendemain, après un dîner, déclara qu'il ne pouvait envoyer les 2.000 chevau-légers s'il ne marchait lui-même, et offrit 4.000 lansquenets, sous la conduite du comte Ladron, avec 1.500 gendarmes des Pays-Bas, troupe dont il se défiait, et promit de tout faire partir sous vingt jours. Castelnau consulta Charles IX. Il lui fut répondu par deux courriers que le roi ne voulait pas des lansquenets, mais bien 12 compagnies de chevau-légers, et à défaut, quelque cavalerie ou gendarmerie du pays. Aussi, après une nouvelle et vaine instance pour obtenir mieux, notre ambassadeur prit le parti de remercier le duc de ses lansquenets et d'accepter les gendarmes, en demandant qu'ils fussent prêts à partir sous trois jours. Ils en mirent quinze à faire leurs préparatifs, mais enfin ils partirent avec un certain nombre de volontaires, et furent à Cambrai le 15 novembre 1567 ; seulement, au lieu de passer par Senlis, comme le voulait la cour de France, ils prirent par Beauvais pour la rejoindre sous Paris, et de la sorte atteignirent le camp du roi après la bataille qui fut bientôt livrée. Ce secours, en effet, avait ordre de ne point combattre, ce qui semble indiquer combien l'Espagne voulait à priori laisser les troupes de France s'entre-détruire, sans doute afin de mieux profiter ensuite de la faiblesse de cette puissance.

La bataille, ou plutôt le grand combat auquel nous venons de faire allusion, est celui de Saint-Denis. Le connétable, regrettant d'avoir été surpris par la levée de boucliers des protestants, dont la conséquence avait été ce quasi-siège de Paris et la prise d'Orléans, et apprenant à son tour que ses adversaires étaient encore très-faibles comme effectif, prit la résolution d'engager la lutte si les circonstances se présentaient favorables ; et de fait c'était le seul moyen de répondre dignement aux exigences montrées par les protestants lors d'ouvertures pacifiques qui leur avaient été récemment faites. On rapporte même à ce sujet qu'une scène émouvante avait eu lieu en pleine cour : le roi s'étant plaint, devant tous les officiers de ses troupes rassemblés à dessein, de ce que les protestants, ses sujets, avaient argué ne pouvoir se fier à la promesse royale, le connétable prit la parole et dit au nom de la réunion : Nous tous qui environnons Sa Majesté, tenons-nous prêts à l'environner de même dans les armes... Vous, Messieurs, faites-le avec un cœur digne de vous et qui réponde à votre courage ; pour moi, qui ai l'honneur de commander ses armées, tout vieux que je suis, je promets de charger les ennemis le premier. Dans la bouche d'un vieillard de soixante-quatorze ans, tellement comblé de dignités qu'il pouvait aimer encore la vie, c'était certes une noble parole et qui fut tenue ; on y répondit par un mouvement d'enthousiasme devant lequel il serait de mauvais goût d'insister sur le soupçon, partagé par un grand nombre de seigneurs, du penchant secret que Anne de Montmorency nourrissait pour les huguenots en dépit de ses fières et fougueuses paroles.

Le connétable fit effectuer une reconnaissance afin de trouver un lieu propice au combat, ou tout au moins au campement, puis il sortit de Paris, au grand contentement de la population, qui se plaignait des incommodités qu'elle souffrait et disait que les forces royales étaient assez considérables pour l'en délivrer. On était à la date du 9 novembre, la vigile de la Sainct-Martin. Le maréchal de Montmorency devait former l'avant-garde avec de la cavalerie et les Suisses ; il vint se poster à la Chapelle. A la gauche se trouvaient force gens de pied, suivis de toute l'infanterie parisienne, c'est-à-dire des milices levées dans la ville et manquant de l'expérience des combats ; à la droite, la meilleure infanterie guidée par les colonels de Brissac et Strossy. Le duc d'Aumale et le maréchal d'Amville se tiendraient à l'arrière-garde avec deux escadrons de cavalerie. Cette marche contraignit les huguenots à réunir leurs forces de peur d'être attaqués en détail et facilement battus ; ils abandonnèrent donc les têtes des faubourg éloignés, ce qui permit aux approvisionnements d'entrer dans Paris, et se concentrèrent sur Saint-Denis : ils disposaient de 1.500 chevaux eL de 1,800 hommes de pied seulement, d'Andelot et Montgommery étant partis du côté de Poissy pour s'opposer à l'arrivée d'un renfort catholique, et, quoique rappelés, ne pouvant évidemment revenir à temps. Anne de Montmorency connaissait ce faible effectif, et désirait profiter de cette circonstance sa lenteur paralysa cette excellente intention. Il mit deux jours, les 9 et 10 novembre, à sortir de Paris, et ce dernier jour commença ses opérations si tard que son armée fut à peine formée à 3 heures de l'après-midi. Encore une faute de cette importance, et il risquait de perdre la bataille.

Le prince de Condé n'admit pas la proposition de se retirer émise par plusieurs seigneurs de son parti, et résolut de combattre, mais en étendant son front pour dissimuler sa faiblesse. Il mit sa droite à Saint-Ouen, sur le bord de la Seine, et en confia le commandement à l'amiral ; porta sa gauche contre Aubervilliers, avec Genlis pour la diriger, et de sa personne demeura au centre vers Saint-Denis, par conséquent affecta un ordre de bataille concave.

Les protestants manquaient d'artillerie ; le connétable fit tirer la sienne contre Genlis. Ce dernier souffrait beaucoup, quand le prince de Condé lui envoya dire de faire passer son infanterie en avant. Comme la cavalerie donnait vers Saint-Ouen, l'amiral lui opposa également ses fantassins, en ayant soin de les faire tirer à 50 pas seulement, ce qui causa beaucoup de dommage. En même temps Coligny chargea avec sa cavalerie, mais sans trop se séparer de ses arquebusiers, dont le feu pouvait lui être utile, tandis que le connétable, si nous en croyons Davila, avait laissé son infanterie trop en arrière pour qu'elle pût être de la partie en même temps que sa cavalerie[13]. Là il y eut mêlée, et un régiment de milice parisienne, le plus beau, le mieux équipé, le plus leste, un régiment composé de l'élite de la jeunesse de la capitale, effrayé du caractère terrible de cette lutte, lâcha pied et gagna ses pénates. Alors l'amiral, bientôt secondé par le prince de Condé, s'acharna sur les Suisses au milieu desquels se trouvait le connétable ; là les charges se répétèrent furieuses ; et quand le maréchal de Montmorency accourut à l'aide de son père, on le contint par le choc d'un groupe de cavaliers. Le connétable se voit promptement entouré, mais il résiste bravement, malgré un coup de hache d'armes et plusieurs blessures légères au visage. Autour de lui périt un grand nombre de vaillants soldats. Alors un Écossais, Robert Stuart, arrive vivement et le somme de se rendre : — Tu ne me connais pas, riposte le vieux guerrier. — Si fait, et c'est pour cela que je t'attaque. Et à ces mots, il lui tire dans les reins son pistolet. Le connétable conserve la force de se retourner, et du pommeau de' son épée, récemment brisée, frappe son jeune adversaire au visage, lui casse deux dents[14], le renverse à terre, puis tombe aussi de cheval. A ce moment, Condé se tient à 10 pas du connétable, précipité de son cheval. Cette dernière chute et la vue d'une troupe fraîche, celle du maréchal d'Amville, dont les royalistes disposent encore, décident l'amiral à effectuer sa retraite.

D'Amville atteint en effet les dernières troupes protestantes et les empêche d'emmener le connétable ; le duc de Nemours talonne également les escadrons du prince de Condé. La nuit seule arrête l'action. Les protestants abandonnent le champ de bataille et y laissent leurs morts, s'avouant ainsi vaincus.

Si le connétable s'était montré inhabile dans la conception et la direction de l'action, il avait déployé un courage digne d'un meilleur sort. Mais sa destinée lui paraissait enviable, car il périssait de la mort d'un soldat, victorieux au total, et sans avoir bu jusqu'au bout la coupe des mal- heurs qui allaient fondre sur la France. Il montra le plus grand calme sur son lit de douleur, et, comme on s'en étonnait : Ne serait-ce pas honteux, répondit-il, d'avoir su vivre pendant soixante-quatorze ans, et de ne pas savoir supporter durant un quart d'heure les angoisses de la mort ? Il succomba le lendemain de la lutte.

Ce lendemain, les protestants firent une bravade ; ils revinrent sur le champ de bataille au son des tambours et des trompettes, comme pour défier les royalistes : c'était singulier après l'avoir abandonné. Il n'en résulta que l'incendie du village de la Chapelle et l'insulte de plusieurs faubourgs. Les vaincus durent ensuite se retirer sur Montereau-sous-Yonne, pour y joindre les reîtres et les lansquenets que le duc de Bavière Jean Casimir amenait à leur secours.

En ce moment même le comte d'Aremberg pénétrait dans Paris avec ses gendarmes brabançons et y était bien reçu ; il fut logé près de Bourg-la-Reine et d'Antony. Le roi se rendit à ses quartiers pour passer en revue ces troupes auxiliaires, qui furent trouvées bien montées et bien armées. Le comte témoigna son extrême regret de n'avoir pu se trouver à la bataille. On le logea près du Louvre, on lui donna entrée au conseil, on le défraya de toutes choses.

Ne quittons pas ce qui concerne la bataille de Saint-Denis sans rapporter le mot d'un maréchal[15]. Comme on discourait devant le roi lequel des deux partis avait remporté la victoire, à cause du chiffre de la perte en tués plus grand chez les catholiques que chez les protestants, le maréchal dit à haute voix : Ce ne sont ni les royalistes, ni les réformés qui ont vaincu ; le vrai vainqueur, c'est le roi d'Espagne, car tout affaiblissement de la France se fait à son profit. Michel de Castelnau, décrivant les cruautés en usage des deux parts, opine dans le même sens : L'appétit de vengeance dominoit trop la plupart des esprits forcenez des François et les animoit au carnage les uns contre les autres, tellement que leur furie préparoit un beau chemin et entrée aux estrangers pour se faire seigneurs de la France. A plusieurs reprises ces pensées sont revenues au cœur des patriotes français, et chaque fois à un moment douloureux de notre histoire ; plaise au ciel que dans l'avenir, si elles reparaissaient encore, elles soient définitivement et heureusement détournées de leur réalisation, comme dans la Série d'événements qui nous reste à raconter de la bataille de Saint-Denis à l'avènement de Henri IV !

Plus d'une province se ressentait, alors des tourments de l'émeute ; la situation de la France équivalait à un soulèvement général.

En Bourgogne, par exemple, Auxerre se trouvait aux mains des protestants depuis la fin de septembre. Le lieutenant général (du bailliage) et le gouverneur avaient trahi le roi, favorisé par leur connivence secrète les préparatifs du complot et dirigé en quelque sorte son exécution par leur fourberie qui trompa jusqu'au dernier moment la population catholique contre laquelle ils agissaient. Les réformés, sous la conduite du capitaine la Borde, avaient envahi la maison de ville et s'y étaient fortifiés. Le poste d'une porte voulait se porter au centre de la ville, dès que le guetteur de nuit eut donné l'alarme au bruit que ce coup de main produisit ; mais le gouverneur, qui parcourait les rues à cheval, lui persuada que des enfants s'amusaient à faire résonner les cloches. Ce même gouverneur avait laissé pénétrer des soldats huguenots par deux autres portes, en sorte qu'au matin les catholiques se trouvaient entourés et surpris. Les ecclésiastiques se cachèrent de leur mieux lorsqu'ils ne purent prendre la fuite, les vainqueurs publiant en vain que leur intention était seulement de réduire les impôts, mais nullement de persécuter les prêtres ou de supprimer la messe. En vain aussi un fait parut venir en aide à cette publication et justifier sa véracité. Le prédicateur catholique Divolé, homme de réputation, fut conduit devant un capitaine, et là questionné sur ses attaques en chaire contre les réformés ; il répondit avec courage, ne renia aucune de ses opinions, et alors fut privé de la moitié de ses vêtements, puis amené devant la Borde, le chef de l'insurrection. Des ministres protestants, la plupart anciens religieux, jadis ses collègues, entreprirent de disputer avec lui ; toujours cet homme de bien, même le pistolet sous la gorge, parla suivant sa conscience. La Borde, touché de la fermeté de la victime, la fit mettre en liberté avec un autre prêtre qui l'accompagnait, et tous deux purent gagner Paris[16]. Cet épisode fut unique. La scène s'aggrava par l'arrivée dans la ville d'une foule de perturbateurs avides de pillage. Les églises furent saccagées, puis incendiées, à moins qu'une personne pieuse ne consentit à racheter[17] leur charpente et leur couverture, car pour l'intérieur il n'y restait jamais, après le passage de ces dévastateurs, que les quatre murailles. Il y eut surtout à regretter le trésor et la bibliothèque de la cathédrale, ainsi que les nombreux manuscrits de l'abbaye de Saint-Germain. Non-seulement on dépouilla, mais on endommagea les sculptures en bois, principalement celles des jubés, en tirant dessus à coups d'arquebuse. On profana et dispersa les ossements de saint Germain, ancien évêque et protecteur de la contrée, et ce ne furent pas les seuls. Outre les édifices religieux, l'hôtel de ville souffrit, les démolisseurs ayant, aperçu sur sa façade des sculptures, des ornements qui avaient trait à la religion. Enfin, le 7 octobre, Jean de la Borde réclama 3.000 écus pour l'entretien de sa troupe ; les contemporains accusent ce gouverneur pour le roi sous l'autorité du prince de Condé d'en avoir gardé 2.000 pour lui, ce qui augmenta notablement sa part de butin[18].

Après avoir séjourné à Montereau, l'armée du prince de Condé avait marché vers Bray et Nogent-sur-Seine et s'en était emparée, pendant que ses détachements ravageaient des villages voisins de Sens, tels que Coulon[19], Nolon, Pailly et Vertilly. Les renforts qu'elle attendait du Midi et qui la rejoignaient alors, en venant d'Orléans par Montargis et Cheroy, s'étaient, par un vigoureux assaut, rendus maîtres de leur côté de Pont-sur-Yonne, petite ville entre Villeneuve-la-Guiard et Sens, dont les murailles se trouvaient défendues par trois compagnies d'infanterie et une population de mariniers énergiques. Du Sénonais les réformés se rapprochèrent de la Lorraine, ne perdant pas de vue leur but principal, à savoir la jonction à opérer avec leurs alliés d'Allemagne.

Pendant ce temps le jeune duc de Guise abandonnait Sens avec une centaine de cavaliers et se retirait vers Troyes, sans doute pour se rapprocher de la route que le prince de Condé allait suivre. Il laissait dans Sens un capitaine éprouvé, Nicolas de Villegagnon, redevenu catholique après avoir été protestant, le même qui avait conduit une expédition française au Brésil[20] et dont nous avons parlé à ce titre dans l'Histoire de François II. Ce chef de renom, car à cette époque un voyage outre-mer constituait une circonstance rare dans la vie d'un capitaine, commença par raser les maisons et les églises de trois faubourgs, afin de dénuder les approches de la place et de pouvoir mieux s'opposer aux tentatives des protestants. Ces sacrifices ne furent pas inutiles ; l'ennemi, à la vue d'une cité munie d'une garnison vigoureusement commandée et en parfait état de défense, renonça à ses intentions, se borna à engager, sous les murs de Sens, une action de peu d'importance (30 novembre 1567) et gagna la Champagne par la forêt d'Othe.

L'armée protestante atteignit de la sorte Châlons-sur-Marne, puis, pour éviter l'ennemi, se jeta du côté de Nancy et de Metz, et opéra enfin à Pont-à-Mousson sa jonction avec les troupes allemandes qu'elle attendait impatiemment et au-devant desquelles elle se rendait. Deux remarques s'appliquent à cette longue marche : elle fut couverte avec habileté et vigilance par d'Andelot et ses arquebusiers à cheval ; les réformés trouvèrent un grand nombre de chevaux, ce qui permit à leurs gens de pied de se monter et d'achever ainsi leur route avec moins de fatigue.

Du côté des catholiques, un changement s'était opéré dans le commandement de l'armée ; le connétable n'avait pas reçu de successeur. Catherine de Médicis, déjà lasse de concessions, et rêvant à une reconstitution de l'autorité royale, attaquée sous prétexte de religion, comme le confesse Montaigne, préféra se réserver la direction exclusive de ladite autorité et supprima cet emploi élevé. D'un autre côté, le conseil royal décida qu'il n'était pas convenable dans les circonstances présentes, au milieu d'une lutte fratricide, que le roi commandât son armée et fût en quelque sorte obligé de se plier à la volonté d'adversaires nés ses sujets. Un moyen terme fut adopté, et Henri, duc d'Anjou, frère puîné du roi, déclaré lieutenant général de l'année catholique ; son gouverneur, François de Carnavalet, et le maréchal de Gonnor, tous deux estimés dans le métier des armes, devaient conseiller son inexpérience et guider ses premiers pas dans la carrière. En même temps on donna la direction de l'avant-garde au duc de Montpensier. Cela mécontenta et éloigna le maréchal de Montmorency, qui prétendait à ce poste comme le plus ancien maréchal[21]. Parmi les autres chefs royalistes, on distinguait le sieur de Martigues, qui avait fait la guerre en Ecosse, alors élevé au rang de colonel général de l'infanterie ; le seigneur de Tavannes, bientôt maréchal ; Armand de Biron, qui le sera plus tard ; tous deux à la veille d'être célèbres et de jouer un grand rôle.

L'armée royale, comptant dans ses rangs les cavaliers flamands du comte d'Aremberg, et possédant huit pièces d'artillerie, se mit à poursuivre les protestants et les serra souvent de près. Lorsque ceux-ci, après avoir opéré leur jonction, et s'être dépouillés de leur butin afin de parfaire une somme de 100.000 écus exigée par leurs alliés, revinrent de Champagne en Beauce, à peu près par le chemin suivi pendant l'aller, ils eurent surtout en vue de se rapprocher de Paris, dont la possession les tentait, et aussi d'Orléans, ville où François de la Noue s'était jeté et se trouvait alors assiégé par 4.000 fantassins et 700 chevaux. L'armée protestante possédait peu de vivres ; la nécessité l'aurait donc probablement engagée à l'acceptation d'une bataille, expectative qui plaisait à la fougue juvénile du duc d'Anjou et même à son conseil ; Tavannes, avec sa franchise habituelle, disait qu'une pareille résolution valait mieux que les tâtonnements auxquels les royalistes avaient jusque-là borné leur action, mais la reine mère, accourue dans le camp de son fils, s'y opposa, sous le motif que le roi pouvait soutenir la guerre longtemps, tandis que les huguenots en étaient déjà réduits à la misère, et que la patience romprait aussi sûrement leur armée que les coups de vigueur ; peut-être n'était-elle pas fâchée de mieux habituer le duc d'Anjou au commandement avant d'engager son nom dans la responsabilité d'une bataille. Son avis prévalut. Le généralissime se mit alors à côtoyer l'adversaire, non plus avec les avis de Carnavalet et de Gonnor, soupçonnés de favoriser les huguenots, mais avec ceux du comte de Brissac et du seigneur de Martigues, et surtout du duc d'Aumale, revenu après le passage de la Meuse, et auquel l'accueil le plus flatteur avait été fait.

Pendant que ces arrangements se prenaient à la principale armée royale, il se passait sur divers points du territoire des événements militaires dont le tableau appartient à cette histoire et peut se mesurer par un mot de Gaspard de Tavannes : Les huguenots, à la Sainct-Michel, pour estre fideles les uns aux autres, prirent cinquante villes[22].

Fin des opérations en Bourgogne. Louis de Gonzague, duc de Nevers, revenu à la tête de quatre compagnies de cavalerie organisées en Italie aux frais du pape, et rallié aux forces catholiques du Dauphiné et à 4.000 Suisses de nouvelle levée, paraissait sous Mâcon, reprenait cette ville dont les protestants s'étaient saisis, et conquérait ainsi assez de prépondérance pour pouvoir envoyer une partie de ses forces au duc d'Anjou. En vain conseillait-il de reprendre Auxerre sans abandonner la ligne de la Loire sur laquelle il était d'avis de se fortifier. Bientôt on le rappelait sur Sens, par Saint-Florentin (février 1568). Chemin faisant, il laissa garnison à Montbard et à Cravant, puis médita de surprendre Auxerre malgré son faible effectif ; mais ses ruses manquèrent. Villegagnon s'occupait dans ce temps de mettre en état de défense Villeneuve-le-Roi et Joigny ; il se plaignait beaucoup de la mauvaise tête des habitants et de l'enceinte non flanquée de cette dernière ville, commandée en effet par une montagne élevée, bâtie elle-même en amphithéâtre, et précédée[23] d'un pont de bois facile à rompre. Comme les protestants, dans leur mouvement de retour, s'étaient approchés de Tonnerre, et avaient mis cette place à contribution, le duc d'Anjou dépêchait en toute hâte des troupes vers Joigny et -Villeneuve-le-Roi, afin de couvrir ces cités ; mais déjà le duc de Nevers, mécontent du peu d'attention accordé à ses avis, avait repris la route de Nevers et adressé un courrier à la reine mère, pour lui expliquer la situation des affaires militaires en Bourgogne.

Durant ce temps, la garnison protestante d'Auxerre s'était portée contre Cravant, par le motif que le pont de cette ville offrait un chemin de plus, et un chemin abrégé vers la Loire. Malgré deux canons et la brèche qu'ils firent, la place ne put être enlevée en dépit de plusieurs assauts. A l'approche de l'armée de Condé, le capitaine la Borde, qui dirigeait le siège, obtint du prince plusieurs pièces d'artillerie et un détachement. de renfort ; mais une nouvelle tentative demeura encore infructueuse. Alors les protestants dirigèrent leurs coups contre Irancy, bourg enclos de murs. Cette localité résista également de son mieux, même contre un régiment entier ; mais battue en brèche le lendemain, elle fut prise et traitée avec la dernière rigueur ; les habitants ne périrent pas tous, comme on l'a dit, puisque le bourg était encore peuplé huit ans après, mais il subit un affreux carnage (7 février 1568).

Vis-à-vis Irancy, de l'autre côté de l'Yonne, se trouve Coulanges-la-Vineuse. A l'approche d'un autre régiment protestant, ce village se rendit et se racheta moyennant une somme d'argent.

En passant à Auxerre, le prince de Condé ôta les fonctions de gouverneur à la Borde, dont les habitants se plaignaient, mais ils n'eurent guère plus à se louer de son successeur, Antoine de Guerchy. Le prompt départ vers Orléans de l'armée protestante, et à sa suite de l'armée catholique, laissa le champ libre aux aventuriers protestants cantonnés dans Auxerre, lesquels se mirent à courir les environs et à dévaster les abbayes et les monastères. Les protestants, maîtres de la ville d'Entrains, se mirent également à faire des incursions et rendirent leur nom redoutable. Comme ils attaquèrent le duc de Nevers, dans sa marche vers Nevers, à la hauteur de Donzy, et lui firent au genou une blessure grave, il prescrivit, une fois la paix venue, de raser les fortifications de cette cité qui appartenait à son domaine et à sa juridiction.

A Gien, il se produisit une réaction contre les rigueurs exercées en 1562 par les catholiques ; les protestants, excités par un ministre nommé Lambert, et aidés par des vauriens nommés les pieds-nus de Bourges, saccagèrent couvents et églises, mutilèrent les prêtres et osèrent rentrer dans la ville porteurs de débris humains, hideux ornements dont ils faisaient parade en criant qu'ils avaient trouvé des chapelets de papistes.

Opérations dans le Dauphiné. Des Gordes était pour le roi lieutenant de cette contrée ; secondé par les sieurs de Monsalez et de la Terride, il voulut remonter vers Paris, afin de poursuivre Mouvans qui se portait vers Orléans, afin aussi de se rapprocher de l'armée royale ; il joignit en plusieurs rencontres les huguenots et les battit. Une fois, entre autres, il repoussa Ponsenac, chef des révoltés de l'Auvergne et du Bourbonnais, et le contraignit de laisser libre la route de Lyon[24] ; ce dernier chef protestant paraît ensuite avoir obtenu un avantage, mais près de Gannat, c'est-à-dire en dehors de la susdite route. Après ce succès, ses soldats le tuèrent[25] et se dirigèrent sur Chartres pour rejoindre l'armée du prince de Condé ; plus tard son corps fut déterré par les catholiques et percé de mille coups, par un esprit de vengeance que nous avons peine à concevoir aujourd'hui.

Les huguenots du Dauphiné combattaient également sous la conduite de Montbrun.

Opérations dans le Languedoc. D'Acier, frère de Crus-sol, duc d'Uzès, faisait des progrès marqués dans le Languedoc ; il se saisit de Nîmes et de Montpellier, le vicomte de Joyeuse manquant de forces pour s'opposer au nombre des protestants et à l'habileté de leur chef.

Opérations en Provence. Le comte de Sommerive commandait les catholiques de cette contrée, où Montbrun et Mouvans, qui s'étaient déjà rendus redoutables dans le Dauphiné, firent sentir leur action.

Opérations en Gascogne et en Saintonge. Là nous retrouvons le bouillant Montluc à la tête des royalistes, et combattant avec d'autant plus de force morale qu'il avait averti la cour de France, avant les hostilités, de ce que les protestants tramaient contre elle. Ce chef se laissait d'ailleurs rarement surprendre ; alerte[26], inventif, il ne manquait jamais de gens qui l'advertissoyent.

La nuit de la Saint-Michel 1567, il devait être assailli et enfermé dans le château de la Cassaigne, près Lectoure, d'où l'on espérait, après un siège fort court, le faire sortir prisonnier, l'enceinte de ce château étant mal flanquée, ce qui rendait plus facile l'emploi des tranchées dont Montluc lui-même avait perfectionné l'art au siège de Thionville (1558)[27]. La conséquence de la captivité de ce chef était probablement la reddition de Bordeaux. Heureusement pour les catholiques, Blaise de Montluc ne tenait pas à un brillant cortège pour se mettre en marche et commencer les opérations ; au lieu d'attendre que la noblesse catholique vînt le trouver, et se fiant peu sur les promesses, car, en ce temps troublé, on faisait bon marché de se dispenser de ce qu'on avait promis, il se rendit à Agen et de là fit écrire à près de six cents gentilshommes de venir le joindre, leur indiquant cette ville et le 10 octobre pour lieu et date de rendez-vous. Cette besogne, raconte-t-il en ses Commentaires, dura cinq jours et cinq nuits, et il faillit tomber malade de ce labeur de cabinet auquel il était peu propre ; mais, en homme de sens, il ajoute, après cette gasconnade : J'aime mieux passer toute une nuit la cuirasse sur le dos que non pas à faire escrire ; il y peut avoir du deffaut de mon coster, comme je l'ai remarqué aux autres qui s'en soucient trop, aymant mieux estre dans leur cabinet qu'aux tranchées.

Neuf jours après la Saint-Michel, Montluc reçut nouvelles de la cour ; en lui annonçant la difficile rentrée du roi dans Paris, on lui recommandait de conserver la Guyenne. Aussitôt il envoya des dépêches à Toulouse et à Bordeaux, prescrivant instamment qu'on marchât au secours du roi assiégé dans Paris. Pour lui, il occupait Limoges le 28 octobre avec mille chevaux et trente enseignes de pied, auxquels le sieur de Gourgues paya le prêt[28] ; il expliqua la situation à ses officiers, et, d'accord avec eux, arrêta le projet de diriger ce renfort par Moulins et de se porter ainsi à l'aide de la cour, en laissa le commandement à M. de Terride et revint à son poste, c'est-à-dire dans Agen, en passant par Périgueux. Le commandement de Bordeaux lui fut promptement enlevé, et Charles IX le chargea d'aller assiéger la Rochelle, cité qui s'était récemment déclarée en faveur des protestants ; cette mission ne prouvait pas qu'il fût en faveur, et il s'en plaint beaucoup. Comme il avait pourvu à la garde des différents points du pays, de Toulouse à Cahors, il pouvait quitter son commandement sans grande inquiétude ; mais on ne lui en fournissait guère les moyens, l'argent manquant à la cause royale ; cela se comprend d'ailleurs, car en cas pareil un gouvernement distribue le peu dont il dispose à ses préférés, en sorte que le disgracié pâtit à la fois et de la piteuse mission qu'on lui donne et de l'abandon où la mauvaise humeur du pouvoir le plonge. Pareille situation se présente plus fréquemment quand c'est une femme qui gouverne, les caprices féminins se faisant inévitablement jour au milieu des ordres transmis. Ce sont de ces points de vue qu'un historien ne doit céler, afin d'éclairer l'expérience humaine en vue de l'avenir, afin de défendre un guerrier tel que Montluc, très-dévoué à la cause royale et méritant un meilleur traitement en dépit de son ton vantard.

On accordait à Montluc 20.000 francs provenant de la vente des meubles confisqués sur les huguenots, et 15.000 francs sur quelques droits royaux à percevoir en Saintonge. Le parlement et les capitouls de Toulouse lui répondirent que l'argent des meubles avait été dépensé, et la ville de Bordeaux, à laquelle il demanda une avance d'argent, refusa son concours, disant avec raison qu'elle préférait garder ses ressources pour sa propre défense. Alors il écrivit à la cour et expliqua sa détresse. En même temps il rassembla ses enseignes et les dirigea sur Saintes ; on peut les évaluer à douze. Il disposait en outre de trois compagnies de gendarmes, la 4e, celle de M. de Jarnac, étant presque entièrement avec le prince de Condé. Ses troupes marchèrent rapidement, livrèrent un engagement près de Saint-Séverin, et se groupèrent à Saintes. De sa personne il atteignit bientôt Marennes, où il apprit que la place de Nantes se trouvait hors d'état de lui fournir un seul canon. Dénué d'argent, privé d'artillerie, il regretta de s'être avancé si promptement. Ecrire à la reine mère, envoyer des courriers à la cour, devint son occupation. Cependant on lui fit espérer de l'artillerie venant de Bordeaux, et un gentilhomme du pays lui amena six enseignes en lui promettant de lui obéir comme au roi, parce qu'il était le plus vieux capitaine de France. Cela ne suffisait pas encore, et le siège de la Rochelle ne put commencer. Certes Montluc eût intimidé les habitants, et peut-être leur aurait-il fait du mal ; mais il n'espérait pas prendre la place. Siège et prise étaient parties remises ; il fallait pour cela un autre roi, le second roi d'une autre dynastie, et un grand ministre.

M. de Pons s'étant emparé de l'île d'Oléron, Montluc envoya son neveu de Leberon s'embarquer au Brouage et attaquer l'île de Ré ; le débarquement fut difficile, mais il finit, par s'effectuer de nuit, sur un point de la côte non gardé. Un combat s'ensuivit ; les assaillants se dirigèrent aussitôt au grand fort de l'Église, l'attaquèrent de plusieurs côtés et l'emportèrent. Les vaincus qui purent échapper se réfugièrent avec de petits bateaux à la Rochelle.

Ce succès avait son utilité : il dégageait l'un des flancs pendant le siège à poser devant la Rochelle. Deux compagnies de catholiques stationnèrent dans l'île de Ré, et Montluc, laissant des forces à Marennes, se rapprocha de la Rochelle, amassa des approvisionnements, se prépara à commencer le siège de cette cité. A ce moment apparut un courrier qui déclara la paix déjà presque arrêtée ; et en effet, peu de jours après, des lettres officielles vinrent confirmer cette nouvelle et ordonner de publier la pacification.

Revenons aux deux armées principales.

A la fin du mois de février, l'armée catholique stationnant encore aux environs de Paris, l'armée des huguenots était en France. A son approche, les royalistes avaient disparu des alentours d'Orléans, et cette ville s'était vue délivrée des appréhensions d'un siège. Ce résultat n'avait guère profité au prince de Condé, le duc d'Anjou s'étant résolu à ne pas combattre parce que le parti protestant manquait d'argent et de vivres, et que traîner la guerre en longueur, c'était le ruiner[29]. Tavannes, le nouveau conseiller de l'héritier du trône, venait d'inspirer ce plan de temporisation, et à cela il y avait quelque fermeté ; en effet, le jeune duc de Guise s'étant trop promptement retiré des environs de Sens et les précédents conseillers du duc d'Anjou lui ayant fait manquer une excellente occasion d'attaquer l'ennemi à Notre-Dame-de-l'Épine[30], près Châlons-sur-Marne, il semblait naturel de désirer prendre une revanche.

Afin de sortir de cette situation difficile, Condé eut une inspiration, ou plutôt son conseil la lui donna, car son inquiétude le portait à l'assembler tous les jours. I1 vint assiéger Chartres, ville importante, centre d'un pays agricole d'où la capitale tirait de nombreux approvisionnements, espérant que jamais ses adversaires n'en souffriraient la prise. Traversant 20 lieues de pays en deux jours avec sa cavalerie, ce qui était alors une marche rapide, il Ore brusquement devant cette cité le 2 mars 1568, laissant à peine à 15 enseignes de vieilles troupes et à 200 chevaux le temps de s'y jeter, et sans délai fortifia les alentours et battit l'enceinte avec 4 pièces d'artillerie, du côté de la porte de Dreux. Le sixième jour il y avait brèche, mais les assiégés s'étaient remparés derrière et en outre pouvaient tirer de flanc sur la brèche[31]. Toutefois la situation se montrait critique. Les catholiques devenaient embarrassés, ne voulant pas combattre, ne pouvant laisser sans déshonneur Chartres succomber. Castelnau fut aussitôt expédié en Allemagne auprès du duc Jean Guillaume de Saxe, anciennement au service du roi Henri II, pour l'engager à pénétrer en France avec 5.000 chevaux, et l'on espérait d'autant plus le voir accepter cette proposition qu'il avait offert ses services à la reine mère.

Pendant cette mission, les catholiques essayèrent de jeter du secours dans Chartres, mais sans succès. Catherine de Médicis songea donc à recourir à son moyen ordinaire, et proposa un accommodement. Les députés protestants se rendirent à 'Vincennes, où l'on débattit les conditions. Ces conditions furent avantageuses pour les réformés ; néanmoins Condé, peu confiant dans les intentions de la cour, les rejeta. La reine mère dépêcha dans le camp ennemi trois représentants qui eurent l'adresse de se faufiler parmi les réunions d'officiers et de soldats, et d'y exposer les avantages d'un traité de paix ; leurs raisons furent goûtées, une opinion publique se forma parmi les combattants huguenots, et tous, leur voix fut unanime, demandèrent la cessation des hostilités ; le prince Casimir lui-même se rangea à cet avis, en sorte que son alliance ne sembla pas lui avoir rapporté ce qu'il s'en était promis. Les chefs protestants continuèrent leur opposition ; mais comme les gentilshommes, déjà satisfaits de rejoindre leurs familles et leurs maisons, bien compromises pendant la guerre civile, se montraient disposés à quitter l'armée, force leur fut d'y consentir. La paix fut donc conclue. A peine signée, le prince de Condé se vit en butte aux violentes attaques des ministres réformés qui l'accusaient du désir de retrouver à la cour les délices d'une vie molle et voluptueuse. En même temps le pape et plusieurs princes catholiques blâmèrent la cour de France ; Catherine de Médicis chercha les moyens de justifier, et elle expliqua très au long à l'ambassadeur de Venise, ses motifs et les exigences des temps ; elle insista surtout sur cette circonstance que le siège de Chartres avait produit une nécessité nouvelle, ou livrer une grande bataille, les catholiques s'étant mal préparés, ou consentir à un accommodement. Cet ambassadeur, homme fort modéré et appartenant à un pays désintéressé dans la question, redit les explications de la reine mère, mais sans y convertir personne. Tout le monde demeura mécontent.

Il nous faut surtout citer, sous ce rapport, le duc Jean Guillaume de Saxe. Ce prince, à l'arrivée de Michel de Castelnau qui lui remit, de la part de Catherine de Médicis, les portraits de Henri Il et de ses enfants enrichis de pierreries[32], portraits qu'il désirait en raison de ses services passés, rassembla 5.000 reîtres, et parvint en moins de vingt-sept jours à les armer et à leur faire passer le Rhin. De là il se rendit à Rethel où la monstre de son corps auxiliaire eut lieu. La cour de France envoya dans cette localité l'argent nécessaire et en même temps manda Castelnau à Paris. A peine arrivé, il fut dit à ce dernier qu'il s'était trop hâté d'amener ses Allemands, et que la paix était conclue. Ce brave serviteur ne se découragea pas, et retourna immédiatement auprès du duc Jean Guillaume lui parler paix après l'avoir excité à la guerre. Malgré la promesse de pourvoir à l'entretien de ses troupes, le duc se fâcha ; mais notre ambassadeur, déployant les ressources de son esprit, finit par lui inspirer confiance, par le mêler à la conduite de nos affaires, par l'entraîner même à la cour, où il fut admirablement reçu.

La paix fut signée à Longjumeau le 20 mars, et enregistrée le 27 : l'édit fut publié après cet enregistrement au Parlement. Cette paix accordait tout ce que les protestants désiraient, hormis un point qui ne manquait pas de portée ; désarmement immédiat, reddition des places fortes, interdiction de lever à l'avenir ni un homme, ni un denier. Si cette clause était exécutée, le pouvoir royal devenait plus fort, mais à une condition, celle de trouver de l'argent, car il lui fallait payer ses propres alliés, et aussi les troupes du prince Casimir qu'il s'était engagé à solder en partie.

Les points accordés par le nouveau traité revenaient à ceux-ci :

1° Il sera permis, conformément au précédent édit de pacification, à ceux de la religion prétendue réformée de s'assembler partout où ils voudront pour y faire exercice de leur religion, et cela sans les exceptions antérieurement stipulées.

2° Les huguenots licencieront le prince Casimir et ses gens.

3° Le roi congédiera les Suisses, la cavalerie italienne et les forces à lui prêtées par le roi d'Espagne.

4° Tous les capitaines et seigneurs de la religion pourront se retirer où il leur plaira pour y jouir de leurs charges et de leurs biens, sans trouble ni empêchement quelconque.

5° Le prince de Condé, l'amiral et les autres chefs protestants demeureront absous des condamnations prononcées contre eux ; le roi certifiera par une déclaration qu'il ne s'est rien fait qu'à bon escient et pour le bien du royaume.

Une telle déclaration était excessive. On avait combattu son monarque légitime, on avait voulu l'enlever, on avait saccagé le pays, et tout cela était pour le mieux. Quel mensonge politique !

Évidemment un pareil traité ne pouvait être sincère.

On appela cette pacification la petite paix.

 

 

 



[1] Il n'y a personne de la religion qui (ne) scache l'entreprise de France... aujourd'huy ou bien demain le roy ou la royne sont prins ou morts et tout le royaume de France revolté, se fait avouer Montluc près de Lectoure. (Voyez le début du livre VI des Commentaires.) Comme trait de mœurs, rappelons que parmi les troupes dont disposait alors Montluc, il y avait un groupe de 14 arquebusiers conduits par un prêtre nommé Malaubère.

[2] L'imprudence et l'audace de quelques protestants exaspérés par de continuels outrages avaient peut-être aussi contribué à indisposer davantage encore les catholiques et la cour. Histoire du calvinisme dans l'Auxerrois, par CHALLE, t. I, p. 131.

[3] On soupçonne souvent Michel de l'Hôpital de compter parmi ces derniers.

[4] Ainsi disaient encore nos chefs militaires en juillet 1870, lors de la déclaration de guerre de la France à la Prusse.

[5] Michel de Castelnau fut mis à de plus rudes épreuves, car on ne lui remboursa pas les sommes qu'il avança au duc d'Alençon, et il fut presque ruiné, sans que cette circonstance pût ébranler sa fidélité au trône.

[6] Ils étaient trois frères : Vespasien de Castelnau mourut en 1569, au siège de Saint-Jean-d’Angély ; Titus de Castelnau fut assassiné par les protestants en 1573 ; Michel de Castelnau, l'auteur des Mémoires, mourut en 1594, dans son château de Jonville, en Gâtinais.

[7] Mémoires de Castelnau, VI, IV.

[8] Commentaires de BERNARDINO DE MENDOÇA, livre II, chapitre VIII.

[9] Il n'oubliera pas que ses sujets rebelles l'ont obligé d'avoir la nuit, sur un grand chemin, une arme à feu en main, pour se défendre contre eux ; pour commettre un pareil oubli, il eût fallu ou un très-grand caractère réconforté par l'expérience de l'âge mûr, ou une vie heureuse et disposée à l'indulgence, toutes choses qui lui manquèrent.

[10] Ils étaient à Meaux depuis trois heures lorsqu'il leur fallut quitter cette ville avec la cour, mais ils le firent avec joie et en chantant.

[11] Il eut de la peine à sortir de Paris.

[12] Les Espagnols disaient tercios.

[13] Quant à masquer primitivement son infanterie et à se priver de ses feux, c'est une faute commise des deux côtés, mais qui s'explique mieux chez les catholiques, lesquels possédaient des canons.

[14] Castelnau dit deux, Davila trois ; ainsi parfois le chroniqueur du XVIe siècle s'arrête aux détails.

[15] Les uns l'attribuent au maréchal de Brissac, les autres au maréchal de Vieilleville ; voyez les Mémoires de ce dernier, livre IX, chapitre XXXIX. Nous rapportons le sens du propos tenu et non les paroles exactes.

[16] Les Sermons de PIERRE DIVOLÉ ont eu trois éditions ; la dernière date de 1579.

[17] Cela eut lieu pour l'église des Jacobins.

[18] Histoire de la prise d'Auxerre par les huguenots, par LEBEUF, 1793. — Histoire des guerres du calvinisme dans l'Auxerrois, par M. CHALLE, 1863, tome Ier.

[19] Un simple épaulement avec fossé défendait ce bourg ; en comparant les divers modes d'enceintes et de fermetures, on prend une idée de la fortification de ce temps.

[20] Il nomma sa colonie France antartique. Montaigne eut à son service un homme ayant séjourné dix ans en ce lieu. Essais, I, 30.

[21] Le duc d'Aumale y prétendait également pour estre le plus vieil capitaine de France ; il avait en effet débuté avant Montmorency.

[22] Comptons Blois dans le nombre, car ces cinquante villes ne furent pas prises le jour même de la Saint-Michel.

[23] Précédée, quand on vient d'Auxerre, comme c'était le cas pour le duc de Nevers.

[24] Davila et Castelnau s'accordent pour dire que Ponsenac fut battu en une rencontre.

[25] Il ne périt donc pas dans l'action, comme le rapportent plusieurs historiens, se fiant sur sa témérité reconnue.

[26] J'ay eu, dit-il, ce malheur là toute ma vie, que dormant et veillant, je n'ay jamais esté en repos. Livre VI.

[27] Reportez-vous à notre Biographie et à notre Portrait de Montluc.

[28] C'était, suivant l'assertion des Commentaires, un général des finances, mais nous pouvons le considérer comme un contrôleur des guerres (il passe en effet la monstre ou revue administrative des troupes de Montluc), et joindre son nom à ceux cités en note à la page 256 de notre Histoire de François II.

[29] L'armée catholique la quelle de sa part ne veut aussi bazarder le combat, esperant la defaicte de ses ennemis par les incommoditez, et qu'il ne falloit jouer tout contre rien. Mémoires de Gaspard de Tavannes.

[30] Une très-curieuse église du XIIIe siècle existe encore en cette localité, aujourd'hui simple village.

[31] Ils s'étaient donc habilement postés, profitant des chances offerts par le tracé des remparts.

[32] Ce don valait 8.000 écus.