RICHELIEU ET LA MONARCHIE ABSOLUE

 

TOME TROISIÈME. — ADMINISTRATION GÉNÉRALE (SUITE).

L’ARMÉE.

CHAPITRE VI. — GÉNIE ET ARTILLERIE.

 

 

Nouveaux systèmes de fortifications ; bastions, demi-lunes, contrescarpes. — Construction sur un plan nouveau des citadelles conservées ; démolition des autres. — Action de Richelieu. — Prix des travaux de construction ; comment ils sont payés. — Les ingénieurs ; Pompée Targon, d'Argencourt, Pagan, de Ville. — Leurs services et leur situation dans l'armée. — Les géographes. — Garnisons des places. — Manière de les attaquer et de les défendre. — Les mines et les pétardiers. — Les officiers de l'artillerie. — Canons, leurs calibres, leurs prix. — Fabrication, fonderies de canons en France. — Grenades, bombes, pétards, fusées à croc. — Artillerie de campagne ; son peu d'importance.

 

L'art nouveau de tourmenter le sol, en y traçant des lignes creuses on en relief — fossés ou talus — avec une irrégularité méthodique, rentre dans le domaine de la science pure. Nous ne l'étudions donc pas en lui-même, mais seulement dans l'application qui en est faite par l'État. Les bastions, les contrescarpes et les demi-lunes détrônaient, dès le seizième siècle, les bons gros murs flanqués de tours rondes ou carrées, qui suffisaient jadis à garantir les hommes de l'impétuosité du canon[1]. Les redoutes, les ravelins et les cornes, les plates-formes et les cavaliers, tous ouvrages en terre revêtus de brique, remplaçaient les donjons et leurs souterrains qui allaient bien loin dans la campagne. Mais la transformation se faisait lentement[2].

Richelieu l'accéléra. Fortifier selon le nouveau plan les villes frontières ; détruire les places minuscules de l'intérieur, souvent délabrées, toujours mal gardées ; en avoir peu, mais les avoir bonnes, tel fut son programme[3].

Son action se fit sentir depuis Calais et Montreuil au nord, jusqu'à Bayonne et Toulon dans le Midi, pour remonter dans l'Est jusqu'à Metz, en suivant les limites de la France d'alors. S'il ne s'agit que d'entretenir ou de réparer des bâtiments existants, le premier ministre laisse aux trésoriers de France le droit qui leur appartient de diriger les travaux et d'en faire l'adjudication au rabais[4] ; mais pour les ouvrages auxquels il s'intéresse, il envoie sur les lieux des ingénieurs, des artisans, comme on dit encore sous la régence de Marie de Médicis, ou des officiers doués de connaissances spéciales. D'Argencourt a la direction suprême à Metz et au Havre ; en Provence, Plessis-Besançon, assisté d'un intendant qui passe les marchés, se confine dans la partie technique ; le chevalier de Ville fortifie Beauvais, le comte de Pagan, Saint-Quentin[5]. Des travaux importants furent accomplis partout ; Richelieu songea même à élever un fort au haut du Petit Saint-Bernard, et les hommes du métier eurent grand'peine à l'en dissuader[6]. Pourvoir à ces dépenses n'était pas aisé ; on créait en Normandie une imposition à cet effet ; à Toulon, on ordonnait aux consuls de faire exécuter les travaux de terrassement par corvées ; à Metz, les habitants offraient d'y travailler gratis, ce qui permettait, avec 25.000 livres, de faire de l'ouvrage pour plus de 50.000 ; à Oléron et Brouage, il fallait envoyer prés d'un million pris sur les Comptants[7].

Heureusement la main-d'œuvre n'était pas chère : la toise cube de maçonnerie (y compris la fourniture des pierres et de la chaux) était adjugée à 16 livres, soit 2 livres le mètre cube[8]. Richelieu faisait faire par des ouvriers des terrassements à un écu la toise, et d'Argencourt à quarante huit sols, sans détourner un homme de l'armée[9].

Les soldats s'accoutument d'ailleurs à mettre la main à la pelle ; obligés de transformer en quelques jours la première plaine venue en un camp retranché, avec fossés larges de douze pieds et profonds de huit ; ils se familiarisaient avec les pics et les brouettes. On voit rarement des généraux comme le maréchal de Schomberg à Veillane, attaquer une place avec six pelles et dix pics pour tout équipage ; au contraire, on invente des circonvallations nouvelles, on combine les cheminements avec sagacité. Les pionniers à livrée et les rompeurs de rocs sont dressés aux besognes délicates[10].

nu n'existait, on le sait, rien de semblable à ce que nous nommons aujourd'hui le génie ou l'artillerie ; aucuns corps de troupe n'étaient exclusivement chargés de bâtir les forts et de tirer le canon. Tous les officiers étaient censés connaître l'art d'attaquer et de défendre les places, qu'ils apprenaient à l'Académie[11]. Ils ne dédaignent pas pour cela l'avis des particuliers compétents ; Français ou étrangers sont tous bien accueillis, quand ils s'annoncent comme possédant des secrets utiles. On les porte aux nues, s'ils réussissent ; il est vrai que s'ils échouent, les soldats ne parlent que de les assommer. Tel était Pompée Targon, à la Rochelle. Une chaîne de fer qu'il avait imaginé de tendre dans le port, n'ayant pu supporter l'effort de l'eau, Richelieu, après l'avoir prôné hautement, est le premier à se moquer de lui, en disant qu'il est au bout de ses finesses, qu'il faut le laisser crier, et ne rien faire de ce qu'il demande. Et pourtant, Pompée Targon allait inventer la digue fameuse, qui assura le succès[12]. Modestes et dévoués, toute une pléiade de savants, militaires ou civils, servirent ainsi, soit avec des titres inférieurs — architecte des fortifications, conducteur des travaux ès armées, capitaine et directeur des redoutes — soit même sans aucun titre. Plus tard, le Roi les récompensa par le brevet de maréchal de camp, ou du moins d'ingénieur ordinaire[13]. Les de Ville, Pagan, des Aguets, Destouches, Fabre, et vingt autres, auxquels furent adjoints des docteurs en mathématiques, reconnus capables au fait des fortifications, constituèrent insensiblement, sans loi ni institution aucune, par leur valeur seule, ce corps des ingénieurs qui illustrera le règne de Louis XIV, et dont sortira Vauban[14].

Tandis que paraissent des traités sur les sièges, où le devoir des assiégeants et des assiégés est si bien indiqué, qu'il semble à la fois

Que l'on peut prendre tout, et qu'on ne peut rien prendre[15].

des cartes exactes et véritables sont dressées par des ingénieurs-géographes, pour plusieurs des provinces de France qui n'en avaient encore jamais eu ; et pour les pays limitrophes[16]. La topographie, le détail même de la géographie, étaient si mal connus jusque-là, qu'un personnage ambitieux put se faire donner la mission de s'emparer sur les bords du Rhin, de forts imaginaires auxquels il donnait un nom[17].

Pour faciliter à nos armées le passage des rivières ou (les fossés, on invente des ponts volants, qui, démontés, se transportent sur une ou deux charrettes. Pour protéger nos places fortes contre les surprises, le ministre crée, autour des fortifications, une zone découverte de soixante mètres, où il défend de planter aucun arbre, et de semer du chanvre[18].

En même temps, on procédait au rasement des forteresses non situées en lieu de conséquence ; tantôt les travaux de démolition, mis en adjudication, étaient payés par l'État à des entrepreneurs[19], tantôt les communes recevaient l'ordre de fournir des ouvriers à leurs frais. Nous l'avons dit ailleurs, ce fut une mesure populaire ; avec le château voisin, disparaissait pour les paroisses rurales la garnison qu'elles devaient y entretenir ; de plus, elles se partageaient les matériaux abandonnés par l'État. C'était pour elles tout profit. Mais ce n'est pas le profit qu'elles désirent ; c'est surtout l'éloignement des gens de guerre. Lors même que le Roi fait détruire leurs propres murailles, et offre les morceaux à un seigneur bien en cour, les villes sont enchantées. Il vaut mieux que la cité soit plus faible, afin que personne ne s'en saisisse, voilà ce que disent les bourgeois. Ils démolissent parfois leur château fort, à la seule annonce d'une guerre, et ajoutent : On le reconstruira après la paix ![20] De petites jalousies locales, des intérêts assez mesquins, profitent de l'occasion pour se satisfaire ; les grandes villes cherchent à faire démanteler les petites ; le gouverneur de Lyon intrigue pour que Bourg soit rasé, afin que Lyon, devenant ville frontière, fût de plus grande considération. Sa Majesté fit raser les citadelles de Mantes et de Melun, pour obliger la ville de Paris[21]. Quelques fortifications jugées inutiles étaient à peine détruites, qu'on dût les rebâtir comme indispensables ; preuve qu'on agit en certains cas avec quelque légèreté.

Les soldats chargés de la défense des forteresses étaient peu nombreux ; seize hommes gardaient le château de Blavet, vingt-cinq celui de Boulogne. A Toulon, dans la tour massive, aux murailles épaisses de vingt pieds, qui défendait la rade, e un bonhomme de gouverneur qui est là de père en fils, n'a pour toute garnison que sa femme et sa servante, n'ayant pas reçu à ce qu'il dit un denier depuis vingt ans[22]. Or, avec les progrès de l'artillerie, aucune place n'est plus imprenable par la seule vertu de ses remparts, à moins que l'assiégeant ne cherche à la prendre, comme les moines le paradis, par jeûnes et par prières, c'est-à-dire par la famine et les sommations[23]. S'il donne l'assaut, on ne devra compter que sur la résistance des hommes et non sur celte des murs. L'assaillant ouvre la tranchée, la pousse, arrive au fossé ; il peut alors, ou le descendre à couvert selon la méthode hollandaise, ce qui est plus sûr niais plus long, ou le passer sur des fascines, et atteindre la brèche faite dans la muraille. Cette brèche, commencée par le canon, était achevée par la mine. A l'abri du feu de l'assiégé, dans l'épaisseur même de la muraille, on attachait le mineur, qui travaillait jusqu'à ce que sa mine fût prête à jouer, et ne se retirait qu'après y avoir mis le feu. Attacher le mineur, c'est la dernière période du siège, le moment des efforts désespérés. A Arras, les Espagnols descendaient la nuit, dans des paniers, des hommes armés, qui surprenaient le mineur dans son trou, et le poignardaient ; d'autres fois, ils attachaient des bombes à une corde, et les faisaient, crever en face de ce trou, afin que les éclats y pénétrassent. Ils tuèrent tant de mineurs qu'il n'en resta plus dans l'armée ; on dut en envoyer chercher en France[24]. Ces mineurs, sapeurs ou pétardiers, joignaient un courage éprouvé à une longue expérience. Beaucoup venaient de Liège[25] ; la Bretagne et la Gascogne en fournissaient aussi d'estimés. Capitaines des mines et pétardiers ordinaires du Roi méritent les gages élevés qu'on leur alloue[26]. La plupart n'appartiennent pas à l'armée, ce sont des indépendants, comme les canonniers, et les autres officiers d'artillerie.

Bien qu'il commençât à s'établir en France des académies où l'on apprenait le tir du canon, peu de gens s'y entendaient encore[27]. Ceux qu'on appelait dans les provinces lieutenants de l'artillerie, étaient des fonctionnaires locaux chargés de passer les marchés de munitions, sous la surveillance du grand maure, et qui ne signalaient souvent leur présence que par des exactions et des fraudes. Ceux qui ont un service actif sont mal secondés : Daligé est un bon homme, dit Richelieu, mais trop seul, pas assez autorisé, a de fort mauvais officiers et trop peu[28].

L'artillerie, malgré tous ses défauts, prend une importance qu'elle n'avait jamais eue ; le nombre et le calibre des canons augmentent, on invente des engins nouveaux ; un ingénieur anglais, Maltus, applique chez nous au siège de La Mothe, en 1634, l'art de jeter des bombes[29]. Le cardinal crée une fonderie au Havre, il eu confie la direction à ces mérites ingénieurs qui avaient déjà celle des fortifications. Elle prend assez d'extension pour livrer, en 1630, cinquante pièces, de calibres plus forts qu'on n'en avait habituellement[30]. Une fonderie privée, à Châteaulin, fabriquait en un an 200 pièces de 12 et de 6[31] ; une autre fonctionnait quelques années après à Nancy, pour le compte de l'État, qui achetait aussi en Hollande des canons de la nouvelle invention. Nos boulets ne dépassaient jamais le poids de 24 livres ; et la plupart n'atteignaient pas celui de 12 ou de 18[32]. On citait quelques canons exceptionnels — un à Lisbonne, un autre en Lorraine — qui tiraient des boulets de cent livres, mais comme ils portaient moins juste que les pièces ordinaires, et qu'ils n'envoyaient pas les projectiles plus loin, ces tentatives n'encourageaient pas les imitateurs[33]. La confection des canons est une des préoccupations les plus vives du cardinal ; on en a tellement besoin, dit-il, qu'il ne faut pas regarder au prix. Ce prix était très-élevé ; et les étrangers quand ils nous en fournissaient, ne se faisaient pas scrupule de nous tromper sur la qualité. Des cinquante-cinq pièces de fer coulé de Sedan, écrit d'Effiat, il n'y en a pas une de bonne ; beaucoup ont déjà crevé. Les Hollandais, en nous vendant des canons de cuivre, mettaient, pour y gagner plus, du bas métal dans l'alliage[34].

Par rapport à ce qu'elle est de nos jours, la valeur des métaux est énorme sous Louis XIII. C'est un fort bon marché de ne payer la fonte que 45 livres les 50 kilos. Les canons, sortant des ateliers du fabricant, sont achetés par l'État sur le pied de 20 sous la livre de métal, sans parler des accessoires nécessaires pour partir en campagne. Comme une pièce de 18 pèse près de 8.000 livres, on se figure quelle dépense colossale pour le temps, représenta la mise sur pied de notre matériel de guerre[35].

Jusqu'à l'apparition des bombes, les assiégés, qui avaient l'avantage de la position, jetaient aux ennemis du haut de leurs remparts des grenades[36], et des pots à feu infiniment plus pesants que ceux qui leur étaient envoyés du dehors. Les grenades étaient quelquefois enfilées dans les flèches ; les pots à feu étaient toujours lancés à la main. Le premier venu pouvait préparer ce dernier engin, remplissant des pots de grès de poudre à canon, les couvrant bien et les liant avec une bonne ficelle, autour de laquelle étaient plusieurs bouts de mèches allumés. Ces pots se cassaient en tombant, la poudre s'enflammait, et les faisait voler en mille pièces ; ce qui causait, dit-on, un furieux fracas mais devait faire moins de mal que de peur. Avec la bombe, tout changea ; les mortiers permirent à l'assaillant d'atteindre les défenseurs au centre de leur ville, par une invention prodigieuse pour son effet et sa nouveauté[37]. On imagine aussi des fusées à crocs, lancées avec le mousquet, qui mettent le feu aux lieux où elles s'attachent ; on charge les canons à mitraille avec des balles de mousquet, des clous et des chaînes[38].

Tout l'effort de l'artillerie était réservé pour les sièges ; en campagne le nombre des canons ne s'accrut pas dans la proportion du nombre des soldats. Tandis que devant Montauban, l'armée royale avait 45 pièces, que les Rochelais en avaient 100 derrière leurs murailles, on voit des batailles rangées de 60.000 hommes où les Français n'ont à leur disposition que quatre petites pièces, et seulement pour faire ouverture dans les retranchements ennemis. En 1617, le duc de Guise dont l'armée n'avait pas de canons, en envoyait chercher à Chalons et à Rocroy, Richelieu en faisait venir quatre d'Orléans et autant d'Amiens. Plus tard, il se rappelle les difficultés de son premier et court passage au pouvoir : Il n'y a personne, dit-il, qui ne sache qu'une armée sans canons ne peut rien faire.

Mais il était plus facile de faire confectionner des pièces, que de les tirer ; de ces quatre éléments nécessaires : canon, boulet, poudre et mèche, il en manquait fréquemment un, qui empêchait les autres de servir : Je n'avais pas d'artillerie, écrit Turenne ; ordre à ceux de Nancy de m'en donner. On m'a envoyé un canon et seulement trois boulets de calibre ; nous nous sommes retirés[39]. De pareils faits se passaient vers la fin du règne de Louis XIII ; il restait donc encore pour l'artillerie, malgré l’œuvre considérable de vingt années, beaucoup de progrès à accomplir[40].

 

 

 



[1] Le rempart de Paris — construit sous Louis XIII, à peu près depuis l'emplacement du théâtre actuel du Gymnase, jusque vers la Seine, à l'endroit où se trouve aujourd'hui le pont de la Concorde — était selon le nouveau système, tandis que l'ancien rempart consistait en un mur très-élevé.

[2] En 1612, on démolit la citadelle de Bourg, le duc de Bellegarde en ôte solennellement la première pierre. Un chanoine pose en même temps la première pierre des nouveaux bastions. — Arch. com. de Bourg ; GG. 35. — On songea sous Mazarin à engager cette citadelle au duc de Savoie, moyennant 400.000 livres. Mss. GODEFROY (Institut), CXXV, 282.

[3] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 478 ; III, p. 214. — Lettres et papiers d'État, t. III, p. 363. — BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 227. — DANIEL, Histoire de la milice, t. I, p. 602, 610, 611. — Quelques places avaient en tout deux canons, un moyen et un petit. — Aff. Etrang., t. 798, f. 360.

[4] Arch. dép. du Calvados, C. 1679, 1681, 1695. — Pour le château de Caen ; pour la citadelle de Granville, construite en 1627, les adjudications se faisaient en présence de l'avocat du Roi, et d'un contrôleur du domaine. Les travaux achevés, c'est le gouverneur de la ville qui en devenait propriétaire au nom du Roi. Quand le gouverneur voulait se retirer chez lui — nous dirions aujourd'hui prendre sa retraite — le Roi lui envoyait un exempt des gardes du corps, auquel il remettait le château confié à sa garde. Arch. Guerre, XXIV, 62.

[5] Aff. Étrang., t. 790, F. 216 ; t. 796, f. 4. — FAUGÈRE, Journal d'un voyage à Paris en 1657, p. 18. Arch. Guerre, XXIV, 25, et XXIX, 44 bis. — Lettres et papiers d'État, I. I, p. 488. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 78. — Le Plessis-Besançon a titre de conseiller au conseil de guerre, capitaine des travaux en Picardie, et aide de camp des armées, il fut ensuite commissaire général des armées de France, charge créée pour lui. — Il n'a rien de commun avec Besançon le duelliste, dont il est question dans notre t. II, qui fut emprisonné au For-l'Evêque en 1633. — Le Plessis-Besançon inventa les chandeliers, à l'ouverture de la digue de la Rochelle.

[6] Aff. Étrang., t. 796, f. 136.

[7] Aff. Étrang., t. 797, f° 135. — DE BEAUREPAIRE, Cahiers des États de Normandie, t. I, p. 226. — Arch. Guerre, XXV, 135.

[8] Aff. Étrang., t. 790, f° 216. — A Bourg, la toise cube de maçonnerie vaut, en 1620, 25 livres. (Arch. com. de Bourg, EE. 19.) — A Nîmes, la façon d'une toise de maçonnerie coûte 5 livres 15 sous. (Arch. com. de Nîmes, KK, 19.) Mais ce sont là des toises de pays, beaucoup plus grandes.

[9] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 499.

[10] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 257. — Aff. Étrang., t. 783, f. 187 ; t. 784, f. 172 ; t. 795, f. 180 ; t. 797, f, 131. Le duc d'Angoulême propose que les capitaines soient obligés de porter, pour camper, 20 pelles et 20 pics.— En 1627, Pompée Targon demandait 1,200 pics à terre, 500 pics à rocs, 3.000 pelles moitié ferrées, etc., etc. — Les pelles de fer valaient 20 sols pièce, les brouettes, 3 livres.

[11] Colonel ALLENT, Histoire du corps du génie, p. 659. — Lettres et papiers d'État, t. II, p. 399. — Aff. Étrang., t. 800, f° 333.

[12] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 541 ; t. III, p. 46. — FONTENAY-MAREUIL parle d'un ingénieur italien, nomme Gamurin, lequel avait servi sous le marquis Spinola, et savait assurément quelque chose ; mais, comme il parlait mal le français, et que tout le monde lui était hostile, on n'en tirait pas grand avantage. — Mémoires, p. 160. — PONTCHARTRAIN, Mémoires, p. 471 ; PONTIS, p. 672 ; BASSOMPIERRE, p. 14.

[13] Arch. Guerre, XXVI, 67. — Arch. dép. de la Loire-Inférieure, B 1430. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 90.

[14] Arch. Guerre, XXXII. 123 ; LXXI, 52. — Lettres et papiers d'État, t. V, p. 829. — ALLENT, Histoire du corps du génie, p. 29, 35, 39. Le titre de surintendant des fortifications, porté par MM. de Béthune, de Durfort et A. Servien, de 1610 à 1634, n'exigeait aucune connaissance spéciale, et ne donnait qu'un pouvoir chimérique, jusqu'à ce que Des Noyers, à partir de 1635, le joignant à celui de secrétaire d'Etat de la guerre, en mit fait une réalité.

[15] Dédicace à Antoine de Ville, célèbre ingénieur, né à Toulouse en 1596, mort avec le grade de maréchal de camp.

[16] Arch. Guerre, XXVI, 73. — Lettres patentes de 1635 : Ayant été assuré de la capacité et expérience du sieur J. Guimbert, au fait de la géographie, et en la composition des cartes des pays et provinces, et n'y ayant, jusqu'à présent, aucune carte des provinces de Saintonge, Angoumois et Aunis, qui soit exacte et véritable, lui permettons d'en faire copier et tirer une, etc.

[17] TALLEMANT, t. VIII, p. 238. — PONTIS, Mémoires, p. 550. — M. d'Escures, premier maitre d'hôtel du dite d'Orléans, puis maréchal des logis des armées, faisait les cartes, en 1629. — Arch. dép. de l'Isère, B, 2920. Lettres de noblesse à J. de Reins, ingénieur et géographe du Coi en Dauphiné. — On voit que La Meilleraye, pendant la campagne de 1639, n'avait pas de cartes ; Richelieu en fit faire une qu'il lui envoya. — Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 449. — Arch. Guerre, XXIV, 423.

[18] Gazette du 23 avril 1632. — Arch. Guerre, XLIX, 172.

[19] A Vendôme, on traita pour 7.950 livres avec des artisans de la localité, à Mirebeau, pour 4.600. — Aff. Étrang., t. 787, f. 139 ; t. 813, f. 89.

[20] Arch. Guerre, XXIV, 109 et 165. — Arch. dép. Lot-et-Garonne, B. 13 ; Francescas, 13B. 5 ; Duras, BB. 1 ; Mas d'Agenois, AA. 1.

[21] Arch. dép. Haute-Garonne, C. 713. (Le diocèse de Toulouse paye 15.000 livres pour sa part des frais de démolition du château de Saverdun.)

[22] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 101. — Arch. Guerre, XXIV, 5. Correspondance de Henri DE SOURDIS, archevêque de Bordeaux, t. I, p. 1109. — Arch. Aff. Étrang., t. 800, f. 269. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 326.

[23] Ainsi que l'écrivait le sieur de Saint-Surin, durant la siège de Ré par le duc de Buckingham. — Arch. Aff. Étrang., t. 784, f° 237.

[24] MONTGLAT, Mémoires, p. 106, — PONTIS, Mémoires, p. 474. — Arch. Guerre, XXIV, 62. — On chargeait, en général, les mines de siège de six à sept cents livres de poudre. — BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 168.

[25] Arch. Aff. Étrang., t. 787, f° 250 ; t. 808, f° 173. — En 1634, un bourgeois de Liège, expert, depuis trente ans, en l'art de miner et contre-miner, témoigne un grand désir au service du Roi, ayant de très-beaux secrets et très-assurés, qui produiront des effets admirables avec peu de frais. Ibid., t. 812, f° 260. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 519.

[26] Sous ce règne, la pratique des mines s'améliore, on cercle en fer le coffre des poudres, et l'on s'aperçoit que l'effet est proportionnel à la résistance de ses parois ; on remarque aussi la propriété des espaces vides ménagés autour des charges, pour augmenter la force des fourneaux. — ALLENT, Histoire du génie, p. 40.

[27] Arch. com. de Toulon, BB. 55. — Lettres et papiers d'État, t. I, p. 628.

[28] Lettres et papiers d'État, t. III, p. 603. — Arch. dép. Haute-Garonne, B. 458. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 457, 527.

[29] Il mourut au siège de Gravelines, en 1644. — Suivant une autre version, les premières bombes parurent au siège de Bitche, un an avant celui de La Mothe.

[30] Arch. Aff. Étrang., t. 797, f° 125 ; t. 800, f° 80. — Le fondeur du Havre se nommait de Graville ; d'Argencourt surveillait les travaux. — Les pièces dont nous parlons se décomposent ainsi huit de boulets de vingt-quatre livres, dix de dix-huit livres, dix-sept de douze, sept de huit, et neuf de six, plus vingt autres canons en voie de fabrication.

[31] Arch. Aff. Étrang., t. 787, f° 132. — Les associés étaient Michel Donnevin, de Bordeaux, et Claude Marigo, sieur de La Villeneuve, de Quimperlé.

[32] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 505, 657 ; t. V, p. 951. — RICHELIEU, Mémoires, t, I, p. 607. — ROHAN, Mémoires, p. 580, parle avec étonnement d'une couleuvrine qui tirait plus de soixante volées. On appelait couleuvrines grandes, les pièces de 12, bâtardes, celles de 8, moyennes, celles de 6 ; au-dessous étaient les fauconneaux qui tiraient des boulets de 2 et 3 livres ; il y en avait beaucoup dans les petites- citadelles.

[33] DANIEL, Histoire de la milice, t. I, p. 446. — La longueur de ces canons était de vingt-deux pieds, et ils portaient, en mire ordinaire, à 1.600 pas. — Le poids de la charge équivalait au tiers du poids du boulet.

[34] Lettres et papiers d'État, t. III, p. 5, 9 ; t. VII, p. 945. — Arch. Aff. Étrang., t. 790, f° 26. — Arch. Guerre, XXXI, 134.

[35] Arch. Aff. Étrangères, t. 777, f. 132. — Une couleuvrine avec son équipage pèse 5.910 livres ; une bâtarde, 4.300. — Lettres et papiers d'État, t. II, p. 608, 699 ; t. III, p. 175. Le fondeur ne devait prendre que 200 livres pour la façon d'un canon de batterie, sans déchet, 150 livres de la couleuvrine, etc. — Pour le métal et la façon de 22 pétards, 802 livres. — Arch. com. de Nîmes, LL, 19. — 4 affûts pour les canons de la ville, 187 livres ; grenades, 25 écus le quintal.

[36] Mémoires de RICHELIEU, t. II, 82. — De BASSOMPIERRE, p. 167. — De LA VALLETTE, t. I, p. 240 ; les grenades de siège pèsent jusqu'à 200 livres. — En plaine, on employait des grenades d'un poids de 60 livres ; les pétards, accompagnés de fourchettes et de tirefonds, pesaient environ 40 livres.

[37] On connaît l'usage qui en fut fait au siège de Turin : le marquis de Leganez, pour ravitailler la place de munitions, y faisait jeter de la poudre avec des bombes ; on a lu dans toutes les histoires l'anecdote des bombes chargées de cailles grasses, qu'un Espagnol, par-dessus les murs, adressait à sa maîtresseMémoires de MONTGLAT, p. 99 ; de RICHELIEU, t. III, p. 330 ; de LA FORCE, t. III, p. 75 ; de PONTIS, p. 475 ;  TALLEMANT, t. II, p. 183 ; DANIEL, Histoire de la milice, t. I, p. 577, 580.

[38] Gazette du 7 mai 1632. — Mémoires de RICHELIEU, t. III, 255 ; de FONTENAY-MAREUIL, p. 92 ; de MONTGLAT, p. 40.

[39] Lettres et papiers d'État, t. I, p. 468 ; t. II, p. 104, 532 ; t. III, p. 143, 376 ; t. VIII, p. 336. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 244 ; t. II, p. 279, 432. — Montmorency avec 10.000 hommes a 40 canons, en 1629 ; le duc d'Angoulême avec 7.000 hommes a 24 canons ; à Lutzen, Wallenstein avait 6 batteries de 6 canons chacune. — Mais beaucoup de ces canons étaient infimes ; pièces de 4 à 6 livres de halles, dont parle PUYSÉGUR dans ses Mémoires, t. I, p. 195, et dont le nom, dit-il, n'est pas beau à coucher sur le papier. DANIEL, Histoire de la milice, t. I, p. 459. — DE BEAUREPAIRE, États de Normandie, t. II, p. 12.

[40] Arch. Aff. Étrang., t. 795, f. 100. — Nombre des pièces destinées à l'armée du Roi, en 1629 ; 81, dont 47 canons, 22 couleuvrines, 8 bâtardes, 4 moyennes ; boulets, 49.100 ; poudre, 914 livres ; plomb, 48.000 livres, etc. ROHAN, Mémoires, p. 607. — DANIEL, Histoire de la milice, t. I, p. 451. — En 1595, on regarda comme très-extraordinaire l'armée du comte de Fuentes, devant Cambrai, parce qu'il avait 70 canons.