RICHELIEU ET LA MONARCHIE ABSOLUE

 

TOME TROISIÈME. — ADMINISTRATION GÉNÉRALE (SUITE).

L’ARMÉE.

CHAPITRE IV — ARMES, ÉQUIPEMENT, UNIFORME.

 

 

Mousquets, arquebuses et pistolets. — Leur maniement ; lenteur du tir et ses conséquences. — Plomb, poudre et mèches. — La pique ; elle demeure l'arme d'une moitié de l'effectif. — Lances et hallebardes. — Armes nouvelles, mousquets à plusieurs coups. — Arsenaux et armuriers libres. — Fabrication et prix des armes, de la poudre. — Tentative d'établissement da monopole. — Les armes et l'équipement vendus au soldat par l'État. — Uniforme ; n'existe pas encore ; le gouvernement commence à habiller le soldat. — Casaques des sentinelles ; des gardes princiers et de quelques corps. — Insignes et marques distinctives des chefs. — Drapeaux et cornettes ; il n'y a pas de couleur royale.

 

Le mousquet sur l'épaule, la bandoulière au cou, dans la main droite qui soutient le mousquet, la fourchette[1], dans la main gauche une longue canne, tel nous apparaît l'homme de pied, sur les gravures d'Abraham Bosse ou de Callot. L'invention du mousquet datait du règne de François Ier ; il avait mis près d'un demi-siècle à détrôner l'arquebuse à rouet, qui résistait encore, reléguée dans les petites garnisons, appréciée par les gardes bourgeoises des villes pauvres[2].  Le mousquet était lui-même un instrument fort rudimentaire : le mousquetaire devait allumer sa mèche au  moyen d'un silex, puis la mettre de côté pendant qu'il chargeait son arme, reprendre ensuite sa mèche et en raviver la combustion ; cela fait, l'enrouler autour du serpentin, la compasser, c'est-à-dire lui donner la longueur nécessaire pour qu'elle atteignit le bassinet ; en effet, le serpentin s'abattait sur le bassinet par la détente d'un ressort, et communiquait directement le feu à la poudre[3]. La nuit, la lueur des mèches trahissait le mouvement des troupes. La nuit, comme le jour, une opération aussi compliquée demandait du temps et permettait à la furie française de jouer son rôle historique. Les ennemis, en face d'un régiment qui fondait sur eux au pas de course, n'auraient pas pu recharger leur arme ; ils ne tiraient donc que le plus tard possible, quelquefois à vingt ou trente pas, quitte à bicher pied si leur première et unique décharge n'avait pas réussi. Lors même qu'il ne s'engageait pas de mêlée, le nombre des coups était minime, comparé à celui des batailles modernes[4]. Au pas de Suze, après qu'on eut donné six balles à chaque soldat, il n'en resta pas une seule dans les caissons. Les bandoulières (cartouchières en style actuel) les plus larges ne contenaient que douze charges, dans les bourses où l'on mettait les balles. Ces balles de mousquet étaient en France de vingt, et en Hollande de quatorze à la livre[5]. La lenteur de leur tir empêchait aussi les armes à feu de régner sans conteste. On se servait encore de frondes ou de balistes. On s'adonnait au tir de l'arbalète. Si l'on oppose cent archers à cent mousquetaires, disait l'ambassadeur d'Angleterre, et si les archers peuvent se mettre à bonne portée, ils feront deux décharges pour une, et atteindront l'ennemi dans la même proportion[6]. Peut-être est-ce là un paradoxe, mais il montre combien les hommes de ce temps se rendaient compte de l'imperfection de l'arme en usage. C'était une question toujours à l'étude que celle de son amélioration. Plus d'une fois on délivre des privilèges pour la fabrication de mousquets tirant trois ou quatre coups à volonté par un seul canon et une seule détente. Le Roi envoyait au cardinal des modèles nouveaux de son invention[7]. Les fusils à pierre, dont on voit les Anglais se servir des 1628, ne pénétrèrent chez nous qu'à l'époque de la Fronde ; et l'ensemble de nos troupes n'en fut armé que sous Louvois[8].

En même temps apparut, au bout du fusil, la baïonnette, qui devait remplacer la pique, vers le début du dix-huitième siècle[9]. Sous Louis XIII, cette lourde pique de quatorze pieds, dont le maniement exigeait autant d'adresse que de force musculaire, que l'on présentait de biais, plate, haute ou traînante, est encore en pleine faveur. Tout capitaine porte la pique sur l'épaule, et sa compagnie renferme presque autant de piquiers que de mousquetaires[10] ; le mousquetaire et le piquier ne peuvent encore se passer l'un de l'autre. L'un est l'attaque, l'autre la défense ; le premier combat de loin, le second de près. La hallebarde, inventée sous Louis XI, commence à être délaissée ; elle prend le chemin des antichambres et des églises où elle ira finir. La lance vient d'être proscrite en France et aux Pays-Bas ; mais les Espagnols la conservent, u plus par gravité que par raison ; mais la pique tient bon. Cependant, disaient depuis longtemps les hommes de guerre : le plus de mousquets qu'il peut y avoir aux régiments est le meilleur[11]. Du jour où le fantassin eut appris à se défendre contre la cavalerie, en mettant une arme blanche au bout de son arme à feu, la pique fut vouée à l'oubli.

L'État ne fabriquait pas d'armes lui-même ; Richelieu monta une fonderie de canons, mais pour les mousquets, piques, pistolets ou épées, on s'adressa toujours à l'industrie privée, soit en France, soit à l'étranger. Dans les arsenaux, dans les citadelles, il n'existe que des rossignols hors de service : couleuvrines sur le ventre, vieilles bandoulières, paquets de hallebardes brisées[12]. En revanche, les quincailliers, les armuriers sont abondamment fournis ; le gouvernement est au courant de leurs provisions afin d'y faire appel en cas de nécessité[13]. De plus, il pouvait se trouver chez les bourgeois, en 1637, de quoi armer 50.000 hommes[14]. Le prix des engins de guerre, poudre, mèches etc., subit donc les fluctuations de l'offre et de la demande, depuis les riches mousquets incrustés d'ivoire des gardes du Roi, jusqu'aux demi-arquebuses qui suffisent aux municipalités de province[15].

Achetés en gros par le gouvernement, les mousquets lui reviennent (bandoulière comprise) à 8 ou 10 livres ; les piques à 30 ou 40 sous, la livre de balles à 3 sous et demi, les mèches à 6 livres le cent[16] ; vendus au détail, les mêmes objets coûtent naturellement beaucoup plus. On paye des mousquets jusqu'à 14 et 16 livres et des piques jusqu'à 4 et 5 livres à Toulouse, à Nîmes, à Saint-Sever[17]. Les armes paraissent chères vers 1620, diminuent ensuite, — sans doute la guerre, en multipliant les armuriers, engendra l'abondance, — puis, augmentent à la fin du règne, la fabrication ne pouvant se maintenir en rapport avec les besoins. Plus tard, par suite de l'adoption du fusil, le marché se trouva encombré de mousquets sans emploi, qui furent cédés à vil prix aux soldats de milice[18].

Pour la poudre de guerre, des faits économiques du même ordre se produisirent, mais en sens inverse. Soit que la matière première fit défaut, soit que les usines fussent trop rares, la poudre qui valait 10 sous en 1613, s'éleva jusqu'au prix d'une livre cinq sols en 1632 ; cependant, il était loisible à tous ceux qui savaient en faire, de la vendre à toutes personnes et en tous lieux[19]. Les ateliers du munitionnaire ne pouvant livrer que 200.000 livres par an, l'État en achetait de divers industriels[20]. En 1634, un partisan, François Sabathier[21], proposa de tirer des voiries, boues et basses fosses de la ville de Paris, plus de salpêtre qu'il n'en faudrait pour les arsenaux et le public. On lui accorda le monopole de la fabrication, interdite à tout autre sous les peines les plus graves. Le nouveau concessionnaire avait pouvoir de faire démolir les ustensiles et moulins des salpêtriers et poudriers. Il exécuta très-exactement cette partie de son entreprise, — toutes les manufactures furent détruites, — mais il ne put venir à bout de l'autre, et ne fournit rien de ce qu'il avait promis. Ce fut une expérience désastreuse. L'armée avait si peu de poudre que, pour la ménager, on n'en donnait qu'aux sentinelles, et que s'il eût fallu combattre, on en eût été bien empêché[22]. En vain le gouvernement eut recours à l'étranger, particulièrement à la Hollande ; en vain il rendit aux fabricants dépossédés le droit qu'il leur avait enlevé, ou leur enjoignit de faire incessamment la plus grande quantité de poudre possible ; comme il est plus aisé de détruire que de créer, l’État paya cher l'atteinte portée à la liberté de cette industrie, au moment où elle lui était le plus nécessaire[23].

D'autant que la consommation de la poudre augmentait chaque jour par l'introduction d'une tactique nouvelle. Tandis que le canon prenait une place de plus en plus importante, l'arme à feu qui tendait à se généraliser dans l'infanterie, commençait à pénétrer dans la cavalerie. Ce n'est plus seulement avec un pistolet à l'arçon de la selle, mais avec un mousqueton, une carabine, que bien des cavaliers marchent au combat[24]. Les lourdes rapières, les longues estocades sont reléguées au deuxième plan ; quant au sabre, les Turcs, seuls en Europe, s'en servaient, le faisant tournoyer au-dessus de leurs têtes, quand ils assaillaient l'ennemi[25].

Par suite de la même transformation, les armes défensives disparaissent. A la fin du ministère de Richelieu, les piquiers abandonnent leur corselet et leurs tassettes[26], les cuirasses, les brassards, les gantelets, tout l'attirail du moyen lige, sont déjà hors d'usage dans la cavalerie ; à plus forte raison les boucliers et les rondaches. Le Roi, qui tenait pour le vieux système, est impuissant à le maintenir. Les ordonnances ont beau menacer de la dégradation les gentilshommes qui, selon la mauvaise coutume introduite par la vanité de quelques-uns, dédaignent de revêtir leurs armes, elles ne sont pas écoutées. Ceux que l'on forçait de les porter ne veulent plus les entretenir ; il faut que les chefs fassent fourbir celles de leurs soldats par des armuriers de profession, tandis qu'au moyen âge, le soin de son armure était le principal souci du guerrier[27]. Si le justaucorps de buffle et le casque léger subsistent, c'est affaire d'élégance plutôt qu'appréhension d’un péril dont ils seraient impuissants à protéger. On conserve encore des armures de cérémonie, dorées ou argentées ; mais on ne verrait plus, au milieu du dix-septième siècle, des seigneurs se promener armés de noir et or, en signe de deuil de leur belle, comme le fit M. de Guise, sous Henri IV[28].

Dans une complainte de 1630, — le Chapelier devenu soldat, — dont la vogue fut grande, l'homme de pied, blessé mortellement devant la Rochelle, fait son testament ; il lègue an sergent son mousquet, à des camarades son épée et son baudrier, au tambour son pourpoint et ses chausses ; son manteau, bonnet et jarretières à un créancier ; ses souliers, bas, chemises avec son sac à son goujat. Son chapeau et son panache payeront son lit d'hôpital ; l'argent de sa paye servira à l'ensevelir[29]. On le voit, le soldat est propriétaire de ses armes et de son équipement ; mais ce n'est pas un cadeau, c'est une avance que l'État lui fait ; on lui retient sur sa solde le prix de son mousquet vieux ou neuf[30].

Il en était de même des vêtements. Si l'uniforme est inconnu, si les habits achetés par l'État ne sont pas tous pareils, il se préoccupe du moins d'en acheter, et d'en fournir aux troupes, ce qui était une nouveauté. Le régiment d'Estissac, écrit-on à Richelieu, demande des habits ; ce que nous n'avons pas osé lui donner sans la volonté expresse de Sa Majesté, bien que ce soit chose raisonnable[31]. Cependant lorsque le ministre de la guerre envoya des vestes et des hauts-de-chausses à l'armée de Valteline, le fait parut si anormal à la douane de Valence qu'elle les arrêta au passage[32]. En 1628, le Roi imposa aux bonnes villes du royaume la confection de vêtements pour les troupes ; ce que chacune exécuta à l'envi, avec grand contentement[33]. Mesure exceptionnelle, puisque les communes ne furent, pas tenues plus tard d'habiller leurs miliciens. Le gouvernement délivre les vêtements aux chefs de corps contre des reçus de leur main, et en retient le prix sur la montre de chaque régiment[34]. Il s'occupe aussi d'en faire des provisions, d'en créer des dépôts[35]. Il passe des marchés de souliers, de sabots, quand les troupes y ont avantage ; entre dans tous les détails. De Noyers écrivait à Richelieu : L'on ne peut avoir les souliers pour l'armée à moins de quarante-huit sous, plus le port, qui revient à cinq sous par paire. Je trouve dans mes mémoires d'Allemagne, qu'en 1632 ils ne me coulèrent que trente-quatre sous à Strasbourg. De sorte que je pense qu'il sera plus à propos d'en donner avis à M. d'Andilly[36], que de lui envoyer une marchandise dont la cherté désespérerait le soldat, qui, avec un peu de soin, la peut avoir à meilleur marché-sur les lieux[37].

Par exemple le pouvoir n'est pas tendre pour le guerrier qui dérobe le costume à lui confié ; on passe par les armes un soldat des gardes qui s'était enfui avec son habit[38]. Quelle différence toutefois avec cette infanterie du siècle précédent, où il y avait bien des bons hommes, dit Brantôme, mais la plupart vêtus plus à la pendarde qu'à la propreté, avec des chemises à longues et grandes manches, qui leur duraient plus de trois mois sans changer ; les jambes nues, les cuisses souvent aussi, portant leurs bas à la ceinture, les chausses bigarrées, découpées, déchiquetées et balafrées !

De là aux mousquetaires de Louis XIV à qui le Roi ordonnait de porter, selon sa fantaisie, soit un justaucorps de velours noir, soit un buffle aux manches ornées de diamants, il y a un anime[39]. Entre ce luxe et ce débraillé, entre ces galons et ces loques, se place pendant la guerre de Trente ans, une armée ignorante des beautés de l'uniforme qu'elle réclamera plus tard[40]. Pour se reconnaître dans la bataille, les hommes passent leur chemise sur le pourpoint, ou la tirent hors des chausses, — ce qu'on nommait une camisade. — Outre ces signes distinctifs à bon marché, on donne des casaques d'uniforme aux sentinelles et aux troupes de parade[41]. Les gardes du corps ont la bandoulière d'argent, le manteau de drap blanc, le pourpoint à basques rouges et vertes ; les Suisses vêtus de rouge, bleu et jaune, ont un attirail si fantastique, dit un voyageur anglais, qu'un novice arrivé nouvellement à la cour, croirait presque s'il en voyait un, seul et sans armes, que c'est le fou du Roi[42]. Les archers de la connétablie sont habillés d'un hoqueton qui ne vaut pas moins de 100 livres. Les princes donnent à leurs gendarmes des livrées brillantes. Ceux de Monsieur portent dans le dos et sur la poitrine son chiffre en broderie d'or ; ceux du duc de Longueville ont les aiguillettes bleu blanc et vert ; Richelieu, surintendant de la maison de la Reine, en 1619, habille les gardes de cette princesse de mandilles noires avec croix blanches ; il espère avoir assez de fonds pour y joindre de bons chapeaux et souliers, ce qui pare le plus[43]. Ceux qui vont à l'économie, font faire des casaques à deux envers qui servent alternativement des deux côtés ; d'où cette expression, introduite dans la langue, de retourner sa veste[44]. Le duc de Lorraine, qui aurait levé, au dire de Schiller, une armée de dix-sept mille hommes, dont l'uniforme éclatant attirait tous les regards allait lui-même, à la Savaterie, marchander des bottes pour ses cavaliers[45].

Aucun costume spécial, aucune marque ne distinguait les 91ficiers des soldats, et à plus forte raison les officiers entre eux. Le prince de Condé, en lutte avec l'armée protestante, ordonne après la victoire de pendre les officiers prisonniers. On en pendit ainsi soixante-quatre, non qu'ils fussent tous officiers, mais ceux qui étaient bien vêtus se disaient tels, pensant être mieux traités[46]. Bien vêtus, les officiers ne le sont pas toujours ; au départ, souvent couverts de broderies et de plumes, parés pour la bataille comme pour le bal ; après quelques mois de campagne, on les revoit couverts de gros buffles, halés et crasseux. C'est alors, quand leur habit n'est pas trop beau, qu'un joli collet de satin clair ou de grandes aiguillettes à bout d'argent donnés par le Roi seront les très-bienvenus[47].

Pas plus que les vêtements, les drapeaux n'étaient uniformes dans l'armée. Enseignes immenses de l'infanterie, rarement déployées en entier, et qui traîneraient à terre si l'extrémité n'était ramenée sous le bras du porteur, cornettes petites et légères de la cavalerie, varient les unes et les autres à l'infini ; chaque nouveau capitaine y brode ses armes, son chiffre, sa devise[48]. Couleurs, emblèmes, dessins, tout dépend de la fantaisie du chef. On sait que jusqu'à la Révolution, ce mot : Drapeau de la France, ne put être pris que dans le sens figuré, puisqu'il n'y avait proprement aucun drapeau national[49]. Ce qui était national, c'était l'écharpe. L'écharpe française était blanche[50]. Mais la cornette blanche portée devant le général d'armée aussi bien que devant le Roi, appartenait plus particulièrement au colonel général de l'infanterie. On ne saurait dire, par conséquent, quelle est la véritable couleur royale, puisque la livrée du Roi est bleue[51], et que ses drapeaux, où le blanc est toujours mélangé de bleu et d'incarnat, sont tricolores[52].

 

 

 



[1] Bâton terminé par une fourche sur lequel on appuie le canon pour mieux viser.

[2] Le rouet était une petite roue d'acier, appliquée contre la platine, et percée d'un essieu. A cet essieu était attachée une chainette, qui s'entortillait autour de lui, et bandait le ressort. Cette opération se faisait au moyen d'une clef, et avait pour effet d'armer l'arquebuse ou le pistolet ; le chien garni d'une pierre de mine était ainsi prêt à retomber sur l'amorce et à lui communiquer le feu.

[3] Cf. M. C. ROUSSET, Histoire de Louvois, t. Ier.

[4] RICHELIEU, Mémoires, t. Ier, P. 478.

[5] PUYSÉGUR, Mémoires, t. III, p. 120. — Arch. Guerre, XXVI, 27. — RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 8,

[6] Mémoires de lord Herbert CHERBURY, ambassadeur d'Angleterre, traduits par le comte de haillon, p. 45.

[7] Gazette du 6 août 4632. — Arch. Guerre, LXII, 361. — Arch. dép. de l'Isère, B. 2922. — Mémoires d'ARNAUD D'ANDILLY, p. 4.15. — de PONTIS, p. 449.

[8] RICHELIEU, Mémoires, t. Ier, p. 520. — C. ROUSSET, Histoire de Louvois, t. Ier. — SUZANNE, Histoire de l'infanterie française, t. Ier.

[9] Louvois avait tenté vainement de la supprimer.

[10] Arch. Guerre, XXVI, 27. — Régiments étrangers : 43 mousquetaires et 36 piquiers. — En fait, les chiffres variaient beaucoup. En 1639, à l'armée de La Vallette, le régiment de Nerestang a 302 mousquetaires et 264 piquiers ; Auvergne, 364 mousquetaires et 168 piquiers ; Lorraine, 244 mousquetaires et 188 piquiers ; Pierre Jourde, 150 mousquetaires et 240 piquiers ; Henrichemont, 228 mousquetaires et 282 piquiers ; Clermont, 104 mousquetaires et 164 piquiers ; Courcelles, 360 mousquetaires et 252 piquiers. — LA VALLETTE, Mémoires, t. II, p. 216.

[11] Mémoires de Guillaume DE SAULX-TAVANNES. — Lettres et papiers d'État, t. V, p. 265. — DANIEL, Histoire de la milice, t. Ier, p. 432 ; t. II, p. 591.

[12] Aff. Étrang., t. 797, f. 113, et un grand nombre d'inventaires passim. Sous Louis XIV, tout changea. Cf. l'inventaire de l'arsenal de Quimper, en 1670. A. DU CHATELLIER, Histoire des évêchés de Cornouailles et de Léon.

[13] Arch. nationales, KK. 133. La reine Anne d'Autriche en envoie au Roi (1620) la liste dressée par le lieutenant civil.

[14] Ms. JOLY DE FLEURY, 1428, fol. 1 à 4. Bibliothèque nationale.

[15] Voyages de THOMAS CONYATE à Paris, en 1608, p. 31. — Arch. Com. de Nevers, CC. 279. — Le demi mousquet avec sa fourchette, 10 livres 10 sols en 1610. — Arch. de Lot-et-Garonne. Francescas, RR, 10. — L'arquebuse, en 1620, 7 livres. — Les armuriers passaient pour s'être tous enrichis au moment de la prise de Corbie, qui effraya Paris, et fit acheter des armes à tout le monde. — Variétés historiques d'Éd. FOURNIER, t. V, p. 337.

[16] Arch. Aff. Étrang., t. 597, f. 131 ; t. 808, f. 164. — Le plomb valait 10 livres le quintal. Tarif du conseil pour la subvention du vingtième en 1641. (Les hallebardes sont cotées 10 livres la douzaine.) — Lettres et papiers d'État, t. II, p. 693 ; t. III, p. 12 ; VI, 261. — Les pistolets valent en 1635, 9 livres la pièce, les épées 5 livres, les poignards 2 livres. Arch. Aff. Étrang., t. 812, f. 26. La ville de Nîmes achète, en 1641, vingt épées, 13 livres. — En 1650, au bourg de Francescas, Lot-et-Garonne, une épée coûte 3 livres.

[17] Arch. dép. de la Haute-Garonne, C. 708. — Arch. dép. des Landes Saint-Sever, EE. 1. — Arch. com. de Nîmes, LL. 18 ; KK. 7, et CC. 158, 164. La ville achète des mousquets 12 livres 10 sols, en 1618, 11 livres en 1621 (en fer d'Espagne), 10 livres en 1625, mais elle fournit la forge. — Arch. com. de Nevers, CC. 268, — Les meilleurs mousquets venaient d'Abbeville, les meilleures piques de Biscaye.

[18] A 5 livres pièce. MONTEIL, Histoire des Français. Notes.

[19] Ordonnance du 11 août 1630. — Le gouvernement achète sa poudre 11 sous en 1610, et 10 sous en 1627. — Arch. Aff. Étrang., t. 787, f, 217. — Lettres et papiers d'État, t. VI, 261 ; t. VII, p. 934. — La livre de poudre vaut à Rodez, en 1611, 13 sous, Arch, com. du bourg de Rodez, CC. 156 ; à Toulouse, en 1621, 12 sous, Arch. dép. de la Haute-Garonne, C. 708 ; à Nevers et à Saint-Sever en 1610, 16 sous, Arch. coin. de Nevers, CC. 163, 268. — Arch. dép. des Landes, Saint-Sever, EE. 1, à Avallon, en 1617, 13 sous ; en 1637, 20 sous, Arch. com. d'Avallon, BB. 3.

[20] Le cardinal dit en avoir acheté quatre-vingts milliers de madame Leclerc, femme d'un fournisseur de l'armée, pour ne dégarnir point l'arsenal. Il dit aussi en avoir emprunté de M.M. d'Épernon et de Luxembourg. — Lettres et papiers d'État, t. II, p. 633 ; t. III, p. 41.

[21] Il était, parait-il, protégé par La Meilleraye.

[22] Édits de janvier 1634. — Ordonnance du 8 octobre 1640. — FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 254. — Par l'édit de 1634, la vente de la poudre devait se faire dans chaque ville deux fois par semaine ; on créait trente magasins ; à la tête de chacun, un commissaire et deux sergents, et au-dessus d'eux tous, un conseiller d'État, surintendant général des poudres. De plus, deux cents compositeurs de poudres, cinq cents salpêtriers, mille vendeurs. Le tout sur le papier.

[23] Ordonnance du 11 août 1636, Arch. guerre, XXIX, 86. — MONTRÉSOR, Mémoires, p. 202. — Proportionnellement aux autres marchandises, la poudre de guerre a bien diminué depuis cette époque, puisque l'État, qui la fabrique, la vend en 1885, avec bénéfice, 1 fr. 60 ; que la poudre de mine vaut 1 fr. 25, et la poudre de commerce extérieur 1 fr. 10.

[24] Gazette du 16 novembre 1632. — MONTGLAT, Mémoires, p. 93. — Relazioni dei ambasciatori Veneti. — Francia, t. II, p. 347.

[25] PONTIS, Mémoires, p. 645. Quelques régiments allemands, en petit nombre, avaient aussi le sabre.

[26] PUYSÉGUR, Mémoires, t. Ier, p. 176. — RICHELIEU, Mémoires, t. Ier, p. 478. — Les tassettes étaient une plaque creuse, en forme de coquille, qui couvrait le ventre.

[27] Arch. Guerre, XXVIII, 269. — Lettres et papiers d’État, t. V, p. 1045 ; VI, p. 151. — PONTIS, Mémoires, p. 596. — PUYSÉGUR, Mémoires, t. Ier, p. 93. — DANIEL, Histoire de la milice, t. Ier, p. 392, 396. — Ces armes étaient chères. On vend, en 1629, la cuirasse du premier consul de Vignonot, au pays de Foix, 97 livres. Arch. des Basses-Pyrénées, B. 1193.

[28] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 42. — PONTIS, Mémoires, p. 487, dit qu'il ne faudrait pas tant de force pour abattre l'épaule que pour couper un buffle d'un coup d'épée, mais contre la mousqueterie le buffle n'était d'aucune utilité.

[29] Variétés historiques et littéraires d'Ed. FOURNIER, t. V, p. 36. — Voyez dans le t. II d'Abraham Bosse, Les costumes des gardes-françaises.

[30] Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 191 ; t. V, p. 91. — Arch. Aff. Étrang., t. 834, f. 220 ; nous voyons que Sabathier a fourni à l'arsenal sept mille six cent soixante-treize mousquets, que l'on envoie par petites portions aux diverses armées. — Au dix-huitième siècle, les mousquetaires se fournissent eux-mêmes de leurs fusils. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 221.

[31] Lettres et papiers d'État, t. III, p. 53.

[32] Arch. Guerre, XXVIII, 292.

[33] La ville de Paris emprunta à cet effet 80.000 livres. — RICHELIEU, Mémoires, t. Ier, p. 51.3. — Arch. com. d'Avallon, EE, 67. Arch. Guerre, XXXI, 214.

[34] C'est le nom donné à la solde ; voyez plus loin le chapitre VII. — Cette retenue est de 2.000 livres en 1636.

[35] Arch. Guerre, XXIV, 192 ; XXVIII, 5. — Richelieu, en 1629, fait partir avec lui vingt mille habits que le Roi a fait faire pour les soldats cet hiver. Lettres et papiers d'État, t. III, p. 481.

[36] A cette époque, intendant de l'armée du Rhin.

[37] Arch. Aff. Étrang., t. 813, f. 52. — Lettres et papiers d'État, t. II, p. 622.

[38] Lettres et papiers d'État, t. III, p. 46.

[39] DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 225.

[40] La première ordonnance à ce sujet date de la paix de Nimègue.

[41] PUYSÉGUR, Mémoires, t. Ier, p. 37. — Lettres et papiers d'État, t. V, p. 635 ; t, II, p.35.

[42] Voyage de THOMAS CORVATE en 1608, p. 31. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 138.

[43] Lettres et papiers d'État, t. Ier, p. 627. — Arch. Guerre, XXVII, p. 57. — Mémoires du duc d'Orléans, p. 571, 605. — FLOQUET, Histoire du Parlement de Normandie, t. IV, p. 338. — En Flandre, le cardinal-infant avait cent gardes vêtus de ses livrées, moitié de velours et moitié de taffetas jaune à bandes de passements houppés.

[44] Il y avait aussi des pagnotes, soldats loués pour servir d'escorte aux jours de cérémonie, avec des uniformes dont ils étaient propriétaires. — Les gardes bourgeoises avaient parfois des costumes. Un marchand de la rue Aubry-Coucher, capitaine de son quartier, s'avisa, à l'entrée de Louis XIII, après La Rochelle, d'habiller tons ses soldats de vert, parce que c'était la couleur de sa belle. Il alla ensuite faire une salve devant la maison de la dame à qui il voulait plaire. — TALLEMANT, t. IV, 13.

[45] SCHILLER, Guerre de Trente ans, p. 228. — SECRAIS, Mémoires, p. 134.

[46] ROHAN, Mémoires, p. 585.

[47] Mémoires de MONTGLAT, p. 94 ; de PUYSÉGUR, t. Ier, p. 73. — Le marquis de la Force avait, écrit-il, au passage du mont Cenis, sa bongreline fourrée, un capuchon sons le chapeau doublé de panne, des gants fourrés, un manchon de loutre, une peau d'agneau, et trois bas de laine. Il parle d'un pauvre garçon fort mal vêtu et nu-tête, à qui le froid avait fait crever la peau du ventre et des cuisses. Mémoires, t. III, p. 315.

[48] Baradas, après sa disgrâce, inscrit sur le drapeau de son régiment, cette phrase : Fiat voluntas tua. — Cf. Aug. GALAND, Les Enseignes et Étendards de France. (Ouvrage imprimé en 1637.)

[49] Les chevau-légers du Roi avaient sur leur cornette un foudre avec cette devise : Sensere gigantes. DANIEL, Histoire de la milice, t, II, p. 206. — Les colonels du roi de Suède représentent sur leurs drapeaux un homme qu'un autre fend par la moitié, et force gens, des flambeaux à la main, avec ce mot : Lotharingia. — Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 248.

[50] LA PORTE, Mémoires, p. 18.

[51] Il était défendu à tout le monde de la prendre, excepté au duc de Montmorency.

[52] DANIEL, Histoire de la milice, t. Ier, p. 287, 587, 510. — Lettres et papiers d'État, t. V, p. 506. — Le Roi refusait, en 1639, de donner le drapeau blanc aux nouveaux régiments.