RICHELIEU ET LA MONARCHIE ABSOLUE

 

TOME TROISIÈME. — ADMINISTRATION GÉNÉRALE (SUITE).

L’ARMÉE.

CHAPITRE II. — LES EFFECTIFS.

 

 

Nombre des soldats dans chaque compagnie ; des compagnies dans chaque régiment. — Infanterie : régiment des gardes ; vieux régiments, régiments entretenus, régiments nouvellement levés. — Hiérarchie des corps et des officiers. — Cavalerie : maison du Roi, gendarmes, chevaux, légers, mousquetaires, carabins, dragons. — Cavalerie hongroise. —Indépendance des compagnies ; essais infructueux de formation d'escadrons et de régiments. — Effectif des compagnies de cavalerie. — Rareté des bons chevaux. — Effectifs généraux des armées françaises ; des armées étrangères. — Mortalité plus grande qu'aujourd'hui.

 

Par effectif, on entend le nombre d'hommes qui composent une compagnie, un régiment, une armée. Ce nombre n'a rien de fixe ; il est des compagnies de quinze soldats et des compagnies de deux cents, et beaucoup moins de celles-ci que des premières, ce qui faisait dire à l'ambassadeur vénitien que le tiers de l'armée française se composait réellement d'officiers, puisqu'il y en avait toujours autant, si réduites que fussent les troupes[1].

Le chiffre des compagnies de chaque régiment étant aussi divers que le chiffre des hommes dans chaque compagnie, il s'ensuit que tel mestre de camp, comme celui du régiment des gardes, a sous ses ordres six mille hommes, et que tel autre n'en a que trois cents ; effectif qu'avait jadis un cornette de reitres, ou un enseigne de lansquenets[2]. La règle particulière de chaque corps, c'était la commission en vertu de laquelle le chef avait fait sa levée ; il devait la remplir sans la dépasser. Il l'excédait parfois, — les compagnies d'infanterie de File de Ré, figurant sur les états pour cinquante hommes, étaient de cent dix, — mais, le plus souvent, les chiffres prescrits n'étaient pas atteints[3]. Nous ne parlons pas ici des effectifs de paix, inférieurs de moitié ou des deux tiers[4], mais bien du total des soldats qui devaient figurer devant l'ennemi.

La plupart des régiments nouvellement créés étaient de vingt compagnies de soixante bornoies chacune, soit douze cents soldats ; sur le papier, bien entendu, et dans les cartons du ministre. Dans les camps, c'est autre chose : de toutes les revues passées sur le terrain, nous pouvons conclure qu'il n'y avait peut-être ni deux régiments pareils dans toute l'armée, ni deux compagnies égales dans chaque régiment. L'armée du maréchal de la Force comprend dix-sept régiments, cent quatre-vingt-cinq compagnies et seize mille hommes, et les régiments ont de six cents à dix-sept cents hommes chacun, répartis en dix, douze, seize compagnies[5]. Par celle-là, on peut juger des autres. On coupait les vivres aux capitaines, quand les vides devenaient trop nombreux, jusqu'à ce qu'ils eussent fait quelque effort pour les remplir ; ou bien on leur infligeait une amende par chaque homme manquant[6]. Louis XIII alla jusqu'à interdire des officiers qui ne tenaient pas leurs troupes sur un bon pied[7].

On commettrait une grave erreur si l'on essayait d'établir une assimilation quelconque entre les titres de lieutenants, capitaines, mestres de camp (colonels), tels qu'on les voit sous Richelieu et la hiérarchie militaire qui existe de nos jours. Le mestre de camp de tel régiment est à peine l'égal du capitaine ou du lieutenant de tel autre. Le rang de l'officier ne dépend pas de son grade, mais uniquement du corps où il l'occupe, et dans ce corps il y a entre les officiers du même grade une préséance, selon la compagnie qu'ils commandent[8]. Un capitaine au régiment des Gardes, qui a sous lui deux cent cinquante soldats, tous gens bien faits et bien vêtus, dont quatre-vingt jeunes cadets de bonne maison, en bel équipage, qui, durant la paix, conserve son poste et sa solde, ne peut se comparer au mestre de camp d'un petit régiment dont l'effectif dépasse à peine celui de sa compagnie, et qui, recruté hier, disparaîtra demain[9]. Ce régiment des Gardes est, sous Louis XIII, le premier de France ; trente compagnies de deux cents hommes le composaient ; son mestre de camp, le marquis de Créqui, était donc à la tête d'une petite armée, où la jeune noblesse venait débuter, comme dans la meilleure et la moins coûteuse des académies[10].

Après les Gardes venaient les quatre vieux régiments, qui, au milieu de vicissitudes infinies, avaient subsisté depuis un siècle d’une façon permanente Picardie, Piémont, Champagne et Navarre. Commandés par les plus grands seigneurs, Béthune, Saulx-Tavanne, Schomberg, d'Andelot, etc., ils atteignent un effectif de deux mille hommes chacun[11]. Le Roi connaît les noms de tous leurs officiers, en sait les qualités et les défauts, tient à donner seul, dans les cas graves, des ordres aux capitaines, à pourvoir seul aux vacances. De ses prérogatives souveraines, c'est celle qu'il a le plus à cœur[12].

Au-dessous de ces corps privilégiés étaient classés, les régiments entretenus à conduite, ceux qu'on appela plus tard les petits vieux : Normandie, jadis à Concini, puis à Cadenet, le frère de Luynes, Ile-de-France dit Rambures, Maugeron, Nerestang, Vaubecour, Bellenave, Saint-Luc, Saulx et Chamblay ; possédés alors par les seigneurs de ce nom, ils changèrent dix fois de propriétaires par la suite, sans perdre leur antique prééminence[13], sans la partager même avec ces régiments de province, à drapeaux blancs comme eux, créés sur la fin du règne, et dont Turenne était un des colonels[14].

Enfin, au dernier rang, venait la foule des corps de création nouvelle, une centaine en 1640[15], renaissants et mourants, vendus, réformés, troqués, augmentés et diminués, selon le rang du mestre de camp et selon l'état de ses finances. Parmi les plus connus : le Plessis-Praslin, Ménillet, Juigné, Le Chatelier, Verdun, Mirepoix, Aubeterre, etc.[16]

Dans ceux-là, les mestres de camp sont souverains[17], nomment leurs capitaines, qui, à leur tour, choisissent les officiers subalternes ; car l'unité militaire est toujours la compagnie. Sous les ordres du capitaine et de son lieutenant : l'enseigne, deux sergents et les anspessades dans l'infanterie, le cornette et le maréchal des logis, dans les chevau-légers et les mousquetaires[18].

Dans la cavalerie, les simples soldats étaient supérieurs à ceux qu'on nommait les petits officiers, fourriers et autres, destinés en quelque sorte à exécuter leurs ordres. Un tambour et un fifre complétaient la compagnie de gens de pied, un trompette celle de cavaliers[19].

Le régiment comprenait, sous le mestre de camp, un lieutenant-colonel, un commissaire à la conduite (surveillant civil), un sergent-major (correspondant à l'adjudant-major actuel), un quartier-maitre ou maréchal des logis (qui n'étaient pas des sinécures, puisque les troupes n'ayant pas de casernes, logeaient chez l'habitant) ; un aumônier, un chirurgien, un prévôt et ses archers, pour veiller à la police et exécuter les jugements militaires[20]. Le mestre de camp est aussi capitaine d'une des compagnies de son régiment ; un lieutenant la commande en son nom, elle a le pas sur toutes les autres, sauf dans les vieux régiments sur la compagnie colonelle qui porte le drapeau blanc de M. d'Épernon, colonel de l'infanterie[21].

Autant un homme à cheval l'emporte sur les gens de pied autant la cavalerie est estimée au-dessus de l'infanterie. Un capitaine de la première est l'égal, en ce temps, d'un mestre de camp de la seconde. Une distance énorme sépare aussi les divers corps de cavalerie les uns des autres. Le carabin n'est rien devant le chevau-léger, qui lui-même est peu de chose devant le gendarme. Le gendarme ou homme d'armes, — on dit l'un et l'autre, — procède directement du moyen âge, il en porte encore le costume superbe : robe ou hoqueton couvert d'orfèvrerie, à la livrée du capitaine, descendant jusqu'à mi-jambes sous sa cuirasse dorée. Au temps ancien, l'homme d'armes menait avec lui dix ou douze chevaux, c'était la lance garnie. Charles VII le réduisit à six et Louis XI à cinq ; sous Richelieu, un gendarme ne représente plus que trois personnes[22] : maître, écuyer, valet ; les deux derniers, légèrement armés et montés sur des bêtes moins vigoureuses, mais d'un bon secours dans le combat. Le chevau-léger, d'institution récente, sert avec deux chevaux et un homme, le mousquetaire ou le carabin servent seuls. Tous peuvent d'ailleurs entretenir à leurs frais, des gentilshommes d'escorte et des serviteurs aussi nombreux que bon leur semble ; on vit sous Louis XIV de simples mousquetaires partir en guerre avec un équipage de trente-six chevaux ou mulets[23].

Dans ces conditions, l'effectif d'une compagnie de deux cents gendarmes comme est celle du Roi, parait formidable. Louis XIII en est lui-même capitaine, il figure en cette qualité sur le contrôle, et reçoit des gages à ce titre, qu'il abandonne au lieutenant ou premier homme d'armes[24]. Vraie sinécure d'ailleurs que la charge de lieutenant, puisque les gendarmes paraissent, en temps de paix, habiter chacun chez eux, aux quatre coins du royaume, l'un en Poitou, l'autre à Nancy, celui-ci à Orange, celui-là à Cahors, le fourrier près de Châteauroux et le trompette à Saint-Arnaud, en Bourbonnais[25], Les chevau-légers du Roi ne résident pas davantage et passent une partie de leur vie en leurs maisons quand il n'y a aucune nécessité[26].

Les princes du sang, les grands seigneurs, les maréchaux, les gouverneurs de province ont également une compagnie de gendarmes entretenus, qui portent leur nom et leurs couleurs et varie de vingt à cent maitres[27]. Elle exécute leurs ordres, les accompagne en tous lieux et protège leur personne ; Richelieu avait ainsi, sous divers titres, plus de cinq cents, hommes de garde, qui remplissaient ses cours, ses antichambres, et le suivaient jusque chez le Roi[28].

Au-dessous des gendarmes et des chevau-légers venaient, dans la maison royale, les gardes du corps divisés en quatre compagnies ayant chacune son capitaine, son lieutenant et ses exempts. La vénalité s'y étant introduite, il n'y entrait plus que des gens de fort basse condition. Et bien que les capitaines fussent toujours fort gros personnages, les gardes du corps jouent plus grand rôle à la cour que dans les armées ; leurs exempts portent les lettres de cachet, arrêtent les gentilshommes de marque, et quand il s'agit de mener un prince à la Bastille, c'est toujours un des lieutenants qui lui fait rendre son épée[29].

Tandis que Louis XIII laissait tomber les gardes du corps et supprimait une autre bande d'élite, celle des cent-gentilshommes, si chère pourtant à ses prédécesseurs et si sévèrement tenue que Louis XI en avait un jour renvoyé deux pour être suspectionnés de mauvaise maladie[30], il avait mis sur pied des cavaliers nouveaux, les mousquetaires, pour l'accompagner dans les camps comme à la chasse. Lui-même en choisissait les soldats ; des ducs et pairs, pour faire leur cour, y enrôlaient leurs fils. A son exemple, le cardinal de Richelieu, le prince de Condé, voulurent en avoir et s'ils n'étaient pas encore aussi relevés que sous Louis XIV, qui inaugura pour eux ce bel uniforme galonné d'argent, avec des croix à flammes d'or, popularisé par les tableaux de Van der Meulen, les mousquetaires de Louis XIII ne leur cédaient en rien pour la bravoure et la discipline[31].

C'était alors une grande nouveauté de voir montés sur des bidets, des hommes armés de ces lourds mousquets, succédant aux arquebuses, et que les fusils devaient remplacer quarante ans plus tard. On créa pour cette infanterie à cheval, un nom nouveau, celui de dragon, et l'on en forma quelques régiments qui, pour combattre, mettaient pied à terre, en jetant la bride de leurs chevaux sur le col de celui de leurs voisins[32]. Une autre innovation, due celle-ci à l'imagination personnelle de Richelieu, fut cette cavalerie hongroise, hongroise de nom seulement, puisqu'elle était levée dans le Périgord et le Rouergue, que le cardinal baptisa ainsi faute de trouver un nom plus idoine[33]. Elle disparut peu après la régence d'Anne d'Autriche et sa suppression fut suivie à la même époque de celle des carabins, cavalerie légère d'éclaireurs et d'escarmoucheurs, dont la vogue avait duré près de cinquante ans[34].

Armés d'un pistolet et d'une longue escopette, à laquelle ils laissèrent leur nom, les carabins tenaient le milieu entre le fantassin et le cavalier. Un capitaine de chevau-légers demandait à lever une compagnie de carabins pour y fourrer tous les valets de sesdits chevau-légers. Un mestre de camp d'infanterie pensait qu'il ne fallait autre chose pour faire des carabins, que camper quelques-uns de ses soldats sur des roussins quelconques[35]. Le vrai défaut de notre cavalerie venait de la faiblesse des chevaux d'alors. Les guerres civiles et étrangères du seizième siècle avaient épuisé le royaume de grands chevaux ; la race des palefrois, de ces chevaux de bataille, qui, revêtus eux-mêmes d'une cotte de mailles, portaient des hommes bardés de fer, était perdue. Si chaque maître n'avait eu plusieurs chevaux à sa disposition il n'aurait pu tenir un mois ; encore la cavalerie étrangère était-elle absolument nécessaire pour faire toutes les fatigues, et permettre à la nôtre, qui n'en était pas capable, de se tenir toujours en état de combattre[36]. Un autre reproche fait à ces brillants cavaliers, était l'anarchie qui régnait parmi eux. Les compagnies n'étaient pas réunies comme dans l'infanterie sous corps de régiment ; elles vivaient isolées, indépendantes les unes des autres, n'obéissant qu'à leurs capitaines, qui n'obéissaient eux-mêmes qu'au général en chef. Bussy-Rabutin se plaint amèrement des privilèges des gendarmes, et de leurs prétentions plus grandes encore que leurs privilèges ; on en peut dire autant des chevau-légers et des mousquetaires. Qu'il s'agisse des douze vieilles compagnies entretenues, ou de ces compagnies nouvelles de trente, soixante ou cent maîtres, que les Ruvigny, les Bussi-Lameth, Hoquincourt, Canillac, d'Ayen, Lenoncourt et tant de gentilshommes des plus qualifiés avaient levées durant la guerre, chacun était souverain chez lui[37]. L'autorité du colonel de la cavalerie légère était purement nominale, à plus forte raison celle du mestre de camp général créé à chaque campagne ; et si l’ancienne coutume du royaume voulait que le doyen des capitaines de chevau-légers ait le commandement sur les autres, ce n'était là qu'une déférence de convention, et non une obligation étroite et absolue[38]. Tel mestre de camp d'infanterie souhaite, pour être traité différemment du commun, d'avoir aussi deux compagnies de dragons et de carabins ; tel obtient quatre compagnies de chevau-légers en brigade, mais n'est rien de plus que capitaine. On essaya plusieurs fois de donner quelque cohésion à ces effectifs, émiettés sur le champ de bataille ; on forma des régiments de cavalerie qui ne réussirent pas ; on les remplaça par des escadres de quatre ou cinq compagnies ; aucune de ces tentatives n'aboutit. Nos alliés étrangers nous donnaient pourtant l'exemple ; toute la cavalerie allemande et suédoise de Bernard de Saxe était organisée en régiments et escadrons ; Gassion avait imité cette formation dans un corps de dix-huit cents chevaux ; chez nous, les mots d'escadrons ou bataillons n'étaient encore employés que pour figurer un ordre passager de combat[39].

On n'aurait qu'une idée imparfaite de l'armée française, sous Richelieu, et du développement incroyable qu'elle dut prendre, pour lutter à forces égales contre la moitié du continent, si, du détail de chaque corps, on ne passait à l'ensemble. Après avoir groupé des hommes à pied ou à cheval, il fallait les doser avec sagacité, les lier de manière à en faire des armées. Cette œuvre considérable fut achevée sons Louis XIV, mais était déjà bien avancée à la mort de Louis XIII.

Le fait dominant de l'histoire militaire de ces trente années c'est la fabrication de l'instrument : armée ; personne en France ne sait trop s'en servir, parce que si les gouvernants font des soldats, il n'est pas 'en leur pouvoir de créer des généraux ; mais viennent les grands hommes de guerre sous Mazarin, ils en tireront un parti merveilleux. Et d'abord d'année en année, l'armée augmente et atteint des chiffres inouïs jusque-là. Henri IV, pour l'exécution de ce vaste dessein qui, dans sa pensée, comportait une organisation militaire exceptionnelle, n'estimait pas avoir besoin de plus de trente mille fantassins et quatre mille cavaliers. Il en avait presque achevé le recrutement quand la mort le surprit. La régente ne garda que dix mille hommes. Une armée de dix mille hommes de pied et mille cinq cents chevaux était du reste considérée par les bons esprits, comme le maximum de ce qu'exigeait la sûreté de l'État[40]. Même dans les guerres civiles de 1617 à 1620, même devant Montauban, dans la première attaque contre les protestants, l'armée royale ne dépassa jamais douze mille hommes ; ce qui faisait dire dédaigneusement à Richelieu : qu'avant son entrée au ministère, quand le Roi partait de Paris, c'était plutôt en équipage de chasseur que de conquérant[41].

A son arrivée au pouvoir, tout changea ; l'armée monta subitement à vingt-six, puis à soixante mille hommes. Le cardinal en était fier : Sans hyperbole, le Roi paye maintenant soixante mille hommes en son royaume[42] ; et le chancelier disait de son côté, mais d'un ton épouvanté : Il faudra dorénavant trouver de quoi entretenir soixante mille hommes de guerre ![43] C'était l'année de la Valteline et du Palatinat ; nous avions deux armées en Picardie et en Champagne et nous offrions à l'Angleterre d'en envoyer une autre en Alsace. Puis, les effectifs faiblirent un peu ; la Rochelle exigea moins de monde qu'on ne le doit communément ; l'armée ne comptait alors que vingt-sept régiments et vingt-deux cornettes de cavalerie, dispersés, selon les nécessités de la politique, en Bourgogne, Provence, Guyenne et Languedoc[44]. L'effort militaire avait fatigué les caisses ; on avait besoin de soldats, mais on avait encore plus besoin d'argent. Au moment où Richelieu souhaitait d'avoir cinquante mille hommes en Languedoc, où Bautru, notre ambassadeur en Espagne, disait hardiment au premier ministre Olivarès que le Roi son maitre, emploierait vingt-cinq mille hommes pour châtier le duc de Rohan, et où de sou côté le cardinal parlait, comme de la chose la plus naturelle du monde, d'envoyer quarante mille soldats au secours du duc de Mantoue, nous n'en avions pas, en tout, plus de vingt mille à mettre ensemble[45].

Mais, au bout de quelques années d'une guerre masquée contre l'Autriche, où la France se battait incognito, vint la rupture définitive de 1633[46]. Le cardinal jeta tout à coup à l'Empire ce défi, dont l'audace frappa les contemporains de surprise, et six armées françaises parurent à la fois sur différents points. Elles augmentèrent sans relâche jusqu'aux traités de Westphalie, malgré la mort du ministre, celle du Roi, et tous les événements intérieurs qui s'accomplirent durant cette période.

Le Roi, il est vrai, dans ses édits, grossissait toujours les chiffres exacts afin que l'exagération du nombre des hommes sous les drapeaux, atténuât un peu l'exagération très-réelle comme on l'a vu précédemment, du chiffre des impôts[47]. De fait, en 1635, notre infanterie atteignait cent trente-cinq mille hommes et notre cavalerie dépassait vingt mille cavaliers. En 1638, le total des troupes, d'après un document plus précis encore, monte à cent quarante-six mille hommes répartis entre l'armée active, les garnisons de réserve et l'armée navale[48]. Ces troupes comprenaient cent vingt-trois régiments d'infanterie et quatre cent compagnies de chevau-légers et mousquetaires[49]. En 1648, au moment des victoires de Condé et de Turenne, le nombre des régiments avait doublé[50]. Ce déploiement de forces était nécessaire ; les effectifs ennemis avaient grandi dans la même proportion que les nôtres ; ils les dépassaient souvent. A la mort de Richelieu, ce ne sont plus des poignées de six ou huit mille hommes, tels que les troupes du Pape en Valteline, ou des Anglais à l’île de Ré, que nous trouvons en face de nous[51], mais des amas de cinquante, cent, cent vingt mille soldats et davantage, qui se précipitent sous la conduite de Mercy et de Jean de Werth[52]. Leurs régiments, moins abondants, étaient plus forts que les régiments français[53], et la tactique de leurs généraux, qui se plaisaient aux grandes batailles, rendait plus difficile encore aux nôtres la défense d'une frontière ouverte de toutes parts. Presque toujours 'l'armée française est inférieure en nombre à son adversaire, et si l'on songe que cet adversaire était tantôt l'Espagnol, qui supporte le travail et la faim plus patiemment que tout autre, tantôt l'Allemand plus facile à contenter que la plupart des mercenaires, parce qu'on n'était pas obligé de le payer si ponctuellement[54], on ne trouvera pas exagéré cet éloge du duc de Savoie, — un connaisseur en la matière, — qui estimait l'armée française la première armée du monde.

Si élevé que soit le nombre des soldats d'alors, si effrayant qu'il ait pu paraître aux contemporains, il n'est rien auprès de celui qu'entretiennent aujourd'hui, en pleine paix, les nations d'Europe[55]. Les guerres modernes sont arrivées à ressembler, par ce coté, aux guerres barbares où deux peuples se lèvent l'un contre l'autre. Mais proportionnellement au chiffre des hommes en ligne, les guerres actuelles sont moins meurtrières. On se demandait clans les dernières années de Napoléon Ier, quand la mine de chair humaine semblait près d'être épuisée, combien de temps durait un conscrit, et l'on trouvait qu'en moyenne il ne durait pas plus de trente-six mois. Si les campagnes avaient été aussi longues et aussi remplies au dix-septième siècle, il aurait certainement fallu renouveler les soldats plus souvent encore. En ce temps, il est telle bataille, comme Lutzen, où meurent de chaque coté plus de dix mille hommes. Les combats livrés par Banner coûtèrent la vie à quatre-vingt mille hommes ; le duc Bernard, battu à Nordlingue par Gallas, laissa douze mille morts sur le terrain. On voit chez nous des régiments, celui de Piémont, par exemple, en 1636, complets au printemps, dont il reste à peine quelques survivants, à l'entrée de l'hiver[56]. Les privations, l'absence de service sanitaire, la dureté du vainqueur, l'insouciance du général, même le plus humain, pour la vie de ses soldats, contribuaient à cette mortalité. Gustave-Adolphe avait pour principe qu'il ne faut jamais désespérer d'une bataille, quand elle ne doit coûter que des hommes[57].

 

 

 



[1] Huit par compagnie. Relazioni dei ambasciatori Veneti, Francia, t. II, p. 346. — Arch. Aff. Étrang., t. 783, fol. 28. — Mémoires de LA VALETTTE, t. II, p. 235.

[2] Lettres et papiers d'État, t. I, p. 282 ; t. II, p. 752. Les régiments nouveaux dépérissaient ; le Roi décide les mestres de camp à les ramener à une compagnie de trois cents hommes, 1627. Le régiment d'Orelio ne comptait que cent vingt hommes, Id., ibid., t. V, p. 962.

[3] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 102. — Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 313 ; Batilly a donné deux régiments de cinq compagnies qui devraient faire mille hommes, et qui n'en font pas quatre cents ; d'Aiguefeld doit avoir cinq cents hommes et n'en a pas trois cent cinquante ; Forbus et Layus devraient avoir cinq cents chevaux chacun, et n'en ont pas deux cents. Ibid., t. V, p. 401.

[4] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 137. Les compagnies des gardes étaient portées, en temps de guerre, de cent à deux cents hommes, celles des vieux régiments de trente-cinq à cent hommes. — Cf. PONTCHARTRAIN, Mémoires, p. 301. — En 1633, le Roi mande au jeune Turenne de retrancher deux compagnies de son régiment, TURENNE, Lettres. Éd. Michaud, p. 340.

[5] Arch. Aff. Étrang., France, t. 801, fol. 283.

[6] Cette retenue était de 12 livres par fantassin, de 120 livres par mousquetaire, etc. Règlement du 24 juillet 1638. Ordonnance de janvier 1629.

[7] Arch. Guerre, XXVI, 22. — M. TOPIN, Louis XIII et Richelieu, p. 215. Le Roi et le colonel général de l'infanterie avaient seuls ce droit.

[8] PONTIS, Mémoires, p. 503. Arch. Guerre, XXIV, 161.

[9] PONTIS, Mémoires, 551. Arch. Aff. Étrang., t. 804, f. 165. —Les capitaines des vieux régiments s'estimaient de même supérieurs aux mestres de camp des nouveaux. Ceux-ci, disent-ils, ne sont gentilshommes que comme nous, et dans le nombre il s'en trouve à qui le Roi a refusé des compagnies dans ses vieux régiments.

[10] Arch. Aff. Étrang., t. 778, fol. 132. Un mémoire de 1323 proposait de rendre obligatoire un service de six mois aux gardes avant de pouvoir rien obtenir. — MONTGLAT, Mémoires, p. 80.

[11] Cf. DANIEL, Histoire de la milice française, t. II, p. 343 et 374. Il donne une liste à peu près complète de leurs mestres de camp. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 503, 606. — ARNAUD D'ANDILLY, Mémoires, p. 414.

[12] MALINGRE, Histoire des troubles, p. 669. — PONTIS, Mémoires, p. 503. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 247. Luynes blessa fort le Roi, en essayant de s'en emparer.

[13] Arch. Guerre, XLII, f. 45. Édit de janvier 1037. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 211, 325, 607. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p.384, 388, 391, 469. — FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 131. On voit aussi les régiments de Phalsbourg et d'Estissac.

[14] Lettres et papiers d'État, t. III, p. 543 ; t. V, p. 349. — M. de Brezé était à la tête de celui de Bretagne ; M. de Nettancourt de celui des Trois-Évêchés. — Arch. Aff. Étrang., t. 181, f. 173.

[15] Relazioni, Francia, t. II, p. 346. En 1714, à la fin de la guerre de la succession d'Espagne, il y avait 268 régiments. DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 391.

[16] M. Paul LACROIX est par conséquent bien au-dessous de la vérité (le Dix-septième siècle, p. 238), en disant que Louis XIII créa onze régiments de 1616 à 1640. — Cf. FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 90. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 470 ; t. II, p. 156, 580, 608 ; t. III, p. 77, 147, 155. On peut citer, en outre, les régiments de Vernatel, Féron, Puy-Saint-Martin, Castreville, Urfé, de Cauvisson, de Marolles, Bois-David, La Ferté, de Lorraine, Lespinasse, Boniface, La Meilleraye, Bourg, Sancourt, La Rinville, Ribérac, Castel-Bayard, Beaumont, Le Fresne d'Urbellière, Languedoc, Annibal, Perraut, Sanson, La Tour, Genlis, Noailles, Plancy, Miche, Nanteuil-Boan, Sauvebœuf, Rochegiffard, Saint-Aubin, Montmiège, Fresin, Molandin, Brezé, Cargret, Dauphiné, Vervins, La Marine, d'Apremont, Brassac, etc., etc.

[17] Malgré les règlements de 1638, qui ne leur permet d'admettre aux charges que des gens pourvus de commissions du Roi. Arch. Guerre, XLIX, 179.

[18] Cornette, dans le principe, signifiait l'étendard de cavalerie que l'on porte au bout d'une lance. — Les compagnies de gendarmes étaient composées du capitaine, du lieutenant, d'un sous-lieutenant (eux seuls en avaient), d'un enseigne et d'un maréchal des logis. Le sous-lieutenant était parfois remplacé par un guidon qui prenait rang au-dessous de l'enseigne. Règlement du 9 octobre 1629.

[19] Le fifre, espèce de flûte, avait été importé dans nos armées par les Suisses, au seizième siècle ; il disparut sous Louis XIV.

[20] Arch. Guerre, XXVI, 27, règlement du 21 juillet 1638. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 57, 61, 63.

[21] Arch. Aff. Etrang., t. 801, f. 224. — RICHELIEU, Mémoires, t. III, p. 154.

[22] DANIEL, Histoire de la milice, t. Ier, p. 217 et suivantes. — BOULAINVILLIERS, Ancien Gouvernement, t. III, p. 93, 107.

[23] SAINT-SIMON, Mémoires, en 1692. — PONTIS, Mémoires, p. 609. Les capitaines de gendarmes avaient dix-huit chevaux, les lieutenants douze, les guidons neuf ; les chevau-légers et mousquetaires à proportion. Les capitaines d'infanterie avaient droit à six hommes et quatre chevaux entretenus, le lieutenant à quatre hommes et deux chevaux, l'enseigne à trois hommes et deux chevaux, etc. Règlement du 24 juillet 1638.

[24] Ces gages sont de 3.280 livres par an. Les lieutenants sont Souvré, Saint-Géran, du Hallier, tous maréchaux de France.

[25] En 1640. État des officiers commensaux, chez Rocolet. — SEYSSEL, Grande Monarchie de France, p. 18.

[26] En 1628, les chevau-légers de la Reine mère et de la Reine régente n'existent plus, mais il y a néanmoins des capitaines-lieutenants pourvus de brevets de père en fils. Arch. Aff. Étrang., t. 791, fol. 98. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 209.

[27] En 1622, on les réduisit à quinze. FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 34, 171, 222. — PONTCHARTRAIN, Mémoires, p. 415. — Arch. Guerre, XXVII, 82. — Arch. Aff. Étrang., t. 799. — Arch. nationales, K. 114, commission de capitaine d'une compagnie de gendarmes, en 1636, donnée au duc d'Enghien.

[28] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 238. — MONTGLAT, Mémoires, p. 132.

[29] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 33. Le tiers état avait demandé, en 1614, que nul ne tût reçu aux gardes du corps, sans avoir porté les armes cinq ans. DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 113, 139, 147, 175. De 1620 à 11343, les capitaines des gardes du corps sont MM. de La Force, de Tresmes, du Hallier, de la Vieuville, de Mouy, de Gordes, de Brézé, de Charlus, de Villequier, de Charon et de Chandenier. M. de Tresmes demeura en fonction jusqu'en 1669.

[30] La bande des cent gentilshommes fut cassée en 1629 ; le capitaine était Nompar de Caumont, comte de Lauzun.

[31] TALLEMANT, t. II, p. 130. — RICHELIEU, Mémoires, t. II. p. 386. — FAUGÈRE, Journal d'un voyage à Paris en 1657, p. 50. — Arch. nationales, K.113, numéro 18. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 203, 216. En Allemagne, il y avait des cuirassiers, dont on voit pour la première fois le nom, en France, dans une relation de la mort de Cinq-Mars, que trente d'entre eux accompagnent au supplice.

[32] Arch. Guerre, XXIV, 161 ; XXVI, 57, 61. — Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 6S6 ; t. V, p. 116. — Richelieu fut fait, en 1635, colonel d'un régiment français de mousquetaires à cheval, dits dragons, de cinq cents hommes. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 500.

[33] Elle était armée d'une cuirasse et d'une bourguignotte couvrant les deux joues. Lettres et papiers d'État, t. V, p. 123. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 517.

[34] Les carabins de Louis XIII, successeurs des estradiots de Henri IV, n'ont aucune attache avec les carabiniers créés en 1690. — Selon PUYSÉGUR (Mémoires, t. I, p. VI.), les mousquetaires de Louis XIII seraient issus des carabins. Le Roi, dit-il (1621), ôte les carabines à sa compagnie te carabins, et leur donne des mousquets.

[35] Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 613 ; t. V, p. 100. — DANIEL, Histoire de la milice, t. I, p. 219, 232.

[36] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 600. — FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 93. — Relazioni dei ambacciatori, etc., Francia, t. II, p. 347. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 442.

[37] Parmi ces capitaines, on peut citer les sieurs de Bouchavane, de Vic, de la Borde, de Bable, de Tourville, d'Aiguebonne, de Montyon, de La Boullaye, de Lignières, des Roches-Baritaut, de Laurières, de Marsillac, de Marconnay, d'Arbouse, de Saint-Trevier, de Tallard, de Rosières, de Sainte-Maure, de Buzancy, de Paulié, de Sirres, de Roissac, de Dezimieu, de La Bruyère, de Saint-Benoit, de Ligondy, de Saint-Aulaire, de Féron, de Sauvebœuf, d'Auriac, de Monteara, de Viantes, de la Luzerne, etc., etc.

[38] Arch. Guerre, XXIX, 270. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p..177 ; t. II, p. 47, 607 ; t. III, p. 46, 262. — Lettres et papiers d'État, t. III, p. 291. L'effectif des compagnies de gendarmes et chevau-légers était de soixante-dix maitres en général ; des mousquetaires de cent ; des carabins de trente. — Arch. nationales, K. 113, numéro 50. — TALLEMANT, t. III, p, 196. — DANIEL, Histoire de la milice, t. II, p. 230.

[39] Arch. Guerre, XXIV, 248 et 325. — LA VALLETTE, Mémoires, I. I, p, 15. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 455 ; t. II, p. 276. — Lettres et papiers d'Etat, t. V, p. 46, 103. — DANIEL, Histoire de la milice, t. I, p. 235 ; t II, p. 48.

[40] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 12. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 440. — MONTGLAT, Mémoires, p. 8.

[41] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 223, 246, 263. — Lettres et papiers d'État, t. I, p. 293. On voit bien qu'il y eut des commissions délivrées pour vingt mille hommes et davantage, mais les commissions, nous l'avons dit, ne prouvaient pas du tout que les levées avaient été faites effectivement.

[42] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 65. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 323, 336.

[43] Arch. nationales, Plumitif de la chambre des comptes, P. 2757, fol. 199.

[44] Voyez Arch. Aff. Étrang., t. 794, f. 64. — État de l'armée du Roi, après la Rochelle, en 1629. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 372, 415, 559, 609 ; t. II, p. 64, 114.

[45] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 527, 566, 571, 619 ; t. II, p. 14, 31, 127, 132. — Lettres et papiers d'État, t. III, p. 287. On peut consulter, pour le détail d'effectifs, qui serait fastidieux ici, les Archives des Affaires étrangères, t. 791, fol. 157 (état de l'armée eu 1628) ; t. 795, fol. 178 ; t. 796, fol. 177 (état de 1630) ; t. 797, fol. 121 ; t. 801, fol. 275 (état de 1631) ; t. 803, fol. 39 à 48 (état de 1632) ; t. 807, fol. 112 ; t. 812, fol, 192, etc., ainsi de suite chaque année.

[46] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 397, 451. En 1632 nous avions, au siège de Trèves, seize mille fantassins et quatre mille chevaux, et nous fournissions aux Hollandais quatre mille hommes et six cents chevaux. — SCHILLER, Guerre de Trente ans, p. 390 et 400.

[47] Tels sont les édits de décembre 1634, d'avril 1635, de décembre 1635. Le Roi y évalue son armée à deux cent trente mille hommes. BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 340. — RICHELIEU, Mémoires, t II, p. 600 ; t. III, p. 340.

[48] Voyez l'Appendice I, à la fin du volume.

[49] Voyez l'Appendice. Règlement pour les subsistances du 24 juillet 1638. — Lettres et papiers d'État, t. V, p. 1. — LA VALLETTE, Mémoires, t. I, p. 10.

[50] État de la France.Relazioni, etc., Francia, t. II, p. 347.

[51] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p, 186. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 362.

[52] A la bataille de Lech, le roi de Suède avait trente-cinq mille hommes ; les Impériaux étaient soixante-dix mille. RICHELIEU, t. II, p. 370. Cf. RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 573, 606 ; t. II, p. 23, 80,126, 171, 228, 218, 302, contenant des indications d'effectifs ennemis. — SCHILLER, Guerre de Trente ans, p. 289.

[53] Arch. Aff. Etrang., t. 795, fol. 145. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 346, 456 ; t. II, p. 228. — Lettres et papiers d'État, t. II, p. 103.

[54] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 224. — Au contraire des Suisses, qui étaient très-exigeants sur cet article, preuve que le proverbe : Pas d'argent, pas de Suisses, ne mentait pas. — LA VALLETTE, Mémoires, t. I, p. 203.

[55] On sait qu'en temps de guerre, d'après la législation en vigueur, l'Allemagne peut aujourd'hui mettre sur pied un million six cent mille hommes, la France un million cinq cent mille, l'Autriche un million cent mille, et l'Italie cinq cent mille.

[56] RICHELIEU, Mémoires, t. III, p. 69. — SCHILLER, Guerre de Trente ans, p. 96, 303, 388.

[57] RICHELIEU, Mémoires, t. III, p. 343. — Règlement du 24 juillet 1638 pour la cavalerie étrangère.