RICHELIEU ET LA MONARCHIE ABSOLUE

 

APPENDICES.

APPENDICES DU LIVRE SECOND (Suite).

III. — LISTE DES DUCS ET PAIRS SOUS LOUIS XIII ET AVANT SON RÈGNE.

 

 

Anciens pairs créés par le Roi[1].

 

Artois (comté)

1297

Châtellerault (duché)

1514[2]

Bretagne (duché)

1297[3]

Guise (duché)

1527

Poitou (comté)

1316

Montpensier (duché)

1538

La Marche (comté)

1316

Aumale (duché)

1547

Evreux (comté)

1316

Montmorency (duché)

1551

Angoulême (comté)

1317[4]

Penthièvre (duché)

1569

Mortain (comté)

1317

Uzès (duché)

1572

Etampes (comté)

1327

Mayenne (duché)

1573

Bourbon (duché)

1327

Mercœur (duché)

1569

Beaumont-le-Roger (comté)

1328

Saint-Fargeau (duché)

1575

Nevers et Héthel (comté)

1357

Joyeuse (duché)

1581

et 1459, puis (duché)

1505

Epernon (duché)

1581

Macon (comté)

1359

Piney-Luxembourg (duché)

1576

Berry (comté)

1360

Elbœuf (duché)

1581

Nemours (duché),

1404

Retz (duché)

1581

puis

1462

Halluin (duché)

1587

Alençon (duché)

1414

Ventadour (duché)

1589

Foix (comté)

1458[5]

Montbazon (duché)

1588

Villefranche (comté)

1480

Beaufort (duché)

1597

Vendôme (duché)

1598

Brissac (duché)

1611

Thouars (La Trémoille) (duc)

1595

Chaulnes (duché)

1621

Aiguillon (duché)

1599

Chevreuse (duché)

1621

Rohan (duché)

1603

Richelieu (duché)

1631

Sully (duché)

1606

La Valette (duché)

1622

Fronsac (duché)

1608

Aiguillon (duché)

1634

Danville (duché)

1610

Saint-Simon (duché)

1635

Luynes (duché)

1619

La Rochefoucault (duché)

1622

Lesdiguières (duché)

1611

La Force (duché)

1637

Bellegarde (duché)

1619

Valentinois (duché)

1642

 

Ainsi depuis le commencement de la dynastie capétienne jusqu'à la mort de Louis XIII, c'est-à-dire en plus de six siècles et demi, il n'avait été créé que 59 duchés ou comtés-pairies. Et si l'on subdivise cette période, on verra que depuis 1297 (date de la première érection) jusqu'en 1550 — soit deux siècles et demi — il fut fait 22 pairs ; de 1550 à 1642 — soit en un siècle — il en fut fait 36 ; de 161t2 à 1715 — soit trois quarts de siècle — il en fut fait 37. Louis XV accentua encore cette proportion.

Quelle distance sépare le duché de Bretagne (1272) du duché de Montmorency (1551) ; et quelle autre distance sépare le duché de Montmorency, du duché de saint-Simon (1635) !

Maintenant le lecteur qui veut se convaincre de la vérité des remarques faites par nous dans la Décadence de la noblesse, sur la rapidité avec laquelle s'éteignent et disparaissent les titres transmis régulièrement, n'a qu'à lire la statistique suivante :

Des 59 pairies créées de 1297 à 1642, 27 seulement subsistaient encore à l'avènement de Louis XIV ; c'étaient par ordre d'ancienneté les duchés-pairies de Nemours[6], Guise, Uzès, Epernon, Luxembourg, Elbeuf, Retz, Halluin, Montbazon, Ventadour, Thouars, Sully, Fronsac, Danville, Lesdiguières, Brissac, Chevreuse, Luynes, Bellegarde, Chaulnes, La Valette, La Rochefoucauld, Richelieu, Aiguillon, Saint-Simon, La Force et Valentinois.

De ces 27 ducs existant en 1643, 12 étaient déjà morts sans postérité au bout de 50 ans ; il n'en restait plus que 15 en 1694, comme on le voit par le procès Luxembourg[7]. C'étaient les ducs d'Uzès, d'Elbeuf, de Montbazon, de Ventadour, de La Trémoille (Thouars), de Sully, de Lesdiguières, de Brissac, de Luynes, de Richelieu et de Fronsac, de Saint-Simon, de La Rochefoucauld, de La Force, de Valentinois.

De ces 15 ducs, remontant à Louis XIII et au delà, il n'en reste plus que 6, à l'heure actuelle. Une autre statistique n'est pas moins probante : il y a aujourd'hui en France 69 ducs, c'est-à-dire soixante-neuf Français, portant des titres de ducs, institués et conférés par des souverains ayant régné sur la Francs, et descendant régulièrement, par les mâles, ou par substitution' légalement approuvée, de ceux à qui le titre a été conféré.

Dans ce nombre il n'en est que 22 dont le titre soit antérieur à 1789 ; et de ces 22, il n'en est que 13 remontant au dix-septième siècle.— Ce sont, par ordre d'ancienneté : les ducs d'Uzès (1572), de Thouars (La Trémoille) (1595), de Brissac (1611), de Luynes (1619), de La Rochefoucauld (1622), de Rohan (1618), de Gramont (1648), de Mortemart (1650), de Noailles (1663), d'Aumont (1665), de Lorge (1691), de Chevreuse (1692), d'Harcourt (1700) — et les ducs de Fitz-James (1710), de Broglie (1742), d'Ayen (1758), de Praslin (1762), de Liancourt (1765), de Clermont-Tonnerre (1775), de Doudeauville (1780), de Polignac (1780), de Maillé (1784).

Or il y avait en 1789 53 duchés-pairies ; il s'en est donc éteint 31 en moins d'un siècle.

Les mêmes observations peuvent s'appliquer à l'Angleterre, mais là, on peut les faire pour la noblesse titrée tout entière, et pas seulement pour les ducs. Sur les 372 pairs temporels d'Angleterre, écrivait en 1855 M. de Montalembert, il ne reste plus que 24 pairies antérieures à l'an 1500. Il n'y en a plus que 17 du seizième siècle, et 60 du dix-septième[8]. On ne compte en totalité dans les trois royaumes que 616 lords, encore ne siègent-ils pas tous à la chambre haute[9]. Quant aux ducs, qui sont au nombre de 28 dans la Grande-Bretagne, il n'y en a que 20 remontant à 1789, et 3 remontant à 1643[10].

 

 

 



[1] D'après Le Laboureur (Arch. Nat.). — Les ducs siégeaient par ordre d'ancienneté ; il y eut cependant quelques exceptions ; les ducs de Joyeuse et d'Épernon obtinrent sous Henri III de faire insérer, dans leurs lettres d'érection, qu'ils siégeraient immédiatement après les princes du sang, et avant les autres ducs. Il fallut des lettres de jussion pour contraindre le Parlement à enregistrer cette clause. — Sous Louis XIV, les princes légitimés passèrent tous sans distinction après les princes du sang.

[2] A partir de cette époque, toute pairie fut érigée sous titre de duché.

[3] Premier pair créé qui ne fût pas prince du sang.

[4] En faveur de Philippe d'Évreux, mari de Jeanne de France.

[5] En faveur de Gaston de Foix.

[6] Nous ne tenons pas compte des princes du sang.

[7] Mémoires de Saint-Simon (édit. Cheruel), t. I, p. 179.

[8] Avenir politique de l'Angleterre, p. 364.

[9] Cf. DE FRANQUEVILLE, Institutions de l'Angleterre, p. 126.

[10] En voici la liste jusqu'en 1800, par ordre de préséance, d'après le Genealogical and Heraldic Dictionnary of the Peerage and Barone age (London, Colburn) : Norfolk (Howard), 1483 ; Sommerset (Saint-Manr), 1546 ; Richmond et Lennox (Gordon-Lennox), 1675 ; Grafton (Fitz-Boy), 1675 ; Beaufort (Sommerset), 1682 ; Saint-Albans (Beauclerck), 1684 ; Leeds (Osborne), 1694 ; Bedford (Hastings-Russel), 1694 ; Devonshire (Cavendish), 1694 ; Marlborough (Spencer-Churchill), 1702 ; Rutland (Mamers), 1703 ; Hamilton et Brandon (Douglas), 1643 ; Buccleuch et Quensberry (Montagu-Douglas-Scot), 1663 ; Argyll (Douglas-Campbell), 1701 ; Atholl (Stewart-Murray), 1703 ; Montrose (Graham), 1707 ; Roxburghe (Innester), 1707 ; Fortland (Scot-Bentinck), 1716 ; Manchester (Montagu), 1719 ; Newcastle (Clinton), 1756 ; Northumberland (Percy), 1706 ; Leinster (Fitz-Gerald), 1766.