RICHELIEU ET LA MONARCHIE ABSOLUE

 

LIVRE II. — LA NOBLESSE ET SA DÉCADENCE.

ÉTAT ET RÔLE POLITIQUE.

CHAPITRE III. — SES DEVOIRS.

 

 

Ce qu'ils sont ; à quoi sert la noblesse à cette époque. — Ses occupations, ses emplois. — La profession des armes, presque générale, mais cependant facultative. — Instruction, éducation, et carrière d'un gentilhomme. — Les volontaires dans les armées ; avantages et inconvénients. — Le ban et arrière-ban ; ses résultats insignifiants ou désastreux. — Les ordres de chevalerie ; ils ne remplacent pas la chevalerie disparue.

 

Si les droits de la noblesse sont restreints, ses devoirs le sont bien davantage à l'époque de l'entrée de Richelieu au ministère. A examiner les diverses carrières publiques, on ne voit les gentilshommes en embrasser qu'une seule : l'armée ; encore leur présence y est-elle facultative, puisqu'on ne peut considérer comme un devoir légal, l'obligation morale, l'usage invétéré de porter les armes. Les nobles servaient à l'armée en grande majorité, mais non pas sans exception, tandis que tous sans exception étaient exempts de la taille. Et s'ils étaient dispensés de la taille, ce n'était pas parce qu'ils servaient, mais parce qu'ils étaient nobles. Le privilège n'était pas la récompense du service rendu, mais le droit de la naissance. Ainsi, le droit et le devoir n'étaient plus, comme aux temps féodaux, la conséquence l'un de l'autre.

Les fonctions civiles des finances ou de l'instruction publique étaient dédaignées par l'aristocratie à l'égal du commerce ou de l'industrie. Il eût paru aussi étrange de voir un personnage d'un certain rang trésorier de France, contrôleur des finances, ou recteur d'Université, que de le voir marchand de drap ou fabricant de porcelaine. La diplomatie ne paraissait pas convenir davantage à ses aptitudes et à ses goûts. Un homme de qualité était envoyé comme ambassadeur extraordinaire en de grandes occasions, et pour peu de temps, jamais comme ambassadeur ordinaire ou comme résident. Un général, au cours d'une campagne, négociait passagèrement avec l'ennemi[1], mais dans la carrière diplomatique, sous Louis XIII, il n'y a pas de grands seigneurs. Ceux qui traitent journellement nos affaires extérieures sont des anoblis de la veille, ou des gens d'assez modeste extraction : Servien, Miré, Blainville, Liberet, Saint-Étienne, Charnacé ou d'Avaux ne se recommandaient que par leur mérite[2]. Les mieux placés ou les plus habiles s'étayaient d'un grade militaire ou d'une charge de cour qui les grandissait dans l'opinion. Leurs subordonnés étaient des individus de basse condition, scribes vulgaires, peu au-dessus des clercs d'un notaire ou d'un greffier. Le plus pauvre cadet de maison ancienne, qui ne dédaignait pas d'entrer comme page chez un seigneur, ou comme simple soldat dans un régiment, eût cru s'avilir en acceptant le poste de secrétaire d'un ambassadeur.

Restaient la justice et le clergé. Un sait qu'à part les vocations décidées des âmes d'élite, l'abbaye ou l'évêché étaient la ressource des derniers-nés, qui n'auraient pu sans elle Faire bonne figure dans le monde, et que d'ailleurs on ne désirait pas vair faire souche. Bien que le clergé fût le premier ordre de l'État, il y avait entre la cuirasse et la soutane la même distance qu'entre lainé et ses frères. Le plus curieux, avec de pareilles idées, n'est pas de rencontrer quelques indignes parmi les hauts dignitaires ecclésiastiques, mais plutôt de n'avoir pas à déplorer plus de scandales, et de constater que le grand nombre se pliât à la discipline religieuse.

L'ordre judiciaire demeurait l'apanage de quelques dynasties puissantes qui s'y cantonnaient, ou le marchepied de beaucoup de parvenus, qui s'en servaient pour s'élever plus ou moins haut au-dessus de la roture. Depuis que les charges de judicature se vendaient, la noblesse de race préférait acheter un régiment qu'une présidence. Son tempérament l'y poussait, et aussi son intérêt ; il y avait moins à débourser et plus à espérer.

L'éducation qu'elle recevait la préparait mieux d'ailleurs à la vie du camp qu'à celle du cabinet ou du prétoire. On cherchait moins à instruire l'enfant qu'à l'aguerrir ; il importait peu qu'il fût savant, pourvu qu'il fût adroit et qu'il fût brave. Les mémoires nous fournissent quelques exemples de l'instruction que l'on donnait à un jeune seigneur. Bassompierre, élevé en Allemagne, ce pays des fortes études, reçoit à neuf ans deux gentilshommes, l'un pour apprendre à bien écrire, l'autre pour apprendre à jouer du luth et à danser. A douze ans, il entre dans la troisième classe, à Fribourg en Brisgau, où son maitre de danse est tué par son précepteur ; il y reste cinq mois et passe à un collège de Pont-à-Mousson, où il reste six semaines ; de là monte à la deuxième, y demeure un an, puis à la première... A quinze ans, il fait son stage de chanoine à Ingolstadt, continue la rhétorique, va à la logique qu'il fait compendieuse (il y reste trois mois), et passe de là à la physique[3].

Il étudie ensuite aux Instituts du droit pendant une heure de classe ; une autre heure aux cas de conscience, une heure aux Aphorismes d'Hippocrate, et une heure aux Éthiques et Politiques d'Aristote[4]. A. dix-sept ans, ses études sont terminées ; il est aussitôt présenté à la cour de France, et voyage à travers l'Europe.

Il semblerait qu'il y eût ainsi cinq ans consacrés aux lettres et aux sciences ; mais durant ces cinq années, combien d'heures ont été réellement employées à l'ornement de l'esprit, et combien au développement du corps ? C'est ce que nous pouvons deviner en voyant l'importance primordiale que l'on accordait alors à ce que nous nommons aujourd'hui les arts d'agrément. La danse, l'escrime, l'équitation, étaient les sciences vraiment utiles, vraiment pratiques ; aussi faut-il voir la réputation des premiers maitres de ce temps, de ceux qui les enseignaient avec le plus d'autorité. L'ambassadeur d'Angleterre parle avec enthousiasme des grands maîtres d'équitation Labroue et Pluvinel. Bassompierre apprend à monter à cheval sous Pignatelli et sous son creal (son second), et l'on sent, au ton qu'il emploie, l'admiration qu'il éprouve pour cet écuyer distingué. Benjamin, le directeur de l'académie célèbre, où la jeune génération passa presque tout entière sous Louis XIII[5], était une sorte de personnage, ami particulier du rigide Arnaud d'Andilly. La Sorbonne ou le Collège de France pour la haute société, c'est vraiment l'académie de Benjamin. Tel gentilhomme besogneux qui se contentera de quelque pauvre prêtre du voisinage, pour apprendre à son fils les rudiments, et un peu de latin, se gênera pour lui faire suivre les leçons d'armes ou de cheval d'un professeur illustre. Dire de quelqu'un qu'il était bien institué, c'était dire qu'il possédait ces sciences[6] ; et si les contemporains vantent MM. de Guise d'être fort adroits aux exercices, c'est un des plus grands éloges qu'ils en puissent faire[7].

La période de cinq années d'études est du reste un maximum rarement atteint par les jeunes gens ; elle varie entre trois et quatre ans eu général, parce que les difficultés qu'il faut surmonter, et le long temps qui s'emploie pour apprendre les langues mortes, font que d'abord les jeunes gentilshommes se rebutent, et se hâtent de passer à l'exercice des armes, sans avoir été suffisamment instruits aux bonnes lettres[8]... A quatorze ou quinze ans, la plupart quittaient les bancs du collège pour la livrée du page ou l'académie. Quelquefois même, ainsi que nous l'apprend Colligny, ils n'attendaient pas cet âge[9]. Ce dernier raconte ainsi son éducation : A dix ans, je fus mis au collège des Jésuites à Moulins, avec G. de Colligny, mon frère aîné. Nous avions un gouverneur fort honnête homme, un page, un laquais et une servante ; nous y demeurâmes un an et demi. Puis mon frère fut mis page de la chambre du Roi Louis XIII, et je fus placé à un méchant petit collège de Paray-le-Monial, où je demeurai huit mois ; ensuite de quoi on me mit au collège de Beauvais, où je demeurai deux ans. Il en sort pour entrer à treize ans, comme page, chez le cardinal de Richelieu, , dit-il, j'appris bien mes exercices, excepté que je n'ai jamais été bon homme de cheval, quoique j'y fusse fort ferme[10]... Il faut mettre grande différence, écrit Pontis, entre un enfant que l'on destine à la robe, et celui que l'on veut élever dans la profession des armes... il suffit que le dernier étudie jusqu'à quinze ou seize ans, afin d'apprendre la philosophie, l'histoire ancienne et moderne et les principales maximes de la politique, pour régler sa conduite dans le grand monde[11]. Lord Herbert Cherbury faisait les mêmes observations en Angleterre. Il trouvait que l'instruction n'était pas assez pratique : Je n'approuve pas, disait-il, pour les fils aînés, la série d'études en usage à l'Université, qui pendant un séjour de quatre ou cinq ans les fait travailler comme s'ils devaient arriver à devenir maitres ès arts ou docteurs ès sciences. Ces professeurs leur font également consumer un temps infini à l'étude des subtilités de la logique. Au contraire, il conseille d'apprendre la danse, parce qu'elle donne une souplesse utile, et l'escrime, mais pas avant onze ou douze ans, afin d'avoir, selon le dicton français, bon pied bon œil. Il regarde ces deux sciences comme mieux enseignées en France que partout ailleurs[12].

La vie militaire commençait pour le noble à quinze ou seize ans, au sortir de page. Il ne débutait pas, comme on s'est plu à le répéter, par le grade de colonel. On a beaucoup parlé des régiments commandés par des chefs de quatorze ans ; Saint-Simon fait honneur à Louis XIV de l'obligation dans laquelle on était à la fin du dix-septième siècle, de servir quelque temps dans les mousquetaires royaux, avant d'obtenir l'agrément du prince polir l'achat d'une charge d'épée. Sous le règne de Louis XIII, où l'armée était bien loin pourtant d'avoir l'ordre et la régularité qu'elle reçut plus tard de Louvois, nous n'avons pas rencontré d'exemple d'un seigneur qui ait commandé, même une compagnie, avant d'avoir porté les armes et de s'être initié au métier par un stage actif. Et il faut le dire à la louange du corps, ce n'était pas une hiérarchie invariable, ni une ordonnance souveraine, qui faisait respecter cet usage, mais le bon sens même des gentilshommes, et l'estime que chacun d'eux faisait de sa profession.

Nous voyons Bassompierre, âgé de vingt-quatre ans, après avoir servi trois ans comme volontaire en France sous Henri IV, refuser le grade de colonel d'un régiment de trois mille hommes de pied, qu'on lui offrait en Hongrie, n'étant pas à propos que, sans avoir aucune connaissance du pays, il y allât de plein saut commander trois mille hommes ! Il se contente d'y aller comme volontaire, avec le meilleur équipage qu'il peut[13].

En 1613, il devient colonel général des Suisses, à trente-quatre ans, après dix-sept ans de services en divers pays ; en 1619, maréchal de camp, et en 1622 maréchal de France. Voilà l'exemple d'une carrière rapide, mais remplie. Elle donne idée de toutes les autres.

Saint-Géran sert à dix-neuf ans, devient cornette des chevau-légers à vingt-quatre, lève à vingt-huit ci régiment d'infanterie, est promu à vingt-neuf maréchal de camp, et à cinquante maréchal de France. Schomberg part comme volontaire à vingt-deux ans, passe à trente-cinq ans mestre de camp du régiment de Piémont, et à cinquante ans maréchal de France[14]. Encore sont-ce là des carrières particulièrement heureuses et rapides ; la plupart, quel que soit l'éclat de leur nom, n'obtiennent que dans leur vieillesse la suprême dignité militaire. Souvré, Roquelaure, Lesdiguières, ne sont promus au maréchalat qu'après quarante-deux, quarante-cinq ou quarante-six ans de services.

Le gentilhomme faisait son noviciat guerrier de deux manières : s'il était pauvre comme simple soldat, s'il était riche comme volontaire. Colligny porte le mousquet dans les gardes du cardinal, fait sentinelle et couche sur la paillasse, le tout pendant près de deux ans, avant d'avoir une compagnie de dragons. Tréville, gentilhomme basque qu'un roman fameux a rendu populaire, entré en 1617 comme simple soldat aux gardes, n'avait pas encore eu d'avancement au bout de quatre ans, quand on lui offrit une enseigne au régiment de Navarre[15]. Pontis, soldat au régiment de Bonne à quatorze ans, et cadet aux gardes à seize, devient onze ans plus tard enseigne dans un vieux corps, et seulement vingt-trois ans après lieutenant aux gardes. Puységur, après avoir été page de M. de Guise, s'engage en 1617 dans les gardes, et met quatorze ans à devenir capitaine, ce qui ne l'empêcha pas de mourir lieutenant général après avoir servi près d'un demi-siècle[16].

Les débuts étaient moins pénibles pour les fils de maisons opulentes, mais ils n'étaient pas moins périlleux. Ceux-là se joignaient à l'armée en qualité de volontaires, sans solde, s'entretenant à leurs frais ; peu respectueux, il est vrai, de la discipline, mais ne demandant qu'une chose : la première place au jour du danger. Tel partait de sa province sur un genet d'Espagne ou sur un bidet d'allures pour s'en venir chercher fortune à Paris. Là il attendait les occasions de satisfaire son inclination pour la guerre[17]. A l'armée, l'important, le difficile était de parvenir par quelque circonstance heureuse à être connu du Roi. Être connu du Roi, c'était l'ambition de tout cadet, une espérance ouverte, un commencement de fortune. Ensuite on s'efforçait d'obtenir quelque pension, non pas tant pour le bénéfice, que pour être couché sur l'état ayant pension du Roi. Cela fait, on était presque de la cour, on devenait un personnage. Ces pensions ne s'élevaient guère beaucoup au-dessus de 100 ou 200 livres, mais c'était une position prise. Les jeunes seigneurs de grande qualité n'avaient pas besoin de déployer autant d'industrie, ils étaient tout naturellement présentés au prince en sortant de l'Académie[18]. Ils commençaient aussi par combattre dans les armées sans grade, sans situation régulière.

Mon oncle, dit Louis XIII au duc de Savoie en 1628, voyez-vous ce soldat qui est en sentinelle ? Il se nomme Bréauté. Il est riche de plus de 30.000 livres de rente[19]. Il n'est pas d'affaire où les récits du temps ne nous apprennent qu'il y avait cinquante, cent, voire cinq cents gentilshommes choisis, qui se battaient sans ambition, pour l'unique plaisir de se battre. Pendant toute la durée du siège d'Oléron il y eut toujours trois cents gentilshommes, dont le train pour le moins neuf cents chevaux et autant de valets[20].

Cette partie de la nation qui sert toujours avec le capital de son bien, qui va à la guerre pour que personne n'ose dire qu'elle n'y a pas été ; qui, quand elle ne peut espérer les richesses, espère les honneurs, et lorsqu'elle ne les obtient pas, se console parce qu'elle a acquis de l'honneur, toutes ces choses ont notablement contribué à la grandeur du royaume[21].

Malheureusement ce déploiement de bravoure était plus brillant qu'utile. On est parfois fort empêché de la grande quantité de volontaires qui se trouvent à l'armée ; car autant ils pourraient être bons pour un jour de bataille, ils sont tout à fait incommodes dans les siéger, où un si grand nombre de gens qui voudraient toujours être les premiers partout, embarrassent la plupart du temps plus qu'ils ne servent, et se font tuer et tuer les autres mal à propos[22]. Et cependant les volontaires étant toujours à la place d'honneur, on voit trois maréchaux de France et tous les maréchaux de camp se mettre tous ensemble à leur tète, contre la raison, qui voulait qu'ils fussent séparés en divers lieux[23]. De plus, les volontaires ne contractant aucun engagement, ne dépendant que d'eux-mêmes, étaient libres de quitter l'armée quand bon leur semblait. Leur service était intermittent ; il formait parfois un appoint avantageux, mais ne constituait pas une ressource sur laquelle on pût compter.

Légalement, les nobles n'étaient tenus à combattre qu'en cas d'appel du ban et de l'arrière-ban. On y eut recours deux fois sous Louis XIII, chaque fois sous une forme différente ; et chaque fois, cet appel donna des résultats tellement désastreux ou tellement insignifiants, qu'il démontra l'impossibilité de fonder sur lui la défense de l'État pour l'avenir En effet, ce n'était pas précisément le noble qui devait le service de l'arrière-ban, c'était le fief. Du jour où le noble ne possédait plus le fief, il ne devait rien. Or ce jour était venu, par suite de l'aliénation d'une multitude de terres, que les anciennes familles avaient été obligées de vendre, ou qui leur avaient été enlevées au moyen d'adjudications par décret[24]. Anciennement, quand on avait la guerre, on faisait venir tous les ans de ces arrière-bans, et c'était la principale force qu'on eût pour la cavalerie... on crut (en 1635, au plus fort de la guerre de Trente ans) ne pouvoir envoyer à l'armée un plus grand secours que celui-là, lequel étant tout composé de noblesse, serait bien d'une autre considération que toutes les nouvelles levées qu'on pourrait faire[25]. On ne fut pas longtemps à s'apercevoir que les nouveaux propriétaires, en acquérant les terres guerrières, n'avaient pas hérité pour cela de l'esprit belliqueux des anciens, et que cette conscription gothique de l'arrière-ban, allant chercher chez eux les gentilshommes qui n'avaient pas jugé à propos d'en sortir de leur plein gré, était désormais impraticable.

Les lettres du ban et de l'arrière-ban étaient adressées aux baillis et sénéchaux, qui les faisaient aussitôt publier avec commandement aux nobles et autres tenant fiefs, de leur ressort, de se trouver au jour et au lieu qui leur serait ordonné, en équipage requis, sous peine d'être privés à jamais de porter armes[26]. Ceux qui avaient des fiefs en plusieurs bailliages servaient pour leur principal fief, mais équipés en raison de l'étendue de tous les autres. Ceux qui n'étaient pas en état de porter les armes et de faire le service en personne, devaient envoyer gens expérimentés et en l'équipage qu'eux-mêmes sont tenus de fournir. Ils étaient obligés de les soldoyer durant le service, et l'aller et le retour. Les roturiers qui possédaient des rentes inféodées devaient une subvention en argent du quart de leur revenu.

On fournissait un cheval léger équipé et entretenu, par fief de 900 ou 1.000 livres de revenu, et proportionnellement selon le revenu du fief. La durée maximum du service était de trois mois dans le royaume et de quarante jours hors d'iceluy. Chaque compagnie se composait de cent maitres[27] ; si un bailliage ne réussissait pas à former une compagnie, ou réunissait les gentilshommes de deux baillages[28]. Le bailli la commandait s'il était noble, sinon les gentilshommes nommaient un capitaine. Chaque compagnie avait en outre un cornette et un maréchal des logis choisis à l'élection. Les gentilshommes ne recevaient pas de solde, les officiers seuls étaient pavés, mais tous avaient droit au lit et au couvert chez les habitants[29]. L'effectif de cette levée n'était pas bien gros : Le Roi écrit un contemporain, fit la revue de la noblesse d'Anjou, le Maine, Cotentin, Auxerrois, Vexin, Montargis, Gien et Châteauneuf en Timerois, laquelle se monte à mille chevaux fort bons. Nous attendons demain celle de Touraine, Orléans, Chartres et bas Poitou, laquelle toute ensemble, se monte à neuf cents chevaux. Il y a avec M. de Vaubecourt, qui se joindra dimanche au Boy, celle de haut Poitou, Lyonnais, Forest et Beaujolais, d'Auvergne et Bourgogne, qui se monte à dix-huit cents chevaux[30]. Le total s'élèverait ainsi à trois mille sept cents chevaux[31], selon le terme alors en usage, mais ces chiffres sont exagérés ; on n'en réunit pas plus de trois mille, tous bien armés, il est vrai, ce qui était alors d'autant plus considérable, que toute la cavalerie de l'armée n'avait point d'armes[32].

L'espoir qu'on avait conçu, en les voyant traverser Paris pour aller assiéger l'armée de Galas, ne tarda pas à s'évanouir. Ils n'étaient pas depuis plus de trois jours sur le théâtre des opérations, que déjà il était impossible de les retenir. Ils déclaraient vouloir s'en retourner chez eux à la Saint-Martin, et demandaient qu'on les menât au combat ou qu'on les laissât aller. Ils croyaient que la querelle des Rois se vidait comme les leurs ; qu'aussitôt qu'ils seraient arrivés on enverrait un cartel de défi à Galas, que le lendemain on donnerait bataille, et qu'ils se retireraient. Quand ils virent que toutes les vieilles troupes leur faisaient la huée et se moquaient d'eux, ils demandèrent leur congé, principalement les Normands, qui disaient qu'ils s'en retourneraient, si on ne leur faisait voir promptement leur partie adverse, jugeant de la guerre comme d'un procès au Parlement de Rouen[33]. Avec cela, aucune discipline : Racan, qui commandait un escadron de gentilshommes, ne put jamais tes obliger à faire garde ni autre chose semblable, jour ni nuit, et enfin il fallut demander un régiment d'infanterie pour les enfermer[34].

Le cardinal de la Valette écrivait à Chavigny : La noblesse s'en va sans qu'il soit possible de la retenir. Son peu de cœur et d'affection est la plus infâme chose pour notre nation qui fût jamais[35]. Chavigny, de son côté, mandait au premier ministre : Son Éminence aura peine à croire les laschetés de toute la noblesse qui est ici. Aussitôt qu'on leur a dit qu'il fallait aller à l'armée de MM. d'Angoulême et de la Force, tous les corps ont branlé pour s'en aller. Malgré les concessions qu'a faites le Roy, il n'a pas laissé de s'en débander plus de cinq ou six cents, mais nous trouvons que nous en sommes quittes à bon marché[36].

On essaya de tous les moyens pour tirer un parti quelconque de cet arrière-ban, convoqué avec tant d'éclat, par lequel l'aristocratie territoriale payait sa dette à la patrie. On proposa de donner congé aux gentilshommes, pourvu qu'ils choisissent sept ou huit cents chevaux qui remplissent volontairement les compagnies de cavalerie défectueuses, à condition qu'en recevant la paye du Roi ils ne pourraient se retirer de six mois[37]. On songea à former dix ou douze compagnies de gendarmes, sous le nom des principaux chefs de la noblesse, Thianges, la Meilleraye, Valençay, le Rivau, Parabère, Miossens, du Bellay, Tallard, Saint-Géran, Lavardin et autres chefs de province. On leur fait savoir que « s'ils ne servaient leurs trois mois, on saisirait leurs fiefs et on les mettrait à la taille ». Selon le conseil de Richelieu, on les caressa et menaça tout ensemble[38], tout fut inutile. Quatre ans plus tard on convertit le service de l'arrière-ban de cavalerie en infanterie, et sous ce prétexte que la noblesse recevrait un soulagement notable d'être dispensée de se mettre en équipage d'armes et de chevaux, on n'exigea plus le service personnel[39]. Ainsi chaque seigneur, au lieu de servir lui-même à cheval, se contenterait de fournir un remplaçant à pied ; il éluda encore cette obligation. A bout de concessions, le gouvernement songea à mettre l'arrière-ban en parti, c'est-à-dire à le transformer en impôt qu'un fermier adjudicataire eût recouvré à ses risques et périls ; mais Richelieu recula, craignant de produire encore un plus mauvais effet, et de révolter une partie de la noblesse[40].

Le même mauvais vouloir se retrouvait d'ailleurs dans les pays voisins, quand lés souverains avaient recours à cette levée chevaleresque, dernier vestige du moyen âge[41]. En France, après quelques tentatives aussi infructueuses, on y renonça pour toujours vers le milieu du règne de Louis XIV[42].

On remarque une transformation des mœurs, tout aussi saisissante, dans l'institution et le fonctionnement des ordres de chevalerie. Ici également des noms, des formules identiques ou analogues servent à désigner des choses entièrement différentes. L'édifice subsiste, mais les habitants ont changé. Ce fut quand la chevalerie proprement dite, universelle, internationale, sans épithète, commença à décliner qu'on vit se former et fleurir les ordres de chevalerie, particuliers locaux et placés sous un patronage spécial. Sur les ruines de cette franc-maçonnerie des braves qui ne reconnaissait point de chef, les Rois et les Empereurs fondèrent des corporations plus restreintes dans le chiffre de leurs membres, ayant un caractère purement honorifique, et placées sous leur autorité immédiate. Le puissant ordre de Malte où tout se passait à l'élection, et dont le grand mailler traitait d'égal à égal avec les souverains[43], alla dès lors en déclinant sans cesse, ne se soutenant plus que par ses richesses. En cessant peu à peu d'être actif et par conséquent glorieux, il demeura lucratif. On obtint des bailliages et des commanderies en France, comme une charge de cour ou un bénéfice ecclésiastique. Pour y acquérir des droits par l'ancienneté, on fit admettre dans l'ordre des enfants au berceau. Retz fut chevalier en naissant, Valençay le fut à huit ans ; affaire de protection et d'influences. Après la mort du grand prieur de la Porte, le conseil de l'ordre démembra le grand prieuré, à cause qu'il n'était plus que pour des princes et des gens de la faveur[44].

En France, Louis XI avait créé l'ordre de Saint-Michel, qui ne comptait au début que trente-six-chevaliers, se recrutant eux-mêmes, et pourvoyant aux vacances dans des chapitres solennels où la voix du souverain n'était comptée que pour deux[45]. Sous Henri II, les femmes rendirent cet ordre vénal, on en fit litière, et les seigneurs ne le demandaient plus que pour leurs valets. Henri III créa l'ordre du Saint-Esprit, dont les membres étaient fixés à cent. Longtemps les monarques laissèrent au chapitre la liberté des nominations[46] ; puis ils s'en rendirent seuls maitres, et les distribuèrent comme une faveur royale, dans le genre de ces justaucorps à brevet dont Louis XIV gratifiait ses courtisans. Ainsi la chevalerie n'était plus ni une fonction, ni même un grade, mais un simple ornement.

En même temps, les salons avaient leurs ordres de chevalerie, ingénieux ou ridicules, dont les insignes étaient sérieusement portés par des officiers de l'armée et des parlements : ordre des Allumettes ou des Égyptiens, nœuds bleus, jaunes ou gris de lin. Tout cela était la parodie inconsciente d'une pièce que quatre ou cinq siècles auparavant on jouait au naturel[47].

En Angleterre, où les traditions se perpétuent toujours plus longtemps qu'ailleurs, le chevalier du Bain revêtait encore la veille de son admission l'habit de quelque ordre religieux ; on le baignait, et il prêtait serinent de ne jamais s'asseoir en un lieu où pourrait se commettre une injustice, mais de la réparer selon son pouvoir[48]. Chez nous, les droits féodaux allaient disparaitre, et les devoirs féodaux avaient déjà disparu.

 

 

 



[1] Quelquefois, au contraire, le négociateur de rencontre redevenait général : on voit le comte de Schomberg partir en ambassade auprès des princes d'Allemagne, avec des instructions longuement élaborées, et tous les condiments diplomatiques. Pendant son voyage, les événements se précipitent, et il reçoit l'ordre de la cour de laisser là sa mission, et de lever quatre cents reîtres et quatre mille lansquenets pour combattre ceux avec qui il était venu traiter. (RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 146.)

[2] Abel Servien (1593-1659), ambassadeur en Italie, signa le traité de Mantoue, le traité de Cherasen, et plus tard les traités de Westphalie. D'une famille semi-bourgeoise du Dauphiné, sa mère se nommait Diane Bailly ; lui-même épousa Augustine Le Roux, fille du seigneur de la Roche des Aubiers, d'une famille de Paris. En 1616, procureur général au parlement de Grenoble ; 1618, conseiller d'État ; 1624, maitre des requêtes, puis trésorier des parties casuelles ; 1627, intendant de justice en Guyenne ; 1630, premier président du parlement de Bordeaux, puis secrétaire d'État à la guerre. Sur la fin de sa vie il devint comte de la Roche-Servien, et acheta le marquisat de Sable, dont il prit le titre. Il était borgne, avait un esprit délié, mais un caractère difficile.

Jean de Tanguiez, qui obtint plus tard le titre de comte de Wahl-ville, était cadet d'une famille pauvre. Il eut pour rien le guidon des gendarmes du Roi, par la faveur de madame de Souvré ; fut conseiller d'État, maitre de la garde-robe, ambassadeur en Angleterre (1625) ; premier gentilhomme de la chambre, lieutenant au bailliage de Caen ; épousa Catherine Voisin, dame de Tourville et d'Infreville, veuve d'un président de Rouen. II mourut en 1628.

Claude de Mesmes, connu sous le nom de comte d'Avant (1595-1650). Ambassadeur à Venise, 1627, puis en Allemagne, négociateur à Munster. Fut un moment surintendant des finances. Greffier des ordres du Roi après la démission de Duret de Cherry, Il était cadet dia président de Mesmes.

Pour Charnacé, voir plus haut.

[3] Tout en étudiant à la Sphère. Il continue la physique jusqu'à ce qu'il soit parvenu aux livres De anima.

[4] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 14.

[5] Le duc d'Enghien et Cinq-Mars notamment y passèrent plusieurs années. (Mémoires de l'abbé ARNAULD, p. 485.)

[6] On donne jalousie au Roi (1618) de ce que Monsieur était beaucoup mieux institué que lui... (Mémoires du duc d'Orléans, p. 625.)

[7] D'ESTRÉES, Mémoires, p. 491, Voyez Lettres et papiers d'État, t. II, p. 479.

[8] Déclaration de septembre 1640, fondant un collège à Richelieu.

[9] Colligny, comte de Saligny, cousin du maréchal de Châtillon, tué prématurément sous Louis XIV.

[10] COLLIGNY-SALIGNY, Mémoires, p. 5. (Collection de la Société de l'Histoire de France.) Les pages étaient habillés aux frais de leurs maitres, mais leur Gouverneur exigeait pour les présents et la petite oie une somme considérable. (Mémoires de M. L. C. de Rochefort, p. 27.)

[11] Mémoires, p. 672.

[12] Mémoires, p. 26. (Collection de la Société de l'histoire de France.) Richelieu eut en 1636 le projet de fonder une académie de mille gentilshommes, mais il ne l'exécuta pas.

[13] Mémoires, p. 23.

[14] Lavardin est volontaire à dix-huit ans, à vingt-cinq il devient colonel de l'infanterie du Coi de Navarre ; à trente-cinq, maréchal de camp ; à quarante-quatre, maréchal de France. Bois-Dauphin et Lauzières, que des faveurs de cour, fondées sur des causes diverses, portèrent au maréchalat, avaient l'un vingt-quatre, l'autre quarante-six ans de services. (Cf. la Chronologie militaire de PINARD.)

On en verra d'autres exemples dans notre livre troisième, Administration générale, ARMÉE.

[15] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 167. Son vrai nom était Troisville ; il obtint, par la suite, une des quatre compagnies de mousquetaires.

[16] Jean de Chastenet, seigneur de Puységur, soldat dans la compagnie de Castel-Jaloux, 1617-1622 ; anspade, 1622-1624 ; enseigne des mousquetaires, 1624 ; capitaine du régiment de Piémont, 1631 ; sergent-major, 1641 ; sergent de bataille, 1644 ; lieutenant-colonel de Piémont, 1648 ; maréchal de camp, 1651.

[17] Un père envoie son fils porter les armes en Hollande ; il lui donne pour tout bagage une épée que Henri IV avait portée, et le propre chapeau que ce Roi avait le jour de son mariage avec Marie de Médicis. (TALLEMANT, t. IX, p. 16.)

[18] TURENNE, Mémoires, p. 350.

[19] PUYSÉGUR, Mémoires, t. I, p. 71. — Il lui dit ensuite qu'il avait dans son régiment des gardes quatre cents gentilshommes de fort bonne maison, qui étaient riches et apprenaient le métier de soldat.

[20] En 1627. (RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 462.) En 1629, M. de Longueville commandait un bataillon de trois cents gentilshommes, dont beaucoup étaient de qualité. (Ibid., p. 607.) En 1601, dit Bassompierre, tous les princes et seigneurs de France venaient à l'envi à l'armée du Roi. (Mémoires, p. 24. Voy. Ibid., p. 294.)

[21] MONTESQUIEU, Esprit des lois, p. 356.

[22] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 159. Le jour de l'attaque d'un pont-levis, à Montauban, il en vint plus de huit cents qui la voulaient faire, et l'oster aux régiments qui en avaient la charge. En 1621.

[23] En 1629, les maréchaux de Créqui, de Bassompierre et de Schomberg. (RICHELIEU, Mémoires.)

[24] C'est-à-dire des ventes par autorité de justice, depuis que le fief était devenu susceptible d'hypothèques.

[25] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 246, 248.

[26] Une ordonnance de Charles le Gros, sur la convocation de la noblesse, porte que les vassaux ne seront tenus de se mettre en marche qu'un an et six semaines après en avoir été avertis par la publication du ban. (BOULAINVILLIERS, Ancien Gouvernement, t. I, p. 296.)

[27] On nommait ainsi les cavaliers, qui tous étaient accompagnés d'un on plusieurs valets montés, ce qui triplait en hommes et en chevaux l'effectif d'une compagnie.

[28] Voyez sur la division en bailliages et sénéchaussées, le chap. Etats généraux.

[29] Les capitaines recevaient trois cents livres, les cornettes cent cinquante, les maréchaux des logis cent vingt, par mois de trente jours. Le Roi, pour donner plus de moyens de rendre le service du ban et de l'arrière-ban, surseoit toutes les procédures qui pourraient être faites en matière civile, à l'encontre de ceux qui en foot partie. (Règlement du 30 juillet 1635.)

[30] Bibliothèque nationale, fonds français, Ms. 3840, fol. 41. — Jean de Nettancourt, comte de Vaubecourt, baron d'Orne et de Choiseul, l'un des petits chevaux de Lorraine, conseiller d'État, maréchal de camp, capitaine de cent hommes d'armes, colonel du régiment de Vaubecourt, lieutenant général à Metz et Verdun, gouverneur de Châlons, mort en 1642.

[31] Chevaux était l'équivalent de maîtres. On évaluait l'infanterie en hommes et la cavalerie en chevaux. Par cheval (voy. plus haut), il faut entendre, selon le corps, un, deux, ou trois hommes et autant de bêtes (trois pour les gendarmes, deux pour les chevau-légers, un pour les mousquetaires). Pour avoir l'effectif réel d'une troupe de cavalerie, il faut donc multiplier par 2 ou par 3 la plupart des chiffres énoncés en chevaux.

[32] Dans les Lettres et papiers d'Etat, (t. V, p. 164), le Poitou est porté pour 600, l'Anjou pour 400, la Touraine, Maine, Orléans, Beauce et Perche pour 800, la Bourgogne, Bresse, Berry, Bourbonnais, Foretz, Lyonnais, Auvergne, Marche, Limousin, pour 1.200. Fontenay-Mareuil donne aussi le chiffre de 3.000. Il est vrai que la Normandie, qui pourtant fut appelée, ne figure sur aucun état.

[33] MONTGLAT, Mémoires, p. 33. — FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 258.

[34] TALLEMANT, t. III, p. 132. Richelieu dit la même chose (Mémoires, t. II, p. 641) : En quelque lieu qu'on les menât, s'ils n'étaient assurés qu'il n'y avait de quoi vivre pour leurs chevaux, ils ne partaient point.

Honorat de Bueil, marquis de Racan, 1589-1670. (Racan était le nom d'un fief que son père acheta le jour de sa naissance.) D'une famille de Touraine, page de Henri IV, commanda les gendarmes du maréchal d'Effiat, devint par la suite maréchal de camp. Il est connu par ses Bergeries. Fut membre de l'Académie française.

[35] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 356. — Louis de Nogaret, cardinal de la Valette, archevêque de Toulouse, fils cadet du duc d'Epernon, soutint le courage de Richelieu à la journée des Dupes, commanda en Allemagne (1635-1636) et en Savoie (1638-1639) ; mourut cette dernière année à Rivoli. On l'appelait la cardinal-valet, par opposition au cardinal-ministre, auquel il faisait sa cour. Il mangea une partie de son bien et fut l'amant de madame la Princesse, mère du grand Condé. Il était brave, galant homme, libéral, fort laid et fort spirituel. A sa mort, on refusa de faire à Rome les prières ordinairement faites pour les cardinaux.

[36] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 284. Voyez aussi Louis XIII et Richelieu, par M. Marius TOPIN, p. 266.

[37] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 630. Chaque province eût été responsable des trente, quarante ou cinquante gentilshommes qu'elle aurait fournis.

[38] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 284. — De Thianges, lieutenant de la compagnie des gendarmes de M. de Mayenne, en 1617.

Charles de La Porte, marquis de la Meilleraye (1602-1664), cousin germain de Richelieu par son père, qui était frère de la mère du cardinal.* Écuyer de Richelieu, puis enseigne des gardes de la Reine mère, puis capitaine de ses gardes Grand maitre de l'artillerie, maréchal en 1639, créé duc sous Louis XIV, gouverneur de Brest, surintendant des finances, lieutenant pour le Roi en Bretagne. — Son château passa dans la suite aux Mortemart. Il épousa 1° la fille du maréchal d'Effiat (1630), 2° la fille du duc de Brissac (1637). Son fils épousa Hortense Mancini, nièce de Mazarin. Il était de noblesse douteuse.

Jacques d'Estampes-Valençay, chevalier, seigneur de la Ferté-Imhault, premier chambellan et lieutenant de la compagnie d'hommes d'armes du duc d'Orléans, gouverneur de Calais ; perdit en 1632 son gouvernement. Il commandait à Châlons en 1639, et devint dans la suite maréchal de France. Son fils fut le marquis de Mauny.

Le comte de Parabère était gouverneur de Poitou.

César Phébus d'Albret, comte de Miossens, plus tard connu sous le nom de maréchal d'Albret, enseigne, puis lieutenant des gendarmes ; amant de la duchesse de Rohan, épousa mademoiselle du Plessis-Guénégaud, sœur du trésorier de l'Épargne.

Martin du Bellay, seigneur de Gretz, marquis du Bellay, lieutenant général d'Anjou, maréchal de camp, prince d'Yvetot par sa mère, qui était dame de Langey ; d'une des plus anciennes familles d'Anjou, à laquelle appartiennent le poète et le cardinal ; épousa Hélène de Rieux ; mort en 1637, à soixante-sept ans. Pour les autres, voir ARMÉE.

[39] Ordonnance du 14 mai 1639.

[40] Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 496.

[41] RICHELIEU (Mémoires, t. III, p. 248) rapporte qu'après quelques semaines de siège à Fontarabie (1638), tous les hidalgos espagnols eussent voulu être chez eux.

[42] En 1674. MONTEIL, Histoire des Français, t. VIII, p. 386, donne la date de 1691. Il y avait encore eu sous Louis XIII une convocation partielle, le 6 juin 1642.

[43] Il avait un ambassadeur à Paris.

[44] TALLEMANT, t. III, p. 143. — Amador de la Porte, fils d'un avocat, oncle de Richelieu, père de la Meilleraye, commandeur de Malte (1619), gouverneur d'Angers, puis du Havre, grand prieur de France. (1640-1644.)

[45] Art. 43 de l'ordonnance. (BODIN, République, p. 738.)

[46] Voy. BRIENNE, Mémoires, p. 17.

[47] Abbé ARNAULD, Mémoires, p. 485, 508. — Mémoires du duc d'Orléans, p. 599.

[48] Mémoires de lord U. Cherbury, p. 51.