CARTHAGE ROMAINE

 

LIVRE DEUXIÈME. — TOPOGRAPHIE

CHAPITRE V. — LOCALITÉS INCERTAINES.

 

 

Outre les monuments et les localités dont nous avons essayé d'établir la situation, les auteurs font mémoire de beaucoup d'autres, qui ne sont pas parmi les moins célèbres de la ville, mais que l'on n'a pas encore les moyens d'identifier.

Le plan de Tissot est chargé d'une multitude de traits rouges, qui se croisent dans tous les sens et qui ont la prétention de reproduire les rues telles qu'elles existent encore aujourd'hui. Pour les tracer, l'auteur a eu recours à la carte manuscrite de Daux, qui a relevé, dit-il, avec un soin extrême, toutes les insulæ de la Carthage romaine[1]. En les marquant, Daux a donné une nouvelle preuve de son sans-gêne scientifique ; car ces rues ne se retrouvent pas sur le sol. Tissot a beau dire qu'en vingt ans beaucoup des vestiges que signale son guide ont disparu sous la pioche des chercheurs de pierre[2] ; l'excuse, recevable peut-être pour les monuments, est inadmissible en ce qui concerne les rues. Comment nous persuadera-t-on que les Arabes aient réussi à effacer, en si peu de temps, jusqu'aux traces des chemins qui auraient subsisté dans la terre même depuis près de douze siècles ? Une trentaine d'années avant Daux, Falbe avait établi lui aussi un plan détaillé de Carthage, que tout le monde considère comme très fidèle. Sur cette carte excellente, c'est à peine si quelques-unes des rues que Daux tient pour évidentes sont marquées d'un trait timide ; et, quand il est amené dans son commentaire à se prononcer sur cette question, Falbe hésite presque à rien affirmer[3]. Il attire notre attention sur un sentier qui part de la maison d'Ahmed Zarouk et, longeant la colline du Petit Séminaire, aboutit aux citernes de La Malga ; il nous en fait remarquer aussi plusieurs autres dans le voisinage de Byrsa, sur les collines qui relient Bordj Djedid à La Malga, entre Douar ech Chott et les ports, autour des deux groupes de citernes, enfin au nord du cirque. Une suite de ruines alignées, des pans de murailles debout au croisement de ces pistes, semblent attester qu'elles répondent bien aux rues antiques, dont ces vestiges auraient été la bordure. Il est probable, ajoute notre auteur, que la totalité des sentiers et des chemins modernes suivent les rues et les routes tracées par les anciens. Ainsi formulée, cette théorie modeste ne se heurte, je pense, à aucune objection sérieuse ; elle complète les observations du même savant sur la division symétrique du territoire dans la plaine de La Marsa.

La Descriptio orbis[4] nous apprend que les rues et les places se coupaient à angle droit, de sorte que Carthage devait offrir l'aspect d'un gigantesque échiquier ; cette particularité est, d'ailleurs, caractéristique des villes romaines tracées avec cardo et decumanus. Nous connaissons de nom quelques-unes de ces rues : j'ai déjà eu l'occasion de citer la via Mappaliensis, où fut déposé le corps de saint Cyprien, et qui, se prolongeant hors des murs, commençait peut-être à l'intérieur ; puis la via Venerea ou Cælestis, la via Salutaria et le vicus Saturni[5], qui montaient peut-être de la mer vers Byrsa[6] ; enfin le vicus argentariorum en bordure du forum. Saint Augustin parle encore du vicus ficariorum[7], habité sans doute par les marchands de figues ou plus généralement de fruits, et voisin, j'imagine, du forum holitorium, que Tertullien parait attribuer à Carthage[8]. La seule rue dont l'emplacement soit certain, celle que le P. Delattre a déblayée au sud-ouest de Byrsa, demeure encore anonyme. Nous n'en savons donc guère plus sur le réseau des rues que Falbe il y a soixante ans ; peut-être même sommes-nous moins avancés que lui, puisque le temps a effacé plus d'une ruine apparente à cette époque. Quelques-uns, comme Maltzan[9], ont eu le bon sens de le reconnaître ; je souscris sans réserve à cet aveu d'ignorance.

Grâce à l'annone, qui faisait affluer sur le marché de Carthage d'énormes quantités de céréales, le commerce des grains y avait pris une très rapide extension[10]. Les courtiers et les commissionnaires formaient, ainsi que dans nos villes maritimes modernes, une fraction considérable de la population. Mais un marché ne suffisait pas à une aussi grande cité. Il lui fallait des greniers afin qu'elle pût parer à toute éventualité et fournir promptement Rome ou Constantinople selon leurs demandes. Ammien Marcellin mentionne ces horrea[11], le proconsul Hymetius, au dernier tiers du IVe siècle, puisa pour nourrir les Africains affamés.

En 1890, le P. Delattre a publié une inscription où il est dit qu'un certain Julius Priscus Domitianus„ corroyeur de son état, a bâti et dédié un horreum publicum[12]. Je ne me figure pas cet humble personnage construisant pour le peuple de Rome ; les termes mêmes de la dédicace (publicum horreum) indiqueraient plutôt qu'il s'agit d'une œuvre d'utilité publique destinée aux gens du pays. Ce texte vient de Gamart ; faut-il en déduire l'existence, en ce quartier lointain, d'un grenier qui paraîtrait mieux placé dans la basse ville à proximité du port ? Si les circonstances de la découverte empêchent de croire que l'inscription ait été transportée d'autre part à Gamart, force nous sera d'admettre qu'elle a réellement trait à quelque horreum des faubourgs, ce que la condition de Julius Domitianus rendrait assez vraisemblable. On a vu plus haut qu'il y avait peut-être un mouillage à la sebkha de La Soukra et un autre entre Gamart et Sidi Bou Saïd, où les petits vaisseaux auraient pu embarquer leurs cargaisons.

Dans une contrée chaude comme l'Afrique, les bains sont plus indispensables que partout ailleurs ; les Romains en faisaient chez eux un usage quotidien ; cette habitude devait être encore plus répandue à Carthage. On constate en effet, en lisant les auteurs tant chrétiens que profanes, que les thermes y étaient nombreux[13]. Après ceux d'Antonin que nous connaissons bien aujourd'hui, ceux de Gargilius dont on soupçonne l'emplacement, et ceux de Maximien que je ne me résous pas à chercher derrière l'amphithéâtre, Justinien en bâtit d'autres[14] qu'il appela du nom de l'impératrice thermæ Theodorianæ[15]. On a parfois cru que cette construction grandiose existait à côté du forum, parce que Procope en parle aussitôt après avoir mentionné la place maritime que l'empereur décora de portiques. Mais cette place, je l'ai dit, ne doit pas être confondue avec le forum ; et, quand bien même on voudrait les identifier, la phrase de Procope ne permet pas d'y établir les thermes de Theodora.

A côté du cirque et de l'amphithéâtre, Tertullien, dans le De speciaculis, parle sans cesse du théâtre et du stade[16] ; mais il ne décrit aucun de ces endroits de divertissement et n'en marque pas la situation. Saint Cyprien et saint Augustin, dans les allusions qu'ils ont pu y faire, observent la même regrettable réserve[17], et Victor de Vita[18] nous apprend seulement que le théâtre fut détruit par les Vandales. Apulée, prononçant un discours d'apparat au théâtre, vante en quelques mots, dans son exorde, le local où il se trouve[19] ; tour à tour il admire le pavé de marbre de la cavea, le riche parquet du proscenium, les colonnes qui décorent la scène, la hauteur des combles, l'éclat des lambris, les gradins bien ordonnés en demi-circonférence. Ces paroles nous donnent l'idée d'un bel et spacieux édifice, tel qu'il convenait à une cité comme Carthage ; mais elles ne permettent nullement de conclure, avec Dureau de la Malle[20], que le théâtre fut bâti par Auguste, embelli sous Néron et agrandi par Hadrien.

Une phrase de Tertullien[21] pourrait faire supposer que le stade disparut au commencement du IIIe siècle, quand furent institués les jeux pythiques. Il n'en est rien ; car le biographe de saint Cyprien, racontant les circonstances qui précédèrent son martyre[22], en 258, mentionne encore ce monument. : Il sortit de la maison du princeps, dit-il ; sur la route, on passa le long du stade. Heureuse coïncidence et qu'on eût crue amenée à dessein ! C'était en s'avançant vers la couronne de justice, après la lutte, qu'il rencontrait le lieu out se livrent les combats. Dureau de la Malle[23] commet un contre-sens lorsqu'il interprète la phrase : eundi auteur interfuit transitus, par : il n'y avait qu'un stade de distance entre la maison du strator et le prétoire ou palais du proconsul ; le contexte interdit absolument cette traduction.

Les églises étaient très nombreuses à Carthage ; elles se multipliaient à mesure que la foi nouvelle se propageait parmi chrétiennes. Les auteurs n'en mentionnent pas moins de dix-sept[24] ; et il est probable que la liste n'est pas complète. J'ai déjà eu l'occasion de nommer les deux basiliques élevées en l'honneur de saint Cyprien, la cathédrale (basilica Perpetuæ, restituta ou major), l'église du palais consacrée à la Théotokos, la basilique des Scilitains ou de Celerina, livrée au culte arien par les Vandales.

Les autres sont : la basilics sancti Agilei, où le peuple conduisit Fulgence et les évêques, ses compagnons d'exil, à  leur retour à Carthage[25], un concile se tint dans le secretarium en 525[26], l'évêque Donifatius y fut sacré en 523[27] confisquée par les Vandales avec le cimetière attenant, elle fut rendue aux catholiques par Gunthamund[28] ; la vaste basilica Fausti, où reposaient les corps d'un grand nombre de martyrs[29], Hunéric en avait expulsé les catholiques[30], plusieurs conciles siégèrent dans le secretarium[31], l'évêque Deogratias y fut sacré en 454[32] ; la basilica Novarum, aussi spacieuse que la précédente et, comme elle, convertie par l'évêque Deogratias en refuge pour les prisonniers ramenés de Rome par Genséric[33] ; la basilica Tertullianistarum, ainsi nominée des partisans de Tertullien qui l'occupaient, elle revint aux catholiques vers l'époque de saint Augustin[34] ; la basilica regionis secundæ, où se réunirent six conciles de 403 à 410[35]. A ces églises, sur lesquelles nous possédons des indications plus ou moins précises, il en faut ajouter plusieurs autres dont nous savons seulement le nom : les basiliques Tricliarum[36], de Gratien[37], d'Honorius[38], de saint Julien (d'Antioche ?)[39], de saint Pierre dans la IIIe région ecclésiastique[40], celle d'une sainte locale, sainte Prime, dut à Justinien[41], et une dernière qui est l'œuvre de Thrasamund[42].

Parmi les monuments religieux, mentionnons encore un baptistère anonyme chanté par le poète de cour Calbulus et rendu sans doute aux catholiques sous le roi Hildéric[43], le monastère de Bigua[44], contigu à la basilique de Celerina, dans lequel furent enterrés sept moines de Capsa martyrisés sous Hunéric ; un monastère de religieuses mis sous le vocable de saint Etienne, dont il renfermait des reliques, et qui s'élevait sur une colline[45] ; le couvent fortifié du Mandracium, œuvre de Justinien[46].

Pour clore l'énumération des endroits indéterminés, je signalerai encore le lieu dit Fuscianus ou Fusciacum, où périt le martyr Montanus[47] ; la prison où furent enfermés ce même martyr[48] et, avant lui peut-être, sainte Perpétue et ses compagnons[49], plus tard les donatistes Maximin et Isaac[50] ; les jardins de saint Cyprien[51], qu'il a lui-même décrits en des lignes pleines de charme, et d'où les soldats vinrent l'arracher pour le conduire devant le proconsul, puis de là à la mort[52].

Aux documents que les historiens nous ont transmis sur la topographie de Carthage, est venu s'ajouter récemment un texte des plus curieux. Dans les paradigmes d'un grammairien, M. G. Paris et, après lui, divers savants ont retrouvé les noms de quelques rues d'une ville romaine qu'ils estiment être la capitale de l'Afrique[53].

A la suite des Catholica et des Instituta artium de Probus, Keil[54] insère quelques pages détachées sous le titre d'Appendix Probi. Parmi les règles et les exemples que contient cet appendice, figure une liste de mots transcrits clans leur prononciation vicieuse et, en regard, dans leur prononciation correcte[55], quelque chose d'analogue aux : ne dites pasmais dites, de nos anciens rudiments. J'en extrais une douzaine de mots dans l'ordre on le texte nous les présente :

calcostegis

non

calcosteis

septizonium

non

septidonium

Marsyas

non

Marsuas

aquæductus

non

aquiductus

Byzacenus

non

Bizacinus

Capsesys

non

capsesis

Syrtes

non

Syrtis

vicocapitis Africæ

non

vicocaput Africæ

vicotabuli proconsulis

non

vicotabulu proconsulis

vicocastrorum

non

vicocastræ

vicostrobili

non

vicotrobili

. . . . . .

non

Ametra

basilica

non

bassilica

Quatre de ces termes, qui désignent évidemment des rues, ont été introduits par Jordan[56] dans son tableau des rues de Rouie ; au premier abord, cette opinion semble très soutenable. Le vicus capitis Africæ de Rome nous est en effet connu par d'assez nombreux témoignages[57] ; il tirait probablement son nom de quelque buste colossal de l'Afrique qui l'ornait, de même que le vicus capitis canterii et le vicus capitis tauri, d'une tête de cheval et d'une tête de taureau ; il était situé dans la IIe région, sur les pentes du Cælius, en face du Palatin[58]. Il y avait là un pædagogium, où s'instruisaient les jeunes esclaves du palais impérial, surnommés, en raison de ce voisinage, Caputafricenses. Le vicus strobili et le vicus castrorum conviennent également bien à Rome ; la proximité des castra prætoria ou de quelque autre caserne suffit à expliquer le dernier ; d'autre part, la pomme de pin (strobitus) était un motif de décoration assez répandu chez les Romains[59] pour qu'on en ait placé une dans un vicus urbain.

Toutefois, si ces trois dénominations peuvent s'appliquer à Rome, elles n'excluent pas l'hypothèse d'une autre ville. Le quatrième exemple :

vicotabuli (lisez vico[s]tabuli) proconsulis

non vicotabulu proconsulis[60].

tranche la difficulté ; il ne peut être question d'un proconsul à Rome, surtout d'un proconsul à demeure fixe, dont ce vicus aurait longé les écuries, comme fait les communs du Quirinal la moderne via delle scuderie. M. K. Ullmann[61], qui a repris la thèse de Jordan, écarte promptement cette objection. Septime Sévère, dit-il, attacha toujours beaucoup d'importance à son titre de proconsul, et il fut le premier empereur qui ne l'abandonna pas, même pendant son séjour à Rome. Rien ne s'oppose à ce que le vicus stabuli proconsulis ait reçu son nom sous ce prince. Admettons que Septime Sévère se soit réellement comporté comme le dit M. Ullmann[62], s'imagine-t-on que les écuries impériales aient jamais pu être désignées, surtout à Rome, comme écuries du proconsul ? Cette théorie se réfute d'elle-même ; et nous devons chercher dans les provinces où placer tout ensemble le vicus stabuli proconsulis et les trois autres. Carthage, résidence du proconsul d'Afrique et ville de garnison, pouvait avoir un vicus stabuli proconsulis[63] et un vicus castrorum ; le vicus strobili lui sied comme à toute autre cité ; enfin le vicus capitis Africæ s'explique sans peine, car il est au moins aussi naturel de trouver un buste de l'Afrique dans une rue à Carthage qu'à Rome[64]. On soupçonne même Septime Sévère[65], sans qu'on en fournisse cependant une preuve formelle, d'avoir imité, en érigeant le buste du Cælius, ce qu'il avait vu dans sa patrie et dans la ville où il avait résidé comme légat du proconsul. Cet empereur, on ne l'ignore pas, était africain de cœur et de goûts, comme de naissance.

Parmi les constructions dont il dota la capitale de l'empire, la plus belle, le septizonium, parait n'être, elle aussi, qu'une imitation. Ce mot avait, à l'origine, un sens astronomique[66] et désignait les cercles décrits par les sept planètes, Saturne, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, le Soleil et la Lune, dans leur révolution. Les Africains vouèrent de bonne heure et conservèrent longtemps un culte au septizonium ; Commodien les en raille[67]. Ne nous étonnons pas qu'avec de tels sentiments ils aient élevé, en l'honneur de ce cycle planétaire, des monuments qui portaient le même nom. Une inscription de Lambèse[68] atteste l'existence en cette ville d'un septizonium antérieur de beaucoup au règne de Septime Sévère[69] ; pareil renseignement nous est fourni par un texte épigraphique d'Henchir Bedd en Proconsulaire[70]. Un septizonium à Carthage n'a donc rien qui puisse nous surprendre ; et la note de Probus :

septizonium

non

septidonium,

loin d'être en faveur de Rome, accentue le caractère africain du morceau. Le septizonium romain, érigé par Septime Sévère en 201[71], fut une copie plus ou moins exacte de l'autre, destinée, dit Spartien, à étonner les Africains qui entreraient dans Rome[72].

M. G. Paris voit encore un indice en faveur de Carthage dans ce fait que les noms de lieux de la liste se rapportent tous à l'Afrique :

Byzacenus

non

Bizacinus

Capsesys (lisez Capsensis)

non

Capsesis

Syrtes

non

Syrtis

et peut-être, selon la conjecture du même savant.

[Ammædara]

non

Ametra

N'est-il pas possible d'y joindre, comme corollaire, ces deux termes usités à Carthage autant qu'à Rome :

aquæductus

non

aquiductus

basilica

non

bassilica ?

Enfin la correction :

Marsyas

non

Marsuas

vaut pour l'un et l'autre cas, puisque le forum des deux villes était orné de la statue de Marsyas.

L'Appendix Probi n'est donc pas l'œuvre de quelque maitre ou élève du pædagogium des esclaves impériaux, il a au contraire été composé en Afrique pour des Africains. Rien dans la latinité du texte ne va à l'encontre de cette conclusion[73]. C'est pourquoi M. de Rossi[74], avec toute sa science de la topographie romaine, M. Gatti, son collaborateur, et M. Huelsen[75], le continuateur de Jordan, ont soutenu le système de M. Paris ; il e reçu aussi l'adhésion de MM. Sittl[76], Kuebler[77] et Gsell[78] ; et nous sommes sans doute en droit désormais d'attribuer à Carthage quatre rues nouvelles, les vici capitis Africæ, stabuli proconsulis, castrorum et strobili, et un septizonium. Il conviendra d'inscrire en outre parmi ses monuments celui qui est désigné par le seul mot :

calcostegis (lisez chalcosiegis) non calcosteis.

Ce terme, que les lexiques grecs et latins n'indiquent pas, laisse deviner un édifice dont la toiture était faite de plaques d'airain ; l'usage des couvertures de métal n'était point rare chez les anciens[79].

 

Dans ce résumé de nos connaissances sur la topographie de Carthage pendant la période romaine, je me suis efforcé de réagir contre une habitude qui fut trop longtemps de mode. On prétendait jadis tout connaître ; de peur de paraitre mal informé, on ne reculait pas devant les assertions les plus hasardeuses. L'expérience nous a rendus plus prudents ; nous préférons, à juste titre, une parcelle de vérité bien constatée aux systèmes brillants mais éphémères. Les formules dubitatives sont donc fréquentes au cours de ces chapitres, et j'ai posé plus de points d'interrogation que je ne donnais de réponses. D'autres viendront qui, profitant des futures découvertes, combleront peu à peu les lacunes de ce tableau et en éclairciront les ombres.

Dès maintenant, néanmoins, les documents que je viens de réunir dans ce deuxième livre nous mettent en état de comprendre quel attrait Carthage exerça, pendant l'Empire, sur ses habitants et ses visiteurs. Bien assise au bord des flots, elle couvre un terrain accidenté, qui forme des plans multiples ; de là naît une heureuse diversité dans sa situation. La plaine s'y étend assez pour qu'on n'y soit pas astreint à de perpétuelles ascensions ; l'altitude de ses collines est moyenne ; elles se terminent par des plateaux spacieux qui semblent disposés à souhait pour recevoir des temples ou des palais. De leur sommet, la vue, que rien n'arrête, embrasse un immense horizon et se repose tour à tour sur la mer d'azur, les montagnes elles champs fertiles.

A ses portes, villas, jardins, lieux de plaisance et de repos ont toute liberté de se multiplier ; les riches négociants, les fonctionnaires y vont respirer un air plus pur qu'à l'intérieur de la cité et se délasser de leurs travaux. Une ceinture d'églises et de nécropoles enserre la ville proprement dite, qui s'est épanouie à l'aise entre le lac de Tunis, la mer et les collines. Des rues droites et bien soignées la sillonnent en tous sens. Partout se dressent de splendides édifices, temples païens ou basiliques chrétiennes, thermes, théâtre, cirque, amphithéâtre, etc. ; ils couvrent la plaine, ils escaladent les hauteurs. Autour d'eux se groupent les maisons[80] où habite une population dense, qui goûte la joie de vivre dans ce décor somptueux autant que varié. Je ne m'étonne plus qu'Hérodien, au moment où Gordien est revêtu de la pourpre, la déclare la rivale d'Alexandrie, inférieure à Rome seule. Pour atteindre au même éclat, il ne lui manque que la présence d'un empereur ; elle va se donner, pour quelques jours, ce dernier luxe. Au IVe siècle, elle reste encore admirable ; l'auteur anonyme de la Descriptio orbis s'extasie surtout devant la beauté de ses rues et de ses places publiques. Les Vandales s'emparent d'elle et lui font subir mille dégradations, les plus magnifiques de ses monuments éprouvent leur fureur. Peu à peu gagnés à la civilisation, ils s'efforcent de réparer les dommages dont ils ont été la cause ; Thrasamund prend à cœur d'embellir sa capitale, et bientôt le poète Florentinus s'écriera[81] :

Carthago populis pollet, Cartitago refulget,

Carthago in domibus, Carthago in mœnibus ampla ;

Carthago et dulcis, Carthago et nectare suavis.

Les luttes sans trêve dll tete siècle et surtout l'invasion musulmane ruinèrent tant de gloire. Les siècles ont ensuite lentement émietté ce que les Arabes avaient laissé debout ; c'est au prix des plus grands efforts qu'on arrive aujourd'hui à en extraire quelques débris des profondeurs du sol. Avant que de patientes recherches nous aient fixés sur la situation exacte de la ville, son nom, illustre dans tout l'univers, avait presque disparu de la terre qu'elle recouvrit autrefois. Quand on veut aller de Tunis à Carthage, écrivait Chateaubriand il y a cent ans, il faut demander la tour d'Almenare ou la torre de Mastinacès[82].

 

 

 



[1] Géographie, II, p. 615.

[2] Géographie, II, p. 511, note ; cf. Meltzer, II, p. 5-11.

[3] Falbe, p. 41 sq. ; Barth (I, p. 96) appuie les idées de Falbe. Beulé, qui écrivait en 1861, trois ans avant Daux, et qui était un investigateur attentif, n'a pas noté, lui non plus, sur le terrain les traces que Daux y signale.

[4] C. Mueller, Geogr. græci min., II, p. 526, 61 ; cf. Toutain, Cités, p. 78 sq.

[5] On a plus d'une fois interprété vicus Saturni par quartier de Saturne. Mais le vicus tuscus et le vicus jugarius de Rome étaient des rues ; d'autre part, Victor de Vita (III, 32) emploie ce mot dans le même sens (in illis plateis vel vicis) en parlant de Carthage.

[6] Dureau de la Malle (pl. III) mène la Salutaria en ligne droite, depuis la mer jusqu'à la façade du temple d'Esculape, au centre de Byrsa ; la Cælestis, qui touche aussi à la plage, près de la maison d'Ahmed Zarouk, remonte vers la haute ville, passe entre les deux collines de Byrsa et du Petit Séminaire et aboutit aux citernes de La Malga sous le nom de via Memoriæ ; mais, par un illogisme incompréhensible, le vicus Saturni ou vicus senis, qu'elles encadraient, est relégué derrière le Carmel. Barth (I, p. 96) et M. de Sainte-Marie (plan de la p. 9) acceptent les rues de Dureau de la Malle sur la Salutaria ; mais le second arrête la Cælestis, qu'il fait partir également de la mer, à la route carrossable sur le flanc nord-est de Byrsa. Davis enfin (p. 423 sq. et le plan en tête du volume) rattache le vicus Saturni, la Salutaria et la Venerea au forum qui serait à l'ouest du port, vers le Koudiat el Hobsia ; sur sa carte ces trois voies forment comme les branches issues d'un même tronc. La Salutaria court parallèlement à la mer jusqu'à Bordj Djedid ; le vicia Saturai longe le flanc est des collines de Saint-Louis et du Petit Séminaire et aboutit vers l'Odéon ; la Venerea contourne Byrsa à l'ouest et gagne les hauteurs derrière la colline du Carmel. Cf. D., Tun., p. 312 sq.

[7] Augustin, De moribus Manichæorum, II, 19, 72.

[8] Tertullien, Apologétique, 13.

[9] I, p. 296 sq.

[10] Cyprien, Ad Demetrianum, 10.

[11] XXVIII, 1, 17 ; cf. Cagnat, Armée, p. 382.

[12] Mélanges, X, 1890, p. 349, n° 102 ; Bull. Ant., 1890. p. 249 sq. Julius Priscus [Domi]tianus coria[rius] publicum h[orrem] fecit et de[dicavit] ; la restitution, proposée par M. Héron de Villefosse, n'est que probable.

[13] Cyprien, De lapsis, 24 ; De habitu virginum, 19 ; Augustin, De cathechizandis rudibus, 25 ; Salvien, De gubern. Dei, VI, 11. Voir Dureau, p. 206-210 ; Tissot, Géographie, I, p. 661 ; S. Marie, p. 207.

[14] On attribue d'ordinaire à Carthage un édifice du même genre bâti par Thrasamund. Deux poètes courtisans, Félix et Florentinus, ont célébré à l'envi (Anthol. lat., I, n° 210 — 214, 316 sq., éd. Riese) la splendeur de ce monument qui fut achevé en une seule année (ibid., n° 211, v. 3). Si l'on a revendiqué pour la capitale ces thermæ Thrasamundiacæ ou thermæ Alianarum (ibid., n° 213, v. 7 : n° 210, titre), c'est faute d'avoir prêté attention aux vers suivants, qui sont adressés par Florentinus à Thrasamund (ibid., n° 376, v. 19-27) :

Te regnante dia fulgent Carthaginis arces,

filia quam sequitur Alianas inpare gressu,

nec meritis nec honore minor, cui plurimus ardens

regnantis increvit arnor, quam surgere fecit

dilectisque locis claram [et] vitalibus auris,

quæ meruit celsum meritis sufferre regentem.

Hinc freta marmoreo resonant sub gurgite ponti,

hinc telluris opes vividanti cortice surgunt,

ut maris et terræ dominus splendore fruatur.

D'où il résulte que les thermes étaient à Alianas, lieu de plaisance, au bord de la mer (cf. ibid., n° 210, v. 1-4), dans une contrée fertile, où Thrasamund aimait à séjourner. La Marsa répondrait assez bien à la description du poète (à moins qu'on ne veuille penser aux bords de la sebkha de La Soukra, qui s'appelle aussi sebkha er Riana, nom voisin de Alianas) ; mais il a oublié de nous dire à quelle distance de la ville était située la localité par lui vantée. Un fragment d'inscription métrique récemment trouvé à Tunis dans un vieux mur et publié par M. Gauckler (Bull. arch., 1894, p. 233, n° 10) fait sans doute allusion à ces thermes de Thrasamund, car il y est question d'une regalis origo, et la terminologie (... mæmore Baias,... nocet ignis aquas...) ressemble fort à celle de Félix.

[15] De æclif., VI, 5.

[16] De spect., 2-3 ; 8 ; 10-11 ; 17-18 ; 20-23 ; 25-26 ; 28-30.

[17] Augustin, De moribus Manichæorum, II, 19, 72. Voir ci-dessous, l. VII, ch. I.

[18] I, 8.

[19] Florus, IV, 18, 83 ; cf. Metam., X, 29-34.

[20] P. 152 ; cf. Tissot, Géographie, I, p. 647.

[21] Scorpiace, 6.

[22] Vita, 16.

[23] P. 181.

[24] Depuis Morcelli, on en indique toujours vingt-deux, c'est-à-dire, outre les dix-sept que je vais énumérer, les basilicæ Pauli regionis sextæ, Leontiana, Florentio, Theodosiana, Theoprepia. Sirmond (Opera varia, in-f°, 1696, t. I. p. 337, note sur le sermon XIV de saint Augustin, P. L., XXXVIII, CCLX, CCLXII. CCLXXIX) nomme les deux premières ; J. Bingham (Origines sive Antiquitates ecclesiasticæ, traduction latine de Jo.-H. Grischovius, t. III, p. 420, n. 1 de la p. 419), les deux suivantes, d'après Henry D.-D. Maurice (Defence of Diocesan Episcopacy against Clarkson, 1 vol. in-8°, Londres, 1691), dont je n'ai pu me procurer l'ouvrage ; Morcelli (I, p. 49), la cinquième. En réalité, la basilica Florentia était à Hippo Diarrhytus (Bizerte) : il est impossible de dire si la Leontiana existait à Carthage ou ailleurs ; des trois autres, je ne découvre aucune trace dans les textes anciens. Sur les basiliques de Carthage en général, cf. Optat, I, 19 III. 1 (basiliques des Donatistes).

[25] S. Fulgentii episcopi Ruspensis vita, 29, 56 (P. L., LXV, col. 145 sq.).

[26] Mansi, VIII, col. 636.

[27] Prosper Tiro (P. L., LI, col. 608).

[28] Prosper Tiro (P. L., LI, col. 606).

[29] Avellana collectio (C. S. E. L., XXXV), 85, p. 328 (= Mansi, VIII, col. 808) ; Augustin, Serm., CXI, fin ; CCLXI ; Victor de Vita, I, 25 ; II, 18, 48 ; III, 34.

[30] Avellana collectio, loc. cit.

[31] Mansi, III, col. 699, 810 ; IV, 377, 402, 477, 504 ; VIII, 808.

[32] Prosper Tiro (Chron. Min., I, p. 490, n° 25).

[33] Augustin, Sermo XIV ; Breviculus collationis cum Donatistis, III, 13 ; Victor de Vita, I, 25.

[34] Augustin, De hæresibus, 86.

[35] Mansi, III, col. 787, 794, 795, 799, 810, 1155, 1159, 1163 ; IV, 496, 498, 500, 503 sq.

[36] On lit aussi Tricilarum ou Tricillarum (triclia ou trichila signifie pavillon). Augustin, Enarratio II in psalmum XXXII, sermo 2, 29 ; Sermo LIII (cf. P. L., XXXVIII, col. 364, note c) ; Florus diaconus, Expositio in epistolam ad Ephesios, 3 (P. L., CXIX, col. 376). C'est par hypothèse qu'on attribue cette basilique à Carthage.

[37] Augustin, Sermo, CLVI.

[38] Augustin, Sermo, CLXIII.

[39] Vita sancti Gregorii Agrigentini, 10 (P. Géographie, XCVIII, col. 560, 564).

[40] Augustin, Sermo, XV.

[41] Procope, De ædif., VI, 5.

[42] Félix, apud Anthol. lat., I, 213, v. 5-6.

[43] Anthol. lat., I, p. 245 sq., n° 318 ; p. XXIV sq., éd. Riese ; de Rossi, Inscr. christ. Urbis Romæ, II, p. 238-241.

[44] Passio septem monachorum, 16 (C. S. E. L., VII).

[45] Liber de promissionibus et prædictionibus Dei, IV, 6, 9-10 (P. L., LI, col. S42). Sur une inscription de Gamart (C. I. L., VIII, 14100), le P. Delattre croit pouvoir. Lire : Stefani marturi filius ; M. Mommsen conjecture : Serapio Marturi filius.

[46] Procope, De ædif., VI, 5. On cite d'ordinaire parmi les édifices religieux le diaconium, où l'on veut voir le Grand Séminaire de Carthage ; c'était, à mon avis, une division ecclésiastique. Voir ci-dessous, l. V, deuxième partie, ch. I, § 2.

[47] Passio sancti Montani..., 18, 23 (Ruinart, p. 236, 238).

[48] Passio sancti Montani..., 18.

[49] Passio sanctæ Perpetuæ, 3, 7, 9, 10, 11, 16, 18.

[50] Passio Maximiani et Isaac (P. L., VIII, col. 711 sq.).

[51] Cyprien, Ad Donatum, 1 ; Epist. LXXXI ; Vita, 15 ; Acta procons., 2. Aubé (IV, p. 352) suppose que saint Cyprien possédait une villa aux environs de la ville.

[52] Il y a lieu, je crois, d'attribuer aussi à Carthage un temple de Vénus et un temple de Tellus (C. I. L., X, 6104).

[53] G. Paris, L'Appendix Probi, p. 301-309 des Mélanges Renier (Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes, t. LXXIII, 1887).

[54] Gramm. lat., IV, p 193-204.

[55] Gramm. lat., IV, p. 191-199.

[56] Topographie der Stadt Rom, II (1871), p. 581 sqq.

[57] Voir les références dans les Mélanges Renier, p. 303 ; cf. Huelsen, Rœmische Mittheilungen, VII, 1892, p. 297 ; Gsell, 1892, p. 130, n. 4.

[58] Cf. Gatti, Del caput Africæ nella seconda regione di Roma (Annali dell' Instituto, 1882, p. 191-220).

[59] La pigna du Vatican, le quartier romain della pigna en sont des preuves ; cf. Lacour-Gayet, Mélanges, 1881, p. 312-321.

[60] Qu'il faille introduire la correction vico[s]tabuli proconsulis non vico [s]tabulu[m] proconsulis, avec MM. Huebner et Jordan, ou vico[s]tabuli proconsulis non vicotabul[i], avec M. G. Paris, c'est une question que je n'ai pas à résoudre ici ; elle ne modifie en rien mon raisonnement.

[61] Je n'ai pas eu entre les mains la dissertation de M. Ullmann, Die Appendix Probi (Romanische Forschungen, VII, 1892, p. 145-226) ; j'en parle d'après M. Huelsen (Rœm. Mitt., VII, 1892, p. 212) et d'après M. Gsell (1893, p. 184-186), n° 140). M. W. Fœrster (Die Appendix Probi Wiener Studien, XIV, 1892 : p. 218-322), sans accepter toutes les idées de M. Ullmann, croit néanmoins lui aussi à l'origine romaine du morceau. Voir Gsell, 1893, p. 186.

[62] En fait, M. Ullmann exagère.

[63] Peut-être faut-il rapprocher cette expression de la Passio sancti Montani..., 23 (Ruinart, p. 238). Montanus, allant au martyre, processit e stabulo, quod Fusciano de proximo junctum est.

[64] M. Gsell (1893, p. 185) fait en outre observer que les noms de localités empruntés à la topographie de Rome étaient fréquents dans les villes provinciales.

[65] G. Paris, op. cit., p. 307, n. 1.

[66] De Vit., Lexicon, s. v. septizonium ; W. Schmitz, Archiv fuer lateinische Lexikographie und Grarnmatik, VII, 1892, p. 272.

[67] I, 7 (De septizonio et stellis), v. 1-2, 9-10, 15, 21.

[68] C. I. L., VIII, 2657.

[69] Wilmanns (ibid.) le ferait remonter au temps d'Hadrien.

[70] C. I. L., VIII, 11372 ; cf. Toutain, Cités, p. 100 sq.

[71] Cassiodore (Chron. Min., II. p. 144. n° 819) ; cf. Huelsen, Das Septizonium des Severus (Berlin, 1886).

[72] Spartien, Vita Severus, 24, 3. Cf. Boissonnet, Le Septizonium (Rev. arch., XXI, 1893, p. 368-370).

[73] M. Kuebler (Archiv fuer lat. Lexik., VII, 1892, p. 594 sq.) croyait même retrouver dans mascel, pour masculus, une forme proprement africaine ; cf. Gsell, Mosaïques des Ouled Agla et de Bougie, p. 2, n. 4 (extrait de Const., XXVII, 1892) ; il a depuis à peu près renoncé à son opinion (Archiv., VIII, 1893, p. 449, note ; Gsell, 1893, p. 184, n. 2).

[74] De Rossi et Gatti, Bullettino comunale di Roma, 1889, p. 360-362.

[75] Rœm. Mitt., VI, 1891, p. 75 et 105 ; VII, 1892, p. 272.

[76] Archiv., VI, 1889, p. 557 sq.

[77] Archiv., VII, 1892, p. 593-595.

[78] 1892, p. 100, n° 108 ; 1893, p. 184-186, n° 140.

[79] Cf. G. Paris, op. cit., p. 307, n. 1. — On possède une certaine quantité d'inscriptions provenant de Carthage, qui devaient orner des monuments publics (C. I. L., VIII, 12545-12574, 12583-12587) ; la plupart sont trop mutilées pour qu'on en puisse rien tirer ; j'ai mentionné les autres au cours de ce livre.

[80] A Carthage, dit M. Gauckler (Arch., p. 53), les demeures étaient hautes et souvent à plusieurs étages. S'il entend parler de la ville romaine, j'ignore sur quoi il fonde cette assertion.

[81] Anthologie latine, I, n° 376, v. 33-35.

[82] Chateaubriand, p. 443.