MICHEL LE TELLIER ET LOUVOIS

DEUXIÈME PARTIE. — LES GRANDES AFFAIRES

 

CHAPITRE X. — L'ARMÉE DE LE TELLIER ET DE LOUVOIS (fin).

 

 

IX. — Les hôpitaux, les estropiés.

 

Payés, habillés, logés, nourris, les soldats sont aptes à combattre. Mais, dans les batailles, il en est qui tombent blessés, deviennent incapables de continuer le métier des armes, des estropiés, des invalides. Leur sort n'est pas enviable : car, en 1677, le service de santé n'est pas encore créa, il ne le sera que bien plus tard, en 1708.

Ce n'est pas à dire que le gouvernement royal, soit par humanité, soit par intérêt, ne se soit pas occupé de ces éclopés de la guerre : bien au contraire. En cette matière encore, Le Tellier et Louvois continuèrent ce qu'avait commencé Richelieu. Dans le code Michau, il est déjà question des hôpitaux à la suite des troupes et des estropiés, et l'ordonnance de janvier 1629 préconise la constitution d'un hôpital pour chaque armée en campagne. Dix ans plus tard, le cardinal recommandera la création d'hôpitaux fixes dans les places de la frontière[1]. Qu'est-il advenu de ces conceptions ?

Rien n'est changé en ce qui touche les hôpitaux dits ambulants : peu d'ordonnances à leur sujet, mais de très nombreuses lettres particulières en 1645 et en 1664-5. La tradition est respectée. L'état se fait le fournisseur direct de tout ce qui est nécessaire, mais par l'intermédiaire de son fonctionnaire dévoué, l'intendant d'armée. Au début, pendant la guerre, comme cet administrateur est fort occupé, on lui substitue un directeur de l'hôpital, un religieux capucin ou jésuite, de qui dépend un personnel d'ecclésiastiques et de civils, chargé de donner aux malades et aux blessés les secours spirituels et matériels. A mesure que l'on avance dans le temps, l'intendant accapare toute l'autorité et ferme l'hôpital quand cessent les opérations militaires. Sans doute, ces établissements temporaires n'ont pas existé régulièrement pendant la Fronde, où le désordre est inouï. Mais ensuite, sous la direction effective de l'intendant, la situation est entièrement renversée. En 1660, lors de la préparation du secours de Candie, — en 1664, dans l'expédition en Autriche contre les Turcs, — en 1665, dans le corps d'armée envoyé contre l'évêque de Münster, le service est assuré de façon satisfaisante, surtout quand il est dirigé par un intendant comme Louis Robert[2].

Il en est de même pour les hôpitaux fixes. Le Tellier utilise les anciens et en établit de nouveaux. On en trouve alors à Arras, Calais, Dunkerque, Perpignan. Le brevet, portant création à Dunkerque le 25 août 1649 d'un établissement destiné à recevoir les malades de la Flandre occidentale, servira désormais de modèle[3]. Le maniement des fonds est confié à un commissaire des guerres, sous l'autorité du gouverneur de la place et de l'intendant : bien vite, le directeur d'un hôpital sera un entrepreneur, ce qui ne constituera certes pas un avantage[4]. Lorsqu'en 1666, Louvois prépare la guerre contre l'Espagne, il ne manque pas d'établir des hôpitaux dans les places du nord de la France et, pendant la conquête, dans celles de Flandre : juge sévère, Turenne se déclare satisfait des soins donnés aux blessés[5]. Le ministre, d'ailleurs, tient la main à ce que tout se fasse régulièrement et honnêtement. En 1674, Schomberg l'ayant informé que les soldats ne sont pas bien traités dans l'établissement de Perpignan, il envoie à l'intendant Carter une lettre comminatoire pour remédier sérieusement à tout ce qui s'y passe de mal et de contraire aux intentions du roi. Autrement, j'appréhende que Sa Majesté, en étant informée, ne prenne quelque résolution fâcheuse[6]. Et cependant Carlier est un ancien commis de Le Tellier !

Le nombre des hôpitaux permanents étant insuffisant, beaucoup d'estropiés se trouvent dans une situation déplorable. Pour y remédier, autant qu'il est possible, Le Tellier reprend les moyens employés avant lui. Il accorde des dons en argent, parfois assez importants, à ceux qui sont gravement blessés[7]. A ce secours, qui ne peut être fréquemment renouvelé, il préfère l'envoi des invalides dans les abbayes, comme moines lais[8] : mais l'entente entre religieux et militaires ne peut se réaliser, on le sait, et les seconds préfèrent revenir à Paris vivre de la mendicité, ou du vol et du crime. Pour débarrasser la capitale de ces indésirables, le secrétaire d'état leur assigne comme résidence les places fortes du nord de la France, où ils recevront le pain et une solde variable (2 à 5 sols) et où ils pourront être surveillés étroitement[9]. Après la réformation de 1659-1660, cette solution devient la règle. Les estropiés auront comme résidence Calais, Metz, Toul et Verdun le long de la frontière, Amiens, Péronne, Saint-Quentin, etc., en arrière[10]. Mais ce sont des enfants terribles : ils ne quittent pas la capitale, ou bien, s'ils partent pour ne pas être arrêtés, ils reviennent bientôt, préférant la liberté de vaguer à tous les avantages que le roi leur accordait[11]. Encore en janvier 1670, le souverain triplait la pension des religieux lais et la portait de 50 à 150 livres[12].

Au même moment, la précarité et l'insuffisance de ces diverses solutions apparaissaient si évidentes que l'on envisageait, à l'instar d'Henri III, Henri IV et Richelieu[13], la fondation d'une maison de retraite commune pour lei estropiés. Ceux-ci furent donc installés clans un immeuble de la rue Cherche-Midi, ou ils entendirent faire si bonne chère et vivre si joyeusement que, dès le 12 novembre 1670, parut un règlement extrêmement curieux sur les désordres commis par les soldats estropiés soit dedans, soit dehors l'hôtel des invalides[14]. Ce n'était en réalité qu'un refuge provisoire en attendant la construction de l'établissement définitif et monumental, celui qui s'appellera l'hôtel royal, dont Louvois se fit nommer administrateur général. je n'ai pas à raconter cette histoire bien connue. Dès 1668, le jeune ministre s'occupait de ce projet[15]. L'édit d'avril 1674 créa solennellement la somptueuse demeure que Louis XIV, en octobre, vint lui-même inaugurer. De l'avis des contemporains, c'est une œuvre personnelle de Louvois, qui a voulu donner aux victimes de la guerre une retraite honorable et, en même temps, montrer à l'Europe la supériorité du roi très chrétien sur les autres souverains[16].

En somme, le service de santé a donné lieu à de nombreux tâtonnements, à des mesures variées et peu efficaces. En 1674. les invalides disposent bien d'une maison commune ; mais elle sera bientôt trop petite, et il faudra revenir aux errements du passé. A cet égard, l'œuvre des secrétaires d'état reste imparfaite.

 

X. — Les armes spéciales artillerie et génie.

 

Dans l'armée royale, à la même époque, les armes spéciales, artillerie et génie, ne parviennent pas encore à former des corps particuliers et à posséder des troupes à elles. Mais une évolution commence, dont l'importance n'a pas besoin d'être signalée. L'augmentation considérable des effectifs, les nécessités d'accroître en même temps le nombre et le rôle des pièces d'artillerie, les progrès marqués de la science de la fortification, vulgarisée par des hommes comme Pagan[17], tout cela pousse des officiers, d'infanterie surtout, à se tourner vers ces armes, et, par suite, vers une carrière, où ils finiront par percer et trouver la fortune et les honneurs. Lente d'abord et prudente avec Le Tellier, cette évolution s'accélère avec Louvois, principalement avant, et pendant la guerre de Hollande. Elle est favorisée, parce que, dès 1661, l'opposition des gouverneurs de places a été brisée par l'envoi, chez eux, de troupes royales qui y tiennent garnison au nom du souverain seul, et parce que, Colbert prenant la direction des finances, l'argent sera bien moins rare que par le passé, tout au moins jusqu'en 1672. Elle sera, du reste, inégale : l'artillerie bénéficiera beaucoup, le génie moins.

Créée par l'ordonnance de février 1546, que complète l'édit de janvier 1634[18], l'administration de l'artillerie était dévolue à un grand maitre, qui, nous l'avons vu, ne disposait d'aucun pouvoir effectif, de telle sorte que l'artillerie était passée sous la direction réelle du secrétaire d'état de la guerre[19]. Au-dessous sont les lieutenants d'artillerie[20], par exemple Aymar de Chouppes et Saint-Hilaire, le père, qui auront comme successeurs, au temps de Louvois, Dumetz et Saint-Hilaire le fils[21]. Certains dépasseront le grade de capitaine, obtiendront le titre de maréchal de camp, deviendront gouverneurs de places[22]. Chaque armée doit avoir un lieutenant d'artillerie, accompagné d'un nombreux personnel, qui compose l'équipage. Au-dessous sont les gardes-magasins, personnages importants et responsables, qui touchent mensuellement 50 livres[23].

Alors, aussi, commencent à apparaître des soldats spécialisés. En 1667, quatre grenadiers sont dans chaque compagnie du régiment du roi : en 1670, les grenadiers sont réunis en une seule compagnie : un peu plus tard enfin, tout régiment a sa compagnie de grenadiers. En 1671, Louvois en crée une de canonniers et, en 1676, deux de bombardiers[24]. Si l'on ajoute que les fusiliers étaient, en campagne, attachés principalement aux canons dont ils devaient assurer la protection et la défense, on assiste à un essai timide, mais indiscutable, pour fournir aux artilleurs des hommes connaissant ce métier particulier.

A côté des militaires, il existe nécessairement des civils. Tout d'abord, celui que l'on appelle, tantôt commissaire général des poudres et salpêtres, tantôt commissaire de l'artillerie[25], est chargé de la fourniture des munitions et de la surveillance des gardes-magasins. Aussi a-t-il sous ses ordres un certain nombre de commissaires, jouant le rôle de contrôleurs et d'inspecteurs, suivant les artilleurs aux armées, résidant quelquefois clans des places fortes[26]. Deux commissaires généraux se sont succédé pendant cette période, Du Fay d'abord, et, à partir de 1658, François Berthelot, qui acquit, dans la fourniture des munitions, la même notoriété et la même importance que Jacquier dans celle des vivres[27].

Dès 1645 et surtout par le règlement du 4 mai 1646, cette arme nouvelle fut dotée d'un équipage semblable à celui des vivres[28]. Chaque armée a le sien avec un lieutenant, des commissaires, des capitaines de charrois, des forgeurs, des canonniers, etc.[29] Le système est celui du service direct, l'état fournissant le matériel et se réservant le droit de réquisition, si les circonstances l'exigent. Il permet aux équipages des vivres et de l'artillerie de se prêter une aide mutuelle et efficace. De même, le service des munitions a été fortement organisé. Il dépendait des poudriers et des salpêtriers, placés sous l'autorité du grand maitre[30]. Mais, leur travail n'étant pas suffisamment productif, le gouvernement s'adresse aux étrangers, surtout aux Suédois et Hollandais, ou bien il demande à Du Fay d'être le fournisseur de l'armée royale. La régie directe sera le seul système utilisé, lorsque seront effectués les préparatifs de la guerre contre l'Espagne. Par le bail du 13 décembre 1664, Berthelot acquiert le monopole de la fabrication de la poudre et de l'installation des ateliers dans le nord de la France. Le 7 juillet 1665, il obtient le privilège de la circulation gratuite pour les produits fabriqués. En 1666, il lui est permis de créer des ateliers dans tout le royaume. Il s'acquitte si bien de sa tâche que Louis XIV n'attend pas l'expiration du bail de neuf ans pour conclure avec lui un marché général[31].

L'armée royale dispose de plusieurs arsenaux à Paris, Grenoble, Metz et Sedan, ce dernier fort développé par le maréchal Fabert. Pour la fabrication des canons de fonte et de fer, que l'on achetait jusqu'alors en Suède, furent installées des fonderies nouvelles à Philipsbourg (1645-7), Narbonne (1647-8), Pignerol (1663) : Louvois visitera celle de Douai en 1669[32]. Dans ces établissements, on se livre, en même temps, à la réfection du matériel. Le Tellier, en effet, s'attacha à réduire à quatre le nombre invraisemblable des calibres des pièces, mesure radicale qui eut des conséquences très heureuses[33]. En 1666, ces ateliers étaient, pour la plupart, en pleine activité. Louis XIV note avec satisfaction qu'il avait fait fondre depuis deux ans, dans le royaume, 1600 pièces de canon, savoir 800 de fonte, 800 de fer[34]. En attendant l'ouverture des hostilités contre l'Espagne, tous les engins, bombes, grenades, boulets, etc., et aussi les poudres, furent conservés dans des magasins. Comme pour les vivres, ces entrepôts étaient les uns provisoires, les autres permanents et de réserve. En 1666, depuis Dunkerque jusqu'à Bach, à Pignerol et dans les Pyrénées Orientales, les places fortes en possèdent. Louis XIV se fait gloire de ces approvisionnements énormes[35], et les magasins s'accroîtront encore, après les acquisitions de la paix d'Aix-la-Chapelle. Des règlements très sévères sont édictés pour la surveillance de ces matières si diverses. A la porte de chaque dépôt sont trois serrures, dont les, clefs seront distribuées, l'une au gouverneur de la place, l'autre au commissaire d'artillerie, et la troisième au garde des magasins, en sorte qu'aucun d'eux n'y puisse entrer sans la participation des autres[36]. En outre, les commissaires des guerres, dans leur département, doivent dresser un rapport contenant le nombre de magasins, leur longueur, largeur et hauteur, la quantité de munitions que chacun est capable de contenir, l'état où ils se trouveront et si, dans ceux destinés pour serrer de la poudre, elle s'y peut conserver sèchement[37]. Et Louvois entend que ses instructions soient strictement observées[38]. Il ne veut pas davantage que l'on gaspille les poudres, si ce n'est pour une urgente nécessité du service de Sa Majesté et sans ses ordres[39]. Ceux-ci sont si impérieux que le gouverneur de Guise refuse de la poudre à un officier pour faire l'exercice tous les dimanches[40].

Si Louvois a donné à l'artillerie beaucoup plus de développement qu'auparavant, plus encore s'est-il intéressé aux fortifications, sans vouloir satisfaire complètement les ingénieurs militaires, les martyrs de l'infanterie selon le jugement empreint d'exagération du plus illustre d'entre eux, Vauban. En cette matière comme en beaucoup d'autres, il a emprunté à son père des conceptions, que celui-ci avait mises en pratique, mais il les a fort élargies.

Intendant à l'armée d'Italie, Le Tellier avait vu s'étendre ses attributions, au point que celles-ci avaient compris non seulement les finances et la justice, mais l'artillerie, vivres, munitions, réparations, fortifications et parties inopinées. Ayant fait travailler, sous sa direction, à la mise en état des murailles de plusieurs villes de Piémont, il avait pu apprécier combien étaient efficaces cette concentration extrême de l'autorité et l'unité de direction. Secrétaire d'état, il appliqua ce système, soit à une région, soit à une place. Dès 1645, apparaissent les intendants chargés des contributions et fortifications[41], qui sont les maîtres pour la partie administrative — conclusion de marchés avec les entrepreneurs, surveillance des travaux, règlement des comptes, etc. —. Après la paix d'Aix-la-Chapelle, on les retrouve, par exemple Robert è. Dunkerque et Bergues, Talon à Oudenarde, d'autres à Tournai, Ath, Binche, Charleroi, etc. Ces intendants spéciaux doivent, comme d'ailleurs ceux des provinces, s'entendre avec les ingénieurs.

Ceux-ci sont dans la même situation que les artilleurs. Officiers ayant rang dans l'infanterie, ils ont étudié la fortification n et se sont insensiblement substitués aux étrangers, hollandais ou italiens, auxquels le gouvernement royal avait dû, d'abord, avoir recours. Pourvus de brevets d'ingénieurs ordinaires du roi, ils touchent, outre leur solde, des gratifications tantôt exceptionnelles, tantôt régulières, parfois considérables[42]. Si, pendant longtemps, ils n'ont pas pu dépasser le grade de capitaine, ils montent, à l'époque où nous sommes, jusqu'aux hauts échelons de la hiérarchie militaire. Le Rasle est gouverneur de Rethel : Clerville, de l'île d'Oléron, maréchal de camp, commissaire général Deshoulières, sergent de bataille, du fort de Sète : Mesgrigny, le premier ingénieur après Vauban[43], de la citadelle de Tournai qu'il avait construite : Vauban lui-même, brigadier (1674), lieutenant général (1688), commissaire général et, plus tard, maréchal de France (1705). Jusqu'à la paix des Pyrénées, le sort des ingénieurs est loin d'être brillant : il devient enviable sous le règne personnel de Louis XIV. Avec le goût du roi pour les fortifications et les sièges, le corps de ces officiers spéciaux est constitué dès-1674.

Louvois s'intéresse fort à eux et à leurs travaux : C'est moi qui réponds au roi de ce qui se trouvera de bien ou mal fait dans les fortifications de mon département[44]. Il les soutient et les encourage à lui écrire en toute liberté, ne se remettant à personne de l'ouverture des lettres qui me sont adressées[45]. Sa correspondance avec Vauban, si nombreuse et si active, est, à cet égard, caractéristique. Et, pourtant, il refuse à ces officiers de leur donner des soldats particuliers, qui auraient été les prédécesseurs des sapeurs. Dès 1672, Vauban lui demande-t-il la formation du régiment de la tranchée de 20 compagnies ou d'une compagnie de mineurs dans chaque régiment d'infanterie ? Le ministre accorde une seule compagnie de mineurs. En 1675, l'ingénieur propose-t-il la création de compagnies franches de sapeurs à haute paie ? Le ministre lui adresse une réponse dilatoire : ce n'est pas au moment où la guerre bat son plein que l'on peut innover[46].

Les travaux des fortifications, des sièges, des camps ne sont donc pas exécutés par des spécialistes. Les intendants sont chargés tantôt d'y appeler les paysans par corvée, tantôt de traiter avec des entrepreneurs. Les premiers répugnent à ce travail, les seconds le font payer très cher. Mais, depuis Henri IV, on avait employé parfois les soldats, qui ne sont pas mécontents d'améliorer quelque peu leur ordinaire par un salaire supplémentaire. Aussi le 14 mai 1646, un règlement, dont toutes les ordonnances postérieures s'inspireront, précise-t-il les conditions et le prix pour tous travaux d'ordre militaire, surtout les démolitions ou la construction de places fortes, etc.[47] Dès 1662, l'installation de fortifications nouvelles et la réfection des anciennes nécessitent l'emploi de nombreux ouvriers, 8.000, 14.000, 30.000[48]. Interrompu par la guerre de Dévolution, ce travail reprend immédiatement après, et, corne les entrepreneurs ne vont pas assez vite, Louvois, en 1670, amène lui-même des troupes de Lorraine en Flandre. Pendant plusieurs mois elles travaillent sous les yeux du roi et du ministre, et le remuement de la terre est tel que les soldats appellent cette campagne la campagne de brouettes[49].

Louvois s'était décidé à recourir à la main-d'œuvre militaire, parce qu'elle était meilleur marché et devait fournir un rendement plus appréciable que la main-d'œuvre civile. Depuis 1668, en effet, la pénurie d'argent avait causé des retards fâcheux : bien qu'intendants et ingénieurs empruntassent sur leur crédit personnel, les maçons quittaient le travail quand ils n'étaient pas payés[50]. Sans doute, Vauban a-t-il armé d'un nerf de bœuf deux gardes pour poursuivre les grévistes et les amener par les oreilles sur le chantier[51]. Mais, avec les militaires opiniâtres et mutins, les difficultés ne sont pas absentes. Ils trouvent insuffisant le salaire journalier de dix sols. Les officiers ne le leur délivrent pas toujours, bien qu'ils mènent du bruit et tempêtent pour le paiement de leurs soldats. Ceux-ci, excités par eux, refusent d'accomplir l'ouvrage ou bien trichent quand on mesure le travail effectué. Indigné, Vauban s'écrie : Je ne crois pas que les plus raffinés bohèmes en sachent autant qu'eux. Assurément, s'il y avait quelques tours dans le filoutage que le diable ne sût pas, il pourrait en venir apprendre ici. Enfin, on peut s'assurer qu'il n'y a pas une telle école au reste du monde[52]. Louvois, ayant ordonné de fustiger sur le champ tout soldat fripon pris en flagrant délit[53], mais ayant eu l'imprudence d'apprendre à Vauban que les officiers, de leur côté, accusent ceux qui conduisent les travaux de réaliser des bénéfices énormes et illicites au détriment du trésor royal, l'ingénieur, avec une virulence inouïe, défend l'intégrité de ses subordonnés et la sienne[54].

D'ailleurs, à l'imitation de ce qu'avait fait son père après 1654, et peut-être sous son inspiration, Louvois tient é. se rendre compte lui-même des travaux. A partir de 1668, il effectue annuellement une ou plusieurs inspections, soit seul, soit un peu plus tard avec Vauban, et de tous les côtés, dans les Flandres, en Alsace, en Lorraine, à Pignerol, dans les Pyrénées Orientales[55]. Souvent il laisse percer ses impressions. En avril 1668, les citadelles de Courtrai et de Tournai sont fort avancées[56]. En 1669, à Bapaume et é, Arras, les travaux sont satisfaisants : la place de Tournai est d'une beauté surprenante, le plus grand ouvrage qui ait été entrepris, le mieux exécuté et enfin digne de celui qui l'a fait faire. A Lille, les ouvriers sont diligents, et c'est la plus belle maçonnerie qu'on puisse voir. Louvois exhale même parfois un enthousiasme exubérant : Ce qui se fait en ce pays-ci à l'égard des travaux étonne tout le monde, et à peine ceux qui les voient peuvent-ils croire que, dans des places si proches les unes des autres, l'on puisse venir à bout en même temps de si grands ouvrages. Et à Dunkerque : Les ouvrages des Romains, qui leur ont donné tant de réputation, n'ont rien de comparable avec ce qui se fait ici... Les Anglais et les Hollandais envoient souvent des gens ici pour voir si ce que l'on en dit est vrai ils s'en retournent tous remplis d'admiration du succès du travail et de la grandeur du maître qui a osé l'entreprendre[57]. Bien que ces lettres soient adressées à Le Tellier, faisons la part de la flatterie à l'égard de Louis XIV. Mais les subordonnés sont du même avis. D'après Vauban, les ingénieurs flamands et hollandais ont visité, plusieurs fois, les travaux d'Ath et de Lille. Dans la première de ces villes, assure l'intendant Charuel, les entrepreneurs sont étourdis de la qualité et de la grandeur de l'ouvrage : les Hollandais ont à la fois de l'admiration et de la jalousie de la construction des fortifications en Flandre[58]. Tous ces travaux immenses ont été entrepris en vue de la guerre de Hollande, qui doit éclater en avril 1672 : aussi Louvois enjoint-il à Vauban de visiter toutes ces places pour qu'elles soient hors d'état d'être insultées, en cas que les Espagnols s'en mêlent[59].

Avec Le Tellier, l'administration a donc eu la tâche essentielle d'organiser les armes spéciales naissantes : en 1662, déjà il existe des places modèles, Dunkerque, Arras, Sedan, Brisach, Pignerol, Perpignan. Avec Louvois, cette œuvre a pris une énorme extension : si le génie ne forme pas encore un corps particulier, du moins l'artillerie, étant étroitement dépendante du secrétaire d'état de la guerre, devient-elle la troisième arme ; la fortification se développe singulièrement et Vauban a commencé à construire la frontière de fer et de terre, dont la tache sera d'empêcher l'invasion du territoire par les ennemis.

 

XI. — L'organisation du service.

 

L'une des principales causes de faiblesse pour l'armée royale fut, pendant longtemps, l'absence d'organisation du service dans les places, pendant l'hiver en temps de guerre, pendant toute l'année en temps de paix. Cette préoccupation, déjà visible dans le code Michau[60], n'avait pu être réalisée. Car le service faisait partie du domaine exclusif des militaires, interdit jalousement par les féodaux nobles, depuis les .gouverneurs jusqu'aux simples officiers, à l'action d'un secrétaire d'état civil et de ses agents. Le Tellier et Louvois n'hésitèrent pas à prendre la responsabilité d'une lutte vigoureuse et sans répit contre les colonels et capitaines, prenant la liberté d'aller où bon leur semble, surtout à Paris, quittant leurs troupes sans congé régulier et n'accomplissant aucun service effectif.

Leur rappeler l'obligation, pour eux, de résider dans les garnisons auxquelles ils sont attachés semblerait, aujourd'hui, une précaution surprenante et inexplicable. Mais, pour montrer leur volonté d'indépendance, d'agir à leur guise, les militaires nobles, au milieu du XVIIe siècle, se refusent obstinément à se plier aux injonctions du secrétaire d'état. Encore le 2 août 1669, à un officier, qui sollicite la lieutenance de roi en la citadelle d'Arras, Louvois répond sans aménité : Ce n'est point le chemin d'obtenir des grâces de Sa Majesté d'être dix-huit mois absent de votre compagnie[61]. Cependant Le Tellier n'avait pas plaint sa peine. A peine installé au secrétariat d'état, il prescrit, dès les 14 et 15 mai 1643, à tous les officiers de reprendre leur poste. Jusqu'à la fin de la guerre contre l'Espagne, ses ordonnances sont excessivement nombreuses, édictant des peines très sévères, corporelles, financières, morales, déléguant à l'intendant le premier rôle judiciaire, et prouvant que Le Tellier lui-même réprime rigoureusement toute infraction dûment constatée[62].

Châtier n'est qu'une mesure provisoire et parfois peu efficace : prévoir et administrer valent beaucoup mieux. Se rendant compte, après 1659, que la persistance du mal provient de ce qu'aucun frein n'arrête la fantaisie des militaires, le secrétaire d'état revient à un principe qu'il avait vainement tenté de mettre en pratique dès ses débuts, la nécessité d'un congé en bonne forme, remis à celui qui veut s'absenter pour de sérieux motifs. Le lieutenant-général aux armées, le gouverneur d'une place pour les garnisons délivreront ces autorisations et en référeront au roi, qui reste en théorie le seul dispensateur. Eux-mêmes ne pourront jamais quitter le service sans avoir le consentement du souverain, ou, dans la réalité, du secrétaire d'état. Dès lors celui-ci a le pouvoir de fixer le nombre des officiers qui resteront en service et celui de ceux autorisés à aller chez eux pour vaquer à leurs affaires particulières. Par les ordonnances des 4 avril et 1er juillet 1661[63], il est résolu qu'il y aura dorénavant toujours le tiers des officiers présents à la garnison[64]. Cette proportion paraissant trop faible, le système du semestre est adopté : les militaires sont divisés en deux catégories, dont chacune servira six mois, d'après le tableau dressé par le ministre : gouverneurs et commissaires des guerres veilleront à la stricte observation de cette ordonnance du 18 décembre 1665[65]. Cette organisation subsistera. Si à la fin de 1665 on semble y renoncer, cette révocation est occasionnelle et provisoire : la guerre de Dévolution apparaissant prochaine, tous les officiers doivent être à leur poste en janvier 1666 : aussi, les gouverneurs et commandants ne pourront-ils accorder que des congés n'excédant pas deux jours[66].

On ne peut guère affirmer que les secrétaires d'état soient venus complètement à bout de l'obstination des militaires : L'absence des officiers, écrit Le Tellier a Bellefonds, le 24 février 1668, est presque universelle. Elle vient en beaucoup d'endroits de la facilité que ceux qui commandent ont eue de donner des congés et de la liberté que plusieurs officiers ont prise de partir sans permission. Ce n'est pas chose aisée de les faire rendre promptement à leurs charges, puisqu'ils sont répandus dans les provinces et qu'il faut du temps pour leur faire connaître que l'intention de Sa Majesté est qu'ils retournent dans leurs garnisons[67]. Peu après, en avril, Louis XIV mande a Louvois qu'il a ordonné aux officiers de rejoindre leurs postes et aux lieutenants-généraux d'empêcher que qui que ce soit ne quitte sa troupe, à moins qu'il n'ait congé par écrit de Sa Majesté, signé d'Elle et contresigné de l'un de ses secrétaires d'état. Tout cela est fort bien, mais Louvois apprend, par son père, que le maître a fait exception pour les militaires galants qui s'attardent à Paris : il répond alors, en bougonnant, que la résolution prise aurait été plus avantageuse, si Sa Majesté avait bien voulu n'en excepter personne[68]. La paix d'Aix-la-Chapelle conclue, il ordonne, entr'autres choses, aux commissaires des guerres d'indiquer, dans leurs rapports, si les officiers sont présents ou absents et s'ils sont des semestres ou s'ils n'en sont pas[69]. Il semble bien que, sous les menaces violentes du ministre, les militaires se résignèrent à servir vraiment. Cependant le mal ne disparut pas : encore en 1674, un commissaire signale que, dans le corps commandé en Hollande par le maréchal de Bellefonds, il y a très peu d'officiers... je crois qu'il y a un régiment où il n'y a pas un officier[70].

D'autre part divers obstacles, jusqu'alors insurmontables, s'étaient opposés à l'établissement du service dans les garnisons. Ils furent rapidement brisés après 1659. Dans les années précédentes, les gouverneurs de provinces et de places avaient joué un rôle souvent néfaste. Appuyés sur des troupes payées par eux, sur des janissaires à leur dévotion, ils avaient imposé leurs conditions à la royauté ou s'étaient même mis en révolte ouverte. Pour les mater et rétablir l'ordre, il suffit, à partir de 1660, de les nommer pour une période de trois ans seulement, renouvelable ou non au gré du souverain[71]. Il suffit aussi d'introduire dans les garnisons des troupes royales conservées lors de la réforme de 1659, et de leur donner le pas sur les soldats des gouverneurs[72]. Il suffit en 1663 d'interdire aux garnisons des châteaux et citadelles de quitter leur résidence sans un ordre exprès de Sa Majesté[73]. Il suffit enfin d'organiser logiquement le commandement, de mettre fin aux querelles de préséance, aux contestations et aux insubordinations, comme il a été dit à propos de la hiérarchie : gouverneur, lieutenant de roi, sergent major quand il a une commission formelle, capitaines par rang d'ancienneté, capitaines réformés. Pour éviter tout débat irritant, l'un des deux premiers de ces officiers sera toujours présent dans la place. Désormais, on sait à qui obéir[74].

La durée du service est fixée. L'officier reste en fonctions tarit que ses forces le lui permettent : car la carrière des armes est la seule qui lui soit à peu prés exclusivement ouverte et lui procure profits et honneurs. Mais, comme le noble préfère l'arme noble et que le roi risque, ainsi, de n'avoir bientôt que des cavaliers au moment où l'infanterie prend de plus en plus d'importance, l'ordonnance du 18 avril 1658 a obligé les officiers à faire un stage de deux ans parmi les fantassins, quitte à passez ensuite dans la cavalerie, s'ils le désirent[75]. Le soldat n'a pas les mêmes raisons pour vivre dans les camps ou les garnisons, malgré les brillantes espérances qu'a fait miroiter devant ses yeux l'astucieux sergent recruteur. Il ne demande qu'à regagner son village, d'autant plus que, pendant qu'il est sous les drapeaux, il doit rester célibataire[76]. A ce désir répond Le Tellier en 1663. Il admet qu'un soldat des gardes françaises a le droit, après deux ans, de demander son congé au capitaine, qui ne peut le refuser[77]. Il généralise la mesure le 28 octobre 1666 : l'article 13 de l'ordonnance autorise tout cavalier, ayant servi quatre ans à partir du premier octobre, à se retirer ou à entrer dans une autre compagnie après avoir obtenu son congé du capitaine : celui-ci refuse-t-il, il est cassé et le soldat se pourvoit devant le gouverneur et le commissaire des guerres[78].

La recrue, dûment inscrite et contrôlée, est équipée et armée. Deux fois par semaine, elle fait l'exercice sous la direction de l'officier, apprend le maniement du mousquet et évolue de manière à être bien exercée, si la guerre éclate. Une fois par mois, le sergent-major ordonne la mise en bataille pour se rendre compte des progrès accomplis et renvoie sur-le-champ les soldats reconnus insuffisants[79]. En outre, les revues se succèdent, d'abord à la garnison ou le commissaire des guerres passe l'inspection[80], puis dans des lieux désignés par le roi, où Louis XIV lui-même ou bien de hauts personnages, comme Turenne, président, peut-on dire, à ces réunions[81]. Et le retour à la garnison, avec toutes ses modalités et sa marche strictement réglementée, est encore un exercice profitable[82]. Cet entraînement a eu le résultat précis et proclamé de donner à l'armée française la réputation d'être un organisme de très grande valeur, opinion qui persistera pendant longtemps. Sans doute des commissaires trouvent-ils encore des sergents incapables par leur insuffisance, brutalité et ivrognerie et même des lieutenants et des capitaines peu aptes à commander[83]. Mais ce sont là assurément des exceptions. En 1669, dans le nord de la France, Louvois constate qu'à Bapaume les soldats sont adroits, comme ceux du régiment du roi, qu'à Arras il en est de même au régiment étranger d'Alsace et qu'en cette ville toute l'infanterie fait fort bien le maniement des armes et les évolutions ordinaires et tire fort juste, et encore à Tournai et à Dunkerque[84]. Louvois ne cessera de s'intéresser à ces questions, d'en saisir les inspecteurs généraux, d'entrer lui-même dans les plus petits détails[85], approuver les généraux, qui, tel Luxembourg, assistent volontiers aux manœuvres[86] ou les commandants qui prennent l'initiative d'enseigner à leurs piquiers le maniement du mousquet[87]. Bref, l'armée de Le Tellier et de Louvois est en passe de devenir l'armée la mieux exercée de l'Europe.

Après l'exercice, les militaires n'ont plus qu'à assurer le service de garde dans les places. Il a fallu aux secrétaires d'état beaucoup de patience et de fermeté pour résoudre les différends dus aux officiers, dont les uns ne veulent pas se plier à cette obligation, dont les autres se refusent à recevoir le mot d'ordre du sergent-major, etc. Rien de plus curieux et de plus décevant que cette énergie à défendre des privilèges particuliers et à prendre pour guide l'amour-propre sans se préoccuper de l'intérêt général. Tout finit cependant par être réglé administrativement avec une minutie extrême, qui arrête désormais toute échappatoire, principalement par les grandes ordonnances des 12 octobre 1661 et 25 juillet 1665, auxquelles les autres se référeront ensuite[88]. Tous les officiers, depuis le lieutenant-colonel, doivent le service de garde. Les compagnies d'infanterie sont divisées en trois escouades qui monteront la garde à tour de rôle : le mot d'ordre est donné aux sergents par le major, et doit être rapporté à ceux qui effectuent des rondes, ou de jour ou de nuit, gouverneur, lieutenant de roi, major, et, aussi, commissaire des guerres. Tout est réglé pour que le contrôle, devenu effectif, prévienne la moindre fraude ou négligence[89]. Ces mesures suffirent puisqu'après 1666 on ne rencontre pas de plaintes contre des infractions à ce service. Celles que l'on trouve concernent le mauvais état des corps de garde. Tantôt les majors et aides-majors ne se soucient pas de les rendre confortables : alors, pour se chauffer, les soldats rompent et brûlent les lits, fenêtres et portes et déchirent les guérites qui sont faites de bois. Tantôt les municipalités oublient de fournir l'éclairage, la chandelle : aussitôt Louvois intervient pour rappeler vivement leurs obligations aux consuls de Toulon trop économes ou trop négligents[90]. Et tout rentre dans l'ordre.

Les mêmes ordonnances, complétées par quelques autres, fixent aussi le service d'honneur, rendu en temps normal ou dans certaines occasions, comme la première visite d'un gouverneur de province, d'un maréchal de France[91]. Ce n'est pas pour flatter la vanité ou rendre hommage à la gloire de chefs militaires que l'on tire un nombre variable de coups de canon, que l'on place devant leur logis une simple sentinelle ou un corps de garde commandé par un officier d'un grade plus ou moins élevé. Une pensée politique a présidé à l'élaboration des règlements. Les honneurs s'adressent non à une personne, mais à une fonction et sont proportionnés à l'importance de cette fonction. Ainsi s'établit la gradation, gouverneur de place, commandant d'armée dans le pays étranger, gouverneur de province, maréchal de France, le roi. Ce dernier a un service particulier permanent, assuré par- les gardes du corps et fixé dans tous ses détails le 30 décembre 1666[92]. Mais le souverain arrive-t-il dans quelque place sans ses gardes, il reçoit pendant son séjour des honneurs extraordinaires[93].

La réglementation du service militaire n'a donc pas une médiocre importance. Etablie surtout avant 1666, elle a donné au royaume de France une armée, sans doute encore peu nombreuse, mais soumise au roi, et capable de remporter de rapides succès dès la guerre de Dévolution.

 

XII. — La justice militaire.

 

La discipline y fut-elle strictement observée ? II en a été longuement discuté entre historiens, qui ne sont pas plus d'accord sur les troupes de Louis XIV que sur celles de Napoléon Ier. Avant tout, il convient de ne pas négliger les circonstances, la guerre civile et la guerre extérieure étant favorables au relâchement, à l'extension du désordre et de la violence. Considérons ensuite qu'au XVIIe siècle les officiers, s'ils ne sont pas les complices directs, sont trop souvent portés à la mansuétude à l'égard de leurs égaux ou de leurs soldats. La discipline sera donc observée suivant les temps et ne sera jamais parfaite.

J'ai montré ailleurs[94] que, si, avant et après la Fronde, elle ne fut pas trop brutalement violée, au contraire les années, pendant lesquelles les sujets du roi se battirent entre eux, furent des années terribles, où les mauvais instincts se donnèrent libre carrière. Puis, après la réforme de 1659, les soldats conservés, les meilleurs, se plièrent sans difficulté aux prescriptions des ordonnances. Pour savoir si cette situation avait longtemps persisté, j'ai poursuivi la lecture de la correspondance militaire jusqu'en 1677.

A s'en tenir aux faits rapportés dans les documents, l'impression éprouvée est peu favorable. Les soldats volent impunément, menacent de se soulever si on veut les punir, insultent et battent les habitants, vont au fourrage, c'est-à-dire au pillage, mettent des chevaux dans la chambre d'un collecteur pour lui soutirer de l'argent, pour la marne raison font chauffer les pieds à un paysan, attachent, un autre à son lit et lui donnent un coup d'épée dans le ventre, emmènent avec eux les maires qui refusent de leur délivrer des certificats de bonne conduite, etc., etc.[95] Les officiers, inertes ou indulgents, laissent faire. Certains deviennent les complices de leurs soldats, ou opèrent pour leur propre compte et sur une vaste échelle[96]. Il n'est pas jusqu'à Turenne qui n'apporte aucun soin au maintien de la discipline dans son armée et qui ne s'attire pour cela des réprimandes sévères de Louvois et de Louis XIV[97]. Comment, d'autre part, les auteurs de délits ne seraient-ils pas encouragés, puisque les chartreux et les capucins, en leur donnant asile dans leurs couvents, leur assurent en quelque sorte l'impunité, à moins que le secrétaire d'état n'intervienne avec vigueur[98] ?

Mais à ce tableau noir d'autres pièces de la même époque permettent d'opposer un tableau presque idyllique. En 1664, la discipline règne dans le corps d'armée commandé par Coligny en Allemagne. En 1667, à Bergues, on s'étonne que les troupes vivent avec tant de retenue et de sagesse. A Tournai, se réfugient les paysans des environs, parce que les soldats français ne commettent pas de pilleries. En Flandre, l'intendant Charuel a tenu là main à ce que les troupes, qui passent en 1668, ne se livrent à aucun désordre. En 1670, en Lorraine, elles n'ont pas pris une épingle. Dans la Champagne orientale, les peuples et les marchands accourent dans les camps comme à des foires et aucune plainte n'est formulée. Même phénomène dans la région nancéenne, où les paysans, confiants dans l'honnêteté des soldats, leur ouvrent les granges très bien remplies et leur laissent emporter le fourrage dont ils ont besoin. En 1672, à Nuits, où des plaintes nombreuses sont formulées, l'intendant Robert n'en estime aucune raisonnable[99].

Chefs militaires et civils sont donc d'accord pour formuler, les uns des appréciations pessimistes, les autres des jugements optimistes. La diversité de leurs sentiments n'autorise donc pas l'historien à émettre un avis d'ordre général. Toutefois, après avoir lu les documents, on a l'impression que, pour les armées ayant, avec Louvois, des effectifs considérables, les faits délictueux sont assez rares et exceptionnels. Cela tient surtout à ce qu'une véritable révolution s'est produite, à cette époque, par l'organisation de la justice, qui fonctionnera dès lors sans changement notable jusqu'à nos jours[100].

Le principe sur lequel repose cette réforme n'est pas nouveau. Remontant jusqu'aux ordonnances de Louis XI (1467 et 1470), au code Michau, au règlement du 10 octobre 1642 (article 19)[101], Le Tellier distingue nettement entre les délits de droit commun et les fautes ou crimes des soldats. A chacun d'eux est attribuée une justice particulière, civile pour les premiers, militaire pour les seconds, le roi se réservant toujours d'évoquer à lui les causes qu'il jugera utile.

Jamais Le Tellier n'a changé d'opinion. Dès 1647, il expose sa théorie relative aux différends plus ou moins graves, survenant entre soldats et civils[102]. En 1666, dans une lettre, qui est une véritable leçon de choses, il enseigne à l'intendant de Marle que, pour ces crimes, il appartient aux juges ordinaires de faire le procès aux uns et aux autres. Mais, parce que Sa Majesté a prévu que l'affection naturelle, qu'un chacun a pour ses compatriotes, peut faire impression sur l'esprit des juges, comme sur celui des autres 'personnes, Sa Majesté a ordonné, par ses règlements, que Messieurs les intendants pourront présider au jugement pour tenir la main à ce que la justice soit rendue à tin chacun avec intégrité. Et il est nécessaire qu'ils le fassent quand le crime est grave et que la conjoncture demande des exemples[103]. Les commissions et instructions précisent la compétence dévolue, à cet égard, aux intendants, ayant autorité sur les prévôts et droit de faire appel à la force armée pour l'exécution de leurs sentences[104]. Cette justice a à sa tête les fonctionnaires civils les plus élevés en dignité, qui prononcent jusques à jugement définitif inclusivement. Aussi les parlements ont-ils manifesté une vive opposition à cette nouvelle institution, qui leur enlève le droit d'appel. Ainsi fit celui de Metz, dont le président défendit d'abord aux gradués d'assister l'intendant Choisy pour de semblables jugements, mais dut ensuite se soumettre platement après une vive réprimande de Louvois[105].

La justice militaire ne fut pas établie avec autant de facilité. Les corps étrangers, qui servent dans l'armée française, en conservent une particulière, conformément à leurs capitulations avec le gouvernement royal. D'autre part, les prévôts, à qui la justice militaire semble dévolue, n'existent pas dans tous les régiments de France, ont en réalité seulement des fonctions de police, d'information et d'instruction de procès, sont mal vus puisque les troupes tirent parfois sur eux[106], ne sont pas toujours honnêtes et zélés puisqu'ils sont menacés de peines sévères[107]. Incertitude, absence d'impartialité, faiblesse d'exécution caractérisent cette justice improvisée et insuffisante.

A. partir de 1661, elle est remplacée par celle des conseils de guerre, existant déjà mais se réunissant suivant le caprice des chefs et nullement réglementée. De 1661 à 1664, par une série d'ordonnances particulières, les diverses modalités sont successivement promulguées par Le Tellier, qui les réunit dans celle du 25 juillet 1665[108], de portée générale et définitive[109]. Désormais le conseil de guerre se tiendra au logis du gouverneur, président, ou, en son absence, à celui de son suppléant. Si les officiers ne sont pas assez nombreux, on en appelle des places voisines, et, à partir de 1670, il est décidé qu'il y aura sept juges[110]. Le major de la place remplit l'office de ministère public ou plutôt expose les conclusions de l'enquête. Mais Le Tellier, se méfiant de la bienveillance que les juges pourraient avoir pour les militaires[111], a introduit, dans ces conseils, un observateur ou surveillant. Si, aux délibérations de la justice civile assiste muet le prévôt, à celles de la justice militaire est présent l'intendant : La connaissance et le jugement des crimes que les gens de guerre commettent entre eux appartenant aux officiers des troupes, Messieurs les intendants n'ont autre chose à faire que d'observer qu'ils rendent une exacte justice. Et, s'ils ne s'acquittent pas en cela de leur devoir, Messieurs les intendants peuvent en aviser Messieurs les gouverneurs généraux, qui ont autorité sur les fonctions militaires et, en cas de besoin, en donner avis à Sa Majesté, afin que les officiers, qui s'écartent en cela de leur devoir, soient remis dans le bon chemin[112]. Car les jugements des militaires sont sans appel et leur indulgence peut être dangereuse : celle du conseil, devant lequel comparut Du Pas pour avoir rendu au bout de quatre jours la place de Naerden aux Hollandais, eut, par exemple, le don d'exciter la fureur de Louvois impuissant : C'est un grand bonheur à M. Du Pas, écrit-il à Robert, que d'avoir été jugé comme il l'a été, puisqu'un homme n'a jamais si bien mérité la corde que lui et que, dans le crime dont il était accusé, il ne doit pas y avoir de milieu entre l'absolution ou la mort[113].

Séparation effective des deux justices, à chacune un personnel et un domaine spéciaux, dans chacune un surveillant silencieux, mais attentif pour obtenir des sentences impartiales et justes, cette réforme capitale s'est accomplie par étapes successives. Aux essais antérieurs, infructueux parce que timides ou désordonnés, succède une organisation claire et méthodique, à laquelle l'avenir n'apportera guère de changements[114].

 

XIII. — L'administration civile.

 

Jusqu'ici il n'a guère été parle que des militaires. Cependant, à propos de plusieurs institutions, nous avons vu apparaître des civils. Sans doute, avant 1643, existait-il des commissaires des guerres et des intendants d'armée ou autres. Mais ils ne disposaient d'aucune autorité dans le domaine que voulait tenir fermé et se réservait à elle seule la féodalité nobiliaire. Intendant à l'armée d'Italie, ayant collaboré sans heurt avec des généraux, parfois d'un caractère peu maniable, Le Tellier a voulu étendre et généraliser cette pénétration, instituer une hiérarchie civile à côté de celle qui existait dans l'armée. Dans l'intérêt de la royauté, son fils Louvois a accentué cette évolution, dont l'extrême importance ne saurait être niée. C'est ainsi que les commissaires des guerres et les intendants ont reçu des attributions précises, étendues et variées et jouent, non pas dans les affaires techniques, maniement des armes, opérations, guerre, mais dans l'administration proprement dite, un rôle de premier plan en 1677, au moment où va être signée la paix de Nimègue[115].

Les commissaires en sont venus à ce point petit à petit, se dégageant des contrôleurs avec lesquels, au début, ils marchaient de pair. Commissaires à la conduite, à la police, provinciaux des guerres, cette dernière appellation finit par l'emporter[116]. Très nombreux pendant les hostilités contre les Habsbourgs de Vienne et de Madrid, ils sont, les uns des officiers ayant acheté leurs charges[117], les autres employés temporairement pour une mission déterminée. Les premiers seuls importent. Nommés par le roi, ils font, au début de chaque année, enregistrer leurs lettres. de provision à la connétablie de France et reçoivent leurs départements du plus ancien maréchal[118]. Après la réformation de 1660, ils sont 20, en 1666 22, répartis dans de très vastes circonscriptions, trop étendues même[119], d'où ils sont tirés à l'occasion pour suivre les armées en pays ennemi.

Ils ont des attributions énormément variées. Ils participent au recrutement des soldats. Seuls, ils établissent dans leurs charges les officiers nouvellement nommés[120]. Ils conduisent les troupes aux lieux d'étape, où ils distribuent les logements, sans se mettre en peine de ce que les habitants, qui y sont sujets, peuvent dire[121]. Surtout, ils passent des revues une fois par mois[122], ne doivent compter aucun soldat malingre ou n'ayant pas été présenté au gouverneur et signalé par le major quinze jours avant[123]. A ces revues est obligatoire la présence des officiers en tenue militaire pour réprimer sur-le-champ les fraudes, en particulier celle des passe-volants[124]. En outre, les commissaires vérifient l'armement, ordonnent la destruction des fusils et imputent sur le compte des capitaines l'achat de mousquets en remplacement[125]. Ils n'ont pas à leur donner copie des extraits de leurs revues, mais ils font signer ceux-ci par les gouverneurs, les commandants et les majors[126]. Pour compléter leur contrôle, ils ont le droit de suivre ces derniers dans leurs rondes, aux corps de garde, même pendant la nuit, pour compter les soldats et voir les armes[127]. Ils assistent aux conseils de guerre comme observateurs, sans avoir voix délibérative[128]. Ils peuvent interdire les officiers, mais non les casser : car le roi seul a ce droit[129]. Leur tâche essentielle est d'informer de toutes choses le secrétaire d'état, envoyer des rôles, des mémoires détaillés, se conformer aux instructions qu'ils reçoivent de lui : par exemple, marquer si les hommes sont bien ou mal faits, s'ils sont bien ou mal armé, s'ils sont bien ou mal habillés, si les officiers sont présents ou absents, s'ils sont des semestres ou s'ils n'en sont pas. Et, à l'égard de la cavalerie, vous expliquerez les mêmes choses, et vous y ajouterez si les chevau-légers sont bien ou mal montés. De plus, en faisant la visite des places de votre département, sera dressé un procès-verbal qui contiendra le nombre de magasins qui sont dans chacune d'elles, leur longueur, largeur et hauteur, la quantité de munitions que chacun est capable de contenir, l'état où ils se trouveront, et si, dans ceux destinés pour serrer de la poudre, elle s'y peut conserver sèchement. Et comme, au bout d'un an, il est mécontent de l'indolence des commissaires, Louvois réitère ses recommandations : indiquer combien il y a en chaque compagnie de soldats mal vêtus ou mal armés et bien vêtus et armés[130].

Ces deux lettres pourraient incliner et penser que ces agents ne remplissaient pas leurs fonctions avec zèle. Il y en eut, en effet, qui se faisaient payer tout en ne servant pas : le traitement leur est supprimé[131]. Il y en eut qui, voulant que leur charge rapportât le plus possible, comptaient un soldat en plus dans chaque compagnie et touchaient la solde de cet homme passé ; ce trafic fut formellement interdit[132]. Il y en eut même qui furent franchement insuffisants et dont il fallut réprimer sévèrement la mauvaise conduite ou les friponneries[133]. Mais beaucoup d'autres remplirent leur devoir et furent énergiquement soutenus par Le Tellier et Louvois pour la défense et de leurs privilèges et de leurs droits[134]. Ce sont, en effet, pour eux des collaborateurs d'une utilité précieuse, dont un général, Coligny, reconnaît, à contre cœur, les mérites. Qu'ils soient pointilleux et fiers, ils sont en même temps des gens d'honneur, dit-il[135]. On ne peut donc contester que les commissaires des guerres ont grandi et sont devenus des personnages avec lesquels les chefs militaires doivent compter. Si quelques hommes ont pu ne pas donner satisfaction, l'institution est bonne.

A ces agents il a été prescrit d'être soumis aux intendants, dont ils se plaignent quelquefois[136], et d'obéir à leurs ordres[137]. A cette époque, en effet, les intendants ont vu, eux aussi, accroître leurs attributions au point d'englober toute l'administration. Il convient cependant de distinguer entre eux.

Les uns, nommés par les secrétaires d'état et dépendant directement d'eux, sont chargés pour un temps d'affaires exclusivement militaires. Tels sont les intendants des contributions et fortifications dans une place nouvellement conquise. Créés en 1645, ils reparaissent en 1668 après la paix d'Aix-la-Chapelle : Louis Robert, par exemple, est à Dunkerque et Bergues, Talon[138] à Oudenarde, etc. Leur titre caractérise suffisamment leurs fonctions.

Les autres sont les intendants d'armée[139], comme Le Tellier l'a été lui-même. Ils sont munis de commissions, les chargeant de la justice, police et finances auprès des troupes. Ils surveillent en outre la fourniture des vivres par le munitionnaire et ses commis, dirigent le service de santé et des hôpitaux. Ils ont, en même temps, à fortifier les places de la région où ils sont et à y accumuler les munitions, etc., Bref, ils sont devenus les collaborateurs immédiats du chef militaire qu'ils assistent de leurs conseils sur toutes sortes d'affaires et occurrences. À propos d'elles, ils rédigent des mémoires, des rôles, des états sur toutes matières, destinés à renseigner dans tous les détails, le secrétaire d'état, auquel ils les adressent sans intermédiaire. Aussi le ministre confie-t-il ces missions de confiance à des hommes dont il est sûr et dont il connaît la capacité, Robert, Charuel, etc.

Il est, enfin, en relations suivies, constantes avec les intendants de province, avec ceux dont la circonscription administrative est dans son département[140] et qu'il nomme lui-même et, aussi, avec les autres pour les affaires d'ordre militaire. D'ailleurs certains sont tantôt intendants des provinces, tantôt intendants d'armée, comme Carlier et Charuel[141]. Ce n'est pas ici le lieu d'étudier cette sorte d'agents, qui ont fait l'objet de travaux substantiels et nombreux. II suffira de mentionner la conception de Le Tellier sur la manière dont ils doivent s'acquitter de leur emploi. Une des choses, dit-il à De Marie dans la lettre-programme à laquelle j'ai fait de si fréquents emprunts, une des  choses qui importent le plus au service de Sa Majesté, c'est l'union de ceux qui ont sa principale autorité dans les provinces. Messieurs les intendants doivent vivre civilement avec Messieurs les gouverneurs généraux et entretenir une si bonne correspondance qu'ils obligent ceux-ci à les appuyer du pouvoir qu'ils ont en mains, et que, les uns et les autres unissant leur puissance ensemble, les affaires réussissent à l'honneur de Sa Majesté et au bien des troupes et des habitants[142].

Le ton de cette lettre ne doit pas faire illusion et porter à croire que Le Tellier tient à ménager les intendants devenus tout puissants. Naturellement poli et affable, il écrit avec modération et souvent avec affection à ceux qu'il connaît et qui sont, comme lui, des robins. Louvois, ressemblant davantage à sa mire, est beaucoup plus froid et rude. Avec lui l'autorité éclate tandis qu'avec son père elle se dissimule. Mais, quel que soit le ton, le soutien est le même pourvu que ces représentants du roi se consacrent assidûment à leur tâche et se conforment aux instructions des secrétaires d'état.

Ceux-ci furent en relations avec de nombreux intendants. Ils en rencontrèrent de toutes sortes, médiocres ou remarquables, en d'autres termes de tempéraments fort divers. Aussi est-il inexact de prétendre que les intendants du XVIIe siècle se ressemblent tous, sont des fonctionnaires de combat, autoritaires, altiers, dépourvus de toute sensibilité, etc. Parmi eux, distinguons entre les parents des ministres et les autres.

Les parents sont toujours très appliqués et réussissent fort bien dans des missions difficiles. Ainsi sont les deux beaux-frères de Le Tellier. Jean-Baptiste Colbert de Saint-Pouenges, d'abord premier commis, laissa son fils Gilbert dans les bureaux pour être successivement intendant en Lorraine, à Soissons et en Picardie, et il résout à la satisfaction du ministre les questions épineuses de Lorraine et de Dunkerque[143]. François Dugué, à Caen, puis à Lyon et Grenoble où il resta de 1665 à 1682, reçoit de Le Tellier de grands éloges pour son application et l'habileté avec laquelle il remplit ses fonctions : il gagne même l'affection de son neveu Louvois[144]. Pupille de Le Tellier, comme son frère Claude, Michel Le Pelletier de Souzy, intendant en Franche-Comté, puis fort longtemps en Flandre, apparaît comme un administrateur dévoué et soumis, parfois un peu négligent, qui s'attire, par suite, de vifs reproches de la part de Louvois[145]. A celui-ci, un cousin De La Croix donne au contraire un plein contentement et, contre toute habitude, est nommé subdélégué directement par le ministre avec lequel, pendant deux ans, il correspondra en dehors de l'intendant. Très appliqué, très sérieux, n'hésitant pas devant les initiatives, il obtient en 1669, sans l'avoir demandée, l'intendance du corps d'armée envoyé à Candie au secours des Vénitiens[146].

Bien au-dessus de tous ces parents est Louis Robert. Petit-fils de Marie Chauvelin, parente de la chancelière Le Tellier, baptisé le 22 février 1636, il fut employé de bonne heure. En 1660, il est nommé intendant des premières troupes destinées par Mazarin au secours de Candie ; en 1663, de celles qui hivernent à Parme et à Modène, pendant le conflit des cours de France et de Rome ; en 1664, du corps expéditionnaire qui, sous le commandement de Coligny, marche en Allemagne contre les Turcs. En 1667, pendant la guerre de Dévolution, il est avec l'armée de Flandre : en 1668, il devient intendant des contributions et fortifications à Dunkerque et à Bergues : en 1672, il suit l'armée royale en Hollande, à Utrecht ; en 1678, il est avec celle de Luxembourg. Dans tous ces emplois, il fit preuve de capacités remarquables, d'une activité extraordinaire, d'une intelligence très vive. Ayant la confiance de Louvois, qui reçoit et brûle ses mémoires secrets, il exécute ses ordres, non sans présenter des objections et marquer une réelle indépendance d'esprit, qu'accompagne une sensibilité émue a l'égard des malheureux. De plus et surtout, il est l'intendant de la nouvelle génération, très pénétré de la dignité de sa charge, -ne voulant pas qu'elle reçoive du tort, par suite n'hésitant pas à se dresser contre les militaires, Coligny en 1664, Bellefonds en 1674. Une seule ombre à ce tableau : si Robert fait les affaires du roi, il ne néglige pas les siennes, commet des exactions connues et déplorées par Colbert et Louvois, et réalise une fortune, grâce à laquelle il achètera en 1679 une charge de président à la chambre des comptes[147].

Les autres intendants ont comme caractère uniforme de ne pas négliger leurs fonctions ; car les secrétaires d'état exercent sur eux une étroite surveillance. Mais la variété de leurs aptitudes, de leurs tempéraments et de l'attitude envers leurs chefs est extrême. En Languedoc, l'académicien Bazin de Bezons ne néglige pas la flatterie outrée pour avoir les bonnes grâces du ministre[148]. En Lorraine, Jean Paul de Choisy, dont l'ordinaire est de prendre un peu de travers les choses qu'on lui mande, se trouve en difficulté avec le parlement de Metz et avec les commissaires des guerres : après douze ans d'exercice, il quitte son emploi en 1673[149]. D'autres, qui commettent des erreurs ou font preuve d'ignorance professionnelle, sont rappelés à l'ordre et vertement rabroués par Louvois[150]. Si un intendant, par un excès de zèle, outrepasse les instructions reçues et provoque de l'agitation, il est révoqué : tel René de Marillac en 1682 à propos du protestantisme en Poitou[151]. Enfin, dans le cas où l'un d'entre eux se livre à des friponneries répétées, il est incarcéré et on lui fait son procès : tel Talon, collaborateur de Le Tellier à l'armée d'Italie, puis intendant sur la frontière de Champagne, au Quesnoy ou à Oudenarde, enfermé au Fort l'Evêque[152].

Parmi ceux qui font leur métier avec application, certains sont souples et obéissants. Envoyé à l'armée de Turenne en juillet 1673, Camus de Beaulieu, conformément à ses instructions, a beaucoup de respect pour le maréchal, et informe le ministre de tout ce qui se passe, de quelque nature que ce puisse être. Turenne le considère comme un très honnête homme et fort aisé à vivre. Louvois lui assure le secret sur ses informations et le récompense ensuite en lui donnant l'intendance du Roussillon[153]. D'autres, ayant la conscience tranquille, sont moins endurants. Nous avons vu Caumartin discuter fermement à propos de ses subdélégués et répliquer à Louvois avec une dignité courageuse contre un blâme injustement décerné par le ministre[154].

De cette série d'intendants non parents, deux se dégagent des autres pour des raisons différentes.

Jacques Charuel, dès 1650, est en Artois et en Picardie pour négocier avec les gouverneurs des places le paiement de la solde et de l'ustensile aux troupes. Il fut ensuite en Flandre, 1667-1670, où Louvois, dans ses tournées, put apprécier sa compétence technique, sa fermeté pour l'observation des ordonnances et règlements. Aussi, dès 1668, le ministre l'assure-t-il de sa confiance, l'autorise-t-il à lui exprimer ses sentiments en toute liberté, à discuter marne ses ordres s'il estime qu'on peut mieux faire que ce que je propose. Envoyé en Lorraine en 1670, il y rencontre le maréchal de Créqui : entre les deux hommes, le choc est rude dès la première entrevue. Fortement soutenu par Louvois et Louis XIV, le civil l'emporte sur le militaire, qui finit par reconnaître que l'intendant est homme fort appliqué et fort habile... d'un grand ordre. Le 3 avril 1673, le ministre envoie Charuel à l'armée de Turenne : Je m'attends, lui dit-il, que vous y servirez aussi bien le roi que vous avez fait partout ailleurs. Avec ce second maréchal, même son de cloche qu'avec le premier : d'après Turenne, l'intendant passe pour être un homme de qui les écritures sont dangereuses. Louvois tente vainement de dissiper les soupçons de l'ombrageux guerrier. Les rapports restent tendus au point qu'au bout de trois mois, le 6 juillet, Charuel est, cette fois, sacrifié et revient en Lorraine. Il y restera de 1673 à 1682 et ensuite jusqu'en 1691, il sera intendant de la généralité de Metz, duché de Luxembourg et comté de Chiny. Charuel a donc eu les mêmes idées que Robert. Sa carrière fournit une preuve décisive de l'animosité persistante entre l'élément militaire et l'élément civil, et des vicissitudes que subit encore l'autorité des intendants[155].

Correcteur en la chambre des comptes, Pierre Carlier est désigné comme commis dès 1650[156]. Intendant en 1665 du corps d'armée commandé par Pradel, il adresse à la cour des rapports intéressants sur la situation des troupes[157]. Intendant dans le Hainaut, il fut transféré dans le Roussillon en 1670. Alors commencent ses malheurs dus au caractère de sa femme, Geneviève Picot : curieuse et ambitieuse comme une femme d'esprit, elle décachète les lettres, est accusée d'entretenir une correspondance secrète avec un des commis de Louvois ; se défiant, d'ailleurs à juste titre des commissaires des guerres, elle fait procéder, de sa seule autorité, à des arrestations. L'anarchie arrivant à son comble en 1673, les dénonciations et les protestations pleuvent sur le bureau de Louvois. Le ministre, par l'intermédiaire d'un de ses commis, convie l'intendant à renvoyer sa femme, dont Carlier n'a cessé de prendre la défense[158], et il révoque en même temps les commissaires coupables[159]. Dans cette affaire, burlesque par certains côtés, la faiblesse et la partialité de l'intendant avaient apparu au grand jour. Mais, à son tour, Schomberg, commandant l'armée destinée à combattre l'Espagne en 1674-5, accuse sans cesse Carlier d'inertie, de lenteur, de mauvaise santé : aussi, dit-il, ne s'émeut-il de rien et n'agit-il pas pour mettre fin à la connivence coupable des officiers et des commissaires. Si Le Tellier donne à son ancien commis des conseils de prudence, Louvois multiplie les avertissements. En mars 1675, il lui enlève l'intendance de l'armée du Roussillon. Le 6 janvier 1676, il le menace de sanctions plus graves et, le 20, le remplace à l'intendance de la province, lui laissant seulement la charge de procureur général du conseil souverain du Roussillon avec 1.000 livres d'appointements et 4.000 de pension annuelle[160]. A cette dernière date, Carlier venait de succomber à une attaque d'apoplexie[161].

Comme la plupart de Messieurs les intendants de province, écrit Le Tellier en 1666, ont de si grands départements qu'ils ne se peuvent porter partout, pourvoir avec la diligence convenable aux incidents qui ne surviennent que trop fréquemment, Sa Majesté leur laisse la liberté d'avoir des subdélégués. Il est de leur prudence de choisir les principaux officiers des lieux pour éviter la jalousie. Et ils ne doivent se départir de cette maxime que lorsqu'ils reconnaissent que ceux qui se trouvent à la tête des officiers n'ont pas toutes les qualités requises pour agir avec la sagesse et la vigueur, qui conviennent à leur emploi[162].

Pas plus que Colbert, il n'admet que les subdélégués dépendent du gouvernement mais il ne manifeste pas à leur égard la défiance que ne dissimule pas le contrôleur général[163]. Ce sont des hommes choisis par les intendants parmi les officiers provinciaux de finance et de justice[164]. Ils n'ont aucun droit de décision, n'ont pas à s'occuper des enrôlements forcés, de tout ce qui concerne les troupes. Ils doivent seulement procéder à des informations sur les plaintes qui leur sont adressées, à transmettre la procédure aux intendants, dont ils exécuteront ensuite les décisions[165]. Mais ces agents, qui acquièrent plus d'importance, peut-être à cause des guerres, s'efforcent d'étendre leurs attributions et leur activité, sans trop se préoccuper du service du roi. Ils emprisonnent des lieutenants ou des paysans, protègent les déserteurs, favorisent lés habitants à propos du logement militaire, autorisent l'usage de passer les compagnies pour cinquante complètes ou non[166]. Ils tentent d'empiéter sur les fonctions des commissaires des guerres. Mais ceux-ci relèvent avec vivacité ou moquerie leurs erreurs et leur ambition injustifiée, et Louvois ne leur reconnait pas les lumières nécessaires pour l'exécution de ce que vous commettez à leurs soins[167]. Ils ne touchent pas d'appointements[168]. Aussi tâchent-ils d'améliorer leur situation de toutes manières, en se faisant payer et nourrir comme un capitaine de cavalerie chez de nouveaux convertis, ou en commettant des concussions et des malversations[169]. Les subdélégués semblent donc avoir donné de mauvaises impressions. Dès 1647, Le Tellier leur avait refusé toute compétence en matière criminelle et les avait confinés dans l'instruction des affaires civiles sous l'autorité des intendants : chancelier, il consolidera cette réforme en 1683[170]. Ce ne sera que plus tard que les subdélégués obtiendront une existence légale, prendront place dans la hiérarchie des officiers.

Bref, qu'il s'agisse des militaires ou des civils, tous doivent informer directement le secrétaire d'état de la façon dont ils exercent leurs fonctions, des faits de guerre ou d'administration, des incidents qui se produisent, des détails multiples, etc.[171] Des bureaux, organisés en 1659 après la mort du premier commis Timoléon Le Roi, tous reçoivent des instructions expédiées au nom du roi et devant être observées sans retard et sans opposition. Grâce à cette forte concentration et à la, collaboration des deux éléments, le secrétaire d'état, représentant unique du souverain, dispose d'une forte puissance effective. Il a grandi, lui aussi, parce qu'au cours de cette période il s'est produit un changement d'une énorme portée. Dans sa correspondance avec ses divers subordonnés, Le Tellier a fait preuve d'une fermeté indiscutable, mais tempérée par la politesse et la correction. Aux militaires il a laissé intact le domaine technique. Il est resté un administrateur. Appuyé sur la protection, inébranlable malgré quelques apparences, de Louis XIV, Louvois est allé beaucoup plus loin. Il a 'entendu subordonner à tous égards la féodalité nobiliaire au secrétaire d'état, quelque robin et civil qu'il soit. Il parle à ses agents avec autorité et rudesse et leur interdit, sauf exceptions rares, de discuter ses ordres. En 1672, il a mis à la raison des maréchaux insubordonnés, Créqui, Humières et Bellefonds, et, à la suite d'une nouvelle incartade de ce dernier, il l'a envoyé en exil[172]. Au début de 1674, il a résisté à la coalition Turenne-Condé et, s'il a subi une humiliation d'amour-propre ; il a conservé son pouvoir[173]. Il l'a même augmenté en 1675 après la mort du maréchal-général, choisissant pour lui succéder des créatures de son père et de lui-même. Désormais, gouverneurs de places[174], maréchaux de camp[175], ingénieurs comme Vauban et Chamlay[176], maréchaux de France comme Duras, Lorge, Rochefort, Luxembourg, etc.[177], entretiennent avec lui une correspondance, qui de leur côté, est le plus souvent obséquieuse ou familière, et consentent à donner à ce fils d'un intendant d'armée le titre de Monseigneur. Comme administrateur, Louvois n'eut qu'à suivre ou, quelquefois, à compléter les institutions créées par son père. En outre, il voulut être et il fut inspecteur général, conducteur de troupes, directeur d'opérations, diplomate. Jamais plus, jusqu'à la fin de l'ancienne monarchie, un secrétaire d'état de la guerre ne disposa d'une telle puissance[178].

***

Pour tracer le tableau de l'armée royale au temps de ces deux ministres jusqu'en 1677, et pour faciliter la tache du lecteur, je me suis astreint à suivre le plan que j'avais adopté pour mon livre sur Michel Le Tellier et l'organisation de l'armée monarchique, en ajoutant seulement des documents se rapportant en particulier à Louvois. Ma conclusion sera brève. A cette époque, l'armée est enfin pourvue d'institutions, établies surtout dans les premières années du règne personnel de Louis XIV. Elle forme, ce qu'elle n'était pas auparavant, un ensemble cohérent, dont les diverses parties ont reçu une organisation plus ou moins complète. Sans doute y encore loin, comme pour Colbert, entre les intentions et les réalisations, et subsiste-t-il en plusieurs matières des points défectueux. L'armée est donc un organisme imparfait. Mais, par l'effort énorme et continu du père et du fils, elle ne ressemble plus en rien aux bandes désordonnées et brutales de la guerre de Trente ans. Le Tellier et Louvois en ont fait un corps, soumis aux volontés du roi et prêt à le seconder aveuglément dans son ambition et son désir de gloire.

 

 

 



[1] Isambert, XVI, p. 283 et 286, art. 219 et 232 ; — D. G., ord. mil., t. 13, n° 129, ordonnance de janvier 1620. — Je signale un mémoire remarquable de 1644 sur les hôpitaux, B. N., collect. Cangé, t. 26, f02 198-211, et, sur l'assistance aux invalides avant 1670, un article très instructif de Prévost, Rev. Quest. Hist., 1914, t. XCVI, 440-470.

[2] A. N., Guerre A1, 164 tr., f° 93, ou B. N., f. fr., 4195, f° 96, instruct. au prince Alméric de Modène, 29 mars 1660 : — Id., 189 tr., fan 36, 115 et 227, 14 avril, 7 mai et 10 octobre 1664 : — Id., 190 tr., f° 298 et 313, 19 et 24 septembre 1664 : — Id., 195 min., f° 435 et 492 : — Id., 198 tr., n° 6 et 11, instruct. à Pradel et à Carlier, 21 et 24 octobre 1665. Cf. Mention, 274.

[3] D. G., ord. mil., t. 18, n° 48, ou B. N., f. fr., 4180, f° 66, et 4222, f° 376.

[4] Rousset, I, 250.

[5] A. N., Guerre A1, 209 tr., n° 377, Charuel à Louvois, octobre 1667.

[6] Id., 372 min., f° 404, — 381 tr., f° 420, Louvois à Carlier, 31 août 1674 : — Id., 392 tr., f° 122, — 415 orig., pièce 99, Schomberg à Louvois, 16 septembre 1674. La réponse de Carlier mérite d'être citée à plus d'un titre : Quant eux voleries que vous marquez par votre lettre, c'est une supposition et une importance tout à fait méchante, inventée par le démon, ou par la cabale du major de Perpignan. Et on est prêt, s'il vous plaît d'ordonner, Monseigneur, d'entrer en discussion de cette matière sous telles peines que les dénonciateurs voudront choisir. Et, à mon égard, Monseigneur, je vous jure, sur tout ce qu'il y a .de plus saint et de plus sacré dans le ciel- et sur la terre, qu'il ne m'est venu aucune connaissance de cette .affaire. Et cela ne pourrait être, si elle se trouvait véritable, puisque j'ai des gens de probité, qui, en mon absence et en ma présence, veillent continuellement sur tout ce qui se passe audit hôpital et qui m'en rendent bon compte : Id., 416 orig., pièce 246, 22 septembre 1674.

[7] B. N., f. fr., 4572, f° 61, 66, 92, années 1659-60. De même, Louis XIV accorde une assistance aux blessés de la campagne de Hongrie : Œuv., V, 222, à Coligny, 22 août 1664.

[8] V. les détails circonstanciés dans Saint-Simon, Ecr. inéd., I, 227-8 : — Luynes, I, 12-13.

[9] Ordonnances très nombreuses : B. N., f. fr., 4221 (modèle) : — D. G., ord. mil., t. 16, n° 123 et 128, — t. 17, n° 19 et 43, ordonnances des 15 février et 19 mars 1644, 4 avril et 28 juin (importante) 1645. — Nouvelle série en 1657 : D. G., ord. mil., t. 20, n° 12 et 29, ordonnances des 8 avril let 20 octobre.

[10] D. G., ord. mil., t. 20, n° 12.1, ou B. N., Collect. Cangé, t .30, f° 117, ordonnance du 9 septembre 1660, portant injonction aux soldats estropiés, étant en la ville et faubourgs de Paris, d'en partir trois jours après la publication de ladite ordonnance pour se rendre ès-places où Sa Majesté a résolu de les faire ci-après entretenir et servir, avec le rôle des estropiés.

[11] B. N.. Collect. Cangé, t. 31, f° 262. édit, d'avril 1674, créant l'hôtel des Invalides, préambule.

[12] Id., t. 31, f° 101.

[13] En 1575, maison de la Charité : en 1597, maison de la rue de l'Oursine (et non Lourcine) : de 1633 à 1635, construction de la commanderie à Bicêtre, arrêtée au bout de deux ans.

[14] B. N.. Collect. Cangé, t. 31, f° 137.

[15] Louvois s'occupait des moindres détails et voulait aller vite. De Dunkerque, il écrit à Destouches, 19 mai 1671 : Il faut se contenter de dépenser 6.000 livres par semaine à la construction de la maison des Invalides, et ce qu'il y aura de fonds davantage doit être employé à acheter de la pierre de Saint-Leu pour pouvoir être en état d'achever ce bâtiment l'année qui vient : A. N., Guerre A1, 255 min., avril f° 30.

[16] V. Legendre, Mém., 132 : Relazioni..., Francia, III, 295 : — Saint-Simon, Ecr. inéd., I, 227 : — Daniel, II, 564-575 — Rousset, I, 252 .et sq. : Dussieux, II, 219 : — Mention, ch. 16, p. 282 : — Burnand, L'hôtel royal... ; autres indications dans L. André, Sources..., n° 6762-6767.

[17] Blaise François, comte de Pagan, 1604-1665 : son traité, Les fortifications de M. le comte de Pagan, Paris 1645 et 1669, fut le manuel classique et indispensable pour les ingénieurs, y compris Vauban.

[18] A. N., ADVI, 1 et 16.

[19] V. chap.. VIII, paragraphe relatif à la hiérarchie.

[20] On les appelle indifféremment lieutenants d'artillerie ou lieutenants généraux d'artillerie.

[21] Sur les Mém. de Chouppes et de Saint-Hilaire le fils, v. L. André, Sources..., n° 748 et 855.

[22] V. dans Rousset, I, 239-241, l'incident relatif à Dumetz : Chouppes sera gouverneur de Belle-Isle.

[23] B. N., f. fr., 4571, f° 50, Etat de dépense pour Charleroi, 18 avril 1672. — Le sergent major de Philippeville n'hésite pas à s'emparer, après la mort du garde, de l'épée qu'il avait à garde d'argent et de quelques autres hardes qui lui appartenaient : D. G., ord. mil., t. 21, n° 160, ou B. N., Collect. Cangé, t. 30, f° 238, le roi à Vaubrun, 25 octobre 1666.

[24] A. N., Guerre A1, 255 min., Louvois au roi, 21 avril 1671 : 485 tr., le même à Dumetz, 21 novembre 1676. — Cf. Daniel, II, 434.

[25] B. N., f. fr., 4201, f° 54, let. de Le Tellier du 15 février 1646, et 4185, f° 332, let. du roi, 8 novembre 1652 : — A. N., ADVI, 16, 1er juillet 1658 et 7 juillet 1663.

[26] V. L. André, Michel Le Tellier et l'organ..., p. 501 et note 2.

[27] François Berthelot, 1626-3 février 1712.

[28] D. G., ord. mil., t. 17, n° 7 : — B. N., f. fr., 4173, f° 231 v°, ou 4224, f° 80 v° : — B. N., Collect. Cangé, t. 27, f° 27, règlement général des camps et armées.

[29] B. N., f. fr., 4187, f° 164 v°, le roi à La Meilleraye, 23 août 1653 : A. N., Guerre A1, 222 tr., n° 461, Louvois, lettre du 15 avril 1668 : Les équipages d'artillerie que Votre Majesté trouvera préparés en ce pays-ci sont les plus beaux et les plus nombreux que l'on ait vus depuis le commencement de la guerre passée.

[30] Ceux de Paris forment même, en 1668, une corporation ayant des statuts très précis : v. L. André, Sources..., n° 6798-6799.

[31] A. N., ADVI, 16. — Tandis que le roi doit payer à Berthelot 9 sols la livre de poudre, Louvois n'en offre que 7 pour celle qui appartient à la famille de feu Monsieur le maréchal Fabert : A. N., Guerre A1, 207 min., f° 114 v°, — 208 tr., n° 197, Louvois à Créqui, 20 novembre 1667. Très strict sur les marchés, le ministre ne craint pas de rabrouer Colbert : Je vous renvoie l'ordonnance que vous m'avez adressée pour le paiement des cuivres qui ont été vendus à la marine. Si vous les aviez achetés à un marchand, vous les auriez payés comptant et ne les auriez pas à ce prix-là. Et, si vous n'en avez que faire, vous pouvez m'envoyer un ordre pour les reprendre. Sur quoi, je vous supplie de me donner de vos nouvelles : A. N., Guerre A1, 256 min., septembre f° 240, 29 septembre 1671. — Il lui arrive aussi de ne pas être délicat sur le choix des moyens : Comme je ne doute point qu'il y ait à Spire des églises recouvertes de plomb, vous pourriez vous entendre avec quelqu'un qui, sous prétexte de quelques réparations qu'il y aurait à faire, en ferait venir quantité en tables, afin que cela .fût moins suspect. Et, étant averti du jour que le bateau arriverait, M. du Fay le ferait enlever. Et l'on paierait secrètement la valeur du plomb à celui qui l'aurait fait venir, ce qui lui donnerait lieu d'en faire venir encore une fois, lequel il vous pourrait livrer dans Spire. Voyez si, par cet expédient ou quelque autre que ce soit, vous pourriez. recouvrer cette marchandise, qui est la seule dont Philipsbourg manque le plus : A. N., Guerre A1, 435 tr., p. 495,6, Louvois à La Goupillière, 30 décembre 1675.

[32] B. N., f. fr., 4200, f° 282 v°, — 4202, f° 63 v°, — 4203, f° 236 v° : — A. N., Guerre A1, 179 min., p. 87, — 234 min., p. 96 : —Id., 241 tr., f05 346 et sq., Louvois à Le Tellier, 21 mai 1669. — B. N., f. fr., 4569 et 4572, Etats de l'artillerie et ses dépenses. — Aumale, V, 549 : — Jung, La vérité..., 186-7.

[33] B. N., f. fr., 4569 et 4572, Etats déjà cités. — Susane, Hist. de l'art., 131 :— L. André, Michel Le Tellier..., 520 : — Cf. Mention, 172.

[34] Louis XIV, Mém., I, 44 : — Cf. I, 232.

[35] Id., II, 156 : V. les Etats déjà cités. — En 1669, à Arras seul, il existe trois magasins à poudre : A. N., Guerre A1, 241 tr., f° 342 et sq., Louvois à Le Tellier, 19 mai, — et les munitions y sont en très bon ordre grâce à Dumetz, lieutenant d'artillerie.

[36] D. G., ord. mil., t. 21, n° 37, ordonnance du 4 août 1663.

[37] A. N., Guerre A1, 219 min., f° 101, let. de Louvois, 7 octobre 1668.

[38] V. la lettre du président Colbert, 2 avril 1671, A. N., Guerre A1, 255 min., avril f° 9 : — Colbert de Croissy était président à mortier du parlement de Metz.

[39] D. G., ord. mil., t. 21, n° 90 et 114, — B. N., f. fr., 4256, f° 55 v°, — B. N., Collect. Cangé, t. 30, f° 168, ordonnances des 9 octobre 1664 et 13 août 1665.

[40] A. N., Guerre A1, 271 orig., pièce 13, Bridieu à Louvois, 17 juin 1672 : Je suis à présent sans garde-magasins, sans canonnier et sans aucune personne qui sache gouverner l'artillerie... L'officier, qui est encore au château, m'en (de la poudre) demande pour faire faire l'exercice tous les dimanches. Mais, comme j'en ai fort peu, je ne veux pas m'en dégarnir...

[41] V. les références dans L. André, Michel Le Tellier..., p. 526, note 1, et 530, note 2.

[42] L'ingénieur le plus réputé au temps de Mazarin, Le Rasle, a 500 livres par mois : en 1659, Clerville reçoit d'un seul coup 20.000 livres. V. les Etats des trésoriers Leclerc et Charron, B. N., f. fr., 4572, f° 51 v°, 62, 78 et 92.

[43] Saint-Simon, Mém., XVIII, 145 : — Cf., II, 312.

[44] A. N., Guerre A1, 219 min., f° 107 : — 223 tr., n° 485, à Le Pelletier de Souzy, 7 octobre 1668 : les fortifications sont partagées entre les quatre secrétaires d'état suivant les provinces où elles se trouvent.

[45] Id., 231 min., février n° 169, — 239 tr., f° 63 v°, à Barles, ingénieur à Arras, 16 février 1669.

[46] Rousset, I, 245-247.

[47] D. G., ord. mil., t. 17, n° 83, — B. N., f. fr., 4173, f° 231 v°, ou 4224, f° 80 v°, art. 5-9. V. des exemples dans L. André, Michel Le Tellier..., 530, note 1.

[48] Id., 534 et note 2 : — A. N., Guerre A1, 222 tr., n° 461, Louvois au roi, 15 avril 1668.

[49] Pomponne, Mém., 482.

[50] A. N., Guerre A1, 225 tr., n° 217, let. de Camus-Destouches, 2 avril 1668 : — 244 tr., f° 148 v°, let. de Le Pelletier de Souzy, 4 décembre 1669, — f° 149 v°, let. de Choisy, même date, — f° 151, let. de Mesgrigny, Valicourt et Chastelain, 5 décembre 1669, — f° 163 v°, let. des mêmes, 8 décembre 1669, — f° 245 v°, let. de Le Pelletier de Souzy, 27 décembre 1669 : — 248 min., octobre f° 118, Louvois à Colbert, 16 octobre 1670.

[51] A. N., Guerre A1, 242 tr., f° 76, Vauban à Louvois, 18 juin 1669.

[52] Id., 228 tr., n° 24, Aspremont à Louvois, 6 août 1668 : — 217 min., f° 158, Louvois à Montpezat, 8 août 1668 : — 242 tr., f° 8 v°, Carlier à Louvois, 2 juin 1669 : — 261 orig., pièce 16, du Fay à Louvois, 4 août 1671 : 262 orig., pièce 168, Vauban à Louvois, 28 octobre 1671.

[53] Id., 257 min., nov. f° 82, Louvois à Le Pelletier de Souzy, 13 novembre 1671.

[54] Id., 257 min., décembre f° 25, — 262 orig., pièce 383, Louvois à Vauban, 4 décembre 1671 : J'ai vu des officiers des régiments, qui viennent de partir de Lille, qui se sont extrêmement plaints de l'injustice que l'on a fait à leurs soldats dans les toisés, lesquels ils prétendent être en état de prouver n'avoir point tourné au profit du roi, mais bien de ceux qui conduisent les travaux. Et, lorsque je leur ai demandé si vous n'en aviez point connaissance, ils m'ont dit que vous n'en disconviendriez pas, si je vous le demandais. Ce qui m'oblige à vous faire reproche de ce qu'il s'est passé quelque chose dont vous ne m'ayez pas informé et vous prier, aussitôt ma lettre reçue, de me faire savoir la vérité de tout. — Id., pièce 429, Vauban à Louvois, 15 décembre 1671 : vive réponse publiée par Rousset, I, 316-318.

[55] V. la première partie de cet ouvrage.

[56] A. N., Guerre A1. 222 tr., n° 461, Louvois au roi, 15 avril 1668 : — n° 492, Louvois à Le Tellier, 24 avril 1668.

[57] Id., 241 tr., f° 346, 350 et 353, Louvois à Le Tellier, 19, 21, 24 et 25 mai 1669.

[58] Id., 243 tr., f° 55 et 153 v°, Vauban et Charuel à Louvois, 13 août et 1er septembre 1669 : — 247 min., juillet f° 23, Louvois à Estrades, 4 juillet 1670.

[59] Id., 266 min., février f° 256, Louvois à Vauban, 17 février 1672.

[60] Isambert, XVI, p. 289-290, 295, 296-298, art. 252-260 (routes et marches). 284 (durée du service en garnison), 291-303 (congés). — Cf. Id., p. 280-281, art. 204-205 (discipline).

[61] A. N., Guerre A1, 234 min., août f° 16, Louvois à Bachimont.

[62] V. les références dans L. André, Michel Le Tellier..., notes des pages 539-542.

[63] Suivies des règlements minutieux des colonels généraux de l'infanterie (Épernon} et de la cavalerie (Turenne).

[64] B. N., Collect. Cangé, t. 30, f° 55, — D. G., ord. mil., t. 20, n°8 142 et 147. — Cf., aussi, B. N., Collect. Cangé, t. 30, f° 81 et sq., ou B. N., f. fr., 4256, f° 6 v°, ou D. G., ord. mil., t. 20, n° 157, ou A. N., 01, 4, f° 225-231, règlement du 12 octobre 1661, art. 28.

[65] D. G., ord. mil., t. 20, n° 163, ou B. N., f. fr., 4256, f° 12-5. Les détails d'application sont fournis par les ordonnances des 29 juin 1662 et 30 octobre 1664 : Id., t. 20, n° 188, et t. 21, n° 94, ou B. N., f. fr., 4256, f° 30. Si les officiers, qui ne servent pas pendant six mois, restent dans la garnison, ils devront néanmoins faire les fonctions de leurs charges : car, il est indigne à un officier de demeurer oisif, tandis que les autres sont dans l'action : D. G., ord. mil., t. 20, n° 176, ou B. N., f. fr., 4256, f° 26 v°, ordonnance du 6 mars 1662. Les officiers réformés doivent, eux aussi, servir pendant six mois : ils paraissent avoir été réfractaires à cette obligation, si l'on en juge par les longues et nombreuses listes, contenant les noms des capitaines et des lieutenants, qui n'ont pas servi à leurs charges : D. G., ord. mil., t. 21, n° 21, ordonnance du 18 avril 1663 : — B. N., Collect. Cangé, t. 31, f° 35, 50, 64, 105, années 1669-1670.

[66] Id., ord. mil., t. 21, n° 126, ordonnance du 26 décembre 1665.

[67] A. N., Guerre A1, 212 min., février f° 200, — 222 tr., n° 244.

[68] Id., 222 tr., n° 474, 489, 490 et 494, 18-24 avril 1668.

[69] Id., 219 min., f° 101, let. du 197 octobre 1668.

[70] Id., 405 orig., pièce 19, — 409 orig., pièce 220. Du Monceau à Louvois, 25 mars 1674.

[71] Louis XIV, Mém., II, 570-571, appendice II ; Cf. I, 34-35.

[72] Id., II, 402 et 544, appendice I : — D. G., ord. mil., t. 20, n° 160 et 176, ou B. N., f. fr., 4256, f° 9 et 26, ordonnances des 1er décembre 1661 et 6 mars 1662.

[73] D. G., ord. mil., t. 21, n° 16, ou B. N., f. fr., 4256, f° 35-36, ordonnance du 19 mars 1663.

[74] D. G., ord. mil., t. 20, n° 157 et t. 21, n° 29, ou 13. N., f. fr., 4256, f° et 36, ou A. N., O1, 4, f° 225 et sq., ordonnances des 12 octobre 1661 (art. 2-4 et 11) et 21 juin 1663. Les prescriptions de cette dernière sur le mandement des capitaines réformés sont reproduites dans l'art. 6 de l'ordonnance du 25 juillet 1665 : D. G., ord. mil., t. 21, n° 112.

[75] V. le texte et les références dans L. André, Michel Le Tellier..., 554, notes 1 et 2.

[76] D. G., ord. mil., t. 20, n° 157, ou B. N., f. fr., 4256, f° 6 v°, ou 13. N., Collect. Cangé, t. 30, f° 81, ou A. N., O1, 4, f° 225, ordonnance du 12 octobre 1661, art. 22. L'obligation du célibat est due au système du logement : l'habitant, pour qui loger un soldat est une lourde charge, ne pourrait pas la supporter si ce soldat avait femme et enfants.

[77] D. G., ord. mil., t. 21, n° 8, ou B. N., f. fr., 4256, f° 35, ordonnance du 10 février 1663.

[78] D. G., ord. mil., t. 21, n° 161 : la demande doit être faite entre le 1er novembre et le 31 mars, la compagnie ne doit pas être en expédition, le soldat doit prévenir l'officier un mois à l'avance et payer toutes ses dettes (art 13-15).

[79] D. G., ord. mil., t. 20, n° 157, t. 21, n° 41 et 112, ou B. N., f. fr, 4256, f° 5 v° et 41, ordonnances des 12 octobre 1661 (art. 19), 12 août 1663, et 25 juillet 1665 (art. 49).

[80] D. G., ord, mil., t. 21, n° 112, ordonnance du 25 juillet 1665, art. 52 et 56.

[81] V. le chapitre IV.

[82] D. G., ord. mil., t. 21, n° 112, ordonnance du 25 juillet 1665, art. 25 et 53 : — Briquet, I, 462 et II, 292, ordonnance du 17 septembre 1663.

[83] A. N., Guerre A1, 294 orig., pièce 4, et 311 orig., pièce 184, let. à Louvois, 1er août 1672 et 1er juillet 1673.

[84] Id., 241 tr., f° 342, 346 et 350, Louvois à Le Tellier, 19, 21 et 24 mai 1669.

[85] Id., 309 min., f° 591, — 317 tr., f° 883, — 349 tr., pièce 373, Louvois à Rochefort. 28 décembre 1673 : Le roi me commande de vous répéter encore qu'il ne faut pas que l'infanterie fasse plus de quatre lieues par jour et marche plus de trois jours sans séjourner. A l'égard de la cavalerie, vous lui pouvez faire faire cinq ou six lieues, la faisant séjourner de cinq jours l'un.

[86] Id., 322 tr., f° 161, Luxembourg à Louvois, 31 mars 1673 : Nous faisons faire l'exercice aux troupes fort régulièrement et, tous les matins, un régiment sort de la ville afin de rencontrer un terrain commode. Je m'y rends précisément à 8 heures, et à quoi l'on s'applique le plus, c'est à leur faire faire le maniement des armes et à les faire marcher en toutes les sortes de manières et reformer leurs bataillons.

[87] V. les références dans L. André, Michel Le Tellier..., 559-565.

[88] V. les références dans L. André, Michel Le Tellier..., 559-565.

[89] V. en particulier, les art. 9, 13-15, 18 et 23 de l'ordonnance du 12 octobre 1661, et les art. 3, 6-9, 11, 22-28, 42 de celle du 25 juillet 1665.

[90] A. N., Guerre A1, 228 tr., n° 146, Carlier à Louvois, 22 septembre 1670, — Id., 302 min., f° 444, let. de Louvois, 24 mars 1673 : Le roi ayant eu avis que vous ne fournissiez que de l'huile pour éclairer les corps de garde de la ville de Toulon et à ceux qui font les rondes, ce qui étant sujet à se renverser rend toujours les soldats malpropres et pourrait même s'éteindre, Sa Majesté m'a commandé de vous faire savoir qu'Elle désire que vous donniez dorénavant de la chandelle, tant pour lesdits corps de gardes que pour faire les rondes. A quoi vous ne devez pas manquer parce que Sa Majesté chargerait le commissaire Lenfant d'en faire la dépense et qu'Elle vous la ferait payer.

[91] V. les art. 7-8 de l'ordonnance du 12 octobre 1661 et les art. 32-38 de celle du 25 juillet 1665. Quelques ordonnances des années 1663-4 n'apportent pas de modifications importantes.

[92] Briquet, II, 96-102, 22 art., complétés le 15 juillet 1690.

[93] Id., II, 308, ordonnance du 22 novembre 1664 : — Cf. L. André, Michel Le Tellier..., 565-569.

[94] L. André, Michel Le Tellier..., 573 et sq.

[95] D. G., ord. mil., t. 21, n° 60, ordonnance du 24. décembre 1663 contre les sergents majors des places (ils prélèvent un droit en argent ou en espèce sur les denrées et exigent même les langues des bestiaux que les bouchers tuent dans les villes). — A. N., Guerre A1, 209 tr., n°' 45-6, 22 juin 1667 : — 237 tr., [ni 263-4, 28 février 1669 : — 250 tr., f° 53 v°, 18 septembre 1670 : — 294 orig., pièce 228, 30 août 1672 : — 313 orig., pièce 183, 20 novembre 1673 : — 404 orig., pièce 118, 1er février 1674 : — 419 orig., pièce 260, 4 février 1674, pièce 333, 16 février 1674 : — 420 orig., pièce 287, 7 avril 1674 : — 435 tr., f° 425 bis, 12 décembre 1675.

[96] A. N., Guerre A1, 198 tr., pièces 116, 169 et 179, 3-26 décembre 1665 : — 226 tr., n° 196, 28 mai 1668 : — 227 tr., n° 191, 29 juin 1668 : — 287 tr., pièce 57, f° 421, 4 octobre 1672 : — 337 orig., pièce 17, Robert à Louvois, 6 janvier 1673 : Si c'est de ces pilleries (de Genlis) que vous voulez parler, j'ai eu mille différends pour cela avec lui, mais enfin je l'ai réduit et il y a plus d'un mois qu'il n'a rien pillé. M. de La Marck me met au désespoir. Nous sommes aux couteaux tirés ensemble. Il prend tout, ne paie rien et a déjà envoyé en France, à ce que j'ai appris, dans un vaisseau qu'il a fait passer par Rouen, Dieppe ou Le Havre, quantité de tapisseries, tableaux et autres choses. La garnison se voulait mettre sur le même pied : mais je lui ai fait retenir par le trésorier ce qu'ils avaient exigé de leurs hôtes et j'espère qu'ils seront plus sages. M. d'Aubigny est un peu plus retenu, rai réduit tous les autres sur un assez bon pied.

[97] Louis XIV, Œuv., III, 410-411 : — A. N., Guerre A1, 303 min., f° 56, — 305 min., juillet f° 31 et octobre f° 127, — 315 tr., f° 9, — 316 tr., f° 11, 317 tr., f° 101, — 346 orig., pièce 16, — 347 orig., pièce 125, — 348 orig., pièce 220, Louvois à Turenne, 3 avril, 3 juillet et 9 octobre 1673. — Id., 328 tr., f° 426 et 351 orig., pièce 171, Camus de Beaulieu à Louvois, 18 octobre 1673.

[98] Pour les chartreux de Tournai, v. A. N., Guerre A1, 268 min., août fox 121 v° et 141, ou 294 orig., pièce 176, Louvois à Le Pelletier de Souzy et au prieur, 24 août 1672 (saisie du temporel). — Pour les capucins de Rhinberg, V. Id., 269 min., octobre f° 162, ou 279 orig., pièce 195, et 295 orig., pièce 1j2, Louvois à Estrades et à Camus de Beaulieu, 14 octobre 1672 (expulsion du père gardien, qui a osé excommunier le sergent et les soldats qui recherchaient un militaire italien inculpé de crime). — Cf. Id., 300 orig., pièce 94, Cartier à Louvois, 17 février 1672.

[99] Sur l'expédition de 1664 en Allemagne, v. le chapitre III. — A. N., Guerre A1, 209 tr., n° 28 et 50, 6 et 22 juin 1667 : — 225 tr., n° 218, 2 avril 1668 : — 227 tr., n° 107, 17 juin 1668 : — 240 tr., n° 5, 4 janvier 1669 : — 250  tr., f° 2, 28 août 1670, — f° 21, 9 septembre 1670, — 28 v°, 11 septembre 1670, — f° 32 v°, 12 septembre 1670, — f° 229, 11 novembre 1670 : 265 tr., f° 217 et 228 : — 292 orig., pièces 48 et 74, 2 et 8 février 1672.

[100] V. Dareste, II, 323 : — Dussieux, II, 221 : — Mention, 41-2. Ces auteurs, malgré quelques erreurs de détail, ont vu l'importance de la réforme.

[101] Isambert, XVI, p. 276-8, 304-5, art. 181-188 et 338-342. Le règlement de 1642 est invoqué dans une let. du roi à Dillon, 1er mars 1662 : D. G., ord. mil., t. 20, n° 174, ou B. N., f. fr., 4256, f° 24, ou B. N., Collect. Cangé, t. 30, f° 107.

[102] B. N., f, fr., 4202, f° 129 et 134 v°, Le Tellier aux intendants Gamin et Breteuil, 10 et 12 avril 1647.

[103] A. N., Guerre A1, 201 min., f° 134 et sq., 18 mai 1666.

[104] D. G., ord. mil., t. 18, n° 134, et t. 21, n° 112, ordonnances du 4 novembre 1651 (art. 22 et 31) et du 25 juillet 1665 (art. 43) : Id., t. 20, n° 174, ou B. N., f. fr., 4256, f° 24, ou B. N., Collect. Cangé, t. 30, f° 107, le roi à Dillon, 1er mars 1662.

[105] A. N., Guerre A1, 302 min., f° 352 ét 557, — 350 orig., pièces 119 et 149, — 351 orig., pièce 49, lettres de Louvois, Choisy et du président Ravot, 13, 18, 27 et 31 mars, 22 août 1673 : Les intendants, écrit le ministre, ont le pouvoir de juger des criminels et ne sont pas tenus de vous informer de leurs jugements auparavant qu'ils les font (ont fait) exécuter. Et vous eussiez bien fait, au lieu de mander les officiers du bailliage au parlement, d'en parler chez vous à un d'eux pour vous informer de quoi il était question et satisfaire en cela votre curiosité. En sorte, ces contestations publiques entre des gens qui ont de l'autorité dans la province et qui n'y sauraient faire aller le service du roi sans cela, ne pourraient are que désapprouvées par Sa Majesté. Choisy ne se gêne pas pour dire qu'aux yeux du président Ravot, c'est un monstre de juger sans avoir le cul sur les fleurs de lys.

[106] A. N., Guerre A1, 532 tr., f° 279, Louvois à Luxembourg, 17 juin 1677.

[107] D. G., ord. mil., t. 21, n° 161, ordonnance du 28 octobre 1666, art. 6-7. Le 30 mars 1674, Louvois écrit au procureur du roi à Meaux la lettre suivante : J'ai reçu les informations qui ont été faites contre le nommé Doublat, prévôt de Tresforts, par lesquelles il est prévenu de plusieurs crimes. j'en ai rendu compte au roi, qui désire qu'a votre requête son procès lui soit fait sur toutes les charges qu'il y a contre lui, à l'exception de celles qui regardent les impertinences qu'il a dites sur les portraits de Mesdames de Montespan et de La Vallière, qui est un chef duquel, n'étant pas à propos de parler, vous supprimerez de la procédure tout ce qui en fera mention.

[108] D. G., ord. mil., t. 20, n° 157, ou B. N., f. fr., 4256, f° 6 v°, ou B. N., Collect. Cangé, t. 30, f'' 81, ou A. N., 01, 4, f° 225, ordonnance du 12 octobre 1661 (art. 24-27) : — D. G., ord. mil., t. 20, n° 162 et 176, — t. 21, n° 38 et 71, ou B. N., f. fr.. 4256, f° 12, 25 v°, 40 v° et 46 v°, ordonnances des 1er décembre 1661, 6 mars 1662, 8 août 1663, 8 avril 1664, etc.

[109] D. G., ord. mil., t. 21, n° 112, art. 43-48.

[110] Briquet, III, 292-293, ordonnance d'août 1670, art. 11.

[111] V., p. ex., A. N., Guerre A1, 300 orig., pièce 10 et 94, Cailler à Louvois, 12 août 1671 et 17 février 1672.

[112] Id., 201 min., f° 134 et sq., Le Tellier à l'intendant de Marle, 18 mai 1666.

[113] Id., 317 tr., f° 574, — 357 orig., pièce 27, Louvois à Robert, 18 novembre 1673.

[114] Je laisse de côté la justice du roi, simple résultat de l'action directe et de l'intervention personnelle des secrétaires d'état dans une multitude de cas particuliers. Louvois n'a pas une doctrine différente de celle de son père, rendre les officiers responsables des actes de leurs soldats, frapper à leur bourse, ou les emprisonner ou les casser, etc.

[115] V. L. André, Michel Le Tellier..., ch. XIV, auquel je me borne à ajouter des documents nouveaux.

[116] A la date du 13 janvier 1675, on trouve une appellation inusitée : Au sieur de La Grange, commissaire ordonnateur et subdélégué à l'intendance d'Alsace ce titre n'est pas dans la minute et, à la date du 1er février, on lit seulement : A M. de La Grange, étant pour le service du roi en Alsace : A. N., Guerre A1, 421 min., f° 222 v° et 286, — 432 tr., f° 148.

[117] Cette charge, propriété du titulaire ou de sa veuve, peut être vendue. Mais le secrétaire d'état a un droit de regard, témoin cette lettre de Louvois à Madame Esmale, 4 décembre 1670 : J'ai reçu votre lettre par laquelle vous proposez de faire pourvoir votre frère de la charge de feu votre mari. Je ne puis faire ce que vous, désirez pour lui, parce qu'il n'est pas propre. Et il faut nécessairement que vous traitiez avec un commissaire des guerres capable de faire les fonctions de votre charge et qui ait déjà été employé : A. N., Guerre A1, 249 min., décembre f° 40.

[118] D. G., ord. mil., t. 21, n° 15, arrêt du conseil d'état, 10 mars 1663.

[119] Id., t. 20, n° 154, édit d'août 1661. V. le tableau de l'année 1666, dans L. André, Michel Le Tellier..., p. 615. L'intendant Charuel se plaint en 1670, en Lorraine, que les commissaires, ayant tant de chemin à faire chacun dans l'étendue de son département, ne puissent pas régler toutes les affaires qui retombent sur lui : en 1672, l'intendant Robert, en Hollande, regrette d'avoir à se reposer sur eux de bien plus de choses qu'il ne voudrait. A. N., Guerre A1, 250 tr., f° 249, — 288 tr., f° 77, — ou 295 orig., pièce 155. En 1667, la guerre de Dévolution apparaissant imminente, il y aura 40 commissaires des guerres : A. N., ADVI, 4.

[120] A. N., Guerre A1, 188 min., f° 333, — 189 tr., f° 286 v°, Le Tellier à Coligny, 30 décembre 1664, pub. p. L. André, Michel Le Tellier..., 617. Le 9 avril 1673, le commissaire Chastelain adresse à Louvois une lettre curieuse : Voyant qu'il se pratiquait une chose, généralement par tous les commissaires des guerres, faisant prêter le serment de fidélité aux officiers, de retenir ou le premier mois d'appointement à ceux à qui ils le font prêter, ou d'en recevoir une épée à peu près de même valeur, j'ai cru de le pouvoir faire aussi. Cependant, ayant fait faire le serment à deux capitaines du régiment de Picardie dès le 19 mars, ne les ayant vus ni entendu parler d'eux en aucune façon là-dessus jusqu'à aujourd'hui que le trésorier est venu faire les décomptes dudit (mois) de mars, j'ai dit verbalement audit trésorier de ne leur point payer leurs appointements. Sur quoi, lesdits officiers ayant témoigné beaucoup d'altération, à ce qu'on vient de me dire, m'ont envoyé, par un de leurs sergents, de vieilles épées de la valeur de 7 ou 8 francs, que j'ai renvoyées par le même sergent, les priant de s'en bien servir pour le service du roi, sans m'expliquer autrement. Et le commissaire demande des instructions à Louvois : A. N., Guerre A1, 310 orig., pièce 302.

[121] Id., 301 min., f° 572, — 372 min., p. 405, Louvois au commissaire La Râpée et à Estrades, 25 novembre 1673 et 31 août 1674.

[122] Louvois aurait désiré tous les quinze jours : A. N. Guerre A1, 219 min., f° 378, let. à Infreville, 26 octobre 1668.

[123] D. G., ord. mil., t. 21, n° 41 et 112, ordonnances du 12 août 1663 et du 25 juillet 1665 (art. 49). Cependant, le 6 mars 1673, à cause des grandes levées effectuées les années précédentes, Louvois recommande au commissaire Benoit de se montrer un peu moins difficile en ce temps-ci, où les hommes deviennent rares : A. N., Guerre A1, 302 min., f° 76.

[124] B. N., f. fr., 4256, f° 20, et D. G., ord. mil., t. 21, n° 12, ordonnances des 14 février 1662 et 25 juillet 1665 (art. 51-2 et 56). — Cf. A. N., Guerre A1, 256 min., août f° 295, Louvois à Montgogne, 26 août 1671 (réprimande et précisions).

[125] Ordonnance du 25 juillet 1665, déjà citée, art. 54.

[126] A. E., Mém. Doc., France, t. 915, p. 15, Le Tellier à Dugué, 16 novembre 1662 : — B. N., Collect. Cangé, t. 31, f° 148, ordonnance du 2 mars 1671.

[127] D. G., ord. mil., t. 20, n° 167, ou B. N., f. fr., 4256, f° 19, ou B. N., Collect. Cangé, t. 30, f° 100, ordonnance du 14 février 1662.

[128] A. N., Guerre A1, 372 min., p. 142, Louvois au commissaire Benoit, 22 août 1674.

[129] Id., 294 orig., pièce 228, commissaire Faure à Louvois, 30 août 1672 : — 363 min., pièce 103, — 404 orig., pièce 33, Louvois au commissaire Benoit, 8 janvier 1674 : Je ne puis pas vous mander de casser les capitaines, qui différeront de mettre leurs compagnies en bon état, parce qu'il n'appartient à personne dans le royaume de le faire que sur des ordres exprès du roi. Et tout ce que je vous puis dire est que l'intention de Sa Majesté est que vous interdisiez .les officiers, qui, après avoir été avertis de faire à leurs compagnies les réparations nécessaires, n'y satisferont pas.

[130] Id., 219 min., f° 101, et 246 min., janvier f° 106, Louvois aux commissaires des guerres, 7 octobre 1668 et 16 janvier 1670.

[131] D. G., ord. mil., t. 21, n° 15, arrêt du conseil, 10 mars 1663.

[132] Id., t. 21, n° 1 et 127, ordonnances du 2 janvier 1663 et 27 décembre 1665 : — B. N., Collect. Cangé, t. 31, f° 148, ordonnance du 2 mars 1671.

[133] Ambert, 29, let. de Louvois au commissaire Pérou, 7 mai 1665. — V. dans Rousset, I, 199, la lettre relative au commissaire Aubert, 1671. — A. N., Guerre A1, 371 min., p. 316, — 381 tr., f° 171, — 406 orig., pièce 29, Louvois à Damorezan, 15 août 1674. — Sur l'affaire des commissaires Masnou et La Mairie en Roussillon, v. ci-dessous intendants (Cartier). — Sur celle du commissaire Benoit, A. N., Guerre A1, 677 min., p. 1, Louvois à Breteuil, 1er mai 1682.

[134] P. ex., A. N., Guerre A1, 221 min., 26, Louvois à Colbert, 2 décembre 1668. — Affaires du chevalier de Mauconseil et du commissaire Volgny, du gouverneur de Belle-Isle Logerie et du commissaire Jonville, 24 mai 1669 et 3 juin 1673, dans Rousset, I, 202-203, 205.

[135] V. chap. III, expédition en Allemagne.

[136] A. N., Guerre A1, 350 orig., pièce 33, commissaire Cappy à Louvois, 23 janvier 1673 (contre l'intendant Choisy).

[137] Id., 246 min., janvier f° 107, Louvois aux intendants, 16 janvier 1670 : — 673 min., f° 389, Louvois à de Ris, 20 janvier 1682. Tantôt le ministre approuve un intendant d'avoir nommé un commissaire, tantôt il le blâme : Id., 367. min., p. 111, et 372 min., p. 273, Louvois à Charuel et à Foucault, 9 mai et 28 août 1674.

[138] V. des titres de commissions dans L. André, Michel Le Tellier..., 630, note 2.

[139] Id., 628 et sq.

[140] Le département n'est pas invariable : v. Luçay, 593-5, et les divers Etats de la France jusqu'en 1677.

[141] Carlier intendant en Roussillon et à l'armée de Roussillon : Charnel intendant en Flandre, en Lorraine et à l'armée de Turenne.

[142] A. N., Guerre A1, 201 min., f° 134 et sq., let. du 18 mai 1666.

[143] Intendant depuis 1657, il meurt en 1663. Son fils Gilbert, qui, occasionnellement, occupera une intendance dans l'est, sera le collaborateur intime de Louvois dans les bureaux.

[144] D'une famille originaire de Moulins, Dugué fut conseiller au parlement de Paris en 1636, maître des requêtes en 1643, intendant à Caen et à Lyon et demanda son rappel en 1682. Il avait obtenu des lettres de vétéran en 1663, devint sous-doyen du conseil et mourut environ' un mois après Le Tellier, 7 décembre 1685. Il avait épousé Marie Angélique Turpin, sœur de la chancelière. — B. N., Dossiers bleus, 386 et 650 : — Id., f. fr., 4616, f° 30 v° : — A. N., Guerre A1, 246 min., mars f° 130, Louvois à Dugué, 20 mars 1670, et 359 orig., pièce 193, Dugué à Louvois, 6 mars 1673 : — A. N., X14, 8663, f° 363 r° : — Dangeau, I, 263 : — Sourches, I, 342 et note 3. Les lettres adressées à Dugué par Le Tellier, Louvois et autres sont aux A. E., Mém. Doc., France, 915 et 954 : elles ont trait à l'administration militaire, financière, religieuse.

[145] Né le 3 juillet 1640 (sept mois avant Louvois), mort le 10 décembre 1725. V. entr'autres lettres : A. N., Guerre A1, 240 tr., n° 33, Le Pelletier de Souzy à Louvois, 15 janvier 1669, et 485 tr., p. 372, Louvois à Le Pelletier de Souzy, 31 décembre 1676. A la mort de Louvois, cet intendant deviendra directeur général des fortifications.

[146] A. N., Guerre A1, 231 min., février f° 182 et 222, — 234 min., août f° 168, — 238 tr., f° 2 v° et 65, — 239 tr., f° 64 et 67 v°, Louvois à De La Croix, 17 et 20 février et 20 août 1669. Cet intendant mourut en mer pendant le retour du corps d'armée.

[147] B. N., Dossiers bleus, 569. Sur le différend avec Coligny, v. chap. III ; sur celui avec Bellefonds, v. ci-dessous. Rousset a souvent parlé de lui, t. I et II, passim, et reconnu en lui un administrateur de premier ordre. Robert mourut le 7 juillet 1706 et fut inhumé à Saint-Nicolas du Chardonnet. Saint-Simon l'a inexactement apprécié : X, 331, note 3, — XIV, 122, etc. Une étude sur ce personnage est encore à faire.

[148] A. N., Guerre A1, 360 orig., pièce 110, let. à Louvois, 25. avril 1673.

[149] Id., 203 min., f° 493, — 315 tr., f° 172 v°, — 346 orig., pièce 156, Louvois à Rochefort, 30 avril 1673. Il s'agit probablement de l'un des trois frères de l'abbé de Choisy, fauteur des mémoires. Sur lui, v. Emman. Michel, 538. V. notes 104 et 135.

[150] Tels Bazin de Baudeville à l'armée de Créqui (1677), Du Monceau à Maëstricht (1675), Colbert de Croissy et Poncet de La Rivière en Alsace (1671-3), Voysin de La Noiraye à Tours (1670), De Sève à Bordeaux et Tubeuf Tours (1675), etc. — V. A. N., Guerre A1, 247 min., avril f° 54, — 255 min., avril f° 9, — 292 orig., pièce 98, — 296 orig., pièce 21, — 432 tr., p. 240-241, 435 tr., p. 461, 473 et 562, — 533 tr., f° 74 v°, lettres de Louvois à ces intendants.

[151] V. le ch. sur les affaires religieuses.

[152] Sur lui, V. L. André, Michel Le Tellier..., 635 : Rousset, I, 348, note 1 : — A. N., Guerre A1, 677 min. et 681 min., Louvois à Breteuil et à Le Tellier, 1er mai et 3 octobre 1682. C'est l'exemple unique de sévérité extrême que j'ai rencontré.

[153] A. N., Guerre A1, 365 min., juillet f° 58, — 316 tr., f° 26 v°, 351 orig., pièce 12, — Louvois à Camus de Beaulieu, 6 juillet 1673. — Id., 307 min., f° 107, — 317 tr., f° 429, — 324 tr., f° 277 et 372, — 325 tr., f° 91, 327 tr., f° 387, — 331 tr., f° 325, let. de Louvois, Turenne et Camus de Beaulieu, du 6 juillet au 17 décembre 1673.

[154] V. chapitre VIII et note 69 de ce chapitre.

[155] Sur lui, v. L. André, Michel Le Tellier..., 312 : — Emman. Michel, 539. — Sur la correspondance avec Louvois en 1668-9, A. N., Guerre A1, 222 tr., n° 96, — 224 tr., n° 168, — 227 tr., n° 107, — 240 tr., n° 5, 18 et 24 janvier, 17 juin 1668 et 4 janvier 1669. — La nomination d'intendant en Lorraine et l'instruction sont dans Id., 252 tr., f° 42 et 93 v°. — Le différend avec Créqui, 18 octobre-26 novembre 1670, est exposé dans Id., 250 tr., f° 155, 157, 165-167, 173, 175, 180, 186, 188, 205, 209, 250 et 269, — 252 tr., f° 99, 110, 112, 113, 118, 131 et 133. Sur le différend avec Turenne, v. Id., 305 min., juillet f° 54, — 273 tr., f° 282 v°, — 315 tr., f° 25 et 125, — 322 tr., f° 343 et 345, — 324 tr., f° 343.

[156] Sur lui, V. L. André, Michel Le Tellier..., 645, note 1 : — B. N., Pièces originales, 598.

[157] A. N., Guerre A1, 198 tr. : — Id., Guerre A4, 2.

[158] Elle meurt en 1674.

[159] Ces incidents, à la fois burlesques et déconcertants, ont donné lieu à de nombreuses lettres écrites par Carlier, le commandant Lebret, les commissaires Masnou et La Mairie, Louvois et son porte paroles (18 octobre). Ils sont d'une violence inouïe, et durent du 20 mai au 22 novembre 1673. Ces lettres sont dans A. N., Guerre A1, 307 min., f° 69 et 271 : — 308 min., f° 45 et 159 : — 356 orig., pièces 135, 152, 216, 233, 237, 243-244, 248, 262, 279 et 287 : — 419 orig., pièce 312. — Cf. Id., 300 orig., pièces 33 et 53, let. des 26 septembre et 28 octobre 1671.

[160] Les documents sont dans A N., Guerre A1, 376 min., p. 180, — 381  tr., f° 420, — 382 tr., f° 239, — 391 tr., p. 15, — 312 tr., f05 122-3, 164 et 285, — 393 tr., f° 68-9, — 416 orig., pièce 246, — 422 min., p. 17, — 423 min., p. 78 et 233, — 432 tr., p. 440, 442 et 460, — 465 orig., pièce 105, — 470  min.,p. 86, — 482 tr., p. 70, — 486 tr., p. 376, — 563 orig., pièces I, 5, 9 et 10. Ils vont du 12 août 1674 au 12 mars 1676. — Cf. Galibert, Le cons. souv. de Rous....

[161] A. N., O1, 1099 (18), liasse rue Coquillière, déclaration d'héritage faite le 17 janvier 1676, d'après Dumolin, Et. top. par., II, 359 : — B. N., f. fr., 32838, p. 621, proclamation le 16 février 1676 des bans de mariage de Claude Tiquet avec Angélique Nicole Carlier, de Saint Jacques dû Haut-Pas. Ayant tenté de faire assassiner son mari, cette fille de l'intendant fut décapitée le 17 juin 1699, à l'âge de 43 ans. Les procès-verbaux de ce procès sensationnel sont dans A. N., Y, 11126.

[162] A. N., Guerre A1, 201 min., f° 134 et sq., Le Tellier à Marle, 18 mai 1666.

[163] Foucault, Mém., p. 28, année 1674.

[164] A. N., Guerre A1, 266 min., février f° 5, Louvois au commissaire Benoit, 4 février 1672. Cependant, en 1667, Louvois nomme De La Croix, subdélégué au Quesnoy et, en 1668, Robert, intendant des contributions et fortifications à Dunkerque et Bergues, subdélégué de l'intendant de Flandre, en attendant que celui-ci, Le Pelletier de Souzy, arrive de Franche-Comté.

[165] A. N., Guerre A1, 217 min., f° 36, — 236 min., décembre f° 96, 247 min., avril f° 162, Louvois à Caumartin, 3 août 1668, 16 décembre 1669, 22 avril 1670 : — 257 min., novembre f° 63, Louvois à Séraucourt, 10 novembre 1671 : — 303 min., f° 124, Louvois à Bruché, 8 avril 1673 : — 364 min., p. 362 et 398, Louvois à Tubeuf, 26-28 février 1674.

[166] Id., 231 min., janvier f° 109, — 257 min., octobre f° 207, — 470 min., p. 63, Louvois à divers subdélégués, 13 janvier 1669, 24 octobre 1671, 4 janvier 1676 : — 419 orig., pièce 15, Miromesnil à Louvois, 2 janvier 1674.

[167] Id., 271 orig., pièce 15, — 419 orig., pièce 288, commissaires Benoit et Becel à Louvois, 12 juillet 1672 et 9 février 1674 : — Id., 364 min., p. 235, Louvois à Rouillé du Coudray, 16 février 1674. — On les emploie à toutes sortes d'affaires, p. ex., en 1685 à la surveillance des nouveaux convertis : Id., 692 min., p. 645, — et 745 min., p. 448, Louvois à des subdélégués, 30 avril 1683 et 21 mai 1685 : — 749 min., p. 389 et 391, 19 septembre 1685 : — 752 min., p. 727, 26 décembre 1685.

[168] Cependant Louvois en accordait à un subdélégué, sur la recommandation de l'archevêque de Reims : Id., 494 min., juillet f° 436, 30 juillet 1683.

[169] Id., 752 min., p. 798, Louvois à Marillac, 29 décembre 1685 : — Foucault, Mém., p. 28-29.

[170] B. N., f. fr., 4202, f° 128-130, Le Tellier à Gamin, 10 avril 1647 : — Id., nouv. acquis., 3373, pièce 131, le roi à D'Aguesseau, 29 novembre 1683 : — Foucault, p. 91. — Le Tellier aura à s'occuper d'eux à propos des appels portés contre leurs ordonnances : B. N., f. fr., 10985, pièce 217, et 21118, page 338, Le Tellier à Bouville, 6 février 1681 : v. le chapitre sur Le Tellier chancelier, et Ricommard, Rev. hist. mod., 1937, septembre-octobre, p. 380 et 399.

[171] V. L. André, Michel Le Tellier..., p. 640 et sq.

[172] Je n'ai pas à raconter ces rébellions, dont les documents se retrouvent dans A. N., Guerre A1, 1179, copies : — B. N., Collect. Cangé, t. 31, f° 194-197 et 218 : — Briquet, VIII, 6 et 22 : — Jal., Dict. crit., Créqui. — Relations cordiales avec Humières, A. N., Guerre A1, 243 tr., f° 298 — et 278 orig., pièce 160, 14 octobre 1669 et 15 septembre 1672. — Relations moins bonnes avec Créqui, Id., 394 tr., p. 119, et 533 tr., p. 471, 8 novembre 1674 et 15 septembre 1677. — Sur le grave différend avec Bellefonds en 1674, Id., 367 min., p. 25, — 379 tr., p. 14, 106, 128 et 180, — 384 tr., f° 84 et 172, —385  tr., p. 646, — 387 tr., p. 34, 83 et 206, — 388 tr., p. 192, — 405 orig., pièces 52 et 53, let. de Le Tellier, Louvois, Bellefonds, Robert, février-mai. Cf. Id., 578 min., p. 329, Louvois à Bellefonds, 24 septembre 1678 : — Primi Visconti, 28 : — Spanheim, 107 et 519.

[173] V. chapitre V.

[174] V., p. ex., A. N., Guerre A1, 307 min., f°. 56 et 65, 6 et 7 octobre 1673 (Beauregard et Hocquincourt) : — 347 orig., pièces 25 et 99. 8 et 26 juin 1673 (Lescouet à Brisach) : — 312 orig.. pièce 283, — 313 orig., pièce 313, et 340 orig., pièce 201. 19 octobre, 7 et 10 décembre 1673 (Cazaux à Bergues) : — 259 orig., pièce 227. et 273 tr., f° 238, 10 septembre 1671 et 15 juillet 1672 (Nancré à Ath).

[175] Confiante avec son cousin Tilladet, Id., 370 min., p. 22, — 371 min., p. 199, — 372 min., p. 64, let. des 16 juillet, 10 et 17 août 1674. — Ironique et parfois gauloise avec La Vallière : — 196 min., f° 343, — 199 min., f° 15 v°, 433 et 628, — 200 min., f° 532, — 206 min., f° 372, — 334 orig., pièce 205, — 335 orig., pièce 131, — 426 min., p. 183, let. de 1665 à 1675.

[176] Commencement des relations avec Chamlay, qui deviendront étroites : Id., 302 min., f° 148, — 344 orig., pièce 174. — 348 orig., pièce 102, — 352 tr., f° 172, — 370 min., p. 295, — 371 min. p. 271, let. de février 1673 à août 1674. — Très variée avec Vauban, coups de boutoir et d'affection, p. ex., Id. 208 tr., n° 78. — 223 tr.. n° 668, — 229 tr., n° 81. — 239 tr., f° 415 — 244 tr., f° 18 v°. — 254 min., janv. f° 261, — 469 orig., pièce 96, let. des 14 octobre 1667, 23 et 27 novembre 1668, 5 et 10 novembre 1669. 29 janvier 1671 et 15 janvier 1675.

[177] V., p. ex. Id., 288 tr., pièce 24, f° 158, Duras à Louvois, 20 octobre 1672 : — 321 tr., f° 455, Lorge à Louvois, 14 mars 1673. — La correspondance avec Rochefort, qui doit sa fortune à Le Tellier et à Louvois, est fort intéressante, variée et familière: v. p. ex., 208 tr., n° 85, — 273 tr., f° 412, — 342 orig., pièce 34. — 410 orig., pièce 19. let. des 14 octobre 1667. 23 août 1672. 1er février 1673. 6 janvier 1674. — Entre Louvois et Luxembourg. assaut d'esprit quelque peu lourd et futile : v., p. ex., Id., 222 tr., n° 547, — 272 tr., f° 586 v°. — 273 tr., f° 335. — 283 tr.. pièces 44 et 98, — 285 tr.. pièce 23, — 288 tr., pièces 13 et 80. — 315 tr., f° 189. — 318 tr., f° 169 v°, — 419 tr., f° 741, — 321 tr., f° 93, — 324 tr., f° 205, — 329 tr., f° 178, — 372 min., p. 205, 508 orig., pièce I. — 532 tr., f° 114 v° et 238, — 533 tr.. p. 428. let. entre le 4 mai 1668 et le 10 septembre 1677.

[178] Fut-ce un bien ou un mal ? V. l'opinion un peu excessive, mais intéressante, d'un secrétaire, qui écrit sous la régence : A. N., Guerre A1, 1099, pièce 92, pub. p. A. de Boislisle, édit. des Mém. de Saint-Simon, XXVIII, appendice 3, p. 486-492.