Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle

APPENDICE A — LES DOMAINES FUNÉRAIRES DES PARTICULIERS ET DES COLLÈGES.

 

 

Pour comprendre comment des tombes privées purent être transformées en cimetières, il faut se rendre compte de l’importance des domaines consacrés quelquefois par de riches Romains à leur sépulture de famille. Deux testaments, l’un imaginaire, l’autre réel, vont montrer ce qu’était quelquefois un tombeau romain. Nous décrirons ensuite, d’après un plan heureusement conservé, les édifices et les terrains qui en dépendaient[1].

Le premier testament est emprunté à Pétrone. Le discours qu’il a placé dans la bouche de Trimalchion, au chapitre LXXI de Satiricon, semble la reproduction textuelle d’un acte de dernière volonté, il n’y manque, en vérité, que la signature et le sceau des témoins. Après avoir dit que ses esclaves — ces hommes comme nous, qui ont sucé le même lait que nous — seront tous affranchis après sa mort, Trimalchion fait à deux d’entre eux un legs particulier ; il lègue à l’esclave Philagyre un fonds de terre et sa contubernalis[2], à l’esclave Carion une maison (insula) avec dispense des droits de mutation (vicesima), et un lit garni. Il institue ensuite héritière sa femme Fortunata. Puis il règle d’avance la construction de son tombeau. Celui-ci sera orné de statues et de bas-reliefs : on y verra représentés (comme sur la tombe de Naevoleia Tyche, à Pompéi) des vaisseaux voguant à pleines voiles : le testateur lui-même y sera figuré faisant des libéralités au peuple. La statue de sa femme, celle d’un de ses esclaves, décoreront le monument. Au centre il y aura un cadran solaire (horologium)[3]. L’area dans laquelle sera établi le monument aura cent pieds de longueur sur la voie publique et deux cents pieds en profondeur (in monte pedes centum, in agro pedes ducenti). Elle sera plantée de toute espèce d’arbres à fruits et d’un grand nombre de vignes. Un affranchi sera préposé à la garde du tombeau (ponam unum ex libertis sepulturaæ, meæ, cusiodiæ causa). Trimalchion va jusqu’à dicter les inscriptions qui devront y être placées : l’une a trait à l’intransmissibilité du terrain funéraire : c’est la formule que les marbres antiques nous offrent si souvent : HOC MONVMENTVM HAEREDEM NON SEQVETVR[4] ; l’autre est une longue épitaphe. Dans tout cela il n’y a pas un trait qui ne soit conforme à l’histoire, pas un mot que l’on ne puisse appuyer de nombreux documents épigraphiques[5] : en résumant ici une page de Pétrone, je n’ai omis que les plaisanteries assez maussades dont le discours de son héros est accompagné.

Trimalchion est un parvenu de petite ville que l’on se figurerait aisément habitant une des plus luxueuses maisons de Pompéi : son mausolée ferait bonne figure dans la Via delle Tombe, à peu de distance de la villa de Diomède. Il n’est pas de meilleure condition que Quietus, Faustus ou Restitutus, qui sont enterrés là ; il appartient comme eux à la petite aristocratie municipale des Augustales. Le Gallo-Romain dont le testament a été retrouvé en 1863, transcrit, d’après le marbre original, sur un manuscrit du dixième siècle de la bibliothèque de Bâle[6], était certainement d’un rang plus élevé. Il habitait Langres, et avait un grand train de maison, si l’on en juge par la description de son équipage de chasse et de pèche, de ses litières, des meubles et vêtements précieux qu’il ordonne de brûler avec lui. Le résumé des dernières dispositions qu’il a dictées achèvera de faire connaître ce que les Romains des deuxième et troisième siècles entendaient par un tombeau.

Il avait fait commencer le sien de son vivant : il n’impose à son héritier d’autre obligation que de l’achever et de l’embellir. Celui-ci n’avait qu’à suivre les plans laissés par le testateur. En avant du monument est un mausolée de marbre[7], en forme d’autel (ara), destiné à contenir les cendres du défunt. Ensuite s’élève l’édifice dédié à sa mémoire, cella mentoriæ[8] : il doit se terminer par une exèdre, sorte d’hémicycle ou d’abside que garniront un lit et des bancs de marbre. Deux images du défunt, l’une en marbre, l’autre en bronze[9], décoreront la cella. Les jours où cette espèce de petit temple devra être ouvert on le garnira de tapis et l’on fournira des coussins, des couvertures et des vêtements pour l’usage des convives. Une porte de marbre le clora[10].

A cet édifice sera joint un terrain planté d’arbres fruitiers. Trois jardiniers (topiarii) et leurs élèves les cultiveront, moyennant un salaire fixé par le testateur.

Celui-ci impose à tous ses affranchis des deux sexes, — à ceux qu’il a libérés de l’esclavage pendant sa vie et à ceux qu’il aura rendus libres par son testament, — de faire entre eux, chaque année, une souscription, afin de subvenir, avec l’aide de son héritier, aux frais du festin qu’ils devront célébrer, devant la cella menaoriæ, à chaque anniversaire de sa naissance. Ils choisiront parmi eus des curateurs[11] chargés de recueillir les cotisations et de sacrifier sur l’autel placé en avant du sépulcre, aux calendes d’avril, de mai, de juin, de juillet, d’août, de septembre et d’octobre.

Le reste du testament est relatif à la nomination d’exécuteurs testamentaires et à la désignation des objets qui devront être déposés sur le bûcher[12].

Un marbre conservé au musée d’Urbin, publié incorrectement par Fabretti[13], et reproduit d’après un calque exact par M. de Rossi[14], donne l’idée complète d’un domaine funéraire : non seulement le monument, mais les terrains diversement cultivés et les édifices accessoires qui en dépendent, y sont très clairement indiqués. C’est le plan régulier ou, comme dit une autre inscription, la l’orme de l’édifice sépulcral et de ses annexes, formas ædificii custodiæ et monumenti[15]. Ce plan, trouvé aux environs de Rome sur la voie Labicane, n’est pas d’une exactitude géométrique absolue : il reproduit le dessin général et indique les mesures : mais ses diverses parties ne sont pas réduites à une échelle commune, et les proportions sont mal observées. A Rome, les archives publiques contenaient, sous l’Empire, le plan cadastral de tous les terrains religieux, civils et sépulcraux existant dans la ville et dans sa banlieue. Il est probable que celui-ci était géométrique, tracé avec une exactitude rigoureuse par les argrimensores. Mais, en même temps, les propriétaires faisaient fréquemment graver, sur des tables de pierre ou de marbre, l’iconographie de leur domaine, surtout des domaines funéraires, terrains religieux, inaliénables, dont il était nécessaire que les limites fussent exactement connues du public. Le précieux marbre d’Urbin est sans doute un plan de cette seconde catégorie ; il dut être placé au-dessus de la porte d’entrée de l’enclos funèbre. Si la proportion géométrique de ses lignes importait peu, l’indication précise de ses dimensions et de sa forme offrait au propriétaire un grand intérêt ; aussi toutes les mesures y sont-elles soigneusement écrites.

Le domaine se composait de deux parties distinctes. La première présentait sur la voie publique un front de 546 pieds : elle avait 523 pieds de profondeur. Un chemin privé la bordait de deux côtés. C’était un enclos de dix arpents. La dimension des enclos funéraires variait à l’infini. Depuis les plus petits, formant des carrés de douze, de seize pieds[16], jusqu’à ceux qui se mesuraient par plusieurs arpents[17], jusqu’à ceux qui formaient de véritables parcs, il y en avait de toutes les grandeurs et de toutes les formes. Le marbre d’Urbin nous en offre plusieurs exemples : car, sur la lisière du grand domaine dont il contient le plan, il montre de petites areæ qui en sont comme la représentation en miniature, et qui avaient été vendues ou concédées par le propriétaire du terrain principal ; c’étaient peut-être des lieux de sépulture donnés par lui à ses affranchis. L’enclos de dix arpents, qui forme la partie principale du domaine, se divisait lui-même en deux portions : l’area propre du tombeau, longeant probablement une voie publique, et l’area qui en dépendait, area adjecta monumento, située derrière la première, nais immédiatement contiguë à celle-ci[18].

Au milieu de ce premier carré était construit le monument. Le plan n’en laisse pas voir la forme exacte : on reconnaît seulement qu’il était de grandes dimensions. Se composait-il d’un seul appartement, comme la chambre du souvenir, cella memoriæ, décrite dans le testament de Bâle ? Était-ce — comme les tombeaux découverts, en 1857, sur la voie Latine[19] — un édifice à deux étages (armarium distegum, monumentum cum ædificio superposito)[20], composé d’un caveau (hypogæum) contenant l’urne ou le sarcophage et éclairé par une lampe[21], et, au-dessus, d’un appartement destiné aux festins et aux sacrifices (cubiculum superiorem ad confrequentandam memoriam quiescentium)[22] ? Un toit[23] protégeait-il cet appartement supérieur, cette salle, à manger funèbre (triclinium, diæta) ? Cet étage élevé formait-il plutôt, comme les inscriptions l’indiquent souvent, une terrasse (solarium), décorée de berceaux et de treilles (pergola), où les convives mangeaient en plein air ? Un portique (porticus, porticationes) entourait-il l’édifice[24] ? Il est impossible de le dire : l’importance du domaine, le dessin, si informe qu’il soit, du mausolée, la comparaison avec ce que les inscriptions nous révèlent d’autres constructions analogues, permettent seulement de supposer que la cella memoriæ figurée sur notre marbre était riche et somptueusement meublée, quelque chose de grand, amplum quid, selon le mot d’un jurisconsulte[25], ou, comme le dit avec quelque emphase une inscription, prætoriolum pertinens ad heroum, une maison de plaisance jointe à un tombeau[26].

L’enclos qui entourait immédiatement l’édifice principal contenait, à ses deux extrémités, une ligne de bâtiments accessoires. Ils servaient au logement du concierge ou gardien du monument (taberna custodiæ tutelæque causa, diæta adjuncta januæ custodiæ causa, taberna que proxime eunt locum est, locus habitationis tutela monumenti, etc.)[27]. Ils étaient probablement destinés à d’autres usages encore, car le marbre d’Urbin semble indiquer cinq ou six bâtiments de cette nature, appuyés, à droite et à gauche, au mur (maceria) qui fermait l’enclos[28]. Peut-être des jardiniers et des hommes de service y étaient-ils aussi logés : peut-être y avait-il là une chambre aux provisions[29], un cellier, une cuisine, pour les jours de fête. Certaines inscriptions indiquent, parmi les dépendances du monument, des bâtiments agricoles (horreum, nubilare, stabulum)[30], des maisons (οίxίαι)[31], des boutiques (tabernæ)[32], des bains (balineum)[33]. Le puits ou la citerne (puteus, cisterna, piscina)[34], dont il est parlé sur un grand nombre de marbres, pouvait aussi être là.

Ces constructions secondaires différaient, au point de vue légal, de celles qui étaient une dépendance directe et principale du tombeau. Habiter dans ces dernières était considéré comme un sacrilège : le jurisconsulte Paul voit une profanation dans le fait d’établir sa demeure au-dessus ou à côté du monument, c’est-à-dire dans les salles accessoires, les triclinia, construites soit au-dessus de l’hypogée, soit contre le sépulcre[35]. Si les lois n’y avaient pas veillé, que de voyageurs ou de vagabonds eussent pu être tentés de s’installer dans les appartements somptueux qui entouraient quelquefois une tombe écartée ! L’Évangile parle de démoniaques qui avaient élu domicile dans les monuments[36]. On vit des accusés, des condamnés, y chercher un asile[37] : les Actes de sainte Thècle rapportent que saint Paul, battu de verges et chassé d’Antioche de Pisidie, se réfugia dans un tombeau[38]. Un peuple entier put trouver dans les sépulcres des environs de Rome une demeure temporaire. Lors de l’incendie allumé par Néron, la populace romaine, dit Suétone, s’y porta tout entière[39]. Les Juifs chassés d’Alexandrie par Flaccus se réfugièrent en partie dans les tombeaux[40]. Pendant les persécutions du quatrième siècle, des chrétiens y trouvèrent un asile[41]. Saint Athanase, craignant que sa présence ne suscitât des troubles dans Alexandrie, passa quatre mois caché έν μνημείω πατρώω[42]. Mais en dehors des cas de force majeure, souiller parla présence d’un vivant la demeure des mânes était considéré comme un fait punissable : l’édit du préteur à le commentaire qui en est donné par Ulpien sont d’accord, sur ce point, avec la sentence de Paul[43]. Le conte célèbre de la matrone d’Éphèse montre que l’antiquité n’avait pas tort de faire des travaux publics ou de l’exil la sanction de la religion des tombeaux[44]. Les seules dépendances de ceux-ci qu’il fût permis d’habiter étaient les constructions décrites plus haut, et que des inscriptions nous montrent réservées aux gardiens, aux gens de service, aux provisions. Celles-ci n’étaient pas le tombeau lui-même : elles n’étaient que les communs du domaine funéraire.

Le premier enclos — l’avea monunenti — en formait comme la cour d’honneur. Selon l’expression romaine, c’était le forum du tombeau[45]. Cet espace n’était point cultivé : il était seulement, comme parait l’indiquer une ligné de points gravée sur le marbre d’Urbin, bordé, de trois côtés, par un portique : le devant restait libre, et sans doute était clos par un mur ou une grille.

Derrière ce premier enclos s’étendait le second, l’area adjecta monumento. C’était le jardin (hortus, hortulus, pomarium), si souvent désigné dans les inscriptions[46], et au bon entretien duquel on attachait tant de prix[47]. Plusieurs lignes de points symétriquement disposés semblent indiquer qu’il était planté d’arbres formant de longues avenues (ambulationes) : il y avait probablement parmi eux des arbres fruitiers, autour desquels s’entrelaçaient des vignes (vinea, viniola)[48], destinées à fournir les offrandes d’automne, vindemiales : les Romains ne dédaignaient pas d’introduire les arbres à fruits, surtout les vignes, dans les jardins d’agrément[49]. Entre les avenues d’arbres, de longs carrés, semés de très petits points, représentent probablement des parterres cultivés : là, les jardiniers, que nous voyons prévus dans le testament de Bâle, soignaient sans doute les violettes qui devaient être offertes en bouquets, en couronnes, en guirlandes, au mois de mai, et les roses qui devaient former l’offrande de l’été. Ces carrés de fleurs étaient vraisemblablement bordés de buis, comme dans nos anciens jardins à la française : telle est du moins l’idée qu’en donne Pline, xystus, concisus in plurimas species, distinctusque buxo[50]. Les deux dernières lignes d’arbres au fond du jardin paraissent, sur le plan, séparées du reste de l’area par un mur, qu’une palissade de buis taillé cachait peut-être aux regards[51]. Ces lignes d’arbres semblent former une avenue de sortie, car elles aboutissent, sur la gauche, à une porte, près de laquelle est un petit bâtiment, qui pourrait être une loge de concierge.

Parallèlement à cette avenue est un chemin privé (le plan l’appelle via privata), qui borde l’area sur une longueur de 546 pieds. Ce chemin correspond, d’un côté, avec la voie publique (via publica), de l’autre avec un second chemin privé qui longe à droite l’area, et vient aboutir à la grande voie sur laquelle se présente le front du monument. Ces chemins, indiqués avec tant de soin sur le marbre d’Urbin, le sont de même dans un grand nombre d’inscriptions funéraires, où la mention des servitudes de passage établies parle père de famille ou acquises par lui dans l’intérêt du fonds est toujours faite avec une extrême précision (iter privatum a via publica, itinera quæ sunt determinata, itus, aclus, aditus, ambitus)[52]. On tenait beaucoup à ce que l’accès du tombeau fût en tout temps libre et facile : Cicéron reproche à l’affranchi de Sylla qui s’était fait attribuer les biens de S. Roscius la dureté avec laquelle il refusait à celui-ci le droit de passage, iter, pour se rendre au tombeau paternel, enclavé dans le domaine usurpé[53]. L’enclave n’était pas à craindre pour le domaine que nous décrivons : grâce aux voies publiques dont il était voisin, et aux chemins privés que son propriétaire avait établis, il était facile d’en faire le tour (ambitus). Le chemin privé qui passait derrière le jardin ne marquait pas la dernière limite du domaine : celui-ci avait encore d’autres dépendances.

Une troisième area, qui était bordée d’un côté par une voie publique sur une longueur de 1.783 pieds, faisait suite au monument et au jardin. Le marbre, brisé à cet endroit, ne permet pas d’en voir le dessin exact, et il est impossible d’en calculer l’étendue. Elle avait au moins deux arpents, et vraisemblablement davantage. On y remarque un certain nombre de petits terrains funéraires, limités par des cippes, et probablement, comme je l’ai dit plus haut, concédés par le propriétaire[54]. Le reste paraît consister en un terrain marécageux, planté d’osiers ou de roseaux, harundinetum. Le voisinage des voies romaines offrait souvent des terrains semblables, car d’autres marbres mentionnent des tombeaux situés à côté d’harundineta[55]. Un second terrain marécageux fait partie du même domaine : il est aussi désigné par le mot harundinetum, et forme un grand triangle limité par un fossé (fossa), le long du chemin privé qui borde le jardin du côté droit.

Tel était au troisième siècle l’aspect d’un des beaux enclos que l’on rencontrait de place en place, le long des voies romaines, encadrant dans la verdure et les fleurs un édifice qui parfois ressemblait plus à un château qu’à un sépulcre. Souvent ces enclos formaient une annexe d’un’ domaine plus vaste, où s’élevait l’habitation de la famille. Beaucoup de Romains n’assignaient pas à leur sépulcre un emplacement isolé, ils le voulaient sous leurs yeux, en faisaient l’ornement de leur parc, quelque chose comme ces fabriques dont il était d’usage au dernier siècle d’orner les somptueuses résidences rurales. Les Romains, ne l’oublions pas, étaient familiers avec l’idée de la mort, ils l’acceptaient légèrement et gaiement : les avenues qui conduisaient aux portes des grandes villes étaient bordées d’élégants tombeaux, entourés de parterres et de bosquets, et c’est dans ces voies ainsi décorées que se promenaient les oisifs, couraient les gais équipages ou passaient triomphalement les légions. La présence d’un tombeau dans leur jardin, sous les fenêtres de leur maison, ne devait leur causer aucune répugnance. Ils se plaisaient plutôt à l’idée qu’un jour ils se reposeraient là, dans des lieux aimés, au milieu du bruit de leurs plaisirs d’autrefois, sous le regard de leurs enfants. IN SARCOPHAGO IN HORMIS NOSTRIS SECESSIMVS, nous avons pris notre retraite dans un sarcophage dans notre jardin, se lit sur l’épitaphe de deux époux[56]. Je me suis retiré dans mon petit domaine, IN AGELLVLIS MEIS SECESSI, dit l’inscription d’un cippe funéraire[57]. Verger et tombeau sont devenus presque synonymes : IN MVNIMENTO SIVE POMARIOLO, dit une autre épitaphe[58].

Ces coutumes ne sont pas particulières à, Rome ou à l’époque païenne : on les rencontre encore dans les provinces longtemps après la conversion de Constantin. Dans l’étonnante exploration qui lui a fait retrouver en Syrie, presque intactes, sur un espace de trente ou quarante lieues, plus de cent Pompéi chrétiennes, M. de Vogué a découvert les restes très bien conservés de plusieurs villas remontant au quatrième ou cinquième siècle : on y voit dans un coin du jardin le tombeau de la famille, en forme de petit temple[59]. La Gaule offrit probablement un grand nombre de semblables propriétés. Une curieuse lettre de Sidoine Apollinaire dépeint l’une d’elles, située aux environs de Lyon[60]. Il raconte à son ami Ériphius qu’après la célébration de l’office divin près du sépulcre de saint Just, évêque de cette ville, une partie des principaux assistants se retirèrent autour du tombeau du consul Syagrius... Quelques-uns s’assirent sous l’ombrage d’une treille recouverte des pampres verdoyants de la vigne ; d’autres s’étendirent sur un vert gazon embaumé du parfum des fleurs[61]. Là, dans le jardin qui entourait le tombeau du consul, cette compagnie d’élite se livra pendant plusieurs heures au repos, causant, jouant à la paume ou aux dés, faisant des vers. Sidoine, qui n’oublie rien, parle de la petite maison du portier située à l’entrée du parc ; il nous montre même le gardien faisant sécher sa lessive[62].

Il. Beaucoup de collèges — par exemple ceux que formaient des membres de la domesticité d’une même famille — avaient pour sépulture commune d’humbles colombaires ou d’étroits terrains[63]. Par contre, les domaines funéraires appartenant à d’autres collèges devaient ressembler aux riches propriétés privées que l’on vient de décrire. La constitution des collegia et des sodalitia est aujourd’hui bien connue[64]. Les uns avaient une origine industrielle ou commerciale : c’étaient des associations d’artisans assez semblables à nos corporations du moyen âge. Ils se formaient soit entre gens du même métier ou de métiers analogues[65], soit entre émigrés du même pays habitant une ville étrangère : par extension, ils se composaient quelquefois de personnes du même quartier, que rassemblait le voisinage plutôt que la similitude d’occupations. Ces collèges pouvaient devenir propriétaires : ils possédaient, en général, un lieu de réunion, Schola, consacré aux fêtes et aux repas de corps[66]. La plupart d’entre eux avaient soin de pourvoir à la sépulture de leurs membres, soit en supportant les frais de leurs funérailles, soit en leur assurant une place dans un tombeau commun. Un très grand nombre d’associations n’avait même d’autre objet que celui-ci. Elles ne portaient pas un nom de métier, mais souvent une dénomination pieuse, les adorateurs de Jupiter, d’Hercule, de Diane, de Sylvain, etc., cultores Jovis, Herculis, Dianæ, Sylvani[67]. Quelquefois les sociétaires se contentaient du titre de socii[68], socii monumenti[69], ou de la simple désignation de collegium, sodales, sans épithète[70] ; mais d’autres fois les sociétés adoptaient un vocable qui semblait choisi à dessein pour piquer la curiosité publique : comme cette mystérieuse association des gens qui vivent ensemble et participent au même repas, convictorum qui uno epulo vesci solent, établie dans une petite ville d’Italie[71]. Souvent elles formaient un groupe appelé du nom de son fondateur ou de la famille qui avait été le noyau de la société : comme les Syncratii, les Pelagii, les Philletiani, les Eutychii, etc.[72] .Quelquefois même elles prenaient seulement une désignation locale, comme le collège de la voie Labicane, sodales viæ Labicanæ[73].

Parmi ces collèges de diverse origine et de diverse nature, il y en avait de fort riches, il y en avait de fort pauvres. Ces derniers étaient, à certains égards, dans une condition privilégiée. La loi romaine se relâchait, en leur faveur, de la rigoureuse surveillance qu’elle faisait peser sur les associations de toute nature. Il était permis aux petites gens, tenuioribus, aux pauvres, aux affranchis, aux esclaves de s’associer en vue de la sépulture commune : ils n’avaient besoin pour cela d’aucune autorisation : on exigeait seulement que leurs réunions périodiques n’eussent lieu qu’une fois par mois[74]. Ces humbles sociétés bornaient sans doute leur ambition à devenir propriétaires d’un columbarium, ou à acheter de quelque collège formé entre esclaves ou affranchis d’une grande maison le droit de déposer les urnes funéraires de leurs membres dans le columbarium construit par celui-ci. Quelquefois même elles n’étaient pas assez riches pour assurer ainsi aux cendres des associés une olla et une niche funèbre : elles se bornaient alors à payer à la famille du sociétaire défunt une petite somme destinée à subvenir aux frais de funérailles et de sépulture : dans le collège, aujourd’hui célèbre, des cultores de Diane et d’Antinoüs, à Lanuvium, le funeraticium ne dépassait pas 300 sesterces (soixante francs)[75] : dans un collège d’Espagne il n’était que de 200 sesterces (quarante francs)[76]. Plusieurs, parmi les petites associations funéraires privées, composées d’affranchis ou de soldats, avaient un sacerdos pour accomplir des cérémonies religieuses[77].

D’autres collèges, surtout parmi les corporations industrielles, étaient dans une situation beaucoup plus prospère ; leur opulence provenait moins des cotisations des associés que des dons et des legs que recevait la caisse commune. Le plus souvent les auteurs de ces libéralités étaient de grands ou riches personnages, membres honoraires de la société : ils se plaisaient à justifier par leurs libéralités le titre de patron qui leur avait été décerné. Souvent, comme je l’ai déjà dit, ils confiaient à la reconnaissance du collège le culte de leur mémoire et de leur tombeau, et faisaient dans ce but de généreuses fondations. Quelquefois aussi un membre ordinaire du collège laissait à celui-ci tout ou partie de sa fortune. Les inscriptions constatant des legs de sommes d’argent faits en faveur des collegia ou des sodalitia sont fort nombreuses. Beaucoup de ces sociétés possédaient des biens-fonds considérables. Un affranchi de Domitien donne au collège des adorateurs de Sylvain quatre domaines avec leurs métairies, à condition d’offrir des sacrifices pour l’empereur et sa famille[78]. Un habitant d’une petite ville de la Vénétie, connaissant la piété du collège des centonarii, lui lègue un terrain planté et bâti, contigu à son tombeau, à charge de lui rendre des honneurs funèbres. Un autre lègue au collège des marchands de chevaux un terrain destiné à la sépulture des associés, de leurs femmes, de leurs concubines, et de tous leurs descendants, posterisque eorum omnium et uxoribus concubinisque[79]. Dans certaines de ces sociétés le funeraticium, ou somme payée pour les funérailles de chacun de leurs membres, était fort élevé. Ainsi, dans le collège des mensores machinarii, à Rome, il montait assez haut pour qu’un de ses membres léguât aux associés la somme à laquelle il eût eu droit à ce titre, afin que l’intérêt de cette somme fût employé aux frais de sacrifices que le collège offrirait à l’anniversaire de sa naissance, à l’époque des parentalia et à celle des rosaria[80].

Aucune inscription ne nous met à même de reconstituer le plan du domaine funéraire de quelqu’un de ces collèges ; mais on sait que beaucoup d’entre eux étaient propriétaires de sépultures communes[81], et il est probable que l’esprit de corps, si puissant dans ces petites sociétés, — véritables cités en miniature, avec leurs magistrats, leurs décurions et leur plebs[82], — ne négligeait rien pour décorer avec magnificence le monument funèbre de leurs membres et le terrain qui en dépendait. A côté des columbaria possédés par des confréries de pauvres gens, il dut y avoir, appartenant â d’opulentes corporations, de beaux domaines plantés, cultivés, bâtis, destinés à des fêtes fréquentes autour du mausolée commun, et dignes de rivaliser avec les édifices et les jardins que le testament de Bâle et le marbre d’Urbin nous ont fait connaître.

 

 

 



[1] Orelli, 4419.

[2] Cf. Scævola, au Digeste, XXXII, III, 41, § 2.

[3] Cf. Orelli, 4517.

[4] Horace, I Sat., VIII, 13 ; Orelli, 4379, 4389, 4393, 4497, 4456, 4663, 4820 ; Henzen, 7338.

[5] Voir dans le même sens Boissier, le Festin de Trimalcion, dans le Journal des savants, juillet-août 1892. Cf. Revue historique, mars-avril 1893, p. 310-312.

[6] Voir De Rossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1863, p. 95. Cf. Revue archéologique, t. X, 1864, p. 28-49, 115-133.

[7] Ex lapide Lunensi, de marbre de Luna, en Étrurie. L’autel du monument funéraire des Domitii, où fut enterré Néron, était fait du même marbre, Lunensis ara. Suétone, Néron, 50. — Sur le mot ara employé dans ce sens, voir Orelli, 4521, 4522, 4826, 8442 ; Henzen, 7357, 7358 ; Corpus inscript. lat., t. II, 310, 1293, 1375, 3306, 4315, 4372 ; Mommsen, Inscr. regni Neap., 1109. Tertullien dit aux païens qu’ils traitent de même leurs morts et leurs dieux, qu’ils élèvent aux uns et aux autres ædes et aras (Apologétique, 53).

[8] Cf. Cubiculum mentoriæ. Herzen, 7360.

[9] Cf. Orelli, 4456 ; Corp. inscr. lat., t. II, 1055, 1065, 1350, 1947, 1951, 1952, 2060, 2130, 2150, 3165, 4920.

[10] La porte d’un tombeau de Pompéi est faite de même d’une seule pièce de marbre, dont les sculptures imitent les moulures de panneaux de bois. Voir Mazois, Ruines de Pompéi, t. I, pl. XIX, fig. 4. Portes en marbre ou en pierre à des maisons et à des tombeaux étrusques, africains, juifs, syriens : voir Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, art. Cardo, p. 920 ; Bulletin de la société des antiquaires de France, 1878, p. 157 et planche ; musée judaïque du Louvre ; Renan, Mission de Phénicie, pl. XLV ; De Vogué, les Églises de la Terre sainte, p. 126 ; Syrie centrale, architecture civile et religieuse du premier au septième siècle, p. 54, 55, b7, 103, 104, 108, 110, planches XIII, XIV, LXX, LXXI, LXXXIII ; De Rossi, Bull. di arch. crist., 1890, p. 6.

[11] Cf. Orelli, 4366.

[12] Cf. Lucien, Nigrinus, 30 ; Pline, Lettres, IV, 2. Aucun des érudits qui ont commenté à divers points de vue ce testament n’a fait remarquer l’illégalité de la disposition relative aux objets de chasse, de pêche, aux vêtements précieux et aux meubles que le testament ordonne de brûler avec lui. Les jurisconsultes appellent les dispositions de cette nature d’ineptes volontés des défunts, le fait d’hommes peu intelligents (ineptas voluntates defunctorum... quod homines simpliciores faciunt) et déclarent que l’héritier n’est pas obligé de les observer. Ulpien, au Digeste, XI, VII, 14, § 5 ; Marcien, ibid., XXX, I, 113, § 5 ; Scævola, ibid., XXIV, II, 40, § 2.

[13] Fabretti, Inscript., p. 224.

[14] Dans la Roma sotterranea, t. I, 2e partie, p. 57. — M. de Rossi pense que ce tombeau était celui de la célèbre Turia, femme de L. Lucretius Vespillo, consul l’an de Rome 735, dont la laudatio funebris par son mari est l’un des plus beaux textes lapidaires que l’antiquité romaine nous ait laissés. Voir Studi e documenti di Storia e Diritto, 1880, p. 11-37 et pl. I ; cf. Gatti, dans le Bull. della comm. arch. conf. di Roma, 1879, p. 113 et suiv. Cependant tenir compte des doutes émis sur l’identification de Turia avec l’héroïne de la laudatio funebris ; voir Bull. della comm. arch. com., 1899, p. 62.

[15] Roma sotterranea, t. I, 2e partie, p. 54.

[16] Il semble que 30 pieds carrés était la dimension moyenne : Cicéron propose qu’un terrain de cette étendue soit assigné, aux frais de l’État, pour la sépulture de Servius Sulpicius Rufus, mort au service de la république ; Philipp., IX, 7.

[17] Corpus inscript. lat., t. VI, 1396 ; Orelli, 4349, 4369, 4271.

[18] Quelquefois l’area adjecta était située devant l’area propre du tombeau : une inscription de la villa Patrizzi donne ainsi les dimensions de l’une et de l’autre : IN FRONTE. PED XIII. IN AGRO. P. XIII ET. ANTE. FRONTE. AREA. LONG. P. XIII. LAT. PED. XII. Bullettino di archeologia cristiana, 1865, p. 54.

[19] Fortunati, Relazione generale degli scavi e scoperte fatte lungo la via Latina, Roma, 1859 ; Beulé, Fouilles et Découvertes, t. I, p. 248.

[20] Orelli, 4401, 4549.

[21] Et semper vigilet lucerna nardo : monument trouvé sur la voie Latine ; De Rossi, Roma sotterranea, t. III, p. 477. Cf. Corp. inscr. lat., t. II, 2102.

[22] Giornale degli scavi di Pompei, 1863, t. I, p. 242.

[23] Henzen, 7372.

[24] Orelli, 4433.. Cf. Macer, au Digeste, XI, VIII, 37, § 1.

[25] Macer, l. c.

[26] PRAETORIOLVM PERTINENS AD HEROVM SVVM (Bull. della comm. arch. conf. di Roma, 1889, p. 157) ; cf. PRAETORIOLVM PERPETVVM (ibid., p. 125) ; PRAETORIOLVM CVM HORTVLO ET HEROO (Corp. inscr. lat., t. V, 4057).

[27] Orelli, 408, 4368, 4369, 4371, 4374. — Inscription de Tusculum : l’emplacement situé derrière la memoria (locus qui est post dorsum memoriæ), une maison, et un autre édifice sont laissés au gardien du tombeau ; les revenus de ces immeubles serviront à son entretien (at cusiodem loci cibariorunt gratia pertinebunt). Bull. della comm. arch. cons. di Roma, 1895, p. 161-162.

[28] Cf. HORTVM MACERIA CLVSVM. Ibid., 1888, p. 412.

[29] Cf. Gesta purgationis Félicis ; Gesta purgationis Cæciliani, dans Baluze, Miscellanea, t. I, p. 20, 22 ; voir la Persécution de Dioclétien, 2e éd., t. I, p. 198.

[30] Orelli, 4369, 4401 ; Bull. della comm. arch. com., 1888, p. 412.

[31] Perrot, Exploration de la Galatie et de la Bithynie, n° 47, p. 67.

[32] Bull. della comm. arch. com., 1888, p. 412.

[33] Cippe sépulcral d’Elius Protinus, affranchi d’Hadrien : HOC PRAETORIVM CVM BALINEO A SOLO EREXIT. Corp. inscr. lat., t. XI, 1122.

[34] Orelli, 4085, 4375, 4377, 4378, 4401, 4456.

[35] Neque juxta monumentum, neque supra monumentum habitandi jus est ; attactu enim conversationis humanæ piaculum admittitur ; et qui contra ea fecerit, pro qualitate persona : vel opere publico vel exsilio multatur. Paul, Sentent., I, XXI, 12.

[36] De monumentis exeuntes (Saint Matthieu, VIII, 28). Qui domiciliurn, habebat in monumentis (Saint Marc, V, 2). Neque in domo manebat sed in monumentis (Saint Luc, VIII, 27). — A Antioche, au temps de saint Jean Chrysostome, on voyait encore de nombreux démoniaques dans les tombeaux. In Matth. homil. XXVIII, 4. — A Oorfa, l’ancienne Édesse, les pauvres habitent encore dans les tombeaux antiques qui existent par centaines autour de la ville. Voir Journal Officiel, 21 janvier 1879, p. 429.

[37] Dion Cassius, LVI, 3 ; Socrate, Hist. Ecclés., IV, 13.

[38] Grabe, Spicil. vel. Patrum, t. I, p. 105, 106. Cf. Edmond Le Blant, dans les Comptes-rendus de l’Académie des Inscriptions, 14 février 1878. Un fait analogue se rencontre dans la vie de sainte Synclétique ; Cotelier, Ecclesiæ græcæ monumenta, t. I, p. 206.

[39] Ad monumentorum bustorumque deversoria plebe compulsa (Le peuple n'eut d'autre refuge que les monuments et les tombeaux). Suétone, Néron, 38.

[40] Είς... μνήματα. Philon, In Flacco.

[41] Saint Jean Chrysostome, In Actus Apost., homil. XXIV, 3.

[42] Socrate, Hist. Ecclés., IV, 13. Cf. Sozomène, VI, 12. — Ammien Marcellin raconte que l’incapable général Sabinien, à Édesse, passait tranquillement son temps parmi les tombeaux, per Edessena sepulcra... more vitæ remissioris fluxius agens (XVIII, 7), ... etiam tum sepulcris bærentem (XIX, 3).

[43] Digeste, XLVII, XII, 3 in princip. et § 6.

[44] Satiricon, 111, 112.

[45] Cicéron, De Legibus, II, 24.

[46] Orelli, 4374, 4417, 4418, 4456, 4519.

[47] HAEC LOCA, DVM VIVANT, LIBEAT BENE CVLTA TVERI. Ibid., 4517.

[48] Ibid., 4101, 4456.

[49] Voir la description de la villa de Pline le jeune, Lettres, V, 6.

[50] Pline, Lettres, V, 6.

[51] Omnia maceria muniuntur : hanc gradata buxus operit et substrahit. Ibid. Cf. mosaïque trouvée dans une villa romaine d’Algérie (village d’Oued-Atmenia, sur la route de. Constantine à Sétif). La villa elle-même est représentée : deux grands pavillons carrés, surmontés d’une sorte de dôme ; au centre, porte monumentale, tour à trois étages, corps de logis avec grandes fenêtres cintrées. Des deux côtés, en dehors, deux petites maisonnettes. Elles donnent sur des jardins, et, pour l’indiquer, l’artiste a placé par derrière de grands arbres, dont le sommet dépasse les toits ; aux deux extrémités commencent des palissades de buis. Boissier, l’Afrique romaine, 1895, p. 157.

[52] Orelli, 4085, 4393, 4379, 4380, 4381, 4382, 1 ;383, 4391, 4401 ; Henzen, 7338. — Voir Guther, De jure manium, III, c. 12, p. 442-451.

[53] Pro Roscio Amerino, 9. Il fut plus tard décidé qu’en cas d’enclave d’un tombeau, les magistrats pouvaient contraindre le propriétaire voisin à livrer un passage, moyennant indemnité. Rescrit d’Antonin le Pieux, cité par Ulpien, au Digeste, XI, VII, 12. Cf. ibid., 10 ; XLVII, XII, 5.

[54] Cf. Orelli, 4553, 4572 ; Henzen, 5422, 5423 ; De Rossi, Roma sott., t. I, p. 457 ; Bullettino di archeologia cristiana, 1865, p. 23.

[55] Orelli, 4401.

[56] Gruter, Inscriptiones antiquæ, 1059, 6.

[57] Bullettino dell’ Istituto di correspondenza archeologica, 1870, p. 16.

[58] Corpus inscriptionum latinarum, t. X, 3594. — Cf. IN SVO, IN PRAEDIO SVO, IN RE MEA ; Renier, Voyage archéologique au pied de l’Aurès, p. 20 ; De Rossi, Roma sotterranea, t. III, p. 431 ; Bullettino di archeologia cristiana., 1879, p. 131.

[59] De Vogué, Syrie centrale, p. 93, 94, planches LI, LII, LIII, LIV.

[60] Sidoine Apollinaire, Lettres, V, 17 (éd. Sirmond, Paris, 1652, p. 148 et suiv.).

[61] Sidoine Apollinaire, ibid., p. 149.

[62] Ibid., p. 150.

[63] Voir les inscriptions de plusieurs de ces collegia d’esclaves et d’affranchis d’une même maison, appartenant à la fin de la République ou aux premiers temps de l’Empire, dans Bull. della comm. arch, com. di Roma, 1899, p. 63-76. Même ces collèges de toutes petites gens avaient leurs dignitaires : tombes assignées ex decreto decurionum (ibid., p. 67 ; il s’agit des décurions du collège). Les collèges funéraires d’affranchis et d’esclaves avaient quelquefois aussi leur sacerdos (Corp. inscr. lat., t. VI, 2288, 2289 ; Bull. della comm. arch. cont. di Roma, 1892, p. 362), leur prêtresse (Corp. inscr. lat., t. VI, 2292).

[64] Voir une note sur les collèges, Orelli, 4136 ; Mommsen, De collegiis et sodalitiis Romanorum, Kehl, 1843 ; Boissier, la Religion romaine d’Auguste aux Antonins, t. II, p. 266-342 ; la Rome souterraine française, p. 98 et suiv. ; la seconde édition de la Roma sotterranea anglaise, de Northcote et Brownlow, t. I, p. 64-78 (Londres, 1879) ; Marquardt, Römische Staatsverwaltung, t. III, p. 131-142 ; et surtout Waltzing, Étude historique sur les corporations professionnelles chez les Romains depuis les origines jusqu’à la chute de l’Empire d’Occident, t. I-III, Louvain, 1895-1900.

[65] Parfois des gens de métiers fort différents se sont exceptionnellement mêlés : voir les exemples cités par Waltzing. Une inscription du Collegium corariorum (citrariorum), p. 5-6 du tirage à jour (extrait de la Revue de l’instruction publique en Belgique, t. XXXIII, 1890) ; voir aussi l’inscription du collège des eborarii et citrarii, dans Bull. della comm. arch. com. di Roma, 1891, p. 161-165.

[66] A Rome, au quinzième siècle, le mot schola, école, désigne encore la maison commune d’une corporation d’artisans : par exemple, vers 1425, l’école des cordonniers allemands ; voir Pastor, Histoire des papes depuis la fin du moyen âge, trad. française, t. I, p. 255.

[67] Voir Boissier, les Cultores deorum, dans la Revue archéologique, t. XVIII, 1872, p. 80-94. Beaucoup des collèges formés en vue de la sépulture commune prenaient, au moins dans les deux premiers siècles, l’épithète de salutare. Voir De Rossi, la Villa di Silio Italico ed il collegio salutare net Tuscolo, 1882 ; et Henzen, dans Bull. della comm. arch. com., 1885, p. 51-53 et pl. VI (à propos d’un collegium salutare composé presque entièrement d’esclaves et d’affranchis impériaux).

[68] Bull. della comm. arch. com., 1886, p. 311, n° 1337 ; 4899, p. 69.

[69] Ibid., p. 379, n° 1441.

[70] Voir l’article de Gatti, ibid., 1890, p. 145-147.

[71] Orelli, 4073. On pourrait rapprocher de cette association le collège formé à Ostie par des gens qui avaient souscrit chacun une certaine somme pour célébrer ensemble, avec les intérêts de ce capital, le dies natalis de chacun d’eux, dont la date est soigneusement indiquée (Corp. inscr. lat., t. XIV, 326) ; mais cette dernière société est surtout une réunion de bons vivants, tandis que la première avait un but funéraire.

[72] De Rossi, I collegii funeraticii famigliarii e privati e le loro denominazioni, 1877 ; Roma sotterranea, t. III, p. 3740.

[73] Bull. della comm. arch. com. di Roma, 1892, p. 78.

[74] Marcien, au Digeste, XLVII, XXII, 1. Cf. Henzen, 6086.

[75] Henzen, 6086.

[76] Corp. inscript. lat., t. II, 3114. Voir ibid., t. III, 924, une curieuse inscription constatant la banqueroute d’un de ces collèges, établi dans une petite ville de Dacie.

[77] Bullettino della comm. arch. com., 1892, p. 301, 303.

[78] Henzen, 6085.

[79] Orelli, 4093.

[80] Ibid., 4017.

[81] Ibid., 2399, 2400, 2405 ; 4073, 4095, 4103, etc.

[82] Voir Bull. della comm. arch. com., 1888, p. 408-411 ; Héron de Villefosse, dans Bull. de la Société des Antiquaires de France, 1891, p. 63-64 ; Corp. inscr. lat., t. XI, 1356. Les exemples auxquels nous renvoyons se rapportent à des sociétés composées de gens d’origine ou de condition servile. L’esprit d’association, très répandu parmi les personnes de cette classe, rendit seul l’esclavage supportable, et dut former contrepoids à l’omnipotence des maîtres.