Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle

CHAPITRE II — L’ÉDIT DE 202.

 

 

I — L’édit de 202.

Après avoir pris Babylone, Séleucie, Ctésiphon, Sévère, remontant la rive droite du Tigre, était arrivé devant la puissante ville d’Hatra, qui, une première fois, repoussa Trajan. Sévère ne fut pas plus heureux : ses légions, jusque-là victorieuses, ne purent franchir les imprenables murailles de la cité arabe. Ce premier insuccès ne lui fit point abandonner le séjour de l’Orient. Époux de la Syrienne Julia Domna, né lui-même en Afrique, peu aimé des Romains, il ne se sentait retenu par aucun lien, rappelé par aucun souvenir dans cette capitale de l’Empire dont ses prédécesseurs, les Césars, les Flaviens, les Antonins ne s’éloignaient qu’à regret. Au troisième siècle, les empereurs s’habitueront à vivre longtemps hors de Rome, jusqu’au jour où d’autres cités, en Asie ou en Europe, deviendront leur résidence officielle, comme si une force secrète, au service d’un dessein providentiel, devait les repousser peu à peu de la grande ville, destinée à devenir l’apanage d’une majesté plus haute que la leur. Sévère commença ce mouvement de retraite. A l’époque de son règne où nous sommes arrivés, il n’avait encore fait que trois séjours à Rome : un de trente jours, en 193, un second, très court, entre la guerre d’Orient et la guerre des Gaules, en 196 [1], un autre de cinq ou six mois, en 197. Il se trouvait mieux en Orient. Aussi, fatigué de la guerre des Parthes, plutôt qu’ému de l’échec d’Hatra, voyagea-t-il pendant plusieurs années en Égypte, en Arabie, en Asie Mineure, s’enquérant de tout, des arts, des monuments, des coutumes, des religions, non en touriste comme Hadrien, mais en politique attentif et jaloux. Entouré de son conseil de jurisconsultes[2], il gouvernait, légiférait, envoyant sur tous les points de l’Empire décrets et rescrits, réglant sur place les affaires locales, de loin les intérêts généraux dont le centre restait à Rome. En 202, il visita la Palestine. Pendant son voyage, dit Spartien, il donna de nombreuses lois aux habitants de ce pays. Il défendit sous de grandes peines de se faire juif, et rendit le même décret par rapport aux chrétiens[3].

Il est regrettable que l’historien n’ait point donné des détails plus précis sur un acte qui fit entrer dans une phase nouvelle les rapports de l’État et de l’Église, et inaugure dans l’histoire des persécutions une période à part, différente sous beaucoup de rapports de celle dont nous avons esquissé le tableau. Cependant une étude attentive permet de suppléer aux lacunes de Spartien, de comprendre le sens de l’édit de Sévère, et d’en déterminer la portée.

Je ne m’arrêterai point à discuter longuement une opinion récemment émise, d’après laquelle la prohibition par Sévère de la propagande juive et chrétienne aurait été une mesure spéciale à la Palestine, demeurée sans effet pour le reste de l’Empire. Le texte de Spartien n’a pas cette signification restreinte. Pendant le voyage, dit-il, Sévère donna de nombreuses lois aux habitants de la Palestine ; puis il ajoute : Sévère défendit sous des peines très graves de se faire juif ou chrétien. Rien ne fait supposer que cette proposition soit une dépendance nécessaire de la première, ou même ait avec elle un lien quelconque : il y a là, non une seule phrase, qu’il suffirait de couper en deux par une virgule, mais deux phrases bien distinctes, entre lesquelles il convient de placer un point. A la rigueur, on s’expliquerait que Sévère ait interdit en Palestine plutôt qu’ailleurs la propagande juive. Les habitants de ce pays avaient, quand son autorité n’était pas encore bien affermie, essayé de reprendre quelque indépendance, et de peser dans la balance des partis : ils s’étaient prononcés avec éclat pour Niger, quoique Niger ne les aimât pas, et avaient frappé des monnaies à son nom[4]. Nisibe, place de sûreté donnée par les Parthes aux Juifs, avait été par. eux fortifiée, et avait dû être enlevée de vive force par l’empereur. Plus tard, mécontents de ce que Sévère, pour les punir, eût retiré à Naplouse son droit de cité[5], et donné à Samarie le rang et les privilèges d’une colonie romaine[6], ils avaient repris avec cette dernière ville leur querelle séculaire et commencé contre elle une lutte à main armée[7]. Bien que Sévère leur eût pardonné tant de méfaits[8], il pouvait avoir le désir de mettre désormais les Juifs de la Palestine, dont l’influence s’était étendue jusqu’en Mésopotamie, et qui traitaient d’égal à égal avec les Parthes, hors d’état de redevenir, par la propagande religieuse, une puissance politique et une nation. Mais le libre développement du christianisme ne pouvait lui donner plus d’ombrages dans ce coin de la Syrie que dans le reste de l’empire. Les chrétiens ne furent jamais, en Palestine, dangereux pour le pouvoir : jamais on ne les voit mêlés aux Juifs dans les fréquentes révoltes de ces derniers : loin de là, aux yeux d’un politique intelligent, et assurément Sévère mérite cette qualification, ils formaient, par leur modération, leur patience, leur éloignement systématique des compétitions et des partis, un contrepoids utile à la turbulence de la nation juive, toujours frémissante et rongeant son frein. Vouloir étouffer le christianisme en Judée, en le laissant subsister dans le reste de l’Empire, eût été une entreprise absurde, à laquelle un souverain sérieux n’aurait jamais songé. En ce qui concerne les chrétiens, l’édit de Sévère, rapporté en termes vagues par Spartien, ne se comprend que s’il constitue un acte de persécution universelle, une guerre déclarée à l’Église sur tous les points de l’Empire : réduit aux proportions d’une mesure exclusivement locale, applicable aux seuls fidèles domiciliés dans la Palestine, il serait inexplicable, à moins d’y voir un acte analogue au rescrit de Trajan à Pline, qui, bien qu’adressé au gouverneur de la Bithynie, fit loi pendant un siècle dans tous les pays soumis à la domination romaine.

La mesure législative que nous fait connaître Spartien ne se rattache donc à la Palestine que par sa date : elle fut, comme le contexte l’indique, rendue pendant que Sévère voyageait clans ce pays, c’est-à-dire en 202. Y eut-il un seul édit applicable tout à la fois aux Juifs et aux chrétiens ? Y eut-il deux édits séparés, l’un prohibant la propagande juive, l’autre prohibant la propagande chrétienne ? J’incline vers cette dernière solution, pour cieux motifs. Le premier, c’est qu’il n’est peut-être pas impossible de reconstituer, sinon dans ses ternies mêmes, au moins dans sa teneur générale, la disposition relative aux Juifs. Les citoyens romains qui se laissent circoncire, eux et leurs esclaves, selon le rite des Juifs, sont relégués à perpétuité dans une île, après avoir eu leurs biens confisqués : les médecins qui ont fait l’opération sont punis de mort. Les Juifs qui ont circoncis des esclaves achetés, étrangers à leur nation, doivent être déportés ou punis de mort[9]. Ces lignes sont extraites des Sentences de Julius Paulus, jurisconsulte contemporain de Sévère : il n’a probablement fait que reproduire l’édit de cet empereur sur la propagande juive, édit qui n’aurait d’ailleurs rien d’original, et ne serait que la remise en vigueur d’un rescrit d’Antonin le Pieux[10]. Le second motif qui me porte à

distinguer la disposition relative aux Juifs de celle qui eut les chrétiens pour objet, c’est que les documents postérieurs montrent le judaïsme aussi ménagé sous le règne de Sévère que sous les règnes précédents, tandis que le christianisme est violemment persécuté. Une ordonnance contemporaine ou à peu près de 202 témoigne de ces ménagements : Le divin Sévère et Antonin (Caracalla), lisons-nous au Digeste, ont permis à ceux qui suivent la superstition judaïque d’obtenir des charges publiques, en les exemptant des nécessités qui pourraient blesser leur conscience religieuse[11]. Il y a plus : la propagande juive fut si mollement réprimée sous le règne de Sévère, qu’on vit, pendant la persécution de cet empereur, des chrétiens trop lâches pour braver les supplices, trop attachés cependant au culte d’un Dieu unique pour brûler de l’encens devant les idoles, se réfugier au sein du judaïsme : témoin ce Domninus dont Eusèbe raconte l’histoire, qui abjura le christianisme pour se faire juif, et auquel saint Sérapion, évêque d’Antioche de 190 à 211, écrivit pour l’exhorter au repentir[12]. Le contraste entre cette extrême indulgence pour le judaïsme et l’impitoyable rigueur avec laquelle les disciples de l’Évangile furent poursuivis pendant toute la suite du règne de Sévère empêche de mettre sur la même ligne les mesures prises par cet empereur relativement à la propagande des Juifs et des chrétiens : il se borna à défendre aux premiers de pratiquer sur des personnes étrangères à leur race le rite matériel de la circoncision ; il tenta de couper court à tout recrutement de l’Église chrétienne, c’est-à-dire de frapper celle-ci aux sources mêmes de son activité et de sa vie, dans l’accomplissement du précepte évangélique inhérent à son existence : Allez, enseignez et baptisez.

Telle est la véritable portée de l’acte de Sévère. On doit y reconnaître plus qu’une atteinte à la liberté de conscience : ce fut un édit formel de persécution[13]. Jusqu’au commencement du troisième siècle, les lois existantes avaient paru suffire contre les chrétiens : elles avaient fait de nombreux martyrs. Cependant elles n’avaient pu entraver le développement de l’Église. Sévère reconnaît le premier leur inefficacité. Il se résout à frapper un grand coup, et à trancher dans sa racine un progrès dont s’inquiète sa méfiante et jalouse politique. Il défend alors de faire des chrétiens, ou de se faire chrétien, car l’expression employée par Spartien pour résumer l’édit de Sévère, christianos fieri, a ce double sens, et enveloppe dans la même qualification criminelle les convertisseurs et les convertis. Une arme nouvelle est ainsi dirigée contre les disciples de l’Évangile. Jusque-là, pour mettre la loi en mouvement contre eux, il avait fallu courir les risques d’une accusation régulière, conformément au rescrit de Trajan[14]. Désormais, il en sera encore ainsi pour les chrétiens d’origine, qui se seront abstenus de toute propagande ; mais de plus les convertis et les complices de leur conversion seront soumis à une législation spéciale : contre eux les magistrats pourront agir d’office, en dehors de toute accusation émanant d’un particulier ; pour cette catégorie de chrétiens, une des garanties du rescrit de Trajan sera effacée. Or cette catégorie de chrétiens est très considérable au troisième siècle : à cette époque, la naissance introduit déjà dans l’Église de nombreux rejetons de familles où la foi est devenue héréditaire, des chrétiens de race, des fidèles issus de fidèles, comme on disait avec quelque orgueil[15] ; mais le mouvement des conversions y fait entrer en foule encore plus grande :

Des enfants qu’en son sein elle n’a pas portés,

et c’est dans ce sens que doit être entendu un mot de Tertullien, excessif dans la forme, vrai au fond : On ne naît pas chrétien, on le devient[16].

Pour apprécier complètement l’acte de Septime Sévère, et en bien comprendre la place dans l’histoire, il reste à chercher le motif qui poussa son auteur dans la voie nouvelle où le monde romain devait marcher après lui pendant un siècle. Quel événement lui ouvrit les yeux, et changea le prince tolérant des premières années en persécuteur ? Nous avons indiqué les symptômes qui durent, au commencement du troisième siècle, attirer sur l’Église les regards des hommes politiques : le grand accroissement numérique des fidèles, la constitution de la propriété ecclésiastique, la forme corporative adoptée par les communautés chrétiennes qui voulaient devenir aptes à posséder. De ces trois faits par lesquels se manifestait le succès des doctrines nouvelles, le premier seul paraît avoir préoccupé Sévère. Rien, dans l’histoire de la persécution qui suivit l’édit de 202, ne porte à croire qu’il se soit attaqué à la propriété ecclésiastique ; ni lui, ni aucun de ses successeurs jusqu’à Valérien, pas même Dèce, le plus acharné de tous, ne contesta aux chrétiens le droit de posséder leurs immeubles funéraires, d’y enterrer leurs défunts en temps de paix, leurs martyrs en temps de guerre ; la première moitié du troisième siècle laissa les cimetières intacts, malgré les impatiences de la populace païenne. Pendant la même période, l’Église, entant que corporation, ne fut pas davantage attaquée, c’est-à-dire que les persécuteurs n’essayèrent pas encore, avant le milieu du siècle, de dresser l’inventaire de ses biens, de saisir la caisse commune, de confisquer le patrimoine corporatif, de dissoudre comme association civile l’Église déjà proscrite comme société religieuse : la dernière partie du troisième siècle verra seule des actes de cette nature. Ce qui parait avoir frappé Sévère, et avec lui tous les magistrats, tous les politiques de son temps, c’est donc seulement le grand nombre des chrétiens, la rapidité prodigieuse avec laquelle ils se multipliaient, attirant tout à eux, âge, condition, dignité, et en même temps la parfaite discipline, l’exacte hiérarchie qui présidaient à leur développement. Refusant d’entendre ou de croire toutes les voix qui, s’élevant de chaque communauté chrétienne, sortant avec éclat du sein de chaque Église, témoignaient en faveur de la loyauté politique des disciples du Christ, oubliant la justice que lui-même leur avait autrefois rendue, Sévère ne voulut plus voir qu’une chose : les conquêtes de l’Évangile, le flot grossissant du peuple chrétien. Ce flot avait beau s’arrêter docilement au point où commence le domaine de l’État : l’État, en 202, se croyait à la veille d’être submergé[17], s’il n’élevait contre la marée montante de la vérité et de la vertu une barrière plus forte que celles qu’on lui avait opposées jusque-là, s’il ne construisait une digue menaçante qui vint l’arrêter et la briser.

Telle fut, selon toute apparence, la pensée à laquelle obéit Sévère quand il promulgua un édit prohibant sous les peines les plus graves la propagande chrétienne, et donna ainsi le signal de la persécution officielle et systématique, c’est-à-dire d’un changement radical dans la jurisprudence suivie par l’Empire romain au sujet des chrétiens depuis un siècle.

 

II — Sévère en Égypte. - Premières applications de l’édit.

Sévère avait daté de Palestine cet acte considérable. L’itinéraire qu’il s’était tracé le conduisit ensuite, à travers l’Arabie, jusqu’en Égypte[18]. Il séjourna quelque temps à Alexandrie. La grande ville, dont la turbulente activité n’amena qu’un sourire dédaigneux sur les lèvres d’Hadrien[19], semble avoir frappé de respect la raison plus calme de Sévère. Il lui octroya un sénat et des magistrats autonomes[20], faveur dont jouissaient peu de cités égyptiennes[21]. C’était reconnaître son importance politique, et lui donner une marque de confiance. Pourtant, dans la vie intellectuelle et religieuse d’Alexandrie, quelque chose dut déplaire à l’empereur. Le christianisme y comptait de nombreux disciples parmi les gens d’étude. Grâce à Pantène, puis à Clément, le didascalée était devenu une véritable université chrétienne, en même temps qu’un des plus actifs foyers scientifiques du monde romain. Un tel fait, dont on ne trouvait pas l’équivalent ailleurs, ne manqua pas d’attirer les regards de Sévère, et plus encore de ses conseillers, de la cour de lettrés, de philosophes, de jurisconsultes et de femmes savantes qui l’accompagnait dans ses voyages.

On se préoccupait beaucoup, dans cette cour, de la part que le christianisme commençait à prendre dans la direction des intelligences. Là où l’empereur, avec sa rudesse de soldat africain, ne voyait qu’une question de chiffres, l’accroissement de la population chrétienne au détriment de la population païenne, et l’influence se déplaçant avec le n’ombre, des esprits plus délicats et plus déliés apercevaient un péril d’une autre nature. Le paganisme, qui n’avait point de doctrines, croulait devant les fermes doctrines des chrétiens, comme un amas de pierres mal jointes devant le bélier qui les frappe. Sa mythologie elle-même, si brillante, mais si inconsistante et si contradictoire, fondait peu à peu sous les rayons lumineux qui s’échappent de la figure historique et vivante du Christ. En vain le cénacle lettré que présidait Julia Domna, entourée de sa sœur et de ses charmantes nièces syriennes, crut pouvoir susciter au Christ un rival en inspirant au rhéteur Philostrate sa Vie d’Apollonius : le demi-dieu tout oriental sorti de ce livre de salon fut honoré dans les laraires impériaux, eut quelques temples, devint dans la bouche de beaucoup de païens un argument contre le christianisme, mais ne parla jamais à l’esprit et au cœur du peuple. L’Évangile demeura, pour les masses souffrantes comme pour les esprits élevés, un livre historique, tandis que l’Évangile païen composé par Philostrate ne fut, même pour ceux qui s’en servaient, qu’une légende ajoutée à tant d’autres, une vaine parodie des livres chrétiens, une tentative avortée pour rajeunir la mythologie classique par l’introduction de l’élément oriental et du mysticisme syrien.

Dédaignant cette attaque insidieuse, la science chrétienne marchait en avant. C’est à Alexandrie qu’elle prit décidément position. Pendant le deuxième siècle, les écrivains qui avaient parlé au nom des chrétiens furent surtout des avocats plaidant devant les pouvoirs publics la cause de coreligionnaires persécutés un seul, Justin, avait montré la voie que devrait suivre la philosophie chrétienne dès qu’un peu de répit serait laissé aux disciples de l’Évangile[22]. Les maîtres chrétiens d’Alexandrie s’y engagèrent intrépidement pendant les années paisibles de la fin du deuxième siècle. Le fondateur de leur école, le Sicilien Pantène, est un autre Justin, comme lui passé du paganisme à la philosophie et de la philosophie à l’Évangile[23] son disciple Clément l’a nommé l’abeille de Sicile, et vraiment il mérite d’être appelé ainsi, car non seulement il commentait l’Évangile dans la langue de Théocrite, mais encore, semblable à l’abeille, il prenait à toutes les doctrines leur plus pur miel pour en former le rayon exquis de sa philosophie. Clément l’imita : son enseignement concilie largement la raison et la foi, empruntant, dit-il, à la première ses rayons épars pour les concentrer dans la seconde comme dans un verre dont le foyer grossissant en double l’intensité. A ses yeux, les sciences profanes ont préparé les voies au Christ, elles ont été le pédagogue qui, faisant l’éducation de l’esprit humain, l’a rendu capable de recevoir la loi divine, et a peu à peu mené les âmes à leur vrai maître. Il salue dans le Logos entrevu par Platon le Verbe que devait révéler saint Jean[24]. Au moment où Sévère visita Alexandrie, l’enseignement de Clément jetait son plus vif éclat ; on désertait pour l’entendre les frivolités littéraires du Musée ; à ses leçons se pressaient des auditeurs de toute provenance et de tout rang : sur les mêmes bancs s’asseyaient des étudiants chrétiens, des philosophes en renom, de grandes dames, les représentants les plus distingués de toutes les aristocraties, celle de l’âme, celle de l’intelligence, celle de la naissance ou de la fortune. Le souverain effrayé et jaloux qui venait d’interdire la propagande chrétienne prêta certainement une oreille docile aux conseillers qui lui montrèrent avec inquiétude ou dépit les conquêtes que faisait sous leurs yeux la nouvelle philosophie. La persécution qui, selon Eusèbe, sévit en Égypte dans la dixième année du règne de Sévère, Laetus étant préfet, et Démétrius gouvernant l’Église d’Alexandrie[25], coïncide très probablement avec le séjour de l’empereur dans la métropole des bords du Nil. On fit sans doute alors, devant lui, la première application et comme la première expérience de l’édit qu’il avait rendu peu de mois auparavant.

Le soin avec lequel Eusèbe mentionne le préfet qui administrait alors l’Égypte permet de supposer que ce fonctionnaire s’efforça de flatter l’empereur par la manifestation d’un zèle empressé et d’une cruauté intéressée. A en juger par ce que nous savons de son histoire, c’était un triste personnage ; il deviendra sous Caracalla second préfet du prétoire, sera le conseiller et le complice du meurtre de Geta ; peu de gens le plaindront quand, par un brusque retour d’une volonté mobile, le fratricide couronné le sacrifiera ensuite aux mânes de sa victime. Un tel homme n’éprouva sans doute, dix ans plus tôt, aucun scrupule à seconder Sévère dans la poursuite des chrétiens : il dut saisir avec joie l’occasion de faire de leur supplice un échelon à la fortune qui devait le porter si haut, puis le précipiter un jour d’une chute si lamentable.

L’illustre chef de l’école d’Alexandrie professait sur le martyre les principes à la fois courageux et prudents que l’Église travailla toujours à faire prévaloir contre un double courant d’idées, qui n’allait à rien moins qu’à fausser le sens et affaiblir la portée du grand témoignage rendu, depuis deux siècles, à la divinité du Christ par le sang d’innombrables fidèles. Aux hérétiques qui soutenaient l’inutilité du martyre et prétendaient que celui qui confesse Dieu aux dépens de sa vie est homicide de soi-même, Clément répondait avec le dédain que mérite seul une objection inspirée par un mélange inouï d’hypocrisie et de lâcheté. Mais aux téméraires et aux présomptueux qui couraient s’offrir d’eux-mêmes à l’épreuve, sans être surs d’y pouvoir résister, Clément rappelait avec douceur qu’il ne faut pas tenter Dieu : Lorsque le Seigneur nous dit : Quand on vous poursuivra dans une ville, fuyez dans une autre, il ne nous conseille pas de fuir la persécution comme un mal, ni de craindre la mort ; mais il veut nous empêcher d’être cause ou participants du péché de ceux qui nous persécutent. Celui qui ne lui obéit pas est téméraire, car si le meurtre d’un homme de Dieu est un péché contre Dieu, celui qui s’expose en ne fuyant pas la persécution se rend aussi coupable[26]. Il recommandait aux vrais chrétiens de ne point imiter les marcionites qui ne permettaient pas de fuir, mais s’empressaient de se livrer, désirant la mort par haine du Créateur. Conformant sa conduite à ses conseils, et donnant l’exemple après le précepte, Clément sur lequel, plus que tout autre, allait tomber la persécution, puisque son enseignement était un des principaux instruments de la propagande prohibée par l’édit de Sévère, se hâta de se retirer en Cappadoce, où il devait être moins en vue : il y séjourna auprès de son disciple l’évêque Alexandre, dont il administra l’Église quand celui-ci eut été mis en prison pour la foi.

L’école d’Alexandrie serait peut-être demeurée muette si un jeune homme intrépide n’était venu, au milieu même de la persécution, renouer les traditions de science sacrée que la retraite de Clément laissait interrompues. Tout enfant, Origène s’était distingué par une ferveur extraordinaire et un amour ardent de l’étude. Quand l’heure du combat eut sonné, et que son père Léonide eut été jeté en prison, en même temps qu’un grand nombre de confesseurs amenés de la Thébaïde et de toutes les parties de l’Égypte, le courageux étudiant fut saisi de la passion du martyre. Il fallut que sa mère, déjà à demi veuve, cachât ses vêtements pour l’empêcher d’aller se dénoncer lui-même. Il se dédommageait en adressant à son père des lettres enflammées, l’exhortant à marcher intrépidement au supplice, le conjurant de ne point se laisser ébranler par le souvenir des siens. Après la mort de Léonide, Origène se trouva l’unique soutien de sa mère et de ses frères. Il se fit d’abord grammairien, puis, ayant été chargé, à dix-huit ans, de l’instruction des catéchumènes, il abandonna toute autre étude pour se donner tout entier à la science sacrée. Mais, dans cette époque de crise, le catéchiste n’enseignait pas seulement à ses élèves à bien penser, ou même à bien vivre, il leur apprenait encore, et surtout, à bien mourir. Du pied de la chaire du jeune maître on se levait pour marcher au martyre : pendant la préfecture de Laetus ; puis d’Aquila[27], le sang des disciples d’Origène coula plus d’une fois pour le Christ. Eusèbe nomme parmi eux Plutarque, Serenus, brûlé vif, le catéchumène Héraclide, le néophyte Héron, un autre Serenus, décapités. Origène les visitait dans la prison, les accompagnait devant les tribunaux, les suivait jusqu’au lieu du supplice, et faillit même être tué par la foule comme le véritable auteur de la mort d’un de ses disciples, responsabilité dont il était sans doute fier devant Dieu[28].

Comment Origène, qui s’exposait sans cesse, que le peuple connaissait et allait menacer jusque dans sa maison, fut-il cependant épargné par les magistrats, bien que par son enseignement, réunissant au pied de sa chaire non seulement de vieux chrétiens, mais des catéchumènes, des néophytes, et même des païens, il contrevint tous les jours à l’édit de Sévère ? Eusèbe a négligé de nous le dire, et nous ne saurions l’expliquer à une si grande distance des événements : peut-être eut-on pitié de sa jeunesse, peut-être fut-on touché de sa science et de son courage, peut-être des magistrats qui n’étaient point étrangers à tout sentiment d’humanité refusèrent-ils d’enlever à une mère déjà frappée parle martyre de son époux le glorieux fils resté son unique soutien.

Cependant la persécution qui passait, sans le toucher, si près du courageux docteur, atteignait d’autres savants, comme Athénogène, qui, condamné au supplice du feu, marcha au bûcher en chantant un hymne, recueilli comme un legs par ses disciples[29] ; mais elle frappa surtout des humbles, des inconnus, et jusqu’à des femmes : une catéchumène nommée Hérars, qui parait avoir suivi les leçons d’Origène, reçut, dit Eusèbe, le baptême du feu[30]. Une jeune vierge aussi pure que belle, Potamienne, fut traduite vers le même temps avec sa mère Marcelle devant le tribunal du préfet Aquila. Elle était esclave : son maître avait conçu pour elle une violente passion, et, furieux de ne pouvoir triompher de sa vertu, l’avait dénoncée comme chrétienne. On sait quel était le mépris des Romains pour la conscience et la pudeur des esclaves ; aussi ne rejetterai-je point comme invraisemblable ce mot mis par Palladius dans la bouche du préfet : Allons, obéis à la volonté de ton maître, ou je te fais précipiter dans une chaudière de poix bouillante. Mais l’esclave était chrétienne ; elle répondit : Comment peut-il y avoir un juge assez inique pour m’ordonner d’obéir à la débauche et au libertinage d’un maître ? Eusèbe ne rapporte point cet incident : il dit seulement que le préfet menaça Potamienne de la livrer à la brutalité des gladiateurs. Mais ni les menaces ni les tortures ne purent vaincre la ferme résolution de la jeune fille : on la condamna à périr avec sa mère par le feu. Une chaudière remplie de bitume enflammé était préparée auprès du tribunal. Le préfet ordonna de dépouiller Potamienne et de l’y jeter. La vierge obtint de garder ses vêtements, et, plongée lentement dans la fournaise, elle mourut après une longue agonie[31].

En mourant, elle avait conquis au Christ un des appariteurs du préfet, disciple d’Origène, bien qu’encore païen. Il se nommait Basilide. Ce fut à lui que revint la tâche pénible de conduire la vierge vers la chaudière où elle devait consommer son martyre. Par le respect et la compassion qu’il lui montrait, par le soin avec lequel il écartait d’elle les outrages de la foule grossière, il toucha le cœur de la condamnée. Aie bon courage, lui dit Potamienne ; après ma mort j’obtiendrai du Seigneur ton salut, et je récompenserai bientôt ta bienveillance. Peu de temps après, un serment lui ayant été, on ne nous dit pas pour quelle cause, demandé par les autres appariteurs : Il ne m’est pas permis de jurer, répondit-il, car je suis chrétien, je le déclare hautement. Ses compagnons crurent à une plaisanterie ; mais ils s’aperçurent promptement que Basilide était sérieux. Ils le conduisirent alors au préfet, qui le fit jeter en prison. Les chrétiens vinrent, selon l’usage, l’y visiter ; et comme ils s’étonnaient de cette conversion subite : Potamienne, dit-il, m’est apparue, la troisième nuit après son martyre : elle m’a posé une couronne sur la tête, et m’a dit qu’elle avait prié Dieu pour moi, et avait été exaucée : elle a ajouté que bientôt je monterais au ciel. Les chrétiens lui donnèrent alors le baptême, et, le lendemain, ayant glorieusement confessé le Christ, il fut décapité[32].

Il est, a-t-on dit très bien, des âmes qui, pour ne pas paraître complices des bourreaux, se font généreusement complices des victimes. Le fait du soldat Basilide et d’autres, subitement convertis devant le tribunal ou sur le lieu du supplice, est un trait trop profondément humain pour qu’on hésite à l’accepter comme historique[33]. Mais il s’y joint un trait divin, que l’histoire ne doit pas repousser sans examen : l’apparition de Potamienne à Basilide, et en même temps, dit Eusèbe, à plusieurs autres citoyens d’Alexandrie qui furent, comme lui, conquis à la foi. Origène était alors à Alexandrie, très mêlé à la vie des martyrs et au mouvement des conversions. Si ces faits merveilleux se sont réellement passés, il en a certainement eu connaissance ; et s’il en a eu connaissance, son témoignage doit être pris en considération par l’historien qui ne repousse pas à priori le surnaturel. Or, l’illustré et sincère docteur, qui avait tous les courages, y compris celui de braver les sarcasmes des païens et des libres penseurs de son temps, paraît y faire clairement allusion dans le passage suivant de son livre Contre Celse.

Je ne doute pas que Celse, ou ce juif qu’il fait parler, ne se moque de moi, mais cela ne m’empêchera pas de dire que beaucoup ont embrassé le christianisme comme malgré eux, leur cœur ayant été tellement changé par quelque apparition, soit de jour, soit de nuit, qu’au lieu de l’aversion qu’ils avaient pour notre doctrine, ils l’ont aimée jusqu’à mourir pour elle. Nous connaissons beaucoup de ces changements ; nous en sommes témoins, nous les avons vus nous mêmes. Il serait inutile de les rapporter en particulier, puisque nous ne ferions qu’exciter les railleries des infidèles, qui voudraient lés faire passer pour des fables et des inventions de notre esprit. Mais je prends Dieu à témoin de la vérité de ce que je dis : il sait que je ne veux pas accréditer la doctrine toute divine de Jésus-Christ par des narrations fabuleuses, mais seulement par la vérité, l’évidence, et des arguments incontestables[34].

Qu’ajouter à des paroles si fortes, émanées d’un si grave témoin ? Nous retrouverons des faits semblables, attestant l’intervention de Dieu clans les combats de ses saints, en étudiant la suite de la persécution de Sévère, et en passant de l’Égypte, où elle débuta, à l’Afrique proconsulaire, sur laquelle elle déchaîna toutes ses fureurs.

 

 

 



[1] Ce second séjour n’est connu que par les monnaies avec la légende FORTVNAE REDVCI ; Cohen, Monnaies impériales, t. III, p. 244, n° 97.

[2] Les membres du consilium principis, à cette époque, suivent partout l’empereur : circalatus eorum agunt (Papinien, au Digeste, IV, IV, 11, § 2) ; circa principem sunt occupati (Ulpien, ibid., XXVII, I, 30).

[3] In itinere Palæstinis plurima jura fundavit. Judæos fieri sub gravi pœna vetuit, item etiam de christianis sanxit. Spartien, Severus, 17.

[4] Monnaies de Césarée et de Jérusalem frappées au nom de Pescennius Niger. De Saulcy. Numismatique de la Terre sainte, p. 95 et 727. La monnaie de Césarée parait suspecte à M. de Celeuneer, Essai sur la vie et le règne de Septime Sévère, 1880, p. 81.

[5] Spartien, Severus.

[6] Ulpien, au Digeste, L, XV, 1, § 7.

[7] Eusèbe, Chron., olymp. 244 ; Orose, VII, 17.

[8] Palœstinis pœnam remisit. Spartien, Severus, 14.

[9] Cives romani qui se judaico ritu vel servos suos circumcidi patiuntur, bonis ademptis in insulam perpetuo relegantur : medici capite puniuntur. Judæi si alienæ nationis comparatos servos circumeiderint, aut deportantur aut capite puniuntur. Paul, Sentent., V, XXIII, 3, 4.

[10] Circumcidere Judæos filios suos tantum rescriplo Divi Pii permittitur : in non ejusdem religionis qui hoc fecerit castrantis pœna irrogatur. Digeste, XLVIII, VIII, 11.

[11] Eis qui judaicam superstitionem sequuntur D. Severus et Antoninus honores adipisci permiserunt, sed et necessitates eis imposuerrmt qui superstitionem eorum non læderent. Digeste, L, II, 2, § 3. Dans sa grande édition du Digeste, Mommsen fait observer qu’on a tort de corriger dans ce texte qui en quæ : qui ne muta, nam refertur taro ad honores quam ad necessitates cive munera.

[12] Eusèbe, Hist. Ecclés., VI, 12 ; cf. Tillemont, Mémoires, t. III, art. sur saint Sérapion.

[13] M. Neumann me reproche (Der röm. Staat und die allgem. Kïrche, t. I, 1890, p. 161) de voir dans l’acte de Sévère un édit ; il n’y a pas, dit-il, l’ombre d’une preuve que la forme de l’édit ait été employée, et probablement il n’y eut au sujet des chrétiens qu’un rescrit, comme pour les Juifs. Mais le texte de Spartien (Judæos fieri sub gravi pœna vetuit. Item etiam de christianis sanxit) laisse, pour les Juifs comme pour les chrétiens, la question de forme absolument vague : il résume seulement la double défense portée par l’empereur. L’importance et la nouveauté de la mesure, en ce qui concerne la propagande chrétienne, me fait penser que la forme officielle de l’édit fut employée ; même si l’empereur fit un simple rescrit, il eut une portée si générale qu’on peut, au moins quant à ses effets, l’assimiler à un édit. M. Cuq fait remarquer (le Conseil des empereurs d’Auguste à Dioclétien, extrait des Mémoires présentés par divers savants à l’Acad. des Inscript., 1884, p. 459) que les renseignements littéraires ou juridiques sont souvent insuffisants, et ne permettent pas toujours de distinguer les édits des autres constitutions. Il cite, note 8, un rescrit de Domitien (Digeste, XLVIII, XVI, 16) que Papinien appelle un édit (ibid., XLVIII, III, 2, § 1) ; Ulpien de même nomme rescrit un édit d’Hadrien (XLVIII, VIII, 4, § 2).

[14] Secundum mandatum. Tertullien, Ad Scapulam, 4. Voir Hist. des persécutions pendant les deux premiers siècles, 3e édit., p. 165.

[15] Pendant longtemps les chrétiens considérèrent comme un titre d’honneur le fait d’être issu d’une famille déjà gagnée à la foi : ΙΙΙCΤΟC ΕΚ ΙΙΙCΤΩΝ (Lupi, Epitaphium Severæ, p. 136) ; ΓΕΝΕΙ ΧΡΙCΤΙΑΝΟC (Bayet, De titulis Atticæ christianis, n° 75). Cf. Edmond Le Blant, Les Actes des martyrs, § 95, p. 237. — Il en est encore ainsi dans les contrées païennes : racontant la mort de chrétiens massacrés en 1900 dans la province chinoise du Tché-ly par les Boxers, un missionnaire montre l’un d’eux qui, pressé de sacrifier aux esprits, répond : Je suis un vieux chrétien, je ne puis renier ma croyance, et un autre qui, à une même sommation d’apostasie, fait une réponse encore plus caractéristique ; levant les cinq doigts de la main, il dit : Je suis chrétien, chrétien de la cinquième génération. Les Missions catholiques, 1902.

[16] Fiunt, non nascuntur christiani. Tertullien, Apologétique, 13, Cf. De testimanio animæ, 1.

[17] Obsessam vociferantur civitatem, Tertullien, Apologétique, I.

[18] Je suis ici la chronologie de Tillemont ; mais, pour cette partie de la vie de Sévère (201-203), l’ordre des événements est diversement rapporté par les critiques moderne ; voir l’indication des différents systèmes dans Goyau, Chronologie de l’Empire romain, 1891, p. 251, notes 2 et 3.

[19] Lettre d’Hadrien à Servianus, dans Vospiscus, Saturninus, 8.

[20] Spartien, Severus, 17.

[21] Marquardt, Römische Staatsverwaltung, t. I, p. 450-453.

[22] Voir Histoire des persécutions pendant les cieux premiers siècles, 3e éd., p. 294 et suiv.

[23] Sur saint Pantène, voir Clément d’Alexandrie, Stromates, I, 1 ; Eusèbe, Hist. Ecclés., V, 10 ; VI, 11, 13, 14, 19 ; saint Jérôme, De viris ill., 36 ; Ep. 83 ad Magnum.

[24] Voir Stromates, I et VI, passim.

[25] Eusèbe, Hist. Ecclés., VI, 2.

[26] Stromates, IV, 4.

[27] Subatianus Aquila. Ce nom Subatianus est donné par une stèle du Louvre (Corpus inscr. lat., t. III, 75) et un papyrus de Genève (Revue archéologique, juillet-août 1894, p. 27). Le papyrus contient une requête adressée à un centurion par des fermiers égyptiens : il est daté de l’an 16 de l’empereur régnant, c’est-à-dire de 207, et nomme l’illustre préfet Subatianus Aquila. Celui-ci, qui succéda à Laetus en 203, était donc encore en fonctions en 207.

[28] Eusèbe, Hist. Ecclés., VI, 1, 2, 3.

[29] Saint Basile, De Spiritu Sancto, 29.

[30] Eusèbe, Hist. Ecclés., VI, 4.

[31] Eusèbe, Hist. Ecclés., VI, 5 ; Palladius, Historia Lausiaca, 3. Sur le récit de Palladius, voir les observations de Ruinart, Acta sincera, p. 100, et de Tillemont, Mémoires, t. III, note sur sainte Potamienne.

[32] Eusèbe, Hist. Ecclés., VI, 5.

[33] Aubé, Les Chrétiens dans l’Empire romain, 137.

[34] Origène, Contra Celsum, I, 68.