Numa Denys Fustel de Coulanges (1830 – 1889)

 

 

 

Numa Denys Fustel de Coulanges est issu d'une famille de Bretagne installée à Paris. Il a pour père un lieutenant de vaisseau qui décède peu après la naissance de son fils. Fustel est alors recueilli par son grand-père qui, grâce à l'amitié qu'il entretient avec le proviseur, le fait admettre au lycée Charlemagne à Paris. Selon toute apparence, c'est ce même directeur qui prend en charge les frais de scolarité de Fustel.

Jeune lycéen, il lit avec avidité les leçons de Guizot sur la Civilisation en France, qui aura une forte influence sur son avenir d'historien. Élève moyennement doué, il est admis à l'École normale supérieure « à un rang médiocre », d'après son élève et biographe Paul Guiraud. Dans l'ambiance d'une période idéologiquement troublée, il fréquente avec assiduité la bibliothèque de l'École. Nommé membre de l'École française d'Athènes, il dirige, lors de son séjour en Grèce, des fouilles archéologiques dans l'île de Chio.

Il soutient en 1858 une thèse sur l'historien grec Polybe et une autre sur les Vesta, à un moment où les questions touchant les origines indo-européennes sont très discutées. En 1860, il est nommé professeur d'histoire à l'université de Strasbourg, où il met en forme ses notes de cours qui feront la matière de La Cité Antique, ouvrage majeur dans lequel il sait mettre en évidence le rôle joué par la religion dans l'évolution politique et sociale de la Grèce et de Rome. Le lycée impérial de Strasbourg, jouxtant la cathédrale a été baptisé lycée Fustel de Coulanges en 1919, en mémoire du professeur d'histoire de l'université de la ville.

Obligé de quitter Strasbourg du fait de l'annexion de l'Alsace-Lorraine par les Allemands en 1870, il est nommé maître de Conférences en 1870 à l'École Normale Supérieure, dont il sera le directeur en 1883. En 1875, il obtient une chaise de professeur à la Sorbonne et il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques.

Curieusement, et même si quelques questions touchant à l'Antiquité le préoccupent, en particulier celle de la propriété et de sa transmission, Fustel de Coulanges va se tourner vers l'histoire médiévale, d'une part pour montrer combien les institutions françaises n'ont pas grand chose en commun avec le droit germanique (la France est alors en plein conflit avec l'Allemagne) et d'autre part pour asseoir un certain nombre de ses intuitions méthodologiques.

Enseignant capable d'attirer à lui de nombreux disciples par la qualité de son travail et l'ascétisme intellectuel auquel il se soumet, Fustel est un innovateur qui engage l'historiographie française sur des voies nouvelles. Pour lui, l'engagement politique, cher à Michelet ou Thierry, doit être écarté afin d'éviter toute idée préconçue et de favoriser autant que possible la vérité historique.

Il expose, en 1888, dans la célèbre préface de La Monarchie Franque (Tome II de sa monumentale Histoire des institutions politiques de l'ancienne France dont la publication a démarré dix ans plus tôt), les impératifs d'une méthode historique que l'historien doit respecter les yeux « uniquement fixés sur les sciences ».

Fustel projetait de mettre sur pied un ouvrage qui couvrirait la période allant de la fin de l'empire romain jusqu'à la Révolution française. Malheureusement, malade, il avait, à sa mort en 1889, à peine esquissé la mise en oeuvre des immenses matériaux qu'il réunissait depuis plus de vingt ans. Inachevée, son Histoire des institutions politiques de l'ancienne France (6 tomes) allait être pieusement achevée par son disciple Camille Jullian (futur spécialiste de l'histoire de la Gaule).

Certains volumes, déjà entièrement rédigés par le maître, ne demandèrent que peu de reprise, ainsi la Gaule romaine et les Origines du régime féodal, d'autres à peine commencés (les transformations de la royauté pendant l'époque carolingienne, publié en 1891) furent presque entièrement recomposés à partir de notes éparses. Quoique dépassée aujourd'hui compte tenu des recherches récentes, l'oeuvre de Fustel reste encore précieuse par sa qualité intrinsèque mais surtout par les efforts de l'auteur pour reconstituer avec le plus d'exactitude possible les sentiments et les besoins des hommes du temps passé. Son influence est importante, notamment pour ce qui est de l'interprétation du rôle fondamental que joueraient les religions dans la structuration des sociétés. Le sociologue Émile Durkheim dédicacera sa thèse d'université à la mémoire de Fustel de Coulanges.

 

Sa biographie sur Wikipédia.

Biographie de Paul Guiraud.