FUSTEL DE COULANGES

 

CHAPITRE III. — La Cité antique.

 

 

C’est à Strasbourg que M. Fustel de Coulanges écrivit et publia la Cité antique. M. Guigniaut, si compétent, comme on sait, pour tout ce qui concerne les croyances des anciens, avait été frappé de l’originalité des vues qu’il avait esquissées dans sa thèse sur le culte de Vesta, et il l’avait engagé à les développer dans quelque ouvrage plus approfondi. M. Fustel ne manqua pas de suivre cet avis, et pendant six ans il consacra à cette besogne tous les loisirs que lui laissait son enseignement. Retardé par la préparation de ses leçons de faculté et par l’état souvent précaire de sa santé, il avança beaucoup moins vite qu’il n’eût voulu. Nous voyons par sa correspondance qu’en 1862 il n’avait pas encore commencé la rédaction de son livre, il comptait seulement étudier ce sujet dans son prochain cours[1]. Ce fut en effet la question qu’il traita du mois de novembre 1862 au mois de juillet 1863, et en février 18641e volume était prêt pour l’impression.

Ce chef-d’œuvre eut grand’peine à trouver un éditeur. Durand consentit enfin à le recevoir en dépôt, pourvu que l’auteur en fit fous les frais. Le public l’accueillit avec assez de faveur. On avait tiré à 660 exemplaires, et en mars 1865 le libraire réclamait déjà une seconde édition. Quelques critiques montrèrent par leur sévérité qu’ils n’avaient rien compris système de M. Fustel[2]. D’autres le louèrent du bout des lèvres et comme à regret. Sainte-Beuve et Taine lui rendirent pleine justice. Mais ce fut surtout M. Tournier, un ancien camarade de l’auteur, qui l’apprécia le plus équitablement. Si l’enchaînement rigoureux des idées, la hardiesse heureuse des vues, une érudition puisée tout entière aux sources, une savante et lumineuse ordonnance, un style exquis, suffisent pour faire un beau livre, nous en connaissons peu, disait-il, d’aussi beaux que la Cité antique[3]. A l’Académie française, M. Fustel se mit d’abord sur les rangs pour le prix Bordin, bien qu’il craignît de viser trop haut. Son ambition n’avait certainement rien d’excessif ; mais Guizot lui conseilla de se rabattre sur un des prix Montt’ on, et ce fut la récompense qu’on lui décerna. Pourtant, remarquait-il, j’ai songé beaucoup plus à la science qu’à la vertu et aux bonnes mœurs[4], Il dut être singulièrement étonné d’être appelé par Villemain, un publiciste dont l’étude était pleine de détails savants d’où sortaient des idées et où l’émotion produisait parfois l’éloquence[5]. Il ne le fut pas moins de découvrir dans une revue catholique un article où l’on avait l’air de considérer son travail comme une lecture édifiante, Ce n’est pas précisément à l’approbation des Jésuites que j’avais visé, disait-il à un ami[6].

La Cité antique est trop connue pour que j’aie besoin d’en faire longuement l’analyse. Je me bornerai à rappeler qu’elle a pour objet de marquer le rapport intime qui existait entre les institutions des anciens et leurs croyances.

Remontant à leurs origines les plus lointaines, l’auteur prouve que ces populations envisageaient la mort non comme une dissolution de l’être mais comme un simple changement de vie, que pour elles l’âme et le corps étaient à jamais inséparables, que le défunt restait à peu près tel qu’autrefois, qu’il lui fallait un tombeau pour demeure, des aliments pour calmer sa faim, du vin et du lait pour apaiser sa soif, des hommages et des prières pour conjurer sa Colère et gagner sa bienveillance. De là le culte minutieux dont on entourait les mânes des ancêtres. C’est cette religion domestique qui a constitué la famille grecque et romaine, établi le mariage et l’autorité paternelle, fixé les rangs de la parenté, consacré le droit de propriété et le droit d’héritage[7].

En même temps qu’ils adoraient leurs aïeux, les hommes divinisaient les forces de à nature, et créaient ainsi une seconde religion qui se juxtaposa à la première sans la supprimer, mais sans se confondre avec elle[8]. Ce culte nouveau se prêtait mieux que le culte des morts aux progrès futurs de l’association humaine[9]. Il était, en effet, accessible à toutes les familles, et il pouvait par suite leur servir de trait d’union. C’est lui qui présida à la naissance des cités, en groupant autour d’une divinité commune des familles que leurs cultes particuliers avaient jusque-là isolées.

La cité se modela d’ailleurs sur la famille. Elle eut son foyer, son dieu, son culte. Tout chez elle subit l’empreinte de la religion. Ses rois furent à la fois des prêtres et des magistrats. Ses lois furent un ensemble de rites, de prescriptions liturgiques, de prières aussi bien que de dispositions législatives, et passèrent longtemps pour sacrées. La participation au culte officiel fut la principale prérogative du citoyen, et l’étranger fut regardé comme un ennemi, par cela seul qu’il en était exclu. La religion, qui avait enfanté l’Etat, et l’Etat, qui, entretenait la religion, se soutenaient l’un l’autre et ne faisaient qu’un ; ces deux puissances associées formaient une puissance humaine à laquelle l’âme et le corps étaient asservis.

A la longue, pourtant, cet édifice si solide fut menacé et détruit. Il arriva, en effet, que la religion perdit de plus en plus son empire sur les esprits et cessa d’inspirer toutes les pensées. D’autre part, les classes qu’elle écartait du corps politique s’insurgèrent contre un régime qui leur ménageait trop peu de garanties et réclamèrent l’égalité. Alors commença une série de révolutions qui modifièrent graduellement les règles du droit privé, l’état des personnes et des terres, les principes du gouvernement, les mœurs publiques, et qui firent succéder l’oligarchie à la royauté et la démocratie à l’oligarchie.

On alla encore plus loin : sous l’action de à philosophie, les idées s’élargirent ; on s’aperçut que les êtres différents qu’on appelait du nom de Jupiter pouvaient bien n’être qu’un seul et même être[10], et la fusion des divinités locales prépara insensiblement la fusion des cités. L’esprit municipal, jadis si rigoureux parce qu’il procédait de la religion, fut remplacé, du moins en Grèce, par une sorte de cosmopolitisme qui embrassait jusqu’aux barbares ; L’individu tendit à s’émanciper du joug de l’État ; il comprit qu’il y avait d’autres vertus que les vertus civiques, et son âme s’attacha à d’autres objets qu’à la patrie[11]. De toutes manières, on était entraîné à l’unité ; on se sentait à l’étroit dans l’enceinte de la cité, et l’on aspirait à créer des sociétés plus vastes. Rome profita de cet affaiblissement du patriotisme pour conquérir le bassin de la Méditerranée. Par là, toutes les cités disparurent une à une, et la cité romaine, la dernière debout, se transforma elle-même si bien qu’elle devint la réunion d’une douzaine de grands peuples sous un seul maître[12].

Enfin le christianisme, en séparant la religion du gouvernement, en fondant la liberté intérieure, et en proclamant le dogme de l’unité de Dieu, acheva la ruine des vieilles croyances et des vieilles institutions.

Tel est, en résumé, le système développé dans la Cité antique. Nous avons là une sorte d’Esprit des lois restreint aux sociétés anciennes et conçu d’après une méthode beaucoup plus scientifique. Les vues de M. Fustel ont perdu une partie de leur originalité, parce qu’elles sont entrées pour la plupart dans le courant de l’histoire. Mais, à l’époque où il les exprima, elles étaient très neuves, S’il y a dans les ouvrages de ses devanciers[13] quelques indications éparses qu’il a peut-être utilisées, nulle part on ne rencontre une synthèse pareille à la sienne. Celle-ci est sortie tout entière de son cerveau, et pendant Vingt-cinq ans elle n’a pas changé d’une ligne. En 1879, il soumit ce volume à une révision attentive. Or, si l’on compare la septième édition qu’il publia alors, avec la première, on n’y relève que de légères variantes. Un chapitre a été ajouté ; les notes ont reçu plus d’extension ; plusieurs paragraphes ont été refondus, quelques affirmations atténuées ; mais le fond est resté immuable, et il en eût été de même, si M. Fustel avait pu remanier encore son œuvre, comme il en avait le projet. Dans ses leçons de l’École normale, il a constamment reproduit ce qu’il avait dit dans la Cité antique, et chaque fois que dans ses écrits il a eu l’occasion de revenir sur ces questions, il a abouti à des conclusions identiques.

Il est permis de se demander si cette confiance inébranlable qu’il avait dans la justesse de ses théories était pleinement fondée. Qu’il ait réussi à montrer la place énorme que la religion occupait dans la vie sociale des anciens, c’est ce qu’il serait puéril de contester ; niais ce qui est plus douteux, c’est la parfaite exactitude du tableau général qu’il nous présente. Nous avons fait, dit-il, l’histoire d’une croyance. Elle s’établit : la société humaine se constitue. Elle se modifie : la société traverse une série de révolutions. Elle disparaît ; la société change de face. Il semble que ce soit là une loi beaucoup trop simple et que ces événements aient été amenés par des causes bien plus complexes.

Prenez la famille primitive des Grecs. D’après M. Fustel, son organisation dérive uniquement du culte des aïeux. Si le père a un pouvoir discrétionnaire sur les siens, c’est parce qu’il est l’intermédiaire entre eux et les ancêtres divinisés ; si ce groupe a le droit de posséder une portion du sol, c’est parce qu’il a besoin d’un terrain pour y ensevelir ses morts ; si la propriété est indivise entre tous les membres, c’est parce qu’il importe que tous séjournent auprès du tombeau où ont lieu les cérémonies et qui les abritera à leur tour. Mais alors, comment se fait-il que des peuples où la religion des morts était encore très vivace aient rompu avec le régime de la propriété familiale, et qu’au contraire ce mode de propriété conserve toute sa vigueur dans des sociétés chrétiennes où les morts ne sont plus adorés ?

A supposer que le sentiment religieux ait suffi pour engendrer cette institution, ce n’est pas lui qui l’a maintenu si longtemps en Grèce, c’est l’intérêt politique, c’est le désir de conjurer l’appauvrissement de la classe aristocratique. Il se peut même qu’à Sparte, comme chez les Slaves méridionaux, on ait vu là un excellent moyen de consolider la puissance militaire de l’État[14].

Après plusieurs siècles de vie patriarcale, les familles se rapprochèrent et la cité naquit. M. Fustel de Coulanges déclare qu’il est superflu de rechercher les raisons qui les réunirent ; il se borne à constater que le lien de la nouvelle association fut un culte[15]. J’estime, au contraire, que cette recherche était indispensable ; car, pour connaître la nature de l’État antique, le mieux est en somme d’examiner l’objet pour lequel il a été institué. Or il est notoire que les familles se rapprochèrent non pour prier une divinité commune, mais pour se prémunir contre les maux dont elles souffraient, pour abolir ou restreindre les guerres privées, pour lutter contre leurs voisins, pour acquérir plus de force et plus de sécurité. La religion fut le signe bien plus que la cause de leur fusion, et, pour peu qu’on écarte ces apparences, on s’aperçoit que le vrai principe de cohésion fut ici encore l’intérêt.

Dans les villes grecques et italiennes il y avait des classes distinctes c’est ainsi qu’il Rome il existait une plèbe en dehors du patriciat. M. Fustel veut à tout prix que la barrière infranchissable qui se dressait entre les patriciens et les plébéiens fût d’ordre purement religieux. Les premiers formaient, dit-il, une sorte de caste, seule agréée de la divinité, seule apte à l’honorer, tandis que les seconds étaient une masse confuse de gens impurs, dépourvus de religion, et exclus à la fois du culte public et de la cité. Il va même jusqu’à expliquer l’infériorité de quelques-unes de ces familles par cette considération qu’elles ne surent pas créer des dieux, arrêter une doctrine, inventer l’hymne et le rythme de la prière[16].

Cette idée qu’il se fait de la plèbe est difficile à accepter. Si elle était exacte, on s’attendrait à rencontrer un patriciat de plus en plus étroit à mesure qu’on remonterait vers les siècles où la foi était le plus vive. Or c’est justement le phénomène inverse qui eut lieu. Sous les rois, la classe patricienne s’ouvrit à un assez grand nombre de familles étrangères, et elle ne se ferma qu’au début de la république.

Pour en pénétrer à motif, il n’est pas nécessaire de recourir à la religion ; on n’a qu’à se rappeler que toute oligarchie tend à se rétrécir, lorsqu’elle est livrée à elle-même. La royauté, qui servait de contrepoids au patriciat romain, le contraignit d’abord à s’élargir ; mais quand il n’eut,  plus besoin de compter avec elle et qu’il fut laissé libre d’obéir à ses instincts il s’isola et éloigna les intrus.

M. Fustel nous dépeint le patriciat et la plèbe comme deux classes qui ne demandaient pas mieux que de se confondre, mais qui eu étaient empêchées par la religion. Les patriciens, écrit-il, défendaient quelque chose de plus fort que l’intérêt, quelque chose qu’ils ne croyaient pas avoir le droit d’abandonner, c’est-à-dire leur religion et l’hérédité de leur caractère sacerdotal[17]. N’y a-t-il donc jamais eu dans l’histoire des aristocraties aussi ardentes que celle de Rome à veiller sur leurs privilèges, sans que la religion y fut pour rien, et ce souci ne se justifie-t-il pas assez par lui-même ? Qu’importe que dans les discours de Tite-Live les patriciens allèguent il tout propos des arguments religieux ? N’est-il pas probable que, s’ils étaient souvent sincères, souvent aussi ils les invoquaient pour pallier leur égoïsme et le couvrir d’un prétexte honorable ?

Quant aux plébéiens, il est bien vrai qu’ils ne se glissèrent jamais dans le patriciat ; mais cela vient de ce que le patriciat était une noblesse de naissance, qui ne pouvait se communiquer que par le sang, et qu’à côté de lui surgit de bonne heure une noblesse nouvelle, qui fut par excellence la classe dirigeante de l’État, et à laquelle tous avaient accès par la gestion des hautes magistratures.

S’il était possible de suivre pas à pas les divers chapitres de la Cité antique, on remarquerait partout le même procédé. Il n’est rien dans l’histoire des institutions de la Grèce et de Rome que M. Fustel de Coulanges ne ramène à l’histoire des idées religieuses ; et, comme il met au service de cette opinion toutes les ressources d’un esprit aussi puissant qu’ingénieux, le lecteur finit par se persuader que la religion a été véritablement le facteur unique de l’évolution politique et sociale des peuples anciens. Il a beau se dire que ce doit être là une interprétation partielle des choses ; malgré lui il est entraîné par cet engrenage de déductions rigoureuses, et il en arrive à penser, comme le voulait M. Fustel, que ces deux sociétés sont absolument inimitables, que rien dans les temps modernes ne leur ressemble, et que rien dans l’avenir ne leur ressemblera[18].

Or c’est ici précisément qu’est l’erreur. Si grandes, en effet, que soient les différences qui nous séparent des Grecs et des Romains, il y a entre eux et nous de frappantes analogies, Un Athénien du ive ou du Ve siècle est peut-être plus voisin de nous qu’un Français du moyen âge, et j’imagine que César, Pompée, Cicéron, Démosthène, Périclès et même Solon, ne seraient pas trop dépaysés dans l’Europe contemporaine. Nous n’avons pas lès mêmes idées religieuses que les anciens ; niais nous avons les mêmes besoins physiques, les mêmes préoccupations matérielles qu’eux, et nos actes publics ou privés sont déterminés, au moins en partie, par les mêmes intérêts que les leurs. M. Fustel s’en rendait compte mieux que personne. L’auteur de l’étude sur Polybe, celui qui a tant insisté sur la prépondérance qu’ont eue dans tous les pays les questions économiques, celui qui a cherché dans la pratique du précaire la clef de l’histoire intérieure de Rome jusqu’à l’Empire[19], n’était pas homme à méconnaître tout ce qu’il entre de considérations de ce genre dans les mobiles humains.

Si dans la Cité antique il ne les a point signalées, ce n’est pas par ignorance, c’est en vertu d’un dessein prémédité. Il savait bien qu’il laissait dans l’ombre une multitude de faits qui, pris en eux-mêmes, n’étaient certes pas négligeables ; mais l’objet de son livre, comme d’ailleurs de tous ses premiers travaux, était de prouver une thèse, et il écartait d’emblée les textes qui n’étaient pas utiles à sa démonstration.

La théorie qu’il avait en vue acquérait par là un relief extraordinaire, mais, n’étant fondée que sur la moitié des faits, elle n’était qu’a moitié vraie, elle énonçait avec force une vérité, elle n’énonçait pas toute la vérité. M. Fustel ne dit rien de faux sur l’âme gréco-romaine ; mais comme il n’en retrace pas tous les traits, il risque de tromper ceux qui seraient tentés de croire qu’il nous la montre sous tous ses aspects. Les anciens, en un mot, ont eu les sentiments et les idées qu’il leur prête ; mais ils en ont eu aussi beaucoup d’autres dont il ne parle pas, en sorte que ceci n’est pas toute la cité antique, mais plutôt la cité antique envisagée sous un jour particulier.

On voit ce qu’avait encore de défectueux la méthode de M. Fustel. Il serait tout à fait injuste de prétendre que quelques vagues indices lui suffisaient pour se former une conception a priori des choses et qu’ensuite il se contentait de demander aux documents la confirmation de ses hypothèses. C’est seulement après de longues recherches préliminaires qu’il arrêtait les grandes lignes de son système sur un sujet donné. Mais une fois que la vérité lui était apparue, telle du moins qu’il l’entendait, elle exerçait sur son intelligence une action si puissante qu’elle le rendait presque incapable de rien apercevoir en dehors d’elle. Les yeux toujours fixés vers ce point lumineux il ne se détournait jamais de la route qui y conduisait. Il acquérait ainsi une notion très exacte de l’étroit espace de terrain par où il passait ; mais comme il évitait de jeter un regard curieux à droite et à gauche, il en connaissait peu les alentours, et il ne pouvait par conséquent offrir au lecteur un tableau où se trouvât reproduit dans toute son ampleur l’ensemble du paysage.

 

 

 



[1] Lettre du 13 juillet 1862 à M. Perret : Je reste fidèle, pour quelques années encore, à notre antiquité grecque et italienne. J’ai continué à m’en occuper un peu dans ces deux dernières années, sans rien écrire, il est vrai, mais je compte l’année prochaine traiter dans mon cours le sujet de la Cité antique, et il n’est pas impossible que mon cours se transforme en un livre.

[2] Année littéraire de Vapereau 1865, p. 319-321.

[3] Revue des cours littéraires, 19 août 1865.

[4] Lettre du 22 mars 1865.

[5] Rapport sur les concours de 1865.

[6] Lettre du 14 février 1865.

[7] La Cité antique, p. 3, je cite d’après la 7e édition.

[8] Lettre du 25 octobre 1864 à M. Perrot : Tu peux croire combien j’ai été surpris moi-même, lorsqu’en regardant de près à la religion des anciens, j’ai vu (ou du moins cru voir) deux religions, et non pas une. J’ai d’abord rejeté bien loin cette idée, je n’en voulais pas, je lui ai résisté de toutes mes forces. J’ai été pourtant contraint de l’admettre, et ce qui m’y a contraint c’est une foule de faits notamment, de faits liturgiques, qui présentent la religion des morts comme absolument opposée à l’autre et sans aucun lien avec eux. Que les mêmes hommes aient eu ainsi deux religions, cela étonne ; mais cela n’est pourtant pas invraisemblable. Prends le premier paysan d’aujourd’hui ; tu en trouveras en lui au moins deux, et généralement trois. Un des points les plus importants de l’histoire ancienne est précisément cette série de transformations religieuses dans lesquelles une croyance nouvelle s’ajoute à une vieille croyance sans la détruire.

[9] La Cité antique, p. 141.

[10] La cité antique, p. 417.

[11] La cité antique, p. 423.

[12] Ibid., p. 457.

[13] Par exemple dans Vico. On a insinué qu’il avait emprunté tacitement ses principales idées à l’Ancien droit de Sumner Maine, paru en 1861. Mais cet ouvrage n’a été traduit dans notre langue qu’en 1874, et en 1864 M. Fustel eût été incapable de le lire dans le texte original, Lettre du 15 avril 1864 à M Perrot : Je te félicite de l’heureuse idée que tu as eue de donner une traduction de Max Müller, ou plutôt je t’en remercie, car c’est un service que tu nous rendras, à nous tous qui ne savons pas l’anglais.

[14] Cf. Sumner Maine, Études sur l’ancien droit coutume primitive (trad. fr.), p. 352.

[15] La Cité antique, p. 143.

[16] P. 278.

[17] Questions historiques, p. 429.

[18] La Cité antique, p. 3.

[19] Le Bénéfice, p. 83 et suiv.